Les diasporas grecques du viiième siècle à la fin du iiième siècle avant J. C.



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C) Taxes
On connaît bien la question des taxes aux époques classiques et hellénistique, beaucoup moins à l'époque archaïque, si bien que certains historiens ont prétendu qu'il n'y en avait pas. Aujourd'hui, on s'interroge et on a peut-être quelques argument en faveur de l'idée des taxes. Carmine Ampolo développe cette idée en 1994 en s'appuyant sur un passage de Strabon. Pour Strabon, les cités d'où sont partis les Grecs, comme Corinthe, au VIe siècle, auraient mis en place des taxes sur les marchandises qui transitaient par leur port et le passage qui relie la mer Égée au Golfe de Corinthe.

Une inscription trouvée sur la côte sud de la Propontide, dans la mer de Marmara, à Cyzique. Les habitants grecs de Cyzique percevaient des taxes sur les marchandises qui transitaient par la Propontide. Ce que l'on croit savoir, mais on est pas sûr, c'est que les bateaux qui faisaient escale dans un port, un emporion, devaient sans doute s'acquitter de droits en nature.

Ceci ajouterait un élément dans la définition problématique de l'Emporion : il serait un établissement dans lequel on commerce et où se met en place une fiscalité.

II) La figure du commerçant maritime
Les Phéniciens passaient à juste titre aux yeux des Grecs de la diaspora ou des métropoles pour des commerçants habiles (cf. doc1 du TD). Maintenant, peut-on dire qu'Homère méprisait les Phéniciens parce qu'ils se livraient au commerce et à la piraterie ?

La tradition scolaire et universitaire répond oui. Finley, Vidal-Nacquet appuient cette vision.

Or, cette vision est contestée. Mark Peacock, « Rehabilitating Homer's Phoenicians », 2011. Ce mépris est plutôt un point de vue moderne, qui relève d'une mauvaise compréhension de l'Odyssée. On a ainsi 2 passages où les Phéniciens n'ont pas bonne presse  : la scène d'Eumée, le porcher et en Egypte. Mais on a deux autres passages qui font l'éloge des marins phéniciens. On a ainsi un passage qui évoque les bonnes relations entretenues par Ménélas le roi de Sparte et le roi de Sidon en Phénicie. Il n'y a pas d'argument décisif en faveur d'un dédain. En outre, même le récit d'Eumée n'est pas particulièrement à charge contre les Phéniciens : la piraterie, la capture et la vente d'esclaves n'était pas l'apanage des Phéniciens mais étaient pratiqué par tous les peuples marins, y compris les Grecs. Ainsi, ce sont les Taphiens de Taphos qui avaient capturé la nourrice du jeune Eumée dans le récit.

Francis Bourriot, « La considération accordée aux marins dans l'Antiquité grecque : époque archaïque et classique », Revue d'histoire économique et sociale, 1972. Article-synthèse sur la vision des marins de l'époque archaïque. Il n'est pas facile à définir car il n'y a pas de marin professionnel, pas de groupe homogène chez les Grecs archaïques. Il n'y a pas non plus avant le VIe siècle de marine de guerre. Il faut attendre la fin de l'époque archaïque pour voir les cités se doter de ces grandes flottes de guerre.

Dans la Grèce archaïque, n'importe qui pouvait se trouver un jour ou l'autre marin pour toute sorte de raisons ce qui interdit un jugement de valeur générale portée sur les marins. Le bon père de famille et le brigand du coin peuvent se retrouver marin sur le même bateau. On note cependant l'existence d'un type de marin particulier, les pirates. S'ils ont été acceptés au début, car c'était une activité plus ou moins noble de travailler pour la cité (à la manière d'un corsaire), cette piraterie a fini par envenimer les relation entre les partenaires commerciaux.

On voit de grandes cités exportatrices marchandes comme Corinthe s'attaquer au pirates pour protéger leurs exportations. Evolution donc de l'image du pirate.


