Le chevalier d'origine grecque, Pompeius Macer, était-il un poète latin ?



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Le chevalier d'origine grecque, Pompeius Macer, était-il un poète latin ?
De l’ignorance réciproque des poètes latins augustéens et des poètes grecs contemporains

III.d.




Dominique VOISIN

Université de Nice – CTEL


Le chevalier d’origine grecque,
Pompeius Macer, était-il un poète latin ?
De l’ignorance réciproque des poètes latins augustéens
et des poètes grecs contemporains

A la fin du premier siècle avant J.-C. et au début du premier siècle de notre ère apparaît un cognomen, chez deux poètes bien connus, Tibulle, Ovide1. Ce cognomen figure également chez des historiens qui ont rendu compte de cette période, Strabon, Tacite, Suétone. Ce cognomen est celui de Macer (le « maigre » en latin, l’ « allongé » ou le « grand » en grec). Chez Tibulle ou Ovide, c’est comme poète latin que ce Macer est célébré. Les historiens, eux, rendent compte de ses activités administratives et politiques. Avons-nous affaire à un homme universel, à la fois homme politique et écrivain brillant, situation qui peut se produire à cette époque ? Ainsi, le général césarien, Asinius Pollion, avait, selon Virgile, écrit des tragédies dignes de Sophocle, avant de consacrer sa retraite politique à la rédaction d’une histoire des guerres civiles célébrée, elle, par Horace. Toutefois, il faudrait reconnaître à ce Pompeius Macer un goût prodigieux pour la langue latine puisqu'il aurait composé la plus grande partie de son oeuvre en latin, ce qui est extrêmement rare chez les écrivains contemporains d'origine grecque comme il l'était.

A ce puzzle historico-littéraire, nous pouvons ajouter d'autres pièces annexes livrées par les inscriptions ou les auteurs d’anthologie: il existe un Pompeius Macer, maître d'un esclave brûlé aux environs de Rome (ILS, 7391); un [?...] us Macer figurant sur une pièce de monnaie de Priène2; un C. ou Cn. Pompeius honoré dans cette même ville comme ὓπαρχος d'Auguste3; un Pompeius iunior auteur de deux épigrammes grecques, l'une (A.P. 7, 219) qui évoque Laïs, les banquets, les rivalités des jeunes gens, les disputes des amants, leur lampe complice, et l'autre (A.P. 9, 28) qui oppose la ruine présente de Mycènes à son éternel renom chez Homère; enfin, un Pompeius Macer auteur, selon Stobée (Florilegium 78, 7), d'une tragédie de Médée.

Qui voudrait faire coïncider tous ces témoignages verrait émerger un Macer tout à fait extraordinaire, à la fois homme politique et écrivain, poète de langue grecque aussi bien que de langue latine. Est-ce bien raisonnable ?

Examinons donc d’abord les témoignages des historiens avant de les comparer à ceux des poètes.

1.Le Macer des historiens

1.1. Le témoignage de Strabon


Strabon (13, 2, 3) nous permet d’identifier l’origine de Macer :

« L'historien Théophane était également un homme d'État; il devint l'ami de Pompée le Grand, surtout en raison de ses capacités et il lui apporta une aide efficace dans la réalisation de tous ses desseins. C'est pourquoi il enrichit sa patrie, grâce à Pompée ainsi que par ses ressources personnelles et il se rendit le plus célèbre de tous les Grecs. Il laissa un fils, Marcus Pompeius que César Auguste nomma procurateur en Asie et qui, maintenant, est compté parmi les premiers amis de Tibère. » [T.P.]4

Le père est l'agent et l’historiographe grec de Pompée, Théophane de Mytilène. Il acquit la citoyenneté romaine grâce à Pompée et portait donc le nom de Cnaeus Pompeius Theophanes. Son fils s'appelle Marcus Pompeius. Certes, il porte un praenomen rarement employé dans la famille Pompeia ; en revanche, cette appellation est très fréquente dans les inscriptions de Mytilène5 ; rien n’empêche d’imaginer que Théophane ait adopté un Marcus Pompeius originaire de Mytilène; il avait déjà pratiqué l'adoption puisqu'il avait reconnu pour fils l'homme d'affaires espagnol césarien Cornelius Balbus (Cic. Balb., 57). Ce dernier point prouve que Théophane avait su se ménager des alliances dans le camp césarien. Par conséquent, son fils, Marcus Pompeius, a pu poursuivre son ascension politique et mener, sous le principat d’Auguste, une carrière équestre tout à fait honorable puisqu’il fut procurateur en Asie en 20 av. J.-C.6 : cette charge technique essentiellement financière était en effet réservée aux chevaliers, hommes de confiance de l’administration nouvelle.

1.2.Les témoignages de Tacite


Grâce aux témoignages de Tacite (An. 1, 72, 3 et 6, 18, 2) nous pouvons suivre l’ascension de cette famille d’origine grecque. Il s’agit d’abord de la lex maiestatis remise en vigueur par Tibère:

« Puis Tibère, consulté par le préteur Pompeius Macer sur la recevabilité des accusations pour lèse-majesté, répondit que les lois devaient être appliquées. »

Une inscription (ILS, 9349) permet d’identifier ce préteur : il s’agit de Quintus Pompeius Macer, préteur en 15 ap. J.-C. La famille a abandonné son surnom signalant son origine grecque et a adopté un cognomen romain Macer, pratique qui est confirmée par d’autres témoignages. Le petit-fils de Théophane de Mytilène, le fils du chevalier romain, profitant des liens d’amitié de son père avec Tibère et s’appliquant à les conserver, est devenu préteur en 15 ; il a donc commencé une carrière sénatoriale. Nous devons en conséquence faire naître ce préteur vers 15 av. J.-C.

