ÉVY, Éditeur



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LETTRES A M. PANIZZI 271

montré beaucoup de mauvaise humeur, surtout, je pense, parce que l'enterrement doit avoir lieu à Paris, a pourtant envoyé un prêtre lorsque nous avons accompagné le corps à la gare du chemin de fer ; ainsi tout s'est passé décemment et sans scandale.

Je reçois des lettres de Paris où l'on m'entre­tient de toute sorte de bruits politiques, tous annonçant un changement de système, un grand pas dans le sens libéral et parlementaire. Je crois qu'on exagère la grandeur de ces change­ments ; mais je suis convaincu qu'il se fera quel­que chose. Reste à savoir si cela réussira. À vous dire le vrai, j'en doute un peu.. L'éducation poli­tique de ce peuple-ci est fort au-dessous, à mon avis, des institutions qu'il a présentement ; il ne peut qu'abuser des concessions qu'on lui ferait encore. Tout cela m'attriste un peu et m'effraye pour l'avenir.

Nous avons en France un grand nombre de gens, plus forts et plus habiles que M. Bright, qui poussent à la roue tant qu'ils peuvent, pour faire verser le char, déjà embourbé. Les gens de bon sens sont rares et le plus grand nombre est trop

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dépourvu d'ambition pour se mêler des affaires. Je ne vous dis rien des mesures dont on me parle. Tout est encore trop vague, et, selon toute ap­parence, vous en saurez plus que moi, lorsque cette lettre vous arrivera.

On dit que vous avez eu un temps abominable à Londres et de la neige comme en Sibérie. J'es­père que vous n'étiez pas à patiner sur la Serpen­tine, lorsque tant de gens ont pris un bain froid. 11 paraît qu'il y a eu beaucoup de morts. Con-naissiez-vous quelqu'un dans cette affreuse ba­garre ?

Nous avons, nous aussi, payé notre tribut à l'hiver. Nous avons eu deux jours de gelée qui ont un peu nui à nos fleurs et brûlé ies jeunes pous­ses d'orangers; mais, à tout prendre, le mal n'est pas grand. Je crains, d'après toute la neige dont on nous parle, qu'il n'y ait des inondations en­core dans le centre de la France. M. Dupanloup nous dira encore que cela tient aux mauvais pro­cédés qu'on a pour le pape. Pourtant il semble bien tranquille sur son trône et il empêche les Écossais d'aller à leur prêche, ce qui les mènerait droit en enfer.

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Adieu, mon cher Panizzi ; portez-vous bien et écrivez-moi. Je ne suis pas trop mal, malgré tou­tes les tristes crises que je viens de traverser.

P.-S. Yotre billet m'arrive à l'instant. Il me réjouit fort. Je vous écrirai demain ou après. La poste va partir. Allez aux Tuileries, vers une heure et demie, et demandez qu'on remette votre carte au chambellan de l'impératrice.' Elle vous recevra avec grand plaisir.

CXIII

Cannes, 21 janvier 1867.

Mon cher Panizzi,

Tâchez que M. Gladstone voie l'empereur. J'en écris à M. Fould. Je crois vous avoir dit hier ce que vous auriez à faire pour voir l'impératrice. Peut-être feriez-vous mieux de lui écrire, la veille de votre arrivée, que vous lui demandez la per­mission de lui présenter vos hommages en pas­sant. Signez votre nom lisible sur l'enveloppe, et présentez-vous le lendemain à une heure et

II. 18

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demie. Elle m'a écrit une lettre charmante à l'oc­casion de la mort de Cousin.

Comme vous êtes peu lettré, je vous propose la rédaction suivante : « Madame, sur le point d'aller voir à Cannes un des plus fidèles sujets de Yotre Majesté, je ne voudrais pas passer par Pa­ris, sans lui rapporter des nouvelles de Yotre Ma­jesté. Je la supplie donc de me permettre d'en venir chercher demain et de déposer en même temps aux pieds de Yotre Majesté l'hommage du respect avec lequel, etc. »

Adieu, mon cher Panizzi, je vous attends avec grande impatience.



CXIY

Cannes, 10 mars 186Î.

