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PLATON  —  GORGIAS
  —   traduction d’Émile CHAMBRY         153 
 
femmes, que personne au monde ne saurait échapper à son destin 
1
; puis 
chercher le moyen de vivre le mieux possible le temps qu’il a à vivre. Faut-il 
pour cela s’adapter à la constitution politique du pays qu’on habite ? En ce 
cas, tu devrais toi-même te rendre aussi semblable que possible au peuple 
d’Athènes, si tu veux en être aimé et devenir puissant dans l’État. Vois si c’est 
là ton avantage et le mien, afin, mon noble ami, que nous n’éprouvions pas ce 
qui arrive, dit-on, aux Thessaliennes 
2
 qui attirent la lune à elles ; car c’est aux 
dépens de ce que nous avons de plus cher que nous attirerons à nous cette 
grande puissance dans l’État. 
Mais si tu crois que quelqu’un au monde te transmettra un moyen quelconque 
de te rendre puissant dans la cité, si tes mœurs diffèrent de sa constitution, soit 
en bien soit en mal, c’est qu’à mon avis, tu raisonnes mal, Calliclès. Ce qu’il 
faut, ce n’est pas les imiter, c’est leur ressembler naturellement, si tu veux 
effectivement réussir à gagner l’amitié du Démos d’Athènes et aussi, par 
Zeus, celle de Démos, fils de Pyrilampe. C’est donc celui qui te rendra tout à 
fait pareil à eux qui fera de toi, comme tu le désires, un politique et un orateur. 
Chacun d’eux aime les discours qui s’accordent à son caractère ; mais ce qui 
lui est étranger leur déplaît, à moins, chère tête, que tu ne sois d’un autre avis. 
Avons-nous quelque objection, Calliclès ? 
 
CALLICLÈS
 
LXIX. — Je ne sais comment il se fait que tu me parais avoir raison, Socrate. 
Cependant, je suis comme la plupart de tes auditeurs, je ne te crois qu’à demi. 
 
SOCRATE
 
C’est que l’amour du peuple implanté dans ton âme, Calliclès, combat contre 
moi ; mais si nous revenons sur ces mêmes questions pour les approfondir, 
peut-être te rendras-tu. Quoi qu’il en soit, rappelle-toi que nous avons dit qu’il 
y a deux façons de cultiver chacune de ces deux choses, le corps et l’âme, 
l’une qui s’en occupe en vue du plaisir, et l’autre qui s’en occupe en vue du 
bien et qui, sans chercher à plaire, y applique tout son effort. N’est-ce pas la 
distinction que nous avons faite alors ? 
 
CALLICLÈS
 
513d-514c 
Si fait. 
 
                                                           
1
 C’est ce qu’Andromaque dit à Hector, Iliade, VI, 488. 
2
 D’après Suidas, on croyait que les magiciennes qui faisaient descendre la lune perdaient les 
yeux et les pieds. 


PLATON  —  GORGIAS
  —   traduction d’Émile CHAMBRY         154 
 
SOCRATE
 
Et nous avons dit que l’une, celle qui tend au plaisir, n’était autre chose 
qu’une vile flatterie, n’est-ce pas ? 
 
CALLICLÈS
 
Soit, puisque tu le veux. 
 
SOCRATE
 
L’autre, au contraire, tend à rendre aussi parfait que possible l’objet de ses 
soins, que ce soit le corps ou l’âme. 
 
CALLICLÈS
 
Oui. 
 
SOCRATE
 
Dès lors, ne devons-nous pas, dans les soins que nous donnons à la cité et aux 
citoyens, nous efforcer de rendre ces citoyens aussi parfaits que possible ? 
Sans cela, comme nous l’avons reconnu précédemment, tout autre service 
qu’on leur rendrait ne leur serait d’aucune utilité, si ceux qui doivent acquérir 
ou de grandes richesses, ou le pouvoir, ou tout autre genre de puissance 
n’avaient pas des sentiments honnêtes. Admettons-nous qu’il en est ainsi ? 
 
CALLICLÈS
 
Admettons, si cela te plaît. 
 
SOCRATE
 
Maintenant supposons, Calliclès, que, désireux de nous charger de quelque 
entreprise publique, nous nous exhortions mutuellement à nous tourner vers 
les constructions, vers les plus considérables, celles de remparts, d’arsenaux, 
de temples, ne devrions-nous pas nous examiner nous-mêmes et nous 
demander d’abord si nous connaissons, ou non, cet art, l’architecture, et de qui 
nous l’avons appris ? Le faudrait-il, oui ou non ? 
 
CALLICLÈS
 
Oui, certainement. 


PLATON  —  GORGIAS
  —   traduction d’Émile CHAMBRY         155 
 
 
SOCRATE
 
En second lieu, ne faudrait-il pas vérifier si jamais nous avons bâti quelque 
édifice privé pour quelqu’un de nos amis ou pour nous-mêmes, et si cet 
édifice est beau ou laid ? Et si, en faisant cet examen, nous trouvons que nous 
avons eu des maîtres habiles et réputés et que nous avons construit beaucoup 
de beaux édifices avec nos maîtres, et beaucoup aussi à nous seuls, après les 
avoir quittés, dans ces conditions, nous pourrions raisonnablement aborder les 
entreprises publiques. Si, au contraire, nous n’avions aucun maître à citer, 
aucune construction à faire voir, ou 
514c-515b 
plusieurs constructions sans 
valeur, alors ce serait folie, n’est-ce pas, d’entreprendre des ouvrages publics 
et de nous y exhorter l’un l’autre ? Avouons-nous que cela soit bien dit, ou 
non ? 
 
CALLICLÈS
 
Oui. 
 
SOCRATE
 
@
 
LXX. — Il en est de même en tout. Si, par exemple, ayant dessein d’être 
médecins de l’État, nous nous y exhortions l’un l’autre comme étant qualifiés 
pour cela, nous nous serions, je présume, examinés au préalable réci-
proquement, toi et moi : « Voyons, au nom des dieux, comment Socrate se 
porte-t-il lui-même ? A-t-il déjà guéri quelqu’un, esclave ou homme libre ? » 
De mon côté, j’imagine que je ferais les mêmes questions à ton sujet ; et, si 
nous trouvions que nous n’avons amélioré la santé de personne, étranger ou 
Athénien, homme ou femme, au nom de Zeus, Calliclès, ne serait-ce pas une 
véritable dérision qu’un homme en vienne à cet excès d’extravagance, 
qu’avant d’avoir fait beaucoup d’expériences quelconques dans l’exercice 
privé de la médecine, d’avoir obtenu de nombreux succès et de s’être exercé 
convenablement dans cet art, il veuille, comme dit le proverbe, faire son 
apprentissage de potier sur une jarre 
1
 et se mette dans la tête d’être médecin 
public et d’y exhorter ses pareils ? Ne te semble-t-il pas qu’il y a de la folie à 
se conduire de la sorte ? 
 
CALLICLÈS
 
Si. 
 
                                                           
1
 Expression proverbiale, déjà employée dans le 
Lachès, 187b
 
[‘jarre’]
, qui se dit de ceux qui 
s’attaquent sans préparation aux choses les plus difficiles. 


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