Autonomie et expérience Mémoire de Hatha Yoga écrit par Marie Saurat juin 2011



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L’être et l’étant chez Heidegger


Les philosophes du courant de la phénoménologie, Lévinas, Bachelard, Merleau-Ponty, Hannah Arendt, ont essayés de décrire un rapport au monde de « l’être là ».
Une description du monde du point de vue de la perception et du phénomène de : qu’est-ce qu’être là, en présence au monde? Qu’est-ce que la coprésence de deux êtres ? Qu’est-ce que la présence, la conscience de soi-même ?

Nous attribuons l’existence aux choses, mais, en réalité elles n’existent pas sans nous. Le monde existe parce qu’il est vu, perçu par une conscience qui le fait exister. «  Penser une chose comme existante, c’est se penser soi-même comme la percevant, c’est étendre son expérience de telle façon qu’elle vienne à comprendre cela même qu’elle laisse hors de soi… : on ne peut parler d’existence qu’à propos d’objets donnés dans un rapport immédiat à une conscience » (G. Marcel, Journal métaphysique, l’existentialisme par Paul Foulquié, PUF).

Pour décrire et tenter d’expliquer la présence à soi-même, et par là au monde, Martin Heiddeger s’appuie sur les concepts de l’être et de l’étant.

L’étant, l’existant, est le fait d’être, d’exister comme un fait avéré, constaté scientifiquement mesurable par l’action sur le monde, c’est un état que l’on peut vivre sans conscience. Alors que l’être implique une conscience, le Dasein, (littéralement en allemand, "Être-là" c'est-à-dire l'existence humaine pensée comme présence au monde ou "Être au monde"). L’être est un état de présence, de conscience de l’étant. Il ne faudrait pas croire que tout homme jouisse de ce privilège et existe véritablement. Car beaucoup, mus par le « on » (man), comme dit Heidegger, ne font pas le choix véritable. Ceux là n’ont pas d’existence authentique. Existe véritablement celui qui seul se choisit librement, qui se fait lui-même, qui est sa propre œuvre.

Le rapport de l’être et de l’étant chez Martin Heiddeger est à rapprocher du rapport que Sri Aurobindo (dans le guide du yoga) fait entre l’homme d’aujourd’hui et le supra-mental ou homme d’une époque nouvelle : « Seulement on peut dire qu’avec le supra-mental la création s’engage dans un ordre différent d’existence. Avant lui, c’était le domaine de l’ignorance, après viendra le règne de la Lumière et de la Connaissance […] Et l’homme est déjà vieux de plus d’un ou deux millions d’années ; il est pleinement temps pour lui de se laisser transformer en un être d’ordre supérieur. »

Il est question chez Sri Aurobindo, comme dans la philosophie de courant phénoménologique, d’une évolution sensible et En la nature de l’homme, en harmonie spirituelle et non dans un mouvement qui serait extérieur à celle-ci ou supérieur. Dans ces deux pensées du monde, l’être humain au cœur de la nature, le spectateur fait partie du décor étudié, l’environnement ou le sujet est vu à partir du point de vue de celui qui étudie et qui est au niveau de nous tous et non au dessus. «  Ceci est dû à une conscience et une sensibilité très vive de l’être physique, spécialement du vital physique. Il est bon pour le physique d’être de plus en plus conscient ; […] Il doit venir dans les nerfs et le corps aussi bien que dans le mental, une vigoureuse égalité, une maitrise et un détachement qui permettent au physique de connaître ces réactions et d’avoir un contact avec elles sans en éprouver aucun trouble. » Sri Aurobindo.

L’expérience de l’être est à faire dans notre corps même qui est une manifestation de l’univers, une parcelle de terre, d’étoile, une alliance, une relation est maintenue par la conscience.

« La transcendance, en tant que position du monde et de soi, est donc la liberté même. Le Dasein (l’être là) est libre parce que capable de se fonder et de se constituer lui-même en tant que ipse » (principe d’individu ou aham-kara) […] « La liberté n’est pas un pouvoir de rompre le déterminisme ; elle est une propriété « métaphysique » qui n’a rien à voir avec l’ordre de la décision. Elle n’est ni une option, ni un choix, mais la propriété d’être à soi-même son propre fondement. » A de Waelhens,  La philosophie de Martin Heidegger. 

