Les diasporas grecques du viiième siècle à la fin du iiième siècle avant J. C.



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Les diasporas grecques
du VIIIème siècle à la fin du IIIème siècle avant J.-C. (bassin méditerranéen, Proche-Orient)

Sujet élargi : l'espace concerné va de l'Ibérie à l'Indus. En gros on intègre les royaumes hellénistiques. Edit : en fait c'est seulement pour l'agrégation que l'on va jusqu'à l'Indus.


La question couvre la période du VIIIe au IIIe siècle : Période archaïque, classique et début hellénistique.
Les concepteurs du sujet précisent qu'il ne faut pas découper par période ces 5 siècles. Néanmoins, pour des raisons très pédagogiques et pratiques, on va ce semestre traiter la question des VIIIe aux VIe siècle, en M2 la période classique et le IIIe siècle.
Programme des TD :

TD 1 : Textes d'Homère (fascicule)

TD 2 : exposés : p.18 Alphabets et inscriptions et historique de la colonisation selon Thucydide p.42-44

TD 3 : exposé : Archiloque de Paros (p.36) et les Phocéens

TD 4 : les fondateurs de Cyrène + Hérodote

TD 5 : Massalia et Epidamne


Problématique introductive : Diaspora pas seulement colonisation : dissémination, éparpillement, déplacement de population sans forcément création de nouvelles cités.
Le mot essentiel qui est sous-jacent dans la question est le mot mobilité.
Mobilité voulue, souhaitée, commandée ou subie ? moyens de bouger ?Pourquoi ? Enrichissement ? Ont-ils réussi dans cette diaspora ? Idée de bilan.

Chapitre I : Présentation de la question

I) Sources
Il est nécessaire si on veut avoir une idée sérieuse de la question de croiser les sources. Si elles sont prises isolément, elles se révèlent insuffisantes, partiales, voire trompeuses.
Par exemple, ce n'est pas parce qu'on a trouvé un tesson de poterie grecque en Italie qu'on peut en déduire une présence grecque (échange).
On a pas de traces sur la marine phénicienne, peu de sources sur les navigations ou installations phéniciennes. Ceci risque de fausser notre perspective moderne. On va considérer trop hâtivement que les grecs étaient plus présent que les phéniciens.
Les différentes sources :
* Sources littéraires, sources textuelles :

Jean Bérard,  La colonisation grecque de l'Italie méridionale et de la Sicile dans l'antiquité : vieil ouvrage classique qui énumère les sources littéraires pour l'époque archaïque.

Sources de 400/600 ans après, sources tardives, donc fiables en partie. Par exemple, texte de Diodore de Sicile, Strabon, Pausanias. Il faut connaître ces sources mais voir qui a inspiré ces trois hommes.

On a parfois la chance de trouver des auteurs témoins voire acteur de la colonisation. Parmi ces auteurs, Archiloque de Paros. On peut admettre que son père a été le premier colonisateur, autrement dit l'oikiste, de Thasos, v. 680. D'autres poètes sont témoins de cette colonisation : Alcée ou encore Hipponax.

Il (qui donc ??) a passé son enfance a Thourioi, colonie hellénique fondée dans le talon de la grande Grèce au milieu du Ve.

On a aussi des textes extrêmement fantaisistes ou propagandistes. C'est le cas de Démarate, qui a fait souche dans le Latium. C'est une façon pour cette tradition qui la valorise de célébrer les origines grecques pour Rome.


Toutes ces sources peuvent faire la part belle au mythe. Par exemple, la fondation de Marseille : l'immigré Troyen qui rencontre la belle princesse et va faire souche ensuite a Marseille dans le meilleur des mondes relève sans doute en partie du mythe et non pas d'une vérité historique.

Même chose pour Tarente, fondé par des bâtards.

