Alexandrie



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Ainsi, s’étendant sur deux siècles le Gnosticisme a fait la synthèse de toutes les idées de l’époque pour en faire un christianisme spécial, tissé de religions orientales et de mythologie grecque ; Camus dit « Il est une théorie grecque de la grâce ». Avec la force du gnosticisme on comprend que le christianisme orthodoxe à Alexandrie n’ait pris son essor qu’au III siècle ; le christianisme a combattu le gnosticisme avec force et vigueur mais « il est plus difficile de se débarrasser de ses faux enfants que de ses ennemis ».

Au niveau des influences chrétiennes, la spécialiste Simone Pétrement , en conclusion de la première partie de son livre « le Dieu séparé »est catégorique : « Les écrits johanniques occupent la plus grande place parmi les textes néotestamentaires dont se réclament les gnostiques et qui ont pu donner lieu à leur interprétation du christianisme » ; l’idée de grâce pénètre toute la sotériologie (doctrine du salut) : c’est la conception d’un Sauveur, qui a cherché l’homme avant d’être cherché par lui. « La clef du secret de l’origine du gnosticisme ne peut être trouvée que dans les environs de l’Evangile de Jean ». En ce qui concerne les ressemblances incontestables entre la pensée gnostique et celle de Jean, il est probable que c’est Jean qui a influencé le gnosticisme plutôt que le contraire. S.Pétrement cite alors Henri-Charles Puech qui dit, s’appuyant sur plusieurs textes gnostiques, que l’objet fondamental de la connaissance est le Soi, c'est-à-dire la part profonde et cachée de chaque être humain ; « leur propre être, par son essence la plus profonde, est situé au-delà de leur condition présente ; l’autre monde est la vraie vie, d’où ils sont provisoirement exilés : la Gnose serait le fait d’un moi en quête du Soi ». (Le Dieu séparé. P.195) La force des gnostiques vient de ce que cette quête est éternelle et que l’homme veut approcher de la vraie Lumière, qui peut se révéler, permettant l’accès, un jour, à la connaissance convoitée…

Enfin les gnostiques sont dualistes : le dualisme consiste dans la distinction profonde de Dieu et du monde. Ce dualisme n’est pas autre chose qu’une accentuation extrême de la transcendance : H.Jonas dit « dualisme anticosmique et eschatologique » (anticosmique : contre l’adoration des puissances qui règnent dans le monde).
VI . PLOTIN. LE NEO-PLATONISME.

Les textes de Plotin décrivent parfaitement l’expérience unitive et posent le problème de l’influence platonicienne dans le Christianisme ; car Plotin dit « nos discours n’ont rien de nouveau…ce sont les écrits de Platon qui nous assurent que ces théories sont anciennes ». Pour Plotin, l’originalité est un défaut, l’innovation suspecte, la fidélité à la tradition un devoir. La synthèse plotinienne a fourni à la pensée chrétienne une méthode, une façon de voir les choses. Plotin est un Grec et il ne veut être qu’un commentateur de Platon, qui s’inquiète de la destinée de l’âme : la solution pour Plotin est la confusion, la fusion de la destinée de l’âme et de la connaissance rationnelle des choses.