Mon cher Panizzi,

J'aime à croire que vous êtes resté au coin du l'eu pendant le vilain temps. Si vous vous êtes mis en route par cette pluie battante, vous aurez vu la Corniche, comme l'Anglais qui voulait voir le lac de Genève, et qui en fit le tour dans un char

LETTRES A M. PANIZZI 275

de côté, la capote du char tournée du côté du lac. Il a pu vous arriver, en outre, d'être arrêté par quelque torrent de montagne, dans une auberge à punaises et obligé de vivre d'un vieux coq pen­dant quarante-huit heures. Si vous avez éprouvé ces infortunes, nous nous abstenons de vous plaindre, trouvant que vous vous êtes trop dépê­ché de nous quitter. Ce sont des jugements de la Providence qui peuvent contribuer à votre amen­dement.

Yoilà la levée de boucliers des fénians qui prend couleur. Je ne pense pas que cela ait grande importance cependant. Je crains seule­ment que le gouvernement ne réprime avec la même lourdeur, qu'il a fait dans l'Inde et à la Jamaïque. John Bull, quand il a eu peur, est impi­toyable. A mon avis, dans cette affaire-ci, il faut un mélange très habile de clémence et de rigueur, pendre un peu et beaucoup amnistier; pendre surtout quelques Américains pour décourager les autres.

En ce qui concerne la réforme, il me semble toujours que le beau rôle est à notre ami M. Lowe. Lui seul est dans le vrai.et a le courage de son

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opinion. Ménager la chèvre et le chou est chose bien difficile, et je ne crois pas possible de faire une réforme définitive. Autant prétendre s'ar­rêter au milieu d'une glissade que de fixer les conditions du droit électoral pour toujours ou même pour longtemps. Si on détruit ce qui existe, on ne retardera guère le suffrage universel. Il fera le tour du monde comme le mal napolitain. Les deux choses se valent, mais on n'a pas en­core trouvé le mercure pour le suffrage universel.

Yous aurez vu dans les journaux le projet de * loi sur l'armée. Je ne le trouve pas trop bon et je doute qu'il soit adopté sans grands amende­ments.

Le prince impérial a des clous .qui l'empêchent de s'asseoir. Rien de sérieux. On fait un grand éloge du général Frossard, qui sera son gouver­neur. On le dit très ferme et très honnête homme.

Adieu, mon cher Panizzi. Tâchez d'empêcher Garibaldi de faire tant de littérature.

LETTRES A M.

PANIZZ1

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CXY

Cannes, 28 mars 1807.

Mon cher Panizzi,

Votre lettre confirme ce que nous disent les journaux, de la faiblesse de la Chambre italienne et des mauvaises dispositions d'une partie des députés. Je crains que ce grand animal de Gari-baldi ne les pousse à des bêtises sérieuses.

Il me semble aussi qu'en Angleterre les choses ne vont pas trop bien. J'entends dire que le Bill de lord Derby ne passera pas, et que le gouverne­ment qui lui succédera aura bien de la peine à éviter le manhood suffrage. Il y a déjà longtemps que j'ai renoncé à comprendre le système de lord Derby, et il me semble que personne dans le Par­lement n'est beaucoup plus avancé que moi. C'est dans un grand tunnel noir qu'on s'engage, et ce qui se trouvera au bout, je crains que personne n'en ait d'idée bien nette. En Angleterre, grâce à*la richesse de l'aristocratie, à son bon sens, et aux habitudes de corruption électorale, il se

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pourra fort bien que les résultats du suffrage universel soient tout à fait autres que ne l'attend M. Bright.

Chez nous, cela ne va pas mieux. La Chambre paraît être très peu d'humeur à voter la nouvelle loi sur la réorganisation de l'armée, du moins, sans des changements considérables, et ce qu'il y a de plus fâcheux, à mon avis, c'est que les changements qu'on y fera seront plutôt de nature à diminuer nos forces qu'à les augmenter. Nous devenons trop amoureux du bien-être.

On dit que M. Rouher se plaint très vivement de la bêlise de Walewski, dont il a grand'peine à conjurer les effets. De son côté, la majorité est furieuse contre son président, qui ne sait pas pré­sider, et il est à croire qu'on sera obligé de don­ner satisfaction à M. Rouher.