L'image du commerçant grec dans l'emporion. Cette image est très variable. Elle n'est pas toujours favorable et quand on regarde ce que pouvait écrire des philosophe comme Platon, qui, dans les Lois, dénonçait les risques engendrés par un port de commerce ou un emporion pour la cité à cause du mélange de diverses populations présentes dans les emporia. Quand un grec s'installe dans un emporion, il risque d'être mêlé à des population qui, horreur, ne sont pas grecques, et cela ne peut que le faire dégénérer. C'est pourquoi les philosophes voulaient créer des cités pas trop loin de la mer, mais pas trop près non plus.
Les marchands enrichis par le commerce. C'est le critère de la fortune qui peu à peu à l'époque archaïque l'emporte sur le critère de la naissance. Dans la cité archaïque, ce sont les grandes familles qui dirigent selon un mode oligarchique ou aristocratique : ce qui compte c'est l'eugenia, la bonne naissance. Mais quand les Grecs commencent à se disséminer, à partir en diaspora, pour commercer et échanger, ces Grecs peuvent s'enrichir. Eux-mêmes dans leur comptoir, ceux qui sont restés dans la cité et qui commercent avec eux également. Émerge une catégorie de marchand riche. Ces princes marchands ne sont pas forcément issus des grandes familles : ils vont constituer, au risque d’anachronisme, une sorte de bourgeoisie d'affaire et vont demander des droits politiques.
Il y a donc des bouleversements socio- économiques avec deux types d'élites dans la cité grecque : des élites héréditaires et des élites marchandes.
III) Les marchandises échangées
A) Difficulté de méthode
On peut avoir une connaissance limité du type de marchandises transportées grâce à la fouille des épaves. Hors, nous sommes confronté à un problème aujourd'hui : beaucoup étaient périssables.

Autre difficulté : on ne sait pas forcément d'où venait tel ou tel navire : le point de départ du navire ne correspond pas forcément à son lieu de construction : on est assez limité pour dire qu'il y avait dans telle zone une construction navale associée à une route commerciale.

On ne sait pas non plus où allait le navire retrouvé en tant qu'épave. On ne sait pas qui le pilotait. La grande erreur souvent commise est de croire que si un navire transportait des produits grecs, le navire était grec : FAUX ! Un navire étrusque peut transporter des produits grecs.

On ne sait pratiquement rien d'une hypothétique flotte étrusque de commerce. Quelques épaves mais pas assez de renseignement pour être précis. Cela signifiait-il que les étrusques embarquaient leurs produits sur des navires étrangers ? Cette question reste posée. D'autre part, selon A.J. Graham, en 1989, de nombreux témoignages font dire que les Phéniciens transportaient régulièrement de la poterie grecque au VIIIe siècle.

Il est très probable aussi que ces Phéniciens aient transporté de l'huile attique vers l'Espagne au début de l'époque archaïque (IXe/VIIIe). Le navire naufragé du Giglio (VIe siècle, pas le Concordia...) transportait du vin ou des olives dans des amphores aussi bien grecques qu'étrusques. On a retrouvé aussi des coupes ioniennes et de petits vases grecs en provenance de Corinthe, du métal, sous forme de lingot, et même un casque Corinthien dans cette épave. C'est ce qui nous autorise à parler de cargaison hétérogène non seulement pour la nature mais également pour la provenance des biens.
On est très peu renseigné sur le fret de retour. Un navire partait plein mais au retour il devait également être plein, pour deux raisons. Commerciales (double-bénéfice en revenant le ventre chargé) et technique : il faut un certain poids en cale pour que le bateau soit stable sur l'eau.
B) Les produits échangés
Nous avons des courants d'échange est-ouest qui transitent par Chypre, île riche en métaux. Parmi les denrées retrouvées, le vin (cf. études de Michel Gras). Les acteurs du commerce du vin sont des orientaux (phéniciens), étrusques et Grecs. Ce n'est qu'au cours du VIe siècle que les Grecs de Marseille ou de Corinthe interviennent à la première place dans le commerce du vin en Occident et également dans le commerce de l'huile. Pour l'huile et le vin, des études intéressantes de Jean-Pierre Brun.

