L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme



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3 En conséquence, elle est minutieusement analysée dans ses symptômes (op. cit. 1, p. 380). Si le sloth et l'idleness sont des péchés aussi graves, c'est en raison de leur caractère permanent. Baxter les considère même comme « destructeurs de la grâce » (op. cit. I, pp. 279-280). Ces péchés représentent l'exacte antithèse de la vie méthodique.

4 Voir ci-dessus, chap. I, § I, no 5.

5 BAXTER, op. cit. 1, pp. 108 sqq. Les passages suivants sont particulièrement frappants : « Question : But will not wealth excuse us? Answer: It may excuse you from some sordid sort of work by making you more serviceable to another, but you are no more excused from service of work [...] than the poorest man. » Et aussi, p. 376 : « Though they [lea riches] have no outward want to urge them, they have as great a necessity to obey God [...] God have strictly commanded it [le travail] to all. » Cf. supra, chap. II, § I, no 48.

1 Pareillement SPENER (op. cit. III, pp. 338, 425), qui combat pour cette raison la tendance à prendre sa retraite prématurément comme moralement répréhensible. Et, au cours de la réfutation d'une objection contre la perception d'intérêts, la jouissance de ceux-ci conduisant à la paresse, il souligne que celui qui peut vivre d'intérêts perçus n'en a pas moins le devoir de travailler, car tel est le commandement de Dieu.

2 Piétisme inclus. Lorsque la question se pose de changer de métier, Spener est d'avis qu'une fois une profession adoptée, le devoir d'obéissance envers la divine Providence est de s'en accommoder.

3 J'ai montré dans mes études sur la Wirtschaftsethik der Weltreligionen le pathétique extrême - pathétique qui domine l'ensemble de la conduite - avec lequel la doctrine hindoue du salut rattache le traditionalisme du métier aux chances de résurrection. Exemple qui montre la différence entre un simple enseignement éthique et la création par la religion d'impulsions psychologiques déterminées. L'Hindou pieux ne pouvait progresser dans la voie de la transmigration que par l'accomplissement, strictement selon la tradition, des devoirs de la caste dans laquelle il était né. C'est là l'enracinement religieux du traditionalisme le plus vigoureux qui se puisse concevoir. A cet égard, l'éthique hindoue représente l'antithèse la plus conséquente de l'éthique puritaine, comme elle est l'antithèse la plus conséquente du judaïsme par le traditionalisme de la structure des castes.

4 BAXTER, op. cit. 1, p. 377.

1 Cela ne signifie pas que le point de vue puritain en dérive historiquement. Au contraire, affirmer que le cosmos du « monde » [Kosmos der « Welt »] [174] sert la gloire de Dieu, revient à exprimer une idée authentiquement calviniste. Cette tournure d'esprit utilitariste suivant laquelle le cosmos économique doit servir le bien du plus grand nombre, le bien général (good of the many, common good, etc.), découlait de l'idée que toute autre interprétation eût conduit à l'idolâtrie (aristocratique) de la créature, à tout le moins qu'elle n'eût certes pas servi la gloire de Dieu, mais visé des « fins culturelles » charnelles. La volonté de Dieu cependant, telle qu'elle s'exprime supra (chap. II, § 1, no 35) dans les dispositions préméditées du monde économique, ne peut être, en ce qui concerne les fins d'ici -bas, que le bien de l'«ensemble », c'est-à-dire l' « utilité impersonnelle. Ainsi que nous l'avons déjà dit, l'utilitarisme découle de l'aspect impersonnel de l' « amour du prochain » et du refus de glorifier le monde d'ici-bas, en raison du caractère exclusif de l'in majorem Dei gloriam puritain.

Toute glorification de la créature est une atteinte à la gloire de Dieu; il fallait donc la rejeter absolu­ment. Cette idée qui a dominé - et avec quelle intensité - tout le protestantisme ascétique, se manifeste dans les doutes, les hésitations qu'il en coûta à Spener lui-même, nullement effleuré certes par le souffle « démocratique », pour maintenir en dépit des objections l'usage de titres tels [...]. Finalement, il retrouva sa tranquillité en se disant que, dans la Bible même, l'apôtre donne le titre de [...] au préteur Festus. L'aspect politique de la question ne relève pas de la présente étude.