On a dans 80/90% des cas des récits de diaspora réussies. Ce qui peut donner l'idée que la diaspora fonctionnait de façon idéale. Or, on sait qu'il y a eu des échecs. Par exemple une population de Cnide en Asie mineure a voulu en 680 a voulu s'installer en Sicile, au Cap Lilybée. Région assez hostile car il y a des populations locales jalouses de leur territoires.
* Sources épigraphiques. Pour la période archaïque, on a que quelques documents. On a trouvé également des inscriptions sur plaques de bronze posées dans le sanctuaire de Zeus a Dodone, situé au nord/nord-ouest de la Grèce. Sur ces tablettes de plomb étaient gravées des questions posées aux dieux a propos des risques et des chances de telle ou telle expédition outre mer. Mais on a pas grande chose sur le plan épigraphique.
* Sources archéologiques, terrestres maritimes/sous marine:l'archéologie nous renseigne sur l'urbanisation, le développement artistique, la vie quotidienne, les armes. Il y a des corpus regroupant ça. Corpus de John Beazley par exemple.

La céramique progresse beaucoup. Elle est intéressante car si bien étudiée elle renseigne sur les parcours empruntés par les grecs ou les produits grecs. L'argile, la terre même dont elle est faite, les motifs, la forme, tout cela permet d'avoir une idée précise sur le lieu de fabrication et sa date. On estime aujourd'hui à une dizaine d'année la marge d'erreur, 25 ans pour les moins optimistes. Pendant longtemps, on a pu étudier pour savoir si une céramique a été importée de Grèce ou fabriquée sur place. Si importée, réseau, sinon installation d'artisans grecques ou copie par des indigènes de modèles grecques. Les archéologues sont capables de dire si la terre est une terre locale ou de Grèce.

Autre élément pour les archéologues, la statuaire et l'architecture.

Autre type de source, les sources numismatiques, à partir du VIe siècle, et qui mettent un certain temps à circuler.


II) La chronologie des diaspora archaïques, comptoirs et colonies

Deux termes :

emporion : comptoir de commerce

apoikia : installation outre-mer avec fondation d'une cité, qui peut être une colonise marchande.


A) Les premières explorations et les premières migrations :
Il faut remonter très haut, au IIIe/IIe millénaire. Il y avait déjà en méditerranée des échanges et déplacements par voie maritime dans cet espace.

Au XIII/XII, les Mycéniens/achéens colonisent certaines régions orientales

Cette colonisation s’amplifie. Des régions du sud/sud est de la Turquie sont occupées par des grecs continentaux dès le XIe. On a souvent dit que les populations de la Grèce continentales ont été chassés par les peuples venus du nord les doriens. L'invasion des Doriens n'est pas une véritable invasion mais sans doute une espèce de migration des peuples du nord descendant vers le sud et s'installant dans le Péloponnèse au sud de la Grèce. Une partie des autochtone a migré vers l'est en Asie mineure. Ce sont les Ioniens.
Autre phénomène de migration qui peut expliquer ces migrations, les fameux peuples de la mer, descendus du nord de la mer Égée le long des côtés grecques, en Crète, en Égypte ,et s'attaquant aussi à l'Orient.
Les diasporas les migrations archaïques ont été précédées d'un mouvement qu'on appelle bêtement pré-colonial ou plus subtilement para-colonial.
Les diasporas, dans le sens d'échange commerciaux, de déplacements, de migrations, ont pu précéder, accompagner voire suivre les grandes phases de colonisations. Ces grands mouvements ne sont donc pas forcément PRE-coloniaux.

Parmi les premières régions occupées ou visées par les grecs, en Orient le comptoir de commerce Al-Mina et en occident l'île de Pithécusses ; situé tout prêt des côtes de l'Italie.

Peut être au X/IXe siècle on a ces installations qui ne sont pas des colonies, par les Érétriens et Chalcidiens.

Enfin, il faut rapprocher la colonisation grecque des autres mouvements, étrusques et phéniciens : par exemple, Carthage est une colonie de Tyr est fondée selon la tradition en 814.


Il est difficile de dater la colonisation précisément. On a souvent des conjectures loin d'être vérifiées si l'on sait que les cités ont eu tendance dans l'histoire à reculer le plus possible la date de fondation de leur colonie. Par exemple Corinthe prétend avoir fondé telle colonie non pas en 650 mais en 700.

