Frère Sylvestre


CHAPITRE III NOTES PARTICULIERES



Yüklə 2,51 Mb.
səhifə22/24
tarix15.10.2018
ölçüsü2,51 Mb.
#74168
1   ...   16   17   18   19   20   21   22   23   24

CHAPITRE III

NOTES PARTICULIERES

SUR LE V. P. CHAMPAGNAT,

ACCOMPAGNEES DE QUELQUES TRAITS

ET DE QUELQUES USAGES DE SON TEMPS

§ I. Confession




1°. Le Vénéré Père tenait essentiellement à la confession hebdomadaire. Lorsque j'étais à l'Hermitage, tous se seraient fait scrupule de ne se confesser que tous les quinze jours. J'ai même vu le Vénéré Fondateur, lorsqu'il était trop pressé, confesser les Frères anciens après la messe où ils avaient communié, pour ne pas leur laisser dépasser la huitaine sans recevoir le sacrement de pénitence, car, disait-il, une grâce particulière est attachée à ce sacrement, non seulement pour se corriger des fautes graves, mais encore de cette fourmilière de petites fautes qui empêchent le religieux d'arriver à la perfection. Il engageait même certains jeunes Frères ou postulants, violemment tentés ou enclins à des mauvaises habitudes, à se confesser deux fois par semaine.

2°. Notre Vénéré Père avait un don particulier pour connaître ceux qui, dans l'accusation de leurs fautes, manquaient de sincérité ou qui, par ignorance [288] ou manque d'expression, déclaraient plutôt les circonstances du péché que le péché lui-même. Ce don lui venait-il de quelques lumières surnaturelles? C'est ce que j'ignore. Voici un fait qui me ferait pencher pour l'affirmative et que je tiens d'un intime ami. Donc, un jour, il me racontait confidentiellement ceci. Ayant eu le malheur d'apprendre le mal par un de mes condisciples, dans une maison d'éducation où la surveillance était fort négligée, je me trouvai d'aller me confesser au P. Champagnat; mais il ne tarda pas à remarquer qu'il y avait quelque chose de louche dans mon accusation. Comme il trouvait en moi beaucoup de franchise, il avait essayé plusieurs fois de m'adresser diverses questions, sans doute pour s'éclairer et se tranquilliser, mais elles étaient tellement prudentes, et l'on comprend pourquoi, que mes réponses à toutes ses questions ne le contentaient qu'à demi. Un jour, je remarquai qu'après chacune d'elles, la réponse faite, il s'arrêtait, soupirait et priait, mais voilà qu'instantanément, à la dernière qui me fut faite, je répondis en me servant d'une expression à laquelle je n'avais pas pensé, et qui dévoila tout le mystère. « Je vous comprends », me dit-il, débarrassé comme quelqu'un à qui on vient d'enlever un lourd fardeau. Alors, il me fit connaître toute la gravité de ma faute, me demanda le nombre de fois que je l'avais commise et combien de communions j'avais faites depuis; il termina, en me disant que si je ne me corrigeais pas, la Ste Vierge ne me garderait pas dans sa maison. Mais voyant bien que l'ignorance était l'unique raison de mon manque d'accusation, il me donna comme de coutume l'absolution. Or, comme je tenais fortement à ma vocation, les dernières paroles qu'il m'avait dites me firent pleurer à chaudes larmes et me remplirent d'un amer chagrin. N'y tenant plus, j'allai le trouver dans sa chambre; il était dans ce moment occupé [289] à écrire ; se retournant, il me regarde fixement et me demande le sujet de ma tristesse. Je lui répondis que c'était les paroles qu'il m'avait dites, en les lui citant textuellement. Alors, comme un homme tout stupéfait, il me répond d'une voix très accentuée: « Mon cher ami, que me dites-vous là? Je ne vous ai rien dit». Et il continua à écrire. Etonné on ne peut plus de ce singulier procédé, je me retirai, mais plus triste encore. Un moment après, je me mis à réfléchir sur cette conduite inaccoutumée du Vénéré Père à mon égard, et je cherchais à me l'expliquer, lorsque je me rappelai ce qu'on m'avait dit autrefois au sujet du secret de la confession. Alors, je compris combien sur ce secret étaient grandes sa prudence et sa délicatesse. Jamais, m'ajoutait cet ami, le Vénéré Père n'est revenu sur ce fait; même, lorsque je me représentai de nouveau au st tribunal, il feignit tout ignorer et n'eut égard qu'à mon accusation présente. Mais quel service il m'a rendu! Au fait, je n'étais pas bien tranquille, sans que je pusse m'en rendre compte, quoique cependant je ne sache pas avoir fait volontairement de mauvaises communions.

Mais, dit un proverbe : A mal il y a quelquefois bien. Et c'est ce qui eut lieu pour ce Frère. Employé plus tard dans un pensionnat, il disait qu'il n'aurait jamais compris l'importance de la surveillance, ni la terrible responsabilité d'un Frère qui la néglige, s'il n'avait pas eu le bonheur de se confesser au P. Champagnat.

