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PLATON  —  GORGIAS
  —   traduction d’Émile CHAMBRY         
 
que les autres. — Ne doivent-ils pas commencer par se commander à 
eux-mêmes et être tempérants ? — Au contraire, répond Calliclès : pour être 
heureux, il faut laisser prendre à ses passions tout l’accroissement possible et 
les satisfaire ensuite. — Il s’ensuit, réplique Socrate, que, quand on a la gale et 
qu’on peut se gratter à son aise, on est heureux, et de même quand on satisfait 
les désirs les plus honteux. Ta théorie suppose que l’agréable et le bon sont 
identiques, ce qui n’est pas. 
Il y a en effet des choses contraires entre elles qui ne peuvent coexister 
ensemble dans le même sujet, comme le bonheur et le malheur, la santé et la 
maladie : quand la maladie vient par exemple, la santé s’en va et récipro-
quement. Si cela est vrai, il s’ensuit que les choses qui peuvent se trouver 
ensemble dans le même objet, qui y viennent et s’en retirent en même temps, 
ne peuvent pas être les bonnes et les mauvaises, puisque le bien et le mal 
s’excluent réciproquement. Or, quand on satisfait un désir, la perception du 
plaisir est simultanée au besoin et par conséquent à la peine que cause le désir. 
Le plaisir et la peine coexistent ensemble, le bien et le mal, jamais. Le plaisir 
et la peine diffèrent donc du bien et du mal. 
Une autre preuve que l’agréable et le bon ne sont pas la même chose, c’est 
que le méchant jouit ou souffre des mêmes objets autant que le bon. Ainsi le 
lâche, à l’approche ou à la retraite de l’ennemi, ressent autant, peut-être même 
plus, d’anxiété ou de joie que le brave. Si l’agréable et le bon étaient 
identiques, le méchant serait aussi bon, parfois même meilleur que l’homme 
sage et tempérant. 
Calliclès est battu, mais ne se rend pas. Crois-tu donc, réplique-t-il, que je 
ne sache pas qu’il y a des plaisirs meilleurs que d’autres ? Mais cet aveu va 
tourner à sa confusion, car admettre qu’il y a des plaisirs bons et des plaisirs 
mauvais, c’est admettre que les uns sont utiles et procurent du bien et que les 
autres sont nuisibles et font du mal. La conséquence est qu’il faut tout faire
même l’agréable en vue du bien, et non le bien en vue de l’agréable. 
C’est d’après ce principe qu’il faut juger les diverses professions et en 
particulier la rhétorique. Certaines, comme la médecine, visent au bien ; 
d’autres, comme la cuisine, l’art du joueur de flûte ou de cithare, celui du 
poète dithyrambique ou tragique ne visent qu’au plaisir, et par conséquent 
sont plus nuisibles qu’utiles. Telle est aussi la rhétorique, quand, au lieu de 
viser au bien, elle ne cherche qu’à plaire. Malheureusement c’est le seul but 
que nos orateurs se proposent ; aucun d’eux ne cherche à rendre les citoyens 
meilleurs, et les plus célèbres, Miltiade, Thémistocle, Cimon, Périclès, ont 
corrompu le peuple au lieu de l’améliorer. Le véritable orateur doit faire 
comme l’artiste qui place tous ses matériaux dans un ordre propre à produire 
la beauté, il doit établir dans les âmes l’ordre et la règle, qui forment les 
hommes justes et tempérants. 
Calliclès, à bout d’objections, refuse de répondre à ces vérités attachées et 
liées entre elles, selon l’expression de Socrate, par des raisons de fer et de 


PLATON  —  GORGIAS
  —   traduction d’Émile CHAMBRY         
 
diamant. Cependant, sur la prière de Gorgias, Socrate continue à poursuivre la 
discussion : il prie seulement Calliclès de l’arrêter, s’il n’est pas d’accord avec 
lui. Il résume d’abord la discussion jusqu’au point où elle était arrivée, la 
nécessité d’établir dans l’âme l’ordre et la règle, ce qui est l’œuvre de la 
tempérance. L’homme tempérant, poursuivit-il, s’acquittant de tous ses 
devoirs envers les hommes et envers les dieux, est juste et saint ; il est aussi 
courageux, sans quoi il ne serait pas tempérant. La tempérance étant bonne, il 
est bon et par suite il est heureux, tandis que l’homme déréglé qui 
s’abandonne à ses passions est malheureux. 
Le devoir de l’orateur est donc tout tracé : il doit chercher à rendre 
meilleurs la cité et les citoyens. C’est pour ne l’avoir pas fait que Périclès et 
les autres ont été condamnés. Ils se plaignent de l’ingratitude des peuples ; ils 
ont tort. Aucun chef d’État ne peut être opprimé injustement par l’État qu’il 
gouverne. S’il est condamné, c’est qu’il n’a pas amélioré ses sujets, comme il 
le devait. Je suis peut-être, dit Socrate, le seul Athénien qui s’attache au 
véritable art politique, parce que seul je m’emploie à les convertir au bien. Je 
sais bien que, si je suis accusé un jour par un malhonnête homme, je ne 
pourrai me défendre en leur citant les plaisirs que je leur ai procurés. 
Cependant je ne serai point sans défense, comme le croit Calliclès. Ma 
meilleure défense sera de n’avoir jamais commis aucune injustice dans ma 
vie. Au reste, si je suis condamné, je mourrai de bonne grâce ; car on ne craint 
pas la mort, quand on est pur de tout crime. C’est ce que je vais prouver par 
un récit que l’on pourra prendre pour une fable, mais que, pour ma part, je 
crois véritable. 
Ici commence la quatrième partie du Gorgias. Après les trois discussions 
successives avec Gorgias, avec Polos et avec Calliclès, ce drame 
philosophique s’achève par un mythe. 
Là où le raisonnement est impuissant, Platon a recours à la tradition 
populaire qu’il accommode à ses idées. C’est ainsi qu’il a exposé ce qu’il 
pense de notre survie dans l’autre monde à trois reprises différentes, ici et à la 
fin de la République et du Phédon. Semblables pour le fond, ces trois mythes 
présentent des divergences dans le détail. Voici celui du Gorgias.  Une loi 
divine toujours existante veut que l’homme, après sa mort, aille aux îles 
Fortunées ou au Tartare. Au temps de Cronos il y avait des erreurs, et l’on 
voyait arriver aux îles Fortunées des âmes qui auraient dû être dirigées sur le 
Tartare ou vice versa. Ces abus venaient de ce que les hommes étaient jugés 
de leur vivant et tout habillés par des juges également vivants et couverts de 
vêtements, et de ce que les parents et amis de celui qui allait mourir venaient 
l’assister devant les juges et les induisaient en erreur par de fausses 
dépositions. Zeus fit cesser cet abus : il décida que les hommes seraient jugés 
tout nus après leur mort par des juges également morts et nus, ses trois fils 
Minos, Eaque et Rhadamanthe. Ces juges envoient les âmes des justes aux îles 
Fortunées pour y être récompensées et celles des coupables dans le Tartare 
pour y être punies ; mais ici la punition diffère selon que les âmes coupables 


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