Pour des raisons de prestige, plus une cité est ancienne, plus elle est prestigieuse. Pour des raisons de territorialité et de propriété aussi (le ius primi occupantis des romains)


On a de cette manière un certain flottement dans la date de fondation de telle ou telle cité. Par exemple, Sinope au nord de l'Anatolie, selon les sources littéraires divergentes et les archéologues, a été fondées soit en 756, soit en 631.
On a des difficultés avec la chronologie dans l'antiquité, qui est une chronologie relative. On date généralement les événements selon les olympiades. Mais quand a lieu la première ? 776 ? on est plus très sur.
Il y a aussi des tentatives de créer des chronologies de l'antiquité, par des groupes de chronographes dont fait partie Ératosthène. Il y a une date que l'on connaît bien qui n'est pas relative mais absolue, c'est la date de l’éclipse du 3 août 431.
Autre question pour la chronologie. Qu'appelle-t-on la date de l'apoikia ou de la diaspora ? La date du départ des grecs de chez eux ou la date de leur arrivée sur un territoire outre-mer, voire de la fondation de la colonie.

B) Le mouvement de la colonisation.
A l'époque archaïque, elle s'étend sur un peu moins de 200 ans, entre 770 et 580. Ces deux siècles appartiennent à un vaste mouvement d'expansion, de disséminations grecques, un mouvement marqué d'abord par une phase à caractère migratoire mais pas organisé, et qui va jusqu'à 750. Avant ou en même temps que les débuts de cette colonisation, o na des mouvements de personnes en méditerranées, mais tout cela est informel. Le phénomène de colonisation, on emploie le terme de globalisant mais aussi paradoxalement de particulier. La colonisation grecques est à la fois global et particulier.

Phénomène global : tout l'espace méditerranéen, plutôt la rive nord quand même.

En même temps, c'est un mouvement particulier car c'est un phénomène qui intéresse au départ un certain nombre d'individus. 200 ou 300 personnes sont envoyées par cités.

Phénomène particulier aussi car chaque établissement grec d'outre mer est particulier : environnement, populations locales, ressources. Il n'y a pas UNE diaspora avec un modèle valable pour toute la méditerranée. D’où le sujet LES diasporaS grecqueS. Dans ces deux siècles de colonisation, on distingue deux grandes phases, ou plutôt on a distingué deux grandes phases archaïques, avec des dates variant selon les écoles.

Par exemple, pour l'historien de Lyon 2 Jean-Luc Lamboley : phase 1 de 770 à 675 ; phase 2 de 675 à 500 (et non pas 580).

Pour d'autres historiens, Claude Baurain par exemple, phase 1 de 750 à 625, avec dans cette période 1 un paroxysme entre 750 et 700 (explosion de la diaspora) ; phase 2, 625 à 510.


Lors de la deuxième phase, on assiste à un élargissement de la zone de colonisation. On s'intéresse davantage à des régions comme la mer noire, la gaule, l'Espagne. Lors de cette deuxième phase, il y a beaucoup plus de cités qui envoient outre mer des ressortissants. Ce qui fait débat dans l'historiographie n'est pas tellement le découpage entre ces deux phases c'est surtout la spécificité de chacune de ces deux phases. Sont-elles distinctes ?
Pendant longtemps on a distingué une phase 1 plutôt agraire et démographique. Cette phase 1, jusque vers 675 voire 650, était marquée par des paysans qui prennent la mer pour redevenir paysan outre mer avec plus de terres. Deuxième phase serait de caractère commercial : on ne cherche plus des terres mais on chercher à s'implanter pour négocier, faire du commerce.
Aujourd'hui on combat cette vision trop artificielle : une colonie dans l'esprit d'un grec doit pouvoir satisfaire à tous ces besoins : c'est l'idéal grec d'autarcie.
Il vaut mieux appréhender les établissements grecs d'outre-mers comme des implantations complexes, qui peuvent être majoritairement agricoles ou commerciales, mais pas seulement.
CF. Michel Casevitz, qui a étudié Le vocabulaire de la colonisation en Grec Ancien, 1985. Pour définir les grecs d'outre mer, les termes ont le plus souvent un caractère agricole.
C) Pourquoi le VIIIe siècle ?
Ce siècle est qualifié de siècle de la renaissance grec. Évidemment, il faut en finir avec l'idée qu'entre le XIe et le IXe c'est le chaos et ensuite c'est la renaissance. Malgré tout, il est vrai que le VIIIe siècle est celui de l'expansion, du renouveau. Exemple, l'écriture, avec la coupe de Nestor.

C'est le développement des flottes, des progrès, des bateaux, qui font du VIIe, du VIe, des siècles d'échanges commerciaux et de migrations.


