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PLATON  —  GORGIAS
  —   traduction d’Émile CHAMBRY         95 
 
Ainsi donc, il faut, ou bien rétracter ce que nous avons dit, ou bien admettre 
ces conclusions ? 
 
POLOS
 
Oui, la chose est ainsi. 
 
SOCRATE
 
Prenons maintenant le cas contraire. Supposons qu’il faille faire du mal à 
quelqu’un, ennemi ou tout autre, — pourvu qu’on ne soit pas soi-même lésé 
par son ennemi, car il faut bien prendre garde à cela, — si donc c’est un autre 
que cet ennemi a lésé, il faut faire tous ses efforts, en actions et en paroles, 
pour qu’il ne soit pas puni et ne vienne pas devant le juge ; et, s’il y vient, il 
faut s’arranger pour qu’il échappe et ne soit pas puni, de sorte que, s’il a volé 
une grande quantité d’or, il ne le rende pas, mais le garde et le dépense pour 
lui-même et les siens d’une manière injuste et impie, et que, s’il a mérité la 
mort par ses crimes, il y échappe et, si c’est possible, qu’il ne meure jamais, 
mais soit immortel dans sa méchanceté, ou que du moins il vive le plus 
longtemps possible dans l’état où il est. Telles sont, 
481b-482a 
Polos, les fins 
pour lesquelles la rhétorique me semble pouvoir servir ; car pour celui qui ne 
doit commettre aucune injustice, je ne vois pas qu’elle puisse lui être d’une 
grande utilité, si tant est qu’elle en ait aucune ; car notre argumentation 
précédente nous a fait voir qu’elle n’était bonne à rien. 
 
CALLICLÈS
 
XXXVII. — Dis-moi, Khairéphon, Socrate, est-il sérieux, quand il tient ce 
langage, ou badine-t-il ? 
 
KHAIRÉPHON
 
Il me semble à moi, Calliclès, qu’il est souverainement sérieux ; mais il n’y a 
rien de tel que de l’interroger lui-même. 
 
CALLICLÈS
 
Par les dieux, j’en ai bien envie. Dis-moi, Socrate, faut-il croire que tu parles 
sérieusement en ce moment, ou que tu badines ? Car, si tu parles sérieusement 
et si ce que tu dis est vrai, c’est de quoi renverser notre vie sociale, et nous 
faisons, ce me semble, tout le contraire de ce qu’il faudrait. 
 
SOCRATE
 


PLATON  —  GORGIAS
  —   traduction d’Émile CHAMBRY         96 
 
Si les hommes, Calliclès, n’étaient pas sujets aux mêmes passions, ceux-ci 
d’une façon, ceux-là d’une autre, et que chacun de nous eût sa passion propre, 
sans rapport avec celles des autres, il ne serait pas facile de faire connaître à 
autrui ce qu’on éprouve soi-même. Si je dis cela, c’est que j’ai observé que 
nous sommes actuellement, toi et moi, dans le même cas, et que nous sommes 
tous deux épris de deux objets, moi d’Alcibiade, fils de Clinias, et de la 
philosophie, toi, du Démos athénien et de Démos, fils de Pyrilampe. 
Or, je m’aperçois en toute occasion qu’en dépit de ton éloquence, quoi que 
dise l’objet de ton amour et de quelque manière qu’il voie les choses, tu n’as 
pas la force de le contredire et que tu te laisses ballotter d’une idée à l’autre. 
Si dans l’assemblée tu émets une opinion et que le Démos athénien se déclare 
contre elle, tu l’abandonnes et tu conformes ton langage à ses désirs, et tu en 
fais autant pour ce beau garçon, le fils de Pyrilampe. C’est que tu es hors 
d’état de résister aux volontés et aux discours de l’objet aimé ; et si quelqu’un, 
chaque fois que tu parles, s’étonnait des choses que tu dis pour leur complaire 
et les trouvait absurdes, tu pourrais lui répondre, si tu voulais dire la vérité, 
que, si l’on n’empêche pas tes amours de parler comme ils font, tu ne pourras 
jamais t’empêcher toi-même de parler comme tu fais. 
Dis-toi donc que, de ma part aussi, tu dois t’attendre à la même réponse et ne 
t’étonne pas des discours que 
482a-483a 
je tiens, mais oblige l’objet de mon 
amour, la philosophie, à cesser de parler comme elle fait. C’est elle en effet, 
cher ami, qui dit sans cesse ce que tu m’entends dire en ce moment, et elle est 
beaucoup moins changeante que mes autres amours ; car le fils de Clinias 
parle tantôt d’une façon, tantôt d’une autre mais la philosophie tient toujours 
le même discours. C’est elle qui dit les choses dont tu t’étonnes et tu as assisté 
toi-même à ses discours. C’est donc elle que tu as à réfuter, je le répète ; 
prouve-lui que commettre l’injustice et vivre dans l’impunité, après l’avoir 
commise, n’est pas le dernier des maux. Autrement, si tu laisses cette 
assertion sans la réfuter, par le chien, dieu des Égyptiens, je te jure, Calliclès, 
que Calliclès ne s’accordera pas avec lui-même et qu’il vivra dans une 
perpétuelle dissonance. Or, je pense, moi, excellent ami, que mieux vaudrait 
pour moi avoir une lyre mal accordée et dissonante, diriger un chœur 
discordant et me trouver en opposition et en contradiction avec la plupart des 
hommes que d’être seul en désaccord avec moi-même et de me contredire. 
 
