Autonomie et expérience Mémoire de Hatha Yoga écrit par Marie Saurat juin 2011



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Mon expérience personnelle


Vous vous souvenez certainement que chapitre 2 je vous ai parlé de ma maladie. Et bien celle-ci, je la vois non comme quelque chose de négatif mais comme le moyen de me poser les bonnes questions :

- Qu’est-ce qui me fait vivre chaque journée ?

- Ai-je fait le bon choix ?

- Tout ce que je vis, j’entreprends, est-ce que je suis en harmonie avec ?

- Est-ce que tout ceci a un sens ?

- Si ma vie s’arrête demain, est-ce que je choisirai de faire tout ce que je fais aujourd’hui ?

C’est un peu comme dans le paysage de mon quotidien, la petite pointe de l’épingle qui donne du sens au reste, au choses plus anodines et plus quotidiennes et aussi qui donne tout son relief et sa saveur aux moments de joie, de bonheur qui peuvent être courts mais intenses.

Les questions que j’ai à l’esprit sont complétées aussi par les deux questions de Pina Bausch plus comme introspection :



« A quoi aspirons-nous ?

Qu’est-ce qui pousse ce désir ardent ? »

Toutes ces questions de choix, de libre arbitre et de placement dans la dynamique qui permet que les choses adviennent sans avoir à les forcer, les attendre. Cette posture ; bien centrée dans mon corps, mes appuis, dans mon équilibre mental, dans ma dimension spirituelle, profonde et en même temps ouverte et sensible au monde ; m’a été donnée par le yoga dans toutes ses dimensions. Mais le yoga non comme dogme mais comme technique qui permet de percevoir le monde par soi-même. En ce sens, je crois qu’il n’est pas possible d’enseigner le yoga, si soi-même on n’a pas fait l’expérience de cette union (par quelque moyen que ce soit) et si l’on ne réactualise pas en permanence la pratique comme une discipline de vie et de vérité. Voilà pourquoi peut-être, j’ai attendu 18 ans, la majorité, de pratique de yoga avant d’enseigner.

J’ai après cette expérience peu courante, forte et riche d’enseignements que fût ma maladie, fait beaucoup de choix dans ma vie et j’ai aussi à cette occasion celui d’enseigner le yoga.

Pensant que le yoga ne se limite pas à la pratique dans la salle mais se poursuit en dehors. Bien trop souvent, les niveaux Yama et Nyama ne sont pas respectés en dehors de la salle de yoga, et parfois même pas dedans ! Contrairement à l’Inde, où il est indispensable d’avoir acquis les premiers niveaux pour commencer les asanas, en Occident, nous commençons par les asanas. Il faut composer avec cette donnée.

J’ai aussi beaucoup d’égard pour le groupe, je prends du temps avec les élèves en fin de séance, je suis attentive à ce que leurs questions ne restent pas en suspend. Je tiens à leur permettre un temps de retour sur leur expérience s’ils le souhaitent. J’organise aussi d’autres activités comme des séances à la plage l’été, des invitations de groupe de musique pour des kirtan de manière à ouvrir le groupe à d’autres personnes et d’autres activités du yoga du son, à créer des moments de convivialité. J’organise aussi une rencontre une fois par an avec la communauté de l’Arche créée par Lanza del Vasto derrière Lodève. Ces moments festifs et de partage ouvrent les élèves à d’autres dimensions du yoga, ils contribuent à apporter des moments de plaisirs associés au yoga et au groupe et à se laisser aller dans des dimensions non abordées dans les cours hebdomadaires. Enfin, je rend hommage par un geste de dévotion auquel j’associe tout le groupe en fin de séance, à la salle qui a eu une transformation d’embellissement, à telle personne absente et malade, à tel fait, le tsunami du Japon pour deux élèves japonaises, à l’ensemble des élèves, à la terre, à l’univers, à Ishvara (dieu)… à leur propre corps qui leur a permis cette séance, à cette belle journée, à ce moment de grâce que nous avons partagé aujourd’hui. Pour familiariser mes élèves à la reconnaissance de notre chance à vivre chaque jour, chaque instant dans la conscience de ce qui est là ici et maintenant et non à ressasser le passé révolu ou à se projeter dans un avenir incertain et distant contrairement à ce moment qui nous est offert.

