Alexandrie



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Si l’unité des doctrines des livres hermétiques permet de les rapporter à une même école, cette unité n’est pas telle, pour Louis Ménard, qu’on ne puisse y distinguer trois groupes :égyptien, grec, juif correspondant aux groupes dominants de la population alexandrine. Entre les sectes gnostiques et les juifs helléniques les livres hermétiques sont un lien , un anneau. Pour cet auteur, dans le Poïmandrès , des doctrines égyptiennes, peut-être même quelques vestiges de croyances chaldéennes se mêlent avec le Timée, le premier chapitre de la Génèse et le début de l’Evangile de Jean. Il est troublant de constater que ces rapports sont manifestes. A Poïmandrès :  « En la vie et la lumière consiste le père de toutes choses » Jean répond : « En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes », et encore « Ils ne sont pas séparés, car l’union c’est leur vie » et « il était dans le principe avec Dieu ». Les exemples abondent. Il est très probable que le Poïmandrès et l’Evangile de Jean ont été écrits à des dates peu éloignées, dans des milieux où les mêmes idées et les mêmes expressions avaient cours. L.Ménard pense que le Poïmandrès est «  sorti » des Thérapeutes alexandrins (et non pas du milieu sacerdotal égyptien) car « cela s’accorde avec ce que dit Philon d’Alexandrie, contemporain de Jésus et des Apôtres, des thérapeutes :  «  dans l’étude des livres saints ils traitent la philosophie nationale par allégories et devinent les secrets de la nature par l’interprétation des symboles ». Le Poïmandrès serait alors antérieur aux écrits des sectes gnostiques, même si on y trouve l’idée de la Gnose, qui unit l’homme à Dieu. Dans la population mixte alexandrine la fusion devait s’opérer rapidement entre les idées. «  Mais où sont passés les Thérapeutes ? Les uns convertis au christianisme, devenus anachorètes ou gnostiques basilidiens ou valentiniens ? Les autres ne se sont-ils pas rapprochés d’un paganisme proche du panthéisme : ces doctrines dérivent plus de celles de l’Egypte que celles de la Grèce » ? C’est là que l’on mesure la puissance du syncrétisme alexandrin. Ainsi, la tradition hermétique peut se prévaloir d’un fondateur mythico-religieux, de Livres quasi sacrés, et d’un mode de Transmission « d’inspiration gnostique dont la continuité est avérée tant d’un point de vue historique qu’initiatique ». (Françoise Bonardel. La Voie hermétique) La question se pose par ailleurs de savoir si l’hermétisme n’est qu’une Tradition parmi d’autres, ou si le rôle de père des Sages (Henri Corbin) et d’herméneute spirituel reconnu à Hermès autorise à voir dans son enseignement le « noyau ésotérique » commun à la plupart des grandes traditions religieuses et initiatiques. Même le chrétien orthodoxe Clément d’Alexandrie relate le déroulement d’une cérémonie religieuse dans laquelle les textes sacrés d’Hermès, et autres symboles d’une religion cosmique hermétique, jouent un rôle de premier plan. (Stromates VI, 4)
Ecrits Hermétiques Techniques.

Il y a à Alexandrie un hermétisme dit « populaire »,( à côté des écrits philosophico-religieux,) technique et en relation avec la magie, avec des formules à prononcer ; ces traités touchent les sciences naturelles, la médecine (Kyranides hermétiques), l’alchimie, la magie et l’astrologie. Thoth est le maître de la magie : grâce à sa profonde connaissance des articulations créatrices du langage et de la puissance des mots qu’il sait prononcer, il peut faire que se produise tout ce qu’il désire. (S.Matton) Il s’agit de révélations faites dans des papyrus magiques. A.J.Festugière indique le mode de fonctionnement : « qu’il s’agisse de gnose,de théurgie ou de magie, que le myste s’élève par l’extase jusqu’à dieu ou que la divinité descende jusqu’à lui, de toute façon l’aide vient du dehors. L’homme reçoit : le salut lui a été donné, non seulement dans son principe par la révélation, mais encore dans son accomplissement : il est agi par le Logos qui s’est constitué en lui ». Même si cela ne concerne qu’une infime parcelle de la pensée antique, il y a une réintégration de la magie au sein de la parole philosophique et R.Turcan précise que « Hermès Trismégiste apparaît en Egypte vers l’époque où les grecs commençaient à éprouver de la considération pour Zoroastre et les mages ». Dans les rituels théurgiques ce sont les « symbola » qui remplissent les fonctions de liaison avec la divinité. (Jamblique. Les mystères de l’Egypte).

