Histoire du Canada (1944) 1


Livre premier Établissement permanent de la Nouvelle-France Chapitre premier



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Livre premier



Établissement permanent de la Nouvelle-France



Chapitre premier



Acadie (Nouvelle-Écosse)

1603-1613


Nous sommes enfin parvenus à l’époque à laquelle peut être rattaché le commencement des succès durables de la colonisation française. Bien des obstacles, bien des calamités en retarderont encore le cours, mais les progrès ne cesseront pas d’être réels. Cette époque correspond aux dernières années de Henri IV, l’un des plus grands rois que la France ait eus et aux premières années du règne de son successeur.

Le caractère national, retrempé dans des guerres longues et sanglantes, avait repris son ancienne énergie ; et, rendue à la paix, la France eut besoin de nouvelles carrières pour employer son activité. Henri IV la polit et la fit fleurir. Il rétablit l’ordre dans les finances, réforma la justice, restaura l’agriculture, le commerce intérieur, les industries de luxe et celles de première nécessité.

La marche de la civilisation ne se ralentissait plus en Europe. Le commerce établissait des communications entre tous les pays, mettait en regard leurs mœurs, leurs usages, leurs intérêts. L’imprimerie généralisait les connaissances et appelait les hommes de génie à éclairer leurs concitoyens, prêts à recevoir toute impulsion nouvelle et à marcher dans la voie des progrès qui s’offrait à eux, pleine d’heureux présages. Les classes moyennes, ayant acquis par leur industrie de l’importance et des richesses, commençaient à prendre le rang qu’elles doivent avoir dans les nations dont elles font la principale force. Repoussant peu à peu du poste qu’elle occupait depuis des siècles cette noblesse guerrière, qui s’était distinguée surtout par l’effusion du sang, mais qui, dans son temps, avait protégé la société de son épée et lui avait donné la force nécessaire pour sortir de la barbarie, les classes moyennes allaient, à leur tour, jouer le rôle et introduire dans l’État des principes plus favorables à la liberté des peuples.

La découverte du Nouveau-Monde servit ce grand mouvement. Les nations se mirent à coloniser, les unes pour se débarrasser de sectaires remuants, d’autres pour préparer les voies aux missionnaires, toutes pour se créer des sources de richesse et de puissance. La France se distinguait surtout par ses efforts pour la conversion des infidèles. Il faut attribuer à la ferveur de sa foi l’estime plus particulière que les nations sauvages ont eue pour elle dans tous les temps.

L’Amérique fixait plus que jamais l’attention des peuples européens. C’était à qui en prendrait la plus large part. L’Espagne et le Portugal s’appropriaient le sud et le centre de l’Amérique. L’Angleterre persistait à s’établir dans la Virginie malgré ses échecs. La Hollande promenait son pavillon sur toutes les mers et devait bientôt commencer la fondation de la colonie de la Nouvelle-Hollande (New-York). Tout s’agitait autour de la France. Elle ne pouvait rester inactive, tandis que ses ennemis et ses rivaux cherchaient à se fortifier en Amérique. Mais les premiers hommes à qui elle confia la tâche d’occuper une partie du Nouveau-Monde après la mort du marquis de La Roche n’en firent guère, pour la plupart, qu’un objet de spéculations commerciales. [Au reste, Henri IV entend la colonisation à la façon d’Elisabeth et de Jacques 1er d’Angleterre. « Sans rien tirer de ses coffres », il ne lui accorde qu’un appui moral et se contente de concéder à des compagnies de commerce des privilèges étendus].

François Gravé, sieur du Pont, dit Du Pont-Gravé, un des principaux armateurs de Saint-Malo, projeta d’accaparer la traite des pelleteries en Canada et en Acadie. Pour y réussir, il s’adjoignit un capitaine de la marine royale, Pierre de Chauvin, sieur de Tonnetuit, [calviniste de Honfleur], qui avait de puissants amis à la Cour et qui se recommandait par des services rendus pendant les dernières guerres. Cet officier obtint, [pour une période de dix ans], les pouvoirs qu’avait eus le marquis de La Roche (1599). [Au début de l’année 1600, ses quatre navires, le Don-de-Dieu, le Bon-Espoir, le Saint-Jehan et l’Espérance ayant à bord Du Pont-Gravé et de Monts arrivaient à Tadoussac, situé à l’embouchure du Saguenay, à trente lieues en aval de Québec. C’est dans ce poste du bas Saint-Laurent qu’on faisait « le trafic des pelleteries et castors avec les sauvages du pays qui s’y rendaient tous les printemps ». (Champlain). Chauvin s’était engagé à transporter cinq cents colons au Canada, et à y construire un fort, mais il n’en fit rien. Des seize hommes laissés à Tadoussac, onze succombèrent faute de nourriture durant l’hiver et les autres auraient eu le même sort] si les indigènes Montagnais ne les avaient recueillis dans leurs cabanes. [Chauvin continua de faire la traite des fourrures sur le Saint-Laurent, cependant il ne vint que deux fois au Canada]. Il mourut en 1603.



