de la mosquee Tasa-Pir, et on y decida d'exiger que les bolcheviks rendissent les
fusils enleves. Bien que ceux-ci eussent promis de rendre les fusils, l'atmosphere de la
ville se chargea si rapidement que vers le soir de la meme journee (17 mars 1918) la
fusillade eclata des deux cötes. Le lendemain, 18 mars, des le matin, les canons des
navires de guerre furent braques sur les quartiers musulmans et les mosquees meme
n'y furent pas epargnees. C'est ainsi qu'une terrible guerre civile commença a Bakou.
Elle dura quatre jours, du 18 au 22 mars; pendant ce temps, la population musulmane
fut bombardee, fusillee, et brülee avec toute la haine et la force destructive possible.
Les Armeniens bolcheviks
Dans cet episode sanglant qui eut de si funestes consequences pour les
musulmans, le röle preponderant fut joue par les Armeniens qui se trouvaient a Bakou
a ce moment, groupes la, comme partout ailleurs, autour de leur nationali ste par
excellence”Dachnaktsoutioune”.
Les representants de ce parti ainsi que ceux des autres partis armeniens,
composant le Conseil national armenien, avaient, quelques temps avant les
evenements du 18-22 mars, engage des pourparlers avec les representants du Comite
central musulman de la Transcaucasie, pour regulariser les relations politiques et
nationales des deux peuples voisins. Malgre cela tous les”Dachnaktsoutioune “et
meme le parti modere national-democrate, se transformerent en bolcheviks, ayant au
milieu d'eux, les guidant peut-etre, pres de 7, 000 soldats armeniens, qui, rentres du
front occidental, etaient restes sur la place a la suite de l'arret de la circulation des
chemins de fer transcaucasiens.
Ainsi qu'il fut etabli plus tard, ces memes soldats participerent a la guerre
sociale, entreprise par les bolcheviks dans le but d'arriver au pouvoir; transformee par
la population armenienne de Bakou en guerre nationale entre Armeniens et
musulmans.
Fut-ce desir de partager le pouvoir des bolcheviks, vengeance nationale, ou
suite de l'irritation causee par l'arret de la circulation et la penurie des aliments? Le
fait est que ce sont les Armeniens qui, sous le pavillon du bolchevisme, se ruerent sur
les musulmans et massacrerent pendant les quatre effroyables journees de cauchemar,
plus de 12,000 personnes, dont beaucoup de vieillards, de femmes et d'enfants.
L'historien futur ne manquera, certes pas, d'etudier cette question, mais des
maintenant on peut affirmer que les Armeniens des autres regions ne pouvaient
approuver la conduite de leurs compatriotes de Bakou.
Action agressive des Armeniens
La conduite des Armeniens, a l'egard de la population musulmane, fut plus
qu'agressive dans le district de Chemakha, les massacres des musulmans, les
assassinats de familles entieres, les victimes fusillees, la destruction et les incendies
de centaines de villages et de l'ancienne ville azerbaıdjanaise de Chemakha, ont bien
fait voir que tous ces faits etaient l'reuvre des Armeniens seuls, et que les bol cheviks
n' etaient pour rien.
Et, en effet, les vrais bolcheviks se sont non seulement fait un paravent des
Armeniens,
mais
firent
entendre
des
protestations
contre
la
brutalite
des”bolcheviks”armeniens donnant libre cours a leur haine de race contre les
musulmans.
Guidees par l'armenien Chaoumian, chef du Soviet des commissaires de
Bakou, les organisations bolchevistes s'etaient accrues de”Danaks”chauvins, qui
reglaient leurs comptes nationaux avec les Azerbaıdjanais, sous le couvert du
bolchevisme.
La haine et la cruaute dirigees exclusivement contre les musulmans ont fait
naıtre de justes reproches et de vives protestations chez les bolcheviks eux-meme et
chez les elements non musulmans de la population. C'est ainsi que le corps de l'Ecole
d'aviation de Bakou, exclusivement compose de Russes, ne cacha pas son
mecontentement au sujet de la conduite de ces”bolcheviks”.
Le regiment d'infanterie du Turkestan, faisant autrefois partie de l'armee
russe, fut encore plus revolte. Se trouvant par hasard a Bakou au moment des
evenements du mois de mars, les officiers et les soldats de ce regiment, leur
commandant en tete, ont redige un ordre du jour enjoignant de cesser les agressions
de caractere nationaliste, contre les musulmans de Bakou. Ils menaçaient, en cas de
refus, de prendre les armes contre les coupables.
Les organisations “bolchevistes” armeniennes, se sont naturellement
empressees de se defaire du dit regiment, en lui facilitant son depart par mer, et en le
renvoyant ainsi dans sa patrie.
Outre les organisations de toute sorte, toute la presse “bolcheviste” se
trouvait aussi entre les mains des Armeniens: l'Ouvrier de Bakou, les Nouvelles du
Soviet des deputes, ouvriers, soldats et matelots de Bakou. Grace a cela, non
seulement la bourgeoisie locale, mais toute la classe intellectuelle musulmane etait
journellement exposee aux poursuites, et accusee d'appartenir au parti “contre-
revolutionnaire”. On confisquait les biens et on discreditait les gens de toutes les
manieres possibles. Il en resulta que la plupart des Azerbaıdjanais quitterent Bakou et
la region petrolifere, ne trouvant pas d'autre moyen d'echapper aux cruautes et aux
actes de sauvagerie de ces nationalistes armeniens “bolcheviks”.
Il est fort possible que cela fut partie du plan nationaliste de ces derniers:
debarrasser la ville de ses vrais proprietaires - les Azerbaıdjanais - pour s'emparer des
richesses naturelles, et y regner ensuite en maıtres !
Ce plan existait pourtant, malgre sa folie, et il fut mis a execution.
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