La tragédie et la comédie à rome. Brève présentation et choix de textes



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LA TRAGÉDIE ET LA COMÉDIE À ROME. Brève présentation et choix de textes.

La tragédie : pages 1 – 11

La comédie : pages 12 – 40

Deux sites portails pour des recherches plus approfondies sur le théâtre antique :



Un entretien éclairant avec Florence Dupont (2004) : http://www.lelitteraire.com/article1311.html

La tragédie





  1. Un seul auteur dont les œuvres ont été transmises : Sénèque, aujourd’hui généralement identifié avec le philosophe stoïcien bien connu, précepteur puis victime de Néron (né vers 1 ap. J.-C., mort en 65).

On a conservé sous son nom dix tragédies, dont 9 sont à sujet mythologique grec. La dixième, Octavie, dont l’intrigue est tirée de l’actualité, est sans doute d’un auteur différent.

Si le sujet est emprunté aux Grecs, les caractères sont inspirés de la réflexion stoïcienne sur la nature humaine et sur le pouvoir. Les héros sont victimes du furor, concept à la fois philosophique et dramatique qui se définit comme l’énergie destructrice de la raison.

Ces pièces seront lues et reprises à partir de la Renaissance, notamment en Italie et en Angleterre. Racine y trouve une partie de son inspiration, par exemple pour Phèdre.
Bibliographie :


  • Florence DUPONT, L'acteur-roi. Le théâtre dans la Rome antique, Belles-Lettres, 2003

  • Le Théâtre à Rome, Marie-Hélène FRANÇOIS-GARELLI, Jean-Christian DUMONT, Livre de Poche 1998.

Webographie sur Sénèque : http://www.retiarius.org/dos/sene.php


  1. Les titres des pièces conservées :

Hercule furieux

Les Troyennes

Les Phéniciennes


Médée

Phèdre

Œdipe


Agamemnon

Thyeste

Hercule sur l’Oeta



  1. les textes disponibles




  • en ligne :

  • des traductions anciennes, avec leurs mérites et leurs défauts ; à signaler notamment que la division en actes ne date pas de l’antiquité :

  • Texte latin et traduction E. Greslou (1834) :

http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Gallica&O=NUMM-29825&I=275

  • Traduction E. Greslou revue (1863) : http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/seneque/table.htm

  • Texte latin et même traduction : http://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/intro.htm#sen




  • un exemple de travail moderne :

Texte, traduction et commentaire de Médée :

http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/itinera/Enseignement/Glor2330/Seneque/accueil.htm




  • en librairie :

Tragédies, édition bilingue, Belles-Lettres 2011

Médée, diverses éditions

Phèdre

Les Troyennes


  1. extraits présentés :

Les Phéniciennes (2 passages)

Œdipe (1 passage)

Thyeste (4 passages)

Les Troyennes (2 passages)

Vue ancienne de l’intérieur et de l’extérieur du théâtre d’Orange


Source : dictionnaire Daremberg-Saglio

1er extrait : Les Phéniciennes reprennent le titre et en partie le sujet de la pièce d’Euripide (créée à Athènes vers 410) qui traite la dispute entre les fils d’Œdipe, mais le texte latin est incomplet. Après s’être aveuglé volontairement, Œdipe refuse de s’interposer entre ses deux fils Étéocle et Polynice. Jocaste se jette entre les deux frères.
1er passage : Prières de Jocaste (vers 450-499, traduction Greslou 1863) :
JOCASTE. — Tournez contre moi le fer et les flammes ; dirigez contre moi seule l'effort de ces vaillants guerriers partis de la ville d'Inachus, et de ceux qui sont descendus en armes de la citadelle de Thèbes. Citoyens et ennemis, frappez ce sein qui a donné des frères à mon époux. Déchirez mes membres, et mettez mon corps en pièces, puisque c'est moi qui ai mis au monde ces deux frères ennemis. Ne poserez-vous donc point les armes ? Faut-il vous le répéter ? Donnez-moi vos mains, donnez-les-moi tant qu'elles sont encore pures. Jusqu'ici l'égarement seul vous a rendus coupables. Votre crime a été celui du Destin qui nous poursuit. Mais, dès ce moment, vous devenez volontairement criminels : il dépend de vous de l'être ou de ne l'être pas. Si le devoir vous touche, réconciliez-vous à la voix de votre mère. Si le crime vous plaît, vous aurez un double forfait à commettre. Votre mère se jette entre vous deux. Renoncez donc à la guerre, ou brisez l'obstacle que j'oppose à votre fureur.