2 « The inconstant man is a stranger in his own house », dit Thomas ADAMS (Works of the Puritan Divines, p. 377).

3 A ce sujet, voir notamment les remarques de George Fox dans The Friends' Library (éd. W. et T. Evans, Philadelphia 1837), 1, p. 130.

1 De plus, cet esprit de l'éthique religieuse ne peut pas être considéré comme un reflet des conditions économiques. La spécialisation du travail était bien plus avancée dans l'Italie médiévale qu'en Angleterre à la même époque.

2 Car Dieu n'a jamais commandé d'aimer son prochain plus que soimême, mais comme soi-même, comme le soulignent souvent les auteurs puritains. On a donc aussi le devoir de s'aimer soi-même. Par exemple, celui qui sait mieux que son prochain employer ce qu'il possède à la gloire de Dieu n'est nullement tenu par amour du prochain de partager avec lui.

3 Spener, lui aussi, est très proche de ce point de vue. Mais, fût-ce dans le cas du passage d'une occupation commerciale (considérée des plus dangereuses moralement) à la théologie, il demeure extrêmement réticent et il inclinerait plutôt à dissuader de le faire (op. cit. III, pp. 435, 443; 1, p. 524). Les réponses à la question : est-il permis de changer de métier? qui reviennent fréquemment dans les avis mûrement pesés de Spener, montrent, soit dit en passant, à quel point étaient adaptées à la vie quotidienne les différentes manières d'interpréter I Cor. VII.

4 De telles idées ne se trouvent pas chez les piétistes continentaux, dans leurs écrits du moins. L'attitude de Spener oseille entre le luthéranisme (« satisfaction des besoins ») et les arguments mercantilistes sur l'utilité de la « prospérité du commerce », etc. (op. cit. III , pp. 330, 332; 1, p. 418 : « La culture du tabac apporte de l'argent dans le pays; donc elle est utile, et partant non coupable. » Comparer aussi avec III, pp. 426-427, 429, 434). Mais Spener ne manque pas de faire remarquer que, selon l'exemple des quakers et des mennonites, on peut réaliser des profits et pourtant demeurer pieux; voire - nous y reviendrons plus loin - des profits particulièrement élevés peuvent être la conséquence directe d'une pieuse probité (op. cit. p. 435).

5 Ces vues de Baxter ne sont point un reflet du milieu économique dans lequel il vivait. Au contraire, son autobiographie met en évidence ce que le succès de son oeuvre missionnaire, sur le plan domestique, doit au fait que les commerçants de Kidderminster n'étaient pas riches, mais gagnaient seulement food and raiment, et que les maîtres vivaient front hand to mouth, tout comme leurs ouvriers. « It is the poor who receive the glad tidings of the Gospel. » An sujet de Is recherche du gain, Thomas Adams note : « He [the knowing man] knows [...] that money may make a man richer, not better, and thereupon chooseth rather to sleep with a good conscience than a full purse [...] therefore desires no more wealth than an honest man may bear away » (Works of the Puritan Divines, LI). Ce qu'il désirait, précisément, c'était au moins cette part-là, autrement dit, tout gain honnête dans sa forme est légitime.

1 Ainsi BAXTER, op. cit. 1, chap. X, tit. 1, dist. 9 (§ 24); 1, p. 378, Col. 2. Dans Prov. XXIII, 4, « Ne te fatigue pas à t'enrichir » signifie seulement : - riches for our fleshly ends must not ultimately be intended ». La possession sous la forme féodale de son usage très exactement est haïssable (cf. la remarque, op. cit., 1, p. 380 sur la « debauched part of the gentry ») et non la possession en soi. Dans sa première Defensio pro populo anglicano, Milton soutient la théorie bien connue que seule la « classe moyenne » peut observer la vertu. Par « classe moyenne », il entend la « bourgeoisie » par opposition à l' ~, aristocratie », ce que montre le contexte où il est dit que le « luxe », comme le ~, besoin », est un obstacle à l'exercice de la vertu.