L'huile est un produit omniprésent dans la culture grecque : consommation, culte, sportifs, éclairage. L'olivier est un arbre sacré. L'huile était plutôt consommée sur place. Donc moins exportée que le vin. A ce propos, un débat a surgit en ce qui concerne les amphores de Corinthe (de types A) et d'Attique (de type SOS). Ces amphores ont été retrouvée en quantité en Sicile et datent du VIIe et VIe. Pendant longtemps, on a cru qu'elle transportait de l'huile. Aujourd'hui on pense que c'est du vin. Qu'est ce qui permet à l'archéologue aujourd'hui de distinguer ? La poix, cette résine produite par distillation. Une amphore était enduite de poix (amphore poissée) sur sa face interne pour le transport du vin, pas pour l'huile. Le problème est qu'aujourd'hui il est très difficile de déceler la trace de poix à l'intérieur de l'amphore. Ce qui paraît sur pour d'autres sources, c'est que Corinthe exportait du vin. Quand une cité grecque exportait de l'huile, elle le faisait dans des récipients plus petits (aryballes, alabastres). Ces huiles exportées dans de petits récipients étaient des huiles parfumées qui provenaient de l'orient et qui circulaient vers l'ouest. Ces huiles parfumées étaient constituée d'une base à quoi on ajoutait des produits exotiques comme l'encens ou bien de la myrrhe ou de la Cinnamome. La possession de telles huiles parfumées vers les peuples d'outre-mer était un marqueur social, en raison des coûts élevés.

Parmi les autres marchandises, les métaux sous forme de lingots : l'étain, le cuivre. Les bateaux transportaient des matières premières brutes et non pas des objets finis : on craignait pirates et naufrages. Les matières premières étaient donc ouvragées sur place, dans les colonies ou par des indigènes (parfois avec une influence grecque).

Les échanges ont été nombreux dans tout le bassin méditerranéen. Par exemple, les Grecs exportaient vers les Étrusques des produits typiquement Grecs. En échange, les Grecs importaient de ces régions du sel. On dit aussi que les Grec échangeaient en Gaule des amphores de vin contre des esclaves gaulois.


Pour conclure, nous sommes à l'époque archaïque dans une époque de création de très nombreux relais maritimes ou commerciaux. L'emporion recouvre diverses réalités et endosse plusieurs statuts. Il est donc difficile voir impossible de le définir de façon unie.

Quand au marchand grec d'outre-mer, il peut être décrié, plus ou moins méprisé. Mais le marchand peut être aussi célébré, apprécié : on a besoin du marchand pour ses échanges. Les cité, malgré leur idéal d'autarcie, échangent un certain nombre de produits.

Il y a donc une multiplicité de point de vue aussi bien chez l'emporion que chez l'emporos.
Chapitre V : Grecs, Phéniciens, Étrusques et populations indigènes.

Introduction
Les Grecs ne sont pas les seuls ni même les premiers à avoir migré en Méditerranée. Il faut tenir compte des Phéniciens, Étrusques, et de toutes les populations locales qu'ils ont rencontré et avec lesquelles ils ont souvent cohabité ou qu'ils ont pu combattre.

I) La question des Eubéens
Ce sont les premiers Grecs qui ont migré, mais on pourrait parler des Corinthiens, des Phocéens, des Milésiens.

A) La géographie
Situation très favorable car parfaitement orienté N/S et E/O. L'Eubée est ouverte au nord vers le nord du bassin Égéen : Thrace et Macédoine.

Le sud de l'Eubée est également intéressant sur le plan des migrations car s'ouvre sur les Cyclades, autant de points en mer Égée qui permettent aux navigateurs de faire escale.

Vers l'est, l'Eubée est tournée vers la partie nord des Cyclades et à partir de l'Eubée s'ouvre une route maritime qui conduit à l'est de l'Egée voir jusqu'à Chypre.

Le seul problème est le côté occidental de l'Eubée. Analyse de David Ridgway, Les premiers Grecs d'Occident, 1992. Il fait remarquer que partir vers l'ouest depuis l'Eubée n'est pas facile car il faut passer par le Cap Malée après avoir longé le sud de la Grèce, à moins d'entretenir de bonnes relations avec Corinthe. Or, c'est ce qu'il s'est passé.


L'île d'Eubée est relativement grande : 180x50km environ.

En outre, on a la présences de ressources naturelles. Il y a des plaines et l'Eubée est ainsi favorable à l'élevage et agriculture.

On a des montagnes, des forêts, ce qui permet de construire des navires. Le bois est intéressant non seulement pour la flotte mais également pour la métallurgie (le feu). Il y a durant l'époque des âges obscurs des ateliers sur l'île d'Eubée.

L'Eubée est riche en mines : cuivre, fer. Chalcis signifie d'ailleurs le cuivre en grec (comme Chypre).