« Une autre fois pour la première fois » François Chang




  1. Puis en tant qu’art-thérapeute


J’ai aussi oublié de vous dire que depuis vingt ans, je suis artiste. Ça a commencé bien avant mais à vingt ans j’en ai eu le statut. Ma quête depuis petite fille a été de comprendre la source de la vie et de la création. Le lien entre la création et la vie. De trouver une logique à tout ça. J’ai trouvé une voie dans l’art et dans le yoga pratiquement en même temps et j’y ai trouvé des réponses… de plus en plus personnelles et intérieures et en même temps de plus en plus universelles… à partager. Je dessine, je peins, je danse, j’écris de la poésie, et depuis un an, je conte ! C’est là la plus belle merveille qui nous met en même temps en lien avec toute la filiation de l’humanité et avec ce que chacun de nous a de plus profond et ceci dans un temps présent de partage avec les personnes qui écoutent et vivent réellement le processus. J’y trouve beaucoup de choses communes avec la pratique du yoga.

« L’art sacré, c’est ce à quoi on ne peut rien retirer. » C’est la définition aussi de tout art oral évidemment.

Si j’ai voulu devenir art thérapeute, c’est parce que le processus de création est tout à fait propice à la thérapie. Dans mon approche thérapeutique, je pars du postulat qu’il n’y a pas deux vies, deux expériences, deux problèmes, deux personnes pareilles. Le travail, et c’est là un point crucial qui me tient à cœur, doit être mené par la personne elle-même. Accompagnée, sécurisée par le thérapeute mais c’est un travail de création de sa vie. Comme dans le yoga, par la conscience, il est permis de proposer les instants de joie, d’amour, de créer des situations de vie que l’on pourra progressivement sortir de la salle de pratique pour envahir les différents moment de la journée.






Conclusion

L’époque dans laquelle nous vivons n’est pas propice à la spiritualité, à l’intériorisation et au calme. Cependant, les chemins qui mènent à la réalisation sont nombreux. Si nous sommes attentifs en même temps à tous les niveaux de notre être, nous pouvons arriver à une libération qui nous permet un peu plus de joie. Celle-ci est due à ce que nous touchons plus exactement notre vraie nature et non que nous plaquons des artifices ou des réponses sur des envies.


Si nous nous occupons de notre rapport aux autres, en étant bienveillants, non violents, respectueux, dans la vérité, la modération… si nous sommes attentifs à nous même par une bonne hygiène, une alimentation saine, le fait de respirer, d’évoluer dans des endroits sains, beaux, agréables, d’être réguliers dans nos vies et de tendre à l’intériorisation, de ne pas se dissiper ou gaspiller de l’énergie. Le fait d’avoir un bon exercice physique non violent, harmonieux et tout de même développant tous les aspects physiques, comme l’est la pratique des asanas accompagné d’un bon souffle et d’une intériorisation de qualité. Toutes ces pratiques déjà amènent leurs effets s’ils sont pratiqués avec régularité et avec le plus de logique dans leur intégration à la vie quotidienne. Tout ce que je décris ci-dessus n’est autre que la description des niveaux de l’ashtanga yoga.
La vie n’est pas un long fleuve tranquille qui coule de la source à la mer, soit, mais les difficultés, les épreuves si nous les prenons pour pur source de souffrance n’ont aucun sens, et je dirais que c’est la vie toute entière qui perd son sens quand la souffrance traversée n’a pas de sens. Si chaque désagrément de la vie, chaque épreuve, voire, chaque coup sur la tête pouvait nous faire avancer et nous faire comprendre que tout est transitoire et que la vie étant finie, elle vaut d’être vécue dans le moindre de ses moments. Même les plus difficiles. Si ces moments ne nous apportent pas chacun un peu de philosophie sur notre propre vie, alors à quoi bon ! La séance de yoga, comme laboratoire de la vie toute entière lieu, moment protégé et privilégié, peut aussi à un moment s’ouvrir sur l’extérieur, c’est le sujet des Yamas et Nyamas, pour ne pas pratiquer des choses merveilleuses dans la salle et que l’on soit totalement en désaccord avec les préceptes du yoga une fois sorti de la salle. C’est comme cette personne qui pratiquait spécialement dans une séance que je dédiais tout particulièrement au pranayama et qui, juste le pied en dehors de la salle avait comme premier geste de s’allumer une cigarette !