Du Pont-Gravé allait se retrouver dans son premier embarras, lorsque [Aymar de Clermont, sieur de Chaste, chevalier de Malte, vice-amiral de Normandie] et gouverneur de Dieppe, se présenta avec les privilèges de Chauvin. Le commerce, dans les vues de De Chaste, n’était qu’un objet secondaire ; mais Du Pont-Gravé, qui songeait peut-être à s’enrichir, lui démontra la nécessité de la traite pour subvenir aux premières dépenses de la colonisation, toujours si considérables. Il l’engagea donc à former, [en 1602, la Compagnie de la Nouvelle-France, dont plusieurs personnes de qualité et de riches marchands de Saint-Malo, de Dieppe], de Rouen surtout, voulurent faire partie. Un officier distingué de la marine, le capitaine Samuel de Champlain qui arrivait des Indes Occidentales, (1599-1601), se chargea [sur la demande du sieur De Chaste], de commander l’expédition [en compagnie de Du Pont-Gravé]. La petite flotte, [composée du navire de ce dernier, la Bonne-Renommée et de quelques barques, fit voile de Honfleur (15 mars 1603) et vint mouiller l’ancre devant Tadoussac (24 mai). Grâce au truchement de deux sauvages que Du Pont-Gravé avait emmenés en France, on entrait en relations avec les Montagnais du Saguenay, et aussi avec les Algonquins venus pour faire la traite et qui habitaient l’île des Allumettes, dans la rivière Ottawa, distante de trois cents lieues. De cette première rencontre va naître l’alliance des Français avec les nations algonquines du Canada]. Champlain, accompagné de Du Pont-Gravé, remonta le Saint-Laurent jusqu’aux rapides de Lachine [et reconnut l’île de Montréal. De la bourgade huronne-iroquoise d’Hochelaga que Jacques Cartier avait visitée en 1535, il ne restait pas la moindre trace. Après cette première et rapide exploration, Champlain repartit de Tadoussac au milieu d’août, et le 20 septembre il était] de retour en France. Il montra au roi la carte et la relation de son voyage. Henri IV en fut si content qu’il promit de favoriser les desseins de colonisation. Le commandeur De Chaste étant mort sur ces entrefaites, il le remplaça par un calviniste saintongeais, Pierre Du Gua, sieur de Monts, gentilhomme ordinaire de sa chambre et gouverneur de Pons en Languedoc. [Sully d’ailleurs était décidément hostile au projet. Le roi nomma de Monts vice-roi et capitaine général tant par mer que par terre (8 nov. 1603)]. Il lui donna pour territoire, pendant dix ans, l’Acadie située entre le 40° et le 46° de latitude, [c’est-à-dire depuis l’embouchure de l’Hudson, même depuis les parages de la ville actuelle de Philadelphie (Pennsylvanie)], jusqu’au cap Race, à Terre-Neuve ; et afin qu’il eût le moyen de fortifier ces établissements, le roi lui donna en outre (18 décembre), le monopole exclusif de la traite le long de cette grande étendue de côtes et des terres baignées par le golfe et le fleuve Saint-Laurent. Les huguenots obtinrent la liberté, comme ils l’avaient alors en France, de professer leur religion aux colonies qu’on établirait à la condition que les indigènes seraient instruits dans la foi catholique [suivant « la ferme et dévote résolution, que nous avons prise, insistait Henri IV, de faire convertir, amener et instruire les peuples qui habitent en cette contrée, de présent gens barbares, athées, sans foy et religion au Christianisme, et en la créance et profession de notre foi et religion, et les retirer de l’ignorance et infidélité où ils sont ». Comme l’interdiction de trafiquer au Canada s’adressait à la Normandie, la Bretagne, la Picardie, la Guyenne, la Biscaye, Calais, on peut se faire une idée de l’étendue du commerce français outre-mer à cette époque. Quant à la pêche, elle resta toujours libre. C’est de ce moment que la dénomination de Nouvelle-France apparaît sous la plume des contemporains et va être adoptée généralement pour désigner le Canada].

On attendait beaucoup des talents et de l’expérience de M. de Monts. La Compagnie formée par son prédécesseur fut augmentée de plusieurs négociants de La Rochelle [et de Saint-Jean-de-Luz. Son capital était de 90 000 livres dont le nouveau vice-roi souscrivait plus de la moitié, et le reste se partageait principalement entre les Malouins et les Rouennais. Les associés s’obligeaient à transporter au Canada, chaque année, soixante colons]. Cinq navires furent équipés ; trois pour faire la traite et la pêche à Tadoussac, [sur la côte de Gaspé et au Cap-Breton] et saisir les bâtiments surpris à trafiquer avec les sauvages contre la défense du roi ; deux pour transporter les colons et chercher un lieu propre à leur installation. Des laboureurs, des artisans indispensables à l’industrie agricole, quelques soldats et plusieurs gentilshommes s’embarquèrent sur ces vaisseaux.