Un assez grand nombre de légitimistes sont al­lés aux soirées du duc de Mouchy et ont fait bonne mine à sa femme. Cela a produit quelque sen­sation.

Adieu, mon cher Panizzi ; tenez-moi au courant de vos faits et gestes.

LETTRES A M. PANIZZl 279

CXV1

Paris, 4 avril 1867.

Mon cher Panizzi,

Me voici enfin à Paris, toujours bien souffrant. J'ai failli crever en route, mais enfin je suis ar­rivé. L'impératrice s'est enrhumée dans sa visite à l'Exposition. Le prince va beaucoup mieux, et c'est par pure précaution qu'on l'empêche encore de sortir.

Je suis bien de votre avis sur la politique. Les choses vont au plus mal. Cette affaire du Luxem­bourg me semble une grande folie et un grand danger. Le pays ne vaut pas les quatre fers d'un chien; mais c'est une position stratégique, à ce qu'on dit, menaçante autrefois pour la France, menaçante, si elle était en nos mains, pour la Belgique et la Prusse. Est-il de notre intérêt, est-il de bon sens de menacer, dans l'état de division où nous sommes?

Tout le monde dit que la loi sur la réorganisa­tion de l'armée sera rejetée par la Chambre, qui

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repousse avec énergie toute idée de guerre.

Je suis heureux d'apprendre que, de votre côté, les affaires italiennes vont mieux qu'on ne s'y at­tendait. Cependant l'adresse de la Chambre nou­velle n'est pas encore votée, et ce sera une épreuve. Les Sénats sont toujours raisonnables, excepté le mien.

Vous avez vu les élans de catholicisme de nos généraux, qui frémissent à la seule idée qu'on ait pu nommer un arien professeur de langue hé­braïque. Tout cela est bête à faire pleurer. Croyez qu'en dernière analyse, mon cher ami, la bêtise est le grand malheur de ce temps-ci. Nous ne sommes pas la progenies vitiosior, mais stultior. Voilà le grave danger. On peut faire entendre rai­son aux vicieux, mais aux bêtes jamais. Il me semble qu'en Angleterre on vogue à pleines voiles vers le suffrage universel; c'est un nouvel argu­ment pour la sottise de notre génération.

L'empereur a été très bien reçu à l'Exposi­tion. Il a encore un prestige extraordinaire parmi le peuple ; mais les salons et la bourgeoisie sont aussi mal que possible. Quant aux orléanistes, il n'y a sols projets qu'ils ne fassent.

LETTRES A M. PAN1ZZI ' 281

Adieu, portez-vous bien, si vous pouvez. Mon rhumatisme est passé, mais les étouffements sub­sistent.

CXV1I

Paris, 16 avril 1867.

Mon cher Panizzi,

Le prince impérial est parfaitement bien. Il ne lui reste de son accident que la nécessité de s'abstenir de monter à cheval pendant une quin­zaine de jours encore. Sa maladie aura eu cela de bon, qu'elle a montré à Leurs Majestés qu'on re­levait très mal, en le faisant dîner à table, veiller, rester au salon dans une atmosphère échauffée comme celle des Tuileries. Le général Frossard paraît avoir un caractère très ferme, et on attend beaucoup de lui. Tout le monde s'accorde à trou­ver que c'est un très bon choix. L'enfant a été très patient et très courageux pendant tout le temps de sa maladie. Il n'a pas voulu être chlo­roformé et a exigé que l'on ne dît pas à sa mère le jour où on devait lui faire l'opération.

Nous sommes à présent dans un moment de

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tranquillité relative. Le ton des journaux prussiens est beaucoup moins haut ; celui des journaux russes et des journaux anglais est aussi plus ras­surant. Aujourd'hui, la question paraît se réduire à la retraite des Prussiens de Luxembourg et à la destruction de la forteresse, qui est une me­nace pour tous les voisins, pour nous particuliè­rement, ou bien à son occupation par une garni­son hollandaise. Toutes les grandes puissances donnent tort, dit-on, à M. de Bismark, et je crois qu'il cédera.