Pour éprouver et décrire de façon plus fine à la fois du point de vue de la perception et de la conscience élargie, Sri Aurobindo parle de ce « « quelque chose de plus vrai » dans lequel vous devez apprendre à vivre, et c’est cela que vous devez sentir être en vous-même ». Une conscience, une densité de la présence, qui peut devenir palpable et qui se fait de plus en plus présente, avec la pratique et la discipline régulière de la conscience totale -par la méditation, le Hatha Yoga par exemple- et s’étend progressivement à tous les moments de la vie.

Cette façon de voir le monde qui confond l’observateur comme sujet d’observation avec le spectateur comme objet d’observation n’est pas un moyen d’observation scientifique, distancié et rationnel. La relation qui lie le sujet et l’objet trouble l’observation qui n’est plus possible de qualifier comme scientifique.

« L’individu est toujours le lieu de la médiation entre les différents : par exemple notre corps est la médiation entre des éléments cosmiques et microscopiques. » Christian Fauré, philosophe.

Le corps, l’intellect, la rationalité même, ce que Heidegger qualifie d’étant comme manifestation, lien, relation cosmique : L’individu n’existe pas en tant que tel. Sa confusion est possible, communément avec son environnement, de par sa biologie (cellule constituante du corps et plus largement de l’autre, de ce qui nous entoure), sa psychologie (processus d’assimilation, de mimétisme, en sociologie, ces processus sont étudiés en étiologie [observation de la vie des groupements d’animaux] comme indépendamment de l’individu) et son psychisme (origine de la pensée qui aura germé de l’intérieur par la sensation du corps puis le sentiment ou de l’extérieur par le cours de pensées échangées, lues…).

L’individuation, et avec elle les notions de choix, de volonté propre, de personnalité, d’autonomie, est un processus par lequel l’individu advient au niveau biologique, psychologique et psychique.

Prendre soin de l’individuation c’est prendre soin de la relation

La relation que le sujet entretien avec son corps, avec son mental, son psychisme, avec son environnement par la psychologie et par les liens à autrui. Tout est relation. Le bien être et l’équilibre de l’existence dépend de l’élégance de toutes ces relations en tout domaine. C’est une posture, une attitude.

Ces relations son entretenues en premier par le regard que l’on y porte en tant qu’observateur. Dans un second temps et sans qu’on l’ait voulu, les changements se font, se mettent en place naturellement.

Les « phénoménologues », contrairement aux autres philosophies qui ont recours à l’essai, ont eu recours à la littérature, comme moyen privilégié, pour rendre compte de ce lien entre perception du monde et existence. Prenant ainsi le lecteur dans le champ de leur expérience et ne s’arrêtant pas au texte ou à l’objet livre. Le lecteur est convoqué dans ses émotions, ce que l’essai ne permet qu’au niveau intellectuel. Pour exemple, Jean-Paul Sartre décrit comment Roquetin, le héros de La nausée, qui jusque là s’était contenté d’observer comment les choses sont ou peuvent lui servir, prit soudain conscience de l’existence :



«Donc j’étais assis tout à l’heure, au Jardin public. Le marronnier s’enfonçait dans la terre, juste au-dessous de mon banc. Je ne me rappelais plus que c’était une racine. Les mots s’étaient évanouis et, avec eux, la signification des choses, leurs modes d’emploi, les faibles repères que les hommes ont tracés à leur surface. J’étais assis, un peu voûté, la tête basse, seul en face de cette masse noire et noueuse, entièrement brute et qui me faisait peur. Et puis j’ai eu cette illumination. […]

Si l’on m’avait demandé ce que c’était l’existence, j’aurais répondu de bonne foi que ça n’était rien, tout juste une forme vide qui venait s’ajouter aux choses du dehors, sans rien changer à leur nature. Et puis voilà : tout à coup, c’était là, c’était clair comme le jour ; l’existence s’était soudain dévoilée. Elle avait perdu son allure inoffensive de catégorie abstraite, c’était la pâte même des choses, cette racine était pétrie de l’existence. »

Saisir ce moment immédiatement et en rendre compte à l’instant de la lecture, loin de la description froide des manifestations. L’essence même des choses et l’émotion nous meut, nous émeut : ce premier regard, pour moi, c’est la poésie qui en rend le mieux compte.



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