On a déjà pu remarquer l’entraînement de la classe noble pour ces expéditions lointaines. Cartier et Roberval furent accompagnés par de jeunes gentilshommes dans tous leurs voyages. L’esprit aventureux qui avait distingué à un si haut degré la noblesse française au moyen âge, lorsqu’elle portait ses exploits des rivages brumeux de l’Angleterre aux rochers arides du Jourdain, sembla renaître pour chercher en Amérique un nouvel élément à son activité. D’ailleurs, beaucoup de chefs de famille, ruinés par les guerres civiles ou par d’autres accidents, [étaient conduits au delà des mers par le désir de relever la fortune de leurs maisons ou par l’ambition plus haute d’établir des colonies et d’y créer des foyers nouveaux de civilisation française. Au nombre de ces derniers était un gentilhomme picard, qui possédait d’assez grands biens], Jean de Biencourt, sieur de Poutrincourt.

[Les Biencourt sortaient d’une vieille famille féodale de Picardie, dont plusieurs avaient figuré dans les Croisades. Poutrincourt, fils de Florimond de Biencourt et de Jeanne de Salazar, né en 1557, probablement à Saint-Maulvis, petit village du Vimeu, était à la fois seigneur de Marsilly, de Chantenes et de Guibermesnil en Picardie, et baron de Saint-Just dans la Champagne. Catholique ardent, il avait combattu du côté de la Ligue contre les troupes d’Henri de Navarre. Mais du jour où celui-ci se fût converti au catholicisme pour recevoir la couronne de France, il s’était rallié loyalement à lui. Il mérita même cet éloge du nouveau souverain qu’il était « l’un des hommes de plus de bien et des plus valeureux de son royaume ». Henri IV, du reste, voulut lui témoigner sa confiance en le nommant gentilhomme ordinaire de sa chambre, chevalier de son Ordre royal puis, en 1595, gouverneur de Méry-sur-Seine. C’est quelques années après, au printemps de 1604, que Poutrincourt entreprend son premier voyage en Amérique septentrionale. Il s’embarque donc le 7 avril, du port de Havre-de-Grâce, avec de Monts, Champlain et Du Pont-Gravé. Les deux navires de 150 et de 120 tonnes commandés par le capitaine Timothé du Havre et par le capitaine Morel de Honfleur étaient chargés de gentilshommes et de cent vingt artisans des deux religions : un prêtre séculier du diocèse de Langres, l’abbé Fléché, ainsi qu’un ministre les accompagnaient]. Ils se dirigèrent vers l’Acadie, que de Monts préférait au Canada parce qu’elle est sous un climat plus doux. De Monts avait voulu mettre à la voile dès le mois de février ; mais il en avait été empêché par le parlement de Rouen, lequel refusait d’enregistrer sa commission parce qu’il était protestant. Henri IV fut obligé d’intervenir [par deux fois] et de blâmer le parlement. Il lui annonça qu’il faisait accompagner de Monts de gens d’Église d’une conduite irréprochable.

L’Acadie, surtout fréquentée par les traitants, passait pour le plus beau pays de la Nouvelle-France. Elle possède des ports excellents, un climat sain et tempéré, un sol très fertile, vers l’intérieur des terres, et riche en mines de cuivre, de fer, de houille, de gypse, le long de la mer ; sur la côte abondent les poissons les plus prolifiques et les plus précieux : la morue, le saumon, le maquereau, le hareng, la sardine, l’alose, l’esturgeon et les poissons des grosses espèces. Outre les avantages du climat et de la pêche, elle a sur le Canada celui d’une situation plus heureuse pour le commerce maritime, étant accessible aux vaisseaux en toutes saisons de l’année. Les Micmacs ou Souriquois qui l’habitaient étaient braves et avaient en même temps des mœurs fort douces. Ils accueillaient les Français avec une bienveillance qui ne s’est jamais démentie. Tout justifiait au premier coup d’œil le choix qu’avait fait de Monts.

On fit terre au port Rossignol (12 mai), aujourd’hui Liverpool, [puis au Port-au-Mouton, à trois lieues au Sud] ; ensuite on côtoya la péninsule jusqu’au fond de la baie de Fundy, appelée par de Monts la baie Française. En route, on entra dans un bassin spacieux, entouré de collines riantes où coulaient plusieurs rivières. Poutrincourt, charmé de ces beautés naturelles, désira s’y fixer et l’obtint du vice-roi en concession [« pour établir le nom chrétien et français »] ; Champlain lui donna le nom de Port-Royal. Après avoir parcouru ce côté de la baie, de Monts descendit par l’autre vers le sud ; et Champlain, qui avait pris les devants, découvrit la rivière Saint-Jean, [la baie actuelle de Passamaquoddy] et la rivière Sainte-Croix.

