L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme



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(1904-1905)

L’éthique protestante

et l’esprit du

CAPITALISME

Un document produit en version numérique par Jean-Marie Tremblay,

professeur de sociologie

Courriel: jmt_sociologue@videotron.ca

Site web: http://pages.infinit.net/sociojmt
Dans le cadre de la collection: "Les classiques des sciences sociales"

Site web: http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociales/index.html


Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque

Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi

Site web: http://bibliotheque.uqac.uquebec.ca/index.htm





Table des matières




Avant-propos
CHAPITRE PREMIER. - Le problème
Confession et stratification sociale.

L' « esprit » du capitalisme.

La notion de Beruf chez Luther. Objectifs de la recherche.
CHAPITRE DEUXIÈME. - L'éthique de la besogne dans le protestantisme ascétique
Les fondements religieux de l'ascétisme séculier.
A. Le calvinisme

B. Le piétisme

C. Le méthodisme

D. Les sectes baptistes


Ascétisme et esprit capitaliste.
OUVRAGES CITÉS

Le mêm texte est disponible

en format image (converti en format pdf)

sur le site de la Bibliothèque nationale de France :


http://gallica.bnf.fr


AVANT-PROPOS

(retour à la table des matières)

[1] Tous ceux qui, élevés dans la civilisation européenne d'aujourd'hui, étudient les problèmes de l'histoire universelle, sont tôt ou tard amenés à se poser, et avec raison, la question suivante : à quel enchaînement de circonstances doit-on imputer l'apparition, dans la civilisation occidentale et uniquement dans celle-ci, de phénomènes culturels qui - du moins nous aimons à le penser - ont revêtu une signification et une valeur universelle?


