Extrait des minutes secrétariat greffe du Tribunal de grande instance de toulouse



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On se perd en conjectures sur les raisons qui ont conduit le rédacteur à intercaler un descriptif des fabrications et de leur évolution, qui a été continue, au milieu d’un descriptif des organismes qui se sont succédés en tant que propriétaires de l’usine.
En 1978 un nouveau mouvement de restructuration de la chimie des engrais s'est traduit par la prise de contrôle d'APC par le groupe Charbonnage De France Chimie ce groupe n’a jamais existé. Il s’agissait de la Société chimique des Charbonnages, habituellement désignée par son sigle « CdF Chimie » aboutissant à la création en 1983 du groupe (faux) de sa filiale CdF Chimie Azotes et Fertilisants (AZF), résultat de la fusion d'APC et de GESA (Générale des Engrais). Faux (voir plus haut)
En 1987, AZF et la SA Grande Paroisse ont opéré un rapprochement de leurs activités (Faux) pour devenir ORKEM, une des composantes de la branche engrais venant aux lieux et place de CDF Chimie. Faux et même délirant
En 1990, cette entité a fait l'objet d'une prise de contrôle par le groupe ELF AQUITAINE, alors encore société à capitaux publics, par le biais de la filiale chimie de ce dernier, ELF ATOCHEM.
En 2000, lors de l'absorption d'ELF AQUITAINE par TOTAL FINA, qui a abouti à la création du groupe TOTAL FINA ELF, ELF ATOCHEM a changé de dénomination pour s'appeler ATOFINA dont la SA GRANDE PAROISSE et ses filiales SOFERTI et ZUID CHIMIE constituaient la branche engrais (cote D 830-scellé n° 11 cab). Encore une connerie en conclusion de l’exposé historique ! Cela fait beaucoup.
Il résulte de l'examen des compte rendus des réunions du comité d'établissement couvrant la période de juillet 2000 à août 2001, communiqués tardivement, soit le 18 juin 2009, par cette partie civile, que la restructuration de la chimie et du domaine des engrais n'était toujours pas achevée ; en l'absence de réponse claire des prévenus lors de l'audience sur la question du devenir du site toulousain qui apparaissait en filigrane de quelques auditions (telles celles de M. DELAUNAY) faisant état de visites de repreneurs potentiels, ces procès-verbaux ont le mérite, grâce à la franchise dont fait preuve M. Biechlin lors de ces réunions, de faire transparaître très clairement l'inquiétude du directeur quant au maintien de la société au sein du groupe Total, confirmant en cela les confidences recueillies par M. ULLMANN, auditeur ISO 14001.

M. Biechlin déclarait en effet le 17 octobre 2000 aux représentants des salariés : "M Desmarets a dit clairement : les fertilisants ne font pas partie de la stratégie du groupe. Un an est passé depuis et nous avons encore deux ans de sursis possible. Cela explique pourquoi un certain nombre de choses sont difficiles à gérer parce que nous ne savons pas ce que l'on sera dans six mois." . Au travers des échanges des membres du CE, il se dessine qu'un double processus est envisagé par le groupe, à savoir :


- un rapprochement de GP avec son concurrent KEMIRA pour le secteur azote,

- et une cession des ateliers "ATOFINA" du nom de leur propriétaire et donneur d'ordre à un tiers.


