Gorgias, ou sur la Rhétorique



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Sans doute ; il faut le croire.

SOCRATE


Ne crois tu pas qu’il sera fort embarrassé de savoir quoi dire ?

CALLICLÈS

Assurément.

SOCRATE


LXXVIII. — Je sais bien que la même chose m’arri­verait, si je comparaissais devant des juges ; car je ne pourrais pas alléguer que je leur ai procuré ces plaisirs qu’ils regardent comme des bienfaits et des services, tandis que moi, je n’envie ni ceux qui les procurent, ni ceux qui les reçoivent. Si on m’accuse ou de corrompre les jeunes gens, en les réduisant à douter, ou d’insulter les gens plus âgés, en tenant sur eux des propos amers, 522b-523b soit en particulier, soit en public, je ne pourrai ni leur répondre conformément à la vérité : « C’est la justice qui me fait parler ainsi et en cela je sers votre intérêt, juges, ni dire aucune autre chose ; de sorte que je dois m’attendre à ce qu’il plaira au sort d’ordonner.

CALLICLÈS

Alors tu crois, Socrate, qu’il est beau pour un homme d’être dans une pareille position et dans l’impuissance de se défendre lui-même ?

SOCRATE


Oui, Calliclès, à condition qu’il ait une chose que tu lui as plusieurs fois accordée, je veux dire qu’il se soit ménagé le secours qui consiste à n’avoir rien dit ni rien fait d’in­juste ni envers les hommes, ni envers les dieux. Car cette manière de se secourir soi-même, ainsi que nous l’avons reconnu plus d’une fois, est la meilleure de toutes. Si donc on me prouvait que je suis incapable de m’assurer cette sorte de secours à moi-même et à un autre, je rou­girais d’être convaincu devant peu comme devant beau­coup de personnes et même en tête à tête avec moi seul, et si cette impuissance devait causer ma mort, j’en serais bien fâché ; mais si je perdais la vie faute de connaître la rhétorique flatteuse, je suis sûr que tu me verrais supporter facilement la mort. La mort en soi n’a rien d’effrayant, à moins que l’on ne soit tout à fait insensé et lâche ; ce qui est effrayant, c’est l’injustice ; car le plus grand des malheurs est d’arriver chez Hadès avec une âme chargée de crimes. Si tu le veux, je suis prêt à te faire un récit qui te le prouvera.

CALLICLÈS

Eh bien, puisque tu as achevé ton exposition, achève aussi de traiter ce point.

SOCRATE


LXXIX. — Écoute donc, comme on dit, une belle histoire, que tu prendras, je m’en doute, pour une fable, mais que je tiens pour une histoire vraie ; car je te garan­tis vrai ce que je vais dire.

Comme le dit Homère 1, Zeus, Poséidon et Pluton, ayant reçu l’empire de leur père, le partagèrent entre eux. Or au temps de Cronos, il y avait à l’égard des hommes une loi, qui a toujours subsisté et qui subsiste encore parmi les dieux, que celui qui a mené une vie juste et sainte aille après sa mort dans les îles des Bienheureux 2 pour y séjourner à l’abri de tout mal dans une félicité parfaite, et qu’au contraire celui qui a vécu dans l’injustice et l’impiété aille dans la prison de l’expiation et de la peine, qu’on appelle le Tartare 3.

Or, au temps de Cronos et au début du règne de Zeus, 523b-524c les juges étaient vivants et jugeaient des vivants, le jour même où ceux ci devaient mourir. Aussi les jugements étaient mal rendus. Alors Pluton et les surveillants des îles Fortunées allaient rapporter à Zeus qu’il leur venait dans les deux endroits des hommes qui ne méritaient pas d’y séjourner. « Je vais mettre un terme à ces erreurs, répondit Zeus. Ce qui fait que les jugements sont mal rendus, c’est qu’on juge les hommes tout vêtus ; car on les juge de leur vivant. Aussi, poursuivit il, beaucoup d’hommes qui ont des âmes dépravées sont revêtus de beaux corps, de noblesse et de richesse, et, à l’heure du jugement, il leur vient une foule de témoins pour attester qu’ils ont vécu selon la justice. Les juges sont éblouis par tout cela. En outre, ils jugent tout habillés eux aussi, ayant devant leur âme, comme un voile, des yeux, des oreilles et tout leur corps. Cet appareil qui les couvre, eux et ceux qu’ils ont à juger, leur offusque la vue. La première chose à faire, ajouta t il, c’est d’ôter aux hommes la connais­sance de l’heure où ils doivent mourir, car ils la connaissent à l’avance. Aussi Prométhée a déjà été averti de mettre un terme à cet abus 4.