Il me paraît probable que, malgré cela, la paix n'est pas fort assurée. Il y a plusieurs indices in­quiétants. Je sais de très bonne source qu'un engin de guerre nouveau et très mystérieusement fa­briqué, passe pour assurer une immense supério­rité à son possesseur. On en a réuni déjà plusieurs batteries avec des précautions extraordinaires, telles que les ouvriers qui ont fabriqué certaines parties de la machine n'ont jamais vu les autres. On pousse également avec une grande activité la fabrication des fusils et des cartouches Chassepot; mais, ce que veut l'empereur, personne au fond ne le sait. Les bourgeois voient la guerre avec hor-

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reur ; mais le peuple, et surtout dans les départe­ments de l'Est, veut manger du Prussien.

La loi sur la réorganisation de l'armée sera tel­lement modifiée, qu'elle ne sera plus reconnais-sable. Les militaires disent qu'elle sera bonne. Lisez, dans la Revue des Deux Mondes du 15, un article sur ce sujet du général Ghangarnier. Il se fait un peu vieux et n'a pas cessé d'être trop vantard; mais il y a de bonnes choses pour­tant.

On a vu de grands ministres être cocus. Vous paraissez croire que cette qualité est la seule qui nuise à X... C'est là, je pense, son moindre dé­faut. On publie dans les journaux un appel deGa-ribaldi aux réfugiés romains, de son style ordi­naire, c'est-à-dire très mauvais. J'espère qu'on trouvera moyen de l'arrêter, avant qu'il en vienne au fait.

J'ai renoncé à comprendre le bill de réforme ; mais il semble que les tories auront la gloire de mettre le feu aux poudres. Je me demande com­ment il sera possible de refuser le suffrage uni­versel dans un délai assez court.

Adieu, mon cher ami ; nous sommes destinés,

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je le crains, à voir encore bien des choses extra­ordinaires.

CXVIII

Paris, 27 avril 1807.

Mon cher Panizzi,

J'ai fait une action héroïque hier en menant la comtesse Téléki à l'Exposition universelle mal­gré un temps de chien. Je lui ai fait faire un très mauvais déjeuner en assez piètre compagnie, mais elle a pris tout cela avec beaucoup de phi­losophie. On voit qu'elle a voyagé et qu'elle n'exige pas, comme un certain gentleman de vo­tre connaissance, que tout le monde soit comme à Bloomsbury square.

Il y a toujours beaucoup d'inquiétude et un peu d'agitation. Si cela dure, je crois, that onr nion-key will be up, et cela me fait plaisir. Si nous baissions la tête, je nous tiendrais pour perdus à jamais.

A présent, voici la situation. L'empereur a fait venir lord Cowley et lui a donné l'assu-

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rance .qu'il n'avait aucune idée d'hostilité, au­cune envie d'accroître le territoire français du côlé de l'Allemagne, qu'il ne tenait pas du tout aux deux cent mille Luxembourgeois, mais qu'il ne voulait pas qu'une puissance étrangère tînt garnison hors de ses États, et sur la frontière de France. En résumé, il a prié l'Angleterre d'inter­venir auprès de la Prusse, avec la proposition soit de raser la citadelle et de laisser le duché à la Hollande, soit d'y mettre une garnison hol­landaise, soit d'annexer le duché à la Belgique, mais, en tout état de cause, de retirer la garnison prussienne. 11 semble que lord Slanley trouve la proposition convenable et on dit aujourd'hui même que la reine avait écrit propria manu au roi de Prusse. C'est en effet du côté dudit roi qu'est la plus grande difficulté. M. de Bismark est, dit-on, très pacifique, il est vrai qu'il roivs one way and looks another.

La Russie assez froide, d'abord, paraît s'être -réunie ensuite à la mauière de voir de l'Angle­terre. D'ailleurs, des deux côtés, anglais et russe, il y a, comme il paraît, une certaine coquetterie à notre égard en vue de l'éclosion assez pro-

2S6 LETTRES A M. PANIZZI

chaîne vraisemblablement de la question d'O­rient. Des gens bien informés me disent que l'empereur, selon son habitude, est tout à fait d'accord avec r Angleterre sur cette diabolique question orientale, et cela me fait plaisir.