Dans ma perplexité maternelle, auquel des deux adresserai-je mes prières ? Lequel, malheureuse, dois-je presser le premier dans mes bras ? Une tendresse égale me porte à la fois vers tous les deux. L'un a été longtemps séparé de moi; mais, si votre accord fraternel subsiste, l'autre va maintenant s'éloigner à son tour. Suis-je condamnée à ne vous voir jamais réunis que pour assister à vos luttes fratricides ? Viens le premier dans mes bras, toi qui, éprouvé déjà par tant de peines et de maux, revois ta mère après un long exil. Approche : remets dans le fourreau ce glaive impie, enfonce dans la terre cette lance qui tremble entre tes mains, et qui voudrait s'en échapper. Ce bouclier empêcherait ton sein de se poser sur le sein de ta mère : dépose-le donc aussi. Dénoue ton casque pesant, dégage ta tête de ce terrible appareil des batailles, et livre ton visage aux baisers de ta mère. Pourquoi détourner tes yeux, et jeter des regards inquiets sur la main de ton frère ? Je te couvrirai tout entier de mes bras : on ne pourra verser ton sang qu'en répandant le mien. Pourquoi hésiter ? n'oses-tu donc te confier à ta mère ?

POLYNICE. — Oui, je n'ose. Les saintes lois de la nature n'ont plus de force. Après cet exemple donné par un frère, je dois me défier de sa mère même.

JOCASTE. — Reprends donc ton épée, renoue ton casque et rattache ton bouclier à ton bras gauche. Garde tes armes jusqu'à ce que ton frère ait jeté les siennes. C'est à toi de poser le glaive, toi la première cause de cette guerre. Si tu abhorres la paix, si la fureur des combats s'est emparée de toi, tu ne peux refuser du moins à ta mère un court armistice, le temps d'embrasser pour la première ou la dernière fois ce fils revenu de l’exil. Je vous demande la paix, écoutez-moi sans armes. Vous vous craignez l'un l'autre, moi je vous crains tous les deux, mais c'est pour chacun de vous. Étéocle, pourquoi refuser de remettre ton épée dans le fourreau ? Accepte plutôt avec joie un moment de trêve. Dans la guerre où vous vous lancez, il est plus heureux d'être vaincu que de vaincre. Est-ce que tu crains quelque piège de la part de ton frère? S'il faut absolument être perfide envers les siens, ou être victime de leurs perfidies, mieux vaut encore souffrir le crime que de le commettre. Mais ne crains rien : votre mère saura vous préserver l'un et l'autre de toute atteinte mutuelle. M'écoutez-vous enfin, ou faut-il que j'envie le sort de votre père? Suis-je venue pour empêcher un fratricide, ou pour le voir de plus près ? Étéocle a fait disparaître son épée ; il reste appuyé sur sa lance, et se repose sur ses armes plantées en terre.

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2e passage : Jocaste cherche à apaiser Polynice en lui recommandant l’exil, pendant qu’Étéocle affirme son gout immodéré du pouvoir (vers 620-664, traduction Greslou 1863).
[…] Va, mon fils, et pars pour une guerre où ton père et ta mère feront des vœux pour le succès de tes armes. Un trône souillé par un fratricide est pire que le plus triste exil. Songe aux maux de la guerre et à ses chances hasardeuses. Quand tu amènerais avec toi toutes les forces de la Grèce, quand tes bataillons inonderaient nos champs, l'issue des combats est toujours incertaine : elle dépend des caprices de Mars. L'épée égalise les adversaires les plus inégaux. L'espérance et la crainte se balancent au gré de l'aveugle Fortune. Le but que tu poursuis est douteux, le crime seul est assuré. Suppose que tous les dieux ont comblé tes désirs. Tes concitoyens ont fui devant toi, vaincus et dispersés. Leur ruine est complète, tes soldats couvrent les campagnes. Eh bien ! dans l'ivresse de la victoire, chargé des dépouilles de ton frère tombé sous tes coups, il te faudra briser tes palmes. Quel nom donneras-tu à une guerre où la joie du vainqueur devient un forfait exécrable? Malheureux ! ce frère que tu veux vaincre, tu pleureras sa défaite. Renonce donc à cette guerre fatale, dissipe les alarmes de ta patrie, sèche les pleurs de ta famille.
POLYNICE. — Eh quoi! mon frère dénaturé ne porterait point la peine de son parjure et de son crime?

JOCASTE. — Ne crains rien : il ne sera que trop cruellement puni.... Il régnera.

POLYNICE. — Est-ce là un châtiment ?

JOCASTE. — Si tu en doutes, crois-en du moins ton aïeul et ton père. C'est une vérité que Cadmus et sa famille t'apprendront. Nul ne s'est assis impunément sur le trône de Thèbes ; et pourtant, aucun de ses rois jusqu'ici n'a dû le sceptre au parjure. Tu peux, dès ce moment, mettre Étéocle parmi eux.

POLYNICE. — Je l'y mets sans doute, et c'est à ce prix que je veux régner moi-même.

ÉTÉOCLE. — Moi, je te mets au nombre des exilés.

