Anterieurement a cet evenement avait ete convoque le Parlement
azerbaıdjanais, qui remplaçait l'Assemblee nationale. Il avait ete elu au suffrage
universel, avec representation des minorites, grace a quoi, a cöte des deputes de la
majorite musulmane, figurerent egalement 21 deputes armeniens et 10 russes ainsi
que des representants polonais, juifs et ceux des autres peuples habitant la contree.
Le Parlement azerbaıdjanais, compose de 120 membres, avait des droits
etendus dans la sphere legislative, de meme que dans celle de l'activite administrative
a l'aide du droit d'interpeller le Gouvernement et d'en exiger des explications.
C'est encore le Parlement qui prepare la convocation de l'Assemblee
constituante qui devait fonder les lois organiques de la Republique.
C'est au president du Parlement qu'appartient, jusqu'a la convocation de
ladite Assemblee, le loi de choisir un chef de Gouvernement et de charger le premier
ministre de la formation du Cabinet. Enfin, de meme que le Parlement compte parmi
ses membres des representants des autres nationalites, il est convenu que le Cabinet
devra contenir des membres des armeniens et russes.
L'activite de tous les ministeres, de toutes les institutions de l'Etat -
administratives, juridiques, financieres, instruction, voies de communications, sans
exclure le ministere des Affaires etrangeres, -doit etre soumise au contröle du
Parlement. Le meme droit lui appartient sur le ministere de la Guerre, qui dispose
actuellement d'une armee de 50,000 soldats, tres bien organisee, comprenant toutes
les armes, et composee exclusivement d'indigenes de l'Azerbaıdjan.
C'est encore d'apres l'initiative et le vote du Parlement que fut creee la
presente Delegation de Paix de la Republique de l'Azerbaıdjan, ayant pour tache
d'exposer devant la Conference de la Paix, a Paris, tous les interets de ladite
Republique, et de plaider tout particulierement la cause de sa reconnaissance par les
Puissances.
COMPOSITION DE LA REPUBLIQUE DE L'AZERBATDTAN.
Unites administratives diverses. Gouvernements de Tiflis et Erivan.
L'Azerbaıdjan du Caucase embrasse le territoire des Khanats, enumeres plus
haut, qui maintinrent leur independance jusqu'en 1813-1828. Sous la domination
russe le pays fut divise, comme du reste tout le Caucase, pour les buts du
Gouvernement, en unites administratives separees portant le nom de gouvernements
ou de regions. Ces derniers furent a leur tour subdivises en districts et
arrondissements.
Voici les unites administratives qui composent l'Azerbaıdjan du Caucase: I.
Le Gouvernement de Bakou tout entier, avec la ville de Bakou et sa region et les
districts de Bakou, Djevad, Gheoktchaı, Chemakha, Kouba, Lenkoran; II Le
Gouvernement d'Elisabethpol (Gandja), dont font partie les districts d'Elisabethpol
(Gandja), Djevanchire, Nouha, Areche, Choucha, Djabraıl, Zanguezour, et Kazakh
dont la partie montagneuse est le sujet d'un litige entre l'Azerbaıdjan et la Republique
armenienne; III. Le Gouvernement d'Erivan avec les districts de Nakhitchevan,
Charouro-Daralagueuz, Sourmali et une partie des districts de Bajazed-Nouveau,
Etchmiadzin, Erivan, Alexandropol; IV. Dans le Gouvernement de Tiflis, certaines
contrees des districts de Bortchalou, Tiflis et Signakh; V. L'Arrondissement de
Zakatali; VI. Dans la Region du Daghestan, une partie du territoire renfermant les
regions de Kourine et Samour, ainsi qu'une partie de l'arrondissement de Kaıtago-
Tabassaran avec la ville de Derbent et sa region.