Il ne faut rien connaître au fonctionnement des groupes industriels pour imaginer que leur gestion est statique. Il sont, au contraire, en état d’évolution permanente et leurs présidents, que les médias ont pendant longtemps présentés comme des gestionnaires, sont en réalité des stratèges. Présenter cette réalité comme une découverte, à travers un CR de réunion du comité d’établissement AZF, est hilarant. Une illustration évidente, indépendante de GRANDE PAROISSE, est la décision de TOTAL de faire éclater ATOFINA et de donner leur indépendance à toutes les activités non liées à la transformation directe des produits pétroliers, dans le cadre d’une nouvelle société appelée ARKEMA, la chimie lourde intégrée aux coupes pétrolières liquides restant une filiale nommée TOTAL PETROCHEMICAL. Le cas de GRANDE PAROISSE était particulier : certes elle était directement liée à la transformation du gaz naturel, comme les unités de TOTAL PETROCHEMICAL le sont aux coupes pétrolières liquide, mais les particularités de l’approvisionnement de la France faisaient que le gaz alimentant les usines de GRANDE PAROISSE n’était ni produit ni contrôlé par TOTAL. Par ailleurs, comme je l’ai souligné ci-avant, l’état-major du groupe TOTAL maîtrisait mal la stratégie de ce type d’industrie. D’où les déclarations du Président DESMAREST rapportées par Serge BIECHLIN.
Sur la situation singulière dans laquelle se trouve l'exploitant au regard des ateliers sud, là aussi, ces comptes-rendus des réunions du comité d'établissement éclaircissent la situation : M. Biechlin présente la société GP comme un hôtelier qui ignore quel avenir Atofina compte donner à la production de dérivés chlorés... et qui par exemple ignore, au sein de l'organigramme Atofina, le nom du responsable susceptible d' engager des investissements (PV de la réunion du 30/05/2001). Là aussi, rien d’anormal. TOTAL a rattaché directement à ATOFINA les ateliers de chimie moyenne ou fine présents sur le site, GRANDE PAROISSE étant principalement cantonné à sa vocation principale : l’ammoniac, l’acide nitrique et les engrais. Serge BIECHLIN était devenu ainsi un chef d’établissement classique représentant, sur le site dont il avait la charge, plusieurs entités sociales différentes. C’était un cas fréquent dans le groupe CdF Chimie qui m’employait.
Outre ces questions de réorganisation qui pèsent indiscutablement sur le climat social de l'entreprise, dans les mois précédents la catastrophe, le directeur de l'usine est confronté à la situation de gérer l'incertitude quant à l'avenir de la production de NAI sur Toulouse ; on comprend à la lecture de ces comptes rendus que le groupe envisage, suite à une baisse de la demande de nitrate industriel, de regrouper les productions sur l'un des deux sites où ils sont fabriqués (usines de MAZINGARBES ou de Toulouse) La décision de regrouper ou non les productions de NAI ne relevait pas de Serge BIECLIN. Parallèlement, M. Biechlin est confronté au danger que présente la production de NAI il ne s’agit pas d’un danger permanent propre à ce type de fabrication mais d’un danger ponctuel lié à la vétusté de l’un de ses outils , à savoir l'atelier N9, dont il indique qu'il ne peut plus garantir la sécurité et qu'il s'emploie à faire accepter aux représentants des salariés la nécessité de démanteler l'une des unités (le four Fauché) alors que les salariés s'inquiètent de savoir si la direction nationale n'en profitera pas pour délocaliser à MAZINGARBES cette production il s’agit là du petit jeu classique « syndicat-direction »: M. BIECHLIN déclare : "les investissements demandés n'ont pas été accordés. Mon grand souci c'est la sécurité des gens qui travaillent dans cet atelier. A ce jour nous avons fait tout ce que nous pouvions faire..." (PV du 29 mars 2001) ou bien encore suite à la communication de la date de début des travaux de démolition partielle de l'atelier N9 : "cela ne garantit en rien la pérennité de cette activité. Cela garantit simplement le fait que je ne veux pas continuer à fabriquer des nitrates à Toulouse sans sécurité ». Serge BIECHLIN a fait son travail de chef d’établissement, arrêter un appareil périmé, susceptible de devenir dangereux. Le non-remplacement de l’appareil et l’acceptation d’une réduction concomitante de capacité de production de NAI sur le site de Toulouse ne relevait pas de ses attributions mais de celle de l’EM d’ATOFINA.

