L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme



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1 Reproduit dans GARDINER, Constitutional Documents. Cette lutte contre l'ascétisme anti-autoritaire peut être mise en parallèle avec la persécution exercée par Louis XIV contre Port-Royal et les jansénistes.

1 Sous ce rapport, la position de Calvin était nettement plus en retrait, dans la mesure du moins où des formes de plaisir plus aristocratiques et raffinées entraient en ligne de compte. La Bible est la seule borne. Celui qui s'y tient et jouit d'une bonne conscience n'est nullement obligé de suspecter avec anxiété chacun de ses élans vers les plaisirs de la vie. La doctrine exposée au chapitre C de l'Institutio christiana (« nec fugere es quoque possumus quae videntur oblectationi magis quam necessitati inservire », etc.) était en elle-même de nature à laisser la porte grande ouverte à une pratique des plus laxistes.

À côté de l'angoisse croissante de la certitudo salutis, il faut mettre en relief cette circonstance que, pour les épigones - nous aurons à le souligner ailleurs - et dans le domaine de l'ecclesia militans, les principaux facteurs du développement de l'éthique calviniste furent les petits bourgeois.



2 Thomas ADAMS (Works of the Puritan Divines, p. 3) commence un sermon sur les three divine sisters (« mais l'amour est la plus grande d'entre elles ») en rappelant que Pâris déjà avait offert la pomme à Aphrodite !

3 On ne doit pas lire de romans ni rien qui y ressemble, ce sont wastetimes (BAXTER, Christian Directory, 1, p. 51, col. 2). En Angleterre, passé l'âge élisabéthain, le dépérissement non seulement du drame, mais aussi de la poésie lyrique et de la musique populaire, est bien connu. Dans le domaine des arts plastiques, le puritanisme n'a peut-être pas trouvé grand-chose à étouffer. Mais le plus frappant, c'est le déclin de dons musicaux éminents (l'apport de l'Angleterre à la musique est loin d'être négligeable), pour en arriver à ce vide absolu que nous trouvons plus tard, et de nos jours encore, chez les peuples anglo-saxons. En Amérique, en dehors des Églises noires et des chanteurs professionnels que les Églises engagent comme « attractions » (à Trinity Church, à Boston, en 1904, pour 8 000 dollars par an), on n'entend guère, la plupart du temps, sous le nom de choir songs, que des braillements insupportables a des oreilles allemandes (cela vaut en partie pour la Hollande).

1 Même chose exactement en Hollande, ainsi qu'en font foi les discussions des synodes. (Voir les résolutions sur l'Arbre de mai dans la Reitmaas Collection, VI, 78, 139.)

2 Que la « Renaissance de l'Ancien Testament » d'une part et l'orientation piétiste donnée à certains sentiments chrétiens hostiles à la beauté et qui remontent, en dernière analyse, au deutéro-Isaïe et au psaume XXII, puissent avoir contribué à faire du laid un objet artistique, et que la répudiation puritaine de l'idolâtrie de la créature y ait de Plus joué son rôle, paraît très vraisemblable. Mais, dans le détail, cela reste encore incertain. Dans l'Église romaine, des motifs (démagogiques) fort différents produisirent des phénomènes extérieurement semblables, toutefois avec un résultat artistique tout autre. Devant le Saül et David de Rembrandt (au Mauritshuis), on croit éprouver directement l'effet puissant de l'émotion puritaine. La très fine analyse [186] des influences culturelles hollandaises, dans le Rembrandt de Carl Neumann, représente probablement tout ce que nous pouvons présentement savoir d'une éventuelle attribution au protestantisme ascétique d'influences artistiques fécondes.