Dans les districts enumeres ci-dessus des Gouvernements d'Erivan et de
Tiflis, de meme que dans l'arrondissement de Zakatali, il se trouve des territoires
parfois peu considerables en etendue, dont l'Azerbaıdjan, l'Armenie, la Georgie et le
Caucase septentrional se disputent la possession.
Pour ce qui est de la Region du Daghestan, sa population dont une partie est
apparentee aux Azerbaıdjanais, a toujours eu une tendance a s'associer a
l'Azerbaıdjan. Des interets economiques le relient si fortement aux villes de Kouba et
de Bakou qu'il serait difficile de se representer l'existence du Daghestan s'il etait prive
de ce lien politique et economique. Les habitants en ont fourni la preuve en adressant
au gouvernement de l'Azerbaıdjan des suppliques pressantes ou ils le priaient
d'annexer le Daghestan a l'Azerbaıdjan jusqu'a la rivier e Soulak.
Il va de soi que le Gouvernement azebaıdjanais ne saurait negliger la priere
aussi clairement exprimee d'un voisin apparente, dont le sort est lie de si pres au sein,
et qu'il sera oblige d'aller au-devant de la volonte du Daghestan, reconnaissant que les
sentiments de fraternite unissant ces deux pays, exigent des soins tout particuliers
pour la meilleure organisation de la vie politique et economique de ses proches
voisins.
A ce point de vue toutes les questions de conflits territoriaux ou limitrophes
pouvant eclater, de meme que toutes les questions touchant en general au sort
politique du Daghestan devront etre resolues d'un commun accord avec la Republique
du Caucase septentrional.
Regions de Batoum et de Kars
En plus des provinces et regions enumerees, la Republique azerbaıdjanaise
se croit d'ajouter a son territoire une partie du district d'Akhaltzik dans le
gouvernement de Tiflis, la region de Batoum et surtout celle de Kars. Les habitants
surtout de ces dernieres regions appartiennent au meme groupe ethnographique, leur
religion, leurs mreurs, leur coutumes, leurs façon de vivre sont absolument conformes
a ceux des Azerbaıdjanais. On comprend donc pourquoi les musulmans de ces regions
envoyerent a plusieurs reprises des petitions au Gouvernement azerbaıdjanais, le
priant de les faire inclure dans le territoire de l'Azerbaıdjan. Ces demandes sont dev-
enues particulierement*pressantes depuis que les troupes turques ont abandonnee la
contree, que les Gouvernements et les Parlements locaux ont ete supprimes par les
representants du commandement des Allies et depuis que leur pays a ete partage entre
les Republiques voisines: l'Armenie (Kars) et la Georgie (Ardahan).
La Republique azerbaıdjanaise considerant ce partage comme arbitraire,
trouva opportun de protester energiquement contre l'injustice d'un acte pareil,
contraire a la volonte de la population aborigene qui avait clairement exprime son
refus de se soumettre au pouvoir des republiques voisines. Cette population s'adressa
donc, comme on vient de le lire, au gouvernement de l'Azerbaıdjan, le priant de
l'inclure dans le territoire de la Republique azerbaıdjanaise.
Ces considerations obligent notre Republique a declarer que la population
des regions de Batoum et de Kars, ainsi que celle du district d'Akhaltsik, sont
appelees a decider de leur avenir selon leur gre et que la creation d'une republique
independante serait, a son avis, le meilleur moyen de resoudre cette question tout en
repondant aux desirs et aux interets de la population des regions en question.
Ce n'est qu'au cas d'une solution defavorable que l'Azerbaıdjan pourrait, avec
plus de droit, faire valoir ses revendications sur ces pays qui ont acces a la mer. Nous
en parlons dans le supplement sur la situation financiere et economique de
l'Azerbaıdjan.
La Republique azerbaıdjanaise, defenseur de la volonte de la population
indigene, vu les sentiments d'amitie de cette derniere a l'egard de la voisine, la
Republique georgienne, pourrait, par exemple, au moyen d'un referendum, regler les
discussions de territoires ou de frontieres existant entre les deux republiques.
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