Formule de Platon (Phédon) : les grecs sont logés tout autour de la mer comme des fourmis ou des grenouilles autour d'un marais.
Platon a envisagé la colonisation dans son dernier ouvrage, Les Lois, vers 347.

Les zones concernées sont d'abord la Sicile et la Grande Grèce. Ce sont les Eubéens, d'Eretris et Chalcis, qui se sont opposés à la fin du VIIIe ou au début du VII siècle, lors de la guerre Lélantine. Parmi les créations des Eubéens, on a Pithécusses (775) Cumes, Naxos (Sicile, 734) Catane, Léontinoi. Corinthe fonde Syracuse (lune des plus grande colonie grecque d'Occident) à la fin du VIII en 733. Sparte fonde Tarente. Milet fonde Sybaris.


III) Problématique
Il faut voir les conséquences de la colonisation, voir si ça ne provoque pas des mouvement à l’intérieur des terres. A partir de l'époque classique et surtout hellénistiques ce sont des territoires entiers qui sont concernés.
Questions posées :
* Première question : les diasporas, à travers le cas de Démarate, aristocrate de Cortinhe, qui a du fuir sa cité à cause de conflits politiques internes, a migré vers l'ouest en suivant, au VIIe siècle, les routes des marchands et colons. Il s'installe en Étrurie, la région située au nord de Rome, dans une localité du Latium, à Tarquinia. Arrivé dans cette région, il épouse une femme indigène étrusque, prospère grâce au commerce, a une fils qui s'appelle Tarquin. Ce fils épouse Tanaquil, une étrusque et quitte sa ville natale pour s'installer à Rome ou il devient sans doute en 616 le premier roi étrusque de Rome (Tarquin l'Ancien). C'est par le biais de ces artisans ou commerçant que le nouvel alphabet grec ce répand sur le continent en Italie. Il est tout à fait probable que cette histoire soit une fable : c'est la réussite de l'exilé qui épouse une fille de bonne famille et dont le fils devient roi.

Cette histoire nous est rapportée par des historiens tardifs : par exemple Polybe, 400 ans après les événements ou par Pline l'Ancien, I A.C. Ce sont donc des auteurs qui, selon une tradition bien établie, ont tendance faire de Rome une cité de culture grecque.

Si les choses sont enjolivées, elles ne sont cependant pas complètement fausses : ce récit illustre la réalité de la mobilité à la fois géographique et sociale dans le monde méditerranéen. Mobilité horizontale (espace) et verticale (hiérarchie sociale). L'immigré qui a fuit son pays gravit les échelons et fait de son fils le roi. C'est bien une possibilité qui correspond à une promotion individuelle, et sans doute une promotion collective dans la mesure ou les artisans grecs ont prospéré.

Pour confirmer ce genre de mobilité, on a des arguments épigraphiques. On a trouvé tout prêt de Tarquinia des inscriptions dont l'une porte un nom, Rutile Hipukrate. Ce sont deux mots qui ont toute chance d'être un prénom et un nom. Le prénom serait indigène (rutilus = latin) alors que l'autre est un gentilis qui serait grec. Culture mixte donc. Hippokrates est un nom typiquement aristocrate (hippos = cheval). Donc un aristocrate qui quitte sa cité de Corinthe et fait souche en Italie, et donc la descendance a pris comme prénom un terme local. Ces deux mots illustrent parfaitement la mixité, la fusion, l'acculturation entre grecs et latins. Si cela est vérifié, est ça l'est car Carmine Ampolo a trouvé d'autres inscriptions, on a la preuve que l'installation outre mer a réussi mais a aussi perduré : on a des familles qui se sont crées sur place et qui ont adoptés des noms indigènes : l'onomastique retrace cette évolution migratoire.

Cet exemple de Démarate regroupe différents éléments récurrents et relatifs à la diaspora : ces éléments récurrents sont d'abord un départ contraint, une activité marchande, l'intégration dans un pays indigène avec mariage local. C'est ensuite la descendance et la réussite sociale, verticale et puis la transformation culturelle. Le changement culturel qui s'opère, visible dans l'onomastique.