Ce fut dans une petite île, [aujourd’hui l’île Dochet], située à l’entrée de cette rivière, que de Monts débarqua son monde, vu l’état avancé de la saison. [En peu de temps on bâtit un fort, un magasin, des habitations, outre un four et un moulin à bras. Une partie de la terre ferme et de l’île fut convertie en jardin. Durant ces travaux, Champlain alla explorer une partie de la côte de l’État du Maine actuel ; il reconnut l’île de Mont-Désert qui porte encore ce nom et pénétra dans la rivière Pénobscot (18-25 juillet 1604). Cette année-là, au dire d’un chroniqueur anglais (Purchas), la traite des castors et des loutres avait rapporté 30 000 écus]. L’hiver venu, on se trouva sans eau douce et sans bois, et, pour comble de malheur, en proie au scorbut, qui emporta trente-cinq hommes. Au retour de la belle saison (1605), Du Pont-Gravé arriva de France avec quarante nouveaux colons, des vivres et des marchandises. Ce secours releva les courages que les souffrances de l’hiver et les ravages avaient abattus. De Monts et Champlain quittèrent un lieu si funeste (18 juin) et continuèrent leur voyage vers le Sud. Après avoir visité les côtes [des États-Unis actuels, depuis le Maine jusqu’au havre de Nauset, dans le Massachusetts] n’apercevant plus de terre qui réunît tous les avantages qu’ils cherchaient, ils revinrent, à Sainte-Croix. [Chemin faisant, ils abordèrent dans la baie actuelle de Plymouth où les « Pilgrim Fathers » devaient quinze ans plus tard commencer leur habitation]. C’est alors qu’ils se dirigèrent vers la rade de Port-Royal, sur la rive opposée, et y jetèrent (en août 1605) les fondements de la ville qui porte aujourd’hui le nom d’Annapolis.

À l’automne, de Monts [laissant Port-Royal sous les ordres de Du Pont-Gravé] repassa en France [pour recruter des colons]. Il y trouva beaucoup d’esprits hostiles à son entreprise et préoccupés des bruits que les marchands de pelleteries, privés de leur négoce par son privilège, faisaient courir contre le climat de l’Acadie et l’utilité de ses coûteux établissements. Il craignit un moment de voir se dissoudre la société, sans laquelle il ne pouvait rien faire de stable ; et il se résolut à rester en France afin d’empêcher un pareil événement de s’accomplir. Poutrincourt, qui était retourné en Europe pour rassembler des émigrants et mettre ordre à ses affaires, se chargea du gouvernement de la jeune colonie. [Il se remit en mer à La Rochelle, avec cinquante personnes, (13 mai 1606), sur le Jonas de 150 tonneaux. Parmi ses compagnons se trouvaient un avocat du parlement de Paris, Marc Lescarbot, et un autre Parisien, Louis Hébert, apothicaire du roi]. Lorsqu’il arriva, le 27 juillet, à Port-Royal, les colons se croyant délaissés, s’étaient rembarqués pour la France [avec Du Pont-Gravé. Mais celui-ci, que les gens de Poutrincourt avaient rencontré par hasard, fut tout joyeux de venir le retrouver, et il ne repartit que vers la fin d’août].

Celui qui rendit alors les plus grands services fut Lescarbot, homme très instruit et l’un des premiers qui aient indiqué le vrai moyen de donner à un établissement colonial une base durable. Il représenta que la culture de la terre pourrait seule assurer le succès, qu’il fallait s’y attacher dès le début ; et, passant des paroles à l’action, il donna lui-même l’exemple. [Ainsi disait-il : « Les demandes ordinaires que l’on nous fait, sont : Y a-t-il des thrésors ? y a-t-il des mines d’or et d’argent et personne ne demande, ce peuple-là est-il disposé à entendre la doctrine chrétienne ? Et quant aux mines il y en a vrayment, mais il les faut fouiller avec industrie, labeur et patience. La plus belle mine que je scache c’est du blé et du vin, avec la nourriture du bestail. Qui a de ceci, il a de l’argent. Et de mines nous n’en vivons point, quant à leur substance »].

