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PLATON  —  GORGIAS
  —   traduction d’Émile CHAMBRY         144 
 
SOCRATE
 
Tu veux donc que, suivant le mot d’Épicharme, je suffise à moi seul à dire ce 
que deux hommes disaient auparavant 
1
 ? J’ai peur d’être forcé d’en venir là. 
Mais si nous procédons de la sorte, je pense, moi, que nous devons tous 
rivaliser d’ardeur pour découvrir ce qu’il y a de vrai et ce qu’il y a de faux 
dans la question que nous traitons ; car nous avons tous à gagner à faire la 
lumière sur ce point. Je vais donc vous exposer ce que j’en pense, et, si 
quelqu’un de vous trouve que je me fais des concessions erronées, qu’il me 
reprenne et me réfute. Aussi bien je ne parle pas comme un homme sûr de ce 
qu’il dit, mais je cherche de concert avec vous, en sorte que, si mon 
contradicteur me paraît avoir raison, je serai le premier à le reconnaître. Si je 
vous dis cela, c’est pour le cas où vous jugeriez qu’il faut pousser la 
discussion jusqu’au bout ; mais si vous ne le voulez pas, restons-en là et 
allons-nous-en. 
 
GORGIAS
 
Pour ma part, Socrate, je suis d’avis qu’il ne faut pas encore nous retirer, mais 
que tu ailles jusqu’au bout de ton exposition, et je suis sûr que les autres 
partagent mon opinion. Personnellement, je désire t’entendre développer ce 
qui te reste à dire. 
 
SOCRATE
 
De mon côté, Gorgias, j’aurais volontiers continué à discuter avec Calliclès, 
jusqu’à ce que je lui eusse rendu la réplique d’Amphion en échange de la 
tirade de Zéthos. Mais puisque tu refuses, Calliclès, de m’aider à terminer 
l’entretien, écoute-moi du moins et arrête-moi, si tu trouves que j’avance 
quelque chose d’inexact. Et si tu me démontres mon erreur, je ne me fâcherai 
pas contre toi, comme tu viens de le faire à mon égard ; au contraire, je 
t’inscrirai au premier rang de mes bienfaiteurs. 
 
CALLICLÈS
 
Parle toi-même, mon bon, et achève. 
 
SOCRATE
 
LXII. — Écoute-moi donc, tandis que je reprends 
506c-507c 
l’argumentation dès 
le commencement. L’agréable et le bon sont-ils la même chose ? Non, comme 
                                                           
1
 Allusion à un vers d’une comédie d’Épicharme qu’Athénée (VII, ch. 16) nous a conservé : 
quand celui qu’on interroge refuse de répondre, on est obligé de faire soi-même la demande et 
la réponse. 


PLATON  —  GORGIAS
  —   traduction d’Émile CHAMBRY         145 
 
nous en sommes convenus, Calliclès et moi. — Faut-il faire l’agréable en vue 
du bon, ou le bon en vue de l’agréable ? L’agréable en vue du bon. — Et 
l’agréable est-il ce dont la présence nous réjouit, et le bon ce dont la présence 
nous rend bons ? Certainement. — Or nous sommes bons, nous et les autres 
choses bonnes, par la présence d’une certaine qualité ? Cela me paraît 
incontestable, Calliclès. — Mais la qualité propre à chaque chose, meuble, 
corps, âme, animal quelconque, ne lui vient point à l’aventure d’une manière 
parfaite ; elle vient d’un arrangement, d’une justesse, d’un art adaptés à la 
nature de chacune. Est-ce vrai ? Pour moi, je l’affirme. — Ainsi la vertu de 
chaque chose consiste dans l’arrangement et la disposition établis par l’ordre ? 
Je dirais oui. — Ainsi une sorte d’ordre propre à chaque chose la rend bonne 
par sa présence en elle ? C’est mon avis. — Par conséquent l’âme où se trouve 
l’ordre qui lui convient est meilleure que celle où l’ordre fait défaut ? 
Nécessairement. — Mais l’âme où règne l’ordre est une âme bien réglée ? 
Sans contredit. — Et l’âme bien réglée est tempérante ? De toute nécessité. — 
Donc une âme tempérante est bonne ? Pour moi, je n’ai rien à objecter contre 
ces propositions. Si tu as, toi, quelque chose à y reprendre, fais-le connaître. 
 
CALLICLÈS
 
Continue, mon bon. 
 