* Deuxième question : Qu'est-ce que la Grèce, puisqu'on parle de diaspora grecques ?. Il n'y a pas a l'époque archaïque UNE Grèce. Il faut attendre Hérodote pour que se développe cette idée (même sang, langue, pratique, culture, etc.). A l'époque archaïque, il y a différents peuples : ioniens, dorien, achéens, éoliens (danéens), qui vivent dans la Grèce actuelle mais pas seulement. Il y a cependant quelques occurrences d'un terme Panhellenès, le rassemblement des grecs. Ce sentiment du panhellénisme signifie qu'on a conscience d'appartenir à une même culture. Ceci se traduit par exemple avec les jeux olympiques. Les occurrences de panhellenès se trouve aussi chez Hésiode (travaux et les jours) et chez Archiloque de Paros.

Pour dire la Grèce, on dit Hellas. Ce mot est déjà utilisé par Homère mais dans un sens très étroit. La Grèce ou Hellas pour Homère est simplement la partie centrale de la Grèce, qui ne comprend pas le Péloponnèse. Ce n'est que très progressivement que le mot Hellas prend un sens plus large géographiquement. C'est au début de la période classique, au début des guerres médiques, qu'on a le sentiment d'appartenir une Grèce, d'être Grec, par opposition aux Perses, aux barbares.
* Troisième question : la mobilité des personnes et des biens. Différence entre voyage et migrations. Ces dernières obéissent à des considérations individuelles ou liées à des causes comme les guerres (mercenaires, fuite). Il est difficile pour cette question de savoir qui voyageait ou migrait. Il est possible et même probable que ce sont les artisans, les démiurges, qui deviennent des artistes après le VIIe siècle, qui vont soit enseigner leur art à l'étranger, soit s'installer. Ce sont aussi des savants, Pythagore par exemple, qui a vécu au VIe siècle, qui a voyagé en orient, en Phénicie, en Syrie, à Naucratis, en Crète ou il a épousé d'ailleurs l'une de ses disciples, Théano. Il s'installe ensuite au sud de l'Italie, à Crotone, à l'âge de 40 ans.

Les populations locales sont-elles attirées ou au contraire repoussées par les Grecs ?


* Quatrième question : sur la colonie. Qu'est ce qu'une colonie à l'époque ? Y a-t-il une ou plusieurs colonie ? Pourquoi plusieurs phases ? Quel est le statut des colons ? Le rapport entre colons et colonisés ? Hostile ? Si oui, pourquoi ? Différents culturels, économiques ou territoriaux ? Accords ? Acculturation ? Intégration ? Hellénisation ?

Qu'est-ce qui peut expliquer la « réussite » des grecs dans leur diasporas ultramarines ? Ne serait-ce pas l'organisation politique des grecs, leur cohésion et leur culture qui les aurait conduit à dominer les populations locales et surtout à perdurer dans leur diaspora outremer ?

Quel est le rapport entre diaspora grecque et colonisation moderne ? Il ne faut surtout pas projeter des comportements et pensées modernes. Dans l'Antiquité, les rapports entre la colonie et sa métropole peuvent être très lâche, beaucoup plus qu'à l'époque moderne. Sur le plan des institutions, une colonie grecque archaïque peut fonctionner différemment de sa métropole et constituer une sorte de laboratoire ou les bases de l'égalité civique ou de la démocratie sont posées, ce qui n'est pas le cas forcément dans la métropole.

Le mot colonie, il faut s'en méfier car il renvoie beaucoup plus à une réalité hellénistique/romaine et à une réalité occidentale moderne qu'à ce qui a pu se passer au VIIIe/VIe siècle. Il vaut mieux utiliser le terme technique d'apoikia. L'apoikia signifie la séparation, on insiste ainsi sur l'éloignement par rapport à la métropole. Le mot de colonie insiste sur le point d'arrivé, sur l'établissement nouveau.

Colonie vient de Coloeia, cultum, de la racine indo-européenne quem qui signifie circuler autour de quelque chose. Cela signifie fréquenter un endroit une personne, donc habiter. (habitant = incola, l'habitant d'une terre = agricola). Il n'y a donc pas l'idée d'un départ, de s'éloigner. Le mot colonie est donc un peu hors-sujet, c'est l'aboutissement de la diaspora, pas la diaspora en cours.

Autre sens dérivé, le mot colo signifie non seulement fréquenter mais aussi vénérer (la terre qui produit). Par extension, cela signifie qu'on vénère les gens avec qui ont vit et les dieux qui nous protègent. D’où le mot dérivé de colo, le culte.