[Laboureurs, charpentiers, menuisiers, maçons, s’étaient mis à la tâche]. Leur activité intelligente porta bientôt ses fruits. [La récolte du blé, du seigle, du chanvre et du lin fut de belle qualité ; les jardins potagers produisirent en abondance des pois et des fèves, des navets, des radis, des choux, de la laitue. Au surplus], on fit du charbon de bois ; des chemins furent ouverts dans les forêts ; on construisit un moulin à farine, lequel, étant mû par l’eau, épargna beaucoup de fatigue aux colons, qui avaient été obligés jusque-là de moudre à bras leur blé ; on monta un alambic à clarifier la gomme de sapin et la convertir en goudron ; enfin tous les procédés des pays civilisés furent mis en usage pour faciliter les travaux. Les sauvages, [Souriquois ou Micmacs et Etchemins, recherchant l’amitié des Français, venaient leur apporter du poisson et troquer des peaux de castors contre des hachettes, des couteaux, des écharpes, des camisoles rouges et des bracelets faits des patenôtres]. Étonnés de voir naître tant d’objets qui étaient des merveilles pour eux, ils s’écriaient, dans leur admiration : « Que les Normands savent de choses ». [Pendant que les colons s’occupaient à Port-Royal, Poutrincourt et Champlain allaient examiner les côtes et parfaire la carte du pays ; ils poussèrent leurs explorations jusqu’à l’île dite aujourd’hui Martha’s Vineyard, sur le littoral du Massachusetts].

Quand chacun se félicitait de ces résultats, après trois ans de pénibles efforts, des malheurs imprévus vinrent fondre presque à la fois sur Port-Royal et détruire de si belles espérances. D’abord toutes les pelleteries acquises en une saison furent enlevées par les Hollandais, conduits par un transfuge, [les Basques, malgré les défenses royales, trafiquaient de six mille peaux dans le Saint-Laurent] ; ensuite les marchands [et les pêcheurs] de Saint-Malo, [de Dieppe et de La Rochelle] firent révoquer le monopole dont jouissait la société (7 juillet 1607). Elle aurait pu résister au premier choc ; mais le second lui fut fatal et causa sa dissolution. Les lettres de M. de Monts, contenant cette nouvelle, furent lues publiquement aux habitants de la colonie. [Le vice-roi reçut en compensation 6000 livres à prendre sur les navires des Basques et des Malouins qui faisaient la traite au Canada, (9 octobre 1609)]. Il fallut se résigner à quitter Port-Royal. L’entreprise était abandonnée au moment même où le succès en paraissait assuré, car, dès l’année suivante, les habitants auraient pu suffire à leurs besoins.

Poutrincourt, qui avait toujours gouverné la colonie, s’était fait chérir des indigènes. Ils versèrent des larmes en le reconduisant sur le rivage. Tel était le respect de ces peuples pour les Français que, lorsque ceux-ci revinrent au bout de trois ans, ils retrouvèrent le fort et les maisons dans l’état où ils les avaient laissés, et les meubles mêmes encore à leur place. C’est au cours de l’été de 1607 (11 août) que Port-Royal fut ainsi abandonné. [Poutrincourt, de retour à Paris, rendit compte à Henri IV des travaux et des progrès qu’il avait réalisés dans sa seigneurie ; il lui présenta du blé et du froment, de l’avoine, du seigle et de l’orge qui en provenaient, outre cinq outardes que le roi fit élever dans les jardins de Fontainebleau. Malgré ses déboires et de grandes pertes], Poutrincourt était parti avec la pensée de revenir, s’il trouvait des associés capables de continuer l’œuvre de colonisation. [Au reste, il avait sollicité la bénédiction du Souverain Pontife Paul V pour son entreprise]. Des seigneurs de la Cour l’amusèrent de vaines promesses. S’étant désabusé à leur égard, il tourna les yeux [vers le fils du gouverneur de Dieppe, Thomas Robin, sieur de Coulogne, qui se chargea d’entretenir l’établissement pendant cinq années]. Poutrincourt [pourvu maintenant du titre de vice-roi] reprit le chemin de l’Acadie avec des artisans et des colons appartenant aux classes les plus respectables (26 février 1610). [Il était accompagné de son fils aîné, Charles de Biencourt âgé de 19 ans, et du second fils Jacques de Salazar, de Robin de Coulogne, Louis Hébert, Claude de La Tour et son fils Charles, ainsi que d’un prêtre séculier du diocèse de Langres, l’abbé Fléché]. Malheureusement, le roi fut assassiné cette année-là (14 mai 1610). Une telle calamité eut des suites plus funestes encore pour la lointaine et faible colonie de la baie Française que pour le reste du royaume. L’intrigue et la violence qui allaient remplacer un temps, sous la régence de Marie de Médicis, dominée par ses favoris italiens, les Concini, la politique conciliante du feu roi, troublèrent jusqu’aux humbles cabanes de Port-Royal et amenèrent pour la seconde fois leur ruine.