On note encore les bonus accordés à Serge BIECHLIN.
Au travers de ces procès-verbaux, M. Biechlin apparaît comme étant indiscutablement animé d'un esprit de responsabilité (Bonus) relativement aux questions de risque industriel où la sécurité passe avant toute autre considération, mais par ailleurs comme ne disposant que d'une autonomie toute relative eu égard aux questions budgétaires qui impactent nécessairement les investissements de sécurité. On ne peut que regretter que ni les Président et directeur général de la société GRANDE PAROISSE, M.M. PERRATZI et BESSON, ni le PDG de la société ATOFINA, propriétaire et maîtresse d’œuvre des investissements à l'atelier ACD, n'aient été entendus au cours de l'information. Il ne me semble pas que le président Thomas LE MONNYER ait cru bon de faire part de ces regrets au juge d’instruction lors de sa citation à la barre.
Cette situation ne sera pas rétablie par les interrogatoires de M. GRASSET ès qualité de représentant de la SA GP, nouveau directeur général, à partir du mois de juin 2006, dans la mesure où l'on apprendra au cours de l'audience qu'il exerçait au moment de la catastrophe d'autres responsabilités au sein d'une filiale du groupe TOTAL en Amérique du sud. La Justice devrait savoir qui elle fait comparaître et pourquoi. Ou elle veut avoir en face d’elle le principal responsable social en exercice, et elle convoque Daniel GRASSET, Directeur Général de la nouvelle entité GPN, ou elle veut avoir en face d’elle le principal responsable social au moment de la catastrophe, et elle convoque alors le PDG de GRANDE PAROISSE à l’époque. En fait, elle ne voulait Daniel GRASSET que pour pouvoir condamner une personne morale et ne s’est aperçue qu’ensuite qu’il n’était pas qualifié pour déposer simultanément sur le fond.
Lors des débats, M. GRASSET a exposé la dernière réorganisation de la société GP qui a consisté à transférer l'ensemble des actifs et activité industrielle à une nouvelle entité "GPN", distincte de la SA GP qui se présente, en conséquence, devant le tribunal comme une coquille vide. Ce n’est pas une coquille vide : GRANDE PAROISSE n’existe plus. Il aurait du entendre parler de sociétés qui changent de structure et de nom. Ce thème va d’ailleurs cesser immédiatement de l’intéresser et, dans la suite, il n’opposera plus jamais GPN à la coquille vide GRANDE PAROISSE.
Ces considérations générales sur l'ambiguïté que recelaient les responsabilités confiées à M. BIECHLIN, force est de constater qu'il résulte charabia tant des quelques éléments recueillis au cours de l'information judiciaire figurant aux scellés et des débats et notamment des auditions de M. GUILBEAUX et DESMARETS respectivement directeur général et Président de la SA TOTAL (ce dernier étant à l'époque des faits PDG de cette personne morale), que ni la société GP, ni la SA ATOFINA, anciennement dénommée ELF ATOCHEM sous l'ère d' ELF Aquitaine, ne sera réorganisée antérieurement à la catastrophe au motif que la société TOTAL ne détenait pas, à la veille de la fusion, de filiales dans le domaine des fertilisants. Il s’agit de nouveau d’un parfait charabia entrecoupé de monstruosités. Depuis que Thierry DESMAREST, effectivement PDG au moment de la catastrophe, a abandonné ses fonctions exécutives, le DG de Total est Christophe DE MARGERIE, dont le président LE MONNYER n’a manifestement jamais entendu parler, et non pas Jean-Jacques GUILBEAUX. ATOFINA n’a jamais été dénommée antérieurement ELF Atochem et je persiste à dire que le mandat de Serge BIECHLIN, en tant que chef d’établissement, n’était pas ambigu.
C'est ainsi que l'on observe au travers des organigrammes ou courriers échangés entre GP et sa société mère (ATOCHEM puis ATOFINA) que ni l'organisation, notamment de la sécurité, ni les hommes travaillant dans ce service ne changeront suite à la prise de contrôle d'ELF par Total.
A la veille de la catastrophe, la SA GP exploite une demi douzaine d'établissements industriels belle précision et est l'un des leaders européens du secteur.

II-1-2-2 : l'usine :
L'usine, par sa superficie, ses différents ateliers, l'importance et la diversité de ses productions, dont certaines présentent des risques considérables, le nombre conséquent on a l’impression d’écouter un journaliste : conséquent ne veut pas dire « important » mais « qui a de la suite dans ses idées » et ne peut donc s’appliquer qu’à un être pensant et non à un nombre et la diversité des intervenants, est un ensemble industriel complexe organisé sur un principe pyramidal qui concentre tous les pouvoirs et l'autorité sur un seul homme, le directeur d'établissement. Nouvelle manifestation de l’ignorance du juge. Les responsabilités de chef d’établissement sont définies par la loi et ne lui confèrent en rien un pouvoir absolu, surtout dans le cas où les unités de son établissement relèvent de propriétaires différents.
- II-1-2-2-1 : les infrastructures :
L'usine est située à environ 4 km du centre de TOULOUSE, au sud de l'agglomération; elle occupe un terrain de forme rectangulaire entièrement clôturé, d'une superficie d'environ 70 hectares. Il est borné au nord par la rocade, à l'ouest par la route d'Espagne, à l'est par la GARONNE et au sud par l'usine TOLOCHIMIE. faux

