ÉVY, Éditeur



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tions et de la situation actuelle de l'Angleterre. Je l'ai donné à lire à la comtesse Téléki, qui en a été très frappée et ne comprend pas qu'un étranger sache et comprenne tant de choses curieuses ; mais le plus remarquable, selon moi, c'est la façon dont tout l'article est fait, dispo­sition, style, etc. Enfin je trouve qu'il y a là de­dans quelque chose de supérieur. Je regrette qu'au lieu de s'occuper de mathématiques et surtout de bibliophilie, il ne se soit pas borné à faire du journalisme.

Yous aurez, quand vous viendrez à Paris, une fort jolie petite maison à vous, rue du Faubourg-Saint-Honoré, que M. Fould avait fait construire pour son fils encore garçon, avec une porte mys­térieuse sur la rue, dont j'espère que vous n'a­buserez pas.

Adieu, mon cher Panizzi; nous avons depuis quelques jours un temps d'hiver qui me déses­père. Je voudrais bien que, pour votre arrivée ici, vous fussiez un peu mieux traité. Je n'ai pas entendu parler de M. Gladstone, qu'on attendait à Paris ces jours-ci.

LETTRES A M.

PANIZZI

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CXX1

Paris, 24 mai I8ij"..

Mon cher Panizzi,

11 me semble, au sujet de votre logement à Paris, qu'il ne serait pas très convenable de ne pas accepter celui que vous offre M. Fould. Où avez-vous pris que ce fût une maison entière ? C'est un petit appartement de garçon que M. Fould avait fait faire, comme je vous l'ai déjà dit, avant que son fils fût marié, et qui est juste ce qu'il faut pour un personnage de votre poids. Il y a une entrée particulière sur la rue, pour introduire en secret les concubines. M. Fould compte sur vous, et vous auriez tort, je crois, de vous excuser.

Le prince impérial va bien. Il est établi à Saint-Cloud, ce qui vaut bien mieux pour lui que la vie de Paris et des Tuileries.

Que dites-vous du voyage du sultan à Paris ? Cela a l'air d'un opéra-comique. Je pense que

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tous ces grands personnages viennent voir ma­demoiselle Thérésa et mademoiselle Meiiken. Ces dames font de très brillantes affaires et ont augmenté leurs prix, comme les bouchers ; elles vendent comme eux de la viande fraîche, ou soi-disant telle.

Adieu, mon cher Panizzi. Nous avons un temps exécrable. Il fait plus froid que le pire jour de janvier à Cannes. On nous dit à l'In­stitut, que c'est une année exceptionnelle, comme il' y en a deux par siècle, revenant à un inter­valle régulier, et que c'est 1816 qui revient en 1867. Je regrette bien d'avoir subi deux fois pareille misère. Je vois, comme consolation, qu'il a neigé deux jours de suite à Londres.

cxxn

Paris, 2G juin 1867.

Mon cher Panizzi,

J'ai déjeuné samedi avec deux personnes très fatiguées de leurs corvées passées et se prépa­rant aux corvées à venir, monsieur souffrant

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de rhumatismes, madame d'un gros rhume, assez bien l'un et l'autre cependant. Ils m'ont demandé de vos nouvelles. Le fils va parfaite­ment et court comme une personne naturelle.

Je vous engage à lire, dans le Moniteur d'au­jourd'hui, le discours de Sainte-Beuve au Sénat. Il vous amusera. Il est impossible d'avoir plus d'esprit; mais il a sacrifié le fond à la forme et a dit tout ce qu'il fallait pour rendre impossible le vote qu'il demandait. Où s'arrêleront les clé­ricaux ?

Adieu, mon cher Panizzi. Savez-vous quelque chose du grand concile qu'ils font à Rome ?

CXXI1I

Paris, 30 juin 1867.

