Frère Sylvestre


CHAPITRE VI ième CONTRADICTIONS



Yüklə 2,51 Mb.
səhifə8/24
tarix15.10.2018
ölçüsü2,51 Mb.
#74168
1   ...   4   5   6   7   8   9   10   11   ...   24

CHAPITRE VI ième




CONTRADICTIONS

Je vais maintenant faire connaître quelques contradictions qu'a éprouvées le Vénéré Père Champagnat à raison de la fondation de son Institut de 1817 à 1830.

Une tradition constante dans la congrégation, des documents existants, le récit de plusieurs frères anciens et notamment du f. Stanislas, ce que j'en ai entendu raconter moi-même sont, ce me semble, des preuves assez suffisantes pour garantir au moins le fond de tout ce qui est contenu dans ce chapitre.
1ière contradiction : La Congrégation est menacée d'être dissoute
1°. La Congrégation, comme toutes les oeuvres de Dieu, s'est élevée à l'ombre de la croix et c'est dans le cœur si sensible de notre Vénéré Fondateur où elle a été implantée dès le principe de sa fondation. Nous avons vu dès le principe de sa fondation que M. le curé de Lavalla avait contrarié de tout son pouvoir le Père Champagnat pour l'empêcher d'aller habiter au milieu de ses Frères. A cette même époque, il fut encore l'objet de la critique et de la censure de plusieurs ecclésiastiques [126] et même de quelques-uns de ses amis qui ne craignaient pas de le traiter d'imprudent, d'ambitieux d'orgueilleux, etc., et même de lui prêter des idées toutes plus bizarres les unes que les autres. D'après un grand nombre, tout était blâmable dans sa nouvelle communauté, la règle, le costume, le genre de vie, etc. Enfin ces contradictions prirent une telle proportion que l'autorité diocésaine crut devoir s'en occuper sérieusement.

2°. M. Bochard, vicaire général, à qui le soin d'en informer revenait directement, fit appeler le Père Champagnat et lui répéta tout ce qu'on disait sur son compte. Le Vénéré Père lui répondit simplement qu'il avait effectivement réuni une huitaine de jeunes gens à Lavalla dans le but de faire la classe dans la paroisse, attendu qu'elle n'avait pas d'instituteur, mais qu'à vrai dire la pensée lui était venue de former des maîtres pour les enfants de la campagne, néanmoins que, dans le cas présent, il ne faisait que diriger ces jeunes gens sans se dire leur supérieur. M. Bochard lui ayant fait connaître qu'il avait fondé une institution de ce genre à Lyon, lui proposa de les renvoyer dans sa nouvelle communauté. Mais le Vénéré Père, sans lui promettre rien de positif, prit adroitement congé de lui.

3°. En sortant de chez M. Bochard, le Père Champagnat va frapper à la porte de M. Courbon, premier grand vicaire et, comme lui, natif de la paroisse de Marlhes, car dans ce moment le siège archiépiscopal de Lyon était vacant. M. le grand vicaire l'ayant engagé à poursuivre son oeuvre, il se rendit incontinent chez M. Gardette qui, d'après ce que nous avons dit plus tôt, était son Directeur extraordinaire et son conseiller. Celui-ci lui tint le même langage que M. Courbon et lui dit même que la fusion que M. Bochard lui avait proposée [127] ne lui paraissait pas possible, et que, dans tous les cas, cette contradiction ne devait pas le décourager mais plutôt l'affermir dans la poursuite de son oeuvre.

4°. Cependant quelque temps après, M. Bochard voyant que le Père Champagnat ne se prêtait pas à ses désirs, le menaça de faire fermer sa maison et de le changer de Lavalla. Le bon Père qui était alors à Lyon, en revint bien triste et bien affligé; cependant selon son habitude, il ne fit pas connaître aux Frères l'intention du grand vicaire. Se voyant dans une position si pénible, notre Vénéré Fondateur a recours à ses armes favorites de défense; la prière, la mortification et le recours à Marie, sa ressource ordinaire, expression dont il se servait souvent et surtout quand il voulait obtenir quelques faveurs particulières, et que je lui ai entendu répéter cent et cent fois. A cette fin il alla célébrer souvent la Ste messe à une chapelle près de Lavalla et connue sous le nom de N. D. de Pitié, la conjurant de prendre son oeuvre sous sa protection. Il fit plus, il ordonna des prières particulières à la communauté ainsi qu'une neuvaine de jeûnes au pain et à l'eau; lui-même fit un pèlerinage à la Louvesc au tombeau de St Jean-François Régis, l'un de ses protecteurs particuliers.

5°. Mais l'épreuve n'était pas finie. M. Bochard, une troisième fois, revint à la charge, et après s'être servi, en lui parlant, d'épithètes un peu dures et même offensantes, il lui dit que définitivement il allait faire évacuer sa maison. M. Dervieux, curé du canton de St. Chamond d'où dépend la paroisse de Lavalla, probablement poussé par M. Bochard, le fit appeler et lui parla à peu près dans les mêmes termes que le grand vicaire. Le plus grand mal dans cette affaire fut que l'opposition de M. Bochard [128] pour l’œuvre du Vénéré Père, ainsi que la conduite qu'il tenait à son égard, ayant percé dans le public, il n'y eut alors sortes d'injures qu'on ne vomît contre le Vénéré Père. M. le curé de Lavalla, qui n'avait cessé de le critiquer dans son entreprise et qui même en pleine église lui avait fait plusieurs inconvenances, ne cessait de son côté de le dénigrer auprès de M. Bochard. Bien plus, le confesseur du Vénéré Père se mit de la partie et lui refusa nettement sa direction. Oh! dans cette nouvelle épreuve, quel ne dut pas être le resserrement de son cœur en se voyant abandonné par son seul soutien jusqu'alors; je me trompe, il y en avait encore un et bientôt j'en parlerai.