L'usine comprend en son sein pas moins toujours la même précision. Le président doit savoir compter jusqu’à sept. Ou peut-être veut-il insinuer que sept était trop. Il devrait alors se tenir au courant de ce que sont les grands complexes industriels étrangers, par rapport auxquels AZF était un microcosme de sept ateliers de productions chimiques, qui sont regroupés au sein de 4 services de production dirigés par un ingénieur :


- des ateliers de chimie "lourde" produisant l'ammoniac, l'urée, l'acide nitrique et les nitrates dont les productions annuelles se chiffrent en centaines de milliers de tonnes ;

- des ateliers de chimie dite de "spécialité" qui produisent la mélamine, l'acide cyanurique et les dérivés chlorés, des résines et formol, d’une part du formaldéhyde, de la mélamine, des colles urée-formol et, d’autre part, de l’acide cyanurique et ses dérivés chlorés.


Sur le site, ces ateliers sont disposés géographiquement en respectant une logique industrielle et s'inscrivent dans le cadre de successions de productions. Il convient de se reporter au plan de masse pour apprécier la structure du site (cote D 2257), mais schématiquement elle s'organise comme suit :
Du sud-est au nord de ce terrain sont respectivement installés :
- 1) l'atelier de fabrication de l'ammoniac, situé à proximité de la station de pompage d'eau dans la GARONNE.

- 2) l'atelier de fabrication de l'urée-gaz, totale nouveauté physicochimique : l’urée est solide à la température ambiante situé entre le laboratoire de contrôle et de recherche à l’ Ouest et le service des expéditions de l'urée à l'Est.

- 3) l'atelier de mélamine, le long de la GARONNE,

- 4) l'atelier de fabrication d'acide nitrique, situé entre les ateliers centraux à l'ouest et l'unité de fabrication de la mélamine à l'est.

- 5) les ateliers de fabrication des nitrates avec, à l'est, un secteur réservé aux nitrates industriels, à l'ouest, un secteur réservé aux nitrates agricoles comprenant notamment la tour de prilling (Bâtiment N1 c). Autour de ces ateliers de production des nitrates, sont disposés plusieurs bâtiments gérés par le service RCU chargé de l'expédition des nitrates : au sud des ateliers de production de nitrate, se trouve le gigantesque silo I4 réservé au stockage en vrac des NA commerciaux (par opposition à déclassés), à l'ouest sont situés les bureaux et au nord les installations de la sacherie abritant dans la partie référencée n°221 le stockage en vrac des nitrates déclassés, puis au delà de cet ensemble divers bâtiments d'ensachage- palettisation et de stockage en sac ou GRVS des NA et NAI (bâtiment 10). A proximité de l'entrée nord, le bureau des expéditions est accolé à celui du service de sécurité SIS.

- 6) En partie sud-ouest de l'usine, sont installés les ateliers destinés à la fabrication de l'acide cyanurique et dérivés chlorés (ACD), propriété de la société ATOFINA.

- 7) puis à l'extrémité sud se trouvent les ateliers destinés à la fabrication des résines, colles et formol.

- 8) Au centre de la zone de productions sont disposés différents bâtiments destinés aux services généraux, au laboratoire et à l'infirmerie.

- 9) Les bâtiments administratifs sont situés au centre du site, dans la partie ouest, et séparés des ateliers de production par les voies ferrées.

A l'Est, ce site industriel est relié à l'île du Ramier où est située la SNPE (Société Nationale des Poudres et Explosifs) par une passerelle piétonne supportant des canalisations de gaz, d'électricité et de phosgène. Elle ne véhiculait plus de phosgène depuis que l’ONIA avait abandonné cette fabrication, reprise alors par la SNPE

L'usine dispose de trois accès à la route d'Espagne (du nord au sud: entrées A, B et C), mais seule l'entrée A est utilisée par les véhicules, l'entrée B étant réservée aux piétons, la porte C étant inutilisée.