L’information suivante est un exemple de la longue liste des atrocités déroulées par l’historien. Cela se passe dans les dernières années du principat de Tibère, nous sommes en 33 ap. J.-C.:

« L'exil est même prononcé contre Pompeia Macrina, dont le mari, Argolicus, et le beau-père, Laco, deux des premiers personnages d'Achaïe, avaient été frappés par César. Son père, aussi, un chevalier romain de premier rang, et son frère, ancien préteur, sentant leur condamnation imminente, se donnèrent eux-mêmes la mort; on leur avait fait grief de l'intimité qui avait uni leur bisaïeul, Théophane de Mytilène, avec Cn. le Grand et des honneurs divins qu'avait décernés à Théophane défunt l'adulation des Grecs. »

Pour que ce dernier extrait de Tacite soit en accord avec les textes précédents, il faut corriger le bisaïeul en aïeul, soit le proauum latin en auum. C’est ce que propose R. Syme7, qui se fonde sur d’autres erreurs du même type chez l’historien. Nous constatons que les Pompeii Macri semblent respecter l'usage de l'aristocratie hellène romanisée du premier siècle après J.-C. consistant à se marier avec des notables grecs : la fille de Pompeius Macer a épousé une personnalité éminente d'Achaïe ; nous savons par un monnayage de Lesbos que l'épouse de Théophane, le grand-père, était grecque également8.


1.3.Le témoignage de Suétone


Le dernier témoignage historique, celui de Suétone (Caes. 66, 7), donne une information supplémentaire sur un Pompeius Macer :

« On cite également certains ouvrages écrits par lui dès sa prime jeunesse, par exemple un Eloge d'Hercule, une tragédie, Oedipe, ainsi qu'un Recueil de mots remarquables; mais Auguste défendit de livrer au public ces divers opuscules par une lettre tout à fait courte et pleine de simplicité adressée à Pompeius Macer qu'il avait chargé d'organiser les bibliothèques. » [T.P.]



Le Pompeius Macer de Suétone n'est pas un « petit Grec » à qui fut confiée la fonction subalterne d'administrateur des bibliothèques: administrer une bibliothèque se dit en latin bibliothecae praeesse ou supra bibliothecam esse: telles furent les fonctions de l’affranchi Caius Iulius Hyginus mentionné par Suétone dans ses biographies des grammairiens et des rhéteurs9. Notre Pompeius Macer devait plutôt accomplir la tâche préliminaire de sélectionner, de regrouper, de cataloguer les oeuvres destinées à figurer dans les nouvelles bibliothèques, grecque et latine, du temple d'Apollon Palatin, ce qui se dit ordinare, comparare, digerere. C'est le travail que l'illustre Varron, à la fois préteur, légat, ami de Pompée et encyclopédiste distingué, avait commencé pour César10. Un aristocrate grec ne pouvait donc considérer cette tâche comme infamante. Elle exigeait une grande culture: il serait donc tentant de voir dans le Pompeius Macer de Suétone un fils de Théophane de Mytilène, lui aussi ami de Pompée et, par voie de conséquence, en relation également avec Varron qui ne disparut qu'en 27 av. J.-C., ce qui laissa largement le temps au fils de Théophane de connaître le Réatin et de s'intéresser à ses travaux ponctuels d'archiviste. La désignation de Pompeius Macer pour effectuer la tâche préliminaire en question doit donc avoir eu lieu au moment de la création des deux parties de la bibliothèque palatine (inaugurée le 9 octobre 28 av. J.-C.)11. Rien ne s'oppose à ce que l'on voie, dans cet érudit, l'auteur de deux épigrammes et d'une tragédie grecque. Il pourrait être également le procurateur en Asie d'Auguste12 et l'intime de Tibère mentionné par Strabon ; l’on connaît bien en effet l’intérêt de Tibère pour les lettrés grecs. Les fonctions financières ne sont pas incompatibles avec le goût des lettres. Nous en avons un exemple : d’après R. Syme13, le riche Cordouan Lucius Annaeus Seneca, le père du philosophe, a occupé de telles fonctions : né entre 55-54 av. J.C, parti d'Espagne en 40, revenu vers 13 av. J.-C., il avait environ 40 ans lorsqu'il exerça la tâche de procurateur équestre. Une certaine maturité étant nécessaire dans les deux tâches qui furent confiées à Pompeius Macer, nous pouvons supposer que le fils de Théophane, organisateur de la bibliothèque palatine vers 28 av. J.-C., procurateur équestre d'Auguste en 20 av. J.-C., ami de Tibère et écrivain de langue grecque, est né au plus tard vers 55 av. J.-C. : il aurait donc au moins 7 ans de plus que Tibulle et 12 ans de plus qu'Ovide, ce qui n’interdit pas, a priori, de le confondre avec le Macer mentionnés par ces poètes. C’est ce que nous allons examiner à présent.

2.Le Macer des poètes

2.1.Un Macer bien identifié: Aemilius Macer, le poète véronais


Réglons rapidement d’abord le sort du poète véronais Aemilius Macer que son nom interdit d’identifier avec le chevalier Pompeius Macer. Ce poète didactique fut l’ami de Virgile, ainsi qu’en témoignent les scholiastes14. Il se cache peut-être sous le pseudonyme de Mopsus ou de Mœris dans les Bucoliques. Ovide l’a rencontré à Rome entre 26 et 20 et il l’a écouté avec admiration lire ses vers ainsi qu’il le note dans l’élégie biographique bien connue du recueil des Tristes :

« Souvent, Macer, l’aîné, m'a lu ses oiseaux, les serpents dangereux et les herbes bienfaisantes… »

(Tristes 4, 10, 43-44 )

Nous reconnaissons dans ces deux vers le titre des deux ouvrages d’Aemilius Macer dont il ne subsiste que 16 fragments : une Origine des oiseaux et des Remèdes contre les morsures d’animaux imités de Nicandre de Colophon (2ème s. av. J.-C.). La mention « Macer l’aîné » permet de distinguer ce poète, mort en 16 av. J.-C., d’un autre Macer, plus jeune donc, cité par Ovide dans son recueil des Amours. Mais comme toute l’élégie d’Ovide semble une réponse à une élégie antérieure du poète Tibulle, il nous faut commencer par lire celle-ci pour comprendre celle-là. Voici donc les dix premiers vers de l’élégie tibullienne 2, 6 de laquelle nous nous sommes amusée à proposer une interprétation versifiée :


2.2.Le Macer de Tibulle 


« Macer s'en va-t-en guerre, il va suivre les camps.
Qu'adviendra-t-il à l'Amour tendre?