Ce n'est qu'en Occident qu'existe une science dont nous reconnaissons aujourd'hui le développement comme « valable ». Certes, des connaissances empiriques, des réflexions sur l'univers et la vie, des sagesses profondes, philosophiques ou théologiques, ont aussi vu le jour ailleurs - bien que le développement complet d'une théologie systématique, par exemple, appartienne en propre au christianisme, influencé par l'hellénisme (seuls l'Islam et quelques sectes de l'Inde en ont montré des amorces). Bref, nous constatons ailleurs le témoignage de connaissances et d'observations d'une extraordinaire subtilité, surtout dans l'Inde, en Chine, à Babylone, en Égypte. Mais ce qui manquait à l'astronomie, à Babylone comme ailleurs - l'essor de la science des astres à Babylone n'en est que plus surprenant -, ce sont les fondements mathématiques que seuls les Grecs ont su lui donner. Dans l'Inde, la géométrie ne connaissait pas la « démonstration » rationnelle, élaborée elle aussi par l'esprit grec au même titre que la physique et la mécanique; de leur côté, les sciences naturelles indiennes, si riches en observations, ignoraient la méthode expérimentale qui est - hormis quelques tentatives dans l'Antiquité - un produit de la Renaissance, tout comme le laboratoire moderne. En conséquence la médecine, d'une technique empirique très développée, notamment dans l'Inde, y était dépourvue de fondement biologique et surtout biochimique. Hormis l'Occident, aucune civilisation [2] ne possède une chimie rationnelle.
La méthode de Thucydide manque à la haute érudition des historiens chinois. Certes, Machiavel trouve des précurseurs dans l'Inde, mais toutes les politiques asiatiques sont dépourvues d'une méthode systématique comparable à celle d'Aristote, et surtout leur font défaut les concepts rationnels. Les formes de pensée strictement systématiques indispensa­bles à toute doctrine juridique rationnelle, propres au droit romain et à son rejeton, le droit occidental, ne se rencontrent nulle part ailleurs. Et cela malgré des débuts réels dans l'Inde, avec l'école Mîmâmsâ, malgré de vastes codifications, comme en Asie antérieure, et en dépit de tous les livres de lois indiens ou autres. En outre seul l'Occident connaît un édifice tel que le droit canon.
De même pour l'art. D'autres peuples ont eu probablement une oreille musicale plus développée que la nôtre; à coup sûr, ils ne l'avaient pas moins délicate. Diverses sortes de polyphonies ont été largement répandues dans le monde. On trouve ailleurs que chez nous le déchant, le jeu simultané de plusieurs instruments. D'autres ont connu et calculé nos intervalles rationnels musicaux. Mais la musique rationnellement harmonique - contrepoint et harmonie -; la formation du matériel sonore à partir des accords parfaits; notre chromatis­me et notre enharmonie, non pas rapportés à un système de distances [distanzmäBig], mais, depuis la Renaissance, interprétés en termes d'harmonie rationnelle; notre orchestre groupé autour du quatuor à cordes, avec son ensemble organisé d'instruments à vent et sa basse continue; notre système de notation, qui a rendu possibles la composition et l'exécution de la musique moderne et en assure l'existence durable; nos sonates, symphonies, opéras - bien qu'il y eût dans les arts musicaux les plus divers musique à programme, altérations tonales et chromatisme - et le moyen de les exécuter, c'est-à-dire nos instruments fondamentaux : orgue, piano, violon, etc. -, voilà qui n'existe qu'en Occident.
Durant l'Antiquité et en Asie, l'ogive a été employée comme élément décoratif; on prétend même que l'Orient n'a pas ignoré la croisée d'ogives. Mais l'utilisation rationnelle de la voûte gothique pour répartir les poussées, pour couvrir des espaces de toutes formes et surtout en tant que principe de construction de vastes monuments, base d'un style englobant sculpture et peinture, tel que le créa le Moyen Age, tout cela est inconnu [3] ailleurs que chez nous. Il en va de même de la solution du problème de la coupole, dont le principe technique a pourtant été emprunté à l’Orient, et de la rationalisation devenue pour nous « classique » de l'art dans son ensemble - en peinture par l'utilisation rationnelle de la perspective linéaire et aérienne - que nous a value la Renaissance. L'imprimerie existait en Chine, mais en Occident seulement est née une littérature imprimée, uniquement conçue en vue de l'impression et lui devant son existence, tels la « presse » et les « périodiques ». On trouve en Chine, dans l'Islam, toutes sortes d'instituts d'enseignement supérieur dont certains ne sont pas sans analogies superficielles avec nos universités, du moins avec nos grandes écoles. Mais une recherche scientifique rationnelle, systématique et spécialisée, un corps de spécialistes exercés, n'ont existé nulle part ailleurs à un degré approchant l'importance prédominante qu'ils revêtent dans notre culture. C'est vrai avant tout du bureaucrate spécialisé, pierre angulaire de l'État et de l'économie modernes en Occident. Voilà un personnage dont on a connu des précurseurs, mais qui jamais et nulle part n'avait encore été partie intégrante de l'ordre social. Le bureaucrate, le bureaucrate spécialisé lui-même, est sans doute un phénomène fort ancien dans maintes sociétés, et des plus différentes. Mais à aucune autre époque, ni dans aucune autre contrée, on aura éprouvé à ce point combien l'existence sociale tout entière, sous ses aspects politiques, techniques, économiques, dépend inévitablement, totalement, d'une organisation de bureaucrates spécialisés et compétents. Les tâches majeures de la vie quotidienne sont entre les mains de bureaucrates qualifiés sur le plan technique et commercial, et surtout de fonctionnaires de l'État qualifiés sur le plan juridique.
L'organisation de la société en corps ou états [Stand] a été largement répandue. Mais la monarchie fondée sur les états [Ständestaat], le rex et regnum au sens occidental, n'a été connue que de notre civilisation. De plus, Parlements constitués par des « représentants du peuple » élus périodiquement, gouvernements de démagogues, chefs de partis, « ministres » responsables devant le Parlement, tout cela appartient en propre à l'Occident, bien que naturellement les « partis » politiques, au sens d'organisations cherchant à influencer et à conquérir le pouvoir, aient existé partout. D'une façon générale, l'«État », défini comme une institution politique ayant une « constitution » écrite, un droit rationnellement établi et une administration orientée par des [4] règles rationnelles ou « lois », des fonctionnaires compétents, n'est attesté qu'en Occident avec cet ensemble de caractéristiques, et ce, en dépit de tous les rapprochements possibles.
Tout cela est également vrai de la puissance la plus décisive de notre vie moderne : le capitalisme.
La « soif d'acquérir », la « recherche du profit », de l'argent, de la plus grande quantité d'argent possible, n'ont en eux-mêmes rien à voir avec le capitalisme. Garçons de cafés, médecins, cochers, artistes, cocottes, fonctionnaires vénaux, soldats, voleurs, croisés, piliers de tripots, mendiants, tous peuvent être possédés de cette même soif - comme ont pu l'être ou l'ont été des gens de conditions variées à toutes les époques et en tous lieux, partout où existent ou ont existé d'une façon quelconque les conditions objectives de cet état de choses. Dans les manuels d'histoire de la civilisation à l'usage des classes enfantines on devrait enseigner à renoncer à cette image naïve. L'avidité d'un gain sans limite n'implique en rien le capitalisme, bien moins encore son « esprit ». Le capitalisme s'identifierait plutôt avec la domination [Bändigung], à tout le moins avec la modération rationnelle de cette impulsion irrationnelle. Mais il est vrai que le capitalisme est identique à la recherche du profit, d'un profit toujours renouvelé, dans une entreprise continue, rationnelle et capitaliste - il est recherche de la rentabilité. Il y est obligé. Là où toute l'économie est soumise à l'ordre capitaliste, une entreprise capitaliste individuelle qui ne serait pas animée [orientiert] par la recherche de la rentabilité serait condamnée à disparaître.
Définissons à présent nos termes d'une façon plus précise qu'on ne le fait d'ordinaire. Nous appellerons action économique « capitaliste » celle qui repose sur l'espoir d'un profit par l'exploitation des possibilités d'échange, c'est-à-dire sur des chances (formellement) pacifiques de profit. L'acquisition par la force (formelle et réelle) suit ses propres lois et il n'est pas opportun (mais comment l'interdire à quiconque?) de la placer dans la même catégorie que l'action orientée (en dernière analyse) vers le profit provenant de l'échange 1. Si l'acquisition capitaliste [5] est recherchée rationnellement, l'action correspondante s'analysera en un calcul effectué en termes de capital. Ce qui signifie que si l'action utilise méthodiquement des matières ou des services personnels comme moyen d'acquisition, le bilan de l'entreprise chiffré en argent à la fin d'une période d'activité (ou la valeur de l'actif évalué périodiquement dans le cas d'une entreprise continue) devra excéder le capital, c'est-à-dire la valeur des moyens matériels de production mis en œuvre pour l'acquisition par voie d'échange. Peu importe qu'il s'agisse de marchandises in natura données in commenda à un marchand itinérant, dont le profit final peut consister en d'autres marchandises in natura acquises dans le commerce; ou bien qu'il s'agisse d'une usine dont l'actif, représenté par des bâtiments, des machines, de l'argent liquide, des matières premières, des produits finis ou semi-finis, des créances, est compensé par des engagements. Ce qui compte, c'est qu'une estimation du capital soit faite en argent; peu importe que ce soit par les méthodes de la comptabilité moderne ou de toute autre manière, si primitive et rudimentaire soi-telle. Tout se fait par bilans. Au début de l'entreprise : bilan initial; avant chaque affaire : estimation du profit probable; à la fin : bilan définitif visant à établir le montant du profit. Par exemple, le bilan initial d'une commenda devra déterminer la valeur en argent, reconnue exacte par les associés, des marchandises confiées (dans la mesure où elles n'ont pas déjà forme monétaire au départ); et un bilan final permettra de répartir les profits et les pertes. Chaque opération des associés reposera sur le calcul dans la mesure où les transactions seront rationnelles. Il arrive, même de nos jours, qu'on ne fasse ni calcul ni [6] estimation précise, qu'on s'en tienne soit à une approximation, soit à un procédé simplement traditionnel ou conventionnel, lorsque les circonstances n'imposent pas de calcul précis. Mais cela ne touche qu'au degré de rationalité de l'acquisition capitaliste.