Nous naissons tous avec une constitution de base qui nous est donnée, c’est la vision de la pleine santé qui nous vient de l’Âyurveda : si nous nous en éloignons, nous nous éloignons de la santé qu’elle soit mentale, psychique ou physique. Pour nous approcher toujours de cette nature initiale tout en évoluant avec les années, en restant en mouvement, dans la vie, il y a des moyens d’hygiène, d’exercice physique, de diététique, des choix de vie, d’orientation, un environnement, de relations, des pensées qui sont le résultat des émotions et sentiments vécus au quotidien et de ce qui est donné à penser au travail, à la maison, durant ses loisirs (en relation avec les collègues, le mari, le partenaire..)… Le yoga, s’il permet de visiter plusieurs de ces domaines, est un moyen excellent, reconnu par le corps médical pour ce qui est de l’hygiène physique, mentale, psychologique, de la pratique physique harmonieuse, c’est aussi un endroit où « méditer sur sa vie » devenir le témoin de ses propres actions. En ces points, c’est une voie vers l’autonomie de pensée, d’agir, et vers la libération. Ceci dans la mesure où l’élève le décide ainsi ! Point d’autonomie pour la personne qui reste emprisonnée dans ses habitudes, son envie de rester prisonnière. Et l’envie du professeur dans l’affaire n’y pourrait rien et n’y a pas sa place. Puisque pour que le professeur réponde, il faut bien au départ qu’il y ait demande ! Hors dans le cas de la servitude, il y a une demande, celle de rester servile ! Au professeur de juger s’il souhaite répondre lui à cette demande ou s’il souhaite décliner la demande et dire pourquoi. Au professeur de juger si ce n’est pas lui-même qui y trouve son compte !

Enfin, le yoga, s’il est un puissant vecteur de conscientisation des pensées, des actes, des paroles, devient également une technique de conscience de soi et de soi par rapport aux autres et au monde. C’est plus qu’une technique, nous l’avons vu, c’est un moyen de vivre pleinement ce qui est là et même un processus d’individuation qui va nous donner force et pouvoir de devenir qui nous sommes en germe. C’est l’aspect spirituel. Il n’est pas le seul moyen d’y arriver. La personne qui vient au cours de yoga est peut-être dans un processus de libération et d’autonomie vis-à-vis de ses choix, par une toute autre voie. Il convient aussi en tant que professeur, de ne pas juger, apprécier, qualifier, réconforter une personne qui vient avec ce qu’elle est. Il convient de rester bienveillant et accueillant à la différence. Dans une « acceptation inconditionnelle ». Parce-que le vivant est mouvement, parce que le rôle de maitre et d’élève, comme tout dans ce monde est transitoire, on ne doit pas s’accrocher, quel que soit sa place dans la relation à son rôle initial. On doit accepter le cas échéant, de se faire dépasser par nos propres élèves, on doit accepter d’être ce tremplin et rien que ce tremplin. La vie sa face cachée comme sa face visible, est pleine de secrets, nous ne pouvons pas baser nos actions que sur la part visible de notre vie, ou nous ne laisserions aucune possibilité à l’invraisemblable et l’invisible d’advenir. Nous fermerions définitivement la porte à toute évolution possible. Nous couperions court à la révolution qui est en œuvre.

Enfin, la pratique de professeur de yoga est le plus beau métier qui m’ait été donné de faire. On voit des personnes se révéler, s’épanouir, quitter le cours, venir avec régularité et opiniâtreté… quelles que soient les réactions, j’ai vraiment le sentiment en cours de voir, de palper, de toucher du doigt la vérité de la vie, son secret intimement ancré en chacun des êtres qui viennent à ma rencontre. Quel plus beau cadeau de la vie que de travailler au quotidien avec cette matière au centre de la pratique ?