Le problème des origines de l’alchimie alexandrine est résumé par A.J.Festugière : « l’alchimie gréco-égyptienne, d’où ont dérivé toutes les autres est née de la rencontre d’un fait et d’une doctrine. Le fait est la pratique, traditionnelle en Egypte, des arts de l’orfèvrerie. La doctrine est un mélange de philosophie grecque, empruntée surtout à Platon et à Aristote, et de rêveries mystiques ». Cette proposition du jésuite A.J.Festugière est contestée : il y a sans doute des alchimies plus anciennes et des conceptions plus « fines ». C’est surtout avec Zozime que les notions de platonisme (en particulier le Timée) font leur apparition dans les textes alchimiques gréco-alexandrins et plus tardivement avec Stéphanos d’Alexandrie. ( VI siècle) (cristina Viano. L’alchimie et ses racines philosophiques.)

PHILON. LES JUIFS ALEXANDRINS.
L’époque de Philon est celle des premiers empereurs romains, et Philon nous fait part des persécutions antijuives sous le règne de Gaïus Caligula (préfecture de Flaccus). Depuis longtemps les Juifs sont nombreux à Alexandrie (estimation : cent mille) : une forte immigration s’était faite sous le successeur d’Alexandre, Ptolémée I Soter. Sous le règne de Ptolémée VI Philometer (100 ans après Ptolémée Philadelphe) les rapports entre les Juifs et la cour sont féconds. Le temple de Léontopolis est construit par Onias, qui est général de l’armée de Philométer. Avec l’occupation et la domination romaine la période devient mouvementée pour les Juifs, qui occupaient des positions importantes. Restant favorables aux Romains, les Juifs, par obéissance aux injonctions venues de chefs Palestiniens, vont se faire détester par les Egyptiens et les Grecs d’Alexandrie qui sont furieux de la politique odieuse conquérante romaine (au niveau économique : affaire du blé exporté vers Rome par exemple). Les Juifs habitent le quartier du Delta (Est) mais comme l’immigration progresse deux quartiers sur cinq deviennent Juifs. Ils vivent en communauté (Politeuma) autonome sur les plans religieux et social et le droit fondamental accordé est de vivre suivant la Loi des ancêtres (Torah) ; la vie juive s’organise autour de la Synagogue, lieu d’assemblée, de prière, d’étude de la Torah. La figure dominante est l’Ethnarque. Selon Strabon, qui visita Alexandrie à l’époque d’Auguste l’ethnarque est le chef de la communauté autonome, indépendante de la polis grecque qui l’environnait. Au Ier siècle une catégorie de Juifs étaient riches et influents à Alexandrie (cas de la famille Philon) : ils étaient militaires, fonctionnaires, commerciaux… Philon fait état de cinq catégories : 1)poristai : bailleurs de fonds, prêt de capitaux . 2)naukleroi : transport de marchandises à bord de bateaux (l’Egypte est le grenier à blé de Rome) 3)emporos : marchand 4)technitai : artisans . 5)georgoi : paysans. La couche aisée et moyenne concerne les trois premières catégories.

Cependant la vraie domination est grecque, puis romaine. Le Musée est le centre de travail pour les savants et les artistes. La Bibliothèque est un foyer unique de culture qui attire l’élite intellectuelle juive. C’est l’époque de la traduction de la Bible en grec (Septante), le Pentateuque d’abord, puis tout l’Ancien Testament.

PHILON.