Qu'il soit son compagnon et courageusement


Laisse à son cou ses armes pendre?

A son côté voudra-t-il être avec ses traits


Pour peu qu'un long chemin ou les flots agités
Conduisent le héros guerrier?

Sous tes aigles rappelle un transfuge en service,


Je t'en prie: ce féroce a quitté tes délices,
Enfant, que tes feux le saisissent!

Tibulle aussi, si tu épargnes la milice,


Sera soldat, un soldat qui lui-même puisse
Porter dans son casque l'eau lisse.

Je fuis aux camps. Adieu Vénus, adieu coquettes,


Moi aussi j'ai de la vigueur, et la trompette
Pour moi aussi a été faite. » [T.P.]

La tentation et le refus de l’épopée constituent un motif obligé de la poésie élégiaque ou lyrique augustéenne : Tibulle, Properce, Ovide et Horace l’ont constamment utilisé. Ici, Tibulle reproche au poète Macer d'avoir trahi l'Amour et sa poésie pour l'épopée guerrière et menace Macer de la vengeance du dieu Amour. Lui aussi, Tibulle, serait tenté par la poésie épique, ce qui lui permettrait d’échapper aux souffrances amoureuses; mais la suite du poème montre l’élégiaque prisonnier de sa dura puella, c’est-à-dire fidèle au choix poétique de l’élégie15.


2.3.Le Macer d’Ovide


Même situation chez Ovide, qui semble poursuivre ce badinage, puisqu'on voit Macer, poète épique, faire une place à l'Amour au milieu des combats, comme s'il subissait l'effet de la menace de Tibulle, tandis qu'Ovide, lui, est obligé d'abandonner ses velléités épiques et sa tragédie commencée.

« Pendant que tu chantes dans tes vers les événements jusqu’à la colère d’Achille et que tu revêts des premières armes les guerriers liés par leur serment, moi, Macer, je me repose dans mon cabinet avec l’indolente Vénus, et mon effort vers les grands sujets est brisé par le tendre Amour… Cependant j’ai pris le sceptre ; à force de soin notre tragédie avançait et personne n’avait plus d’aptitude que moi pour ce genre. L’Amour s’est mis à rire de mon long manteau de scène, de mes cothurnes peints, du sceptre pris si vite par ma main de poète de la vie privée. cette fois encore l’ascendant d’une maîtresse tyrannique m’a détourné de mon œuvre et l’amour triomphe du chantre inspiré et de son cothurne… Toi aussi Macer, quand la chose est possible dans un poème épique, au milieu des combats, tu n’es pas sans faire une place à l’Amour aux ailes d’or. Dans tes vers figurent Pâris, avec son amante, que sa faute a rendue si célèbre, et aussi Laodamie, qui accompagna son époux dans la mort. Si je te connais bien, tu traites ses sujets aussi volontiers que les guerres, et de ton camp tu passes dans le mien. » (Amours 2, 18, 1 - 4, 13 – 18, 35 – 40).

Auteur épique d'Antehomerica dans les Amours, Macer a sans doute continué dans la même veine puisqu'il est célébré pour ses Posthomerica dans la Pontique 2, 10 qui lui est adressée («Tu chantes la suite de l’éternel Homère pour mettre la dernière main à la guerre de Troie » vers 13 – 14) et définitivement qualifié d'Iliacus au vers 6 du catalogue des poètes contemporains de la Pontique 4, 16.

Nous pouvons donc considérer comme acquis que le Macer de Tibulle est le même que le Macer d’Ovide. Il s’agit d’un poète qui s’est illustré dans le genre à la mode de l’époque augustéenne, l’épopée ; malheureusement, les oeuvres épiques augustéennes, excepté l’Enéide, ont connu un naufrage comparable à celui des tragédies républicaines et nous n’en possédons que de rares fragments ; notre Macer a cherché à renouveler le genre épique à la fois par le choix d’épisodes moins connus situés avant ou après le fameux siège de Troie et par la contamination élégiaque puisque les épisodes amoureux tiennent apparemment une grande place dans ses poèmes.


3.Confrontation des témoignages d’Ovide et de ceux des historiens

3.1.La question de l’âge


Dans la Pontique 2, 10, Ovide, relégué depuis plus de 4 ans sur les rives du Pont, invoque trois puissants motifs pour inviter Macer à lui témoigner quelque sollicitude, motifs qui vont nous permettre de cerner davantage ce personnage. D'abord, ils furent pendant longtemps unis par les liens du conuictus (vers 9), ce qui laisse supposer que cette amitié remonte au moins à leur première jeunesse; Horace, dans un contexte comparable des Satires 1, 4, 96-97 cite un Capitolinus que les liens du conuictus ont attaché à son ami depuis l’enfance16. Ovide rappelle aux vers 21-42 le voyage qu’il fit en compagnie de Macer en Asie et en Sicile, voyage-symbole de leur conuictus, pendant lequel alternaient les entretiens littéraires et les affaires sérieuses :

« Sous ta conduite j’ai visité les villes magnifiques d’Asie, sous ta conduite j’ai visité la Trinacrie… J’ai passé là une grande partie du cours d’une année… Et ce n’est qu’une petite partie de ce que nous avons vu tous deux dans ces voyages que tu me rendais si agréables…Souvent l’échange de propos nous fit paraître la route brève, et nos paroles, à les compter, furent plus nombreuses que nos pas ; souvent le jour dura moins que nos causeries et les lentes heures d’été ne suffirent pas à nos entretiens. C’est quelque chose que d’avoir tantôt traité ensemble d’affaires sérieuses, tantôt au contraire de pouvoir rappeler des amusements dont nous n’avons pas à rougir. »

Il serait vraisemblable d'identifier ce séjour à l'étranger avec celui que rappelle le poète en Tristes 1, 2, 77-78:

« Je ne me rends pas à Athènes, comme autrefois pour étudier, ni dans les villes d’Asie, ni dans des lieux autrefois visités »

et donc de le situer dans les années 25-20 av. J.-C. L'épître autobiographique des Tristes (IV, 10) ne mentionne pas ce voyage mais signale qu'après la mort de son frère, en 24 av. J.-C., le jeune Ovide (il a 19 ans) est entré dans la carrière parmi les tresuiri (vers 33-34), carrière des honneurs qu’il a aussitôt abandonnée pour se consacrer totalement à la poésie après ces premières fonctions administratives.