4°. Je ferai remarquer, en terminant ce paragraphe, que le Vénéré Père nous rappelait, de temps à autre, de ne pas manquer de faire l'action de grâce, après la confession; et il disait que si on ne pouvait la faire immédiatement après, il fallait se ménager un autre moment et surtout, de ne pas négliger la pénitence donnée par le confesseur, attendu qu'elle [290] est une partie intégrante du sacrement de pénitence, de sorte que l'omettre volontairement ou la faire mal, ou même l'oublier par trop de négligence, serait une faute qu'on serait obligé de déclarer au st tribunal à la prochaine confession.
§ Il. Communion
1°. Si le Vénéré Père se montrait d'une si grande ténacité pour la confession hebdomadaire, il tenait encore plus à ce que l'on n'omît jamais, sans raison, les communions du dimanche, du jeudi et des fêtes chômées dans la Congrégation. Un jour, je sais qu'un jeune Frère, qui manquait assez souvent à ce point de règle, étant allé le trouver pour lui demander une permission à laquelle il tenait beaucoup, « Oh! mon cher ami », lui dit le Vénéré Père, avec un long soupir, qui trahissait une profonde émotion, « que je voudrais que vous me demandassiez une autre permission, et que je serais heureux de vous l'accorder! ». En ce temps-là, comme aujourd'hui, tous les huit jours, ceux qui voulaient approcher du banquet eucharistique lui en demandaient la permission, et c'est ce qui explique les paroles ci-dessus. Je dirai, par parenthèse, que le pieux Fondateur défendait publiquement de faire la ste communion à tous ceux qui avaient de l'argent sans permission, ou qui sciemment auraient dérobé ou même échangé quelques objets de vestiaire, de classique, etc., appartenant à la maison ou à d'autres confrères, sans avoir vu préalablement leur confesseur, surtout si le vol était formel, et, de plus, sans avoir déclaré leur faute au supérieur ou au F. Directeur. Il exigeait encore que pour faire des communions non prescrites par la règle, on lui en demandât la permission après avis du Père spirituel. [291]

2°. Le Vénéré Père, considérant la préparation à la communion comme chose très importante, avait établi qu'avant chaque communion, il y aurait, autant que possible, un jour d'intervalle, sauf entre celle du samedi et du dimanche, la première devant servir de préparation à la seconde.

Il ne permettait pas non plus de faire quatre communions de suite, par respect pour l'auguste sacrement de nos autels, et pour d'autres raisons que j'ai oubliées, même si des fêtes marquantes amenaient ce cas, il renvoyait ordinairement à ces fêtes les communions de dévotion, et même celle du jeudi.

Cependant, je me rappelle qu'il avait permis à un Frère très pieux la communion quotidienne, le mercredi excepté, attendu qu'il faisait ce jour-là sa confession hebdomadaire, dont il ne l'avait pas dispensé. Il est à noter que cet excellent Frère que j'ai bien connu, était dans les postes et non à la maison de noviciat, car le Vénéré Père était ennemi des singularités en communauté.

3°. Il voulait que ceux qui n'avaient pas le bonheur de faire les communions de règle restas. sent avec ceux qui l'avaient faite, à l'action de grâce, parce que, disait-il, on devait se dédommager de cette privation par une fervente communion spirituelle. Dans ses exhortations si pathétiques sur la ste eucharistie, il invitait à s'approcher le plus souvent possible de la table ste, et à se conduire de manière à ne jamais omettre ses communions de règle qui sont en un sens obligatoires pour les religieux comme les pâques pour les simples chrétiens. [292]
§ III. Messe et cantiques
1°. La ste messe était, d'après le Vénéré Père, la pratique de dévotion par excellence. Quant à lui, il ne manquait jamais de célébrer chaque jour le st sacrifice, à moins que la chose ne fût moralement ou physiquement impossible.

Je l'ai vu arriver de voyage, vers 11 h. passées, exténué de fatigue et n'ayant encore absolument rien pris, parce qu'il ne voulait pas manquer d'offrir à Dieu la ste victime. Même d'après la tradition, il en agissait ainsi lorsqu'il faisait la visite des établissements, partant à jeun de grand matin, afin de pouvoir dire sa messe dans quelque église, et quelquefois, ne pouvant réaliser ce besoin de son cœur que vers 11 heures et demie, bien qu'il fût tout harassé de fatigue. Il s'élevait avec force contre les Frères qui, sous prétexte d'un travail, d'un voyage pressé, s'en exemptaient facilement. Même il a fait un article de règle qui oblige les Frères d'y faire assister les enfants tous les jours d'école, autant que possible, et à plus forte raison, le dimanche.

2°. Comme il aimait beaucoup le chant des cantiques, il avait permis à l'Hermitage (attendu que les rubriques le tolèrent) d'en chanter pendant la ste messe, le mercredi et le vendredi, jusqu'à la préface, et après les dernières ablutions. Il avait permis aussi d'en chanter les jours de communion de règle, quand la majorité avait communié, et aussi quelquefois le samedi, en l'honneur de la Ste Vierge, au commencement de la messe. On en chantait encore un après les saluts solennels, tous les jours du mois de Marie, et quelques couplets avant le catéchisme.