3 L'esprit ascétique commença à s'affaiblir en Hollande dès le début du XVIIe siècle, mais surtout sous le stathouder Frédéric-Henri (les congrégationalistes anglais qui, en 16o8, avaient cherché refuge dans ce pays, y furent choqués du peu de respect témoigné pour le repos du sabbat). Nous ne pouvons nous étendre ici sur les raisons de cette imprégnation relativement faible de la vie hollandaise par l'éthique calviniste. Raisons qui tenaient en partie à la constitution politique (confédération particulariste de villes et de provinces) et à la moindre capacité militaire (la guerre d'Indépendance fut bientôt conduite par l'argent d'Amsterdam et les armées mercenaires : les prédicateurs anglais citaient l'exemple de l'armée hollandaise pour illustrer la confusion des langues à Babylone). De cette façon, tout le poids de la guerre de religion était, pour une grande part, reporté sur d'autres, mais en même temps la participation au pouvoir politique était compromise. En revanche, les forces de Cromwell - bien que pour une part racolées - avaient le sentiment de former une armée de citoyens. (Ce fait mérite d'autant plus d'attention que c'est cette même armée qui mit à son programme l'abolition du service militaire, car l'on ne peut combattre que pour la gloire de Dieu, comme soldat d'une cause reconnue par la conscience, et non pour le caprice d'un prince. La charte de l'armée britannique, si « immorale » pour les idées allemandes traditionnelles, eut, historiquement des motifs fort « moraux » : elle correspondait à l'exigence d'une armée de soldats qui n'avaient jamais été vaincus. Ce n'est qu'après la Restauration qu'elle fut mise au service de la Couronne.).

Les schutterijen hollandais qui ont diffusé le calvinisme durant la période de la Grande Guerre, une demi-génération seulement après le synode de Dordrecht, nous apparaissent des moins « ascétiques » dans les tableaux de Franz Hals. Les synodes ont souvent flétri leur conduite. Le concept hollandais de deftigheid recouvre un mélange d'« honnêteté » [Ehrbarkeit] bourgeoise et rationnelle et de conscience toute patricienne de son état. La répartitiondes bancs selon les classes sociales, dans les églises hollandaises, montre le caractère aristocratique de la religion, et cela de nos jours encore. La persistance de l'économie urbaine a freiné l'industrie. Celle-ci s'est développée presque exclusivement grâce aux réfugiés, par conséquent de façon sporadique. Il reste qu'en Hollande comme ailleurs l'ascétisme séculier du calvinisme et du piétisme a exercé son influence (il faut aussi mentionner, dans le même sens, Y « épargne ascétique forcée » que manifeste un Groen van Prinsterer dans le passage cité cidessous, no 87)



L'absence presque totale d'une littérature dans la Hollande calviniste n'est évidemment pas un hasard (voir par exemple BUSKEN-HUET, Het Land van Rembrandt, édité en allemand par von der Ropp). La signification de la religiosité hollandaise [1871 en tant que « contrainte ascétique à épargner » se manifeste encore nettement au XVIIIe siècle, notamment dans les écrits d'Albertus Haller. Sur les particularités du jugement artistique et sur ses motifs en Hollande, comparer avec les notes autobiographiques de Constantin Huyghens, écrites en 1629-31, dans Oud Holland, 1891. L'ouvrage de GROEN VAN PRINSTERER, La Hollande et l'influence de Calvin, 1864, déjà cité, n'offre rien d'important pour nos problèmes. La colonie de la NouvelleHollande, en Amérique, se présentait socialement comme une domination à demi-féodale de patrons, marchands qui faisaient l'avance du capital; à la différence de la Nouvelle-Angleterre, il fut difficile de persuader les « petites gens » de s'y installer.

4 Souvenons-nous que les autorités puritaines ont fermé le théâtre de Stratford-sur-Avon alors même que Shakespeare vivait dans la ville ses dernières années. Haine et mépris des puritains ne manquent jamais chez Shakespeare une occasion de s'exprimer. En 1777 encore, la ville de Birmingham refusait l'autorisation d'ouvrir une salle de spectacle sous le prétexte que le théâtre engendre la « paresse » et par conséquent nuit aux affaires (ASHLEY, Birmingham Trade and Commerce, 1913).