Ensuite il faut qu’on les juge dépouillés de tout cet appareil. Il faut aussi que le juge soit nu et mort, pour examiner avec son âme seule l’âme de chacun, aussitôt après sa mort, et que celui qu’il juge ne soit assisté d’aucun parent et qu’il laisse toute cette pompe sur la terre afin que le jugement soit équitable. J’avais reconnu ce désordre avant vous ; en conséquence j’ai établi comme juges trois de mes fils, deux d’Asie, Minos et Rhadamanthe, et un d’Europe, Eaque. Lorsqu’ils seront morts, ils rendront leurs jugements dans la prairie 1, au carrefour d’où partent les deux routes qui mènent, l’une aux îles des Bien­heureux, l’autre au Tartare. Rhadamanthe, jugera les hommes de l’Asie, Eaque ceux de l’Europe 2. Pour Minos, je lui réserve le privilège de prononcer en der­nier ressort, si les deux autres sont embarrassés, afin que le jugement qui décide du voyage des hommes soit aussi juste que possible. »



@ LXXX. — Voilà, Calliclès, ce que j’ai entendu raconter et que je tiens pour vrai, et de ces récits je tire la conclu­sion suivante. La mort, à ce qu’il me semble, n’est pas autre chose que la séparation de deux choses, l’âme et le corps. Quand elles sont séparées l’une de l’autre, chacune d’elles n’en reste pas moins dans l’état où elle était du vivant de l’homme. Le corps garde sa nature propre avec les marques visibles des traitements et des accidents qu’il a subis. Si par exemple un homme était de haute taille de son vivant, soit par nature, soit grâce à son régime, soit pour les deux causes à la fois, son corps est également de grande taille, après sa mort ; s’il était 524c-525c gros, son cadavre est gros et ainsi de suite ; s’il affectait de porter des cheveux longs, son corps garde sa chevelure ; si c’était un homme à étrivières et, si, pendant sa vie, il portait sur son corps les traces cicatrisées des coups de fouet ou d’autres blessures, on peut les voir sur son cadavre ; s’il avait des membres brisés ou contrefaits, tan­dis qu’il était en vie, ces défauts sont encore visibles sur son cadavre. En un mot, les traits de son organisation physique pendant la vie restent tous ou presque tous visibles après la mort durant un certain temps. Il me paraît, Calliclès, qu’il en est de même à l’égard de l’âme et que, lorsqu’elle est dépouillée de son corps, on aperçoit en elle tous les traits de son caractère et les modifications qu’elle a subies par suite des divers métiers que l’homme a pratiqués.

Lors donc que les morts sont arrivés devant le juge, par exemple ceux d’Asie devant Rhadamanthe, celui-ci les fait approcher de lui et il examine chaque âme, sans savoir à qui elle appartient. Souvent mettant la main sur le Grand Roi ou sur tout autre souverain ou potentat, il constate qu’il n’y a rien de sain dans son âme, qu’elle est toute tailladée et balafrée par les parjures et l’injustice dont chacun des actes de l’homme y a marqué l’empreinte, que tout y est tordu par le mensonge et la vantardise et que rien n’y est droit, parce qu’elle a été nourrie loin de la vérité, et qu’enfin la licence, la mollesse, l’insolence et l’incontinence de sa conduite l’ont remplie de désordre et de laideur. A cette vue, Rhadamanthe la renvoie ignomi­nieusement tout droit à la prison pour y subir les châti­ments qui lui conviennent.