Déjà apparaissent quelques difficultés, si l’on veut faire coïncider le Macer d’Ovide avec le chevalier Pompeius Macer. D’abord, l’âge : Macer étant un conuictor d'Ovide, c’est-à-dire un ami d’enfance, il est difficile de voir en lui le procurateur d'Asie Pompeius Macer chargé de la réorganisation financière de la province en 20 av. J.-C. et donc, rappelons-le, né vers 55 av. J.-C. Certes, la formule sous ta conduite qui revient deux fois et l'expression ces voyages que tu me rendais si agréables au vers 32 suggèrent une légère supériorité de Macer. Mais était-ce celle de l'âge ou celle du talent? Le Macer célébré par Tibulle était sans doute, dès 25, un poète reconnu chez le puissant Messalla Corvinus et a pu jouer le rôle de mentor d’Ovide en poésie en même temps qu’il l’introduisait dans cette prestigieuse domus aristocratique. Ensuite, à quel titre Ovide aurait-il pu participer aux occupations administratives de Pompeius Macer, ces affaires sérieuses désignées au vers 41? Certes, il pouvait faire partie des tresuiri monetales qui appartenaient au vigintivirat et, à ce titre, participer aux charges financières d’un procurateur équestre. En revanche, comme Ovide signale que Macer et lui sont restés presque un an en Sicile (au vers 29), ce séjour ne paraît pas compatible avec une mission de procurateur équestre (d'une durée générale de trois ans) et on ne voit pas quelles autres fonctions aurait pu remplir le chevalier Pompeius Macer en Sicile, puisque cette dernière était une province sénatoriale.


3.2.La question de la parenté


La deuxième raison d'espérer la sollicitude de Macer est sa parenté par alliance avec le poète: « mon épouse ne t’est pas étrangère » dit-il au vers 10. L'absence de précision laisse penser qu'il s'agit de la troisième femme d'Ovide, ce que suggère d'ailleurs le présent est. Et voici que surgit un nouvel obstacle à l’identification des deux Macer. En effet, l'épouse d'Ovide a vraisemblablement pour oncle maternel un notable romain de Fundi : « Ce que fut Castor pour Hermione, Hector pour Iule, je me réjouis que tu le sois pour ma femme », telle est la louange épique qu’Ovide décerne à ce personnage auquel est adressée la Pontique 2, 11, lettre qui succède justement à l'épître dédiée à Macer. L’épouse d’Ovide est par ailleurs parente de Marcia, la cousine d'Auguste17. Or, les Pompeii Macri, semble-t-il, respectent l'usage de l'aristocratie hellène romanisée du premier siècle après J.-C. et se marient avec des notables grecs, ainsi que nous l’avons déjà constaté ; il est donc difficile de croire à la parenté de l’épouse d’Ovide avec la famille des Pompeii Macri

3.3.L’absence de demande d’intervention politique


Après avoir invoqué les liens sociaux traditionnels qui l'unissent à Macer, Ovide présente enfin le troisième motif justifiant la permanence de leurs relations: leurs goûts pour la littérature et la communauté sacrée du culte des Muses, quel que soit le genre choisi par chacun d’eux. Par delà les longues années, Ovide renoue alors avec l'opposition, bien connue des lecteurs des Amours, entre poésie épique et poésie élégiaque. Ce même thème est renouvelé en fonction de la relégation d'Ovide: à l'Art d'aimer responsable de l’exil d’Ovide s'opposent les Posthomerica de Macer. La métaphore du chemin poétique des vers 17-18 (« les poètes sont unis dans un même culte, bien que chacun de nous suive un chemin différent ») permet également d'introduire habilement le souvenir du voyage commun d'autrefois et de confronter le passé partagé, que ce soit sur le plan de la littérature ou de la vie réelle, au présent de la séparation. Ainsi, au temps des Amours, Macer, bien qu'il fût un poète épique, rejoignait souvent le « camp » d'Ovide et chantait les amours de Laodamie. Mais ce dialogue littéraire a dû continuer : la description plus détaillée de la Sicile aux vers 23-28 de notre épître rappelle l'utilisation poétique qu’Ovide a fait de ses souvenirs de voyage dans les Métamorphoses (V, 405-406; 409-437; 487-508; 572-641). Et il est fort probable que Macer ait évoqué ces mêmes lieux dans ses épopées homériques. Hélas, désormais, au temps des Pontiques, ils ne font plus route ensemble: Ovide demeure chez les Gètes, Macer à Rome. Et pourtant le poète élégiaque est resté fidèle en amitié par sa poésie: en insérant les souvenirs du voyage commun dans une épître-poème, en recréant au présent, par la grâce de l'imagination, les conversations du passé, « je m’entretiens souvent avec toi sous le pôle glacé », dit-il au vers 48, il fait venir Macer dans son camp. Ce qu'il demande en échange, c'est un munus, un présent littéraire comparable: à Macer de se souvenir, d'entraîner à son tour Ovide dans son propre camp, à Rome, c'est-à-dire d'évoquer Ovide dans ses poèmes et de renouer le dialogue des Amours :

« Rends-moi la pareille et, puisque ta contrée est plus heureuse, garde-moi là-bas toujours dans ton cœur qui ne m’oublie pas ».