POLYNICE. — Et toi, règne, mais avec la haine de tes sujets.

ÉTÉOCLE. — Redouter la haine, c'est renoncer au trône. La puissance et la haine sont deux choses que le créateur a mises ensemble sur la terre. La gloire d'un roi, c'est de dompter la haine. L'amour des sujets nuit à l'autorité du maître ; leur inimitié lui laisse plus de pouvoir. Quiconque veut être aimé ne porte le sceptre que d'une main faible.

POLYNICE. — Un pouvoir détesté n'est jamais durable.

ÉTÉOCLE. — Les rois m'enseigneront une meilleure politique Garde pour toi la science de l'exil. Pour le trône je sacrifierais ma patrie, mon palais, mon épouse, et les livrerais aux flammes. Quelque prix qu'on mette à l'empire, il n'est jamais trop acheté.




2e extrait. Autre pièce sur le même mythe, Œdipe suit les grands traits de l’Œdipe-Roi de Sophocle ; dans le passage suivant, Œdipe voit dans Créon un conspirateur et s’enfonce dans le despotisme (vers 660-708, traduction Greslou 1863). A noter qu’à la fin de la pièce Jocaste se suicidera par le fer sur la scène, après qu’Œdipe se sera crevé les yeux.
ŒDIPE. –. […] Tout ce que je craignais de faire, on m'accuse de l'avoir fait! Mérope, toujours unie à Polybe, repousse cet incestueux hymen. Polybe vivant me justifie du parricide qui m'est imputé. Mon père et ma mère m'absolvent de meurtre et d'inceste. De quoi pourrait-on encore m'accuser ? Thèbes pleurait la mort de Laïus longtemps avant que j'eusse touché le sol de la Béotie. Le devin s'est-il trompé ? ou Apollon veut-il accabler cette ville d'un nouveau malheur ? Non, non : je découvre les complices d'une adroite conspiration.

C'est une calomnie de Tirésias qui fait mentir les dieux pour faire passer mon sceptre dans vos mains.

CRÉON. – Moi, penser à détrôner ma sœur ? Quand la foi qui me lie à ma famille ne suffirait pas pour me retenir à ma place, j'aurais à craindre, au moins, les dangers d'une élévation entourée de soucis et d'alarmes. Tandis que vous le pouvez encore sans péril, c'est à vous de déposer volontairement un fardeau qui bientôt vous accablera. Une moindre fortune est pour vous plus sûre.

OEDIPE. – Quoi ! vous m'invitez à déposer le sceptre, comme trop pesant pour moi !

CRÉON. – C'est un conseil que je donnerais à des rois qui seraient libres de rester sur le trône ou d'en descendre. Mais vous, vous êtes forcé de subir les nécessités de votre rang.

OEDIPE. – Louer la médiocrité, vanter le repos et les délices d'une vie oisive, telle est la marche ordinaire d'un ambitieux qui veut régner. Ce calme apparent n'est souvent que le masque d'un esprit inquiet.

CRÉON. – Ma fidélité à toute épreuve ne répond-elle pas suffisamment à de tels reproches ?

OEDIPE. – La fidélité n'est pour les perfides qu'un moyen de nuire.

CRÉON. – Sans porter le poids de la royauté, je jouis de tous les avantages du rang suprême. Mes concitoyens s'empressent dans mon palais. Voisin du trône, je vois tous les jours leurs dons enrichir ma demeure. Meubles somptueux, table opulente, grâces obtenues par mon crédit, que manque-t-il à mon bonheur ?

OEDIPE. – Ce que vous n'avez pas. Jamais on ne se contente du second rang.

CRÉON. – Vous me condamnez donc comme coupable, sans m'entendre.

OEDIPE. – Moi-même, vous ai-je rendu compte de ma vie ? Tirésias a-t-il examiné ma cause ? Cependant il me déclare criminel. C'est un exemple que vous me donnez. Je veux le suivre.

CRÉON. – Et si je suis innocent ?

OEDIPE. – Pour les rois un soupçon vaut une certitude.

CRÉON. – S'effrayer ainsi sans sujet, c'est mériter de courir un danger réel.

OEDIPE. – Un coupable absous hait toujours celui qui lui a fait grâce.

CRÉON. – C'est ainsi qu'on s'attire la haine.

OEDIPE. – Un roi qui craint trop la haine ne sait pas régner. La crainte est le rempart des trônes.

CRÉON. – Le roi qui gouverne avec un sceptre de fer finit par redouter ceux qui le redoutent. La crainte retourne à celui qui l'inspire.

OEDIPE. – Arrêtez ce coupable, et renfermez-le dans une tour. Je rentre dans mon palais.