[Poutrincourt s’était déjà dérobé à la volonté de Henri IV qui favorisait et protégeait de toutes façons les Jésuites ; il] fut bientôt obligé de les recevoir dans son établissement en qualité de missionnaires. [Cela pourtant n’alla pas sans difficulté. Parmi les associés de Poutrincourt se trouvaient deux négociants considérables de Dieppe], du Jardin et du Quesne [qui se chargèrent de l’armement et de l’approvisionnement d’un navire]. Mais ils étaient calvinistes et avaient des préjugés contre ces religieux ; ils préférèrent se retirer de la société plutôt que de consentir à les admettre dans la colonie. Ils furent remplacés par [la première dame d’honneur de la reine, Antoinette de Pons], marquise de Guercheville, [« ardemment zélée à la gloire de Dieu et la conversion des âmes »] qui s’était déclarée la protectrice des missions de l’Amérique. [Grâce à une souscription de 4000 livres que lui avaient versée les grands de la cour, Mme de Guercheville paya 3800 livres aux deux marchands du Jardin et du Quesne en dédommagement de leurs dépenses. Elle prit alors comme associés, avec Poutrincourt et Robin de Coulogne, deux Jésuites : les PP. Ennemond Massé et Pierre Biard. Par le contrat d’association, ceux-ci devaient toucher « la totale moitié de toutes et chacune des marchandises, profits et autres choses, circonstances et dépendances qui pourront provenir de la traite qui se fera audit lieu de la Nouvelle-France ». (Contrat d’association des Jésuites au trafique du Canada... passé à Dieppe le 20e jour de janvier 1611). Toutefois la société ne fut pas sans susciter une vive opposition surtout parmi les protestants. Peu après] Mme de Guercheville acheta tous les droits de M. de Monts sur l’Acadie [en dehors de la seigneurie de Port-Royal, elle devenait propriétaire d’un vaste territoire qui s’étendait depuis le Saint-Laurent jusqu’à la Floride. Du reste Henri IV, au dire de son confesseur le P. Coton, ne désirait rien tant que d’employer à la conversion des indigènes dans la Nouvelle-France les Pères de la Compagnie de Jésus. N’avait-il pas en effet promis à cette fin une allocation de 2000 livres. C’est ainsi que Marie de Médicis contribua cinq cents écus pour l’entretien des Jésuites en Acadie ; de son côté, Mme de Guercheville pourvoyait aux frais de la traversée].

[Charles de Biencourt fit donc voile de Dieppe (26 janvier 1611) avec les PP. Massé et Biard sur un navire de 60 tonneaux, la Grâce-de-Dieu, dont l’équipage de 36 hommes se composait à la fois de catholiques et de huguenots. Au bout de quatre mois, on parvint à Port-Royal. Comme les vivres diminuaient et n’auraient pu suffire à nourrir les colons durant l’hiver, Poutrincourt dut s’embarquer pour la France avec l’abbé Fléché et plusieurs autres dans le but de chercher du ravitaillement (17 juin 1611). En son absence, Charles de Biencourt prit le commandement de la colonie. Cependant, après le départ du vice-roi], les dissentiments ne tardèrent pas à éclater [entre le jeune et habile mais impétueux gouverneur et les missionnaires. Biencourt eut également maille à partir avec Robert Du Pont-Gravé, le fils du compagnon de Champlain, qui avait établi un poste de traite sur la rivière Saint-Jean. En France, les choses allaient plus mal encore pour la colonisation acadienne. Un certain Le Moine, créancier de Poutrincourt, non content de lui intenter des poursuites, le fit arrêter et jeter en prison. Les dures pertes qu’il avait subies et la saisie de son navire avec la cargaison achevèrent de le ruiner. Pendant ce temps], les habitants de Port-Royal auxquels il ne put envoyer de provisions furent réduits à vivre de glands et de racines, tout un hiver. [Mais une nouvelle humiliation attendait Poutrincourt. Marie de Médicis, dont la confiance lui paraissait acquise, révoqua sa commission de vice-roi en faveur du prince de Condé (13 nov. 1612). Sur ces entrefaites, découragée sans doute par l’échec de son entreprise], Mme de Guercheville se retira de la société qu’elle avait formée avec Poutrincourt ; elle ne chercha plus qu’à installer les Pères jésuites ailleurs, laissant Port-Royal à son malheureux sort. Champlain fit alors de son mieux pour l’engager à s’associer avec de Monts ; mais elle refusa parce que ce dernier était protestant. Peut-être les Jésuites voulaient-ils fonder en Acadie un établissement semblable à celui qu’ils avaient dans le Paraguay. Leur tentative, on va le voir, eut les suites les plus malheureuses.

La marquise de Guercheville, aidée de la reine-mère, fit équiper à Honfleur le Jonas [que commandait le capitaine Charles Fleury d’Abbeville. Le chef de l’expédition était René Le Coq, sieur de la Saussaye. Le navire portant quarante-huit colons et hommes d’équipage, y compris le sieur de La Motte, deux Jésuites, le P. Quentin et le F. Gilbert du Thet, avec des armes et des pièces de canon, se mit en mer au mois de mai de 1613]. La Saussaye alla prendre les PP. Biard et Massé à Port-Royal, puis se dirigea vers la rivière Pentagouet, aujourd’hui Penobscot, [dans l’État de Maine]. Arrêté par la brume, il fut obligé de débarquer au sud de l’île du Mont-Désert, où il commença à la hâte une habitation, qu’il nomma Saint-Sauveur. Tout se passa bien d’abord, et il se flattait déjà d’un succès qui dépassait toutes les espérances, lorsqu’un orage inattendu vint fondre tout à coup sur la colonie.