L'important pour notre concept, ce qui détermine ici l'action économique de façon décisive, c'est la tendance [Orientierung] effective a comparer un résultat exprimé en argent avec un investissement évalué en argent [Geldschätzungseinsatz], si primitive soit cette comparaison. Dans la mesure où les documents économiques nous permettent de juger, il y a eu en ce sens, dans tous les pays civilisés, un capitalisme et des entreprises capitalistes reposant sur une rationalisation passable des évaluations en capital [Kapitalrechnung]. En Chine, dans l'Inde, à Babylone, en Égypte, dans l'Antiquité méditerranéenne, au Moyen Age aussi bien que de nos jours. Il ne s'agissait pas seulement d'opérations individuelles [Einzelunternehmungen] isolées, mais d'entreprises économiques entièrement fondées sur le renouvellement d'opérations capitalistes isolées, voire des exploitations permanentes. Pen­dant longtemps cependant, le commerce n'a pas revêtu comme le nôtre aujourd'hui un caractère permanent; il consistait essentiellement en une série d'opérations isolées. Ce n'est que graduellement que l'activité des gros négociants a gagné une cohérence interne (notam­ment avec l'établissement de succursales). En tout cas, entreprise capitaliste et entrepreneur capitaliste sont répandus à travers le monde depuis des temps très anciens, non seulement en vue d'affaires isolées, mais encore pour une activité permanente.