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3e extrait. Thyeste est connu pour la violence de certaines scènes illustrant la rivalité entre les deux frères Atrée et Thyeste, petits-fils de Tantale et fils de Pélops, dont les crimes successifs forment une partie de la légende des Atrides. De ce sujet, qui n’est pas traité dans les tragédies grecques que nous avons conservées, Sénèque retient les caractères des deux frères, notamment pendant la scène du repas où Atrée se venge de son frère en lui servant ses enfants à diner.
Mises en scène récentes :

http://www.ina.fr/art-et-culture/arts-du-spectacle/video/STC9502138067/jean-pierre-vincent-a-propos-de-thyeste-de-seneque.fr.html

http://www.fluctuat.net/scenes/chroniq/thyeste.htm


1er passage : Au début de la pièce, une Furie, Mégère, évoque l’ombre de Tantale pour annoncer les nouveaux crimes de ses descendants. Vers 23-67, traduction Greslou 1863.
MÉGÈRE. – Ombre abominable, va, souffle sur ton palais criminel la rage des Furies. Que tes descendants luttent de forfaits, et s'entr'égorgent avec le fer. Point de trêve à leur colère, point de remords qui l'arrête. Qu'une aveugle fureur égare leurs esprits. Que la rage des pères se prolonge, et que leurs crimes se transmettent à leurs fils. Qu'aucun d'eux n'ait le temps de se repentir d'un attentat, mais qu'il en commette chaque jour de nouveaux, et que la vengeance d'un forfait soit un forfait plus grand. Que ces frères orgueilleux tombent du trône pour y remonter de l'exil.

Que le destin de cette famille cruelle flotte indécis entre deux rois. Que le malheur succède à la puissance, la puissance au malheur, et que leur royaume soit en proie à de continuelles révolutions. Que chassés de leur pays pour leurs crimes, ils n'y reviennent, à l'aide des dieux, que pour rentrer dans le crime, et qu'ils soient aussi odieux à tout le monde qu'à eux-mêmes. Que leur fureur se croie tout permis. Que le frère tremble devant le frère, le père devant le fils, le fils devant le père. Que la mort des enfants soit affreuse, mais surtout leur naissance. Que la femme attente aux jours de son mari. Qu'ils portent la guerre au delà des mers. Que leur sang arrose tous les pays, et que la passion triomphante les porte à insulter les plus illustres chefs. Que l'adultère ne soit que la moindre tache de cette famille barbare. Périssent la confiance, l'amour, tous les droits de la fraternité !

Que le ciel même soit troublé par vos crimes. Pourquoi ces étoiles qui brillent à sa voûte, et ces flambeaux dont la lumière doit éclairer le monde ? Qu'une nuit affreuse les remplace, et que le jour s'éteigne. Bouleverse ton palais, évoque la haine, le meurtre, les funérailles; que le génie de Tantale remplisse toute sa maison. Qu'elle soit parée comme pour un jour de fête; que le seuil soit orné de lauriers verts; qu'on y allume un feu splendide pour célébrer dignement ton arrivée. Qu'on y renouvelle, mais avec plus de victimes, l'attentat de la Thrace. Pourquoi la main de cet oncle est-elle oisive ? Pourquoi Thyeste ne pleure-t-il pas déjà ses enfants? Quand va-t-on les retirer de la chaudière écumante ? Que leurs membres soient mis en pièces; que le foyer paternel soit souillé de leur sang. Qu'on dresse la table : tu iras prendre part à ce festin du crime ; il n'est pas nouveau pour toi. Je te donne un jour tout entier : pour ce repas, je permets à ta faim de se satisfaire. Sous tes yeux, on boira le sang mêlé avec le vin. J'ai imaginé un repas à te faire fuir toi-même.


2e passage : En discutant avec son fils Plisthènes Thyeste refuse encore de se réconcilier avec Atrée.

Vers 429-484, traduction Greslou 1863.
PLISTHÈNES. – Qui vous fait fuir, ô mon père, à l'aspect de la patrie ? Pourquoi vous refuser à tant de biens ? Votre frère abjure sa haine. Il revient à vous, il vous donne la moitié de son royaume, rassemble les membres d'une famille divisée, et vous rend à vous-même.

THYESTE. – Tu me demandes le motif de ma crainte : moi-même je l'ignore. Je ne vois rien qui doive m'effrayer, et je tremble pourtant. Je veux avancer : mes genoux se dérobent sous moi, et je me sens entraîné loin du but vers lequel je marche. C'est ainsi que la rame et le vent poussent un navire vers la haute mer, tandis que le flux, contrariant leurs efforts, le ramène vers le rivage.

PLISTHÈNES. – Surmontez ces vaines terreurs qui troublent votre esprit, et considérez quels biens vous attendent ici à votre arrivée. Ô mon père, vous pouvez être roi.

THYESTE. – Je puis aussi mourir.

PLISTHÈNES. – Mais le pouvoir est une belle chose.