Certes, cette présentation pourrait être destinée à inciter implicitement Macer à solliciter pour Ovide la fin de son exil à Tomes. Or, rien n'est dit de la situation politique et sociale du poète épique, chose fort étrange, quand on connaît les demandes d’intervention qu’Ovide adresse sans cesse à tous ses amis lettrés bien en cour. Et le chevalier Pompeius Macer, intime de Tibère, aurait dû être sollicité à ce titre comme l’ont été les fils de Messalla Corvinus, Messallinus et Aurelius Cotta, le légat questorien d’Illyrie C. Vibius Rufinus et les deux frères Pomponii, C. Graecinus et L. Flaccus. Ainsi, l’absence de demande d'intercession politique et même de toute allusion sociale ou politique dans la Pontique 2, 10 constitue le dernier obstacle qui nous interdit de confondre le Macer des poètes et celui des historiens.

Et pourtant le chevalier Pompeius Macer était un lettré, vraisemblablement un écrivain de langue grecque. Pourquoi ce silence des poètes latins contemporains à son égard?


4.De l’ignorance réciproque des poètes latins augustéens et des lettrés grecs contemporains

4.1.Absence quasi totale de mentions de poètes grecs chez les poètes latins


De manière générale, nous pouvons remarquer que les poètes latins s'intéressent fort peu aux lettrés étrangers, grammatici, historiens, géographes, philosophes, qui font partie de la domus de leur puissant dédicataire. Ils font encore moins de cas des artistes, sculpteurs, peintres, architectes. Cette indifférence est réciproque: aucun lettré grec de cette période ne mentionne les grands auteurs latins contemporains, à l'exception de l'ami de Denys d’Halicarnasse, Caecilius de Calé-Acté : encore compare-t-il Cicéron, l’orateur et l’homme d’Etat de la fin de la république, à Démosthène. Ainsi, Properce ne cite aucun lettré grec de l'entourage de Mécène. Virgile ne nomme jamais Caecilius Epirota ni Parthénios, qui furent des familiers de Cornelius Gallus, pas plus qu'il ne cite Philodème que fréquentèrent également ses amis Varius, Quintilius et Plotius Tucca, pas plus qu’il ne mentionne Mélissus ou Héliodore liés à Mécène ou Auguste (seul Siron est célébré dans les Catalepta 5 et 8). Horace n'a jamais nommé Hygin, (bien qu'il fasse allusion à la bibliothèque palatine), ni Melissus, ni Apollodore, ni Athénodore, le fils de Sandon, agent diplomatique et philosophe stoïcien pourtant tous liés à Auguste18. Pour connaître les qualités littéraires de Melissus et d'Hygin, il faut attendre les témoignages d'Ovide, ce qui ne peut s'expliquer seulement par le floruit tardif de ces deux auteurs.

Sur les quatre-vingt six personnalités réelles que compte l’œuvre d'Horace, nous ne trouvons donc que six Grecs (les Sosii de l’épître 1, 20, 2 et de l'Art poétique, 345; le sicilien Pompeius Grosphus de l’ode 2, 16 et de l’épître 1, 12; le médecin Antonius Musa de l’épître 1, 15, le rhéteur Héliodore de la satire 1, 5 et le philosophe épicurien Philodème de la satire 1, 2). Parmi la soixantaine de relations que compte l’œuvre d'Ovide, nous ne trouvons que trois Grecs: le bibliothécaire Hygin de l’élégie III, 14 des Tristes, le roi Cotys et son père Rhoemetalces des élégies pontiques 1, 8 ; 2, 9 et 4, 7. Or, les lettrés grecs étaient évidemment nombreux et dans la Rome augustéenne19 et dans les domus des grandes familles qu’ils fréquentaient assurément, ce dont témoignent les dédicaces de Denys d’Halicarnasse et surtout celles des épigrammatistes grecs.


4.2.Présence des poètes grecs dans l’entourage des nobles amateurs contemporains


Un Crinagoras écrivit des épigrammes pour l’éminence grise d’Auguste, l’ex-antonien, Sallustius Crispus (A. Pl., 40) que célèbre malicieusement l’ode 2, 2 d’Horace ou pour la famille impériale20 ou pour Auguste lui-même21 : il appliquait sans doute le raisonnement du rhéteur étranger répondant à Auguste qui proposait de lui faire connaître un autre Grand: « Tant que le soleil brille, je n'allume pas de lampe »22. Le triomphe futur de Gaius, chargé de la campagne d'Orient en 1 av. J.-C. est célébré par une épigramme d'Antipater de Thessalonique (A. P., 9, 297) ; ce triomphe est longuement décrit par Ovide dans l'Art d'aimer (1, 177-228), un Ovide qui n’a jamais nommé Antipater alors que l’épigrammatiste a célébré le roi Cotys cité par l’élégiaque (A. Pl. 75).

Ce même Antipater de Thessalonique ainsi qu’Apollonide de Nicée ont célébré Lucius Calpurnius Piso le Pontife, né en 48, consul en 15 av. J.-C. et héritier des goûts philhelléniques de son père, Piso Caesoninus, le « protecteur » du philosophe épicurien Philodème. Nous avons conservé six poèmes d'Antipater en l'honneur de Piso le Pontife et de sa carrière (A.P. 6, 241 ; 6, 249 ; 6, 335 ; 9, 428 ; 9, 541 ;10, 25) et un poème d'Apollonide de Nicée23 en l'honneur d'un Gaius, fils de Lucius, pour sa première barbe (A.P. 10, 19). Cette poésie érudite et élégante, mêlant les événements publics et privés, répond à la conception épicurienne de la poésie-divertissement défendue par Philodème. Un autre noble lettré, de six ans plus jeune, partageait les goûts de Caesoninus pour la poésie grecque légère: il s'agit de Tibère, dont Pison fut le conseiller intime24 et sous le règne duquel il exerça les fonctions de praefectus urbi jusqu'à sa mort, en 32 ap. J.-C.25.