Toutefois, c'est en Occident que le capitalisme a trouvé sa plus grande extension et connu des types, des formes, des tendances qui n'ont jamais vu le jour ailleurs. Dans le monde entier il y a eu des marchands : grossistes ou détaillants, commerçant sur place ou au loin. Toutes sortes de prêts ont existé; des banques se sont livrées aux opérations les plus variées, pour le moins comparables à celles de notre XVIe siècle. Les prêts maritimes, les commenda, les associations et sociétés en commandite ont été largement répandus et ont même parfois revêtu une forme permanente. Partout où ont existé des crédits de fonctionnement pour les institutions publiques, les prêteurs sont apparus : à Babylone, en Grèce, dans l'Inde, en Chine, à Rome. Ils ont financé des guerres, la piraterie, des marchés de fournitures, des opérations immobilières [7] de toutes sortes.
Dans la politique d'outre-mer, ils ont joué le rôle d'entrepreneurs coloniaux, de planteurs possesseurs d'esclaves, utilisant le travail forcé. Ils ont pris à ferme domaines et charges, avec une préférence pour le recouvrement des impôts. Ils ont financé les chefs de partis en période d'élections et les condottieri en temps de guerres civiles. En fin de compte, ils ont été des spéculateurs à la recherche de toutes les occasions de réaliser un gain pécuniaire. Cette variété d'entrepreneurs, les aventuriers capitalistes, a existé partout. À l'exception du commerce ou des opérations de crédit et de banque, leurs activités ont revêtu un caractère irrationnel et spéculatif, ou bien elles se sont orientées vers l'acquisition par la violence, avant tout par des prélèvements de butin : soit directement, par la guerre, soit indirectement, sous la forme permanente du butin fiscal, c'est-à-dire par l'exploitation des sujets. Autant de caractéristiques que l'on retrouve souvent encore dans le capitalisme de l'Occident moderne : capitalisme des flibustiers de la finance, des grands spéculateurs, des pourchasseurs de concessions coloniales, des grands financiers. Et surtout dans celui qui fait son affaire de l'exploitation des guerres, auquel se trouve liée, aujourd'hui comme toujours, une partie, mais une partie seulement, du grand commerce international.
Mais, dans les temps modernes, l'Occident a connu en propre une autre forme de capita­lisme : l'organisation rationnelle capitaliste du travail (formellement) libre, dont on ne ren­con­tre ailleurs que de vagues ébauches. Dans l'Antiquité, l'organisation du travail servile n'a atteint un certain niveau de rationalisation que dans les plantations et, à un moindre degré, dans les ergasteria. Au début des temps modernes, la rationalisation a encore été plus res­trein­te dans les fermes et les ateliers seigneuriaux, ainsi que dans les industries domesti­ques des domaines seigneuriaux utilisant le travail servile. De véritables industries domes­tiques, recourant au travail libre, n'ont existé hors de l'Occident - le fait est avéré - qu'à l'état isolé. L'emploi pourtant très répandu de journaliers n'a conduit qu'exceptionnellement à la mise sur pied de manufactures - et cela sous des formes très différentes de l'organisation industrielle moderne (monopoles d'État) -, jamais en tout cas à une organisation de l'apprentissage du métier à la manière de notre Moyen Age.

Mais l'organisation rationnelle de l'entreprise, liée aux prévisions d'un marché régulier et non aux occasions irrationnelles ou politiques de spéculer, n'est pas la [8] seule particularité du capitalisme occidental. Elle n'aurait pas été possible sans deux autres facteurs importants : la séparation du ménage [Haushalt] et de l'entreprise [Betrieb], qui domine toute la vie économique moderne; la comptabilité rationnelle, qui lui est intimement liée. Nous trouvons ailleurs également la séparation dans l'espace du logis et de l'atelier (ou de la boutique) - exemples : le bazar oriental et les ergasteria de certaines civilisations. De même, au Levant, en Extrême-Orient, dans l'Antiquité, des associations capitalistes ont leur comptabilité indépendante. Mais par rapport à l'indépendance moderne des entreprises ce ne sont là que de modestes tentatives. Avant tout, parce que les conditions indispensables de cette indépen­dance, à savoir notre comptabilité rationnelle et notre séparation légale de la propriété des entreprises et de la propriété personnelle, font totalement défaut, ou bien n'en sont qu'à leurs débuts 1. Partout ailleurs, les entreprises recherchant le profit ont eu tendance à se développer à partir d'une grande économie familiale, qu'elle soit princière ou domaniale (I'oikos); elles présentent, comme l'a bien vu Rodbertus, à côté de parentés superficielles avec l'économie moderne, un développement divergent, voire opposé.