THYESTE. – Ce n'est rien pour qui ne désire rien.

PLISTHÈNES. – Vous laisserez le trône à vos enfants.

THYESTE. – Un trône ne peut contenir deux rois.

PLISTHÈNES. – Peut-on rester misérable, quand on peut vivre heureux ?

THYESTE. – Crois-moi, mon fils, c'est notre ignorance qui nous fait aimer les grandeurs et craindre les revers. Au temps de mon élévation, je n'ai jamais cessé d'être dans les alarmes : je redoutais jusqu'au glaive pendu à ma ceinture. Quel bonheur de ne gêner l'ambition de personne, et de prendre un tranquille repas sur le gazon ! Le crime n'entre point dans les chaumières, et les mets servis sur une petite table ne cachent aucun piège.

C'est-dans l'or qu'on boit le poison. Je parle par expérience : la misère vaut mieux que la fortune. Une faible cité ne reçoit point d'ombrage d'une maison qui la domine du haut d'une montagne.

L'ivoire ne brille point à mes somptueux lambris, et nulle sentinelle ne protège mon sommeil. Je n'envoie point de flottes entières à la pêche, et je ne refoule point la mer par mes digues ambitieuses. Les tributs des nations ne viennent point s'engloutir dans l'abime de mon ventre. Je ne cherche point. à reculer au delà des Gètes et des Scythes la borne de mes champs. L'encens ne brûle point pour moi, et les autels de Jupiter ne sont point remplacés par les miens. Aucun bois ne se balance sur le toit de mes palais. Je ne possède point une foule d'étangs chauffés par la main des hommes. Je n'ajoute point le jour à la nuit pour le sommeil, ni la nuit au jour pour les débauches de table.

Mais aussi je vis sans crainte ; ma demeure est paisible, quoique sans armes, et la médiocrité m'assure un profond repos. C'est une richesse plus que royale, que de savoir se passer de la royauté.

PLISTHÈNES. – Il ne faut pourtant pas la refuser, si les dieux vous la donnent.

THYESTE. – Il ne faut pas la rechercher non plus.

PLISTHÈNES. – Votre frère vous appelle à partager son trône.

THYESTE. – S'il m'en prie, je dois craindre. Il y a là quelque piège.

PLISTHÈNES. – On voit souvent la tendresse fraternelle rentrer dans les coeurs, et ce sentiment légitime reprendre sa puissance.

THYESTE. – Atrée aimer Thyeste ! on verrait plutôt l'Ourse du pôle se plonger dans l'Océan, l'onde impétueuse du détroit de Sicile se calmer, les moissons mûrir sur les flots de la mer Ionienne, la nuit sombre éclairer la terre, l'eau s'unir au feu, la mort à la vie, le vent faire un traité de paix et d'alliance avec la mer.

PLISTHÈNES. – Cependant quelle perfidie pouvez-vous craindre ?

THYESTE. – Toutes. Quelle mesure veux-tu que je mette à mes craintes ? Sa puissance n'a pas d'autres bornes que sa haine.

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3e passage : trompé par le discours mielleux d’Atrée, Thyeste accepte son offre ; le chœur se laisse lui aussi tromper. Vers 508-576, traduction Greslou 1863.
ATRÉE. – J'ai du bonheur à te revoir, mon frère ; viens, que je te serre dans mes bras. Oublions nos haines passées. A partir de ce jour, n'écoutons plus que la voix du sang et de l'amitié fraternelle. Que tout sentiment coupable sorte à l'instant de nos coeurs.

THYESTE. – Si tu n'étais tel à mon égard, il me serait facile de prouver mon innocence. Mais j'aime mieux tout avouer. Je le confesse donc, Atrée, j'ai commis autant de crimes que tu m'en as imputé. Ta conduite actuelle rend ma cause mauvaise, et je dois avoir été réellement coupable pour avoir paru tel aux yeux d'un aussi bon frère. Je n'ai plus que mes larmes pour défense. Le premier tu me vois à tes pieds. Ces mains, qui n'ont jamais embrassé les genoux de personne, embrassent les tiens. Oublie tous tes ressentiments, et chasse de ton coeur tout désir de vengeance. Reçois ces fils innocents comme otages de ma foi.

ATRÉE. – N'embrasse pas mes genoux, mon frère; viens plutôt dans mes bras. Et vous, nombreux appuis de notre vieillesse, venez vous suspendre à mon cou. Quitte, mon frère, ces vêtements de deuil qui sont un reproche pour mes yeux; prends des habits semblables aux miens, et accepte avec joie la moitié de mon royaume. Mon plus beau titre de gloire, c'est de sauver un frère et de partager avec lui le trône paternel. Posséder une couronne, c'est l'effet du hasard ; la donner, c'est l'ouvrage de la vertu.

