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Imprescriptible.fr: Citations : institutions étatiques et supra-étatiques



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Imprescriptible.fr: Citations : institutions étatiques et supra-étatiques http://www.imprescriptible.fr/citations/institutions

Assemblée Nationale
http://www.assemblee-nationale.fr/12/pdf/rapports/r3074.pdf


18 juin 2001 -- Belgique : une plainte est déposée à Bruxelles à l'encontre d'Ariel Sharon pour génocide, crimes contre l'humanité, crimes de guerre et violations des Conventions de Genève pour les actes perpétrés dans les camps de Sabra et Chatila en septembre 1982.
La documentation française
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/justice-penale-internationale/chronologie.shtml


Le 18 juin 2008 -- Turquie: la deuxième chambre du tribunal correctionnel de Sisli à Istanbul a relaxé les rédacteurs d’Agos, Sarkis Seropian et Aris Nalci. Les deux hommes étaient passibles de trois ans de prison pour un éditorial intitulé « L’ardoise intelligente » publié le 9 novembre 2007. L’article critiquait la condamnation de Arat Dink, le fils de Hrant Dink, et de trois autres membres de la rédaction d’Agos pour avoir reproduit les propos tenus par Hrant Dink lors d’une interview accordée à l’agence de presse britannique Reuters où il évoquait le génocide arménien.
Collectifvan.org http://collectifvan.org/article.php?r=0&id=19005

Compilation réalisée par le site www.collectifvan.org

http://collectifvan.org/article.php?r=0&id=64801

    1. Les textes qui suivent constituent une Revue de Presse des articles parus dans les médias sur les sujets que le Collectif VAN suit au quotidien. A ce titre, s'ils ne représentent pas toujours (hélas) l'opinion de notre association, il est utile d'en prendre connaissance pour éventuellement y réagir de manière appropriée.



    1. GENOCIDE ARMENIEN

Edgar Hilsenrath, au plus près du peuple arménien

Humanité 



SOPHIE JOUBERT 
JEUDI, 18 JUIN, 2015 

Le Conte de la dernière pensée, d’Edgar Hilsenrath. Traduit de l’allemand par Bernard Kreiss. 
Le Tripode. 560 pages, 24 euros. À l’occasion des commémorations du génocide arménien, l’éditeur français d’Edgar Hilsenrath réédite son magnifique roman paru en 1989 
qui lui a valu le prix Alfred-Döblin. Rencontre avec l’auteur lors de son passsage à Paris. 




Lire aussi : 

Agenda - Génocide arménien: Le Conte de la dernière pensée d'Edgar Hilsenrath

http://www.collectifvan.org/article.php?r=5&id=85161
URL : http://www.humanite.fr/edgar-hilsenrath-au-plus-pres-du-peuple-armenien-577270

http://www.collectifvan.org/article.php?r=4&id=89504



    1. DIASPORA ARMENIENNE

  1. « Capitaine Kirk » Kerkorian, le milliardaire et financier américain est mort



  2. Le Monde 

    16.06.2015 à 18h16 

    L’existence de Kirk Kerkorian aura ressemblé à une très longue partie de poker, rythmée par des coups de bluff et des prises de risque qui en ont fait l’un des Américains les plus riches. Le magnat des casinos et des studios hollywoodiens est mort, lundi 15 juin, à l’âge de 98 ans à son domicile de Beverly Hills (Californie). 

    Kerkor Kerkorian est né à Fresno (Californie) le 6 juin 1917 dans une famille d’immigrants arméniens. Très vite, il américanise son prénom pour se faire appeler Kirk. Entre une mère au foyer et un père marchand de fruits, la famille tire le diable par la queue. « Nous avons déménagé au moins une vingtaine de fois lorsque j’étais petit, expliquait-il au magazine Fortune en 1969. La plupart du temps, faute de pouvoir payer le loyer, nous étions expulsés ». 

    D’un tempérament bagarreur, un mauvais coup de poing donné au fils de son institutrice lui vaut d’être envoyé en maison de correction. Il quitte l’école dès 14 ans pour enchaîner les petits boulots avant que son frère, Nishon, l’incite à se mettre à la boxe amateur. Avec 29 victoires sur 33 combats, il devient champion du Pacifique des poids Welters. Mais trop petit pour passer professionnel, il décide en 1939 de devenir pilote d’avion. Une passion qui l’amène pendant la guerre à piloter des bombardiers dans la Royal Air Force. 