4.3.Quelques interprétations possibles


Nous avons sans doute là une des raisons de la présentation volontairement romanisée de la vie littéraire par les poètes latins : tous ces écrivains grecs sont certes élégants, érudits, ingénieux, mais ce sont des poètes courtisans : c’est dans les épigrammes grecques que la famille princière reçoit, proportionnellement, les hommages les plus attentifs et les plus précoces ; et de fait, les vers épigrammatiques apportent une réponse directe et immédiate aux événements typiques de la vie publique ou privée; ils sont donc un genre qui convient parfaitement à la poésie de cour. Or, ces vers occasionnels relèvent, chez les Romains, de la poésie privée et légère propre aux amateurs26. Ils ne sont guère aptes à consacrer la gloire de leurs auteurs et sont dépourvus de la dimension civique qui convient lorsqu'on célèbre une famille qui incarne les valeurs de l'État romain. De plus, tous les grands poètes latins augustéens sont conscients de construire une oeuvre digne de l'éternité. Lorsque cette œuvre est composée de pièces distinctes, le soin porté à l'arrangement et à la succession des poèmes prouve que les écrivains s'efforcent de fondre tous les composants de leurs ouvrages dans leur projet poétique, y compris les éléments politiques. Tous sont férus de leur indépendance. Horace recrée ainsi « son » Auguste, pacificateur et législateur, paterfamilias, garant de l'otium du poète lyrique tout autant que des valeurs morales du satiriste et de l'épistolier philosophe. Seul le romain Domitius Marsus est peut-être le précurseur d'une « poésie romaine de cour et de circonstance » : ses fragments concernant Aitia ont la forme d'une épitaphe traditionnelle mais exaltent la nature divine de son fils et la louent d'avoir donné naissance à un dieu 27. Cependant ce même Domitius Marsus est mentionné par Ovide (P. 4, 16, 5) et allusivement cité par Horace (O. 4, 4, 19-21) uniquement pour son Amazonide épique.

Enfin les poètes latins augustéens ont conscience à la fois de devoir presque tout aux écrivains grecs du passé, à la fois de vivre à une époque où Rome est sans conteste maîtresse du monde: l’extension géographique de l’empire est une garantie de la diffusion universelle de leurs œuvres, comme sa permanence assure leur survie pour l’éternité28. Tout ce qu’ont produit les Grecs, ils se doivent donc de le réaliser. Virgile, Horace, Properce ou Ovide ont chacun célébré leur défense et illustration de la poésie latine née de la Grèce et ont rivalisé avec leurs prédécesseurs grecs29. De cette compétition sont donc naturellement exclus les poètes contemporains de langue grecque. Une preuve indirecte de cette exclusion est fournie par la mesure exceptionnelle prise par Tibère qui fit placer dans les bibliothèques publiques les ouvrages et les portraits d’Euphorion, de Rhianos et de Parthénios, « parmi ceux des auteurs anciens les plus illustres » comme le souligne Suétone30. En revanche, dans son épître à Auguste, Horace estime que chez les Grecs, les écrits les plus anciens sont précisément les meilleurs, mais refuse que l’on pèse les écrivains de Rome à la même balance ; il ajoute qu’Auguste a le bon goût d’apprécier les modernes, Varius et Virgile, et l’invite à encourager les écrivains contemporains s’il veut remplir de livres un monument qui soit digne d’Apollon31. La bibliothèque grecque et latine de l’Apollon palatin, témoin et enjeu de cette émulation entre écrivains latins et maîtres grecs du passé, est sans doute le seul point de rencontre entre Pompeius Macer, son organisateur, et les poètes latins augustéens.



Annexe : liste des personnalités citées
(en retrait, les lettrés d’origine étrangère)

Aemilius Macer: (? - 16 av. J.C.) : Ornithogonia; Theriaca

Albius Tibullus: (48? - 19 av. J.C.) ; chevalier ; Elégies

Antonius Musa: (23 av. J.C.), affranchi d’origine grecque, chevalier, médecin d'Auguste

Apollodore de Pergame: rhéteur, maître d’éloquence d’Auguste

Arellius Fuscus: rhéteur, en relation avec Mécène

Aristius Fuscus: grammaticus; auteur de comédies (?) , en relation avec Asinius Pollion et Mécène

Caius Asinius Pollio: (76 av. J.C. - 4 ap. J.C.) ; consul 40 av. J.C. Poésies (?); Tragédies; Histoires

Aurelius Cotta Maximus Messallinus: (14 av. J.C.- 36 ap. J.C.?) ; consul 20 ap. J.C. Poésies

Caecilius de Calé-Acté: ami de Denys d’Halicarnasse, Caractère des dix orateurs ; Sur Lysias

Caius Caecilius Epirota: affranchi grec ; grammaticus ; ami du poète et homme d’Etat Cornelius Gallus, de Virgile ( ?) ; en relation avec le général M. Vipsanus Agrippa

C. Cilnius Maecenas: (70 - 8 av. J.C.) ; chevalier , « ministre » d’Auguste; De cultu suo, Prométhée, Symposium, In Octaviam

Tiberius Claudius Nero : (42av. J.C. – 37 ap. J.C.) ; consul (13 & 17 av. J.C.) ; Carmen lyricum, Conquestio de morte L. Caesaris, Commentarius de uita sua

C. Cornelius Gallus: (69? - 26 av. J.C.) ; chevalier ; préfet d'Egypte (30-28 av. J.C.) ; Elégies

Cotys: Prince thrace, fils du Roi Rhoematalces ; Poésies

Dionysius Halicarnassus: Antiquités romaines, Opuscules rhétoriques ; en relation avec la famille des Tuberones, Pompeius Geminus

Paulus Fabius Maximus: (46 av. J.C.? - 14 ap. J.C.) ; consul (11 av. J.C.) ; Versiculi (?)

Heliodorus: rhéteur ; en relation avec Mécène

Q. Horatius Flaccus: (65 - 8 av. J.C.) ; chevalier ; Epodes, Odes, Chant Séculaire, Satires, Epîtres

Caius Iulius Caesar Augustus: (63 av. J.C. - 14 ap. J.C.) ; consul (43, 33, 31-23, 5, 2 av. J.C.) ; Réponses à Brutus au sujet de Caton, Eloges, Exhortations à la philosophie, Mémoires sur sa vie, La Sicile (en vers), Epigrammes, Aiax (tragédie non terminée), Res Gestae

C. Iulius Hyginus: (60 av. J.C. - ?) ; affranchi, grammaticus, préposé aux bibliothèques ; Astronomica, Exempla, De Apibus, De Agri cultura, De Dis penatibus, De Familiis Troianis, De Proprietatibus deorum, De Vita rebusque illustrorum uirorum, Fabulae, Vrbes Italicae ; en relation avec Auguste, Paulus Fabius Maximus ( ?)