Dans la vie de Plotin il y a un grand nom : Ammonius. Plotin, déçu par plusieurs « enseignants » alexandrins, a dit de lui « Voilà l’homme que je cherchais » à Alexandrie. Il resta onze ans son disciple. Nous savons par le disciple de Plotin, Porphyre, l’énorme influence d’Ammonius Sakkas sur Plotin mais aussi sur d’autres penseurs : païens, chrétiens, chrétiens gnostiques car tout « cherchant » était admis chez Ammonius qui fut aussi le maître de l’orthodoxe…Origène.  «  Etudier l’œuvre de Plotin ,« les Ennéades » ,et par là d’une part faire son portrait spirituel et d’autre part comprendre ses messages implique une purification par lequel le moi se sépare de tout ce qui n’est pas lui-même (corps, plaisirs, peines, particularités individuelles et contingentes…) et remonte à l’essentiel » (P.Hadot) Il faut se dépouiller pour Etre . Ce rejet du corps sera une des raisons de l’hostilité païenne au mystère de l’incarnation. Aux questions de Clément d’Alexandrie (extraits de Théodote) : « Qui étions-nous ? Que sommes-nous devenus ? Où avons-nous été jetés ? Où allons-nous ? D’où nous vient la libération ? » auxquels les gnostiques ont donné une réponse, Plotin apportera d’autres réponses. Malgré des ressemblances superficielles, les réponses plotiniennes sont opposées à l’attitude gnostique ; Plotin n’a pas à attendre la fin du monde sensible pour que son moi, d’essence spirituelle retourne au monde spirituel. On peut l’atteindre en rentrant dans soi-même : « le moi humain n’est pas irrémédiablement séparé du modèle éternel du moi » ; Le vrai moi, ce moi en Dieu, nous est intérieur. Cela est difficile parce que « tout ce qui se trouve dans l’âme n’est pas conscient pour autant mais que cela parvient à nous en parvenant à la conscience » (Enn. V,1). C’est qu’en passant d’un niveau intérieur à un autre, le moi a l’impression de se perdre. S’il s’unifie et s’élève à la pensée pure, le moi craint de perdre conscience de lui-même et de ne plus se posséder : nous ne pouvons nous élever à la vie spirituelle que par une sorte de va-et-vient continuel entre des niveaux discontinus de notre tension intérieure. Dans la deuxième Ennéade (IX), partie intitulée « Contre les Gnostiques : ceux qui disent que le Démiurge du monde est méchant et que le monde est mauvais » il écrit que «  Si Dieu était absent du monde, il ne serait pas non plus en nous ». Contre les Gnostiques, Plotin affirme donc que le monde spirituel n’est pas ailleurs qu’en nous-mêmes. Le Saint des Saints est en l’homme. Pour Plotin la Beauté du monde est essentielle ainsi que la contemplation et ceux (les Gnostiques) qui ne la voient pas n’ont compris ni les choses sensibles, ni les êtres intelligibles et si le monde est beau c’est que quelque chose l’ordonne. L’esprit qui l’anime est l’âme du monde et le Principe supérieur est l’UN. Les formes sont une seule Forme. La connaissance n’est pas un acquis mais un effort, un désir, une évolution créatrice. L’UN, l’intelligence et l’âme du monde, le premier dans sa plénitude, les deux autres comme un reflet, expriment la même divinité. (Trois hypostases, comme une trinité) L’âme est l’intermédiaire entre le monde sensible et le monde intelligible ; les âmes individuelles sont parties de l’âme du monde ; l’âme se reflète dans la matière et prenant ce reflet pour elle-même, elle descend s’unir à lui quand elle devrait s’élever au contraire pour rejoindre ses origines.  «  Une conséquence est que toute connaissance qui n’est pas intuitive et contemplative participe de la vie corporelle : la pensée raisonnée n’est qu’un affaiblissement de la pensée intuitive. » (Albert Camus. Thèse de doctorat. Plotin et St Augustin. Pléiade TomeI) L’âme est désir de Dieu et nostalgie d’une patrie perdue. Les êtres s’efforcent vers Dieu dans l’échelle des Idées et tendent à remonter le cours de la procession ; et « c’est pourquoi il faut nous enfuir d’ici et nous séparer de ce qui s’est ajouté à nous-mêmes » Ennéades.II, 3,9. Cela semble proche d’une position gnostique, mais, selon Plotin, les Gnostiques, en censurant le cosmos sensible, demeure des pneumatiques qui y habitent, démontrent méconnaître la véritable œuvre démiurgique de l’Intellect au moyen de la contemplation de l’Âme, ainsi que la situation des âmes dans le cosmos. Plotin met aussi en évidence «  l’absurdité eschatologique absolue qui les fait croire que le monde a eu un commencement et aura une fin (Enn. II,9 ,3), alors que le monde a une Âme qui lui permet de s’étendre de façon perdurable comme image sensible de l’Archétype éternel. » (F.Garcia Bazàn. La descente et l’ascension de l’âme selon Plotin et la polémique antignostique.)

« L’UN est toutes les choses et il n’est aucune d’entre-elles ; principe de toutes choses car toutes font en quelque sorte retour à lui » Enn. V (2,1). Plotin critique également le désintérêt des gnostiques pour la Vertu : « ce qui prouve leur méconnaissance de la nature divine c’est qu’ils n’ont aucune doctrine de la vertu, et sans la vertu véritable, Dieu n’est qu’un vain mot ». Ce sont nos purifications, nos vertus, notre ordre intérieur qui nous mènent à lui. Pour Plotin l’homme vertueux, sage, heureux, est le «  Spoudaios » : c’est l’homme modèle, l’homme critère qui montre comment il est possible d’être heureux et de le rester : «  le Spoudaios est toujours joyeux, son état est calme et sa disposition aimable, aucun des soi-disant maux ne peut l’ébranler, s’il est vraiment un Spoudaios » (l’Ethique du sage chez Plotin. Le paradigme du Spoudaios. Vrin).