3°. Les jours oÙ le chant des cantiques n'avait pas lieu, son désir bien connu était que l'on suivît [293] les prières de la messe avec le prêtre; même il a été un temps où toute la communauté répondait au célébrant avec le servant. Je me rappelle aussi que lorsqu'il arrivait une fête un peu marquante, le chant des cantiques pendant la ste messe n'avait pas lieu; tous devaient en suivre l'office dans leurs heures. Je ne sache jamais avoir entendu chanter des chants liturgiques aux messes basses, comme des hymnes ou des proses, ce que le Vénéré Père n'aurait probablement pas désapprouvé, puisque c'est l'esprit de l'Eglise, mais à cette époque ce nouvel usage n'existait pas dans la communauté.

4°. Le Vénéré Père désirait que les cantiques chantés à l'église, et même ailleurs, fussent ad hoc, c'est-à-dire en rapport avec le temps, le mystère, la fête que l'on célèbre, le sujet d'oraison etc.

5°. Lui-même nous disait que lorsqu'il voyageait, il se délassait de la marche par le chant de quelques cantiques, de quelques hymnes ou autres prières latines de la Ste Eglise, comme le « Salve Regina, l'Ave Maris stella » etc. ... ; il aimait surtout à répéter ces deux strophes: Maria Mater gratiae, et Monstra te esse matrem.


§ IV. Retraite du mois


Le Vénéré Père avait établi, je ne sais à quelle époque, une retraite le premier dimanche du mois, pour se préparer à la mort et se renouveler dans les bons sentiments de la retraite annuelle; et cette retraite avait lieu non seulement à l'Hermitage, mais encore dans tous les établissements. Il me souvient que ce jour-là, à l'Hermitage, la récréation qui suivait la grand-messe était remplacée par une demi-heure d'entretien sur les fins dernières; il en était de [294] même après les Vêpres. Le Vénéré Père faisait quelquefois lui-même ces méditations ou bien on lisait les maximes de St Liguori sur les fins dernières, ouvrage que le Vénéré Père aimait et estimait d'une manière toute particulière. Chacun, pendant toute la journée, devait être plus recueilli; même je crois que les jeux étaient interdits pendant la récréation qui suit le dîner. Pendant la journée, on prenait un moment pour relire ses résolutions, et, au besoin, en prendre de nouvelles. On invitait aussi tous les Frères à faire l'acte de préparation à la mort et à réciter les litanies des agonisants. En un mot, ce jour-là était un jour de renouvellement dans la ferveur, la piété et l'observance de la règle.

§ V. Discipline


1°. Nous avons vu dans la Vie du Vénéré Père que l'ordre, le travail et la discipline lui étaient comme naturels; il recommandait cette dernière particulièrement aux Frères enseignants, comme étant la base de l'instruction et de l'éducation. Aussi, le Vénéré Père ne négligeait rien pour la faire régner à l'Hermitage, surtout en y faisant garder un rigoureux silence qu'il appelait l'âme de la discipline. A dire vrai, cette maison présentait quelque chose de ce recueillement religieux et de ce parfum de piété que l'on ressent en visitant la Trappe ou la Grande Chartreuse. Les manques ostensibles au silence fatiguaient souverainement le Vénéré Père, et si on était pris à le violer, surtout facilement, on était puni et même mis à genoux au réfectoire pendant le repas.

2°. Le grand silence qui, comme aujourd'hui, commençait à partir de la prière du soir jusqu'au lendemain matin, après la méditation, était si rigoureusement gardé que je ne me rappelle pas d'y [295] avoir vu personne y manquer ouvertement. A ce propos, le F. Jérôme me racontait un jour qu'un jeune Frère malade, et des plus pieux, vit tout à coup, pendant la nuit, son lit enflammé à raison d'une brique qu'on avait mise au bas pour lui réchauffer les pieds. Au lieu de crier au secours, craignant de manquer au grand silence, il retirait peu à peu les pieds à mesure que la flamme s'avançait, et il aurait eu bien du mal si lui, F. Jérôme, qui s'en aperçut, ne fût arrivé à temps pour le secourir. Ce fait, rapporté par un Frère si digne de foi, m'impressionna tellement que lors de ma prise d'habit, je demandai à porter le nom de ce fidèle observateur du silence, faveur que le Vénéré Père m'accorda volontiers, lorsque je lui dis le motif qui m'avait décidé à faire ce choix.

3°. L'ordre dans la maison n'était pas moins gardé que le silence. Ainsi le Vénéré Père ne voulait pas que l'on courût à droite et à gauche dans le bâtiment, ou que l'on sortît de son travail sans de bonnes raisons ou sans permission. Tous les chefs d'atelier et autres étaient tenus de remettre au Vénéré Père, tous les huit jours, un carnet où étaient inscrits ceux dont ils avaient eu à se plaindre pendant la semaine, et surtout qui manquaient au silence ou qui ne s'acquittaient pas convenablement de leur emploi. Tous les huit ou quinze jours encore, il réunissait le maître des travaux et les chefs d'atelier, et il leur demandait ce qui laissait à désirer dans l'ensemble de la maison, et qui pouvait donner lieu à quelque réforme. Il indiquait pareillement à chacun la manière de réussir dans la partie qui le concernait (car il s'entendait à tout), et les économies qu'ils pouvaient réaliser dans leur travail. Quant à ceux qui n'étaient pas occupés dans un atelier particulier, le maître des travaux leur désignait la veille, ordinairement pendant la [296] récréation d'après le souper, ce à quoi ils devaient s'occuper le lendemain, de sorte qu'au sortir de la messe tous se mettaient promptement au travail, sans flâner de droite et de gauche, chose que détestait souverainement le Vénéré Père.