Philon d’Alexandrie, auteur juif, contemporain du Christ ( qu’il ne mentionne dans aucune de ses œuvres) appartient à un milieu culturel d’une richesse exceptionnelle : est-il fondamentalement juif puisque son œuvre consiste principalement en commentaires du Pentateuque ? Ou son dessein était-il de « traduire » l’Ecriture en termes philosophiques grecs, d’inspiration platonicienne ou stoïcienne, pour la rendre intelligible au milieu culturel grec d’Alexandrie ? Le grand intérêt de Philon c’est de n’avoir abandonné aucun des deux côtés de son héritage, ni sa foi ni sa culture. C’est à ce titre qu’il a influencé les premiers chrétiens, appelés après lui et dans son sillage à exprimer leur foi dans le même contexte philosophique. (on le verra, par exemple avec Clément d’Alexandrie) Philon, homme de l’Antiquité, conçoit l’univers comme un tout cohérent et structuré dans lequel l’homme trouve sa place, et, en conséquence, son sens. Mais fidèle à sa foi juive, il le définit avant tout comme créature, c'est-à-dire dans son rapport au Créateur. « Si tu te souviens de ton propre néant, tu te souviendras aussi de la transcendance de Dieu en tout » Cette connaissance de soi va donc jusqu’au fond ultime de soi au point où l’on se découvre créé, et provoque un désespoir qui n’est pas mêlé de tristesse, mais paradoxalement de rire, symbole, chez Philon, de joie et de perfection. La prise de conscience de son néant par l’homme est œuvre de raison et fruit d’une nécessité inexorable et implacable. Mais l’homme, ce néant, a reçu un esprit insufflé par Dieu, et, qu’il est « dans notre âme la partie pure et sans mélange… insufflé d’en haut, l’intellect, s’il a été conservé sans mal et sans dommage, est restitué à celui qui l’a insufflé… »

Philon enseigne qu’il ne suffit pas de pratiquer les vertus, mais qu’il faut atteindre la qualité d’homme vertueux : la Vertu est « en actes », et l’être humain doit, au-delà des vertus particulières, aller vers la Vertu, en soi. La vertu conduit à une vie rationnelle et équilibrée : pas de mysticisme désincarné, mais une volonté de mener une vie active et sociale droite, avant de s’avancer jusqu’à une vie contemplative plus solitaire où Dieu tient une place plus exclusive. Philon demande à l’homme de s’approcher de Dieu, mais cette ascension est impossible si Dieu ne venait le soutenir ; le modèle est alors Moïse qui dit à Dieu « Montre-toi à moi » ; Philon décrit l’échange entre Dieu et l’homme, et la joie que cela génère : Philon est maître de sagesse, mais aussi maître de spiritualité.

La BIBLE des SEPTANTE.

Dans le creuset alexandrin une culture judéo-chrétienne est née ; c’est là que le Pentateuque fut traduit en grec ; la portée fut considérable. Une lettre d’Aristée à Philocrate nous en fait le récit : « au nombre de soixante douze, dans la partie haute de l’île de Pharos, dans trente six petites maisons, deux par maison, enfermés toute la journée et transportés le soir par trente six barques au palais du Roi…..A chaque paire fut attribuée un livre (Génèse, Exode, Lévitique,…) ; par un miracle admirable ils étaient tombés d’accord sur la traduction, sans se concerter… ». Les exagérations de cette légende et l’incertitude des dates (condamnée par St Jérôme) ne modifièrent pas la qualité de cette respectée traduction qui a permis aux Juifs alexandrins d’accéder à la Bible car ils ne parlaient ni Hébreu ni Araméen. Même la lecture publique de la Torah se fera en grec. Grâce à la traduction des Septante la foi juive et la culture grecque fusionnèrent en un mélange original. Philon cherche la synthèse , lui aussi, de la tradition juive et de la pensée grecque et son œuvre a une envergure exceptionnelle ; la pureté originelle se trouve peut-être hellénisée mais, en revanche, cette traduction, relecture de la Bible hébraïque, comporte des possibilités de développement philosophiques et théologiques dont les pères de l’Eglise tireront parti. Même les inscriptions synagogales deviennent grecques ; Dyonisos, Nicomède, Théodore, Ariston, Hermogène sont des Juifs alexandrins ; toutes les tendances religieuses existent : traditionalisme, assimilation, jusqu’à l’apostasie. Le propre neveu de Philon (Tiberius Julius Alexander) se convertit ; il deviendra préfet d’Egypte.

LES THERAPEUTES.