Macer: Antehomerica, Posthomerica, Elégies ?

C. Maecenas Melissus: affranchi, bibliothécaire ; Trabeatae, Ineptiae ; en relation acec Mécène, Auguste

Marcia: fille de L. Marcius Philippus (consul suffect 38 av. J.C.) et de Atia minor, épouse de Paulus Fabius Maximus

P. Ovidius Naso: (43 av. J.C. - 17 ap. J.C.) ; chevalier ; Amours, Héroïdes, Médée, Art d'aimer, Remèdes contre l'amour, Soins du visage, Fastes, Métamorphoses, Tristes, Pontiques, Contre Ibis...

Parthénios: grammaticus ; Elégies, Souffrances d'amour ; en relation avec Cornelius Gallus.

Philodemus: philosophe épicurien, en relation avec la famille des Pisones

Pompeius Grosphus: chevalier

Pompeius Macer: (55 ? av. J.C. – 33 ap. J.C.) ; chevalier, en relation avec Auguste, Tibère

L. Pomponius Flaccus: consul (17 ap. J.C.)

C. Pomponius Graecinus: frère du précédent ; consul (16 ap. J.C.)

Sextius Propertius: (50 - 15 av. J.C.) ; chevalier ; Elégies

C. Vibius Rufus: consul (16 ap. J.C.) ; orateur

Siron: philosophe épicurien

Sosii: libraires

Strabon: (63 av. J.C. - 19 ap. J.C.) ; géographe, en relation avec la famille des Pisones

M. Valerius Messalla Corvinus: (64 - 8 av. J.C.) ; consul (31 av. J.C.) ; orateur ; Versiculi, Bucoliques (?), Mémoires, Lettres savantes (?)

M. Valerius Messalla Messallinus: (36 av. J.C. - ?) ; consul (3 av. J.C.)

P. Vergilius Maro: (70 - 19 av. J.C.) ; Bucoliques, Géorgiques, Enéide, (Appendix uergiliana)



1Sur le Macer des poètes, cf. J. Schwartz, « Pompeius Macer et la jeunesse d'Ovide », RPh 25, 1951, 182-194, L. Duret, « Dans l'ombre des plus grands », ANRW, II, 30, 3, 1983, 1447-1560. et, surtout, P. White, « Pompeius Macer and Ovid », CQ 42, (i), 1992, 210-218.

2K. Regling, Die Münzen von Priene, Berlin, 1927, n° 186.

3F. Hiller von Gaertringen, Inschriften von Priene, Berlin, 1906, n° 247.

4Sauf mention contraire, les éditions et les traductions de référence sont celles de la CUF. L’abréviation [T.P.] signale une traduction personnelle.

5Ce prénom fut porté d’ailleurs par plusieurs membres de la famille des Macrini (cf. H. Solin, « Die innere Chronologie des römischen cognomens », L’Onomastique latine, Paris, 1977, 103-146 et R. Hodot, « La grande inscription de M. Pompeius Macrinus à Mytilène », ZPE 34, 1979, 221-237).

6PIR1, P, 472. J.-M. Bertrand, « A propos de deux disparus, Cn. Pompeius Theophanes, M. Pompeius Macer », ZPE 59, 1985, 173-176 », distingue deux fils de Théophane: l’aîné, Cn. Pompeius Theophanes, hyparque d’Auguste en 21 av. J.-C., le cadet M. Pompeius Macer, né en 45 av. J.-C. et mort en 33 ap. J.-C., procurateur en Sicile et en Asie vers 5 ap. J.-C., puis administrateur des bibliothèques. Ce dernier point est contestable : Pompeius Macer doit avoir reçu la charge d’organiser les bibliothèques à leur fondation, soit en 28 av. J.-C. ; il doit alors être âgé de plus de 20 ans : il est donc vraisemblable de le faire naître avant 55 av. J.-C.

7R. Syme, History in Ovid, Oxford, 1978, p. 73-74.

8Elle s'appelait Archédamis (BMC Greek Coins of Troas, Aeolis, Lesbos, n° 158-160).

9Suét. Gram. 20, 2. Une expression comparable, (esse) supra bibliothecam, se trouve chez Vitruve (De Architectura, Praef., 5 et 7) et dans l'inscription en l'honneur de Ti. Iulius Pappus (AE, 1960, 26, Rome).

10Suét. Caes. 44, 2: Caesar destinabat bibliothecas Graecas Latinasque quas maximas posset publicare data Marco Varroni cura comparandarum ac digerendarum.

11Vel. 2, 81, 3 et D. C. 53, 3. Lors de la création de la bibliothèque d'Octavie, Auguste confie également à l'auteur comique Melissus (d'origine libre), le soin d'ordinare les bibliothèques (Suét. Gram. 21, 3).

12Mentionné également dans PIR1, P, 472.

13R. Syme, La Révolution romaine, Paris, 1967, 334.

14Scholies de Berne, ad Buc. 5, 1: Mopsus uero Aemilius Macer, Veronensis poeta, amicus Vergilii. Junius Philargyrius, ad Buc. 5, 1: quidam autem (putant) hanc eglogam pertinere ad Saloninum, et diuisa est in II personas id est Virgilii et Aemilii Macri, qui et ipse poeta Virgilio amantissimus erat. Ergo Virgilius quasi persona Menalcae et Macer quasi Mopsi. L'origine cisalpine de Macer est confirmée par ses propres vers, cités par Servius à propos du lac Benacus décrit par Virgile, G. 2, 159-160: lacus circuitus stadia mille ut Aemilius Macer : illi multa lacus quem circum milia. Quand bien même la ressemblance entre le texte des Géorgiques et ceux de Nicandre laisserait apparemment peu de place à une médiation d'Aemilius Macer (cf. l'analyse de J.P. Néraudau, « Aemilius Macer, ou la gloire du second rang », ANRW, II, 30, 3, 1983, 1725), au moins révèle-t-elle une aemulatio, à partir d'une source commune, entre les deux poètes, l'un humilis, l'autre sublimis.

