[281a] Socrate o sage et excellent Hippias, voilà bien longtemps que tu n’es pas venu à Athènes ! Hippias


Hippias Sans contredit.   Socrate



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Hippias

Sans contredit.

 

Socrate

Sont-ils beaux parce que ce sont des plaisirs, qu’on les prenne séparément ou ensemble ? A cet égard tous les autres plaisirs ne sont-ils pas aussi beaux que ceux-là, puisque nous avons reconnu, s’il t’en souvient, que ce ne sont pas moins des plaisirs ?

 

Hippias

Je m’en souviens.

 

Socrate

Nous avons dit en fait qu’ils sont beaux parce qu’ils naissent de la vue et de l’ouïe. [e]

 

Hippias

J’en conviens.

 

Socrate

Vois si je dis vrai. Autant que je me rappelle, il a été dit que le beau est non pas simplement l’agréable, mais cette espèce d’agréable qui a sa source dans la vue et l’ouïe.

 

Hippias

Cela est vrai.

 

Socrate

N’est-il pas vrai aussi que cette qualité est commune à ces deux plaisirs pris conjointement, et n’est pas propre à chacun séparément ? Car chacun d’eux en particulier, comme nous avons dit plus haut n’est pas plaisirs [303a] pris ensemble qui sont produits par les deux sens pris ensemble, et non chacun d’eux en particulier. N’est-ce pas ?

 

Hippias

Oui.


 

Socrate

Ce qui fait la beauté de chacun d’eux séparément ne peut être une qualité qui n’appartient pas à chacun. Ainsi, la qualité d’être deux n’appartient pas à chaque élément séparément. En conséquence, s’il est sans doute permis d’affirmer, conformément à l’hypothèse, que les deux sont beaux pris ensemble, on ne peut dire que chacun le soit séparément. Qu’en penses-tu ? Cela n’est-il pas nécessaire ?

 

Hippias

Il me semble.

 

Socrate

Dirons-nous donc que ces plaisirs, pris conjointement, sont beaux, et que, séparément, ils ne le sont pas ?

 

Hippias

Qui nous en empêche ?

 

Socrate

Voici, ce me semble, ce qui nous en empêche : c’est que nous avons reconnu des qualités qui se trouvent dans chaque objet, et qui sont telles que, si elles sont communes à deux objets, elles sont propres à chacun ; et, si elles sont propres à chacun, elles sont communes aux deux. Telles sont toutes celles dont tu as parlé, n’est-ce pas ?

 

Hippias

Oui.


 

Socrate

Il n’en est pas de même des qualités dont j’ai parlé. De ce nombre est ce qui fait que deux objets pris séparément sont un, et deux, pris conjointement. Cela est-il vrai ?

 

Hippias

Oui.


 

Socrate

Or, Hippias, ces deux classes de qualités étant [b] admises, dans laquelle juges-tu qu’il faille mettre la beauté ? Dans celle des qualités dont tu parlais ? Si je suis fort et toi aussi, disais-tu, nous le sommes tous deux ; si je suis juste et toi aussi, nous le sommes tous deux ; et si nous le sommes tous deux, chacun de nous l’est. De même, si je suis beau et toi aussi, nous le sommes tous deux ; et si nous le sommes tous deux, chacun de nous l’est. Ou bien peut-il en être du beau comme de certaines choses qui, prises conjointement, sont paires, et, séparément, peuvent être ou impaires ou paires, ou comme de ces éléments qui, séparément, sont des nombres irrationnels et qui, réunis, peuvent être soit rationnels soit irrationnels ? Peut-il en être du beau comme de mille autres cas semblables [c], que j’ai dit se présenter à mon esprit ? Dans quelle classe mets-tu le beau ? Penses-tu là-dessus comme moi ? Pour moi, il me semble qu’il serait très absurde qu’étant beaux tous les deux, chacun de nous ne le fût pas, ou que chacun de nous étant beau, nous ne le fussions pas tous deux ou toute autre chose du même genre. Es-tu du même sentiment que moi, ou d’un sentiment opposé ?

 

Hippias

Je suis du tien, Socrate.

 

Socrate

Tu fais bien, Hippias ; cela nous épargne une plus longue recherche. [d] En effet, s’il en est de la beauté comme du reste, le plaisir qui naît de la vue et de l’ouïe ne peut être beau, puisque la propriété de naître de la vue et de l’ouïe rend beaux ces deux plaisirs pris conjointement, mais non chacun d’eux séparément ; ce qui est impossible, comme nous en sommes convenus toi et moi, Hippias.