Entre la fin de l'époque mycénienne (1100) et le VIIIe siècle, l'Eubée est très prospère. Mais on a pas de traces écrites, seulement archéologiques. Mais ces preuves archéologiques semblent suffisantes.
B) Les villes d'Eubée.
On retient Chalcis et Érétrie. Il y a d'autres bourgades à l'est de l'Eubée, Cumes (Kymi). Parfois, quand on lit Cumes, on ne sait pas si c'est Cumes d'Eubée ou Kymé d'Asie Mineure, sans parler de la Cumes d'Italie.

Chalcis est la plus ancienne. C'est un site mycénien. Alors qu'Éretrie date du IXe siècle.


Lefkandi : Quel rapport pouvons nous établir entre Éretrie et Lefkandi ?

Il se peut que Lefkandi soit un ancien site sur lequel s'est développé, entre 800 et 700, la ville d'Éretrie. Ce site a été fouillé par les Grecs et les Anglais. Les archéologues ont fait apparaître une très grande production métallurgique de bronze. On a trouvé le fameux bâtiment protogéométrique de l'an 1000 qui serait un sanctuaire dédié au héros (Heroon). Ce bâtiment marquerait « le passage de la maison d'un prince à celle d'un Dieu ».

C'est un bâtiment de 50m de long sur 13,5 de large, terminé par une abside avec une colonnade axiale qui supporte un toit bi-pente. A l'intérieur de ce bâtiment, une tombe avec deux chambres mortuaires, l'une comprenait 4 chevaux qui ont été inhumés avec le corps princier ou royal. Ces chevaux sont des marqueurs de la richesse de la tombe du défunt. Dans l'autre chambre, des ossements calcinés, qu'on surnomme le guerrier de Lefkandi ou le guerrier de Toumba. Ce guerrier est accompagné dans la mort par une femme. On ne sait pas qui elle est : sa femme morte naturellement et on l'a ensuite inhumée près de lui ? Rite de la mort d'accompagnement ? On a ce type de rite dans l'Iliade.
Vers 720 éclate la Guerre lélantine entre Chalcis et Érétrie, guerre qui a pu servir de modèle direct pour Homère dans sa présentation de la guerre de Troie. Juste après, Lefkandi périclite : deux raisons pour cela. La première, la guerre, qui a pu appauvrir Lefkandi. Deuxième raison, le départ de nombreux Eubéens, originaires de Lefkandi, pour l'outre-mer.
C) La diaspora eubéenne
Les Eubéens sont rentrés très tôt avec les peuples d'Orient. Par exemple, on a trouvé dans les tombes d'Eubée du mobilier syro-palestinien du XIe siècle.

Les Eubéens se sont installés de leur côté en petit nombre dans la localité d'Al-Mina, au Liban actuel. Ils se sont installés aussi à Chypre. A ce sujet, on s'est demandé pourquoi des coupes qui sont typiquement eubéennes, des skyphoi (un skyphos, à demi-cercles pendants), se sont retrouvées dans toute la région d'Al-Mina, au Levant et à Chypre. Ont-elle été des contenants pour l'exportation de porduits eubéens ? Non, car les coupes sont ouverte. Il s'agirait plutôt d'une vaisselle qui prouve, par son usage quotidien ou rituel, que des Eubéens étaient installés un peu partout dans des régions orientales. Mais installations de type plutôt individuel, on est pas dans le cadre de la colonisation.


II) Les Grecs d'avant la colonisation (Crétois, Mycéniens), les Phéniciens et les Étrusques
Les Crétois sont-ils des Grecs ? Oui car peuplés par des Doriens, qui dès 1100 sont considérés comme Grecs.
A) Les crétois et les Mycéniens
Ils avaient déjà parcouru la mer méditerranée. Exemple, une des plus ancienne épave fouillé, l'épave d'Uluburun, qui se trouve juste en face de l'île de Rhodes, près des côtes anatoliennes. Cette épave date de 1300 avant J-C et est l'épave d'un bateau marchand qui reliait la Crète et l'Asie mineure. La cargaison de cette épave a été répertoriée : 10 tonnes d'or en lingot, du cuivre, du murex, de l'ivoire, du verre, de la résine (parfum) des épices, des épées, des épées mycéniens et syriennes, des instruments de musique et de l'ambre de la Baltique. On a affaire à une cargaison hétérogène et ce sont les crétois qui assurent ce commerce.