Mon cher Panizzi,

Voici un récit qui vous plaira peut-être. M. le

préfet de la Seine a invité le roi des Belges à

dîner avec le conseil municipal. Il a pris sans

açon le bras de la reine, et, se tournant vers le

29< LETTRES A M. PANIZZI

roi : « Roi des Belges, donnez le bras à ma­dame Haussmann. »

Je suis mieux de santé, mais non pas assez bien cependant pour entreprendre le voyage de Londres, et, quoique nous soyons très amis, je ne voudrais pas vous donner l'embarras de ma car­casse, si je venais à la laisser dans Bloomsbury square ; d'ailleurs, on m'a violemment pressé d'al­ler à Biarritz. Je m'en suis défendu et m'en dé­fendrai tant que je pourrai ; niais vous compren­drez qu'il serait assez mal à moi de refuser, et d'aller autre part. Si dans cette affaire je n'avais qu'à suivre mon goût à moi, je partirais dès demain sans voir même le sultan ; mais il faut faire son métier de courtisan.

Madame de Montijo est à Paris depuis trois ou quatre jours. Elle est logée avenue Montaigne ; la duchesse de Moucby et je ne sais qui en­core occupant les maisons de sa fille. Elle va très bien et il me semble qu'il y a un peu d'amélioration à ses yeux.

Adieu, mon cher Panizzi ; portez-vous bien et tenez-vous en joie jusqu'à l'aulornne.

LETTRES A M. PANIZZI

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CXXIV

Paris, â juillet 186".

Mon cher Panizzi,

Maximilien a eu le sort de bien des aventu­riers. Il est une des victimes de notre saint-père le pape, qui déjà a fait tant de mal à sa famille. Le diable, c'est que, quoi qu'on dise et qu'on fasse, une partie de la responsabilité retombe sur nous. Hier, on disait (mais heureusement sans qu'on pût dire de quelle source) que les Mexicains avaient assassiné notre ministre à Mexico, ce qui nous ajouterait des embarras nouveaux. Ce serait un cas comme celui du consul pris par le roi Théodoros d'Abyssinie. 14 n'Y a que les Yankees et le Lynch Lato qui puis­sent venir à bout des Mexicains. C'est une race tellement pourrie, qu'il n'y a plus d'espoir de la régénérer. Il faut l'exterminer pour faire quel­que chose du pays. Je crains bien qu'on en soit venu en Espagne à une situation presque aussi

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mauvaise. Tout ce que j'apprends tend à prou­ver que la gangrène est partout.

Adieu, mon cher Panizzi. Le sultan a eu une peur bleue dans le chemin de fer. Il disait d'ar­rêter, il voulait descendre, il a crié et pleuré en faisant ses trente lieues à l'heure. Il est fort poli ici, et dit des choses aimables à tout le monde, ou bien Fuad Pacha les lui fait dire.

CXXV

Paris, 11 juillet 1867.

Mon cher Panizzi,

Je ne sais si vous avez eu connaissance de cette misérable querelle de Sainte-Beuve avec M. La-caze au Sénat. Cela s'envenime tous les jours. On vient de mettre à la porte les élèves de l'École normale qui étaient allés complimenter en corps Sainte-Beuve. Grâce aux trompettes des journaux l'École de droit et l'École de médecine vont faire une démonstration du même genre. Pour aug-menter les embarras du ministre de l'instruction

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publique, son fils est allé hier souffleter un jour­naliste, ce qui est une sacro-sainte personne aujourd'hui. Tout est, dans ce temps-ci, à la dé­bandade, faute de commandement.

On a présenté au Corps législatif une loi sur le droit de réunion qui ne peut être discutée cette année faute de temps matériel. Voilà que les ouvriers du faubourg Saint-Antoine, pour montrer combien cette loi est utile et bonne, demandent à se réunir pour célébrer le 14 juillet, c'est-à-dire l'anniversaire de la prise de la Bastille. Vous qui connaissez le bon sens et la tranquillité de nos ouvriers, pensez-vous que pareille réunion se pas­serait aussi paisiblement que celle de Hyde-Park le mois dernier? Ce sont de bien mauvais symp­tômes et le ton des journaux de l'opposition vous montrera quels sont leurs projets ou leurs espé­rances.

Je crois que le voyage de l'empereur d'Au­triche à Paris n'aura pas lieu, et je ne crois pas qu'il faille trop s'en affliger. Moins nous nous mêlerons des affaires d'Allemagne, mieux ce sera pour nous.