4°. Je ne dirai pas de quelle manière il corrigeait ceux qui se seraient permis de lire les journaux, car je n'en ai vu aucun pendant mon noviciat entre les mains de personne, si ce n'est, par extraordinaire, entre les mains des aumôniers. Quant au Vénéré Père, comme ces feuilles publiques n'avaient pas alors l'importance qu'elles ont aujourd'hui sous le rapport administratif de la Congrégation, il y a tout lieu de croire qu'il ne se permettait pas cette sorte de lecture. Il a même défendu aux Frères par un article de règle de les lire sans permission.

5°. C'était aussi toujours avec peine qu'il voyait aller à la cuisine sans de bonnes raisons, à l'infirmerie sans nécessité, à moins que ce ne fût pour rendre visite aux malades, ce que lui-même ne manquait pas de faire souvent, soit pour les consoler, soit pour s'enquérir de ce qu'ils avaient besoin; il voulait qu'on en eût grand soin, les regardant comme une source de bénédictions pour l'Institut. A part ces visites de charité, il ne pouvait supporter qu'on quittât, même momentanément, son occupation pour des riens, surtout par curiosité, comme par exemple pour apprendre des nouvelles des allants et des revenants, etc. Voici un fait dont j'ai été témoin, et qui fera voir sa vigilance et sa sévérité à cet égard.

6°. Un jour, le collège de St. Chamond, étant venu en promenade aux abords de l'Hermitage, se permit, sans en prévenir le P. Champagnat, de s'avancer jusqu'à la porte d'entrée, et de jouer avec [297] leurs instruments de musique des airs tout à fait inconvenants pour une maison de silence et de recueillement. Les Frères n'étant habitués qu'à entendre le son monotone des eaux du Gier, quittent, surtout les jeunes, leur occupation et se dirigent du côté du portail, parlant doucement de peur d'être entendus. Le Vénéré Père, qui s'en aperçut, se contenta pour le moment de prendre leur nom. Leur curiosité satisfaite, ils se retirent les uns après les autres, ne pensant pas que le Vénéré Père les eût notés, et regagnèrent tranquillement leur occupation. C'était quelque temps après le dîner que cette irrégularité avait eu lieu.

Mais voilà que le soir, après le bénédicité d'avant le souper, le Vénéré Père interpelle nos curieux, au nombre d'une dizaine, et il leur enjoint de venir prendre leur potage à genoux, au milieu du réfectoire, assaisonnant de plus cette pénitence d'une forte correction, qui atteignit surtout quelques Frères anciens qui s'étaient mêlés aux jeunes.
§ VI. Epreuves
1°. Le Vénéré Père, pour s'assurer de la vocation des postulants, les soumettait à diverses épreuves, dont la principale était le travail manuel, consistant principalement à extraire de la pierre, travail qui durait une partie considérable de la journée, car le temps des études et des classes était fort court. Toutefois, il ne tenait pas tant à ce que l'on fît une grande quantité d'ouvrage, mais à ce que l'on s'occupât continuellement et qu'on le fît convenablement; du reste, ce travail, comme tous les autres, était toujours en rapport avec l'âge, la force, la santé et l'éducation de chacun.

S'il recevait un postulant un peu distingué par sa science, ses talents, et autres qualités particulières, et primant en quelque sorte les autres, cela ne [298] l'empêchait pas de le soumettre à des épreuves, même quelquefois plus fortes que celles qu'il aurait employées pour un sujet ordinaire. En voici un exemple. Le cher F. Louis-Marie, qui plus tard, fut élu à la charge de 2ième Général de l'Institut, après avoir fait deux ans de théologie au grand séminaire de Lyon et s'y être distingué par de brillants succès, abandonne tout à coup le grand séminaire pour des raisons qui me sont inconnues, et écrit au P. Champagnat pour lui demander de vouloir bien le recevoir dans la Congrégation. Le Vénéré Père lui répondit par une lettre simple, dont j'ai eu connaissance, mais pleine d'affection et de paternels encouragements, l'engageant à venir au plus tôt, ce qu'il exécuta effectivement en octobre 1831.