Une telle cargaison est la preuve de l'intensité des échanges à cette époque, fait des Crétois ET des Mycéniens. Les Crétois avaient établi une thalassocratie vers 1600, puis les Mycéniens ont pris le dessus vers 1400.

Les Crétois pratiquent le commerce entre l'Égypte, les Cyclades, la Syrie, l'Adriatique et l'Espagne. Partout sauf vers le nord donc. Et encore, si on considère les Cyclades. On connaît ces navires de commerce phéniciens et/ou crétois, non seulement par les épaves mais également par les fresques. Sur l'île de Théra, il y a de superbes fresques représentant les activités marchandes des Crétois.
On peut ajouter le cas des peuples de la mer, qui font qu'on ne peut pas dire du tout que les Grecs ont été les premier à entrer en contact avec les autres peuples.
B) Les Phéniciens en méditerranée
Avant Homère, dès 1100, les Phéniciens avaient parcouru la Méditerranée et tracé des routes commerciales. Cette période (1100/750) est très faste pour les Phéniciens qui partent de localités comme Tyr ou Sidon pour commercer.

Vers 750, les choses se compliquent pour eux, en proie à des difficultés militaires et guerrières face aux Assyriens, puis face aux Perses et aux Gréco-macédoniens. Les phéniciens reculent un peu dans leur zone de commerce. Cela d'autant plus que les Grecs se mettent eux vers 750 à s'installer sur les côtes de la Méditerranée. Les phéniciens de Tyr et de Sidon ne sont pas le seuls.

Il y a en orient des régions comme Israël qui ont leurs propres comptoirs et intérêts commerciaux.

Durant la période faste des Phéniciens, on observe la fondation de comptoirs de commerce phéniciens comme Cadix (Gadès) ou Carthage (814 traditionnellement, 780/750 plutôt). Ces phéniciens transportaient le plus souvent des produits de luxe (parfum, verre, etc.) qui partent de l'est à destination de l'occident, et notamment des côtes atlantiques du Maroc. Les phéniciens ont donc déjà franchi les colonnes d'Hercule.

Ces Phéniciens dans leur parcours est-ouest avaient des bases : Chypre (on le voit dans l'exil de Didon), puis la Crète, où ils établissent très largement des contacts avec les populations grecques en Crète.

Ces contacts entre Grecs et Phéniciens auront des répercussions directes sur l'urbanisme des colonies grecques et sur ce plan urbanistique orthogonal, dont on a cru pendant longtemps qu'il était une invention des Grecs (Hippodamos). Ce plan serait plutôt une tradition observée avant dans les Pays du Levant.


C) Le rôle des cités étrusques dans la diaspora grecque.
Connaître Tarquinia ou Caere. Cf. Michel Gras, Le commerce maritime étrusque, 1985.
On connaît mal l'état de la flotte étrusque. C'est un peuple dont on ignore l'origine géographique, mais dont on sait qu'ils sont installé dans le nord de l'Italie avec la civilisation villanovienne au début du premier millénaire BC.

Ce peuple a commercé avec la Gaule en exportant du vin. Cette exportation est régulière, abondante, jusque dans les premières décennies du VIe siècle. Les Étrusques exportent d'autres produits : objets métalliques, céramique, et parmi celle-ci, il faut connaître le nom d'une céramique foncée, le bucchero. C'est une terre cuite noircie lors de sa cuisson, en ajoutant des cendres à la terre. Ces vases sont des vases très délicats et fins, jusqu'au VIIe siècle, puis ensuite la tradition du bucchero change et les parois sont plus épaisses. Parmi les types de céramique étrusque que l'on trouve en abondance dans les colonies ou comptoirs grecs, le Canthare, vase rituel avec de très grandes hanses.

Ce canthare a été adopté, utilisé par les Grecs, ce qui signale au passage une perméabilité des cultures. On le trouve dans des colonies grecque de Sicile ou de Sardaigne, mais aussi chez les Carthaginois. Les Étrusques étaient donc déjà un peuple marchand qui exportait de l'autre côté de la méditerranée. On a trouvé des traces de cette céramique étrusque en mer Égée, selon une direction opposée à celle des Phéniciens. Ce qui pour Michel Gras permet de formuler l'hypothèse que les Étrusques fréquentaient régulièrement la Méditerranée orientale.
D) Les rapports entre Grecs, Phéniciens et Étrusques

Selon John Boardman (Les Grecs outre-mer), il est difficile de dire si les Grecs ont précédé ou non les Phéniciens en occident. La réponse la plus prudente est de dire que les diaspora, comptoirs, colonies grecs ou phéniciennes sont simultanées, contemporaines. Avec cependant deux objectifs différents.