Adieu, mon cher Panizzi. L'impératrice va

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passer quatre jours en très grand particulier avec la reine. Je pense qu'elle s'arrêtera bien un jour à Londres. Elle est incognito, mais vous ne ferez pas mal de vous inscrire, si elle vient dans vos parages. Ceci entre nous.

CKXVI

Paris, 19 juillet 1807.

Mon cher Panizzi,

Je ne sais qu'une chose, c'est que l'impéra­trice va passer quelques jours en tête-à-tête avec la reine. Il est évident qu'elle aura au moins une de ses dames avec elle. Lorsque je saurai qui, je vous le manderai aussitôt. Il me paraît impro­bable qu'elle aille en Angleterre sans s'arrêter au moins un jour à Londres pour se reposer un peu de ses fatigues de maîtresse de maison.

Lorsque vous verrez M. Lowe, faites-lui mes compliments de son dernier discours, qui res­semble un peu aux prédictions de Jérémie, mais qui me semble un modèle du véritable style par-

LETTKES A M. l'ANlZZl 299

lementaire. Ce style disparaîtra comme beaucoup d'autres bonnes chases sous l'irruption des mau­vaises manières américaines qu'il a prédites, et ce sera grand dommage.

On dit que la session finira la semaine pro­chaine, pour recommencer au mois de novembre et discuter la loi de la presse, des réunions, etc. Je crois que je me priverai d'y assister si je vis assez pour aller à Cannes.

Adieu, mon cher Panizzi. On dit que notre ministre à Mexico, M. Dano, a été fusillé par Juarez. C'est le pire qui pouvait nous arriver.Je ne sais si c'est le cas d'appliquer l'axiome espagnol, siempre lo peor es ci erto.

CXXYIi

Paris, 26 juillet 1867.

Mon cher Panizzi,

Il paraît que le tête-à-tête d'Osborne a été des plus intimes. On m'a dit que Sa Majesté n'allait pas à Londres, donc vous n'avez eu rien à faire.

Malgré toutes ces visites pacifiques de rois et

300 LETTRES A M. PANIZZl

de ministres, il y a toujours une inquiétude vague, mais dont l'effet est très réek On dit qu'il y a ici des capitaux énormes, et personne ne veut faire de placement même à quelques mois. Personne ne peut dire de quoi il a peur, mais tout le monde a peur. Nous sommes, en effet, dans la plus étrange de toutes les situations, ayant les incon­vénients du système parlementaire sans en avoir la solidité ; les inconvénients de l'absolutisme et même ceux de la liberté.

Au milieu de tout cela, l'empereur continue à être très populaire, et par exemple, toutes les fois qu'il vient à l'Exposition, il a une espèce d'ova­tion de la part des ouvriers qui nomment Pelletai! et Jules Favre. J'ai peur que cela ne lui monte la tète et ne l'empêche de voir le danger très réel de la situation. On attend l'impératrice demain soir. La princesse de "* est ici scandalisant tout le monde par ses façons de faire. Elle donne des rendez-vous et n'y vient pas; elle rit, elle pleure, elle gronde, elle a des accès de colère et de larmes. Je la trouve extrêmement jolie et d'une blancheur de peau qui promet beaucoup. Adieu, mon cher Panizzi. Lisez, dans la Revue

LETTRES A M. l'ANIZZI 301

des Deux Mondes, le deuxième article signé « Collin », sur les associations ouvrières. Il y a aussi, dans la même revue du 15 de ce mois, une réponse de M. d'Haussonville au prince Napoléon, très pénible, ce me semble, pour Son Altesse.

CXXYIII

Paris, 7 août 18G7.

Mon cber Panizzi,

Le prince impérial est revenu de Ludion en très bonne santé, sans la moindre trace de sa maladie. Madame de Monlijo a été un peu souf­frante ces jours passés. Elle va mieux à pré­sent.

Avez-vous lu la lettre de mon confrère l'évêque d'Orléans sur les affaires de Rome et d'Italie ?