Dernière évolution, le mot français cultivé (intellectuel) dérive de là. Il y a une installation sur une terre, culte rendu à des dieux reconnus par une communauté, ce qui crée une civilisation d'êtres cultivés.

La diaspora grecque peut elle être synonyme d'impérialisme à un moment ou un autre ? La colonie est le territoire qu'un colon cultive. Le colon va prendre différents sens. C'est celui qui est le propriétaire, celui qui cultive une terre pour un propriétaire et enfin celui qui habite une colonie. En Grèce archaïque, le colon a un autre sens : c'est un citoyen établi sur un site crée par les Grecs.

La colonie est « un établissement fondé par une nation appartenant à un groupe dominant dans un pays étranger à ce groupe, moins développé, et placé sous la dépendance et la souveraineté du pays occupant dans l'intérêt de ce dernier » (Petit Robert). Cette définition vaut pour les colonies modernes. En Grèce archaïque, l'idée de nation n'existe pas. Ensuite, les colonies ne vivent pas forcément dans l'intérêt de leur métropole. Ces colonies peuvent fonder elles mêmes des colonies, comme s'il y avait des intérêts propres à la colonie qui ignorent ou dépassent les intérêts de la métropole. Enfin on ne peut pas dire que lorsqu'un grec s'installe dans une région, il le fasse pour dominer une population moins civilisé.

Le colonialisme signifie aussi un système politique préconisant l'exploitation et la mise en valeur d'un territoire dans l’intérêt du pays colonisateur. Cette définition ne s'applique pas à la première phase de colonisation archaïque mais peut s'appliquer à la diaspora grecque à partir du V/IVe siècle et plus encore avec Alexandre.

On pense également au schéma des colonisés qui subissent les colons. Dans l'antiquité, plus complexe : liens étroits avec indigènes, qu'ils s'agisse de liens entre aristocrates (xénia, hospitalité), de mariages mixtes ou d'acculturation.

En outre, les Grecs colonisaient des terres, pas des hommes. Il est donc très rare que l'on s'en prenne aux populations ou qu'on les asservisse systématiquement. L'esclavage de masse arrivera, mais au cours du VIe siècle.


* Cinquième question : comptoirs et colonies ?
La création d'une emporia signifie une diaspora et un passage par la mer. Il ne faut pas confondre Emporia et apoikia, quoique parfois la distinction est très artificielle.

Apoikia va de paire avec le verbe ktizo, fonder, qu'on retrouve dans oikiste.

Les emporia, eux, signalent avant tout la traversée maritime à but commercial. Il y a d'autres mots à relier à la diaspora : enoikismos : l'établissement. Ou bien, naustathmon, l'escale (base navale qui sert à protéger les ressortissants grecs lorsqu'ils naviguent). On note aussi le limen, le port, l'epineion, le mouillage ou l’entrepôt maritime.

Il n'est pas certain que l'apoikia soit sur le plan chronologique la suite de l'emporion. Pendant longtemps on a cru que les Grecs avaient d'abord crée des comptoirs de commerce, qui s'étaient transformés ensuite en colonie. Or, cette thèse est aujourd'hui combattu. La question a été soulevé par Jean-Luc Lamboley, de Lyon 2, dans son ouvrage Les Grecs d'Occident. On lit aujourd'hui que selon les archéologues et les historiens, les Grecs ont fondé des comptoirs qui entrent dans un processus para-colonial. Il apparaît grâce aux fouilles que des comptoirs on pu être fondé en même temps que les colonies, voir après. Par exemple, les Grecs fondent une colonie en Grande Grèce, qui génère une certaine activité artisanale et commerciale : autour de la colonie, on peut voir surgir des comptoirs de commerce.

Au final, pour distinguer le plus prudemment possible, l'apoikia est politique, pas l'emporion.

On a vu que la colonisation est un phénomène durable avec cependant des périodes plus actives que d'autres. Ce phénomène revêt plusieurs aspects. Il ne faut pas confondre les réseaux grecs de commerce et de troc, qui fonctionnent par comptoirs de commerce, et la création d'une cité qui est un acte foncièrement politique. Ceci n'est toutefois vrai que pour la période archaïque.


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