Frère Sylvestre


CHAPITRE VII ième NOUVELLES CONTRADICTIONS



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CHAPITRE VII ième




NOUVELLES CONTRADICTIONS

A RAISON DE LA CONSTRUCTION DE LA MAISON DE L'HERMITAGE

1°. Ainsi que le lui avait conseillé Monseigneur, il devait maintenant viser à faire bâtir une maison plus vaste, car celle de Lavalla ne pouvait plus contenir les Frères et toujours il se présentait de nouveaux postulants. Donc, malgré qu'il prévÎt d'avance que beaucoup de langues déblatéraient40 encore contre lui, et comptant plus que jamais sur la Providence et sur la protection de la Ste Vierge, qui jusque-là l'avait si bien secouru à point nommé, il se mit en devoir de suivre le conseil de Monseigneur.

2°. Il avait bien déjà eu cette idée que venait de lui confirmer la première autorité du diocèse, mais ce qui l'embarrassait était le choix du lieu. Il ne voulut pas faire cette construction dans la paroisse de Lavalla, trop loin d'un centre convenable de communication, et de plus, il comprenait qu'il pouvait gêner le vicaire qui l'avait remplacé. Or, il avait remarqué en allant de Lavalla à St. Chamond [132] un vallon solitaire que traversait la rivière du Gier descendant du Pilat. Ce lieu appelé les Goths41 et qu'on a nommé depuis l'Hermitage, lui avait paru des plus propres pour faire le second berceau de l'Institut. Peu éloigné de St. Chamond, il avait en outre tout ce qu'on peut désirer pour une maison religieuse pas trop nombreuse et pour favoriser en même temps le succès des études. Son choix était donc à peu près fixé; cependant il voulut encore visiter avec ses principaux Frères les alentours pour voir s'il trouverait mieux, mais ce fut en vain; l'Hermitage avait toujours la préférence. Il prit donc définitivement le parti de venir s'y établir avec sa petite colonie.

3". Il commença d'abord à faire l'acquisition du terrain qui lui coûta douze mille francs, somme qu'il ne pouvait réaliser qu'en prenant un bon sur la Providence qui jamais ne lui faisait défaut.

Lorsque son projet fut connu dans le public, une grêle de critiques et de lazzis42 vinrent l'assaillir sans qu'on eût égard ni à son caractère sacerdotal, ni à l'approbation de Monseigneur. On le traita de téméraire, d'entêté et même de fou, mais une épithète aussi injurieuse n'avait-elle pas été donnée à la plus grande sagesse? Le Père Champagnat qui en eut connaissance ne s'en offensa pas, car la seule volonté de Dieu était la boussole qui le dirigeait jusque dans ses moindres entreprises. Donc il se mit à l’œuvre et commença ce nouveau [133] bâtiment destiné à contenir au moins cent cinquante personnes, accompagné d'une chapelle adjacente en rapport avec ce personnel. Le devis, y compris les frais d'acquisition, donnait un total de soixante mille francs et tout le monde n'ignorait pas qu'il n'avait pas des ressources pour faire face à cette somme.

4°. Pour amoindrir les dépenses, le Vénéré Père y employa tous ses Frères pendant les vacances de 1824, selon que le permettaient les forces de chacun, car il n'y en aurait eu aucun qui n'eût voulu mettre quelque chose du sien à une maison consacrée à leur bonne Mère et qui allait devenir une pépinière d'apôtres pour porter la bonne nouvelle à l'enfance chrétienne. Cependant les maçons de profession firent seuls la bâtisse, les Frères étaient seulement chargés de préparer tous les matériaux nécessaires à cette fin. Cette nouvelle habitation, ainsi que la chapelle, fut si promptement achevée que les Frères purent s'y installer dans le courant de l'été 1825, et le 15 août de la même année on bénit la chapelle. Ce fut M. Dervieux, curé de St. Chamond, dont les sentiments à l'égard du Père avaient complètement changé, qui fut délégué par Monseigneur pour faire cette cérémonie. La date 1824 qu'on lit sur la porte du st-lieu indique non celle de la bénédiction de la chapelle, mais celle de la pose de la première pierre; elle se fit par M. Cholleton, vicaire général, au commencement de mai 1824.