    GROS JOUEUR 

    Après la guerre, il se lance dans le commerce des surplus militaires et amasse un pécule qui lui permet de s’acheter un avion pour monter une petite de compagnie de charters à Los Angeles dès 1947. Sa clientèle est en partie composée d’artistes d’Hollywood, qui vont jouer à Las Vegas. Il découvre alors les tables de Blackjack et devient rapidement un gros joueur au casino, comme dans les affaires. 

    En 1962, il fusionne sa compagnie, Trans International Airlines avec un concurrent plus gros, Studebaker, avant de racheter l’ensemble deux ans plus tard. Entre-temps, il commence à investir dans l’immobilier à Vegas en achetant notamment le terrain où se construira en 1966 le Caesars Palace. « L’un des meilleurs coups de sa carrière », avouera-t-il plus tard. 

    Ce n’est pourtant qu’un début : à la fin des années 1960 il rachète le Flamingo et fait construire l’International Hôtel. Sentant qu’il a le vent en poupe, il s’attaque à plus gros en tentant de prendre le contrôle de la Metro-Goldwyn-Mayer (MGM), d’où il arrive à déloger le Canadien, Edgar Bronfman. 



    « CHANCEUX » 

    Mais la récession de 1970 rattrape Kirk Kerkorian. Sa société, International Leisure property passe près du gouffre. « De temps en temps on perd, c’est le jeu, dit-il philosophe à Time magazine en 1970. Il y a toujours une autre partie et une autre chance de gagner ». Une phrase qui résume bien sa façon de faire des affaires, dont la MGM sera au centre d’une gigantesque partie de Monopoly. Celle-ci durera plus de 30 ans au cours desquels il vendra et rachètera les studios pas moins de trois fois au terme de bras de fer successifs avec notamment le magnat des médias Ted Turner ou le Crédit lyonnais. 

    Il aura moins de chance avec sa seconde passion, l’automobile. En 1995, il lance une OPA hostile sur Chrysler de 23 milliards de dollars via sa société Tracinda, du nom de ses deux filles, Tracy et Linda. Mais la tentative échoue et le constructeur sera finalement racheté trois ans plus tard par l’allemand Daimler pour plus du double. Toutefois, il empoche au passage une belle plus-value. Neuf ans plus tard, cette fusion est un désastre. Kerkorian en profite pour revenir à la charge. Mais cette fois, c’est le fonds Cerberus, qui lui grille la politesse. Deux ans auparavant, en 2005, il avait tenté également de racheter General Motors en faisant alliance avec Carlos Ghosn, le PDG de Renault Nissan, mais là encore il échoue.

    Kirk Kerkorian est resté au conseil d’administration de MGM jusqu’en 2011. Entre-temps, la crise financière a fait fondre sa fortune, qui est passée de 16 à 4 milliards de dollars entre 2008 et aujourd’hui. Si ses investissements étaient très visibles, il aura dans le même temps passé sa vie à fuir les projecteurs, se définissant comme un « petit gars de province, qui a eu de la chance ». 

    Par Stéphane Lauer (New York, correspondant) 


http://mobile.lemonde.fr/disparitions/article/2015/06/16/capitaine-kirk-kerkorian-le-milliardaire-et-financier-americain-est-mort_4655513_3382.html?xtref=acc_dir

http://www.collectifvan.org/article.php?r=4&id=89490



    1. TURQUIE

  1. Süleyman Demirel : Décès d’un vétéran de la politique turque



  2. Le Petit Journal 

    Alizée Pellen, jeudi 18 juin 2015 

    L’ancien président et Premier ministre turc Süleyman Demirel s’est éteint, mardi soir, des suites d’une insuffisance cardiaque due à une grave infection respiratoire, rapporte l’agence de presse Anadolu. Selon un communiqué officiel de l’hôpital privé Güven, qui l’accueillait à Ankara, l’ancien dirigeant suivait un lourd traitement depuis le 13 mai. 