Les Thérapeutes sont un groupe ascétique dont l’objectif est « l’epimeleia tês psukhês » : c'est-à-dire prendre soin de l’âme. Philon (De vita contemplativa) dit ceci : « leur désir d’immortalité et de vie bienheureuse leur faisait croire qu’ils ont déjà terminé leur vie mortelle ; ils laissent leurs biens à leur fils, à leur filles, ou à leurs amis… ». C’est dans la corrélation entre le soin de l’Etre et le soin de l’âme qu’ils peuvent s’intituler « thérapeutes ». Les thérapeutes alexandrins ne s’étaient pas retirés dans le désert, comme la pratique érémitique ou anachorétique, plus tardive, mais dans des petits jardins suburbains où chacun avait une cellule, avec des lieux communautaires. Leurs pratiques cultuelles étaient très marquées : c’est un groupe religieux (prière, attitude convenable, placement par rang d’âge…) avec un travail intellectuel théorique important. Ils se sont retirés pour pouvoir guérir les maladies provoquées par « les plaisirs, les désirs, les chagrins, les cupidités, les sottises, les injustices et la multitude infinie des passions » (Philon. De vita contemplativa. 471). Ils cherchent « l’egkrateia » c'est-à-dire la maîtrise de soi sur soi. Tous les sept jours ils ont une réunion où ils ajoutent les soins du corps à ceux de l’âme ; ils cherchent à voir clair pour la contemplation de l’Etre, ils lisent l’Ecriture et en font l’exégèse… en oubliant parfois de manger ; même pendant leur sommeil « ils proclament les doctrines de la philosophie sacrée ». Le souci de soi, pour les Thérapeutes, ne peut se pratiquer qu’à l’intérieur du groupe, et du groupe dans sa distinction. Les Thérapeutes, vivant en communauté fermée, avaient des pratiques collectives et parmi elles, des Agapes au cours desquelles un orateur prenait la parole et qui enseignait aux auditeurs assis, les plus jeunes ou moins intégrés restant debout, mais tous tournés vers l’orateur avec une attention fixée par l’immobilité. (Michel Foucault. L’herméneutique du sujet) Pour que le langage de l’orateur soit efficace, qu’il porte sens, le corps devait être statufié et la «  mise en ordre intérieure » accompagnée de la main droite déployée autour du cou.

Il s’agit donc d’un Monachisme Juif. Le christianisme rencontra dans les écrits de cette école hébraïque d’Alexandrie une exégèse biblique toute prête, une large ébauche de théodicée, un vocabulaire parfait et intelligible au monde hellénique : on dit que Clément et Origène sont les disciples directs de Philon. Les influences sont multiples ; E.Burnouf, cité par Ferdinand Delaunay (Moines et Sibylles dans l’antiquité Judéo-Chrétienne. 1874) assure que les moines juifs (les Thérapeutes) avaient des compagnons Egyptiens et qu’il y avait des doctrines hindoues dans le développement de l’école juive d’Alexandrie : cela est confirmé par Philon qui a vanté les qualités des gymnosophistes hindous et nommé le Bouddha. Eusèbe a prétendu que les Thérapeutes étaient des chrétiens judaïsants et que c’est Marc, le premier évêque (l’apôtre) qui aurait fondé l’école en 45 à Alexandrie. Cette position est tombée en total discrédit : d’une part la présence de Marc est contestée et d’autre part l’Eglise d’Alexandrie n’a pu exister avant l’an 65. Cette tentative « d’appropriation » était concevable car les Pères de l’Eglise mettaient Philon au nombre des écrivains ecclésiastiques parce qu’il avait fait l’éloge de la première Eglise alexandrine. Les Thérapeutes,  « qui étudient la philosophie que leurs devanciers leur ont léguée » sont bien des monachistes juifs. (F.Delaunay). Rappelons que Philon était contemporain de Jésus (qui n’a rien écrit) et des apôtres.

A Alexandrie, il est important de se souvenir que les religions n’évoluent pas en vase clos : leurs théoriciens et théologiens se mesurent en des joutes oratoires et échangent des pamphlets ; ils se rencontrent dans les académies, se connaissent, se méprisent ou se tolèrent mais « s’enrichissent ». Un syncrétisme religieux s’opère entre théories philosophiques, traditions populaires et dogmes de foi : des trames multiples se nouent ainsi, signe d’une époque riche de ferments, tourmentée et complexe.


