Exposé pour les nuls des doctrines de Platon et de Plotin



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Exposé « pour les nuls » des doctrines de Platon et de Plotin
Avant-propos

Cet exposé n’implique aucune supériorité de son auteur. Il se trouve que j’ai été « prof de philo », comme d’autres ont été maçon, couturière ou professeur de tennis. À ce titre, je repère celui qui a un savoir insuffisant concernant le « mythe de la caverne » de Platon, mais qui n’a pas conscience de son ignorance en ce domaine, comme d’autres repèrent un mur qui n’est pas droit et ne va pas tarder à s’écrouler, un point qui se défera ou un geste maladroit et inefficace. Pendant un moment, vous serez donc mes « élèves », comme je serais votre élève si vous étiez maçon, couturière ou professeur de tennis et que je veuille bâtir un mur, coudre une pièce ou apprendre à jouer au tennis.

Pourquoi donc, en quel esprit je fais cet exposé ? Parce que je pense que, finalement, il vous sera utile et agréable. Ce n’est nullement pour vous écraser de mon savoir, mais plutôt comme je vous inviterais à un banquet pour boire avec moi un bon vin que j’ai dans ma cave, par générosité, par convivialité…
Platon (427-347 av. J.C.)
Platon est mathématicien avant d’être philosophe. Il réfléchit à la différence entre la ligne droite du fil à plomb et la ligne droite du géomètre, à la différence entre le plus parfait des ronds et le cercle du géomètre, etc.

La ligne droite du fil en plomb est matérielle, elle a une épaisseur, une longueur. La ligne droite du géomètre est immatérielle, sans épaisseur, infinie.

La ligne droite du fil en plomb est limitée dans le temps et située dans l’espace. Elle a été fabriquée et elle finira par s’user. La ligne droite du géomètre existe n’importe où et n’importe quand. Le mathématicien se trouve donc devant un objet qu’il n’a pas créé, puisque la ligne droite du géomètre existait avant lui et existera après sa mort. De plus, il ne peut pas démontrer n’importe quoi à propos de cette ligne droite et des autres êtres géométriques, elle lui résiste. Il découvre des propriétés de ces êtres, il ne les invente pas.

La ligne droite du géomètre immatérielle ne se perçoit pas par les yeux du corps, mais par les yeux de l’esprit, c’est-à-dire par la raison.

La ligne droite du fil à plomb est moins parfaite et moins réellement ligne droite que celle du géomètre, qui est son modèle, et tous les fils à plomb du monde tirent leur être de ligne droite de leur conformité imparfaite avec la ligne droite unique et parfaite du géomètre.
Platon généralise cette différence entre la ligne du fil à plomb et la ligne droite du géomètre. Il dit que chaque objet de notre monde est la copie imparfaite d’un modèle immatériel. Par exemple, toutes les tables du monde, à manger, à cuisiner, à langer, d’opération, etc., ont la même structure, en gros : une surface sur laquelle on dispose des éléments nécessaires à un certain travail. De même, tous les arbres, malgré leur diversité, unissent par un tronc rigide la fonction minérale par leurs racines et la fonction chlorophyllienne par leur feuillage. (Ces exemples ne sont pas chez Platon, mais en découlent directement.) Nous vivons dans un monde imparfait, reflet d’un cosmos parfait, et Platon s’appuie aussi sur l’astronomie naissante qui lui révèle un cosmos régulier et éternel.

Ainsi l’homme, lui aussi, doit tendre vers cette perfection qui le constitue et rechercher son équilibre entre les différentes parties qui le constituent : instinct, énergie vitale et raison. La morale est de la géométrie appliquée. Voyez, dans le dialogue intitulé Gorgias, la réponse de Platon à Calliclès qui recherche exclusivement le plaisir. C’est cela la philosophie : un amour du savoir (chez Platon les mathématiques) dont on tire un art de vivre ! De même, en politique, une cité bien gérée verra la prépondérance des sages sur le peuple, siège des passions incontrôlées, incapable de se gérer lui-même, et cela par l’intermédiaire d’une caste guerrière.