1 Ici aussi l'important est que, pour le puritain, il n'existait que l'alternative : volonté divine ou vanité de la créature. C'est pourquoi il ne pouvait être question pour lui d'adiaphora. L'attitude de Calvin, nous l'avons déjà dit, était différente à cet égard. Ce que l'on mange, ce que l'on porte, etc., est sans conséquence, dans la mesure où l'âme ne devient pas l'esclave du désir. Comme dans le cas des jésuites, la liberté à l'égard du « monde » doit s'exprimer par cette indifférence qui consiste, selon Calvin, à utiliser sans passion et sans désirs les biens qu'offre la terre( pp. 409 sqq. de l'éd. princeps de l'Institutio christiana) - point de vue plus proche, en fait, de Luther que du précisisme des épigones.

2 A cet égard, le comportement des quakers est bien connu. Mais dès le début du XVIIe siècle, quels orages n'ont pas secoué, dix ans durant, la communauté des exilés d'Amsterdam à cause des raffinements d'élégance que la femme d'un prédicateur mettait au choix des robes et des chapeaux (description amusante dans DEXTER, Congregationalism of the Last Three Hundred Years), SANFORD (op. cit.) a déjà attiré l'attention sur ce que la « coiffure » de nos contemporains rappelle les ridicules « Têtes rondes » et que les vêtements masculins des puritains, ridicules eux aussi à l'époque, se retrouvent pour l'essentiel dans ceux que nous portons.

3 A ce sujet, voir derechef l'ouvrage de VEBLEN déjà cité, The Theory of Business Enterprise.

4 Maintes fois nous reviendrons sur cette attitude. Elle éclaire des assertions telles que celle-ci : « Every penny which is paid upon yourselves and children and friends must be done as by God's own appointment and to serve and please Him. Watch narrowly, or else that thievish, carnal self will leave God nothing » (BAXTER, OP. Cit. 1, p. 108). Précision d'importance : ce que l'on utilise pour des fins personnelles est soustrait à la gloire de Dieu.

5 A juste titre, on rappelle souvent (DOWDEN, op. cit.) que Cromwell a sauvé de la destruction les cartons de Raphaël et le Triomphe de César de Mantegna que Charles II s'efforçait de vendre. De même, la société de la Restauration est restée complètement indifférente, voire hostile, à l'égard de la littérature nationale anglaise. En fait, l'influence de Versailles était toutepuissante sur les cours. Dans les limites de cette étude, il n'est pas possible d'analyser en détail une mentalité qui détourne ainsi de la jouissance spontanée de la vie quotidienne et l'influence qu'elle a exercée sur les plus hauts représentants du puritanisme et sur tous ceux qui passèrent par son école. Washington IRVING (Bracebridge Hall) s'exprime dans les termes anglais usuels : « It [pour lui : la liberté politique; nous dirions, nous, le puritanisme] evinces less play of the fancy, but more power of the imagination. »

Il suffit de penser à la place occupée par les Écossais dans les sciences, la littérature et les inventions techniques, et même dans les affaires en Angleterre, pour être convaincu que cette remarque est très proche de la vérité, en dépit de sa formulation trop étroite. Nous ne parlerons pas ici de sa signification pour le développement de la technique et des sciences empiriques : celle-ci apparaît dans la vie de chaque jour. Barclay énumère les « divertissements » permis aux yeux des quakers : visites aux amis, lecture d'ouvrages historiques, expériences physiques et mathématiques, jardinage, discussion de questions d'affaires et autres événements de la vie quotidienne, etc. Nous en avons examiné la raison plus haut.



1 Remarquablement analysé par Carl Neumann dans son Rembrandt. A comparer, en général avec les remarques ci-dessus.

2 C'est ce que dit Baxter dans le passage cité plus haut (I, p. 108), note 72, et ci-dessous.

3 Comparer avec la description bien connue du colonel Hutchinson (souvent citée, par exemple par SANFORD, op. cit. p. 57), dans sa biographie écrite par sa veuve. Après la mention de toutes ses vertus chevaleresques, de son humeur joyeuse et de son inclination pour les joies de la vie, il y est dit : a He was wonderfully neat, cleanly, and genteel in his habit, and had a very good fancy in it; but he left off very early the wearing of anything that was costly. » Rigoureusement parallèle est l'idéal de la femme puritaine, instruite et hautement civilisée, mais chiche sur deux points : 1º son temps, 2º les dépenses en vue de la pomp et des plaisirs, selon BAXTER dans son oraison funèbre de Mary Hammer (Works of the Puritan Divines, p. 533).