  1. LES GNOSTIQUES.

Pour les gnostiques le monde est le résultat d’un piège mis en place par des puissances mauvaises. Le gnostique peut s’y soustraire, et lui seul, grâce à l’étincelle de connaissance (gnôsis) enfouie au plus profond de lui-même. La religion gnostique se veut une religion réservée à des élus, héritiers des paroles cachées de Jésus. L’interprétation de la genèse est « bouleversante » : le dieu de l’A.T. n’est plus à leurs yeux un dieu de justice mais un dieu de tromperie ; le dieu véritable est étranger à la création et il se tient solitaire dans un abîme de lumière. Le mépris du monde et de la création a dicté aux gnostiques une éthique placée sous le signe du détachement, avec le refus du mariage et de la procréation. Situées en marge de l’Eglise et de l’Etat les communautés gnostiques furent persécutées mais, par des filières souterraines,l’essence du gnosticisme survécut. Le gnosticisme est un « mouvement à mille têtes » (mot de l’hérésiologue Epiphane), connu par les textes de Nag Hammadi et surtout par les réfutations des pères de l’Eglise. Les premières mentions sur les gnostiques se trouvent dans le N.T. et les actes des Apôtres citent Simon le Magicien, premier représentant de ce courant de pensée, point de départ de toute une floraison de sectes. Les gnostiques se disaient « les vrais chrétiens », détenteurs d’une connaissance supérieure que le Christ n’aurait transmise qu’à quelques disciples privilégiés, d’où les persécutions de l’Eglise puis de l’Etat romain devenu chrétien. Les réfutations contre les gnostiques sont dues à Irénée (évêque de Lyon. II siècle), à Hippolyte (Rome. III siècle), à Epiphane (évêque de Salamine IV siècle), à Tertullien (contre Marcion) mais aussi aux Alexandrins Clément (Stromates II et VI), Origène (Commentaire sur St Jean) et Plotin (II Ennéade). Les sectes sont nombreuses et portent soit le nom du docteur gnostique ( Simon le Magicien, Ménandre, Saturnin, les alexandrins Valentin, son disciple Héracléon, Basilide et son fils Isidore, Carpocrate, Marcion….), soit le nom du personnage mythique que la secte honore (Barbelo : barbéliotes ; Ophis (serpent) : ophites…).

Dans la plupart des réfutations l’idée maîtresse est que les dogmes gnostiques découlent de l’influence pernicieuse de la philosophie grecque, des religions à mystères, des sciences de l’Astrologie. Clément d’Alexandrie est plus nuancé, car sa pensée reflète l’heureuse fusion entre révélation chrétienne et sagesse grecque :on le constate dans les pages écrites sur Basilide, Isidore, Carpocrate. Origène, penseur de l’école d’Alexandrie, dans son Commentaire sur l’Evangile de Jean réfutera avec soin et sans acrimonie les dits du gnostique Héracléon. En fait, les pères de l’Eglise pressentaient la grande valeur des maîtres gnostiques, premiers théologiens du christianisme, et se sont rendu compte de la menace d’une doctrine aussi séduisante que celle de la Gnose, fondée sur une connaissance personnelle et immédiate du divin, susceptible de plaire aux païens cultivés et aux chrétiens de classe sociale élevée, en quête d’une doctrine élitiste.

Alexandrins Gnostiques.

Si les Basilidiens et les Valentiniens composent les sectes « chrétiennes » les plus importantes d’autres sectes, mineures, ont existé à Alexandrie. Zostrien, le plus long des traités de Nag Hammadi est la traduction copte du IV siècle d’une apocalypse grecque, essentiellement païenne, composée à la fin du II siècle. Zostrien, visionnaire, effectue une ascension supracéleste…(Clément d’Alexandrie. Stromates V 103,2). Composé à Alexandrie, l’écrit reflète une forme non chrétienne du gnosticisme Séthien. ( Nag Hammadi ; les trois stèles de Seth.)

BASILIDE.

Basilide, le pessimiste, officia à Alexandrie entre les années 120 et 150. Clément et Origène parlent de lui : « il est rare de trouver quelqu’un qui souffre sans avoir péché » (Stromates IV 81,1). Pour Basilide, le Dieu unique et innommable est infiniment éloigné de cet univers : 365 cieux étagés le séparent de la création, peuplés d’émanations dont l’état de perfection diminue au fur et à mesure de leur éloignement de la source divine. La création de la terre et de tout ce qu’elle contient est imputable aux anges du dernier ciel, les archontes, et à leur chef : le dieu des juifs. Dieu, le vrai, pour délivrer ses croyants, a envoyé son fils, le Christ : son nom est Intellect. Il est peint aux couleurs du Docétisme : on nie au Christ sa dimension humaine et souffrir sur la croix est incompatible avec sa nature divine. C’est Simon de Cyrène qui a subi la crucifixion. Basilide proclame la résurrection des âmes qui remonteront les 365 cieux, car l’âme connaît (gnose) les  «  mots de passe ». « Peu d’hommes, dit Basilide, sont capables d’un tel savoir : il n’y en a qu’un sur mille, deux sur dix mille. Leurs mystères ne doivent absolument pas être divulgués, mais être gardés secrets dans le silence » (I, 24,6)

VALENTIN.