THYESTE. – Que les dieux, mon frère; te récompensent de tels bienfaits. Le diadème convient mal à mon infortune, et le sceptre à mes mains coupables. Laisse-moi me cacher dans la foule.

ATRÉE. – Il y a place pour deux sur mon trône.

THYESTE. – Je jouis de tes biens, mon frère, comme s'ils étaient à moi.

ATRÉE. – Peut-on se dérober aux faveurs de la fortune ?

THYESTE. – Oui, quand on sait combien elles nous échappent aisément.

ATRÉE. – Veux-tu me priver ainsi d'une gloire immense ?

THYESTE. – Ta gloire est assurée ; il me faut songer à la mienne. Je suis résolu à refuser le trône.

ATRÉE. – Si tu n'acceptes point ta part, je renonce à la mienne.

THYESTE, – Eh bien ! puisque tu me l'imposes, je porterai le titre de roi ; mais le droit et le pouvoir que tu m'accordes te seront toujours soumis, aussi bien que ma personne.

ATRÉE. – Que ton noble front se pare du bandeau royal. Je vais immoler aux dieux les victimes que je leur dois.

LE CHOEUR.

Qui le croirait ? cet homme si dur, si emporté, si violent, le cruel Atrée s'est senti désarmé à l'aspect de son frère. Rien n'est fort comme la voix du sang. Les haines étrangères sont implacables; mais les sentiments fraternels reprennent toujours leur empire. La haine, excitée par de graves motifs, avait rompu l'harmonie et appelé la guerre. Le pas des rapides coursiers avait déjà troublé nos campagnes. Dans les deux camps le glaive homicide avait brillé entre les mains furieuses de Mars, toujours avide de carnage. Soudain la voix du sang a étouffé le bruit des armes, réuni les deux frères, et les a conduits malgré eux à l'autel de la paix.

Quel dieu a opéré cette merveille ? Naguère encore Mycènes retentissait du bruit de la guerre civile. Les mères pâles pressaient leurs enfants contre leur sein. L'épouse tremblait pour son époux, ceint d'un glaive rouillé dans les loisirs de la paix, et qui ne servait qu'à regret une fureur impie. Ici on relevait des murs en ruine ; là on fortifiait des tours chancelantes; ailleurs on entourait les portes de grilles de fer. Il fallait faire une garde vigilante et passer des nuits inquiètes sur des créneaux. La crainte de la guerre était plus terrible que la guerre elle-même. Ces bruits menaçants sont enfin tombés. On n'entend plus retentir le fracas effrayant des clairons et des trompettes. Notre ville goûte les charmes de la paix.




4e passage : Atrée célèbre son ignoble vengeance. Vers 885-919, traduction Greslou 1863.
Je marche l'égal des dieux, je vois tous les hommes à mes pieds, et ma tête altière atteint jusqu'au ciel. C'est maintenant que je règne, c'est maintenant que le trône de mon père est à moi.

Les dieux ne me doivent plus rien : tous mes voeux sont remplis. Je suis content; c'est assez ; je ne demande pas davantage. Mais pourquoi serait-ce assez ? J'irai plus loin : j'accablerai le père de la mort de ses enfants. Pour m'épargner toute honte, le jour s'est retiré. A l'oeuvre donc, tandis que le ciel me seconde.

Que ne puis-je tenir tous les dieux qui ont fui devant moi pour les traîner ici, malgré eux, et leur faire contempler ce festin qu'a préparé ma vengeance ! Mais il suffit que Thyeste le voie.

En dépit du jour qui nous retire sa lumière, je dissiperai les ténèbres qui lui cachent l'excès de son malheur. Voilà trop longtemps qu'il est à table comme un paisible et joyeux convive.

C'est assez de mets, c'est assez de vin. Il ne faut pas qu'il soit ivre pour sentir sa misère. Esclaves, ouvrez les portes de ce palais comme pour un jour de fête. Il me tarde de contempler son visage à l'aspect des têtes de ses enfants, d'entendre ses premiers cris de douleur, de le voir immobile et glacé. Tel doit être le fruit de mon oeuvre. Ce n'est pas de ses souffrances que je veux être témoin, mais de leur commencement.

Le palais est ouvert et resplendit de mille feux. Thyeste est là, couché sur la pourpre et sur l'or. Sa tête, appesantie par le vin, s'appuie sur sa main gauche. Un hoquet… Oh ! je suis le plus grand des dieux et le roi des rois. Mes voeux sont dépassés.



Il est rassasié ; il boit dans une large coupe d'argent. N'épargne pas le vin : il reste encore assez de sang de mes trois victimes. Je le mêlerai avec un vin vieux pour en déguiser la couleur, et cette dernière coupe achèvera ton repas. Qu'il boive le sang de ses enfants ; il aurait bu le mien. Le voilà qui chante et se répand en paroles joyeuses : il n'a plus sa tête.
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4e extrait. Dans Les Troyennes Sénèque présente les lamentations de différentes femmes victimes de la cruauté de la guerre et des Grecs (traduction Nisard, 1855).
1e passage : Andromaque doit-elle livrer son fils ou laisser dévaster le tombeau d’Hector ?

