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LES TESTAMENTS DE MICHEL PINHAN

537

Il devait avoir des filleuls et des filleules autres que ses petits-enfants,

puisqu’au moins une est signalée dans l’un des reçus : Madeleine, fille de Jean

Clavel, de Fourques, à laquelle il donne dix florins en augment de dot lors de

son mariage avec Antoine Rivière.

Un autre élément intéressant concerne les enfants à venir. Si, à sa mort,

il a des enfants non encore nés au moment de la rédaction des testaments, ou

même au moment de son décès, ils seront héritiers au même titre que ceux

déjà cités. Ce souci d’assurer leur subsistance s’applique aussi aux enfants à

naître. Ainsi que l’explique D. Lett

19

, « In utero, l’enfant est, comme ses



frères et soeurs déjà nés, un héritier potentiel, car, on peut le lire dans Le

Conseil à un ami, de Pierre de Fontaine, « celui qui est encore à naître ne doit

pas être lésé ». » Un autre constat s’impose : comme la plupart des pères de

famille alors, Pinhan a le souci de protéger, ou de faire protéger, ses enfants

une fois orphelins, et le fils aîné se voit investi de la charge de maintenir la

cohésion et la subsistance de ce qui est, ou sera, une famille recomposée. Les

enfants seront ainsi accueillis dans celle du demi-frère, parent adoptif nour-

ricier, ayant cependant un lien du sang avec ceux qu’il va élever. Ainsi

s’esquisse, à partir de ces testaments, une image, floue sans doute, mais néan-

moins crédible, de cette famille arlésienne. Au-delà, nous avons un témoi-

gnage, conforme aux autres testaments, du souci des Arlésiens du

XV

e

siècle



d’assurer le repos de leur âme, à travers des legs faits non plus aux membres

de leur famille, mais à ceux qui peuvent être des intercesseurs auprès de Dieu.

Se dessine aussi, même sommairement, la maison dans laquelle il vit,

signalée dans le livre terrier de 1437, coté CC 17. Située dans la paroisse Saint

Julien, elle est taxée cent vingt florins. Y est mentionnée une autre demeure,

« que se ten anbe aquel desus », « en lo plan de la serralhiera ». Il possède

d’autres biens immobiliers, cités eux-aussi. Cette demeure est léguée à son

fils aîné. Mais elle doit être assez grande puisque sa soeur, ses enfants, sa

femme, pourront y séjourner après sa mort. Or, Antoine est lui-même marié

et a des enfants. Quelques renseignements épars sont ajoutés. La chambre

qu’il occupe avec sa femme est en haut de l’escalier qui est à l’entrée, à côté

d’une autre pièce. Elle conservera le mobilier : le lit et la literie, une table,

deux bancs, deux petites tables, des coffres pour les vêtements. Quant à

Gabriel, lui aussi sera logé là lorsqu’il viendra à Arles, éventuellement avec

un compagnon ou un valet. Antoine devra alors tenir à sa disposition une

pièce dans laquelle se trouvent une croisée, une cheminée, des latrines, deux

lits. Pièce privée, relativement indépendante des autres, elle doit être bien

entretenue. La demeure familiale est vaste, à étage(s), et possède des parties

privées.

19. D. L


ETT

op. cit., p. 20.

0312-072Mep:0312-072Mep  28/10/11  14:39  Page 537



MARIE-ROSE BONNET

538

L

A FORME DU TESTAMENT



L’autre intérêt des copies est leur forme, traditionnelle pour l’époque ;

elle correspond en général à l’étude des testaments arlésiens faite par

L. Stouff

20

. Je vais donc me contenter de rappeler ici quelques points.



Globalement, le plan est toujours le même : le testateur indique la date,

signale qu’il est sain de corps et d’esprit, introduit la formule traditionnelle

« en ce monde il n’y a pas de chose plus certaine que la mort et de plus incer-

taine que le jour et l’heure de cette dernière », que nous rencontrons dès le

XIV

e

siècle. Cette formule stéréotypée, présente dans pratiquement tous les



testaments, n’a probablement pas une grande portée chez Pinhan, qui rédige

ses dernières volontés afin qu’il n’y ait aucune contestation possible parmi

ses héritiers. Il recommande à Dieu son âme et celle des siens. Cela nous per-

met ainsi de connaître les décès survenus entre les diverses rédactions. Il

évoque aussi les saints, quelques différences apparaissant à travers les men-

tions successives

21

. Certains saints sont en effet omniprésents, d’autres non.



Faut-il voir là un besoin supplémentaire de protection ? Dieu doit les

envoyer au moment du trépas pour combattre le diable (c’est une armée

défensive) et l’empêcher d’entraîner l’âme du défunt. Cette invocation per-

met de préparer la mort, au cas où elle surviendrait inopinément.

Il désire être inhumé dans le cimetière des Alyscamps, là où sont enter-

rés les pauvres de l’hôpital du Saint Esprit de la Cité. Il fait preuve dans ce

cas d’humilité, puisqu’il ne choisit pas le cimetière ou le cloître de sa paroisse.

Rappelons ici l’une des caractéristiques de l’Arlésien médiéval, qui utilise

encore le cimetière extérieur, alors qu’à cette époque, les morts côtoient les

vivants. Mais les Alyscamps n’ont pas encore été abandonnés.

Suivent les legs, s’élevant à deux cents florins, conformes à ceux des

autres testaments, même si d’infimes différences apparaissent, dans l’ordre de

présentation d’abord. Dans les sommes léguées ensuite, certaines variant, ou

étant indiquées par un autre nom de monnaie. Pinhan témoigne à nouveau

du rang qu’il occupait et de sa richesse. Cette dernière est par ailleurs confir-

mée par les sommes allouées pour le luminaire, le nombre et le poids des

cierges étant précisés ; par exemple, en 1448, il prévoit l’achat de quatre

cierges d’une livre, de deux torches de trois livres. De plus, il évoque le repas

funéraire que doit offrir l’héritier aux amis venus l’accompagner jusqu’à sa

dernière demeure. Ce repas, pour lequel ne sont cependant cités que le pain

et le (meilleur) vin, est mentionné dans tous les testaments. Mais, dans celui

du 31 janvier 1454 et dans le dernier, il est aussi question de trente pauvres,

qui recevront en outre (en 1459), huit deniers. Les pauvres sont aussi béné-

20. L. S


TOUFF

, « Les Provençaux et la mort dans les testaments (

XIII

e

siècle-



XV

e

siècles) »,Cahiers de Fanjeaux, La mort et l’au-delà en France méridionale (



XII

e

-

XV

e

siècles),

n° 33, Toulouse, 1998, p. 199-222. « Mourir à Arles aux derniers siècles du Moyen Age », op.



cit., p.393-402.

21. Cf. annexes.

0312-072Mep:0312-072Mep  28/10/11  14:39  Page 538



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