Le mythe de la caverne

Platon illustre cette théorie par une comparaison. Imaginons des prisonniers enchaînés depuis leur naissance dans une caverne, face au mur. Ils voient les reflets, les ombres sur le mur des objets placés derrière eux et qui sont éclairés par le soleil. Les prisonniers croient que les reflets qu’ils voient sur le mur ont plus de réalité que les objets derrière eux, dont ils ne soupçonnent même pas l’existence. Ils croient par exemple que le fil à plomb a plus d’existence que la ligne droite immatérielle du géomètre. Ils font confiance à leurs sens, qui sont les chaînes dont ils n’ont pas le désir de se délivrer. Seul le philosophe parvient, au prix d’un dur labeur, à se détacher de ces chaînes, à sortir de la caverne et à contempler les véritables objets. Finalement, il revient dans la caverne annoncer la bonne nouvelle aux prisonniers, à savoir qu’il y a un autre monde que leur monde d’ombres. Mais les prisonniers ne veulent pas se libérer de leurs chaînes, ils n’ont pas le désir de savoir (étymologie du mot philosophe). Ils rabrouent le philosophe, le traite de propre à rien, l’excluent de leur société, et s’il insiste lui font boire la ciguë !

Platon appelle Idées les véritables objets. Ce mot n’a rien à voir avec nos idées modernes, qui sont une fabrication de notre esprit. Au contraire, il désigne les véritables réalités, comme la ligne droite du géomètre. Le soleil représente Dieu, origine des Idées, et donc des ombres portées sur le mur de la caverne. Mais attention ! Il ne s’agit pas du Dieu chrétien, qui s’est fait homme, mais au contraire d’une sorte de force inconnue, origine d’un cosmos parfait et d’un monde humain imparfait. Les Anciens sont théocentriques et les Modernes anthropocentriques, ce qui est source de déséquilibre, car l’homme n’est pas seul mais fait partie d’un cosmos.

Conclusion. On peut critiquer le platonisme. En particulier, le philosophe, parce qu’il a vu les Idées, les structures qui régissent l’individu et l’État bien administré, doit devenir roi. C’est une forme de totalitarisme. Mais une chose me paraît évidente : nous vivons dans un monde qui n’est pas un chaos, qui a des structures, des Idées. À ce titre, je ne vois pas comment on pourrait ne pas être platonicien !
Plotin (205-270) et la physique moderne

Plotin est un néoplatonicien, un disciple et continuateur de Platon. Déjà, du temps de Platon, une difficulté avait surgi dans le platonisme. Comment la ligne droite unique du géomètre peut-elle être tout entière, avec toutes ses caractéristiques, dans tous les fils à plomb du monde ? Plus généralement, comment l’origine des Idées, le soleil de la caverne, Dieu peut-il donner l’être, c’est-à dire leur unité à tous les êtres ? Comment l’Un peut-il être tout entier dans plusieurs objets à la fois ? Platon recule devant cette hypothèse, mais Plotin l’adopte : « Dieu est tout entier, en toute chose, à tout moment, en tout lieu. » Il en résulte une philosophie plus optimiste que celle de Platon : au lieu de vivre dans une caverne loin des véritables réalités, l’homme vit dans un monde plein du divin ; il lui suffit de le chercher…

Bien entendu, cette philosophie de Plotin a de tout temps soulevé de vigoureuses objections et protestations : comment quelque chose pourrait être tout entier en plusieurs choses différentes ? C’est que justement ce n’est pas une chose ; ce principe de tous les êtres n’est pas lui-même un être. On a en tête le modèle mécanique périmé de l’atomisme où les atomes agissent les uns sur les autres comme des boules de billard et constituent un monde.

Or, la physique moderne a prouvé, en 1983, que deux particules qui avaient été en relation le restent quels que soient le temps et l’espace qui les séparent, ce qui n’est pas explicable par l’atomisme. Un même principe agit dans deux endroits différents et les deux particules forment un tout indissociable. Voyez pour plus de détails, sur Internet, les sites consacrés au physicien Bernard d’Espagnat, en particulier celui-ci, que j’ai recopié : http://rene-garrigues.fr/fr/textesrecents/despagnat_entretien6.htm

Actuellement, personne ne sait vraiment ce qu’est la matière, mais le modèle mécanique et matérialiste de l’atomisme est mort, et Platon et Plotin avaient raison contre son génial inventeur Démocrite !


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