ÉVY, Éditeur



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148 LETTRES A M. PANIZZI

rare en France, comme vous savez. L'empereur et l'impératrice ont montré beaucoup de regret en petit comité; je crois qu'ils ont écrit à mi-lady.

Reste à savoir ce que dira la postérité. Pour moi, je crois qu'il aura un terrible blâme pour sa conduite dans les affaires d'Amérique. S'il eût fait avec la France le traité qu'on lui proposait, il au­rait sauvé la vie à quelques centaines de mille Yankees (ce qui n'est pas très à regretter) ; mais il aurait encore détourné pour longtemps de l'Eu­rope une abominable influence, qui pourra bien un jour devenir une intervention active.

Le choléra fait toujours des siennes. Il a pris à lie les ivrognes et en fait grand carnage. Depuis quelques jours, iLs'est attaqué aux enfants. En somme, ce n'est pas grand'chose. Rien de sem­blable au choléra de 1832. La plupart des ma­lades guérissent. Je vous ai fait part de ma théorie du choléra. On n'en meurt que quand on le veut bien, ou quand on est obligé de travailler pendant la première indisposition,, soit.par devoir, soit par besoin de manger. Le choléra ira vous visiter très probablement. Je vous ordonne de la manière

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la plus instante de vous mettre au lit et de relire tout l'Arioste, si vous avez le dévoiement. Rien ne vous empêche de boire cependant du thé ou du punch léger. Quand vous serez au douzième ou treizième chant, vousaurez des entrailles conso­lidées et vous pourrez reprendre votre vie d'épi­curien.

Je vois dans mon journal du soir qu'il y a de bonnes élections en Italie. Vous êtes décidément un peuple raisonnable, quand vous n'êtes ni pape ni abbé. Pourquoi m'a-t-on privé de mon Mérode ? Savez-vous quelque chose là-dessus? Les régi­ments qui doivent quitter Rome sont désignés. M. de Montebello part pour les congédier. Sa femme est maintenant presque entièrement remise de sa fracture, mademoiselle Bouvet aussi.

Il n'y a jamais eu que le vieil Ellice qui fût gâté par les femmes comme vous l'êtes. Je ne puis pas concevoir l'audace de la comtesse ***. .;..

Adieu, mon cher Panizzi ; portez-vous bien et ne m'oubliez pas auprès de.nos amis. Faites mes compliments .à M.- Gladstone, qui sera premier avant un an.- Il est probable que lord Russell ne durera pas si longtemps.

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LETTRES A M. PAN1ZZI

LUI

Paris, 2 novembre 18C5.

Mon cher Panizzi,

Votre amie la princesse Anna Murât se marie. Elle épouse le duc de Mouchy, qui est des mieux parmi les jeunes gens de ce temps-ci. 11 a quinze jours ou un mois de moins qu'elle, deux cent mille livres de rente et une assez jolie figure ; il est très poli et plus naturel que ne sont les co-codès en général. Le drôle, c'est qu'il est allié et parent à tous les plus enragés légitimistes de ce pays. Le duc de Noailles est son oncle. Ira-t-il au mariage? Chilosà?

Nous croyions à Biarritz qu'il s'agissait de l'in­fant don Enrique. Il est vrai que son grand-oncle avait fait fusiller notre grand-père ; mais ce sont de vieilles discussions qui, selon les habiles, ne doivent pas être prises en considération par la politique moderne. Maintenant, quelle sera la position, à la cour, de la princesse Auna et du duc consort? Vous qui êtes un habile homme en fait d'étiquette, vous me l'expliquerez peut-être.

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M. Fould se montre fort content de ses finances. On paraît consentir à toutes les économies qu'il propose et qui sont considérables. Il se loue beau­coup du maître et de l'impératrice surtout, qui l'a soutenu très vigoureusement. Si, comme je l'es­père, on remet nos finances en bon état, et si quelque imprévu ne survient pas, je ne vois pas trop quel air jouera l'opposition. Les variations sur la liberté de la presse commencent à ennuyer tout le monde.