 

Hippias

Nous en sommes convenus en effet.

 

Socrate

Il est donc impossible que le plaisir qui a sa source dans la vue et l’ouïe soit beau, puisque, s’il était beau, il en résulterait une chose impossible.

 

Hippias

Cela est vrai.

 

Socrate

« Puisque vous avez fait fausse route, répliquera notre homme [e], dites-moi de nouveau l’un et l’autre quel est le beau qui se rencontre dans les plaisirs de la vue et de l’ouïe, et vous les a fait nommer beaux préférablement à tous les autres. » Il me parait nécessaire, Hippias, de répondre que c’est parce que de tous les plaisirs ce sont les moins nuisibles et les meilleurs, qu’on les prenne conjointement ou séparément. Ou bien connais-tu quelque autre différence qui les distingue des autres ?

 

Hippias

Nulle autre ; et ce sont en effet les plus avantageux de tous les plaisirs.

 

Socrate

« Le beau, dira-t-il, est donc, selon vous, un plaisir avantageux. » Il semble bien, lui répondrai-je. Et toi ?

 

Hippias

Et moi aussi.

 

Socrate

« Or, poursuivra-t-il, l’avantageux est ce qui produit le bien, et nous avons vu que ce qui produit est différent [304a] de ce qui est produit : nous voilà retombés dans notre premier embarras ; car le bien ne peut être le beau, ni le beau le bien, s’ils sont différents l’un de l’autre. » Nous en conviendrons assurément, Hippias, si nous sommes sages, parce qu’il n’est pas permis de consentement à quiconque dit la vérité.

 

Hippias

Mais toi, Socrate, que penses-tu de tout ceci ? Ce ne sont point là des discours, mais en vérité des raclures et des rognures de discours, hachés en morceaux, comme j’ai déjà dit. Ce qui est beau et vraiment estimable, c’est d’être en état de faire un beau discours en présence des juges, devant le Conseil, ou toute autre espèce de magistrats [b], et de ne se retirer qu’après les avoir persuadés, remportant avec soi la plus précieuse de toutes les récompenses, la conservation de sa personne, et celle de ses biens et de ses amis. Voila à quoi tu dois t’attacher, au lieu de ces vaines subtilités, si tu ne veux pas passer pour un insensé, en t’occupant, comme tu fais maintenant, de pauvretés et de bagatelles.



 

Socrate

O mon cher Hippias, tu es heureux de connaître les choses dont un homme doit s’occuper, et de t’en être occupé à fond, comme tu dis. [c] Pour moi, victime de quelque mauvaise destinée, je suis toujours dans le doute et l’incertitude ; et lorsque je fais part de mon embarras a vous autres, sages, vous me couvrez d’insultes, après que je vous ai exposé mon état. Vous me dites tout ce que je viens d’entendre de ta bouche, que je m’occupe de sottises, de minuties, de misères ; et quand, convaincu par vos raisons, je dis, comme vous, qu’il est bien plus avantageux de savoir faire un beau discours devant les juges ou devant toute autre assemblée, j’essuie toutes sortes de reproches de plusieurs citoyens de cette ville, [d] et en particulier de cet homme qui ne cesse de me réfuter : car il m’appartient de fort près, et il demeure dans la même maison que moi. Lors donc que je suis de retour chez moi, et qu’il m’entend tenir un pareil langage, il me demande si je n’ai pas honte de parler de belles occupations tandis qu’il m’a prouvé jusqu’à l’évidence que j’ignore ce que c’est que le beau. « Pourtant, ajoute-t-il, comment sauras-tu [e] si quelqu’un a fait ou non un beau discours ou une belle action quelconque, si tu ignores ce que c’est que le beau ? Et tant que tu seras dans un pareil état, crois-tu que la vie te soit meilleure que la mort ? » Je suis donc, comme je disais, accablé d’injures et de reproches et de ta part et de la sienne. Mais enfin peut-être est-ce une nécessité que j’endure tout cela ; il ne serait pas impossible après tout que j’en tirasse du profit. Il me semble du moins, Hippias, que ta conversation et la sienne ne m’ont point été inutiles, puisque je crois y avoir appris le sens du proverbe : les belles choses sont difficiles.
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