Il annonce toute sorte de catastrophes. M. de Sartiges, notre ambassadeur à Rome, qui vient d'arriver ici (je ne sais trop pourquoi), dit que le pape ne s'est jamais si bien porté. Je pense qu'il dépassera les annos Pétri. Est-il vrai que Nigra ne reviendra pas à Paris ? J'en serais

302 LETTRES A M. PANIZZt

fâché pour ma part, et je crois qu'on aurait tort de le changer.

Je suis de votre avis au sujet de l'article de la Bévue signé Collin. Il est inférieur au premier, mais cependant toujours très remar­quable. Si ce qu'il dit est vrai, cela ne promet pas poires molles pour l'avenir. Ce qui m'é­tonne, c'est que le gouvernement britannique, si prudent d'ordinaire, prenne, pour faire une con­cession aux radicaux, le moment où ils sont le plus menaçants. On ne cède jamais aux me­naces que l'on ne se repente bientôt de n'avoir pas risqué la bataille. Le pis, c'est que cela ne dispense pas de la livrer, et, quand on s'y résout à la fin, on la perd. Ce diable de sys­tème américain nous envahit tous les jours. Je crois, mon cher Panizzi, que nous sommes nés trop tard. Le bon temps est passé et nous aurons des couleuvres à avaler.

Je n'aime pas ce voyage de Saltzbourg, qui est malheureusement décidé. Je cherche en vain le bon côté et je ne vois que les inconvénients qui me semblent des plus gros. On commence à dire qu'au retour ils ramèneront à Paris François-

LETTRES A M. PANIZZI 303

Joseph et l'impératrice. On les dit très médiocres l'un et l'autre, déteslant au fond du cœur M. de Eeust et prêts à le planter là à la première occa­sion.

Les Grote ont passé par ici, à ce que j'ai appris, mais je. suis tout à fait ruiné dans leur esprit, depuis que j'ai écrit que Cousin avait dit sur Socrato ce que les professeurs allemands ont inventé longtemps après. Madame ne m'a pas pardonné non plus d'avoir estimé douze francs un Titien qu'elle a payé douze mille francs.

Adieu, mon cher Panizzi; portez-vous le mieux que vous pourrez.

CXXIX

Paris, 21 août 1867-

Mon cher Panizzi,

Je suis pour ma part tantôt bien, tantôt mal, mais n'ayant jamais de sécurité. On m'a con­seillé des capsules d'essence de térébenthine. Elles me réussissent assez bien. Pourvu que cela dure ! C'est ce que disait Arlequin, à la hauteur

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d'un troisième étage, en tombant d'un cin­quième.

Si j'en crois les cancans et les journaux, l'en­trevue de Sallzbourg tournerait à la pastorale. Les malins ont peur de la dernière lettre adressée au ministre de l'intérieur au sujet des chemins vicinaux. Ils disent qu'on veut donner le change et faire croire à la paix. On voit tout dans tout, avec un peu de bonne volonté. Il y avait, dans la Revue des Deux Mondes du lor août, un assez bon article sur l'état de l'Allemagne qu'on attribue au comte de Paris. L'avez-vous lu? Il conclut plutôt à la paix. S'il est réellement de lui, il est plus fort qu'aucun de ses oncles ; mais cela ne m'empêche pas de trouver qu'un prince a mieux à faire qu'à pu­blier des articles pour le plus.grand divertisse­ment des oisifs. Je crois que si, au i" siècle, l'imprimerie eût été découverte, le diable aurait eu plus beau jeu à tenter Notre-Seigneur.

J'ai dîné hier chez la comtesse de Monlijo, que j'ai trouvée assez bien portante. Elle m'a demandé de vos nouvelles. Elle n'en avait pas de sa fille, autrement que par les journaux. Il'm'a semblé

LETTHES A M. l'ANIZZl 305

qu'elle était assez inquiète des mouvements qui ont lieu en Catalogne. Ce n'est pas encore grand'-chose, mais dans une maison d'amadou une étin­celle peut l'aire de grands ravages.

Adieu, mon cher Panizzi. Que dites-vous de l'incendie du Saint-Pierre Martyr à Venise? Il me semble que, dans toute l'Europe, on devrait retirer des églises les tableaux de maîtres. Il n'y a pas de pires conservateurs que les prêtres, et cependant ils veulent tout avoir.

cxxx

Paris, 2 septembre 1867.