    Considéré comme l’une des figures incontournables de son pays, Süleyman Demirel a eu une carrière politique particulièrement longue et mouvementée. Après avoir occupé sept fois le poste de Premier ministre - entre 1965 et 1993 - il accède à la présidence de la République et sert la Turquie pendant une période de coalition très instable. Dans le même temps, il demeure à la tête du Parti de la Justice (AP) puis de celui de la Juste voie (DYP). 

    Connu pour ses talents d’orateur, Süleyman Demirel est aussi désigné sous le surnom de “Baba” (père en turc) et célèbre pour avoir prononcé cette phrase – “Hier est hier, aujourd'hui est aujourd'hui" – pour justifier son pragmatisme politique à toute épreuve. Il a été beaucoup critiqué, et le reste aujourd'hui encore, pour son inaction face aux nombreuses violations des droits de l'Homme commises sous ses différents mandats. Ce conservateur renonce définitivement – malgré lui – à la vie politique à la fin de son mandat, en mai 2000. 

    L’actuel chef de l’État, Recep Tayyip Erdoğan, a déclaré dans un message de condoléances officiel posté sur le site de la présidence hier: "Süleyman Demirel, qui a laissé une profonde empreinte sur l'histoire politique turque et a contribué au processus de développement de notre pays, compte parmi les personnalités importantes de notre Histoire en tant qu’homme politique et homme d'Etat". Un deuil national de trois jours a été déclaré en Turquie. 


http://www.lepetitjournal.com/istanbul/accueil/la-turquie-en-bref/218588-suleyman-demirel-deces-d-un-veteran-de-la-politique-turque

http://www.collectifvan.org/article.php?r=4&id=89495



Les politiques de la Turquie pour la paix

L'Orient Le Jour 

18/06/2015 

Carl BILDT 

La Turquie vient d'entrer dans une période politique inconnue, après que le parti au pouvoir, le Parti pour la justice et le développement (AKP), ait échoué à préserver sa majorité parlementaire à l'issue des récentes élections législatives. Les choix que fera la Turquie lors de la formation du nouveau gouvernement ne seront pas seulement déterminants pour l'avenir de la démocratie dans ce pays. La nouvelle administration pourrait également jouer un rôle décisif dans une série de processus de paix indispensables pour rétablir la stabilité dans l'ensemble du Moyen-Orient. 

Pour la Turquie même, la préoccupation prioritaire est le processus de paix en cours avec la population kurde du pays. Au cœur de ce processus est la redéfinition de l'État unitaire et laïc fondé en 1923. Quiconque n'appartenait pas à une minorité officiellement reconnue de la nouvelle république était censé s'intégrer à la nouvelle identité turque. 

Mais tout ne s'est pas déroulé selon les plans de son fondateur, Atatürk. Les Kurdes ont fermement défendu leur identité ethnique. La répression de la langue et de la culture kurdes a en finale débouché sur une insurrection violente, menée par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un conflit qui a fait plus de 40 000 victimes. 

Le président Recep Tayyip Erdogan a eu le mérite et le courage de lancer des négociations de paix avec le PKK en 2013. Depuis lors, ce processus a fait des progrès inimaginables il y a quelques années à peine. Pourtant, des étapes importantes doivent encore être franchies pour établir une paix durable. 

Un règlement global de la question kurde en Turquie même est indispensable à la stabilité du pays et à son éventuelle adhésion à l'Union européenne. À défaut, l'on peut imaginer des scénarios selon lesquels les forces de désintégration à l'œuvre au Proche-Orient s'étendent à la Turquie, avec des conséquences catastrophiques. 

La progression du Parti démocratique des peuples (HDP), un parti majoritairement kurde qui est parvenu à réunir 13 % des voix aux dernières élections législatives, un score bien supérieur à son électorat habituel, devrait renforcer la confiance des Kurdes et aplanir la voie vers un accord de paix. Mais le mouvement d'extrême droite nationaliste MHP a également obtenu de bons résultats avec 16 % des voix, probablement grâce à l'opposition d'une partie des électeurs à toute négociation avec les Kurdes. En fait, pour contrarier la progression du MHP, Erdogan a lui-même recouru à une rhétorique qui a aliéné de nombreux électeurs kurdes. 

Le nouveau gouvernement devra en priorité achever le processus de paix entamé par Erdogan. Et le président turc doit comprendre que son héritage pourra être déterminé par le succès ou l'échec de ce processus. 