LXXXI. — Or ce qui convient à tout être qu’on châtie, quand on le châtie justement, c’est de devenir meilleur et de tirer profit de la punition, ou de servir d’exemple aux autres, afin qu’en le voyant souffrir ce qu’il souffre, ils prennent peur et s’améliorent. Mais ceux qui tirent profit de l’expiation que leur imposent, soit les dieux, soit les hommes, sont ceux qui n’ont commis que des fautes remédiables. Toutefois ce profit ne s’acquiert que par des douleurs et des souffrances et sur cette terre et dans l’Hadès, car c’est le seul moyen de se débarrasser de l’in­justice. Quant à ceux qui ont commis les derniers forfaits et sont par suite devenus incurables, ce sont eux qui servent d’exemples. Eux mêmes ne tirent plus aucun profit de leurs souffrances, puisqu’ils sont incurables ; mais d’autres pro­fitent à les voir éternellement souffrir, à cause de leurs fautes, les plus grands, les plus douloureux, les plus effroyables supplices, et, suspendus comme de vrais épouvantails, là bas, dans la prison de l’Hadès, servir de spectacle et d’avertissement à chaque nouveau coupable qui arrive en ces lieux.

525d-526d Archélaos sera du nombre, je puis te l’assurer, si Polos a dit vrai, ainsi que tout autre tyran pareil à lui. Je crois en effet que la plupart de ceux qui servent d’exemples sont des tyrans, des rois, des potentats et des hommes poli­tiques, car ce sont ceux là qui, grâce à leur pouvoir arbi­traire, commettent les crimes les plus graves et les plus impies. Homère lui-même en témoigne ; car ce sont des rois et des potentats qu’il a représentés comme éternelle­ment punis dans l’Hadès, Tantale, Sisyphe, Tityos 1. Quant à Thersite et aux autres méchants qui étaient de simples particuliers, personne ne les a représentés comme incurables et soumis comme tels aux grands châtiments ; c’est que, sans doute, le pouvoir leur manquait ; aussi étaient ils plus heureux que ceux qui l’avaient.

C’est en fait, Calliclès, parmi les puissants que se trouvent les hommes qui deviennent extrêmement méchants. Rien n’empêche pourtant qu’il ne se rencontre parmi eux des hommes vertueux qu’on ne saurait trop admirer ; car il est difficile, Calliclès, et souverainement méritoire, quand on a pleine liberté de mal faire, de rester juste toute sa vie. Mais on rencontre peu de caractères de cette trempe. Il y a eu néanmoins dans cette ville et ail­leurs, et il y aura sans doute encore d’honnêtes gens pour pratiquer la vertu qui consiste à administrer avec justice les affaires qu’on leur confie. On en a même vu un qui est devenu très célèbre par toute la Grèce, Aristide, fils de Lysimaque. Mais la plupart des potentats, excellent Calliclès, deviennent des scélérats.

LXXXII. — Pour en revenir à ce que je disais, lorsque ce Rhadamanthe reçoit un de ces scélérats, il ignore tout de lui, qui il est et de quelle famille, sauf que c’est un méchant. Quand il s’en est assuré, il le relègue au Tartare, après avoir signalé par une marque s’il le juge guérissable ou incurable. Arrivé là, le coupable subit la peine qui convient à son état. D’autres fois, en voyant une âme qui a vécu saintement et dans la vérité, âme d’un simple citoyen ou de tout autre, mais particulièrement, je te l’affirme, Calliclès, d’un philosophe qui ne s’est occupé durant sa vie que de ses propres affaires, sans s’ingérer dans celles des autres, il s’abandonne à l’admiration et l’envoie dans les îles des Bienheureux. Eaque s’occupe du même office. Tous les deux jugent en tenant une baguette à la main. Quant à Minos, qui surveille ces jugements, il est assis et seul il a un sceptre d’or, comme l’Ulysse d’Homère rapporte qu’il l’a vu

tenant un sceptre d’or et rendant la justice aux morts 1.