Le site est desservi par un réseau de voies ferrées raccordé au sud à celui de la SNCF pour les approvisionnements en matières premières et les expéditions de produits finis.


- II-1-2-2-2 : les productions :
L'usine produit et expédie environ 600 000 tonnes de produits par an.

La production principale est celle de l'ammoniac (1150 tonnes/jour), la plus grande partie étant ensuite utilisée pour la fabrication de l'urée (1200 tonnes/jour), de l'acide nitrique (820 tonnes par jour) et de nitrate d'ammonium ( engrais et nitrate d'ammonium industriel).

La capacité de production de nitrate d'ammonium à usage agricole est de 850 tonnes/jour, et celle de nitrate à usage industriel de 400 tonnes/jour.

L'usine produit également des solutions azotées (1000 tonnes/jour), de la mélamine (70 tonnes/jour), du formol, des dérivés chlorés, du gaz carbonique, des colles etc...

Elle peut stocker notamment de l'ammoniac (elle dispose d'un réservoir de 5000 tonnes), du chlore (2 wagons de 56 tonnes) et des nitrates d'ammonium (15000 tonnes en vrac, 15000 tonnes en sac, 1200 tonnes en solution chaude et 500 tonnes de nitrates déclassés).

Hormis les arrêts destinés à assurer la maintenance lourde des installations, les différents ateliers de production travaillent en continu et pour certains jours et nuits, certains services fonctionnant en 3x8, d'autres tel l'ensachage en 2x8, 365 j/an.

A l'aune des tonnages considérables produits, et corrélativement, un flux permanent de transport de marchandises en entrée et en sortie est en œuvre : les mouvements ferroviaires et routiers sont quotidiens.

Le nombre de personnel travaillant sur le site, a considérablement baissé avec le temps: il est passé de plusieurs milliers d'ouvriers dans les années 50 à environ 460 salariés "statutaires" GP en 2001, dont 250 environ sont présents quotidiennement sur le site (cotes D 823 et D 2258), non compris les employés d'une cinquantaine d'entreprises extérieures qui interviennent de manière régulière sur le site et dont le nombre présent, quotidiennement variable, n'est pas négligeable.


II-1-2-3 : L'organisation du travail :
- II-1-2-3-1 : La direction :
Depuis le mois de mars 1998, M. Serge BIECHLIN, salarié de la société Grande Paroisse, exerce les fonctions de chef d'établissement enfin ! c’est la première fois que LE MONNYER utilise ce terme qu’il semblait jusqu’ici ignorer. Il a plus spécifiquement en charge A ce titre, les départements inspection, sécurité/environnement, qualité, médecine du travail, achats et magasins, contrôle de gestion, assurances, correspondant informatique, comptabilité et laboratoire central sont directement rattachés (cote D 192).
Son adjoint direct est M. René MAILLOT, ingénieur responsable d'exploitation depuis mars 2000 (cote D 206). A ce titre, il supervise les quatre services de production. En l'absence du directeur, il ne se voit confier aucune des responsabilités du directeur et n'est habilité qu'à gérer les "affaires courantes". Il n’est pas conforme à la loi que les responsabilités de chef d’établissement soient mises entre parenthèses pendant les absences de Serge BIECHLIN.
M. Stanislas PETRIKOWSKI, responsable des services généraux techniques, a en charge la maintenance des installations existantes et la réalisation de tous les travaux d'aménagement sur le site (cote D 217). Il n’était chargé que des travaux neufs courants. La réalisation éventuelle des grands ouvrages dépendait de Jacques LINNE, directeur de l’ingénierie d’ATOFINA.
36 ingénieurs travaillent sous leur responsabilité, ceux des services fonctionnels dépendent directement de Serge BIECHLIN , les ingénieurs de production dépendent de René MAILLOT et ceux d'entretien de Stanislas PETRIKOWSKI.
Le pivot central sur lequel repose toute l'organisation de l'usine et qui concentre sous son autorité tous les pouvoirs, est donc le directeur de l'usine.