On dit encore, mais je ne m'y fie pas trop, que les troupes du Mexique reviendront cet été. Il paraîtrait que les États-Unis reconnaîtraient alors Maximilien, et qu'il serait assez fort pour se sou­tenir. — Amen l

Je ne suis pas content de voir M. Gladstone dans ce ministère Russell. Il me semble qu'il s'ex­pose et qu'il risque de s'user. La situation me paraît être celle-ci : les fractions qui composaient la majorité, n'ayant plus l'adresse, le savoir-faire et l'esprit conciliant de lord'Palmerston pour les tenir réunies, vont tirer l'une à droite, l'autre à gauche. Si lord Russell présente un projet de réforme, il sera peut-être battu, et le parti whig

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est à peu près dissous. S'il garde en. portefeuille cette réforme, dont personne ne se soucie beau­coup', les radicaux, les Irlandais et les libéraux niais l'abandonnent, et il peut être battu à la pre­mière motion politique. M. Gladstone aura cepen­dant à porter tout le poids de la discussion, toute la responsabilité de la lutte, et, s'il réussit, c'est pour ajouter à la puissance de lord Russell. Sic vos, non vobis. Je crois que,s'il avait en ce moment quelque petit accès de goutte qui.l'empêchât de siéger pendant quelque temps, il. n'aurait plus ensuite qu'à se baisser pour prendre le porte­feuille de premier ministre.

Adieu, mon cher Panizzi. J'ai vu Sa Majesté lundi à Saint-CIoud. Mademoiselle Bouvet est ré­tablie complètement. L'impératrice est très enrhu­mée. Je pense qu'on ira à Compiègne vers le 10 ou le 12, si le choléra finit comme il en a tout l'air.

LXIII

Compiègne, 1G novembre 18C5.

Mon cher Panizzi, Je suis malade depuis quelques jours, et ce-

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pendant, au'lieu d'être à Cannes, où j'aurais voulu me réfugier, je suis ici. Je profite de la chasse, où l?oh est allé, pour vous écrire. Nous sommes ici quantité de gens assez vieux, ne se connaissant guère et ne faisant pas beaucoup de frais pour devenir bons amis. On est sérieux, ce qui me plaît assez pour nos hôtes, qui souvent laissent trop s'amuser les personnes qu'ils invitent.

Nous avons ici l'ambassadeur de Turquie, Saffel-Pacha, qui parle bien fiançais pour un Turc. Il est assis à la droite de l'impératrice, et hier, pen­dant le dîner, il lui dit : « Il y a une bien ridicule lettre sur l'Algérie dans le journal. x^Yous savez que tous les journaux ont répété la lettre de l'em­pereur au maréchal Mac-Mahon. — Yoilà l'impé­ratrice qui rougit èl, inquiète pour le pauvre Turc, elle lui dit : « Vous connaissez l'auteur de la let­tre ? — Non ; mais je sais bien que c'est un imbécile ! » Tous ceux qui écoulaient, étaient prêts à crever de rire. « Mais- c'est de l'empereur ! » s'écrie l'impératrice. «. Pas du tout, répond l'am­bassadeur :" c'est' d'un abbé qui veut converlir les musulmans. » Effectivement, je ne sais quel prêtre avait mis, ce jour-là, une (artine que per-



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sonne n'avait remarquée. Vous qui connaissez la figure de l'impératrice et la mobilile de son expression, vous pouvez vous représenter la scène au naturel.

Il paraît que la constitution définitive de votre ministère n'avance pas beaucoup. Tous avez beau dire, je ne lui crois pas une forte santé. En prin­cipe, un premier minittre n'est jamais à son aise quand il a pour second quelqu'un de plus fort que lui. Vous savez quel ménage faisait Agamemnon avec Achille. En second lieu, la principale qualité d'un premier est la concilialion. Je ne pense pas que ce soit celle de lord Russell. Il ressemble plu­tôt au verjus, qui fait tourner toutes les sauces. Reste à savoir ce que peuvent les tories. Peut-être sont-ils encore plus bas percés que les whigs.

Chez nous, l'économie triomphe. On réduit l'armée et la marine. Tous les ministres ren­voient leurs bouches inutiles. Je pense que cela fera grand honneur à l'empereur et à M. Fould, et grand bien aux finances du pays.

En passant à Paris, M. de Bismark a employé Rothschild à proposer à M. de Mûllinen, le chargé d'affaires d'Autriche, la cession à la Prusse du

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Holstein, donliui, Rothschild, aurait avancé le prix. La proposition a été fort mal reçue par l'Au­trichien et a produit quelque scandale. M. de Bismark ne se louait pas de la réception qu'on lui a faite à Paris.

On dit le roi des Belges à toute extrémité.

Adieu, mon cher Panizzi ; .porlez-vous bien. " Yous de\riez prendre un chat pour compléter votre personnel. Youlez-vous que je vous en cher­che un ?

LXIV

Paris, 22 novembre U65.