Pour ma part, Calliclès, j’ajoute foi à ces récits, et je m’étudie à rendre mon âme aussi saine que possible pour la présenter au juge. Je n’ai cure des honneurs chers à la 526d-527d plupart des hommes, je ne cherche que la vérité et je veux tâcher d’être réellement aussi parfait que possible de mon vivant et à ma mort, quand mon heure sera venue. J’exhorte aussi tous les autres hommes, autant que je le puis, et je t’exhorte toi-même, Calliclès, contrairement à tes conseils, à suivre ce genre de vie et à t’exercer à ce combat qui vaut, je te l’assure, tous les combats de ce bas monde, et je te blâme de l’incapacité où tu seras de te défendre toi-même, quand viendra pour toi le moment de ce procès et de ce jugement dont je parlais tout à l’heure. Quand tu arriveras devant ton juge, le fils d’Egine, et que, mettant la main sur toi, il te mènera devant son tribunal, tu resteras bouche bée et la tête te tournera là bas tout comme à moi ici, et peut être seras tu frappé ignominieusement sur la joue et en butte à tous les outrages.

Peut être considères tu mon récit comme un conte de vieille femme, pour lequel tu n’éprouves que du dédain. Il ne serait d’ailleurs pas surprenant que nous le dédai­gnions, si par nos recherches dans un sens ou dans l’autre nous pouvions trouver quelque chose de meilleur et de plus vrai. Mais tu vois qu’à vous trois, qui êtes les plus savants des Grecs d’aujourd’hui, toi, Polos et Gorgias, vous êtes hors d’état de prouver qu’on doive mener une autre vie que celle ci, qui apparaît comme utile même dans l’autre monde. Au contraire, parmi tant d’opinions, toutes les autres ayant été réfutées, celle ci reste seule inébran­lable, qu’il faut se garder avec plus de soin de commettre l’injustice que de la subir et qu’avant tout il faut s’appli­quer, non pas à paraître bon, mais à l’être, dans la vie privée comme dans la vie publique. Si un homme devient mauvais en quelque point, il faut qu’il soit châtié, le second bien, après celui d’être juste, consistant à le devenir et à expier sa faute par la punition ; qu’il faut éviter toute flatterie envers soi-même et envers les autres, qu’ils soient en petit ou en grand nombre, et qu’on ne doit jamais ni parler ni agir qu’en vue de la justice.

LXXXIII. — Écoute moi donc et suis moi dans la route qui te conduira au bonheur et pendant ta vie et après ta mort, comme la raison l’indique. Souffre qu’on te méprise comme insensé, qu’on te bafoue, si l’on veut, et même, par Zeus, qu’on t’assène ce coup si outrageant. Reçois le sans te troubler ; tu n’en éprouveras aucun mal, si tu es réellement un honnête homme qui pratique la vertu. Puis, quand nous l’aurons ainsi pratiquée en commun, à ce moment, si nous le jugeons à propos, nous aborderons la politique, ou, si nous nous décidons pour une autre car­rière, nous délibérerons alors, étant devenus plus capables de le faire que nous ne le sommes à présent. Car nous devrions rougir, dans l’état où nous paraissons être à pré­sent, de fanfaronner comme si nous valions quelque chose, 527d-527e nous qui changeons à chaque instant de sentiment sur les mêmes sujets et les plus importants, tant est grande notre ignorance ! Prenons donc pour guide la vérité qui vient de nous apparaître et qui nous enseigne que la meil­leure conduite à suivre est de vivre et de mourir en pra­tiquant la justice et les autres vertus. Attachons nous donc à cette doctrine et engageons les autres à la suivre, au lieu de celle qui t’a séduit et que tu m’exhortes à pratiquer ; car elle ne vaut rien, Calliclès.