En mourrant Plotin dira à son disciple Eustochius « Je m’efforce de faire remonter ce qu’il y a de divin en moi à ce qu’il y a de divin dans l’univers » ; pour Plotin la vie est présence totale, plus on la cherche moins on la trouve. Si on renonce à la chercher alors on découvre qu’elle était déjà là. « Tu t’agrandis donc en rejetant tout ce qui est autre que le Tout et, si tu rejettes cela, le Tout te sera présent » (Traité 9) ; cela rejoint Pascal « tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais trouvé » et St Augustin « tu étais avec moi, mais moi je n’étais pas avec Toi ».

St Augustin est l’ex-manichéen qui, par la lecture des Ennéades du païen Plotin, basculera vers le Christianisme, sera évêque d’Hippone et écrira… une réfutation des Manichéens. Proximité des doctrines, nuances d’interprétation, syncrétisme, mouvance : le lot des recherches alexandrines. Mais on peut penser que nombre d’idées plotiniennes ont fait leur chemin à travers les siècles : la spiritualité maçonnique du Rite Ecossais Ancien et Accepté me semble adhérer à certains concepts de l’alexandrin Plotin.

VII. LES CHRETIENS ALEXANDRINS
Le christianisme est arrivé à Alexandrie au 1er siècle. Paul cite le judéo-chrétien Apollos d’Alexandrie comme un missionnaire zélé. La mission chrétienne a marché sur les pas de la mission juive. Près de toute mission chrétienne, au 1er siècle, on trouve une synagogue, toutefois, jusqu’au 2eme siècle il n’y a pas de communauté chrétienne à Alexandrie. Marc, et les évêques pour lui succéder, est une légende. (Adolph Martin Ritter) Jusqu’à l’épiscopat de Démétrius, contemporain de Clément et d’Origène il n’y a pas de tradition concomitante qui se rapporte à une liste épiscopale d’Alexandrie. Les deux Evangiles dont on peut prouver l’existence à Alexandrie, l’Evangile des Hébreux (judéo-chrétien) et l’Evangile des Egyptiens (pagano-chrétien) ont un substratum syncrétique et gnostique et les deux seuls chrétiens alexandrins que l’on peut nommer au milieu du II siècle sont les deux chefs d’écoles chrétiennes gnostiques Basilide et Valentin, tandis que les premiers orthodoxes chrétiens alexandrins Pantène et Clément étaient des nouveaux-venus, attirés par l’intense vie spirituelle et religieuse de la ville. Le christianisme à Alexandrie, à ses débuts, est-il donc gnostique ?

La situation unique et la place à part politique et juridique, d’une Alexandrie centre de commerce et de culture extraordinairement important, aussi bien que les conditions particulières dans lesquelles le christianisme s’y est développé auront assuré une remarquable et permanente originalité : l’évêque d’Alexandrie était élu par le presbytérium de la ville et choisi en son sein d’où une autonomie qui ailleurs avait disparu. A côté de l’ancien foyer dans le quartier juif, près du palais, s’est développé un second foyer dans le quartier égyptien (Rhakotis), d’où l’Evangile des Egyptiens. Il s’agit de chrétiens issus du paganisme, à côté de chrétiens issus du judaïsme. Pas de grande communauté mais deux groupes, chacun autour de son Evangile. Les Gnostiques s’intéressaient à l’Evangile des Egyptiens (Théodote, disciple de Valentin, dont la doctrine sera étudiée par Clément, annotée…) . On peut considérer que, par syncrétisme, il y a une pensée religieuse de l’ancienne Egypte dans cet Evangile qui sera considéré évidemment comme hérétique. Le gnostique Basilide s’insère plutôt dans le monde d’Ammonius Sakkas, maître de Plotin et d’Origène et adepte de Platon !

Le christianisme alexandrin non gnostique est fortement marqué par le judéo-christianisme : c’est cette branche qui développera l’orthodoxie. Cela est confirmé par le plus ancien manuscrit de l’A.T., le P 52 (125 ans après J.C.) avec un fragment de l’Evangile de Jean, estimé par Clément et Origène. Il y a bien des raisons pour voir dans la gnose chrétienne, en tout cas dans la forme donnée par Basilide, son fils Isidore et peut-être par Valentin et son disciple Héracléon « la manifestation puissante d’une première théologie chrétienne qui changeait les fortes images de l’eschatologie du christianisme originel en une conception philosophico-mythique de l’Univers.