Je suis arrivée au Hatha-Yoga avec une lombalgie tenace, due à une croissance bien trop rapide en 1992, je n’en ai plus jamais eu. Je continue le yoga et le chemin mais n’ai absolument plus les mêmes motivations qu’au départ. D’élève, je suis devenue enseignante, ai changé toute ma vie. Le yoga, pour qui sait être attentif, entre dans la vie par une toute petite porte de la vie et se fait la place belle petit à petit, il change notre conception toute entière. Toutes les recherches que j’ai effectuées pour l’écriture de ce mémoire m’ont permises d’aborder des domaines divers et variés : philosophie, sagesse, psychologie, poésie, art, physiologie, Âyurveda, textes sacrés de l’Inde… Le yoga peut mener à tout. Et j’ai Sri Mahesh en souvenir en disant cela, la seule différence avec une approche scientiste, c’est que ce n’est pas la raison, mais la voie du cœur qui nous y mène.


Bibliographie

Livres :


- Shri Mahesh Yoga et Symbolisme, ed. du Rocher

- La Bhagavadgîtâ, traduction et présentation de Marc Ballanfat, ed. Flammarion

- Françoise Mazet, traduction et commentaire des yoga-sutras ed. Albin Michel
*l’abréviation Y-S est utilisée dans le texte pour Yoga-sutras.

- Sri Aurobindo le guide du yoga Albin Michel

- H.-M. de Campigny, Théorie et pratique des yogas Selon l’enseignement des Maîtres de l’Inde et du Tibet Librairie Astra-Paris

- Philosophies de l’Inde par Jean Filliozat Que sais-je ?, PUF

- Erik Sablé, Sagesse libertaire taoïste, introduction à la Sainte Paresse, ed. Dervy

- Mircéa Eliade, Patanjali et le yoga, maitres spirituels

- Upanishad du yoga, traduites du sanscrit et annotées par Jean Varenne, Gallimard

- le Yoga du Corps, la Gheranda Samhitâ, traductions et commentaires de Jean Papin, ed. Dervy

- L’essentiel du yoga, M. V. Raj, Nauwelaerts, Louvain

- Thich Nhat Hanh « La colère, transformer son énergie en sagesse » Pocket spiritualité

- Herbert M. Shelton, les combinaisons alimentaires et votre santé. Ed. Courrier du livre, Paris

- Abd Al Malik  la guerre des banlieues n’aura pas lieu  ed. le cherche midi

- C.G. Jung , L’Âme et la Vie, éd. Le livre de poche, Références

- La philosophie de Martin Heidegger par A. de Waelhens ed. La bibliothèque philosophique de Louvain

- L’existentialisme par paul Foulquié PUF, Que sais-je ?

- Comment discriminer le spectateur du spectacle de DRG-DRÇYA-VIVEKA (traduit de l’anglais par Marcel Sauton)

- Aimé Césaire, Ferrements et autres poèmes.

- Pierre Rabhi, Manifeste pour la terre et l’humanisme, Babel.

- Etienne de la Boétie, 16ème siècle, discours de la servitude volontaire, Folioplus philosophie.



Revues :

  • Dans la revue Gestalt n°11 de la société française de Gestalt : Pierre Janin : Le désir d’aider

  • Yoga et vie n°108 et n°147

Emissions de radio :

  • Raphaël Enthoven, France Culture, les nouveaux chemins de la connaissance : une sur Heiddeger Martin d’où j’ai extrait ce développement philosophique.

Sites Internet :

  • Wikipédia pour les définitions de : autonomie, liberté, moksha

  • Arsindustrialis.org , site de philosophes tels que Bernard Stiegler (a écrit entre autre Réenchanter le monde - La valeur esprit contre le populisme industriel (avec Ars Industrialis), éd. Flammarion 2006 ) où j’ai entendu cette conférence sur relation et soin de Christian Fauré.

Merci à mes enseignants  de yoga, de philosophie et de spiritualité :Vera Boeglin, Jacques Morin, Marcel Arquimbau, Tony Dabau, Lalita (à Pondycherry), Cyrus Fay, Jacques Cochard, Claude Icart, Simone Audisio, Swami Suddhananda, Swami Siddersvarananda, Swami Veetamohananada et bien sûr Sri Mahesh. Aucune expérience, aucune avancée, aucun chemin, n’aurait été possible sans eux… Merci à mes amis, mes proches qui m’ont supportée alors que j’étudiais et que je leur volais du temps et de l’attention. Merci pour leur soutien précieux à tous.


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