3°. On comprend assez que ce devait être une épreuve assez sérieuse pour notre postulant, que se trouver dans un milieu si différent de celui du grand séminaire. Des travaux manuels et quelques leçons élémentaires de sciences primaires, quelque peu de récréation, de frugaux repas; voilà ce qui remplissait le temps qui n'était pas occupé par les exercices de piété, lesquels néanmoins étaient à peu près ceux du grand séminaire. Quant au personnel, il se composait d'une vingtaine de Frères anciens, employés dans divers ateliers ou ailleurs, et d'une dizaine de jeunes Frères ou novices, à qui l'on donnait pendant deux heures par jour des leçons de lecture, d'orthographe, de calcul et surtout de catéchisme et de grosse écriture. Tout cela, on le comprend, ne pouvait trop être du goût d'un étudiant en théologie, et qui avait fait toutes ses mathématiques. Malgré cela, le Vénéré Père crut devoir le soumettre à d'autres épreuves pour le former à la pratique de l'humilité. Donc un jour, par un temps très froid et très humide, le Vénéré Père l'envoya arracher les mauvaises herbes d'un carré de [299] poireaux, rempli de limaçons, qu'il désirait aussi détruire. Or, le Vénéré Père s'était posté de manière à voir, sans être vu, l'impression que produisait sur notre postulant un travail si dégoûtant et l'habilité avec laquelle il l'exécuterait, tout en faisant la part du froid. Sans faire ni bien joyeuse ni bien triste mine, comme on le dit vulgairement, il s'acquitta de ce travail désagréable de manière à satisfaire le P. Champagnat, qui l'envoya ensuite à la taillerie pour apprendre à coudre.

Cependant, ce qui lui coûta le plus, je n'en doute pas, était de se voir placé en classe entre deux jeunes Frères légers, remuants, peu silencieux, qui cherchaient (et je dis la vérité) à le distraire, ou à le faire impatienter. Ainsi par exemple, quand il faisait sa grosse écriture, à laquelle il n'était pas habitué, ils lui poussaient le coude pour lui faire déformer ses lettres, mais lui, au lieu de les faire punir comme ils le méritaient, se contentait de dire humblement au maître d'écriture que les jeunes Frères, qui étaient à ses côtés, par leur remuement, lui faisaient quelquefois aller sa plume où il ne voulait pas. Etait-ce une nouvelle épreuve de la part du Vénéré Père, c'est ce que je ne dirai pas.

4°. Disons maintenant que, d'après sa prudente tactique, le Vénéré Père avait donné secrètement au F. Stanislas l'ordre de bien l'habituer, d'en avoir grand soin, et au besoin de relever son moral, en l'encourageant par la vue du bien qu'il pourrait faire plus tard dans la Congrégation, et en lui faisant connaître toute l'estime qu'il avait pour lui, ce que fit admirablement le C. F. Stanislas. Enfin, au bout de deux mois, le Vénéré Père, ayant apprécié sa vertu, son mérite et sa docilité, lui donna le st habit, et l'envoya immédiatement faire la première classe du pensionnat de La Côte-St. André, que M. Douillet avait fondé et qu'il avait cédé au P. Champagnat. [300]

5°. Voici un autre trait dont le résultat ne fut pas aussi heureux. Un postulant démesurément envieux de s'instruire et qui avait toujours des livres en main, même pendant le travail manuel, attira l'attention du Vénéré Père, qui vit en cela un trop grand attachement à sa volonté propre. Pour la briser, il le sortit de classe et l'envoya dans l'atelier des tisserands, avec ordre au chef d'atelier de ne lui laisser étudier aucun livre. Ayant appris qu'il ne se conformait pas à sa défense et, qu'en cachette, il continuait à se livrer à la lecture, il le renvoya. Ce Frère, car nous travaillions ensemble, avait déjà cependant un certain acquis et n'était pas dépourvu de talents, mais le Vénéré Père estimait plus, dans les postulants et en général dans tous les Frères, l'humilité et l'obéissance que la science et la capacité.


§ VII. Pénitences
Notre Vénéré Fondateur, voulant à tout prix former des religieux humbles, simples et modestes, et donner à sa Congrégation un cachet visible de la pratique de ces vertus, ne craignait pas, et même assez souvent, de donner des pénitences publiques, ou des emplois bas propres à humilier, et cela quelquefois pour des fautes légères. Il y a plus: des FF., surtout parmi les anciens, en faisaient de temps à autre par le fait seul de s'humilier. Ainsi, j'ai vu le C. F. François et le C. F. Louis-Marie demander pardon à genoux, au réfectoire, pour les manquements qu'ils auraient pu faire contre l'observance régulière ou la charité. Je n'indiquerai pas quelles étaient les diverses pénitences que donnait le Vénéré Fondateur, car elles sont relatées en partie dans les Règles communes. En général, pour les fautes un peu saillantes, il condamnait à prendre un repas entier, ou en partie, à genoux, au réfectoire, ou même seulement pendant la bénédiction de la table. [301]

2°. Il avait établi aussi des pénitences d'occasion; ainsi, par exemple, celui qui avait cassé ou détérioré quelque objet devait se présenter à genoux au réfectoire, avec les fragments de l'objet cassé ou endommagé, si cela était possible, et rester dans cette position jusqu'à ce que le Vénéré Père eût fait signe de se retirer. Celui qui, pendant la psalmodie de l'office, dérangeait le chœur pour n'importe quoi, venait baiser terre au milieu de la salle, ou au moins le devait-il faire à sa place. Il a été jusqu'à renvoyer même publiquement de la Congrégation ceux dont la faute avait été publique, mais scandaleuse, quand bien même elle ne parût pas précisément grave.