4 Parmi beaucoup d'autres exemples, je citerai ce fabricant dont les affaires avaient connu un succès extraordinaire et qui, avec l'âge, était devenu fort riche. Son médecin lui avait conseillé de gober quelques huîtres chaque jour afin de soigner des maux d'estomac persistants, mais le malade ne pouvait s'y résoudre qu'à grand-peine. Cet homme avait fait, de son vivant, de considérables donations philanthropiques et sa bourse était ouverte [à tous]. Il ne s'agit donc pas ici d'avarice mais, tout simplement, d'une survivance de ce sentiment ascétique qui tient pour moralement répréhensible d'utiliser sa fortune à des fins personnelles.

1 La séparation de l'atelier, du comptoir, de l' « affaire à en général, et de la demeure privée - la séparation de la firme commerciale et du nom - celle du capital de l'affaire et de la fortune [18q] privée, la tendance à considérer l'« entreprise » comme un corpus mysticum (au moins dans le cas des biens de la société), tout cela allait dans ce sens. Voir à ce sujet mes Handelsgesellschaften ira Mittelalter (Gesammelte Aufsätze zur Sozial- und Wirtschaftsgeschichte. pp. 312 sqq.).

2 Dans son Kapitalismus (ire. éd.), SOMBART a déjà parfaitement mis en relief ce phénomène. Il faut toutefois remarquer que l'accumulation des richesses a deux sources fort différentes. L'une remonte à la plus haute antiquité. Elle s'exprime par des fondations, biens de famille, fidéicommis, et, beaucoup plus nettement encore, dans le désir de mourir comblé de biens matériels; enfin, dans celui d'assurer la pérennité de l'« affaire », fût-ce aux dépens des intérêts personnels des enfants eux-mêmes. En pareil cas, outre le souhait de poursuivre par delà la mort une vie idéale dans sa propre création, et de maintenir ainsi la splendor familiae, et aussi la vanité d'exalter la personnalité du fondateur, il s'agit en fait de fins égocentriques. Il n'en va pas de même avec les motivations bourgeoises dont nous nous occupons ici. Le principe de l'ascetisme : « Entsagen sollst du, sollst entsagen », se transforme SOUS nos Yeux en un positif et capitaliste : « Erwerben sollst du, sollst erwerben », qui, dans son irrationalité pure et simple, est une sorte d'impératif catégorique, Pour les puritains, le mobile est la gloire de Dieu et le devoir personnel, non point la vanité de l'homme; et, de nos jours, le seul devoir envers sa « besogne ». Quiconque aime à illustrer une idée par ses ultimes conséquences, se rappellera la théorie de certains rnilliardaires américains suivant lesquels il ne faut pas laisser ses milliards à ses enfants afin de ne pas les priver des bienfaits moraux qu'engendre la nécessité d'acquérir par soi-même. A vrai dire, de nos jours, ce n'est plus là qu'une bulle de savon « théorétique ».

3 Il faut le souligner sans cesse, c'est là, en dernier ressort, le motif religieux décisif (avec le désir purement ascétique de mortification de la chair). Particulièrement net chez les quakers.

1 BAXTER (Saints' Everlasting Rest, P. 12) les rejetait conformément à un précepte identique à celui des jésuites : accorder au corps ce qui lui revient, sous peine d'en devenir J'esclave.

