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LES TESTAMENTS DE MICHEL PINHAN

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ficiaires de legs et mentionnés dans tous les testaments, conformément à

l’analyse de J. Chiffoleau sur le « pauvre comme intercesseur symbolique » ;

toutes les copies confirment ce fait : Pinhan est soucieux de préserver sa vie

au-delà, et se préoccupe de ne négliger aucun de ceux, saints ou pauvres, sus-

ceptibles d’intercéder en sa faveur. De plus, des messes sont prévues, confor-

tant le sentiment d’avoir assuré autant que faire se pouvait cet avenir hypo-

thétique dont le vivant se préoccupe tant. Il use de tous les éléments connus,

conscient alors d’avoir fait tout ce qui était en son pouvoir, comme les autres

testateurs. Antoine doit faire savoir aux hôpitaux la mort de son père afin

que ces derniers distribuent l’argent à ceux qui en ont le plus besoin. La

famille est alors absente du testament, mais nous pouvons supposer qu’elle

était présente à l’enterrement, bien évidemment. Pinhan utilise toutes les

possibilités rencontrées chez les autres testateurs afin d’assurer la meilleure

protection possible. Anxieux de son salut, ses préoccupations religieuses

semblent aussi importantes que son souci de partager sa fortune. Le rituel

des obsèques est ordonné, avec une procession qui accompagne le corps

jusqu’à l’autel, cierges allumés, la croix le précédant. La messe est dite corps

présent. D’autres messes sont programmées, anticipant le « temps liturgique

postérieur au temps funéraire »

22

, ainsi que le rappelle N. Jornet.



Son église paroissiale, Saint Julien, est citée, ainsi que le couvent des

frères prêcheurs et celui des mineurs. Les dominicains sont établis à Arles

depuis 1231, près de la porte Agnel. En 1362, ils construisent près de Saint

Martin un nouveau couvent et une église. Quant aux franciscains, ils sont

arrivés à Arles avant 1248. En 1412, ils commencent la construction de leur

nouveau couvent, qui couvrait une partie du théâtre et allait jusqu’aux

Arènes. Ils furent très prospères au Moyen Age. Pinhan donne plus en faveur

des prêcheurs que des mineurs. D’autres établissements religieux sont évo-

qués : l’autel de Notre-Dame des carmes, l’oeuvre de cette église, l’autel des

frères de Saint Augustin, la chandelle de Saint Trophime. Trois des hôpitaux

arlésiens sont mentionnés : celui du Saint-Esprit de la Cité dit de l’Arc

Admirable, celui du Saint-Esprit du Bourg, celui de la Sainte-Trinité. Les

pauvres de Saint-Lazare ne sont pas oubliés, nous l’avons déjà vu, ainsi que

les pauvres filles à marier. En outre, dans deux des reçus insérés, il évoque

deux filles, Sansone, et Antoinette, fille de Guillaume Estève, porcher, pour

lesquelles il a donné quatre florins en dot. Pour la seconde, il signale même

le reçu fait par le marié au moment où sa femme a touché cette somme.

L’ordre de présentation des legs est conforme à ce qu’en dit L. Stouff

23

: « Ces


legs sont énumérés selon un ordre toujours le même :

… – à la paroisse : au prieur, au chapelain – curé, au secondaire, aux dif-

férents clercs, puis aux « offices » de la paroisse…

22. N.J


ORNET

op. cit., p. 99.

23. L. S

TOUFF


, « Mourir à Arles… », op. cit., p. 399.

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MARIE-ROSE BONNET

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[liste type :] la chandelle de Saint-Trophime, le luminaire de Saint-

Honorat, l’oeuvre du Pont-de-Crau, les malades de Saint-Lazare, les quatre

hôpitaux, les quatre couvents de mendiants.

Selon les testateurs peuvent figurer les recluses, les ermites résidant dans

les églises des Alyscamps, les soeurs de Sainte-Claire, l’abbaye de Saint-

Césaire, une confrérie, le confesseur (sa présence est exceptionnelle), les

pauvres… » En fait, tout l’article peut s’appliquer, pratiquement, à ces testa-

ments. Cependant, quelques modifications interviennent parfois. Par

exemple, le nombre de témoins n’est pas fixe : sept dans le premier, cinq dans

celui de 1448, huit dans celui du 31 janvier 1454

24

. Le notaire change ; deux



sont cités : Bernard Pangon, Guillaume Raimond. Les exécuteurs testamen-

taires, de même, peuvent varier. Ils sont trois dans le premier et dans celui de

1454, cinq dans celui de 1448 et celui du 7 janvier 1454. Rappelons mainte-

nant ce que L. Stouff écrivait

25

: « L’acte est passé en présence de sept témoins



et se présente toujours selon le même modèle, les clauses se suivant dans un

ordre immuable : date, nom du testateur, formules initiales, élection de sépul-

ture, legs « pro remedio anime », organisation des obsèques, legs divers,

éventuellement restitution de la dot et établissement d’une pension alimen-

taire pour la veuve, désignation du ou des héritiers universels, choix des exé-

cuteurs testamentaires, lieu où l’acte est passé, liste des sept témoins et nom

du notaire. » Les copies de Pinhan respectent plus ou moins ce modèle. Il se

conforme donc à l’usage testamentaire, prenant soin aussi bien de son corps,

de son âme, que du devenir de sa femme et de ses enfants.

L

A LANGUE DES TESTAMENTS



Ces textes présentent aussi d’autres intérêts pour l’Histoire, ou la

petite histoire, car Pinhan ne se contente pas d’une simple énumération de

legs. Il laisse transparaître, de manière implicite, des rapports humains,

notamment grâce aux incises et aux passages au style direct qui les émaillent.

Parfois, en marge, nous pouvons lire, à propos de l’une des personnes citées :

« es mort ». Cela paraît confirmer un fait : les formules toutes prêtes, stéréo-

typées, doivent exister, et il ne reste plus qu’à « combler les blancs » avec des

noms ou des chiffres. Sinon comment expliquer qu’en 1448 Bernard Vacha,

qui hérite de trois florins pour un trentain de messes, soit « décédé », alors

que rien n’est dit en 1446, et qu’il n’est plus signalé le 7 janvier 1454 ? Quant

à Alice, sa soeur, elle est systématiquement citée en tant qu’héritière, même

lorsqu’il prie pour son âme. Plus intéressants peut-être sont les brefs pas-

sages au style direct, lorsqu’il s’adresse à son fils et à sa seconde épouse afin

qu’ils vivent en bonne entente, ou lorsqu’il insinue à Gabriel qu’il aimerait

24. Cf. annexes.

25. L. S


TOUFF

, « Mourir à Arles ... », op. cit., p. 394.

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