Un jour, en me promenant avec le C. F. François dans le jardin de l'infirmerie, j'aperçus un grand feu dans l'allée des platanes, qui était au-dessus de ce jardin, et où se prenait en ce moment la récréation. Ayant fait remarquer cette particularité au C. F. François, nous regardâmes avec attention pour connaître qu'est-ce qui pouvait en être la cause; et le croirait-on? nous vîmes en même temps des Frères sauter ce feu et pousser des cris de joie, comme le font les mandarins dans leurs fêtes balladaires. Disons que le P. Champagnat était absent pour deux ou trois jours. Qu'était-ce donc que ce feu et ce grand tapage? Le voici: quelques étourdis, guidés par une tête des plus exaltées, s'étaient mis dans l'idée de faire le carnaval en imitant les gens du pays, qui dans ce temps de désordre, allument des feux autour desquels on danse, on tapage, on saute, etc.

Le F. François, étonné et comme stupéfait d'une pareille irrégularité, se transporte aussitôt vers le lieu de la scène. Dès qu'il est aperçu, se dirigeant de ce côté-là, le feu s'éteint et tout rentre dans l'ordre accoutumé. Le F. François arrive et adresse une sévère correction, qui atteignit surtout les [302] instigateurs de ce désordre; puis il les avertit qu'il référera de cette affaire au P. Supérieur. Effectivement, le Vénéré Père de retour le lendemain, apprend tout ce qui s'est passé la veille. Alors, il rassemble la communauté, fait comparaître le principal chef au milieu de la salle, lui donne une verte semonce ainsi qu'à ceux qui s'étaient laissés entraîner, et lui intime l'ordre, malgré son aptitude, de se retirer de la Congrégation, ce qui se fit le lendemain. On comprit combien le Vénéré Père avait été affecté par ce désordre qu'on avait remarqué de la grand route, par la pâleur de son visage et par les paroles énergiques dont il se servit pour flétrir ces sortes de divertissements qui ne rappellent que trop les fêtes ignobles du monde païen, car cela se passait, ce me semble, le mardi-gras.



Pour terminer ce paragraphe sur les pénitences, je ferai remarquer qu'il ne faut pas croire que, malgré qu'elles fussent un peu multipliées, elles irritassent ceux qu'elles atteignaient et missent le mauvais esprit dans la communauté. Il n'en est absolument rien, parce qu'on les faisait par principe de vertu. Ce qui fatiguait le plus, c'était la peine que la faute avait faite au Vénéré Père. Du reste, toutes ces pénitences étaient données avec tant d'à propos, d'équité et de charité, qu'on n'aurait jamais osé répliquer un seul mot. Par rapport à cette justice dans les punitions, comme dans tout le reste, le Vénéré Père voulait que tous les chefs d'atelier la gardassent à l'égard de leurs subordonnés. Encore un trait à ce sujet. Un jour pendant la lecture spirituelle, m'étant permis de faire du bruit pour attacher une image dans mon bureau, le maître des novices, un peu émoustillé sans doute de quelques étourderies antérieures, me donne bel et bien 1.200 lignes à apprendre par cœur. Croyant cette pénitence par trop injuste, je me hasardai d'aller trouver le Vénéré Père pour m'en faire relever. [303] Arrivé dans sa chambre, je lui racontai, en pleurant, et dans le plus grand détail, ce pourquoi je venais le trouver. Après m'avoir écouté attentivement, il tire une feuille de papier de son secrétaire, y fait dégoutter de la cire d'Espagne, et y appose son sceau; puis il y écrit une seule ligne, signe la feuille et me la remet en me recommandant d'être plus silencieux. Quel était le contenu de cette ligne? Le voici textuellement: Paiement des douze cents lignes. Je le remerciai de mon mieux et la portai au maître des novices. Le bon Frère, voyant la signature du Vénéré Père, reçut ce paiement avec beaucoup de respect, et tout fut fini par là. On comprend que cette équité, qui était comme naturelle à notre Vénéré Fondateur, le garantissait de toute partialité et lui gagnait le cœur, l'affection et la confiance de tous les Frères et de tous ceux qui avaient à faire avec lui.
§ VIII. Récréations
1°. Je ne parlerai pas de la conduite que tenait le Vénéré Père pendant les récréations; par le trait que j'ai cité dans le paragraphe ci-devant, on voit qu'il voulait qu'elles ne ressemblassent pas à celles des mondains, et c'est ce qu'il pratiquait lui-même, ainsi qu'on l'a vu dans le premier paragraphe du chapitre deuxième de cet appendice. Du reste, si l'on veut avoir une idée complète de la manière religieuse dont il passait ses récréations, on n'a qu'à lire le chapitre des Règles communes qui traite de ce sujet, car c'est en général ce qu'il pratiquait lui-même. Je me bornerai donc à dire qu'il n'aimait pas les récréations bruyantes, les ris immodérés, les enfantillages, les jeux de mains, ni une trop grande dissipation. La tradition nous apprend que s'étant aperçu de quelques-uns de ces défauts parmi ses [304] premiers disciples, il les en reprit en leur en faisant une paternelle correction, ce qui suffit pour les corriger. A ce propos, il nous disait que les gens du monde se laissaient aller à de folles joies, en faisant grand bruit et grand tapage, parce que n'ayant pas la paix de la conscience, pour en étouffer les remords, ils cherchaient à faire diversion par des cris tumultueux et des folies de tout genre, mais que les religieux n'ont que faire de tout ce vacarme, parce qu'ils doivent se réjouir dans le Seigneur et en la ste présence de Dieu.