C’est avec Démétrius, évêque d’Alexandrie de 189 à 231 qu’un christianisme ecclésial, orthodoxe, apparaît. C’est au nom de cette orthodoxie que Démétrius sera en désaccord avec Clément, qui oscille entre la gnose qu’il juge globalement hérétique (sauf la sienne) et la philosophie, et avec Origène qu’il chassera d’Alexandrie prétextant qu’il défend des opinions non canoniques et s’appuyant sur le fait ancien de son émasculation volontaire. Il est vrai que Clément n’a jamais cessé de se passionner pour la Gnose, même s’il fait une distinction entre gnose vraie et gnose « hérétique », se sentant proche des Apôtres, et de Jean en particulier. Si Démétrius a combattu et éliminé Origène (considéré comme un éminent père de l’Eglise par la suite), bien que plus inoffensif que Clément, son prédécesseur à la catéchèse, et laissé libre Clément, c’est qu’il n’existait aucune chance, une génération plus tôt à Alexandrie, d’attaquer victorieusement les idées gnostiques. Il ne peut y avoir d’hérétiques que là où les orthodoxes se sont séparés d’eux. Il y a donc un glissement, une évolution, qui s’écarte toujours davantage de la Gnose : Gnose, Clément des hypostases, Clément des Stromates, Origène, Démétrius. Un siècle plus tard, on le verra, l’orthodoxie l’emportera, puis le Christianisme sera religion d’Etat et le combat se fera contre d’autres hérésies dont l’Arianisme, avec Athanase d’Alexandrie pour évêque. (Discours contre les Ariens, Contre les païens…) C’est ce qui fait dire à Jorge Luis Borgès : « Si Alexandrie et non Rome avait triomphé, les histoires gnostiques, étranges et troubles, seraient cohérentes, majestueuses, quotidiennes. » (Pléiade T1. Une défense du fallacieux Basilide)

L’ECOLE D’ALEXANDRIE : LE SYNCRETISME

Dans le domaine exégétique l’influence du platonisme a été déterminante puisque Origène a fait correspondre aux deux niveaux platoniciens de réalité sensible et intelligible respectivement l’interprétation littérale et l’interprétation spirituelle, cette dernière étant souvent identifiée à l’interprétation allégorique. Philon, Clément, Origène sont convaincus que l’Ecriture n’est pas d’une compréhension aisée et que, de ce fait, l’on doit aborder la parole de Dieu avec dévotion et crainte et avec une formation spirituelle appropriée. L’Ecriture repousse le lecteur occasionnel et réclame une étude continue, pour que l’interprète réussisse à pénétrer sa signification la plus profonde et la plus vraie, au dessus du voile de la lettre dont elle s’enveloppe comme pour se protéger du regard profane. C’est pourquoi « le langage symbolique est le langage qui est le plus à même à la fois de communiquer à l’homme le sens de la réalité divine qui le transcende et de mettre à l’épreuve ses qualités intellectuelles et morales dans le difficile travail d’interprétation ».

