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PLATON  —  GORGIAS
  —   traduction d’Émile CHAMBRY         
 
mettre en doute la valeur de la rhétorique, il le somme, puisqu’il a embarrassé 
Gorgias, de dire lui-même ce qu’il pense de cet art. — Ce n’est pas un art, 
répond Socrate, ce n’est qu’une routine, une sorte de flatterie, comme la 
cuisine, la toilette et la sophistique. Il y a en effet deux arts qui se rapportent à 
l’âme : la législation et la justice, et deux qui se rapportent au corps : la 
médecine et la gymnastique. Sous chacun de ces arts la flatterie s’est glissée, 
la sophistique sous la législation, la rhétorique sous la justice, la cuisine sous 
la médecine, la toilette sous la gymnastique. La rhétorique correspond pour 
l’âme à ce qu’est la cuisine pour le corps. — Alors tu crois, Socrate, que les 
bons orateurs sont regardés comme des flatteurs et, comme tels, peu 
considérés, alors qu’ils sont les plus puissants des citoyens ? — Les plus 
puissants des citoyens ! Ils ne sont pas puissants du tout. — Comment le tyran 
qui peut tuer, exiler, dépouiller et faire tout ce qu’il veut n’est pas puissant ? 
— Non, car il ne fait pas ce qu’il veut, par la raison qu’il ne veut pas ce qu’il 
fait, mais ce en vue de quoi il fait ce qu’il fait, c’est-à-dire en vue de son 
avantage ou de son bien. Or, en tuant ou bannissant, il fait tout ce qu’il y a de 
plus contraire à son bien, puisqu’il fait une injustice. Il n’est donc ni puissant, 
ni heureux. — Cependant, réplique Polos, tout le monde tient pour un homme 
heureux le roi de Macédoine Archélaos, qui est parvenu au trône à force de 
crimes. — L’opinion du grand nombre ne compte pas ici, dit Socrate ; et pour 
dire si le grand roi lui-même est heureux, il faut connaître le fond de son âme 
et savoir s’il pratique la justice. 
Dans sa discussion avec Polos, Socrate insiste particulièrement sur ces 
deux points : qu’il vaut mieux subir l’injustice que de la commettre et que le 
plus grand des maux est de n’être pas puni quand on a mérité de l’être. Pour 
démontrer qu’il vaut mieux subir l’injustice que de la faire, Socrate part de 
l’identité du mal et du laid, du beau et du bien, et voici comme il raisonne. 
C’est à cause du plaisir ou de l’utilité ou des deux à la fois que les belles 
choses sont réputées belles, et c’est par les contraires, le douloureux et le 
mauvais, ou par les deux à la fois que les laides sont telles. Par suite une chose 
est plus belle qu’une autre en ce qu’elle procure plus de plaisir ou plus de bien 
ou plus de plaisir et de bien, et une chose est plus laide qu’une autre parce 
qu’elle cause, plus de douleur ou de mal, ou de douleur et de mal. Or, si le 
grand nombre croit qu’il est plus avantageux de commettre l’injustice que de 
la subir, tout le monde, et Polos lui-même, admet qu’il est plus laid de la 
commettre que de la subir. Comme ce n’est ni par la douleur, ni par la douleur 
et le mal réunis que l’injustice commise surpasse l’injustice reçue, il reste que 
ce soit par le mal, d’où la conclusion s’impose qu’il est plus mauvais de 
commettre l’injustice que de la recevoir. 
Quant au second point, qu’il y a plus de mal encore à n’être pas puni d’une 
faute qu’à la commettre, voici comment Socrate en démontre la justesse. 
Payer sa faute et être châtié justement, quand on est coupable, c’est la même 
chose. Or ce qui est juste est beau et ce qui est beau est bon et utile. L’utilité 


PLATON  —  GORGIAS
  —   traduction d’Émile CHAMBRY         
 
consiste ici à être débarrassé de l’injustice et de la méchanceté de l’âme, qui 
est le plus grand des maux. 
Aussi, comme on a recours au médecin pour se délivrer des maux du 
corps, il faut se rendre chez le juge pour payer ses fautes, parce que la 
punition améliore et rend plus juste et que la justice est comme la médecine de 
la méchanceté. Le plus heureux est donc celui qui n’a point de vice dans 
l’âme ; au second rang vient celui qu’on délivre du vice, et le plus malheureux 
est celui qui garde son injustice au lieu de s’en débarrasser, ce qui est le cas du 
tyran chargé de crimes qui est au-dessus de la punition. Mais, si cela est, où 
est la grande utilité de la rhétorique ? Elle ne sert à rien, à moins qu’on ne s’en 
serve pour s’accuser soi-même devant le juge, lorsqu’on a commis une 
injustice. Si au contraire on veut faire du mal à un ennemi, il faut bien se 
garder de l’accuser ; il faut le laisser vivre dans son vice, ce qui est le plus 
grand des malheurs. 
En entendant développer des idées si nouvelles, Calliclès n’en croit pas ses 
oreilles. Socrate parle-t-il sérieusement 
? demande-t-il. — Le plus 
sérieusement du monde, répond Khairéphon. Alors Calliclès, imbu des 
théories sophistiques qui opposaient la nature à la loi, reproche à Socrate sa 
manière de discuter qui est, dit-il, captieuse. Quand on parle en se référant à la 
loi, tu interroges en te référant à la nature, et, si l’on parle de ce qui est dans 
l’ordre de la nature, tu interroges sur ce qui est dans l’ordre de la loi. C’est ce 
que tu viens de faire au sujet de l’injustice commise ou reçue. Polos parlait de 
ce qui est le plus laid en ce genre, à consulter la nature ; toi, au contraire, tu 
t’es attaché à la loi. Selon la nature, tout ce qui est plus mauvais est aussi plus 
laid. Souffrir une injustice est donc une chose plus laide, tandis que, selon la 
loi, il est plus laid de la commettre. Mais les lois sont faites par les faibles et le 
plus grand nombre, et c’est pour eux et dans leur intérêt qu’ils le font, et qu’ils 
déclarent que c’est une chose laide et injuste de prétendre avoir plus que les 
autres. Au contraire, la nature proclame que partout, chez les hommes comme 
chez les animaux, c’est au plus fort à commander au plus faible. La 
philosophie tient un autre langage ; mais crains qu’elle ne te laisse désarmé 
devant un accusateur puissant ; étudie plutôt la rhétorique et lance-toi dans la 
vie publique. 
Socrate se félicite d’abord d’avoir trouvé en Calliclès un conseiller qui 
joint à la science la bienveillance et la franchise dans la question la plus 
importante, celle du genre de vie qu’il faut choisir pour être heureux. Aussi 
va-t-il l’interroger pour s’éclairer là-dessus. Qu’entends-tu par les plus forts ? 
demande-t-il. Sont-ce les meilleurs et les plus puissants ? Dans la société, 
c’est le grand nombre qui fait les lois ; c’est donc lui le plus puissant. Or s’il 
fait des lois contre l’injustice, c’est qu’il est persuadé qu’il est plus mauvais de 
commettre l’injustice que de la subir. Calliclès se reprend alors et, pressé par 
Socrate, il définit successivement les plus forts par les meilleurs, puis par les 
plus sages et enfin par les hommes qui s’entendent aux affaires publiques et 
qui sont courageux. Ceux-ci doivent commander et avoir une plus grosse part 


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