Mon cher Panizzi,

La chaleur tout à fait tropicale que nous avons depuis trois semaines m'a fait dû bien. Je suis donc, pour le présent, dans un état assez tolé-rable. J'ai cependant, surtout le soir, de petits accès de suffocation, mais pas trop douloureux. En somme, je suis bien mieux que lorsque vous m'avez quitté. Ma prudence y est pour beaucoup.

11. 20

300 LETTUES A M. PAN1ZZI

On m'a offert de me mènera Biarritz; mais celte même prudence m'a fait refuser, ce qui, je crois, n'a pas augmenté mon crédit. Je suis comme les chats malades, je me fourre dans un coin et n'en sors pas ; d'ailleurs, je ne me sens pas d'humeur assez joviale pour les mocedades ! de Biarritz. J'attendrai donc ici les approches de l'hiver et je m'enfuirai aussitôt à Cannes, où j'espère bien vous voir.

Yiollet-Leduc, qui a accompagné Leurs Ma­jestés dans leur voyage à Lille, Dunkerque, Amiens, etc., dit qu'il n'a jamais vu enthousiasme ou plutôt frénésie pareille. Les points noirs, qui ont fait mauvais effet à Paris, ont été pris pour une marque de franchise. Je les traduis également de cette manière. Mon impression est à la paix. Il est vrai que l'Europe est toute pleine de poudre et qu'il suffirait d'une étin­celle pour tout mettre en feu ; mais c'est juste­ment ce qui me rassure. Chacun peut voir très clairement ce qu'il a à perdre, et très confusé­ment ce qu'il pourrait gagner. Je crois que le joueur le plus hardi, soit M. de Bismark, hésite­rait.

LETTRES A M. l'ANIZZl :!07

Lisez dans la Revue des Deux Mondes un article iissez intéressant. (1er septembre), d'un Polonais nommé Kladzko, sur le congrès de Moscou. A. part les exagérations d'émigré, qu'il faut écarter, il y a là un aperçu curieux de la situation de l'Eu­rope orientale. Je me rappelle mon standing joke «ivec lord Palmerston, qui n'admettait pas la ques-tionM'Orient. Elle s'est rapprochée et n'est plus maintenant à Constantinople.

Vous avez peut-être entendu parler d'une cor­respondance de Pascal, découverte par M. Ghasles de l'Académie des sciences, d'où résulterait qu'il «lirait découvert avant Newton les lois de l'at­traction. Cela fait grand bruit. Pour moi, je ne doute pas un instant que ce ne soit l'œuvre d'un faussaire. II suffit de lire trois lignes pour s'aper­cevoir que ce ne peut être le style de Pascal. On y trouve des mots comme mystification, qui ne datent que du xixe siècle. D'ailleurs, la diose ne manque pas d'une certaine habileté et prouve des connaissances scientifiques peu com­munes. M. Chasles, le propriétaire des autogra­phes, est, à ce qu'il parait, à l'abri de toutsoupçon. Jîeaucoup de gens prétendent que cela vient de

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Libri. le n'en crois rien, mais comme M. Chasles ne veut pas dire de qui il tient ces papiers, celi» laisse libre cours à toutes les médisances.

Paris est absolument vide de Parisiens ; mai* les étrangers et les vilains étrangers y abondent. C'est très ennuyeux ; mais je passe mon temps assez doucement néanmoins, vivant en complète solitude.

Adieu, mon cher Panizzi. Ya-t-on really truly faire la guerre au roi d'Abyssinie ? Cela nie semble si peu anglais, que j'en doute encore, pourtant un officier de mes amis me dit qu"if espère être attaché comme volontaire à l'élat-major anglais.

CXXXl

Paris, 13 septembre 1807.

Mon cher Panizzi,

Je n'assisterai pas à la discussion des lois sur la presse et sur l'organisation de l'armée. Lors­qu'on lit les journaux, on se demandece que si­gnifie une loi sur la presse. Jamais sous' Louis-


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