2 C'est là le plus important. Ajoutons cette remarque générale : il va de soi qu'il s'agit pour nous, ici, non point tant de concepts développés par les théologiens dans leurs théories éthiques, que de [177] la morale qui animait la vie pratique des croyants - c'est-à-dire de la façon dont œuvrait en pratique l'orientation religieuse de l'éthique professionnelle. Dans la casuistique catholique, celle des jésuites tout spécialement, on trouve des considérations - par exemple sur la justification de l'intérêt, question que nous n'aborderons pas ici - qui rendent un son analogue à celles de bien des casuistes protestants. Elles semblent même aller plus loin en ce qui concerne la nature de ce qui est permis ou de ce qui est « toléré » [probabel] (ne devait-on pas plus tard reprocher fréquemment aux puritains d'avoir, au fond, la même morale que les jésuites ?). De même que les Calvinistes citent souvent les théologiens moralistes du catholicisme - non seulement saint Thomas d'Aquin, saint Bernard de Clairvaux, saint Bonaventure, etc., mais jusqu'à des contemporains - les casuistes catholiques suivent de près J'évolution de l'éthique hérétique. Nous ne pouvons en discuter ici.

En dehors, cependant, du fait décisif des avantages (Prämierung) de la vie ascétique pour le ]aïe, il existe une différence profonde, même en théorie : dans le catholicisme, ces vues latitudinaires étaient le produit de théories éthiques particulièrement laxistes, non approuvées par l'Église, et auxquelles s'opposaient les fidèles les plus sérieux, et les plus stricts, tandis qu'à l'inverse l'idée protestante de profession mettait les disciples les Plus convaincus de la vie ascétique au service de l'acquisition capitaliste. Ce qui apparaissait aux premiers comme permis sous certaines conditions, constituait pour les seconds un bien moral positif. Ces différences fondamentales des deux éthiques, très importantes dans la pratique, se sont définitivement cristallisées avec le jansénisme et la bulle Unigenitus respectivement.



3 « You may labour in that manner as tendeth most to your success and lawful gain. You are bound to improve all your talents. » Cette phrase fait suite au passage cité dans le texte cidessus. Un parallèle entre la poursuite de la richesse dans le royaume de Dieu et la poursuite du succès dans une profession terrestre se trouve dans JANEWAY, « Heaven upon Earth », Works of the Puritan Divines, p. 275.

4 La confession luthérienne du due Christophe de Wurtemberg, soumise au concile de Trente, s'élevait déjà contre le vœu de pauvreté : Celui qui est pauvre en raison de sa condition [Stand] doit le supporter; mais s'il s'applaudit de le demeurer, C'est comme s'il se félicitait de rester malade ou s'il cultivait une mauvaise réputation.

1 De même chez Baxter; également dans la confession du due Christophe. Comparer avec des passages comme celui-ci : « [...] the vagrant rogues whose lives are nothing but an exorbitant course: the main begging », etc. (Thomas ADAMS, Works of the Puritan Divines, p. 259). Calvin avait déjà strictement interdit la mendicité et les synodes hollandais firent campagne contre les licences de mendiants. A l'époque des Stuarts, en particulier sous Charles 1er, le régime de Laud avait développé systématiquement le principe d'une aide publique aux pauvres et de travaux pour les chômeurs. Ce qui incita les puritains à prendre pour cri de guerre : « Giving [178] alms is no charity » (titre d'un ouvrage ultérieur et bien connu de Defoë). Vers la fin du XVIIe siècle, les puritains mirent en vigueur le repoussant système des workhouses pour les chômeurs (comparer avec LEONARD, Early History of English Poor Relief, Cambridge 1900, et H. Levy, Die Grundlagen des ökonomischen Liberalismus in der Geschichte der englischen Volkswirtschaft, Iena l912, pp. 69 sqq.).

