Autonomie et expérience Mémoire de Hatha Yoga écrit par Marie Saurat juin 2011


La poésie comme forme de ce qui est



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La poésie comme forme de ce qui est


Citons ici Frédéric Mistral :

«Donne-nous la poésie qu’elle nous donne tout ce qui vit. Donne nous la L’Ambroisie  car c’est la langue des forts. Celle qui donne à ceux qui ont la force l’effort d’aller plus loin. Donne-nous la connaissance du vrai et du beau car c’est elle la réjouissance du vrai du beau qui nous fait sortir du tombeau. »

La poésie, ne décrit pas, n’analyse pas, elle essaye de rendre compte de ce qui est là, le visible et l’invisible. Ce qui est de l’ordre de la surface des choses mais aussi ce qui est En les choses, ce qui les anime, ce qui les rapproche, les oppose… La part non visible mais néanmoins présente et perceptible. Ce qui est de l’ordre intime et personnel, cette expérience que nous pouvons chacun faire et ne pas forcement partager, C’est ce que j’appelle en cours de yoga l’expérience du germe de vie en chacun de nous, cet élan vital que l’on ressent. C’est au niveau du microcosme de nos cellules et molécules même, comme le dit Swami Veetamohananda.



« A quoi aspirons-nous ?

Qu’est-ce qui pousse ce désir ardent ? » Pina Bausch (danseuse, chorégraphe 1940-2009).

Car la poésie, l’expression artistique, on peut en faire une expérience universelle. Ce qui peut se dire avec des mots, des sonorités, des signes qui peut se partager avec autrui. C’est certainement au niveau du partage de quelque chose de beaucoup plus « humain » et d’en même temps beaucoup plus vaste et universel. C’est à ce niveau là une expérience du macrocosme. C’est cette force là qui est comprise dans l’art, dans tous les arts, et qui fait que l’on est touché par delà les cultures, les clés de compréhensions n’ont pas besoin d’être livrées avec le véhicule. L’expression même et la réception du spectateur par le simple canal de nos sens est suffisante au transport. Pour comprendre l’art, il vaut mieux désapprendre tout ce que nous avons appris jusqu’alors et être en présence d’une œuvre.



« De toutes nos machines réunies, de toutes nos routes kilométrées, de tous nos tonnages accumulés, de tous nos avions juxtaposés, de nos règlements, de nos conditionnements, on ne saurait réussir le moindre sentiment. Cela est d’un autre ordre, et réel, infiniment plus élevé. De toutes vos pensées fabriquées, de tous vos concepts triés, de toutes vos démarches concertées, ne saurait résulter le moindre frisson de civilisation vraie. Cela est d’un autre ordre, et réel, et infiniment plus élevé et sur-rationnel.

Les vraies civilisations sont des saisissements poétiques : saisissement des étoiles, du soleil, de la plante, de l’animal, saisissement du globe rond, de la pluie, de la lumière, des nombres, saisissement de la vie, saisissement de la mort.
La vraie manifestation de la civilisation est le mythe.
Dans l’état actuel des choses, le seul refuge avoué de l’esprit mythique


est la poésie.
Et la poésie est insurrection contre la société parce que dévotion au mythe déserté ou éloigné ou oblitéré…
Seul l’esprit poétique corrode et bâtit, retranche et vivifie. »

Aimé Césaire, Appel au magicien. Mai 44 en Haïti

Toutes ces pratiques de tradition orale, ces transmissions plurimillénaires qui fondent nos civilisations. La mythologie est la base de notre culture, qu’elle soit indienne, française ou de tout autre pays : le conte, la poésie, le yoga sont sacrés. D’un conteur, je tiens cette belle définition du sacré que je fais mienne : « Le sacré c’est ce à quoi on ne peut rien retirer et rien ajouter ». C’est bien la définition de l’art de l’instant de tradition et de transmission orale, chant, toute forme d’art qui s’offre et se reçoit dans un même instant de communion.

En cela le Mahabaratha, et particulièrement les Upanishads de la Bagavadgita, font appel à la poésie pour nous frapper de leurs images. Dans le XIème chapitre versets 1 à 55, le Béni Krishna montre à Arjuna sa forme suprême, ce dernier décrit ce qu’il voit :



Je te vois,
Auréolé d’une immense lumière,
Resplendir de tous le feux du soleil,
Impénétrable au regard ordinaire et incommensurable :
Tu es coiffé d’un diadème, tu brandis la massue et le disque.[17]


C’est toi l’objet de tous les savoirs,
l’absolu, toi aussi. […18]


Toi qui n’as ni origine ni durée ni fin, je te contemple,
déployant ton inépuisable vigueur :
tes bras sont en nombre infini,
tes yeux resplendissent comme la lune et le soleil ;


Ta bouche est un feu flamboyant ;
Ton ardeur naturelle donne au monde toute sa chaleur.[19]


Car tu le déploies dans toutes les directions de l’espace, entre le ciel et la terre
Devant ce spectacle de ta forme merveilleuse et terrible, ô dieu immense, les trois mondes sont remplis de frayeur. [20]

Je finirai ce passage sur la poésie par un poème que je vous livre humblement avec beaucoup de plaisir…



A Aimé Césaire

Ce palanquin de l’aube, sombre et vicié, flottant, flanqué de mille et une constellations tournoyantes dérive sur les flots impeccablement calmes.
Ce pilori abyssal des agonies de phasmes, écartèlement de chairs, rougeoiements des embrasements sauvages s’éloigne de ce continent femme.
Cette salope sensuelle, géante opulente génitrice et matrice de son peuple repose telle Vénus abasourdie de charmes.
Caverne d’une culture, orpheline de son âme, témoin de ses petits déchirés de torpeur et d’effroi.
Elle regarde déchue, cet enfant qui s’éloigne


Celui qui, enfin calme, résonne de tous ces cris, toutes ces images, ces danses d’un effroyable tableau immaculé de sang. Irriguant les sillons des oasis stellaires.
La terre brûle et elle pleure cette divine apparition, ce souvenir, cette trace cet ami ce père cet amant.
Doucement glisse inexorablement
Il nous quitte et nous empli l’espace tout entier, le monde réuni de l’eau et de l’éther.
Il ne se dissipe pas, il ne coulera pas, il ne perdra pas une once de son esprit
Il nous envahit et nous empli d’une force
Celle de nous lever
De combattre et de vaincre
Nos propres peurs
Nos fantômes
Nos spectres
Et de devenir soi
de trouver cette force


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