L’Angleterre réclamait le pays [depuis le 34°] jusqu’au 45° de latitude septentrionale, c’est-à-dire, en remontant vers le Nord, jusqu’au milieu de l’Acadie. La France, au contraire, prétendait que ses propres possessions descendaient vers le Sud jusqu’au 40°. Il résultait de ce conflit que, tandis que La Saussaye se croyait dans les limites de la Nouvelle-France à Saint-Sauveur, les Anglais estimaient qu’il était sur leur territoire.

S’autorisant de leur prétention, un armateur de la Virginie, Samuel Argall, sur les ordres du gouverneur, sir Thomas Dale, résolut d’aller déloger les Français dans un temps où la paix régnait entre les deux Couronnes. Il y était excité à la fois par ses préjugés contre les catholiques et par l’espoir de faire un riche butin. Il parut tout à coup devant Saint-Sauveur, avec un vaisseau de quatorze canons [le Treasurer, monté par soixante hommes], et jeta l’épouvante parmi les habitants, qui étaient sans défense. [Quelques-uns voulurent résister. Le F. du Thet tomba, mortellement frappé. Le reste se rendit à Argall, qui s’empara du navire français.] Tout fut saccagé (mi-juillet 1613). Les Français tenaient à l’Acadie parce qu’elle couvrait les pêcheries du Canada, les Anglais parce qu’elle se trouvait sur leur chemin. À part ses motifs personnels, Argall connaissait l’opinion de ses compatriotes, qui voulaient trancher la question par une prise de possession.

Pour légitimer cet acte de piraterie (car c’en était un), Argall déroba la commission de La Saussaye, et fit semblant de les regarder, lui et les siens, comme des gens sans aveu. Peu à peu, cependant, il parut se radoucir. Il proposa à ceux qui avaient un métier de le suivre en Virginie, d’où, après avoir travaillé un an, ils seraient rendus à leur patrie. Une douzaine d’hommes acceptèrent cette offre, et furent emmenés, [en compagnie des PP. Biard et Quentin, de La Motte et du capitaine Fleury]. [Quinze] autres, avec La Saussaye et le P. Massé, préférèrent se risquer sur une frêle embarcation pour atteindre La Hève, dans l’Acadie, où ils trouvèrent deux bâtiments de Saint-Malo, qui les transportèrent en France.

Ceux qui s’étaient fiés à la parole d’Argall furent bien surpris, en arrivant à Jamestown, de se voir jeter en prison comme des forbans. Ils réclamèrent vainement l’exécution du traité conclu avec lui : on les condamna à la mort. Argall, qui n’avait pas prévu que la soustraction de la commission de La Saussaye aurait des conséquences aussi graves, ne poussa pas la dissimulation plus loin ; il remit cette commission au gouverneur, sir Thomas Dale et avoua tout.

Ce document et les renseignements puisés dans le cours de l’affaire excitèrent le gouvernement de la Virginie à chasser les Français de tous les points qu’ils occupaient au sud de la ligne 45. Pour exécuter cette résolution [Argall arma le Treasurer, le Jonas et un autre vaisseau] ; les prisonniers de Saint-Sauveur y furent embarqués avec les deux Jésuites Biard et Quentin, le capitaine Fleury et cinq autres. On soupçonna ensuite le P. Biard, bien à tort cependant, d’avoir servi de pilote aux ennemis à Port-Royal ; [le vrai coupable, en effet, était un indigène qui vint de lui-même confesser sa faute].

L’expédition commença par [aller prendre possession du pays pour l’Angleterre en élevant une croix sur les débris de Saint-Sauveur ; puis vint saccager] ce qui restait de l’ancienne habitation de Sainte-Croix, action inutile, puisque cette habitation était abandonnée depuis plusieurs années. Cela fait, elle cingla vers Port-Royal. Elle ne trouva personne, tout le monde étant aux champs, à deux lieues de là ; en moins de deux heures, elle eut réduit en cendres toutes les maisons, avec le fort. En vain le P. Biard voulut persuader aux habitants, attirés par les flammes, de se retirer avec les Anglais ; en vain il leur dit que le gouverneur Charles de Biencourt, ruiné, ne pourrait plus les soutenir, ils repoussèrent ses conseils avec hauteur. L’un d’eux leva même une hache sur lui pour le tuer, en l’accusant d’être la cause de leurs malheurs. [Là-dessus, Argall remit à la voile avec ses trois vaisseaux et ramena à Jamestown les PP. Biard et Quentin et leurs compagnons. Après être demeurés neuf mois et demi aux mains des Anglais, ils purent enfin rentrer en France l’année suivante (1614)].