(vers 642-706)
Andromaque a vu en songe Hector qui lui a conseillé de cacher Astyanax dans son propre tombeau. Mais Ulysse, méfiant, veut raser ce tombeau et disperser les cendres pour faire disparaitre toute trace d’Hector.
(ANDROMAQUE) (à part.) Que ferai-je ? Une double crainte partage mon âme : d'un côté, mon fils; de l'autre, la cendre d'un époux. Lequel doit l'emporter ? Cher Hector, j'en atteste les dieux cruels, et plus encore tes mânes, mes véritables dieux, je n'aime dans mon fils que toi seul. Qu'il vive, pour me rappeler les traits de mon époux. Quoi ! les cendres d'Hector seraient arrachées de son tombeau, ses restes dispersés sur la vaste étendue des mers ? Périsse plutôt son fils ! Ah! mère barbare ! pourras-tu le voir souffrir une mort si cruelle, tomber en roulant du haut d'une tour ? Oui, je le pourrai, j'en aurai le courage, pourvu que mon époux mort ne soit pas outragé par la main du vainqueur. Que dis-je ? mon fils sentira toutes les angoisses de la mort ; le trépas a rendu l'autre insensible. Cruelle incertitude ! Prenons un parti. A qui des deux ferai-je grâce ? Ingrate, tu balances ? Et c'est ton Hector ? Que dis-tu ? des deux côtés est un Hector ; mais l'un est vivant, et peut-être un jour vengera son père. Je ne puis les sauver tous deux. Que faire ? Sauvons celui que redoutent les Grecs.

(ULYSSE) C'en est fait, j'obéis à l'oracle ; je détruis ce tombeau.

(ANDROMAQUE) Ce tombeau que vous nous avez vendu1 !

(ULYSSE) Que m'importe ? je le renverserai de fond en comble.

(ANDROMAQUE) J'en appelle aux dieux, j'en appelle à l'ombre d'Achille. Pyrrhus, défendez le bienfait2 de votre père.

(ULYSSE) Ce tombeau va couvrir la terre de ses débris.

(ANDROMAQUE) C'est le seul crime que les Grecs n'eussent pas encore tenté. Vous avez outragé les temples, ceux même des dieux qui vous sont propices. Votre fureur avait épargné les tombeaux. Mais je m'opposerai à vos efforts ; ma faible main bravera vos armes ; un juste courroux me donnera des forces. Telle cette vaillante Amazone qui terrassa les bataillons argiens3, ou qu’une Ménade4, possédée d'une fureur divine, parcourt à grands pas les forêts épouvantées et hors d'elle-même frappe et blesse sans le savoir, je m'élancerai au milieu des soldats, et je périrai du moins en défendant les cendres de mon époux.

(ULYSSE) (aux soldats.) Vous hésitez ? Qui vous arrête ? Les gémissements et la fureur impuissante d'une femme ? Obéissez.

(ANDROMAQUE) Que vos coups tombent d'abord sur moi. Ils me repoussent. Brise les liens de la mort, entrouvre la terre, cher Hector, pour dompter Ulysse. Ton ombre suffira. Il a saisi ses armes ; il lance des feux. Ô Grecs, ne voyez-vous pas Hector ? ou suis-je la seule qui le voie ?

(ULYSSE) (à un soldat.) Détruis-le jusque dans ses fondements.

(ANDROMAQUE) (à part.) Que fais-tu, insensée ? Tu enveloppes dans la même ruine ton fils et ton époux. Peut-être pourras-tu fléchir les Grecs par tes prières ! L'infortuné serait écrasé sous les débris de ce vaste monument ! Qu'il périsse de toute autre manière, plutôt que d'être la victime d'un père mort, plutôt que de peser lui-même sur la cendre paternelle. (A Ulysse) Ulysse, je tombe à vos pieds ; Andromaque, qui n'a jamais imploré personne, embrasse vos genoux. Prenez pitié d'une mère ; écoutez ses prières avec douceur, avec patience. Plus les dieux vous ont élevé, moins vous devez accabler les malheureux. Ce qu'on leur accorde, on le donne à la fortune. Ainsi puisse vous recevoir la couche de votre chaste épouse ! Puissent les jours de Laërte5 se prolonger jusqu'à votre retour ! Que votre fils vous reçoive dans votre palais ! Puisse-t-il enfin, allant même au delà de vos voeux, passer en âge son aïeul, et son père en sagesse. Ayez pitié d'une mère. C'est ma seule consolation dans mes malheurs.