Mon cher Panizzi,

J'ai trouvé à Compiègne Leurs Majestés en 1res bonne santé, ainsi que le prince impérial. On a passé le temps assez gravement sans charades ni facétie semblable. Il n'y a eu qu'une lanterne chinoise dont M. Leverrier, l'astronome, était le montreur. 11 nous a fait voir des photographies de la lune et des planètes comme on montre à la foire les sept merveilles du monde. L'ambassadeur turc, qui, probablement, s'attendait à voir Caragueuz

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ou quelque spectacle aussi anacreontique, ft presque protesté, et a déclaré qu'il ne croyait pas un.mot de tout ce qu'on venait de lui dire dit soleil.

Ici, les militaires crient beaucoup contre la ré­duction de l'armée ; mais la mesure est approuvée-par la masse du public. Je vois par les journaux anglais qu'elle est très bien reçue de votre côté- -du délroit. M. Fould semble au mieux avec l'em­pereur, et, pour le moment, on ne pense qu'à ré­duire le budget. Si on peut se débarrasser de l'affaire du Mexique, tout ira comme sur des rou­lettes.

On dit que ^situation de la Jamaïque est grave. et que celle de l'Irlande ne s'améliore pas. Le-fénianisme ressemble fort à notre Marianne,. moins dangereux, je crois, à cause du bon sens-d'outre-Mancbe, qui sait mettre île côté la sensi­blerie lorsqu'il s'agit de répression. Jamais nous-ne saurions pendre comme "on pend à la Jamaïque en ce moment.

On vient me chercher et je n'ai que le temps de-vous dire adieu. Dimanche soir, je serai à Cannes.

LETTRES A M.

PANIZZI

LXV

Cannes, 2 décembre 1865.

Mon cher Panizzi,

J'ai trouvé ici, il y a huit jours, un temps ma­gnifique, très doux et presque trop chaud; mais, depuis trois jours, nous avons des orages. Hier, il a tonné depuis six heures du matin jusqu'à la nuit noire. C'est le signe du changement de saison et de l'entrée en hiver, c'est-à-dire "de l'arrivée du beau temps, sec, avec des jours chauds et des soi­rées fraîches, temps très sain et qui permet de pas­ser toute la journée en plein air. EdouardFould ar­rive vers le 15 de ce mois avec Àrago (Alfred). Nous attendons encore la reine Emma, dont la poitrine cannibale a besoin de lait d'ânesse pour se res­taurer. Jusqu'à présent, il n'y a pas grand monde à Cannes, peu ou point de Français. La plupart des hôtels sont déserts. Le choléra n'est jamais venu ici et il a complètement disparu de Nice.

Avant-hier, nous avons eu la visité du prince Napoléon et de la princesse Clotilde. Ils vont à

158 LETTRES A M. PANIZZI

Paris ; je ne sais pas s'ils iront à Compiègne pen­dant la visite du roi de Portugal. Lorsque j'ai quitté Paris, on disait que l'impératrice avait invité la princesse Clotilde et qu'on offrirait au prince Napoléon de reprendre la présidence de la com­mission de l'exposition universelle. Le fait est que, depuis sa démission, tout y va à la diable. D'un autre côté, revenir sur le passé et lui rendre une position dont il peut abuser, c'est s'exposer beaucoup.

Voilà pas mal de méchantes petites affaires qui tombent comme des tuiles sur le nouveau cabinet : les réclamations américaines, le Chili et les fé-nians. Les fénians ont cela de bon, qu'ils feront comprendre aux Anglais ce que c'est que la ré­publique rouge, plus sérieuse malheureusement chez nous qu'en Irlande.

Adieu, mon cher Panizzi; veuillez me rappeler au souvenir de nos amis. J'avais un renseigne­ment à vous demander, mais je l'ai oublié en commençant cette lettre. Signe de vieillesse.

LETTRES A M. PANIZZ1 159

LXYI

Cannes, 18 décembre 18G5.

Mon cher Panizzi,

Nous avons un temps vraiment extraordinaire même pour le pays. Jusqu'à présent, l'hiver a été si doux, que les chênes n'ont pas encore perdu leurs feuilles et qu'elles ne sont pas même jau­nies. Tous les autres arbres sont en feuilles ou. en fleurs, et nous avons déjà eu des anémones. Mais ce qui vous intéressera plus que tout le reste, c'est qu'on nous a envoyé de Gênes d'ex­cellentes truffes blanches. Hier, Fould et moi en avons mangé une grande assiette, chauffées légè­rement avec de l'huile vierge de ce pays pour tout assaisonnement, outre un peu de jus de citron, ou, ce qui vaut mieux, de mandarines amères.