Le second processus de négociation porte sur la nouvelle tentative d'unification de l'île de Chypre, divisée depuis l'effondrement de l'ordre constitutionnel en 1963 et l'invasion par la Turquie en 1974. Il est en fait assez étrange que la capitale d'un État membre de l'UE soit coupée en deux par une zone démilitarisée, patrouillée par les Casques bleus des Nations unies depuis des décennies. 

La question de la partition de l'île bloque à la fois les discussions sur l'adhésion de la Turquie à l'UE et une coopération de plus en plus nécessaire entre l'UE et l'Otan. Mais grâce aux discussions entamées entre le président Nicos Anastasiades et Mustafa Akinci, le président récemment élu de la partie nord, turque, la possibilité existe enfin, après des années de paralysie, qu'un accord soit trouvé sur la réunification de Chypre. 

Mais tout accord devra être soutenu sans équivoque par le gouvernement d'Ankara. La position de la nouvelle administration sera donc cruciale : alors que la Turquie a tout à gagner dans une résolution de la question chypriote, il est possible que le nouveau gouvernement renoue avec de vieilles habitudes et gâche cette occasion unique. 

Le troisième processus de paix concerne la relation entre la Turquie et l'Arménie qui, en s'améliorant, pourrait contribuer à créer les conditions favorables à un accord de paix entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Malgré la signature d'un accord à Zürich en octobre 2009 sur la normalisation des relations entre les deux pays, des forces régionales, de la Russie en particulier, ont par la suite entravé de nouveaux progrès. 

Ce conflit gelé avec l'Arménie n'est pas dans les intérêts à long terme de la Turquie, ni de ceux des autres pays de la région. Les confrontations le long de la ligne de front pourraient, à tout moment, donner lieu à un conflit violent dans le Caucase du Sud, avec des conséquences désastreuses pour la Turquie. Le nouveau gouvernement, comme le gouvernement arménien, devrait renouer avec l'approche suivie à Zürich. 

Le quatrième processus de paix, et le plus lourd de conséquences immédiates, a trait à la Syrie. La Turquie a adopté une position de principe déterminée à l'encontre du régime du président Bachar el-Assad et a généreusement accueilli plus d'un million de réfugiés. Mais les périls du conflit en cours, en particulier les tensions qu'il génère pour la Turquie, ne doivent pas être sous-estimés. 

Toutes les parties prenantes ont un intérêt partagé à maintenir l'intégrité de l'État syrien tout en opérant un changement de régime. 

Un effondrement complet du pays, lié aux tentatives d'imposer une solution politique par des moyens militaires, aurait très certainement des conséquences catastrophiques pour les décennies à venir, en particulier pour la Turquie. La nouvelle administration turque doit donc être prête à entamer un dialogue constructif avec les États-Unis et l'Iran sur les solutions envisageables. 

Les nouveaux élus turcs ont pour tâche immédiate de surmonter les anciennes divisions et de former un gouvernement de coalition fonctionnel. À défaut, de nouvelles élections – et donc de nouvelles incertitudes politiques – seront inévitables. C'est la raison pour laquelle les amis de la Turquie doivent saisir l'occasion pour rappeler les enjeux actuels aux dirigeants turcs – à la fois pour la Turquie et pour la paix dans la région. 

© Project Syndicate, 2015. 


Traduit de l'anglais par Julia Gallin. 

http://www.lorientlejour.com/article/930285/les-politiques-de-la-turquie-pour-la-paix.html

http://www.collectifvan.org/article.php?r=4&id=89492

Turquie – Rusen Çakir : « Erdogan a fait des erreurs stratégiques »

Jeune Afrique 

17 juin 2015 à 16h39 

Par Joséphine Dedet 

Lors des législatives du 7 juin, le parti AKP, au pouvoir depuis douze ans, a perdu sa majorité absolue au Parlement. Un camouflet pour Recep Tayyip Erdogan. Spécialiste de l’islam politique turc et biographe du président, Rusen Çakir a suivi cette campagne sur le terrain. Il en livre son analyse à Jeune Afrique. 

