20
aquifères par le biais de failles pourraient également compléter les apports. Vu sa moindre
importance face à l’aquifère sinémurien de Luxembourg, l’aquifère de Mortinsart est très peu
étudié. Pourtant l’aquifère captif du Rhétien suscite ces derniers temps beaucoup d’intérêts,
tant au niveau public que privé (captage de la source "Volette" par la société Nestlé Waters
Bénélux).
Les réservoirs aquifères les plus importants sont contenus dans la Formation des sables et
grès-calcaires de Luxembourg. Dans la partie centrale de la Lorraine belge, la Formation de
Luxembourg se scinde en plusieurs nappes aquifères superposées (Chevratte, Florenville,
Orval et Virton) séparées par des niveaux marneux (Trite, Strassen et Posterie), plus ou
moins épais, et appartenant à la Formation d’Arlon. Il est difficile cependant d’exclure des
drainages localisés entre ces différents aquifères. Ceux-ci peuvent être rendus possibles par
des phénomènes de karstification, par des accidents et/ou par des lacunes de sédimentation
de certains niveaux marneux. Dans les parties est (à l’est de la faille d’Arlon-Wolkrange) et
ouest ainsi que dans le sud de la Lorraine belge, les différentes nappes du Luxembourg se
soudent en un seul aquifère. En terme hydrogéologique, le choix de la nomenclature des
réservoirs aquifères contenus dans la Formation de Luxembourg a été basé sur ses
membres qui renferment des nappes superposées. Dans le cas du Luxembourg indifférencié
(absence d'intercalation marneuse), l’aquifère prend le nom du membre avec lequel il forme
un équilibre piézométrique et une continuité géométrique. De manière générale, quand les
passages marneux de la Formation d’Arlon disparaissent, le Luxembourg indifférencié forme
une continuité avec le Membre de Florenville. Celui-ci constitue le plus grand réservoir
aquifère de la Lorraine belge.
Deux nappes principales sont d’importance régionale, les autres sont d’une importance
locale. Les plus importantes sont la nappe inférieure contenue dans les grès calcaires de
Florenville et la nappe supérieure contenue dans les grès sableux d’Orval. L’aquifère des
grès calcaires de Florenville, qui est le plus important, affleure sur une large bande sous
forme de cuesta dite cuesta sinémurienne. Une partie de l’eau infiltrée au droit de cette zone
d’alimentation est drainée vers le nord et alimente le bassin de la Semois. Le reste est drainé
vers le sud et alimente le bassin de la Chiers. La ligne de partage des eaux se calque assez
bien sur la crête, le long de la cuesta. L’aquifère des grès sableux d’Orval est limité à la base
par les marnes de Strassen. Vu la discontinuité du membre, il est difficile de délimiter avec
précision les contours de l'aquifère, notamment vers la partie nord-est et dans le sud de la
Lorraine belge. Les niveaux aquifères contenus dans la Formation de Luxembourg
deviennent rapidement captifs vers le sud sous les argilites et argilites silteuses d’Ethe, et
souvent également sous les marnes d’Arlon.
Le faciès sableux et gréso-calcaire de Luxembourg présente une perméabilité de type mixte
d’interstices et de fissures. Une forte dissolution des terrains sinémuriens peut provoquer
localement des circulations de type pseudo-karstiques.
Les calcaires gréso-silteux d’Aubange et Messancy constituent, en Lorraine belge, un autre
ensemble aquifère important séparé de celui du Luxembourg par l’importante Formation
aquiclude d’Ethe. Les calcaires gréso-silteux, qui sont densément fracturés à l’affleurement,
possèdent une bonne perméabilité de fissure. Le revers de la cuesta domérienne est
entaillée par un réseau de ruisseaux qui sont jalonnés de sources drainant l’aquifère
d’Aubange et Messancy au contact avec les argilites et argilites silteuses d’Ethe. Le long de
la frontière franco-belge se dresse une remarquable cuesta, formée par les calcaires de
Longwy et Mont-Saint-Martin, séparés des calcaires gréso-silteux par les argilites laminaires
de la Formation de Grandcourt. Le contact de la nappe des calcaires avec les argilites et
calcaires argileux sous-jacents a donné naissance à une série de sources sur le front abrupt
de la cuesta.
21
La présence de grandes failles de direction NE-SO favorise des axes d’écoulement
préférentiels dans les principaux aquifères, sans pour autant générer une morphologie
karstique vu les faibles épaisseurs et l’impureté des calcaires lorrains (SWDE).
Le rendement des nappes aquifères dans le bassin Jurassique de la Gaume est parfois
surestimé en regard de la superficie du bassin versant sensu stricto. Cette suralimentation
peut s’expliquer par la géomorphologie en cuesta qui ménage des bassins hydrogéologiques
plus étendus que les bassins hydrographiques proprement dits (SWDE).
Les estimations par jaugeages réguliers des différentes sources portent les potentialités
hydriques de la Lorraine belge à environ 200 000 m³ par jour. Une étude hydrogéologique
approfondie reste, toutefois, cruciale si l’on veut envisager une exploitation intensive des
eaux souterraines par puits si l’on veut éviter le tarissement des sources sur lesquelles est
basé l’essentiel du réseau publique en lorraine belge.
4.2. Hydrogéologie de la carte Saint-Léger-Messancy, Musson-Le Fays et
Houwald
Le tableau litho-stratigraphique de correspondance géologie-hydrogéologie (tableau 4.1) et
la répartition des différentes formations sur la carte géologique levée par Belanger et al.,
(2002) montrent que les aquifères les plus importants au droit de la carte Saint-Léger-
Messancy, Musson-Le Fays et Houwald sont contenus dans :
les sables et grès calcaires de Luxembourg,
les calcaires gréso-silteux d’Aubange et Messancy,
les calcaires de Longwy et Mont-Saint-Martin.
La séparation entre ces différents ensembles aquifères est assurée par les argilites et
argilites silteuses de la Formation d’Ethe et les argilites laminaires de la Formation de
Grandcourt. La présence de grandes failles peut toutefois créer des communications entre
ces différents compartiments aquifères grâce à des axes préférentiels d’écoulement.