2 Dans son adresse inaugurale devant l'Assemblée de Londres en 1903 G. White, président de l'Union baptiste de Grande-Bretagne et d'Irlande, affirmaît avec force : a The best men on the roll of our Puritan Churches were men of affairs, who believed that religion should permeate the whole of the life » (Baptist Handbook, 1904, p. 104).

3 Ici encore, on note une opposition caractéristique à toute espèce de conception féodale. Selon celle-ci, seuls les descendants du parvenu (politique ou social) peuvent recueillir le bénéfice de ses succès et accéder à la consécration du sang (ce qu'exprime de façon sensible l'espagnol hidalgo = hijo d'algo = filius de aliquo, où aliquid signifie propriété héritée). Certes, aujourd'hui pareils conflits tendent à s'estomper dans la transformation rapide, l'européanisation de la « mentalité » [Volkscharakter] américaine. Néanmoins, on y observe parfois encore l'attitude directement opposée, de nature spécifiquement bourgeoise, laquelle glorifie la réussite en affaires et le gain en tant que symptômes d'accomplissement spirituel, sans accorder aucun respect aux biens reçus en héritage. En Europe (James Bryce en a fait la remarque) presque toutes les distinctions sociales, en effet, peuvent être acquises contre argent, dès lors que l'acheteur ne s'est pas tenu lui-même derrière le comptoir et a fait subir à sa propriété les métamorphoses nécessaires (fidéicommis, etc.). Contre l'aristocratie du sang, voir notamment Thomas ADAMS, Works of the Puritan Divines, p. 216.

4 C'était déjà vrai du fondateur de la secte familiste, Hendrik Nicklaes, qui était marchand (BARCLAY, Inner Life of the Religious Societies of the Commonwealth, p. 34)

5 Cela était Solidement établi pour Hoornbeek, car Matt. V, 5 et 1 Tim, IV, 8, faisaient de même aux saints des promesses purement terrestres (op. cit. 1, p. 193). Toutes choses sont l'œuvre de la divine Providence, mais celle-ci prend un soin tout particulier des siens, op. cit. p. 192 : « Super alios autem summa cura et modis singularissimis versatur Dei providentia circa fideles. » D'où la question : comment reconnaître qu'un heureux coup du sort n'a point pour origine la communis providentia, mais cette sollicitude spéciale? BAILEY, de son côté (op. cit. p. 191), 11791 explique le succès dans les occupations professionnelles par la divine Providence. Que la prosperity soit oft la récompense d'une vie pieuse, revient constamment dans les écrits des quakers (on trouve l'expression à une date aussi tardive que 1848 dans Sélection from the Christian Advices, issued by the General Meeting of the Society of Friends, London, 6e éd., 1851, P. 209). Nous reviendrons sur la relation à l'éthique des quakers.

1 L'analyse de la querelle entre Jacob et Ésaü par Thomas ADAMS Peut servir d'exemple de l'attention accordée aux patriarches, autre trait de la conception puritaine de la vie (Works of the Puritan Divines, p. 235) : « His folly [celle d'Ésaü] may bc argued from the base estimation of the birthright [passage également important pour le développement de l'idée de birthright, nous y reviendrons], that he would so lightly pass from it and on so easy condition as a pottage. , Mais, par la suite, Êsaü se montra déloyal, refusant de reconnaître la vente sous prétexte qu'il avait été trompé. En d'autres termes, il est « a cunning hunter, a man of the fields », l'homme de la vie irrationnelle et barbare, tandis que Jacob, « a plain main, dwelling in tents », représente le « man of grace ».

Ce sentiment d'intime parenté avec le judaïsme qui s'exprime encore dans l'ouvrage bien connu de Roosevelt, KÖHLER (Op. cit.) l'a trouvé largement répandu parmi les paysans hollandais. D'un autre côté, cependant, le puritanisme était pleinement conscient de ce qui l'opposait à l'éthique judaïque dans sa dogmatique pratique; c'est ce que montre clairement l'écrit de Prynne contre les juifs (à l'occasion des projets de tolérance de Cromwell). Voir cidessous, note 58.