Cependant, en dernière analyse, toutes ces particularités du capitalisme occidental n'ont reçu leur signification moderne que par leur association avec l'organisation capitaliste du travail. [9] Ce qu'en général on appelle la « commercialisation », le développement des titres négociables, et la Bourse qui est la rationalisation de la spéculation, lui sont également liés, Sans l'organisation rationnelle du travail capitaliste, tous ces faits - en admettant qu'ils demeurent possibles - seraient loin d'avoir la même signification, surtout en ce qui concerne la structure sociale et tous les problèmes propres à l'Occident moderne qui lui sont connexes. Le calcul exact, fondement de tout le reste, n'est possible que sur la base du travail libre.
Et comme, ou plutôt parce que, en dehors de l'Occident on ne trouve pas trace d'une organisation rationnelle du travail on ne trouve pas davantage trace d'un socialisme rationnel. Sans doute le reste du monde a-t-il connu l'économie urbaine, les politiques de ravitaillement urbain, les théories princières du mercantilisme et de la prospérité, le rationnement, la régulation de l'économie, le protectionnisme et les théories du laisser-faire (en Chine). Il a connu aussi des économies communistes et socialistes de types divers : communisme familial, religieux ou militaire, socialisme d'État (en Égypte), cartels monopolistes et organismes de consommateurs. Bien qu'il y ait eu partout des privilèges de marchés pour les cités, des corporations, des guildes et toutes sortes de différences légales entre la ville et la campagne, le concept de « bourgeois » et celui de « bourgeoisie » ont été pourtant ignorés ailleurs qu'en Occident. De même, le «prolétariat », en tant que classe, ne pouvait exister en l'absence de toute entreprise organisant le travail libre. Sous diverses formes, on rencontre partout des « luttes de classes » : entre créanciers et débiteurs, entre propriétaires fonciers et paysans sans terres, ou serfs, ou fermiers, entre commerçants et consommateurs ou proprié­taires fonciers. Ailleurs qu'en Europe, cependant, on ne trouve que sous une forme embryonnaire les luttes entre commanditaires et commandités de notre Moyen Age occidental. L'antagonisme moderne entre grand entrepreneur industriel et ouvrier salarié libre était totalement inconnu. D'où l'absence de problèmes semblables à ceux que connaît le socialisme moderne.
[10] Par conséquent, dans une histoire universelle de la civilisation, le problème central - même d'un point de vue purement économique - ne sera pas pour nous, en dernière analyse, le développement de l'activité capitaliste en tant que telle, différente de forme suivant les civilisations : ici aventurière, ailleurs mercantile, ou orientée vers la guerre, la politique, l'administration; mais bien plutôt le développement du capitalisme d'entreprise bourgeois, avec son organisation rationnelle du travail libre. Ou, pour nous exprimer en termes d'histoire des civilisations, notre problème sera celui de la naissance de la classe bourgeoise occidentale avec ses traits distinctifs. Problème à coup sûr en rapport étroit avec l'origine de l'organisation du travail libre capitaliste, mais qui ne lui est pas simplement identique. Car la bourgeoisie, en tant qu'état, a existé avant le développement de la forme spécifiquement moderne du capitalisme - cela, il est vrai, en Occident seulement.
Il est notoire que la forme proprement moderne du capitalisme occidental a été détermi­née, dans une grande mesure, par le développement des possibilités techniques. Aujourd'hui, sa rationalité dépend essentiellement de la possibilité d'évaluer les facteurs techniques les plus importants. Ce qui signifie qu'elle dépend de traits particuliers de la science moderne, tout spécialement des sciences de la nature, fondées sur les mathématiques et l'expérimen­ta­tion rationnelle. D'autre part, le développement de ces sciences, et des techniques qui en sont dérivées, a reçu et reçoit de son côté une impulsion décisive des intérêts capitalistes qui atta­chent des récompenses [Prämien] à leurs applications pratiques. A vrai dire, l'origine de la science occidentale n'a pas été déterminée par de tels intérêts. Les Indiens ont une numéro­tion de position qui équivaut à un calcul algébrique, ils ont inventé le système décimal sans pourtant parvenir ni au calcul ni à la comptabilité modernes. Il revenait au capital occidental, en se développant, de l'utiliser. Les intérêts capitalistes n'ont pas déter­miné la naissance des mathématiques, ou de la mécanique, mais l'utilisation technique du savoir scientifique, si importante pour les conditions de vie de la masse de la population, a certainement été stimulée en Occident par les avantages [Prämien] économiques qui y étaient précisément attachés. Or ces avantages découlaient de la structure sociale spécifique de l'Occident. Nous voici amené à nous demander de [11] quels éléments de cette structure sociale l'utilisation technique de la science découle-t-elle, étant admis que tous les éléments ne sauraient avoir eu une égale importance.
La structure rationnelle du droit et de l'administration est sans aucun doute importante. En effet, le capitalisme d'entreprise rationnel nécessite la prévision calculée, non seulement en matière de techniques de production, mais aussi de droit, et également une administra­tion aux règles formelles. Sans ces éléments les capitalismes aventurier, spéculatif, commer­cial, sont certes possibles, de même que toutes les sortes de capitalisme politiquement déterminé, mais non pas l'entreprise rationnelle conduite par l'initiative individuelle avec un capital fixe et des prévisions sûres. Seul l'Occident a disposé pour son activité économique d'un système juridique et d'une administration atteignant un tel degré de perfection légale et formelle. Mais d'où vient ce droit, demandera-t-on? La recherche montre qu'à côté d'autres circonstances les intérêts capitalistes ont indubitablement contribué pour leur part - non pas la seule, ni même la principale - à frayer la voie à l'autorité d'une classe de juristes rompus à l'exercice du droit et de l'administration. Mais ces intérêts n'ont pas créé le droit. De tout autres forces encore y ont contribué. Pourquoi les intérêts capitalistes en Chine ou dans l'Inde n'ont-ils donc pas dirigé le développement scientifique, artistique, politique, économique sur la voie de la rationalisation qui est le propre de l'Occident?
Car, dans tous les cas rapportés ci-dessus, il s'agit bien d'une forme de « rationalisme » spécifique, particulier à la civilisation occidentale. Or ce mot peut désigner des choses extrêmement diverses - nous serons amené à le répéter dans la discussion qui va suivre. Il y a, par exemple, des « rationalisations » de la contemplation mystique - c'est-à-dire d'une attitude qui, considérée a partir d'autres domaines de la vie, est tenue pour spécifiquement « irrationnelle » -de la même façon qu'il y a des rationalisations de la vie économique, de la technique, de la recherche scientifique, de l'éducation, de la formation militaire, du droit, de l'administration. En outre, chacun de ces domaines peut être rationalisé en fonction de fins, de buts extrêmement divers, et ce qui est « rationnel » d'un de ces points de vue peut devenir « irrationnel » sous un autre angle. De là des variétés considérables de rationalisation [12] dans les divers domaines de la vie et selon les civilisations.
Pour en caractériser les différences, du point de vue de l'histoire des civilisations, il est nécessaire de déterminer quels sont les domaines rationalisés et dans quelle direction ils le sont. Il s'agira donc, tout d'abord, de reconnaître les traits distinctifs du rationalisme occidental et, à l'intérieur de celui-ci, de reconnaître les formes du rationalisme moderne, puis d'en expliquer l'origine. Toute tentative d'explication de cet ordre devra admettre l'impor­tance fondamentale de l'économie et tenir compte, avant tout, des conditions écono­mi­ques. Mais, en même temps, la corrélation inverse devra être prise en considération. Car si le développement du rationalisme économique dépend, d'une façon générale, de la technique et du droit rationnels, il dépend aussi de la faculté et des dispositions qu'a l'homme d'adopter certains types de conduite rationnels pratiques. Lorsque ces derniers ont buté contre des obstacles spirituels, le développement du comportement économique rationnel s'est heurté, lui aussi, à de graves résistances intérieures. Dans le passé, les forces magiques et religieuses, ainsi que les idées d'obligation morale qui reposent sur elles, ont toujours compté parmi les plus importants des éléments formateurs de la conduite. C'est ce dont nous parlerons dans les études rassemblées ici.
Nous avons placé au début deux études assez anciennes. On y tente d'aborder le problème par un aspect important qui est en général l'un des plus difficiles à saisir : de quelle façon certai­nes croyances religieuses déterminent-elles l'apparition d'une « mentalité écono­mique », autrement dit l'« éthos » d'une forme d'économie? Nous avons pris pour exemple les relations de l'esprit de la vie économique moderne avec l'éthique rationnelle du protestan­tis­me ascétique. Nous ne nous occuperons donc que d'un seul aspect de l'enchaînement causal. Les études qui suivent, sur L'éthique économique des grandes religions du monde, visent à établir les relations des religions les plus importantes avec l'économie et la stratifi­cation sociale. Elles s'efforcent de poursuivre ces deux relations causales aussi loin qu'il sera nécessaire afin de trouver les points de comparaison avec le développement occidental qui, en outre, sera lui-même à analyser. C'est la seule façon, en effet, de rechercher avec quelque espoir une imputation causale [13] au regard de ces éléments de l'éthique économique de la religion occidentale par lesquels elle s'oppose aux autres. Toutefois, ces études -si condensées soient-elles - ne prétendent nullement constituer des analyses complètes. Au contraire, c'est de propos délibéré qu'elles mettent l'accent sur les éléments par lesquels chaque civilisation étudiée était et demeure en opposition avec le développement de la civilisation occidentale. Elles sont donc tout entières orientées vers les problèmes qui, de ce point de vue, paraissent importants pour comprendre la civilisation occidentale. Étant donné le but que nous nous sommes fixé, aucun autre procédé ne saurait être retenu. Mais, afin d'éviter tout malentendu, nous soulignerons ici expressément les limites de notre propos.
D'autre part, il convient de mettre en garde le profane contre une surestimation des présentes études. De toute évidence, le sinologue, l'indianiste, le sémitologue, l'égyptologue, n'y trouveront point de faits nouveaux. Souhaitons du moins qu'ils n'y découvrent rien d'essentiel qui soit faux. L'auteur ignore dans quelle mesure il est parvenu, bien que non spécialiste, à approcher de pareil idéal. Celui qui doit s'en remettre à des traductions et doit en outre utiliser les sources littéraires, les témoins archéologiques, les documents d'archives, est bien obligé de se fier aux spécialistes, tout en étant incapable de juger de la valeur exacte de travaux qui sont souvent eux-mêmes très controversés. Un tel auteur a toutes les raisons de se montrer modeste. D'autant qu'au regard de tous les documents qui existent, et ils sont abondants, le nombre de traductions des sources véritables (inscriptions et documents) dont nous disposons (pour la Chine en particulier) est encore des plus restreint. De là - surtout en ce qui concerne l'Asie - le caractère très provisoire de nos essais 1. Au spécialiste de juger en dernier ressort. Ces études n'ont d'ailleurs été entreprises qu'en raison de l'absence à ce jour [1920] de travaux de spécialistes qui répondent au but que nous nous sommes proposé. Elles sont destinées [14], dans une large mesure, à être bientôt « dépassées », ce qui est finalement le sort de tous les travaux scientifiques. Mais, pour critiquable que cela soit, il est difficile, dans des travaux comparatifs, de se garder de tout empiétement sur le terrain d'autres spécialistes. Résignons-nous donc, dès le départ, à une réussite incomplète.
Soit que la mode, soit que leur propre ardeur les y induise, les hommes de lettres croient aujourd'hui pouvoir se passer du spécialiste, ou bien le ravaler au rôle de collaborateur subalterne du « voyant » [Schauender]. Presque toutes les sciences sont redevables aux dilettantes d'aperçus souvent intéressants, précieux même. Mais si le dilettantisme était le principe de la science, il en serait aussi la fin. Que celui qui désire « voir » aille au cinéma. D'ailleurs, ne lui offre-t-on pas aujourd'hui, sous une forme littéraire, une masse de choses qui appartiennent au champ de nos investigations 2 ? Rien n'est plus éloigné d'études sérieuses et strictement empiriques que semblable attitude. Et j'ajouterai : que celui qui veut entendre un « sermon » aille dans un conventicule. Nous ne dirons pas ici le moindre mot de la valeur relative des civilisations que nous comparons. Il est vrai que le destin de l'humanité ne peut qu'épouvanter celui qui en contemple une période. Mais il est bon de garder pour soi ses petits commentaires personnels, comme on le fait à la vue de la mer ou de la haute montagne, à moins qu'on ne se sente la vocation et le don de les exprimer sous forme d'œuvre d'art ou de prophétie. Dans la plupart des autres cas, la prolixité des discours « intuitifs » masque seulement le fait que l'on est incapable de prendre ses distances par rapport à l'objet, incapacité qui mérite d'être jugée de la même façon que lorsque ce manque de perspective s'applique aux hommes.