M. BIECHLIN s'est vu confier deux délégations de pouvoirs :


- l'une signée par le président de la SA GRANDE PAROISSE, qui exploite l'établissement,

- l'autre par sa maison mère, la société ATOFINA, qui est notamment propriétaire de l'atelier


ACD et serait, selon les déclarations de la défense, non étayée par la production de justificatifs, liée à sa filiale par une convention de façonnage.
A l'examen de la délégation de pouvoirs consentie par le président de GP, force est de constater que le chef d'établissement qui est censé assumer seul la responsabilité pénale n'est pas totalement libre de ses choix d'organisation : C'est ainsi que M. BIECHLIN ne dispose pas de la faculté de subdéléguer la responsabilité pénale à l'inverse d'autres pouvoirs (engagements financiers par exemple) en sorte que l'autorité responsable de la sécurité et du respect des obligations légales n'est pas confiée aux responsables des différents ateliers sur qui reposent pourtant, concrètement au quotidien, la mission de faire respecter les consignes de process et de sécurité et de garantir la maîtrise du bon fonctionnement ; de même, le chef d'établissement ne peut conclure tous les engagements liant l'usine à ses partenaires : en fonction du niveau de la dépense, certains contrats relèvent de fait, telle la convention conclue entre GP et la société TMG, entreprise sous traitante à qui étaient confiés des travaux de manutention, de la signature du Président de l'entreprise, M. BESSON. Ce dernier ne sera jamais entendu lors de l'information judiciaire - Remarque intéressante et juste du juge alors que plusieurs pistes concernaient directement le personnel de TMG, et notamment la piste malveillante. Le juge amorce-t-il là le premier indice de négligences concernant cette éventuelle piste ? On pourrait le croire à la lecture finale du jugement. Le président ne comprend décidément rien au rôle d’un chef d’établissement. Ce titre n’a été défini par la loi qu’après la catastrophe de Feyzin, survenue en 1966, qui avait fait 18 morts. La Justice avait alors, depuis longtemps, renoncé à rechercher la responsabilité directe des auteurs d’une faute ayant engendré un accident pour ne s’en prendre qu’au plus gros poisson possible. C’est ainsi qu’à l’occasion de la catastrophe de Feyzin, c’est le PDG du groupe ELF qui a été inculpé et traîné devant les tribunaux alors que, dix jours après l’événement, aucun doute ne subsistait quant à la responsabilité d’un préleveur d’échantillon et, éventuellement, quant à celle de son chef direct. Le patron d’un très grand groupe courait ainsi le risque de passer son temps à répondre à des juges d’instruction ou à se défendre devant des tribunaux. La notion juridique de chef d’établissement a alors été établie pour interdire au Parquet et aux juges d’instruction de frapper plus haut, sauf à démontrer une faute professionnelle grave du sommet qui aurait mis un chef d’établissement dans l’impossibilité d’exercer ses responsabilités. Il n’était évidemment pas dans l’esprit du législateur de permettre une subdélégation de cette fonction butoir.
Si M. BIECHLIN, qui n'a jamais failli à l'égard de son employeur, a toujours affirmé que conformément aux termes de la délégation de pouvoirs, il était en mesure de réaliser tout investissement lié à la sécurité, le dossier révèle que sa situation n'était pas si simple. Evidemment qu’elle n’est pas simple et c’est la raison pour laquelle le choix d’un chef d’établissement est toujours soigneusement mûri. C’est ainsi que lorsqu’un investissement de stricte sécurité est associé, de fait, à un rewamping d’une unité, il doit être approuvé à un niveau supérieur. Si cette approbation est refusée, le chef d’établissement dispose du pouvoir d’arrêter tout ou partie de cette unité. En effet, de nombreuses dépenses ne sont pas exclusivement de nature sécuritaire mais peuvent également concerner la production : l'exemple type que révèlent les comptes rendus du comité d'établissement ci-avant évoqués est lié à l'atelier de NAI : le four Fauché doit être démantelé, mais bien évidemment la décision d'investir pour son renouvellement ne revient pas à M. BIECHLIN ; le dossier établit l'encadrement fort de la direction nationale de GP sur les investissements réalisés au niveau de l'usine ; c'est ainsi que par une lettre du 22/10/1999, adressée à la direction industrielle de GRANDE PAROISSE