SOCRATE
 
Je dis donc que, si l’âme tempérante est bonne, celle qui est dans l’état 
contraire est mauvaise, et nous avons vu que c’est l’âme insensée et déréglée. 
Sans contredit. — Et maintenant l’homme tempérant 
1
 s’acquitte de ses 
devoirs envers les dieux et envers les hommes ; car il ne serait pas tempérant, 
s’il ne s’acquittait pas de ses devoirs. Il est nécessaire que cela soit ainsi. — Et 
en faisant son devoir envers les hommes, il agit avec justice, et envers les 
dieux, avec pitié ; or, celui qui fait ce qui est juste et pieux est forcément juste 
et pieux. C’est vrai. — Et forcément aussi courageux ; car ce n’est pas le fait 
d’un homme tempérant ni de poursuivre ni de fuir ce qu’il ne doit pas, mais de 
fuir et de poursuivre ce qu’il doit, qu’il s’agisse de choses ou de personnes, de 
plaisirs ou de peines, et de persister fermement dans son devoir ; de sorte qu’il 
est de toute nécessité, Calliclès, que l’homme tempérant, étant, comme nous 
l’avons vu, juste, courageux et pieux, soit aussi un homme parfaitement bon 
que l’homme bon fasse bien et honnêtement tout ce qu’il fait et que, vivant 
bien, il soit heureux et fortuné, tandis que le méchant, agissant mal, est 
malheureux. Or ce méchant, 
507c-508c 
c’est l’opposé de l’homme tempérant, 
c’est l’homme déréglé que tu vantais. 
                                                           
1
 Le mot σώφρων signifie à la fois tempérant et sage.  C’est dans ce second sens qu’il est 
employé ici. 


PLATON  —  GORGIAS
  —   traduction d’Émile CHAMBRY         146 
 
 
LXIII. — Voilà donc les principes que je pose et j’affirme qu’ils sont vrais. 
Or, s’ils sont vrais, il est notoire que celui qui veut être heureux doit s’attacher 
et s’exercer à la tempérance et fuir l’intempérance à toutes jambes et 
s’arranger avant tout pour n’avoir pas du tout besoin de châtiment ; mais s’il 
en a besoin, lui ou quelqu’un de ses proches, particulier ou État, il faut qu’on 
lui inflige un châtiment et qu’on le punisse, si l’on veut qu’il soit heureux. 
Tel est, à mon avis, le but sur lequel il faut tenir les yeux pour régler sa vie. Il 
faut concentrer tous ses efforts et tous ceux de l’État vers l’acquisition de la 
justice et de la tempérance, si l’on veut être heureux ; il faut rapporter tous ses 
actes à cette fin et se garder de lâcher la bride à ses passions et, en tentant de 
les satisfaire, ce qui serait un mal sans remède, de mener une vie de brigand. 
Un tel homme, en effet, ne saurait être aimé d’un autre homme ni de Dieu ; 
car il ne peut lier société avec personne, et, sans société, pas d’amitié. Les 
savants 
1
, Calliclès, disent que le ciel et la terre, les dieux et les hommes sont 
unis ensemble par l’amitié, la règle, la tempérance et la justice, et c’est pour 
cela, camarade, qu’ils donnent à tout cet univers le nom d’ordre, et non de 
désordre et de dérèglement. Mais il me semble que toi, tu ne fais pas attention 
à cela, malgré toute ta science, et tu oublies que l’égalité géométrique 
2
 a 
beaucoup de pouvoir chez les dieux et chez les hommes. Toi, tu penses, au 
contraire, qu’il faut tâcher d’avoir plus que les autres ; c’est que tu négliges la 
géométrie. 
Mais passons. Il faut maintenant, ou bien réfuter mon argumentation et 
prouver que les heureux ne doivent point leur bonheur à la possession de la 
justice et de la tempérance, ni les malheureux leur misère à celle du vice, ou 
bien, si mon argumentation est juste, il faut en examiner les conséquences. Or, 
ces conséquences, Calliclès, ce sont toutes les affirmations à propos 
desquelles tu m’as demandé si je parlais sérieusement, lorsque j’ai avancé 
que, si l’on avait commis une injustice, il fallait s’accuser soi-même, son fils, 
son camarade, et se servir pour cela de la rhétorique. Et ce que tu t’imaginais 
que Polos m’accordait par fausse honte était donc la vérité, à savoir qu’il est 
plus laid de commettre une injustice que de la subir, et d’autant plus 
désavantageux que c’est plus laid ; et que, si l’on veut être un bon orateur, il 
faut être juste et versé dans la science de la justice, ce que Polos à son tour 
reprochait à Gorgias de m’accorder par fausse honte. 
LXIV. — Cela posé, examinons ce que valent les 
508c-509c 
reproches que tu me 
fais, et si tu as raison ou non de dire que je ne suis pas en état de me secourir 
moi-même, ni aucun de mes amis ou de mes proches et de me tirer des plus 
grands dangers, que je suis, comme un homme noté d’infamie, à la merci du 
                                                           
1
 Ces savants sont les pythagoriciens et surtout Empédocle, qui expliquait la formation et 
l’existence de l’univers par le principe de l’amitié, φιλία, opposé à celui de la discorde, 
νει̃κος. 
2
 L’égalité géométrique est fondée sur la proportion, non sur le nombre. Cf. Lois, 757 b. 


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