Au milieu de ce déluge de contrariétés de tous genres, le Vénéré Père ne se décourage pas; cependant il lui vint en pensée d'aller en Amérique travailler au salut des infidèles. Ayant communiqué cette idée à ses Frères, tous unanimement lui répondirent qu'ils le suivraient jusqu'au bout du monde.

Le Vénéré Père ne savait donc trop ce qu'allait devenir son oeuvre. A tout moment il s'attendait à voir arriver les gendarmes de St. Chamond avec ordre de fermer sa maison, car M. Dervieux, sur de nouveaux rapports qui lui avaient été faits, le fit appeler et le lui dit formellement. Même il ne voulut avoir aucune explication avec le Vénéré Père et ferma sa porte sur lui. Mais l'épreuve était finie, en attendant l'arrivée d'autres, car la vie des saints n'en est qu'une continuité. Le cœur du Vénéré Père, si saturé de chagrins et d'ignominies, va enfin être soulagé, ses prières ferventes, ses mortifications multipliées, son recours plein de confiance à Marie vont pleinement être exaucés.

6°. Notre pieux Fondateur était donc dans cette désolante perplexité, lorsqu'il apprend que Mgr de [129] Pins vient d'être nommé administrateur du diocèse de Lyon. C'est donc avec sa Grandeur maintenant qu'il aura affaire et non avec les vicaires généraux. Après une fervente prière, inspiré d'en haut sans doute, il écrit à Monseigneur une lettre dans laquelle il lui donne connaissance de son oeuvre et de son état actuel, se soumettant d'avance à la continuer ou non suivant ce qu'il en ordonnera. Il écrivit aussi à M. Gardette, cet ami intime dont nous avons parlé et qui ne l'avait pas abandonné au milieu des tribulations si fatigantes que la Providence lui avait envoyées, en le priant de corriger sa lettre au besoin, sauf à la refaire, et à la remettre lui-même à Monseigneur. M. Gardette s'en chargea avec plaisir et en la communiquant à sa Grandeur, il fit, on ne peut en douter, l'éloge bien mérité du Père Champagnat et du but religieux qu'il se proposait uniquement dans son oeuvre. Monseigneur l'Archevêque, après avoir écouté avec beaucoup d'intérêt M. Gardette, lui dit d'écrire au Père Champagnat parce qu'il voulait causer avec lui, en attendant, de l'assurer de sa bienveillance. Aussitôt la lettre reçue, le Père Champagnat se rend à Lyon et va trouver M. Gardette qui le présente lui-même à Monseigneur. En arrivant, le Vénéré Père, plein d'humilité, se jette à ses genoux et prie sa Grandeur de le bénir. Le vénérable Archevêque le bénit avec affection, et non seulement lui, mais encore toute sa communauté. Après s'être longuement entretenu avec le Vénéré Père, il lui permet bien volontiers de continuer son oeuvre et, de plus, de donner un costume à ses frères et de leur faire faire des vœux, lui promettant quelques secours pour construire une maison plus spacieuse. Pénétré de la plus vive reconnaissance, le Père Champagnat monte immédiatement à Fourvière, remercie son auguste protectrice de toute l'effusion de son cœur et se consacre de nouveau à son service. M. Gardette et [130] Monseigneur, comme on le voit, ont évidemment empêché la ruine de la Congrégation et méritent donc avec justice de la part des Frères une éternelle reconnaissance. Arrivé à Lavalla, le Vénéré Père fit part à ses frères des faveurs dont le ciel venait de le combler, et les invita à remercier la Ste Vierge de ce qu'elle lui avait accordé sa protection d'une manière si visible.

7°. Mais une épreuve d'un autre genre vint bientôt troubler son bonheur. Pendant son absence de Lavalla qui dura quelques jours, un ecclésiastique que M. le Curé avait appelé pour lui aider à faire les Pâques, se mit dans la tête de remplacer lui-même M. le curé. Pour arriver à son but, il s'intrigua si bien auprès des paroissiens qu'il leur fit faire une pétition tendant à faire changer M. le curé. Le Père Champagnat, qui avait plus que tout autre des raisons pour demander son changement, blâma hautement les habitants d'avoir fait cette démarche et déclara à cet ecclésiastique qu'il ne voulait avoir aucune relation avec lui. La pétition ayant abouti, il arriva que ce ne fut pas cet ecclésiastique qui fut nommé curé, mais M. Bedouin, vénérable prêtre selon le cœur de Dieu et qui eut toute la confiance, le respect et la soumission du Père Champagnat. Monseigneur avait bien offert la cure à notre Vénéré Père, mais il ne crut pas devoir l'accepter, afin de n'avoir qu'à s'occuper de ses Frères; même il demanda à être déchargé de ses fonctions de vicaire, ce qui lui fut accordé vers la Toussaint 1824. Les habitants de Lavalla employèrent et prières et supplications pour le retenir; même ils lui firent les offres les plus avantageuses, mais sa résolution était prise et il aurait fallu un ordre formel de Monseigneur pour céder à leurs instances. Maintenant le voilà donc tout entier à son oeuvre; voyons ce qu'elle va devenir. [131]



Yüklə 2,51 Mb.

Dostları ilə paylaş:
1   ...   4   5   6   7   8   9   10   11   ...   24




Verilənlər bazası müəlliflik hüququ ilə müdafiə olunur ©genderi.org 2024
rəhbərliyinə müraciət

    Ana səhifə