15En effet, la mission du poète élégiaque n'est pas de dire le destin ou de représenter le réel mais d'inventer, de jouer avec la fonction référentielle, de dépasser l'expérience dont il témoigne par l'objet artistique qu'il exhibe.

16Hor. S. 1, 4, 96-97 : Me Capitolinus conuictore usus amicoque/ a puero est.

17Marcia est la fille de Atia minor et de L. Marcius Philippus (consul suffect en 38), fils du second mari d'Atia l’aînée (la mère d’Auguste) ; Marcia est également l’épouse du noble Fabius Maximus, ami personnel d’Auguste. Les allusions des Tristes (I, 6, 25-28) et des Pontiques (I, 2, 49-50) ne mentionnent jamais que la troisième femme d'Ovide appartenait à la gens Fabia, mais insistent sur ses relations avec l'épouse de Maximus et avec la mère de celle-ci, Atia minor, tante maternelle d'Auguste (cf. R.E., XVIII, 2, col. 1916). De fait, le vers 136 de la Pontique I, 2 adressée à Paulus Maximus (ille ego de uestra cui data nupta domo est: « c'est moi à qui fut donnée une épouse de votre maison ») pourrait être interprété de la manière suivante: domus n'est pas synonyme de gens ; la domus comprend bien évidemment l'épouse de Maximus, Marcia (cf. Cic, Off., 17, 54: « La première société commence avec le couple conjugal lui-même et, aussitôt après, avec les enfants. Puis vient une unique domus, où toutes choses sont communes ». T.P.); une épouse « de votre maison » peut donc signifier une épouse liée à quelqu'un de votre maison, c’est-à-dire à Marcia.

18Nous pouvons noter, toutefois, certains rapprochements d'idées. Il est possible que le poète de Venouse ait emprunté au philosophe Athénodore une critique des « grands travaux » projetés par Jules César. P. Grimal, Auguste et Athénodore, dans Rome. La littérature et l'histoire, Paris, 1986, 1147-1176, rapproche la critique des « grands travaux » de Sénèque, s'inspirant d'Athénodore, des reproches esquissés par Horace dans les odes 2, 15 et I2, 18, et dans l'Art poétique, 63-68. Le poète Valgius Rufus lié à Valerius Corvinus Messalla et à Auguste a traduit la rhétorique d’Apollodore, précepteur d'Octave (Quint. 3, 1, 18; 3, 5, 17; 5, 10, 4).

19Cf. G.W. Bowersock, Augustus and the Greek World, Oxford, 1965 ; M.H. Crawford, Greek Intellectuals and the Roman Aristocracy, dans Imperialism in the Ancient World, ed. P.D.A. Garnsey & C.R. Whittaker, Cambridge, 1978, 193-207. ; E. Rawson, Intellectual life in the late Roman Republic, London, 1985.

20Les épigrammes 6, 161 et 9, 545 de l’A.P. sont destinées à Marcellus; 6, 244 et 9, 239 concernent Antonia; 6, 229 désigne Lucius, peut-être L. Iulius Caesar; 9, 430 contient une allusion au fleuve Araxe, au bonnet de feutre des arméniens et à la brebis de race « agarrique »; le poème évoque sans doute la campagne de Tibère en Arménie (cf. M. L. Chaumont, « Echos de la campagne de Tibère en Arménie, (20 av. J.-C.), dans une épigramme de Crinagoras (A.P. 9, 430) », AC, 61, 1992, 178-189).

21Cf. A. P. 9, 419 et 562. A.P. 9, 516 fait allusion aux Ligures.

22Réplique citée par Sénèque (Contr. X, 5, 21). Juvénal, S. 7, 1, déplore cette situation et pleure la disparition des nobles « Mécènes ».

23Cet Apollonide offrit à Tibère son commentaire des Silloi du pyrrhonien Timon de Phlionte (D. L. 9, 12, 109).

24Sén. Ep. 83, 14 et Vel. 2, 98, 1.

25Suét. Tib. 42, 1.

26Plin. Ep. 5, 3.

27Cf. L. Alfonsi, Verba seniorum. Di pagani e cristiani, dans Bolletino di Studi Latini VI, 1976, 288-294 et L. Duret, Dans l'ombre des plus grands..., 1484-1486.

28Hor. O. 2, 20, 13-20 ; 3, 30, 7-9 ; Ep. 1, 20, 13; Virg., En. 9, 446-449; Prop., 2, 7, 17-18; Ov., Am. 1, 15, 25-30 ; M. 15, 877-879, Tr. 3, 7, 51-52 ; 4, 9, 19-24 ; 4, 10, 128.

29Virg. B. 6, 1-2 ; G. 2, 175-176 ; 2, 475 ; 3, 40-41 ; 3, 291-293 ; Prop., 2, 34, 65-66 ; 3, 1, 1-4 & 14 ; 4, 1, 64 ; 4, 6, 3-4 ; Hor., S. 2, 1, 62 ; O. 1, 6, 1-2 ; 1, 26, 6 ; 1, 31, 2-3 ; 3, 1, 2-3 ; 3, 25, 7-8 ; 3, 30, 13-14 ; 4, 3, 10-12 ; 4, 9, 3-4 ; Ep. 1, 19, 21, 23-24 &32-33; Ov. A.A. 3, 346.

30Suét. Tib., 70.

31Hor. Ep. 2, 1, 28-30, 215-218 & 245-247.

Journées de la CNARELA Nice, 27 et 28 Octobre 2008

« Aux sources du métissage culturel : aspects scientifiques, linguistiques et artistiques dans l'Antiquité »



Troisième Dossier : Le métissage culturel dans l'Antiquité

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