2 Zur bäuerlichen Glaubens- und Sittenlehre. Von einem thüringischen Landpfarrer, 2e éd. (Gotha 1890), p. 16. Les paysans ici décrits sont des produits types de l'esprit clérical luthérien. A maintes reprises, j'ai noté en marge « luthérien » alors que l'auteur, au reste excellent, ne voyait là que simple religiosité « paysanne ».

3 Comparer, par exemple, avec le passage cité par RITSCHL, Pietismus, II, p. 158. SPENER, lui aussi, fonde en partie sur des passages de Jésus ben Sira ses avis sur le changement de métier et la recherche du gain (Theologische Bedenken, III, p. 426).

4 Il est vrai que Bailey recommande de les lire, et qu'il lui arrive de s'y référer, quoique fort rarement. je ne me souviens d'aucune citation de Jésus ben Sira (peut-être est-ce un hasard ?).

1 Sur ce point, nous n'entrerons pas dans le détail. Nous ne nous intéressons ici qu'au caractère formaliste de cette « légalité ». Sur la signification éthique de l'Ancien Testament pour la lex naturae, on lira avec profit TROELTSCH, Soziallehren [...].

2 Le caractère obligatoire des normes éthiques de l'Écriture va si loin chez BAXTER (Christian Directory, III, pp. 173 sqq.) que, 1º elles sont seulement un transcript de la law of nature, ou, 2º elles revêtent un « express character of universality and perpetuity ».

3 Par exemple DOWDEN (avec référence à Bunyan), op. cit. p. 39.

4 De plus amples détails sur ce point sont donnés dans Die Wirtschaftsethik der Weltreligionen. Nous ne pouvons analyser ici l'énorme influence qu'a eue en particulier le second commandement, « Tu ne feras point d'image taillée », sur le développement de la mentalité du judaïsme, son côté rationnel, étranger à toute culture des sens. Toutefois, je mentionnerai comme symptomatique ce que m'a dit l'un des dirigeants de l'Educational Alliance aux États-Unis, une organisation qui a entrepris avec de gros moyens matériels et un succès surprenant l'américanisation des juifs immigrants : l'un des premiers buts à atteindre, dans toutes les formes d'éducation artistique et sociale, est l'« émancipation à l'égard du second commandement ». Dans le puritanisme, la prohibition de l'idolâtrie de la créature, bien qu'un peu différente, agit dans le même sens : elle correspond à la prohibition israélite de toute représentation anthropomorphique.

En ce qui concerne le judaïsme talmudique, la moralité puritaine ne laisse pas de lui être apparentée par certains traits fondamentaux. Ainsi, lorsqu'il est dit dans le Talmud (Cf. WÜNSCHE, Der babylonische Talmud in seinen haggadischen Bestandteilen (Leipzig 1886-1889), II, p. 34) qu'il est mieux, qu'il est plus richement récompensé par Dieu de faire une bonne action par devoir plutôt que d'en faire une à laquelle [182] on n'est pas obligé par la loi. En d'autres termes, à l'accomplissement sans amour du devoir est attachée une valeur éthique plus élevée qu'à la philanthropie sentimentale. Pour l'essentiel, l'éthique puritaine l'admettrait. Kant lui aussi est très proche de cette façon de voir; d'origine écossaise, il a reçu une éducation profondément empreinte de piétisme. Bien qu'il ne soit pas possible d'en discuter ici, nombre de ses formulations se rattachent en droite ligne à des idées du protestantisme ascétique. Il reste que l'éthique talmudique plonge profondément ses racines dans le traditionalisme oriental : « Rabbi Tanchum ben Chanilai a dit : Ne change jamais la coutume » (Gemara apud Mischna VII, 1, fol. 86 b, no 93, in Wünsche. Il s'agit ici de la nourriture des journaliers). Mais cette obligation ne joue pas envers les étrangers.