2°. Il ne voyait pas avec plaisir que l'on s'assît pendant la récréation, à moins de bonnes raisons; il voulait qu'on se promenât trois ou quatre ensemble, ou même plus, mais pas trop deux, surtout trop loin des autres. Mais ce qu'il aimait beaucoup et qui le contentait visiblement, c'était de voir jouer à des jeux innocents, et particulièrement au jeu de boules. Aussi, pour lui faire plaisir, jeunes et vieux ne manquaient pas, tous les jours, de faire la partie, lorsque la chose était possible. Pour stimuler les uns et les autres, le Vénéré Père avait réglé que les perdants porteraient le sac dans lequel se trouvait leur jeu, soit en montant, soit en descendant de la promenade, laquelle était éloignée de trois cents mètres environ de la maison. Or, quand il arrivait que le F. François ou d'autres Frères marquants perdaient, nous autres jeunes Frères, nous nous empressions de porter le sac, ce qu'on nous accordait toujours volontiers.

3°. Les livres étaient absolument prohibés pendant la récréation, et je ne sache pas d'avoir vu violer cette défense du Vénéré Père. Au lieu de s'appliquer à l'étude quand on ne pouvait pas jouer aux boules ou aux barres, etc., on avait les jeux de dames, de dominos et d'autre de ce genre. Ordinairement, [305] le Vénéré Père jouait au jeu de tric-trac avec les aumôniers. Souvent aussi, particulièrement pendant l'hiver, on concassait des noix; dans ce cas, le Vénéré Père était toujours de la partie, car comme la maison était pauvre, il avait calculé qu'il y avait bénéfice à les faire presser lui-même. Lorsque la récréation se prenait en faisant ce travail, la mortification était si bien observée que quelquefois j'ai bien vu des noix descendre sous la table, mais je ne sache pas les avoir vues être dirigées plus haut.
§ IX. Emulation
1°. Nous avons vu quelle importance le P. Champagnat attachait à l'étude et à la préparation du catéchisme. Aussi regardait-il comme sérieuse la faute d'un Frère qui ne le ferait pas dans sa classe ou qui même le ferait d'une manière aussi lâche que peu intéressante. A l'Hermitage, pour exciter notre émulation sur ce point de règle, il avait arrêté qu'autant que faire se pourrait, les élèves un peu capables seraient tenus de faire le catéchisme, chacun à tour de rôle, non sur un sujet quelconque, mais sur le chapitre du jour. On était toujours averti d'avance, afin que l'on pût le préparer convenablement. A cet effet, divers catéchismes développés étaient mis à la disposition de ceux qui devaient s'acquitter de cette honorable fonction. Le Vénéré Père venait quelquefois écouter incognito, afin de corriger au besoin le catéchiste, ou bien lui donner un petit mot de louange s'il le méritait. Ce mot de louange était déterminé par l'intérêt qu'on y avait mis, et surtout quand on l'avait fait en se servant de sous-demandes courtes, choisies, solides et précises. Généralement les Frères prédicateurs n'avaient pas son approbation, quelque capables qu'ils fussent d'ailleurs. Il ne voulait pas non plus [306] que l'on s'échauffât trop, et que le diapason de la voix fût trop élevé. Une fois, m'étant oublié sur ce point, il entre subito dans la classe et me fait une correction, mais d'une manière si adroite qu'elle ne fit que fortifier mon autorité, au lieu de l'affaiblir.

2°. Les dimanches et les fêtes, tous étaient tenus d'apprendre l'Evangile et, si on le pouvait, l'épître. Quelquefois, lui-même venait le faire réciter, et alors il en faisait l'explication avec tant d'intérêt qu'on ne pouvait se lasser de l'entendre. C'était pour lui un véritable plaisir quand, en sus de l'Evangile, on récitait encore l'épître; mais plus grande était encore sa satisfaction, lorsque le dimanche des Rameaux un bon nombre récitait la passion. Aussi préparait-on ce drame religieux plusieurs jours à l'avance, car toujours une belle image, portant le sceau du Vénéré Père, était la récompense de ceux qui l'avaient convenablement récitée. J'en sais quelque chose88 !

3°. Comme il avait remarqué qu'on ne répondait pas au bénédicité et aux grâces d'avant et d'après le repas, surtout à ceux qui varient dans de certaines fêtes, il faisait faire de temps en temps une composition là-dessus, qu'on lisait au réfectoire, ainsi qu'il se pratiquait pour la composition de lecture, d'écriture, d'orthographe, etc. Il faisait continuellement la guerre aux prononciations vicieuses, surtout à l'omission de l’e muet final de la fin des mots, au défaut d'articulation des consonnes, des voyelles et des monosyllabes, au manque de ponctuation, et enfin à tout ce qui peut rendre la lecture vicieuse. Quant à lui, c'était un plaisir [307] de l'entendre lire et parler, on ne perdait pas une seule syllabe, même lorsqu'il parlait presque bas, tant il articulait avec netteté et sans se presser. Je dirai, en passant, qu'aujourd'hui, où la lecture n'est plus en vigueur, on n'entend presque plus de bons lecteurs et de récitateurs de prières.