Le 7 juin se sont tenues des élections législatives cruciales en Turquie. Obtenant seulement 40,8% des voix, l’AKP islamo-conservateur a subi un revers, perdant près de dix points par rapport aux législatives de 2011 et sa majorité absolue au Parlement. Pour la première fois en douze ans de pouvoir, il ne peut gouverner seul. Et le président, Recep Tayyip Erdogan, qui s’était jeté à corps perdu dans la campagne, se retrouve en position de faiblesse. Il n’est plus en mesure de changer la Constitution, d’abolir le système parlementaire et d’instaurer un régime où ses pouvoirs auraient été quasi illimités. 

L’opposition a fait bloc pour lui barrer la route. Le CHP (centre gauche kémaliste) a recueilli 24,9% des voix et le MHP (extrême droite ultranationaliste), 16,2%. Mais ce sont les 13,1% du HDP prokurde qui coûtent à l’AKP sa majorité. En passant le barrage de 10% en deçà duquel ils n’auraient pu avoir de députés, le HDP et son leader, Selahattin Demirtas, ont confirmé qu’ils avaient fait le plein de leur électorat kurde et que leur politique d’ouverture aux franges libérales de la société était un succès. 

Rusen Çakir, journaliste à Habertürk, est l’auteur de nombreux ouvrages sur l’islam politique turc et d’une biographie d’Erdogan. Très présent sur le terrain durant cette campagne des législatives, il en livre son analyse à J.A. 

***** 
Jeune Afirque : comment la campagne s’est-elle déroulée ? 

Rusen Çakir : Elle s’est jouée entre l’AKP et le HDP, et entre leurs leaders respectifs : Erdogan et Demirtas. Le Premier ministre, Ahmet Davutoglu, était complètement effacé. 

Erdogan a dominé la campagne, mais pour la première fois de sa carrière il a fait des erreurs stratégiques. Et en essayant de les rattraper, il s’est encore plus enfoncé. 

Quelles erreurs ? 

Il a nié l’existence la question kurde et interrompu le processus de paix [dont il était pourtant l’instigateur, NDLR]. Il s’est attaqué au HDP et à Demirtas, a proféré des insultes, menti, bref, il a mené une guérilla verbale contre le parti kurde. Pour séduire ses électeurs, il a invoqué l’islam, a brandi le Coran traduit en kurde et répété que les dirigeants du HDP n’étaient pas des musulmans mais des zoroastriens [religion antéislamique originaire de la Perse antique, NDLR] ! 


Erdogan, l’AKP et la presse à leur dévotion ont fondé toute leur campagne contre le HDP car ils avaient compris que la frange la plus pieuse des Kurdes allait basculer en faveur de ce parti. Ils ont donc utilisé l’islam comme faire-valoir. Puis, constatant que cet argument ne prenait pas, ils ont fait machine arrière, ce qui a encore accéléré le départ de ces électeurs vers le HDP. 

Jusque-là environ la moitié des Kurdes votaient pour l’AKP… 

Oui, déjà dans les années 1970 et 1980, les partis Milli Selamet et Refah, ancêtres de l’AKP, reposaient sur une base électorale kurde de 20 à 40%. Plus récemment, lors du référendum de 2010 sur la Constitution [sur la limitation des pouvoirs de la hiérarchie judiciaire et de l’armée, NDLR], l’AKP avait bénéficié d’un soutien massif des Kurdes malgré l’appel au boycott du HDP. 



Quelle leçon tirez-vous de ce scrutin ? 

Le grand message de ces élections, c’est que les Kurdes ont choisi le HDP comme leur unique représentant. Pas seulement dans certaines villes du Sud-Est – l’AKP n’y compte parfois aucun député, du jamais vu ! –, mais aussi dans des métropoles comme Istanbul, Izmir, Adana, Mersin. 



Erdogan était-il conscient qu’il perdait le vote kurde ? 

J’étais sur la place Istasyon, à Diyarbakir [« capitale » des Kurdes de Turquie, NDLR] lors de son meeting du 3 mai. Je l’avais déjà vu six fois à cet endroit : lors des municipales de 2004, des législatives de 2007, etc. Cette fois il y avait peu de monde, peu d’enthousiasme, et il a prononcé le plus mauvais discours de sa carrière. Erdogan connaît très bien Diyarbakir et les Kurdes, il savait qu’il les perdait. 