2 Ainsi que l'a montré WEINGARTEN dans Englische Revolutionskirchen, cet idéal existait clairement dès l'origine chez les quakers. De son côté, BARCLAY en donne une idée fort nette dans son exposé détaillé (op. cit. pp. 519 sqq., 533). Il faut éviter : 10 la vanité du monde, c'est-à-dire toute ostentation, tout usage de colifichets, d'objets sans but pratique ou appréciés pour leur seule rareté (donc par vanité); 20 l'usage inconsidéré de son bien, telles les dépenses excessives correspondant à des besoins tout à fait secondaires au lieu de dépenses nécessaires pour la satisfaction des besoins primordiaux et la prévoyance de l'avenir. Le quaker représentait donc une véritable loi ambulante de l'« utilité marginale ». Un « moderate use of the creature » est formellement autorisé, mais il n'était permis d'attacher d'importance à la qualité et à la solidité des tissus que dans la mesure où cela ne conduisait pas à la vanité. Pour plus de détails, voir Morgenblatt für gebildete Leser, 1846, pp. 216 sqq. Plus spécialement, sur la qualité et la solidité des tissus chez les quakers, comparer avec SCHNECKENBURGER, Vorlesungen, pp. 96 sqq.

3 Nous avons déjà noté que nous ne pourrions discuter ici la question des rapports entre l'appartenance à certaines classes sociales et ces mouvements religieux (à ce sujet, voir mes études sur la Wirtschaftsethik der Weltreligionen). Pour se rendre compte qu'un Baxter - que nous utilisons beaucoup dans cette étude - ne voyait pas les choses uniquement selon l'optique du bourgeois de son temps, il faut se remémorer que même pour lui, dans la série [décroissante] des besognes agréables à Dieu, immédiatement après les professions savantes vient le cultivateur et, après lui seulement, en une cohue bigarrée, les marins, drapiers, libraires, tailleurs, etc. De façon assez caractéristique, il pense sans doute autant aux pêcheurs qu'aux armateurs lorsqu'il mentionne les « marins ». A cet égard, nombre de sentences du Talmud. Comparer, par exemple, avec WÜNSCHE, Babyl. Talmud, 11, 1, pp. 20, 21; les avis de Rabbi Eléazar, lesquels ne laissent pas d'avoir prêté à contradiction et ont tous le sens suivant : le négoce vaut mieux que l'agriculture. (En tant que moyen terme, voir Il, 2, p. 68, sur le placement judicieux d'un capital : un tiers en terres, un tiers en marchandises, un tiers en argent liquide.)

Pour ceux dont la bonne conscience causale ne peut se passer d'interprétation économique (ou « matérialiste » comme l'on continue malheureusement à dire), précisons que je tiens pour fort importante l'influence du développement économique sur le destin des idées religieuses; plus tard, j'essaierai d'exposer comment, dans le cas présent, se sont constitués les processus d'adaptation et les rapports mutuels. Mais les idées religieuses ne se laissent pas déduire tout simplement des conditions « économiques »; elles sont précisément - et nous n'y pouvons rien -les éléments les plus profondément formateurs de la mentalité nationale, elles portent en elles la loi de leur développement et possèdent une force contraignante qui leur est propre. Enfin, dans la mesure où interviennent des facteurs extérieurs à la religion, les différences les plus importantes - comme celles entre luthéranisme et calvinisme - sont surtout déterminées par les conditions politiques.



1 C'est à quoi pense Eduard Bernstein lorsqu'il écrit dans l'essai cité plus haut (pp. 625, 681) : « L'ascétisme est une vertu bourgeoise. » Son exposé est le premier à avoir suggéré ces importantes relations. Mais les liens sont bien Plus [193] étroits qu'il ne le présumait. En fait, ce qui est décisif, ce n'est pas seulement la simple accumulation du capital, mais aussi la rationalisation ascétique de la vie économique dans son ensemble. Pour les colonies d'Amérique, Doyle a su mettre en valeur l'opposition entre le Nord puritain d'une part, où par suite de la contrainte ascétique à l'épargne il existait toujours du capital en mal d'investissement, et d'autre part, les conditions régnant dans le Sud.