4°. Je l'ai vu souvent passer une partie des repas à corriger la prononciation de certains Frères, qui avaient une mauvaise prononciation provenant de l'accent de leur pays, parce qu'elle pouvait, disait-il, les rendre ridicules, et surtout vicier la lecture de leurs élèves. Je me rappelle qu'un bon Frère, qui en était logé à cette enseigne, avait l'habitude de prononcer le son « an » pour le son « on » ; ainsi, par exemple, au lieu de dire les ‘anges', il disait les 'onges' ; or, il est impossible de dire combien de mal s'est donné le Vénéré Père pour le corriger de cette bizarre prononciation.

5°. La lecture du latin était encore l'objet de sa sollicitude. A ce propos, il disait que les Frères, obligés de réciter l'office et d'autres prières dans une langue qu'ils ne comprenaient pas, sont exposés naturellement, soit en lisant, soit en chantant, de faire des fautes nombreuses et grossières, et par suite, à les faire faire à leurs élèves. De là, il concluait qu'il était nécessaire que les Frères sussent parfaitement lire le latin pour ne pas défigurer une langue, que comprennent MM. les Ecclésiastiques et souvent d'autres personnes, qui ne manqueraient pas de s'en offenser. De plus, il ajoutait, pour qu'on s'appliquât à cette sorte de lecture, que la langue latine, étant celle de la liturgie sacrée, on devait en respecter la moindre syllabe, attendu qu'elle est en partie composée des paroles de la Ste Ecriture. [308]

6°. Quoique le Vénéré Père attachât tant d'importance au catéchisme et à la lecture, il ne négligeait pas d'en faire presque autant pour toutes les autres branches d'enseignement qui sont du ressort de l'instruction primaire, surtout pour l'écriture qui, à cette époque, tenait le principal rang dans toutes nos classes, après le catéchisme et la lecture. Il avait même établi des prix d'écriture pour les établissements et les élèves, qui auraient la primauté à l'égard des uns et des autres, et lui-même les distribuait publiquement aux vacances à ceux qui les avaient mérités, tant il tenait à la bonne et à la belle écriture.


§ X. Conclusion finale89
1°. Je crois que toute la vie du Vénéré Père, que je viens de raconter en abrégé, peut se résumer dans ces mots: Esprit de foi. Car, pour peu qu'on la lise avec attention, on verra que c'est l'esprit de foi qui a été le mobile de toutes ses actions, et que c'est lui qui l'a conduit à cette haute perfection que l'Eglise reconnaît dans les serviteurs de Dieu, qu'elle offre à notre vénération et qu'elle place sur nos autels. En effet, l'esprit de foi, consistant à se conduire dans la pratique d'après les vérités que la foi nous enseigne, il est indubitable que celui qui agit d'après cet esprit, dans chacune de ses actions, leur donne un principe de vitalité qui les rend aussi parfaites que possible. Parmi les vérités que nous enseigne la foi, trois semblent surtout avoir guidé le Vénéré Père pendant sa vie: Dieu présent partout, N.S.J.C. dans la ste eucharistie, et enfin, [309] cette vérité reconnue par tous les théologiens, qu’après Dieu et Jésus-Christ, la Ste Vierge Marie est la plus grande, la plus élevée, la plus glorieuse, la plus puissante de toutes les créatures, et qu'elle n'a jamais laissé périr un seul de ses dévots serviteurs.

2°. De ces croyances fortement clichées dans l'esprit de notre Vénéré Fondateur, naissai[en]t la plus profonde humilité, une extrême horreur du péché, la mortification de tous les sens de son corps et de toutes les facultés de son âme et sa grande confiance à la Providence.

De là encore son ardent amour pour Notre-Seigneur, sa soumission à ses représentants, son respect pour tout ce qui avait rapport au culte, son zèle infatigable pour le salut des âmes, et cette charité incomparable, qui lui a fait produire tant d’œuvres de miséricorde spirituelles et corporelles.

De là enfin, cette piété toute filiale envers la Ste Vierge, cette confiance sans borne dans sa protection, et son dévouement si marqué pour la faire honorer et propager son culte dans tout l'univers catholique, par la Congrégation qu'il a fondée et qui porte le nom de cette Vierge bénie dans tous les siècles. Puissent tous les Petits Frères de Marie se montrer en tout, partout et toujours des photographies vivantes et parlantes de notre Vénéré Fondateur, (et non « pochées » comme j'ai le malheur d'en être une)90. Ainsi soit-il.

A. M. D. G. [310]


Yüklə 2,51 Mb.

Dostları ilə paylaş:
1   ...   16   17   18   19   20   21   22   23   24




Verilənlər bazası müəlliflik hüququ ilə müdafiə olunur ©genderi.org 2024
rəhbərliyinə müraciət

    Ana səhifə