Que nous n'ayons pas eu recours aux matériaux fournis par l'ethnographie nécessite une justification. L'état où cette science est aujourd'hui parvenue [15] devrait évidemment rendre son emploi indispensable dans toute étude approfondie - surtout en ce qui concerne les religions de l'Asie. Si nous nous sommes ainsi limité, ce n'est pas uniquement dû au fait que la capacité de travail d'un homme est limitée. Cette omission nous a paru permise avant tout parce que nous devions obligatoirement traiter ici de l'éthique religieuse des couches sociales qui, dans leurs pays respectifs, jouaient le rôle de « porteurs » de la civilisation, parce que nous nous occupions de l'influence exercée par leur comportement. Or il est très vrai que leur caractère propre ne peut être connu et compris que par confrontation avec les faits ethno­graphiques. Nous devons donc admettre sans ambages, et même souligner, qu'il s'agit ici d'une lacune de nature à susciter des objections justifiées de la part de l'ethnographe. Cette lacune, nous pouvions espérer la combler par une étude systématique de la sociologie de la religion, mais une telle entreprise aurait outrepassé le propos limité de la présente étude. En conséquence force nous était de nous contenter d'essayer de mettre au jour, le mieux possible, les points de comparaison avec nos religions de civilisation [Kulturreligionen] de l'Occident.