Pour les Phénciens, ce qui compte ce sont les ports et les routes commerciales. Pour les Grecs, on a aussi la recherche de sites et plaines agricoles. Les Phéniciens s'installent en occident (Espagne, Carthage) ou sur l'ouest de la Sicile (punico-phéniciens)

Les étrusques ont eux été très réceptifs à la culture grecque, peut-être plus que les Phéniciens. Ils ont empruntés aux Grecs leur alphabet. On a des traces de mariages gréco-étrusques. Exemple, un témoignage épigraphique en Sicile, à Sélinonte, fait état de la présence d'une femme étrusque parmi la colonie grecque. Autre exemple à Megara Hyblaea, dans une nécropole, on a retrouvé un mobilier en partie grec, en partie étrusque. La présence de ce mobilier mixte signifierait qu'on a affaire à une tombe/nécropole mixte, avec un colon grec et une femme d'origine étrusque.

On a aussi en Italie la production de certains artisans indigènes, étrusques, qui fabriquent des broches, des agrafes, des fibules, qui sont de forme grecque mais de fabrication étrusque. Cela peut signifier aussi que les artisans italiens se sont adaptés à la demande qui devient mixte.

Ces bonnes relations ont permis l'installation, sans doute au VIe siècle, de commerçants grecs dans le port de commerce de Gravisca, qui sont non seulement tolérés mais surtout bien accueillis.

Assez vite cependant, les conflits entres Grecs, Phéniciens et Étrusques vont se multiplier, et les casus belli également. On a par exemple au VIe siècle des conflits territoriaux en Sicile, les Grecs voulant s'installer dans l'ouest, où se trouvent les intérêts phéniciens. Ceux-ci refusent l'accès aux grecs => Guerre.

Autre motif de guerre, la pratique de la piraterie et du pillage par les Phocéens a irrité les Punico-phéniciens et Étrusques, d'où la coalition qui se forme contre ces phocéen d'Alalia. A l'issue de cette bataille d'Alalia, les Grecs, en 540, ont perdu non seulement la majorité de leur flotte mais également des territoires en Corse, qui passe sous contrôle étrusque. Idem pour la Sardaigne, qui passe sous domination punique. Les Grecs ne sont pas gagnants du tout au VIe siècle.

Un épisode qui peut illustrer les difficultés de ces colons est celui de Dorieus, fils d'un roi de Sparte (cité dorienne), parti pour fonder une colonie en Afrique, ou il a été repoussé par les Punico-phéniciens. Il se rabat sur la Sicile, où il veut fonder une colonie spartiate. Là encore, il est repoussé par les Phéniciens. C'est un double-échec.

Les conflits entre phéniciens, étrusques et grecs continuent après 540. A Cumes, deux batailles. L'une en 524, l'autre en 474. Ces batailles voient cette fois la victoire des Grecs.

Il y a aussi en 480 une bataille devenue célèbre à cause d'une propagande grecque. Bataille d'Himère, sur la côte nord de la Sicile. Gélon, tyran grec de Syracuse, y a remporté une bataille sur les Phéniciens, bataille mise en parallèle avec celle de Salamine, qui aurait été remportée le même jour. Cette victoire a été célébrée dans la propagande comme la victoire des colons grecs d'occident face aux Carthaginois. Au contraire, on a tendance a penser aujourd'hui que les Carthaginois n'auraient pas été des belligérants déclarés mais n'auraient fait qu'intervenir dans un conflit qui opposait les cités grecques les unes au autres (Syracuse vs d'autres cités grecques de Sicile)

Au Ve siècle, les étrusques ont perdu leur rôle commercial en méditerranée selon un déclin assez progressif qui peut se dérouler en deux temps. Vers 550, les Grecs ont fondé Alalia. Cette colonie a porté un coup à la domination économique et commerciale des étrusque. Deuxième élément, la « révolution romaine » de 509, qui met dehors les rois étrusques à Rome. Cela ouvre la voie à une « présence » grecque plus importante dans le sud de l'Italie et en Sicile notamment.


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