2 DOYLE, The English in America, II, chap. 1er. D'un point de vue purement économique, l'existence en Nouvelle-Angleterre, dès la première génération qui suivit la fondation de cette colonie, d'entreprises sidérurgiques (1643), de filatures (1659), de même que la floraison d'un haut artisanat, est d'un point de vue purement économique un anachronisme. Contraste des plus frappants avec les conditions régnant dans le Sud aussi bien qu'avec celles du Rhode Island non calviniste et qui jouissait d'une liberté de conscience totale. Là, malgré un port excellent, le rapport du gouverneur et du Conseil constatait en 1686 : « The great obstruction concerning trade is the want of merchants and men of considerable estates among us » (ARNOLD, History of the State of Rhode Island, p. 490). En fait, on ne peut guère mettre en doute la part de la contrainte d'un investissement incessant du capital épargné exercée par la limitation puritaine de la consommation. De plus, la discipline de l'Église, dont nous n'avons pas à discuter ici, jouait aussi son rôle.

3 À vrai dire, BUSKEN-HUET (Op. cit. Il, chap. III et IV) montre que ces cercles ont diminué rapidement aux Pays-Bas. Néanmoins, GROEN VAN PRINSTERER (Handboek der Geschiedenis van het Vaderland, 3e éd., § 303, note p. 254), dit : « De Nederlanders verkoopen veel en verbruiken weinig », encore dans la période qui a suivi le traité de Westphalie.

1 Pour l'Angleterre, par exemple, une requête présentée par un aristocrate royaliste (citée dans RANKE, Englische Geschichte, IV, p. 197) après l'entrée de Charles Il à Londres, préconisait d'interdire l'acquisition de toute propriété terrienne par le capital bourgeois : celui-ci serait ainsi contraint de s'employer dans le commerce. Les « régents » hollandais se distinguaient, en tant qu'« état » [Stand], du reste du patriciat bourgeois des villes, en achetant d'anciennes terres seigneuriales. A ce sujet, voir les récriminations, en date de 1652, citées par FRUIN, Tien jaren uit den tachtigjarigen oorlog, sur le fait que les régents, de marchands qu'ils étaient, sont devenus des propriétaires terriens. A vrai dire, au fond d'eux-mêmes, ces gens n'ont jamais été de stricts calvinistes. La passion bien connue de larges cercles de la bourgeoisie hollandaise pour les titres et la noblesse montre qu'au moins pour la seconde moitié du XVIIe siècle, il faut accepter avec réserve un prétendu contraste entre les conditions de l'Angleterre et celles de la Hollande. La prépondérance des héritages en argent liquide a brisé l'esprit ascétique.

2 En Angleterre, le puissant courant d'achat de domaines par le capital bourgeois a été suivi de la grande époque de l'agriculture.

3 Jusqu'à nos jours, les landlords anglicans se sont souvent refusés à accepter des non-conformistes comme métayers. Actuellement, les deux partis ecclésiastiques sont à peu près égaux en nombre, tandis qu'autrefois les non-conformistes furent toujours en minorité.

4 H. Levy (article dans Archiv für Sozialwissenschaft und Sozialpolitik, XLVI, p. 605) remarque à juste titre que, d'après de nombreux traits permettant de déduire le « caractère » du peuple anglais, celui-ci était probablement moins disposé que d'autres à se révéler réceptif à un éthos ascétique et aux vertus bourgeoises. Un de ses traits principaux était (et demeure) certaine joie de vivre vigoureuse et brutale. On mesure la puissance de l'ascétisme puritain, au temps de sa prédominance, à la façon étonnante dont il disciplina pareille exubérance chez ses fidèles.

5 Ce contraste revient constamment dans l'exposé de Doyle. Les motifs religieux ont toujours joué un rôle important (pas toujours le seul, cela va sans dire) dans l'attitude des puritains. La colonie (sous la direction de Winthrop) inclinait à autoriser l'établissement de gentilshommes au Massachusetts, voire une Chambre Haute avec noblesse héréditaire, à la condition que les seigneurs consentissent à donner leur adhésion à l'Église. Pour le maintien de la discipline dans l'Église, on s'en tint à une colonie fermée. La colonisation du New-Hampshire et du Maine est le fait de gros marchands anglicans qui y établirent de vastes élevages. Entre eux et les puritains il n'existait que des rapports sociaux fort lâches. Dès 1632, des plaintes s'élevèrent contre l'extrême « avidité » des habitants de la NouvelleAngleterre en matière de profit (voir WEEDEN, Economic and Social History of New England, I, p. 125).

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