Pensons enfin au côté anthropologique du problème. Rencontrant sans cesse en Occident, et là seulement, certains types bien déterminés de rationalisation - jusque dans des domaines du comportement qui (apparemment) se sont développés indépendamment les uns des autres - on est naturellement conduit à y voir le résultat décisif de qualités héréditaires.
L'auteur confesse qu'il incline - ce qui est tout personnel et subjectif - à attribuer une grande importance à l'hérédité biologique. Mais, en dépit des résultats considérables aux­quels est parvenue l'anthropologie, je ne vois pas, jusqu'à présent, comment nous pourrions évaluer, ne fût-ce qu'approximativement, dans quelle mesure et surtout sous quelle forme l'hérédité -intervient dans le développement de ce processus de rationalisation. Une des tâches à assigner aux recherches sociologiques et historiques devrait donc consister à découvrir d'abord toutes ces influences et tous ces enchaînements de causes qui peuvent être expliqués de façon satisfaisante comme des réactions au destin et au milieu. Ensuite, et dans le cas seulement où la neurologie et la psychologie des races auraient progressé au-delà des résultats [16] actuels - prometteurs à bien des égards -, nous serions peut-être en droit d'espérer des solutions satisfaisantes à ce problème 1. En attendant, ces conditions semblent faire défaut, et en appeler à l'hérédité serait renoncer prématurément à des connaissances qui sont peut-être dès maintenant à notre portée; ce serait faire dévier le problème vers des facteurs (aujourd'hui) encore inconnus.