Cependant, comparée à l'accomplissement pur et simple de tous les commandements par les juifs, la conception puritaine de la « légalité » en tant que preuve [Bewährung] évidente, offrait un motif plus puissant à l'action positive. L'idée que le succès révèle la bénédiction divine n'est certes pas inconnue du judaïsme. Mais sa signification éthico-religieuse, révolutionnaire prise en raison de la double éthique (à usage interne et à usage externe) excluait toute parenté de résultat [avec le puritanisme] sur ce point décisif. Était permis à l'égard de l'« étranger » ce qui était interdit à l'égard du a frère ». C'est pourquoi le succès, dans le domaine de ce qui était non point « cornmandé » mais seulement « permis », ne pouvait être identifié dans ce cas à la preuve religieuse, ni donner l'impulsion à une conduite méthodique de la vie, comme ce fut le cas pour les puritains. Sur tous ces problèmes, traités de façon inexacte par SOMBART dans Die Juden und das Wirtschaftsleben, voir nos études citées ci-dessus. Les détails n'auraient pas ici leur place.

Pour étrange que cela apparaisse de prime abord, l'éthique juive demeure profondément traditionaliste. Nous ne pouvons pas non plus entrer dans le détail des profonds changements que la version chrétienne des idées de « grâce » et de « rédemption » - qui renfermait de façon particulière les germes de nouvelles possibilités de développement - a fait subir à l'attitude envers le monde. Sur le « légalisme » de l'Ancien Testament, comparer avec RITSCHL, Die christliche Lehre von der Rechtfertigung und Versöhnung, II, p. 265.



Pour les puritains anglais, les juifs représentaient à l'époque ce capitalisme qu'eux-mêmes avaient en horreur, impliqué qu'il était dans les fournitures de guerre, les contrats gouvernementaux, les monopoles d'État, les spéculations véreuses et les projets des princes en matière de construction ou de finances. En fait, cette opposition peut, compte tenu des réserves indispensables, se formuler ainsi : le capitalisme juif était un capitalisme orienté vers la spéculation, un capitalisme de Parias; le capitalisme puritain, une organisation bourgeoise du travail.

1 Selon Baxter, la vérité des Saintes Écritures découle, en dernière analyse de la a wonderful difference of the godly », de la différence absolue qui sépare le c renewed man » des autres [hommes], et de la sollicitude, de toute évidence particulière, que nourrit Dieu pour le salut des siens (sollicitude qui peut aussi s'exprimer à l'occasion au moyen d'« épreuves » [Prüfung]), Christian Directory, I, p. 165

2 Pour bien marquer ceci, il suffit de voir comment Bunyan - chez qui, quoi qu'il en soit, on rencontre parfois une certaine parenté d'atmosphère avec le Luther de Freiheit eines Christenmenschen (par exemple dans « Of the Law and a Christian », Works of the Puritan Divines, P. 254) - comment Bunyan, dis-je, s'accommode de la parabole du pharisien et du publicain (voir le sermon The Pharisee and the Publican, op. cit. p. 100). Pourquoi le pharisien est-il condamné? Parce qu'il ne suit pas vraiment les commandements de Dieu, car il est manifestement sectaire et ne s'occupe que de cérémonies et de détails extérieurs (p. 107); mais surtout parce qu'il s'attribue un mérite personnel et qu'en même temps, « comme les quakers », il remercie Dieu pour sa vertu, en mésusant du nom divin. Cette vertu, il l'exalte de façon coupable (p. 126) et ainsi conteste implicitement l'élection par Dieu (p. 139 sqq.). Sa prière est donc idolâtrie de la créature, et c'est en quoi elle est coupable. En revanche, la sincérité de sa confession en témoigne, le publicain est spirituellement régénéré, car - comme dit Baxter avec une atténuation spécifiquement puritaine du sentiment luthérien du péché - « to a right and sincere conviction of sin there must be a conviction of the probability of mercy » (p. 209).

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