J'ai vu aujourd'hui chez M. Fould un des mé­decins du prince impérial qui nous a dit qu'il allait parfaitement bien. Il paraît qu'on ne veut pas encore panser la plaie de peur d'un retour de l'accident qui est déjà arrivé. D'après le mé­decin, c'était un luxe de précaution.

Adieu, mon cher Panizzi. M. Fould a gagné plusieurs prix avec les chevaux que vous avez vus à Tarbes, et ces triomphes le consolent tout à fait, comme il semble, de la perte de son por­tefeuille.

CXIX

Paris, 6 ma 1867.

Mon cher Panizzi,

Toutes les apparences sont en faveur de la paix, et lord Stanley y aura une bonne part. Représentez-vous ce qui serait arrivé, si lord

LETTRES A M. PAK1ZZI 287

Russell eût été ministre des affaires étrangères.

On annonce comme à peu près certaine l'ar­rivée du roi de Prusse à la fin de ce mois, et, bientôt après, celle de l'empereur de Russie. Avec le roi de Grèce, le frère du taïcoun du Japon et le pacha d'Egypte, cela fera une table d'hôte aussi amusante que celle que trouva Can­dide à Venise.

A peine une épine est-elle hors du pied, qu'il en entre une autre. La question d'Orient mûrit rapidement et bientôt nous en aurons des nou­velles. Ici, on a décommandé les réserves, mais on fabrique des fusils avec beaucoup d'activité ; on dit que le mois prochain on en fera cinq à six mille par jour. On en a commandé partout, et ce qu'il y a de curieux, c'est que les meilleurs se font en Espagne.

Je ne suis pas trop mal depuis quelques jours que le printemps s'est déclaré pour tout de bon. 11 fait même trop chaud. Cependant je mène tou­jours la vie d'anachorète. Je ne sors jamais le soir, je ne dîne jamais en ville et j'ai absolument renoncé au monde. J'ai en ce moment mon do­mestique malade, ce qui me contrarie beaucoup.

2S8 LETTRES A M. PANIZZI

On me promet que ce n'est qu'une grippe qui n'a rien de grave. Il n'y a pas dans les petites misères humaines d'ennui plus grand que de changer d'habitudes et de serviteurs.

Un des honnêtes gens qui viennent quelque­fois me tenir compagnie, avait vu Nigra chez le prince de Metternich, où son entrée avait fait sensation. Il paraissait être dans la maison sur un très bon pied. Je vois que M. d'Azeglio as­sistera au congrès de Londres et je m'en réjouis en le supposant un avocat de plus pour la paix.

Nous attendons des dépêches télégraphiques de Londres, au sujet de la grande manifestation réformiste de M. Beales. Il me semble que cela passe la permission, et il serait bien temps qu'on mît à la raison toute cette canaille qui se mêle de ce qui ne la regarde pas.

Il est probable que vous ne serez ici que vers les premiers jours de juin ; car vous avez encore bien du chemin à faire et des occasions de vous arrêter. Vous arriverez au moment le plus bril­lant de l'Exposition, avec toutes les têtes couron­nées. Je vous ai dit que j'avais déjeuné il y a huit jours avec Leurs Majestés, qui m'ont de-

LETTRES A M. PANIZZI 239

mandé de vos nouvelles. Si vous êtes à Paris en juin, il est probable que vous serez engagé à Fontainebleau. Le prince impérial est. allé à Saint-Cloud. Il est tout à fait bien à présent.

Adieu, mon cher Panizzi; amusez-vous pour deux; car, moi, je ne m'amuse guère.

CXX

Paris, 17 mai 18G7.

Mon cher Panizzi,-

Je suppose que vous êtes toujours à Florence, attendant sir James ; mais je crains que vous ne tardiez tant, que vous ne trouviez plus personne à Paris. On me dit qu'on commence à partir pour la campagne. Cette grande quantité de princes, empereurs, taïcouns qui nous envahit est bien faite pour effaroucher les Parisiens pur sang.

L'article qui a fait sensation ici et à Londres est dans la Revue des Deux Mondes du 15 avril, signé « M. Collin » l. Il traite des Irade's associa-

1. Pseudonyme qui cachait lo nom do M. Libri.

H. 19


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