C’est le témoignage d’Eusèbe de Césarée qui décrit les débuts de l’école avec Clément. Un élément fondamental de la notion d’école chrétienne d’Alexandrie est l’influence de la philosophie. Il présente l’avènement du platonisme au II siècle comme un phénomène surgissant à Alexandrie et caractérisé par l’éclectisme. La doctrine née à cette époque dans la capitale de la science a été adoptée par les alexandrins savants qui, devenus chrétiens, voulaient garder le manteau de philosophe, et par tous ceux qui au II siècle furent les maîtres des chrétiens d’Alexandrie et surtout Pantène et Clément. Pour eux la vraie philosophie est don de Dieu, elle est dispersée dans les sectes et le devoir du docteur est de la recueillir de toutes parts. Ammonius Sakkas inventeur de la théurgie néoplatonicienne est responsable d’une mutation dans la nouvelle philosophie alexandrine : dépassant l’éclectisme il aurait tenté de conjuguer à la fois courants philosophiques et religions en un seul système par le recours à l’allégorie. L’école d’Alexandrie accorde le rôle principal à l’ouverture du christianisme à la philosophie grecque. Alexandrie est la ville où est née la théologie chrétienne, grâce à la confrontation avec la philosophie et avec la gnose. Pour plusieurs commentateurs c’est Pantène (il précède Clément) qui a fait une mutation avec son école, rivale de l’école grecque d’Alexandrie, comme l’avait été la juive avec Aristobule et Philon. Elle donnera Ammonius, Clément, Origène…Elle est faite d’éclectisme et de syncrétisme. C’est la philosophie « Ammonio-Plotinienne », avec un esprit vraiment libéral « singulier échange de lumières surnaturelles et rationnelles » (Victor Cousin) avec érudition païenne et judaïque, avec l’idéalisme platonique et le mysticisme de la Perse. J.Matter dira que la théologie alexandrine, celle de Clément et d’Origène fut la meilleure dans toute la société chrétienne. Renan célébrait l’esprit libéral de Pantène, sa largeur d’idées, son syncrétisme, n’hésitant pas à voir en lui « l’aurore d’un remarquable mouvement intellectuel, supérieur peut-être à tous les essais de rationalisme qui se sont jamais produits au sein du christianisme ». Pantène ? Tout lui plaisait, les philosophies, les hérésies, les religions les plus étranges…

A cette époque du riche syncrétisme alexandrin les chrétiens ont cherché à s’approprier des philosophes grecs susceptibles de s’insérer dans les doctrines chrétiennes : Epictète a été reçu très tôt dans le monde chrétien ; grâce à sa simplicité de style, proche des écritures dit Origène « il est admiré du tout venant, qui y recherche un effet bienfaisant » (Contre Celse VI,2) Clément d’Alexandrie le cite également. Le Manuel d’Epictète a été composé par son disciple Arrien. (Deux manuscrits : Manuel du Pseudo-Nil et Vaticanus graecus n° 2231)

CLEMENT D’ALEXANDRIE.

Pour Clément, le gnostique est l’homme purifié et juste, vertueux car Clément associe gnose et vertu : « Pour qui aime la justice, les efforts de la Sagesse sont des vertus car elle enseigne à la perfection tempérance et prudence, justice et courage : rien n’est plus utile aux hommes dans leur vie ». (Strom. VI 95,4) Mais « la Connaissance qui l’emporte en grandeur et en vérité sur tous les savoirs est très difficile à acquérir…or, conforme à l’identité de Celui qui sait tout, le gnostique, juste et saint, avec prudence se hâte de parvenir à la mesure de l’âge parfait » (Strom.VI, 97) «  C’est l’état du juste qui a su fuir le monde et se rendre semblable à la divinité » (Protreptique(122,4). Si le gnostique de Clément est vertueux il est donc différent des autres gnostiques jugés mystiques ou licencieux ; Hans Jonas (la religion Gnostique. P.347) écrit : «  l’un des reproches que Plotin adresse aux gnostiques c’est de n’avoir pas de théorie de la vertu ; et de soutenir que c’est leur mépris du monde qui les empêche d’en concevoir une ». Il s’agit plus qu’une omission ; cette absence est conséquente à l’attitude anticosmique : dénier toute valeur aux êtres de ce monde mène à n’en accorder aucune aux faits et gestes de l’homme en ce monde. Agir selon la vertu, au sens grec (arétê) consiste à mettre en actes les facultés de l’âme, en vue du commerce de la vie : cela rejoint Clément et se trouve opposé à l’attitude de certains gnostiques. Dans les Stromates II (70,4 et 71,4) deux exemples montrent le lien que Clément établit avec l’A.T. et avec la philosophie grecque. En outre, ils témoignent de la permanence des idées à travers les siècles et l’intérêt porté par les penseurs modernes à ces idées. Clément : « Déjà un peu plus mystérieux est le « Connais-toi toi-même qui vient de ce texte : tu as vu ton frère, tu as vu ton Dieu » (Parole du Seigneur non conservée dans les Evangiles canoniques). Clément veut sans doute montrer que les plus nobles sentences des philosophes grecs viennent de l’Ecriture ; mais quelle résonance avec la philosophie du moderne Emmanuel Lévinas qui trouve « la Transcendance dans le regard de l’autre ». Clément (Strom.II 71,4) écrit également « Transmettant plus clairement le « connais-toi toi-même » Moïse dit souvent «  Fais attention à toi-même ». (Génèse 24,6) Les cours de Michel Foucault au collège de France du 6 Janvier 1982 sont une exégèse et un prolongement de cette phrase du chrétien orthodoxe alexandrin Clément. (l’Herméneutique du sujet)