La partie ésotérique de son enseignement est réservée à un groupe d’adeptes qui a déjà assimilé le cursus de l’enseignement du maître et qui est prêt à écouter la révélation. Cette révélation concerne le monde supérieur, que les gnostiques appellent plérôme. Au sommet il y a une dyade : l’Inexprimable et le Silence. C’est un couple, syzygie, formé de Dieu (masculin) et du Silence (Sigè,féminin) ; cette dyade émet une deuxième syzygie : le Père et la Vérité d’où naîtront quatre entités : le Logos, la Vie, l’Homme et l’Eglise : l’Ogdoade est constituée ; elle émettra d’autres entités ; la trentième est Sophia : cette sagesse va se dérober à l’étreinte de son partenaire Thélétos (limite) et c’est le début de la création, née du désir et donc sous le signe de l’imperfection et du désordre. En elle l’âme est prisonnière mais le monde d’en haut demeure imprimé dans l’âme qui cherchera la connaissance, premier pas vers la liberté et le retour à la patrie céleste : le mythe de Sophia est une des clefs de voûte de la spéculation gnostique.

Héracléon, disciple de Valentin, s’attachera à l’étude du N.T. De longs extraits de son Commentaire sur l’Evangile de Jean seront repris par Origène. Héracléon distingue le Dieu inconnu et le dieu créateur et divise le genre humain en trois classes : les hyliques (hylé : matière) sans espoir de rédemption, les psychiques (psyché : âme) qui devront avoir recours aux bonnes œuvres pour parvenir au salut et les spirituels, qui ont en eux l’esprit (pneuma), l’étincelle divine qui les sauve.

COMMENTAIRES.

Pour Camus l’hérésie gnostique est un premier essai de collaboration gréco-chrétienne. Les spirituels sont sauvés par la connaissance de Dieu, la Gnose et l’Initiation donne prise sur le royaume divin ; cela rejoint les mystères d’Eleusis : « Heureux celui des hommes vivant sur la terre qui a vu ces choses. Mais celui qui n’a pas été initié aux cérémonies sacrées et celui qui y a pris part n’auront jamais la même destinée après la mort » (Hymne homérique à Déméter) Les thèmes gnostiques fondamentaux sont au nombre de quatre : le problème du mal, la rédemption, la théorie des intermédiaires et une conception de Dieu comme être ineffable. On peut relever plusieurs influences : 1) Influence grecque par la tradition Platonicienne, émanation des Intelligences du sein de la divinité, notion d’harmonie et de sagesse. Pour Simone Pétrement (Le Dualisme chez Platon, les Gnostiques et les Manichéens) l’Idée platonicienne, en particulier celle du Bien, est déjà en quelque sorte le Dieu inconnu des gnostiques. 2) L’essentiel des dogmes chrétiens s’y trouve : problème du mal, idée que le monde marche vers un but et qu’il est un point de départ 3) Dans cette notion de science supérieure qu’est la Gnose, il y a l’influence des mystères ; l’initiation est l’union de la Connaissance et du Salut 4) Influence discrète du juif hellénisé Philon d’Alexandrie : « Que les hommes bornés se retirent. Nous transmettons des mystères divins à ceux qui ont reçu l’initiation sacrée, à ceux qui pratiquent une piété véritable, qui ne sont pas enchaînés par le vain apparat des mots ou le prestige des païens » (Matter. Histoire du Gnosticisme). C’est le thème de l’image de Dieu comme pure essence de l’âme humaine. 5) Influences de spéculations Orientales, en particulier du Zend Avesta : le Zoroastrisme, protégé par Cyrus, a eu une vraie influence à Alexandrie, et Ahura Mazdah a les caractères du Dieu gnostique.

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