et plus particulièrement à MM.FOURNET et PEUDPIECE, le directeur d'établissement faisait le point sur un certain nombre d'investissements à programmer ou à réaliser (scellé n° 10/B) : à deux occasions, M. Biechlin y souligne l'importance de travaux à entreprendre concernant soit la sécurité soit la protection de l'environnement ; il en ressort que le directeur ne disposait pas de la marge de manœuvre nécessaire pour le premier investissement dans la mesure où il rappelait à ses interlocuteurs le risque encouru dans l'hypothèse où ces travaux n'interviendraient pas rapidement : "risque TERRA" ; par cette expression, le chef d'établissement renvoie ni plus ni moins la direction nationale sur l'une des dernières grandes catastrophes citées dans l' accidentologie : il s'agit d'un accident survenu en 1993 aux Etats-Unis dans une usine d'engrais lors du cycle de production qui avait entraîné plusieurs morts et de nombreux blessés, un dégagement d'ammoniac dans l'atmosphère considérable etc... Cet exemple est encore un bonus du juge pour Serge Biechlin au détriment masqué de la CEI dont M Peudepièce et Fournet, non Toulousains font partis.
Il convient de souligner que divers éléments et notamment les organigrammes à double entrée - GP & ATOFINA - des ateliers sud de l'usine (ACD et RF) et la lettre de M. VEROT, responsable HSE de la SA ATOFINA en date du 7 mai 2000, autorisent également à s'interroger sur l'autonomie du directeur de site, dont la liberté d'action est quand même sérieusement remise en question, ainsi que celle de son employeur, la société GP, quand bien même celle-ci serait cotée en bourse. On se moque du lecteur. Le MONNYER découvre subitement que GRANDE PAROISSE n’est pas un établissement public mais une Société Anonyme. En revanche, il est totalement absurde d’imaginer que la structure juridique de GRANDE PAROISSE a pu jouer le moindre rôle dans la définition légale de la fonction de chef d’établissement.
Il est remarquable d'observer que le responsable HSE d' ATOFINA sermonne vertement M. Biechlin, qui, en sa qualité de directeur d'établissement avait eu le tort, aux yeux de la maison mère, de prendre une initiative, jugée malheureuse par M. VEROT, consistant à accepter de participer aux travaux confiés par la DRIRE à l'INERIS relativement à la problématique de l'urbanisation et à la nécessité de définir de nouveaux périmètres de sécurité : encore un gros bonus pour Serge BIECHLIN
"J'accuse réception de votre fax du 3 mai dernier concernant l'étude INERIS sur les zones de sécurité pour la maîtrise de l'urbanisation. Vous vous souvenez sans doute que j'avais marqué les plus grandes réserves sur l'opportunité de participer à une telle étude. Il est un grand principe, qui a été bafoué en la matière, et qui consiste à ne jamais laisser le soin à des entités extérieures de réaliser des études à notre place sur des sujets délicats. La règle commande de réaliser ces études nous mêmes... Nous pouvons, ce faisant...espérer garder la maîtrise sur l'ensemble du dossier...

Pour des considérations locales vous avez cru bon de vous rallier à une démarche fortement poussée par la DRIRE et, de façon étonnante, admise sans réserve par d 'autres industriels.

Nous sommes désormais devant des difficultés que nous pouvions anticiper... Nous ne pouvons pas ne pas réagir, au niveau professionnel... Vous devrez également exiger que l'INERIS justifie cette hypothèse...Au premier chef vous devez donc faire renoncer l'INERIS à tout scénario de ruine instantanée de stockage de grande capacité. La poursuite de votre participation volontaire à l'étude doit être conditionnée à cette exigence. Souvenez-vous que vous engagez la profession dans son ensemble... Il est, en tout état de cause, exclu que nous puissions souscrire à une étude..." (Scellé 10/B)
M. VEROT ne se contente pas de lui adresser directement ses instructions, sans même respecter la voie hiérarchique, mais il obtient satisfaction et il est établi que l'usine GP, par le biais de M. GELBER, son directeur sécurité, rectifiera aussitôt "le tir" (scellé n° 58/B). Cet incident illustre la dépendance, sinon fonctionnelle du moins dans les faits du directeur de l'usine, et établit un véritable lien de subordination entre M. Verot et M. Biechlin: le premier donne au second des instructions que ce dernier exécute.
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