5°. Le Père Champagnat, pour loger tout son personnel pendant la construction de la maison, loua en face une baraque de l'autre côté du Gier que l'on disposa le mieux que l'on put. La pauvreté était telle dans la communauté que lors de la bénédiction de la première pierre, on ne trouva rien de tant soit peu convenable pour faire dîner [134] le grand vicaire; le Vénéré Père fut obligé pour le faire restaurer, de le mener chez un de ses amis. L'ordinaire était à peu près comme à Lavalla; du pain, de la soupe, quelques légumes, du fromage et pour extraordinaire un peu de lard, voilà tout. L'eau du Gier, si renommée pour sa bonté, sa pureté et sa limpidité, était la seule boisson, mais après tout ce n'était que de l'eau. Le Vénéré Père vivait comme les Frères; il y a plus: n'ayant pu trouver dans cette chétive demeure, que j'ai vue bien des fois, un seul coin pour y mettre son lit (car il avait l'habitude de prendre toujours ce qu'il y avait de pire), il le plaça sous une façon de balcon qui n'était abrité que par un avant-toit. En voyant cette pauvre location, on comprend aisément combien notre Fondateur, ainsi que ses Frères, ont dû souffrir pendant toute la durée de la construction.

Cependant, pendant tout ce temps-là on observait la règle avec la même exactitude qu'à Lavalla: à 4 heures le Père donnait le signal du lever; le silence se gardait pendant le travail, et à toutes les heures, pour rappeler à chacun le souvenir de la présence de Dieu, pratique de prédilection du Vénéré Fondateur, on récitait dans le plus grand recueillement le Gloria Patri, un Ave Maria et l'invocation: Jésus, Marie, Joseph, ayez pitié de nous. Une petite chapelle dédiée à Marie avait été élevée dans le bois par les mains du Vénéré; il y offrait tous les jours le st sacrifice, mais elle était si peu spacieuse que le célébrant, les deux servants et quelques anciens Frères la remplissaient presque entièrement. Quant aux autres, ils se tenaient alentour dans un religieux recueillement. On y faisait la méditation le matin avant la Ste messe, une visite au St-Sacrement à midi et le soir on y récitait le chapelet. J'ai vu l'emplacement où était [135] dressé ce petit oratoire et en l'examinant, je me demandais quelle ne devait pas être la surprise et l'attendrissement des voyageurs cheminant sur la grande route de Lavalla qui côtoie le vallon, lors­qu'ils entendaient sortir du milieu du bois les voix expressives des Frères qui, de temps à autre chan­taient de pieux cantiques ou quelques-uns de nos beaux chants liturgiques. Aussi, la tradition nous apprend qu'ils se découvraient et saluaient avec respect cette petite chapelle improvisée.

7°. La matin, la messe terminée, on se rendait promptement au travail, le Vénéré Père le premier en tête. Pendant une partie de la journée, on le voyait, la truelle à la main, défiant en adresse et en habilité, d'après les dires des maçons eux-mêmes, le plus praticien de cet art. La nuit arrivée, il ré­citait son bréviaire, réglait ses comptes et prévoyait les travaux qu'il aurait à faire le lendemain. Après tout cela on se demande quel devait être son som­meil. Dieu seul le sait!