CALLICLÈS
 
XXXVIII. — Tu m’as l’air, Socrate, d’être aussi présomptueux dans tes 
discours qu’un véritable orateur populaire, et tu déclames ainsi, parce que 
Polos a eu la même défaillance qu’il accusait Gorgias d’avoir eue avec toi. 
Polos a dit en effet que Gorgias, lorsque tu lui as demandé, au cas où 
quelqu’un, désireux d’apprendre la rhétorique, viendrait à son école sans 
connaître la justice, s’il la lui enseignerait, avait répondu qu’il l’enseignerait, 
par fausse honte et pour ne pas heurter les préjugés des gens, qui 


PLATON  —  GORGIAS
  —   traduction d’Émile CHAMBRY         97 
 
s’indigneraient qu’on répondît autrement ; que cet aveu avait réduit Gorgias à 
se contredire, et que c’est justement cela que tu cherches. Là-dessus Polos 
s’est moqué de toi et à juste titre, à mon avis. 
Et voilà que Polos s’est mis lui-même dans le même cas que Gorgias, et, pour 
ma part, je ne saurais l’approuver de t’avoir accordé qu’il est plus laid de 
commettre l’injustice que de la subir. C’est à la suite de cette concession que 
tu as pu l’empêtrer dans tes raisonnements et lui fermer la bouche ; parce qu’il 
n’a pas osé parler suivant sa pensée. Car au fond, Socrate, c’est toi qui, tout en 
protestant que tu cherches la vérité, te comportes comme un vulgaire 
déclamateur et diriges la conversation sur ce qui est beau, non selon la nature, 
mais selon la loi. 
Or, le plus souvent, la nature et la loi s’opposent l’une à l’autre. Si donc, par 
pudeur, on n’ose pas dire ce qu’on pense, on est forcé de se contredire. C’est 
un secret que tu as découvert, toi aussi, et tu t’en sers pour dresser des pièges 
dans la dispute. Si l’on parle en se référant à la loi, tu interroges en te référant 
à la nature, et si l’on 
483a-484b 
parle de ce qui est dans l’ordre de la nature, tu 
interroges sur ce qui est dans l’ordre de la loi. C’est ainsi, par exemple, qu’à 
propos de l’injustice commise et subie, tandis que Polos parlait de ce qu’il y a 
de plus laid selon la loi, tu poursuivais la discussion en te référant à la nature. 
Car, selon la nature, tout ce qui est plus mauvais est aussi plus laid, comme de 
souffrir l’injustice, tandis que, selon la loi, c’est la commettre. Ce n’est même 
pas le fait d’un homme, de subir l’injustice, c’est le fait d’un esclave, pour qui 
la mort est plus avantageuse que la vie, et qui, lésé et bafoué, n’est pas en état 
de se défendre, ni de défendre ceux auxquels il s’intéresse. Mais, selon moi, 
les lois sont faites pour les faibles et par le grand nombre. C’est pour eux et 
dans leur intérêt qu’ils les font et qu’ils distribuent les éloges ou les blâmes ; 
et, pour effrayer les plus forts, ceux qui sont capables d’avoir l’avantage sur 
eux, pour les empêcher de l’obtenir, ils disent qu’il est honteux et injuste 
d’ambitionner plus que sa part et que c’est en cela que consiste l’injustice, à 
vouloir posséder plus que les autres ; quant à eux, j’imagine qu’ils se 
contentent d’être sur le pied de l’égalité avec ceux qui valent mieux qu’eux. 
XXXIX. — Voilà pourquoi, dans l’ordre de la loi, on déclare injuste et laide 
l’ambition d’avoir plus que le commun des hommes, et c’est ce qu’on appelle 
injustice. Mais je vois que la nature elle-même proclame qu’il est juste que le 
meilleur ait plus que le pire et le plus puissant que le plus faible. Elle nous 
montre par mille exemples qu’il en est ainsi et que non seulement dans le 
monde animal, mais encore dans le genre humain, dans les cités et les races 
entières, on a jugé que la justice voulait que le plus fort commandât au moins 
fort et fût mieux partagé que lui. De quel droit, en effet, Xerxès porta-t-il la 
guerre en Grèce et son père en Scythie, sans parler d’une infinité d’autres 
exemples du même genre qu’on pourrait citer ? Mais ces gens-là, je pense, 
agissent selon la nature du droit et, par Zeus, selon la loi de la nature, mais 
non peut-être selon la loi établie par les hommes. Nous formons les meilleurs 
et les plus forts d’entre nous, que nous prenons en bas âge, comme des 


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