C’était la troisième fois que Port-Royal était détruit par des accidents divers. Mais cette fois sa destruction était bien complète. Une grande partie des colons se dispersèrent dans les bois ou se mêlèrent parmi les sauvages ; d’autres gagnèrent l’établissement que Champlain créait alors sur le fleuve Saint-Laurent. Après ce désastre, Poutrincourt qui était [en France depuis deux ans, vint, au printemps de 1614, ravitailler de nouveau sa seigneurie acadienne], et quitta pour jamais l’Amérique. Il entra dans l’armée et périt [en combattant pour le roi] à la prise de Méry sur Seine (15 déc. 1615), durant les troubles qui survinrent à l’occasion du mariage de Louis XIII avec l’infante Anne d’Autriche. Poutrincourt peut être regardé comme le véritable fondateur de Port-Royal et de l’Acadie elle-même, dont sa persévérance assura l’établissement. Car la destruction de Port-Royal n’amena pas l’abandon de toute la province. Elle continua toujours d’être occupée, sur un point ou sur un autre, [soit par Charles de Biencourt, jusqu’en 1621, soit par Charles de La Tour, son lieutenant et son successeur], et par la plupart des anciens colons, auxquels vinrent se joindre de nombreux aventuriers.

Le gouvernement français n’avait pris aucun intérêt direct à cette colonie. [Pourtant Charles de Biencourt n’avait cessé de réclamer de la ville de Paris des envois de colons et de secours. « Il faut donc, écrivait-il de Port-Royal (1er sept. 1618), prévenir le dessein de l’Anglois, puisque nous le voyons de loing, et pourvoir à ce que ce pays soit plutost habité de François et conserver la liberté de la pescherie de deça qui vaut tous les ans un million d’or à la France... » De même les échevins de Paris adressèrent une circulaire aux bonnes villes pour les engager à entrer dans la Royale Compagnie de Navigation, mais sans succès]. La Cour de la Régente, livrée aux cabales et aux factions des grands, qui finirent par se soulever et par mettre la monarchie en péril, ne songea point à venger la cause des pauvres colons de l’Acadie et à punir les pirateries d’Argall. Poutrincourt, ayant perdu la faveur de Marie de Médicis et n’osant espérer qu’elle se chargeât de défendre ses intérêts, n’avait fait aucune démarche auprès d’elle. Il s’était contenté d’adresser à l’amirauté de Guyenne d’inutiles plaintes contre le P. Biard. La marquise de Guercheville envoya La Saussaye à Londres, pour demander réparation des dommages qui lui avait été causés contre le droit des gens, [et qu’elle estimait à plus de 100 000 livres] ; avec l’appui de l’ambassadeur de France, elle obtint la restitution de son navire. Elle reconnut alors, dit-on, mais trop tard, la faute qu’elle avait commise en ne laissant pas l’Acadie à Poutrincourt, comme Champlain le lui avait conseillé, faute que celui-ci rejette indirectement sur le P. Coton, confesseur de Louis XIII. Mais la zélée marquise, [qui avait consacré aux œuvres missionnaires une large part de sa fortune], devait-elle s’associer avec de Monts, et pouvait-elle en toute sûreté confier à ce calviniste la direction d’un établissement dont le but, à ses yeux, était principalement de répandre la foi catholique parmi les indigènes de l’Acadie ?

Telles furent les premières vicissitudes des possessions françaises en Amérique.


Bibliographie


Sources et ouvrages à consulter : Marc Lescarbot, Histoire de la Nouvelle-France, Paris, 1609-1618 ; texte français et traduction anglaise avec des annotations par W. L. Grant et H. P. Biggar, Publication of the Champlain Society, Toronto, 1911-1914, trois vol. – Relations des Jésuites, tomes I et II de l’édition monumentale publiée avec le texte latin, français, italien et la traduction anglaise, et enrichie de notes abondantes, de R. G. Thwaites, Jesuit Relations and allied documents, 1610-1791, Cleveland, 1896-1901, 71 vols et index. – Rameau de Saint-Père, Une colonie féodale en Amérique, nouv. édit., Paris, 1889. – A. Huget, Jean de Poutrincourt, fondateur de Port-Royal en Acadie, vice-roi du Canada (1557-1615), dans Mémoires de la Société des Antiquaires de Picardie, (Amiens), Paris, 1932. – Le P. C. de Rochemonteix, Les Jésuites et la Nouvelle-France au XVIIe siècle, tome I, Paris, 1895. – E. Lauvrière, La tragédie d’un peuple, nouv. édit., tome I, Paris, 1924. – E. Thoison, Madame de Guercheville, esquisse historique, Fontainebleau, 1891. – L. Batiffol, La vie intime d’une reine de France au XVIIe siècle, Paris, 1906. – Pierre de Vaissière, Henri IV, Paris, 1925.

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