(ULYSSE) Livrez-moi votre fils, et vous me prierez après.

(ANDROMAQUE) Sors de ta retraite, viens, déplorable enfant, que ta mère n'a pu sauver.
On notera l’évolution du personnage d’Andromaque dans ce passage : d’abord le dilemme et la délibération, puis les menaces guerrières, enfin la position de suppliante.

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2e passage : la mort d’Astyanax (vers 1068-1117)
Un messager vient annoncer et décrire les crimes exigés et accomplis par les Grecs : la mort successive d’Astyanax et celle de Polyxène, la toute jeune fille de Priam qui est immolée aux mânes d’Achille.
(MESSAGER) (à Hécube) Votre fille a été immolée, (à Andromaque) votre fils, précipité du haut du rempart. Mais l'un et l'autre ont souffert la mort avec courage.

(ANDROMAQUE) Retracez-nous le détail funeste de ce double forfait. Une âme affligée se complaît dans tout ce qui peut nourrir sa douleur. Parlez donc, et n'omettez aucune circonstance.

(MESSAGER) Il ne reste plus de la ville superbe de Troie que cette tour au sommet de laquelle Priam se rendait d'ordinaire ; de là ce prince, placé derrière les créneaux, observait les combats et dirigeait les mouvements de ses troupes, tenant son petit-fils entre ses bras, et lui montrant Hector qui, le fer et la flamme à la main, poursuivait les Grecs effrayés. Ce vieillard faisait admirer au jeune enfant les exploits de son père. Cette tour, autrefois remarquable entre toutes, et qui faisait l'ornement de nos murailles, est maintenant un rocher cruel, autour duquel s'assemblent en foule les chefs et les soldats. Tous ont quitté leurs vaisseaux ; les uns couvrent une vaste colline, d'où la vue s'étend au loin dans la plaine ; les autres, quoique placés au sommet d'une roche, se dressent encore sur la pointe du pied ; d'autres montent sur les pins, les lauriers, les hêtres, qui tremblent sous le poids dont leur cime est chargée. Ceux-ci gravissent le sommet escarpé d'une montagne : ceux-là se tiennent sur quelque reste de maison à demi consumée ; d'autres saisissent les pierres saillantes de nos murs en ruines ; quelques-uns même, ô sacrilège ! assis sur le tombeau d'Hector, contemplent le spectacle barbare. A travers cet espace rempli de spectateurs, on vit s'avancer fièrement le roi d'Ithaque1, tenant de la main droite le petit-fils de Priam. L'enfant le suit d'un pas assuré jusqu'au haut des remparts. Arrivé devant la tour, il promène autour de lui ses regards intrépides, sans éprouver le moindre effroi. Tel un lionceau, trop jeune et trop faible encore pour s'élancer sur sa proie, a déjà cependant un air menaçant, essaye de mordre, et montre en lui toute la fierté du roi des forêts ; ainsi Astyanax, même entre les mains de son ennemi, excitait l'admiration des soldats, des chefs, d'Ulysse lui-même. Objet des pleurs d'une si grande multitude, lui seul ne pleure pas ; et tandis qu'Ulysse, instruit par le devin, répétait les prières et les paroles sacrées et suppliait les dieux cruels d'accepter ce sacrifice, l'enfant se précipite de lui-même au milieu royaume de Priam.

(ANDROMAQUE) Jamais l'habitant de la Colchide ou le Scythe2 vagabond, jamais ces peuplades sauvages répandues autour de la mer Caspienne, poussèrent-ils si loin la cruauté ? Non, le farouche Busiris3 lui-même n'immola jamais sur ses autels une si tendre victime, et Diomède4 ne fit jamais dévorer par ses chevaux cruels les membres d'un enfant. Ô mon fils, qui ensevelira ton corps et le confiera au tombeau ?

(MESSAGER) Après cette chute, que peut-il rester de votre fils ? Ses membres brisés sont épars çà et là. L'éclat de sa beauté, les grâces de son visage, ces traits nobles qui rappelaient son père, tout a été détruit, lorsqu'il est tombé si pesamment sur la terre. Sa tête s'est brisée contre le roc, et les débris sanglants en ont jailli de toutes parts. II n'est plus, hélas ! qu'un corps défiguré.

(ANDROMAQUE) C'est encore par là qu'il ressemble à son père.

Un bon exemple d’hypotypose ! La tragédie de Sénèque ne recule pas devant les descriptions les plus détaillées de l’horreur.

Dossier plus complet sur Andromaque dans la partie « tragédie grecque ».


Une mise en scène moderne d’une autre pièce de Sénèque, Agamemnon :

http://crdp.ac-paris.fr/piece-demontee/piece/index.php?id=agamemnon

Masque tragique : mosaïque du théâtre de Vienne


Source : Théâtre de Vienne

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