8°. Par des faits arrivés pendant la construc­tion, il est visible que la Ste Vierge veillait sur le Père et sur ses enfants. Voici ce que j'en ai en­tendu raconter par plusieurs Frères qui, à ce que je crois, y étaient eux-mêmes employés. Un jour un ouvrier tomba d'un lieu si élevé que naturelle­ment il devait se briser tous les membres sur d'énormes pierres qui se trouvaient au bas: heureu­sement il saisit au passage une branche qui le sauva si bien qu'il n'eut d'autre mal que la peur. Un autre, passant au troisième étage sur une planche pourrie, la partage en deux et reste suspendu par une main à l'échafaud43 ; il a recours à la Ste Vierge; il était dans cette position lorsqu'un ouvrier [136] courageux, au risque de tomber, vint le délivrer d'une mort certaine. Un troisième, montant par une échel­le les épaules chargées d'un énorme caillou, allait bientôt arriver au dernier échelon lorsque, ne pou­vant plus le soutenir, il le laissa tomber. Un Frère qui se trouvait au bas de l'échelle devait nécessaire­ment en être écrasé, mais une petite déviation de la tête le sauva heureusement; sa mort parut si certaine au Père Champagnat qu'il lui donna l'abso­lution. La frayeur qu'eut ce Frère de cet accident fut si grande qu'elle le rendit presque fou. Sans tarder Je Vénéré Père fait aussitôt remercier Dieu pour une faveur si signalée, et le lendemain il célébra une messe d'action de grâces pour une pro­tection si visible de la Ste Vierge. A qui attribuer toutes ces marques si extraordinaires de protec­tion sinon aux prières de notre Vénéré Père, qui s'adressait fréquemment à Marie pour qu'il n'ar­rivât à personne aucun accident fâcheux. Quant à lui, malgré certains travaux qui l'exposaient aux plus grands dangers, il n'a jamais reçu aucune blessure.

9°. Cependant, tout en occupant ses Frères une partie de la journée à la construction, il était loin de négliger leur éducation religieuse. Il savait trou­ver pendant les veillées et surtout le dimanche, des moments pour leur enseigner les moyens qu'ils avaient à prendre pour devenir aptes à la mission qu'ils devraient remplir. Ses avis, ses exhortations et ses instructions roulaient pratiquement sur la méthode à suivre pour acquérir les vertus religieu­ses, corriger ses défauts, sur la bonne fréquentation des sacrements, la manière d'entendre la Ste messe, sur la charité qu'ils se devaient entre eux, la correction fraternelle, fille de la charité, mais sur­tout il s'efforçait de les établir dans une solide dévotion envers la Ste Vierge, leur modèle, dont ils [137] devaient travailler constamment à imiter les vertus et, entre autres, sa profonde humilité. Il tâchait aussi d'exciter en eux un grand zèle pour le salut des enfants et y revenait le plus souvent possible44.

10°. Enfin, pour qu'ils se rappelassent tous ces divers sujets qui avaient été l'objet de ses entretiens pendant la construction de la maison, il leur donna un résumé par écrit qui se voit encore aujourd'hui. On doit dire à la louange des Frères qu'ils surent mettre à profit tous ces avis et conseils du Vénéré Père. En effet, pendant tout le temps que dura la construction, ils furent des modèles d'admiration pour les ouvriers qui ne cessaient de les admirer. Plus que cela, ils les imitèrent gardant comme eux le silence, la modestie et une grande charité les uns à l'égard des autres. [138]

11°. L'année scolaire de 1824 venait de finir; arrivait donc le moment où les Frères qui avaient été employés pendant les vacances à la construction de la maison devaient rentrer dans leurs postes. Avant leur départ, le Vénéré Père leur fit une retraite qui dura huit jours. Il leur suggéra les résolutions qu'ils devaient prendre pour bien passer l'année et leur donna pour mettre en tête de toutes, comme la plus importante, la pratique habituelle de la présence de Dieu, pratique, d'après lui, l'une des plus efficaces pour arriver en peu de temps à une haute perfection. La bâtisse était achevée, restaient encore à faire les travaux de l'intérieur.

On s'en occupa pendant la froide saison. Le Vénéré Père en fit sa bonne part et, par sa surveillance active sur les menuisiers, plâtriers et autres ouvriers, il diminua considérablement la dépense, et surtout en leur donnant l'exemple lui-même d'un laborieux travail45. [139]




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