@

1 « Puissant par sa considération et son intelligence et manifeste­ment inaccessible à la corruption, il contenait la multitude sans la contraindre et se laissait moins conduire par elle qu’il ne la conduisait lui-même, parce que, n’ayant point acquis sa puissance par des moyens illicites, il ne parlait pas pour lui complaire et que, grâce à son autorité personnelle, il lui résistait même avec colère. S’aper­cevait il que les Athéniens s’abandonnaient à une audace intempestive, il la rabattait en les frappant de crainte ; si au contraire ils s’effrayaient sans motif, il les ramenait à la confiance. Le gouvernement était démocratique de nom : c’était en fait le gouvernement du premier citoyen. » (Thucydide, II, 65, 8 9.)

1 Cet Hérodicos de Léontium, frère de Gorgias, ne doit pas être confondu avec Hérodicos de Sélymbric, maître de gymnastique et médecin, que Protagoras range parmi les sophistes (Prot., 316e [‘hérodicos’]).

2 Pline (Hist., N., XXXV, 11) fait mention du peintre Aristo­phon, frère du célèbre peintre et sculpteur Polygnote. Leur père Aglaophon passait pour avoir enseigné lui-même la peinture à Polygnote.

3 Stobée (Florileg., III, 88) cite tout ce passage sous le nom de Polos ; mais il est probable que c’est une parodie que Platon a faite lui-même du style recherché de Polos.

1En grec, le mot ρήτωρ signifie à la fois orateur et professeur de rhétorique.

2 Homère, Iliade, VI, 211 et ailleurs.

1 Les Grecs distinguaient l’arithmétique ou théorie des nombres de la logistique (λογιστιχή) ou art du calcul.

2 Quand un orateur faisait une proposition de décret ou de loi, le héraut énonçait le nom du proposant, de son père et de ton dème : Démosthène, fils de Démosthène, de Paeanée, fait cette proposition. Si le même orateur ajoutait une autre proposition, le héraut disait pour ne pas se répéter : Pour le reste comme tout à l’heure, il fait cette propo­sition (scoliaste).

1 L’auteur de cette chanson de table ou scolie est Simonide ou Epicharme, d’après le scoliaste.

2 Le pédotribe ou Maître de gymnase était compétent non seulement sur les exercices, mais encore sur l’hygiene à suivre pour fortifier le corps.

1 Zeuxis est certainement le même qui est appelé Zeuxippos dans le Protagoras, 318b [‘Zeuxippos’]. Zeuxis est sans doute le diminutif familier de Zeuxippos.

1 Socrate avait 29 ans, lorsque Périclès conseilla aux Athéniens de bâtir le mur intérieur, entre celui qui reliait le Pirée et celui qui reliait Phalères à Athènes. Ce mur intérieur était parallèle au premier ; il était destiné à le remplacer, si ce premier était emporté par l’ennemi. Les Longs Murs avaient été construits en — 456 ; le mur intérieur fut bâti vers — 440.

1 Le passage entre crochets s’accorde mal avec l’argumentation de Socrate, et semble être une interpolation.

1 L’impétueux Polos passe d’une idée à l’autre sans terminer sa phrase.

1 D’après le scoliaste, Polos aurait composé un traité sur l’expérience, principe de l’art.

1 Le livre d’Anaxagore [‘nature’] commençait ainsi : « Toutes choses étaient confondues ; vint ensuite l’esprit, νου̃ς, qui mit l’ordre dans l’univers.

1 Serment elliptique où, par respect, on ne prononce pas le nom du dieu par lequel on jure.

1 Le grec offre ici une allitération du même genre, qui est une parodie du style de Polos.

1 Cet Archélaos usurpa le traîne de Macédoine en — 413 et régna jusqu’à sa mort en — 399, Thucydide (II, 100) mentionne avec éloge les services que ce criminel rendit à son pays :

« Les places fortes étaient rares : mais plus tard Archélaos, fils de Perdiccas, étant devenu roi, fit construire les forteresses aujourd’hui existantes, perça des routes droites et organisa les services de la guerre, amassant plus de chevaux, d’armes et de munitions de toute espèce que n’avaient fait, à eux tous, les huit rois ses prédécesseurs. Il attira à sa cour les écrivains et les artistes. Euripide, Agathon, le musicien Timothée furent ses hôtes. I1 y avait invité Socrate lui-même, mais Socrate déclina l’invitation (Aristote, Rhét., II, 23, 8).