Foucault précise les rapports entre le « gnôthi seauton » et « l’epimeleia heautou » (le souci de soi) : « Si cette notion de souci de soi-même, que l’on voit surgir de façon très explicite dès le personnage de Socrate, a parcouru tout le long de la philosophie antique jusqu’au christianisme, vous retrouvez la notion d’ « epimeleia » dans ce qui a préparé le christianisme : la Spiritualité Alexandrine . On la retrouve chez Philon (La vie contemplative. Les Thérapeutes), chez Plotin (Ennéade II 9,18) et dans l’ascétisme chrétien. Foucault précise qu’il ne faut pas disqualifier l’epimeleia heautou au profit du gnôthi seauton, et que la spiritualité est l’ensemble des recherches, pratiques et expériences par lesquelles le sujet opère sur lui-même les transformations nécessaires pour avoir accès à la vérité ; «  purifications, ascèses, renoncements, modifications d’existence, conversion du regard…constituent pour le sujet, l’être même du sujet, le prix à payer pour accéder à la vérité ».

Les Stromates (tapisseries, mélanges…) évoquent une grande diversité de thèmes ; il est alors délicat de faire un « concentré de Stromates » mais l’énumération de quelques titres de paragraphes permet d’examiner les influences diverses reçues (grecque, judaïque…), de mesurer l’éclectisme et le syncrétisme de sa pensée et de constater la diversité des sujets traités : structure de la foi et ses rapports avec la philosophie, fin de l’homme, cosmologie, symbolisme de la nature et de l’Ecriture, existence d’une Gnose orthodoxe, voies et degrés de la Connaissance de Dieu et de l’union à Dieu.

Stromate I. –Valeur de la philosophie grecque comme introduction à la Gnose.

-La foi cultivée par la science vaut mieux que la foi nue.

-La vérité est dispersée dans les philosophies grecques et barbares.

-Il est arrivé aux grecs de voir juste et de s’égarer moins que les hérétiques.

-Transmission de la Sagesse hébraïque aux grecs ; Moïse inspirateur de Platon.

Stromate II – Dans les systèmes de Basilide et Valentin, la foi n’est ni libre ni volontaire.

    • Excellence morale et spirituelle de la Loi de Moïse.

    • Le souverain Bien de l’homme chez Platon.

    • Comment le Gnostique est un imitateur de Dieu.

Stromate IV – Réfutation de Basilide sur le martyre.

    • Aimer les hommes comme nous-mêmes.

    • Les femmes comme les hommes sont capables de perfection.

    • La vraie perfection est dans la Connaissance et l’Amour.

Stromate VI – Les emprunts des grecs aux Egyptiens et aux habitants de l’Inde.

    • L’Universalité du salut.

    • Le portrait du gnostique : homme purifié et juste.

Le Stromate III tente de répondre à la question mille fois posée dans l’antiquité « Faut-il se marier ? » en réaction aux excès des sectes licencieuses et la rigueur encratite. (Les encratiques condamnaient le mariage) Il y avait, au II siècle une dissolution des mœurs, et, en contre partie, l’appel à la continence mystique,(néopythagorisme, néoplatonisme). Dans les milieux qui se réclament du christianisme des positions très différentes et extrêmes co-existent à Alexandrie. Les spéculations métaphysiques ont généré des morales contradictoires. C’est le cas de sectes se réclamant du christianisme avec des comportements immoraux (Carpocratiens, Nicolaïtes, disciples de Prodicos…), échappant à tout jugement de valeur : « il faut abuser de la chair ». Les Encratistes (sectes de Marcion, Tatien, Cassien) sont aux antipodes : la règle est l’abstinence, le rejet du mariage et de la procréation. Cela a fait écrire à J.L.Borgès : « deux choses immondes (pour ces gnostiques) : la copulation et le miroir »…car ils multiplient l’humanité. Clément, (Stromate III) combat et jette le discrédit sur l’ascétisme encratite. Il sera un régulateur, fidèle à l’Esprit et à la lettre de l’Evangile. « Quoi donc, celui qui plaît, selon le Seigneur, à sa femme, ne peut-il rendre grâce à Dieu tout marié qu’il est, ne peut-il vaquer en même temps au soin de sa famille et aux œuvres du Seigneur ? » Stromate III 88,12.

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