L'ÉTHIQUE PROTESTANTE

ET L'ESPRIT

DU CAPITALISME




[17] Cette étude a été d'abord publiée dans l'Archiv für Sozialwissenschaft und Sozialpolitik de Jaffé (J. C. B. Mohr, Tübingen), tomes XX el XXI (1904-1905). De la volumineuse littérature qu'elle a suscitée, je ne mentionnerai que les critiques les plus circonstanciées.


D'abord F. Rachfahl, « Kalvinismus und Kapitalismus », Internationale Wochenschrift für Wissenschaft, Kunst und Technik (1909), nos 39-43. En réponse, mon article: « Antikritisches zum 'Geist' des Kapitalismus », Archiv für Sozialwissenschaft und Sozialpolitik, XXX (1910). Puis la réplique de Rachfahl, « Nochmals Kalvinismus und Kapitalismus », Internationale Wochenschrift (1910), nos 22-25. Enfin, mon « Antikritisches SchluBwort », Archiv, XXXI (1910). (Brentano, dans la critique que nous mentionnons ci-dessous, n'a vraisemblablement pas eu connaissance de cette dernière phase de la discussion, car il n'en fait pas état.) Dans la présente édition, je n'ai rien introduit de la polémique, inévitablement assez stérile, avec Rachfahl. C'est un savant que j'estime beaucoup d'ailleurs, mais il s'était aventuré sur un terrain qu'il connaissait insuffisamment. J'ai simplement ajouté au texte quelques références supplémentaires, tirées de mon « Antihritik », et j'ai tenté, dans quelques passages nouveaux ou dans des notes en bas de page, d'exclure tout futur malentendu.
Ensuite, W. Sombart, dans son livre Der Bourgeois (München et Leipzig, 1913), sur lequel je reviendrai ci-dessous dans des notes.
Pour finir, Lujo Brentano, dans la IIe partie de l'appendice à son discours de Munich (à l'Académie des Sciences, t9r3) sur Die Anfänge des modernen Kapitalismus, publié en 1916. [Depuis la mort de Max Weber, Brentano a quelque peu augmenté ces essais et les a incorporés à son livre Der wirtschaftende Mensch in der Geschichte. - ÉD. ]
Je reviendrai sur ces critiques en temps opportun, dans des notes spéciales. J'invite ceux que cela intéresserait à se [18] convaincre par la comparaison que, dans la révision du texte, je n'ai ni supprimé, ni modifié le sens, ni affaibli la moindre phrase concernant un point essentiel, pas plus que je n'ai ajouté d'affirmations matériellement différentes. )le n'avais aucune raison de le faire, et le développement de mon exposé convaincra qui pourrait en douter. Les deux derniers auteurs mentionnés sont engagés entre eux dans une discussion plus vive encore qu'avec moi. La critique que fait Brentano de l'ouvrage de W. Sombart, Die Juden und das Wirtschaftsleben, fondée en bien des points, est souvent aussi très injuste, même sans tenir compte du fait que Brentano ne semble pas comprendre la nature réelle du problème des juifs (problème que j'ai écarté dès l'abord, mais sur lequel je reviendrai ailleurs [dans une section ultérieure de la Religionssoziologie].
A l'occasion de cette étude, des théologiens m'ont fait de fort précieuses suggestions. Ils m'ont lu avec bienveillance et objectivité, en dépit de désaccords sur des points de détail. Cela m'est d'autant plus agréable que je n'aurais pas été surpris de quelque antipathie pour la manière dont le sujet était nécessairement traité ici. Ce qui, pour un théologien, fait tout le prix de sa religion, ne pouvait jouer un grand rôle dans cette étude. Nous nous occupons ici de ce qui, aux yeux d'un croyant, constitue souvent les aspects superficiels et grossiers de la vie religieuse, mais qui, justement parce que superficiel et grossier, a le plus profondément influencé les comportements extérieurs.
Un autre livre, au contenu riche et varié, confirme opportunément et complète le nôtre, dans la mesure où il traite du même problème. Il s'agit de l'important ouvrage de E. Troeltsch, Die Soziallehren der christlichen Kirchen und Gruppen (Tübingen, 1912), étude d'ensemble, d'un point de vue original, de l'histoire de l'éthique du christianisme occidental. J'y renvoie le lecteur, plutôt que d'en donner des citations répétées sur des points particuliers. L'auteur s'occupe surtout des doctrines religieuses, alors que je m'intéresse davantage à leur mise en pratique.





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