1 Ces trépieds étaient des prix gagnés par Nicias et ses frères à l’occasion de représentations dramatiques organisées à leurs frais. Il s’agit du fameux Nicias, un des malheureux commandants de l’expédition de Sicile.

2 Aristocratès, fils de Skellios, auquel Aristophane fait allusion dans les Oiseaux, v. 125 sq. [‘125’], est mentionné par Thucydide (VIII, 89) comme un des chefs du parti aristocratique qui critiquaient l’oligar­chie des Quatre Cents.

1 Socrate semble faire allusion au rôle qu’il joua dans le procès des généraux vainqueurs aux Arginuses. On savait, dit Xénophon, que, lorsqu’il fit partie du conseil... et qu’il avait présidé l’assemblée en qualité d’épistate, le jour que le peuple voulait condamner à mort d’un seul vote, en dépit de la loi, Thrasyllos et Erasinidès, avec les sept autres généraux ensemble, il avait refusé de mettre la motion aux voix, malgré la colère du peuple et les menaces de plusieurs hommes puissants. Mémorables, I, 1, 18 [’18.’], cf. IV, IV, 2 ; Helléniques, I, VII, 15 [‘15.’] et Platon, Apologie, 32 [‘32b’].

1 On remarquera que Polos substitue au mot utile, ωφέλιμος, emplové par Socrate, le mot bon, α̉γαθός, qui, outre le sens propre de bon, peut avoir celui d’utile. De même Socrate, dans sa réplique, emploie au lieu du mot nuisible, βλαбερός, le mot κακός, mauvais.

1 Pindare, fr. 169 (Bergk).

2 Vers tirés de l’Antiope d’Euripide, pièce dont il ne nous reste que des fragments. Les deux jumeaux, Zéthos et Amphion, fils de Zeus et d’Antiope, avaient embrassé des carrières différentes : Zéthos s’adonnait à la chasse et à l’élevage, Amphion à la musique. Une scène particulièrement célèbre dans l’antiquité mettait aux prises les deux frères, chacun vantant son genre de vie et pressant l’autre de changer de carrière. C’est à cette scène que sont empruntées les citations suivantes mêlées aux exhortations de Calliclès.

1 Homère, Iliade, IX, 441.

1 Andron figure dans le Protagoras (315c) [‘andron’] parmi les auditeurs d’Hippias. C’était le père de l’orateur Androtion, contre qui Démos­thène a composé un plaidoyer (XXII). Tisandre nous est inconnu. Quant à Nausicyde, c’est peut être le marchand de farine mentionné dans Aristophane, Ecclés., 426.

1 Dans son Polyidos (fr. 639 N.).

2 Ce savant homme était peut être le pythagoricien Philolaos. Cf. fr. 15 D.

3 Le mot Sicilien peut se rapporter à Empédocle, qui était d’Agrigente : c’est l’opinion d’Olympiodore et du scoliaste. Italien se rapporterait à un pythagoricien.

4 Platon joue sur les mots πιθος, tonneau, et πιθανός, docile, puis sur α̉νόητος, insensé, et α̉μύητος, non initié et aussi non fermé, rimosus, enfin sur Aιδης, Hadès, et α̉ειδής, invisible.

1 Probablement de l’école de Pythagore.

1 D’après le scoliaste, Platon a choisi l’exemple du pluvier parce qu’après avoir bu, il rejette l’eau qu’il vient d’avaler.

1 Les petits mystères se célébraient à Athènes et les grands à Eleusis. On ne pouvait être initié aux grands mystères avant de l’avoir été aux petits.

1 Platon proscrit la flûte, parce qu’elle amollit l’âme. Cf. Rép., III, 399 d.

2 Platon ne réprouve l’usage de la cithare que dans les concours, où l’artiste ne cherche qu’à briller et à faire plaisir aux auditeurs. Il en recommande au contraire l’usage dans l’éducation des jeunes Athéniens.