On s'attend, en Espagne, à quelque catastrophe. Les progressistes sont arrivés au dernier degré d'irritation, la dynastie au dernier degré de mé­pris, et, au ton où les choses sont montées, il est à prévoir qu'un dénouement ne peut avoir lieu

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qu'à coups de fusil. C'est même, je crois, la seule chance de salut pour la reine ; O'Donnel est homme à réprimer une émeute aussi vigoureuse­ment que le gouverneur de la JamLiïijue. Cela don­nerait quelques années d'existence de plus au trône de Sa Majesté Catholique.

Expliquez-moi ce qui se passe en Italie, que je ne comprends pas du tout. Où est la majorité et que veut-elle? Est-ce une guerre de portefeuilles, ou bien une guerre de principes qui va avoir lieu dans le Parlement? J'ai peur qu'on ne fasse quel­que sottise du côté de la Vénélie ou de Rome, précisément pour nous empêcher de compléter l'évacuation.

J'admire beaucoup l'atfaire de la Jamaïque. L'Angleterre trouve toujours des hommes énergi­ques à la hauteur des plus graves circonstances, et non seulement énergiques, mais assez dévoués . pour risquer les plus grandes énormités, si elles sont nécessaires. Il me semble qu'on a pendu beaucoup plus qu'il ne fallait, peut-être même les gens qu'il ne fallait pas ; mais l'insurrection a été arrêtée net, et l'exemple durera, même si l'on désavoue le gouverneur. Voilà la véritable

LETTRES A M. PANIZZI 101

politique, malheureusement impratiquée et peut-être impraticable dans ce pays-ci.

Adieu, mon cher Panizzi ; hàtez-vous de me donner de vos nouvelles. Je les attends avec grande impatience.

LXVII

Cannes, 27 décembre 1805.

Mon cher Panizzi,

La mort de Bixio m'a fait beaucoup de peine. Il est mort avec un sang-froid et un courage admirables. La veille de sa mort, il a pendant quatre heures entretenu Pereire, Biestat et Sal­vador des affaires de leur compagnie, avec une lucidité extraordinaire. Un de ses vieux amis de collège est entré et lui a dit qu'il lui trouvait bon visage. Bixio lui a répondu en souriant : « Je vois bien que tu es une vieille bête, comme je t'ai toujours connu ; tu ne vois donc pas que je vais mourir dans quelques heures? » Il a dit à Yillemot : « Tu as peur de la mort ; je t'assure que ce n'est pas grand'chose; regarde-moi faire. »

II. M

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Lorsqu'il a eu pris congé de tous ses amis et dit adieu à ses enfants, il s'est tourné vers la muraille et est demeuré agonisant plusieurs heures, sans parler, mais sans souffrir beaucoup, autant qu'on en pouvait juger. Le médecin Trous­seau est entré et l'a appelé en élevant la voix. Il a soulevé la tète : « Je suis prêt, a-t-il répondu. » Il est mort une heure après. Il a formellement défendu les discours et la pompe funèbre. Pas d'église. Il y avait grande foule à son enterre- -ment et de tous les partis. Le prince Napoléon était revenu exprès de Prangins. La mort n'a pas de discernement. Sainte à noi, comme on dit en Corse.

Nous avons ici un temps merveilleux, môme pour le pays. Il y a près de vingt jours que nous n'avons vu un nuage ; de neuf heures à quatre, il fuit aussi chaud qu'au commencement de juin. Je vois, dans les journaux, que Paris et Londres sont enveloppés dans des brouillards épais comme de la moutarde.

Je crois, comme vous, les affaires d'Italie fort mauvaises. Pourtant le bon sens est plus com­mun chez vous que dans le reste de l'Europe, et

LETTRES A M. l'ANIZZI 1C3

cela donne quelque espoir. Le plus mauvais symptôme, à mon avis, c'est l'indifférence géné­rale. Il paraît que jamais les électeurs ne se sont montrés moins empressés et plus insouciants du résultat. Cela est tout au plus permis dans un pays où toutes les grandes questions sont décidées, et où il ne s'agit pas de savoir ce que fera un mi-. nistre, mais qui sera ministre. Il n'y a qu'en An­gleterre que l'on en soit arrivé à cette heureuse situation où ministres et opposition n'ont qu'une seule et même politique. J'ai bien peur que les mazziniens ne profitent de cette apathie générale pour faire quelque sottise. C'est dans ces mo­ments-là qu'un petit nombre de cerveaux brûlés peut pousser les niais et les indifférents dans les ornières et les précipices.