J’étais également présent lors du meeting d’Ahmet Davutoglu le 31 mai. Il a été encore pire qu’Erdogan. Plus agressif, plus islamiste. Je le connais depuis des années et je ne l’ai pas reconnu : il s’était transformé en une sorte de leader du Hamas ! Lors du meeting du HDP, le 5 juin, au contraire, la foule était immense, dynamique. Hélas Selahattin Demirtas n’a pu s’exprimer car deux bombes ont explosé [bilan : 4 morts et des centaines de blessés, NDLR]. 

Le HDP n’a pas seulement fait le plein des voix kurdes. Il s’est ouvert à la gauche et aux libéraux… 

Nombre d’observateurs soulignent la contribution des non kurdes au HDP. En réalité, ce soutien a plutôt été symbolique. En quantité, ce sont les Kurdes qui ont voté pour le HDP. Mais la qualité du soutien des non kurdes est importante et a contribué à la dynamique d’ensemble. Pourtant, même sans cet apport, le HDP aurait franchi le barrage de 10%. Il a surfé sur une immense vague, tout le monde ne parlait que de lui. 



De fait, son discours de « gauche plurielle » a séduit les jeunes, les femmes, les minorités, les écologistes… 

En effet, il a trouvé des candidats représentatifs de la société : des chrétiens, des femmes voilées, des socialistes, etc… qui ont formé une vraie coalition avec pour mots d’ordre la paix, la démocratie et la liberté. Et le slogan de Demirtas : « On ne laissera pas Erdogan être président » [avec des pouvoirs quasi illimités, NDLR] a fait mouche. 

Beaucoup de Turcs ont aussi voté HDP par pure tactique, pour faire perdre à l’AKP sa majorité parlementaire. 

Seul le HDP pouvait arithmétiquement empêcher l’AKP de gagner, c’est vrai. Mais s’il n’y avait pas eu cette marche des Kurdes vers le HDP il ne serait rien passé. 



Selahattin Demirtas, 42 ans, est l’étoile montante de la politique turque. Il avait déjà conquis les cœurs lors de la présidentielle de 2014. Qui est-il, et comment s’est comporté durant cette campagne ? 

C’est un homme très calme, très sympathique et très intelligent. Ancien avocat pour une association des droits de l’homme, marié à une institutrice, il a deux filles et mène une vie simple. Ses passages dans les médias ont été très remarqués et il a réalisé de forts taux d’audience. 



Ces législatives constituent-elles une défaite personnelle pour Erdogan ? 

Oui, c’est son échec. Dès le lendemain des élections, tout le monde l’a dit, et il a perdu de sa popularité. S’il y avait une élection présidentielle aujourd’hui, il ne recueillerait pas 52% [score qu’il avait obtenu en août 2014, NDLR]. 



Après cette déception, y a-t-il un risque de scission au sein de l’AKP ? 

Il est trop tôt pour le dire. Ils n’ont pas encore perdu le pouvoir. 



Le président envisage, dit-on, de convoquer des législatives anticipées afin de « se rattraper ». Quelle en serait l’issue selon vous ? 

Le HDP obtiendrait plus de 15% et le MHP [extrême droite ultranationaliste, NDLR] 20% environ. Ces deux partis passeraient chacun de 80 à 100 députés, au moins. En cas de nouvelles élections, la poussée du HDP et du MHP se confirmeront, tout comme la chute de l’AKP et le léger tassement du CHP [centre gauche]. 



Depuis des mois on reproche à Erdogan son autoritarisme. Cette défaite va-t-elle le faire évoluer ? 

Il a appelé les partis d’opposition à se montrer responsables et à ne pas plonger la Turquie dans l’instabilité. Mais c’est trop tard, il ne peut pas changer, plus personne n’y croit. Comment pourrait-il jouer un rôle d’arbitre alors qu’il n’a été ni calme ni neutre pendant la campagne ? Comment pourrait-il résoudre la crise alors qu’il est lui-même au centre de la crise, et qu’il en est l’incarnati

http://www.jeuneafrique.com/237320/politique/turquie-rusen-cakir-erdogan-a-fait-des-erreurs-strategiques/

http://www.collectifvan.org/article.php?r=4&id=89494



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