1 Kinésias était un poète dithyrambique, dont Aristophane a raillé le style extravagant dans les Grenouilles [‘cinésias’], 153 ; les Nuées, 333 ; les Oiseaux [‘cinésias’], 1379. Le poète comique Strattis avait écrit contre lui une pièce qui avait son nom pour titre. Un autre poète comique, Phérécrate (fr. 145 K.), le montre parmi ceux qui avaient corrompu l’ancienne sévérité de l’art musical.

1 Allusion à un vers d’une comédie d’Épicharme qu’Athénée (VII, ch. 16) nous a conservé : quand celui qu’on interroge refuse de répondre, on est obligé de faire soi-même la demande et la réponse.

1 Le mot σώφρων signifie à la fois tempérant et sage. C’est dans ce second sens qu’il est employé ici.

1 Ces savants sont les pythagoriciens et surtout Empédocle, qui expliquait la formation et l’existence de l’univers par le principe de l’amitié, φιλία, opposé à celui de la discorde, νει̃κος.

2 L’égalité géométrique est fondée sur la proportion, non sur le nombre. Cf. Lois, 757 b.

1 C’est ce qu’Andromaque dit à Hector, Iliade, VI, 488.

2 D’après Suidas, on croyait que les magiciennes qui faisaient descendre la lune perdaient les yeux et les pieds.

1 Expression proverbiale, déjà employée dans le Lachès, 187b [‘jarre’], qui se dit de ceux qui s’attaquent sans préparation aux choses les plus difficiles.

1 Périclès institua la solde pour l’armée et l’indemnité aux jurés, celle ci en — 462, — 461.

2 Les admirateurs des Lacédémoniens s’adonnaient à la boxe comme eux, et leurs oreilles portaient la trace des coups de poing. Cf. Protagoras, 342 b [‘XXVIII.’].

3 Sur le procès que les Athéniens firent à Périclès et sur le véritable caractère de ce grand homme, cf. Thucydide, II, 65, et Plutarque, Vie de Périclès, [‘XXXI.’] et [‘XXXV.’].

1 Odyssée, VI, 120 et ailleurs.

1 Miltiade, ayant échoué au siège de Paros, fut condamné à une forte amende et mourut en prison. Les historiens sont muets sur cette décision des Athéniens de précipiter Miltiade dans le barathre.

1 La gymnastique, qui fortifie le corps et prévient les maladies par l’hygiène, l’emporte sur la médecine qui les guérit.

1 Passage de sens controversé. Calliclès semble vouloir dire : « Tu peux même dire métier de Mysien au lieu de métier de flatteur, c’est à dire : tu peux le qualifier d’un terme encore plus méprisable que celui de flatteur, mais exerce le malgré tout, si tu ne veux pas qu’il t’arrive malheur. » Les Mysiens étaient un peuple barbare et méprisé.

1 Iliade, XV, 187 188 [‘185’]. Cf., sur le mythe du Gorgias, Apologie, [‘40c’] sqq. ; Rép., X, 614b sqq. ; Phédon, 107d sqq.

2 Il n’est pas question dans Homère des îles des Bienheureux, qui n’apparaissent que chez Hésiode (Travaux et Jours, 170 171 [‘îles’]) ; mais il est question dans l’Odyssée, IV, 563, de la Plaine Elyséenne, promise à Ménélas.

3 Homère connaît le Tartare, mais comme une sorte de prison pour les dieux (Iliade, VIII, 13 et 478).

4 Il y a ici un souvenir d’Eschyle, Prométhée, 256 [‘prévoir’] : « J’ai ôté aux mortels la prescience de leur destinée. »

1 Sans doute la prairie d’asphodèles où habitent les âmes, fantômes des morts. (Odyssée, XXIV, 13 14 [‘asphodèle’]).

2 Minos et Rhadamanthe sont fils d’Europe, fille de Phœnix, qui régnait en Phénicie, par conséquent asiatiques par leur origine ; Eaque est fils de la nymphe Égine.

1 [Odyssée, XI, 576 [‘570’]]. Mais le passage où il est question de ces grands coupables est de date récente.

1 [Odyssée, XI, 569 [‘570’]]


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