On m'écrit que les réformes de M. Fould ont fort mécontenté l'armée. Cela est naturel, mais je ne crois pas la chose grave. L'armée est tou­jours bonne, grâce à l'honneur du drapeau et à la discipline. M. Fould paraît être toujours en grande faveur auprès du maître. Dites-moi si son rapport a été bien accueilli en Angleterre. Il me semble content de la situation financière, et je crois qu'il

Î64 LETTRES A M. TANIZZI

a obtenu tout ce qu'il demandait, c'est-à-dire un-peu pkis qu'il n'espérait.

"Adieu, mon cher Panizzi ; je vous souhaite une bonne année. Ces dames me chargent de toutes-leurs amitiés.

LXYIII

Cannes, "i janvier 18G6.

Mon cher Panizzi,

Âvez-vous vu le grand incendie de Suinte-Katharinà's docks de votre observatoire? Je me rappelle toutes les vanteries du capitaine Shaw au sujet de ses machines à vapeur, et je vois qu'il a fallu deux jours pour venir à bout de ce feu-là ! Si vous le voyez, faites-lui mes com­pliments de n'y avoir pas été asphyxié. Je vois, dans les journaux, qu'il a failli y laisser le moule du pourpoint.

Je suis très en peine des affaires d'Espagne. On fait à O'Donnell précisément ce qu'il a fait. Toute la question est de savoir si l'armée ou la ma­jorité de l'armée restera fidèle. Dans l'hypothèse de la-négative, tenez pour assuré qu'il y aura

LETTRES A M. PANIZZI l'65

de l'autre côté des Pyrénées, ou une république ou quelque anarchie d'à peu près même farine, dont le voisinage ne nous sera nullement bon. Si Prim est pincé et fusillé, comme il le mérite, cela donnera quelques années de plus à l'inno­cente Isabelle.



Adieu, mon cher Panizzi ; ces dames me char­gent de tous leurs compliments et souhaits pour vous. Nous avons un temps magnifique, et un soleil comme on n'en voit à Londres qu'à l'Opéra.

LXIX

Cannes, 24 janvier 1806.

Mon cher Panizzi,

Je me demande si, devant un nouveau Par­lement, où M. Gladstone sera plus libre, et pro­bablement plus écouté que jamais, la réorgani­sation logique des établissements scientifiques •et artistiques n'a pas de grandes chances de succès. Yotre retraite, annoncée elle-même, fournirait un argument;" car on ne pourrait pas

166 LETTRES A M. l'AXlZZI

dire que le nouveau système (dont vous ne pou­vez manquer d'avoir la responsabilité avec l'honneur de l'invention) a été inventé pour un but personnel. C'est là ce qui, chez nous, et chez vous aussi, je pense, met les députés en ' soupçon, et les indispose contre les meilleures mesures. Votre finale serait admirable et je serais le premier à vous exhorter à patienter le temps qu'il faudrait pour assurer le succès. Je serais d'un tout autre avis s'il ne s'agissait que de conduire la vieille machine selon les vieux er­rements. Par malheur, tout cela est subor­donné au succès du nouveau cabinet, succès problématique, disent bien des gens. Quoi qu'il arrive, je vous conseille de bien considérer, qaid valeant humeri, quid ferre récusent, et de ne pas vous échiner par dévouement.

Je suis bien fâché de la mort de mistress Newton. C'est une vraie perte pour l'archéologie. Lorsque vous en trouverez l'occasion, dites un mot de ma part à Newton. Je ne lui ai pas écrit parce que je n'ai pas pensé qu'il se souciât beaucoup de mes compliments de condoléance, et que je suis fort maladroit à tourner de pareilles banalités.

LETTRES A M. TANIZZI 167

Yoilà notre session commencée. Je suis assez content du discours du trône, qui, sur les points les plus importants, fait des promesses excel­lentes. L'empereur paraît s'appliquer à donner satisfaction aux besoins réels et à concéder les libertés pratiques, tout en se défendant des gran­des concessions théoriques que réclame l'opposi­tion et pour lesquelles, suivant moi, le pays n'est encore que fort mal préparé. Je ne crois pas qu'en France la liberté de la presse, telle qu'elle existe en Angleterre, puisse être établie sans qu'elle mène forcément à une révolution. Il n'y a pas en France, et il n'y aura pas de longtemps, des ju­rys assez courageux pour condamner nos fenians. D'un autre côté, quand on lit nos journaux, on peut se demander si, en fait, la liberté de la presse n'existe pas! Tout homme sachant écrire, et ayant fait un cours de rhétorique, trouvera toujours le moyen de dire tout ce qui lui sem­blera bon ; les restrictions de la presse ne s'appliquent, en effet, qu'aux gens grossiers ou aux bêtes, dont il me paraît fort inutile d'en­courager les velléités littéraires. J'ai vu lord Brôugharn ces jours passés. Il est


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