Les diasporas grecques du viiième siècle à la fin du iiième siècle avant J. C.


III) Les relations grecques/indigènes



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III) Les relations grecques/indigènes

A) Des relations variables
Les relations entre grecs et populations locales s'évaluent selon l'existence ou non de fortifications dans les colonies. Une colonie qui dure dans le temps sans avoir de remparts a dû entretenir de bonnes relations avec les populations locales. C'est le cas de Megara Hybalea. On sait en revanche que beaucoup de colonies ont du s'entourer de remparts. Exemple, Siris, ou bien Leontinoi. C'est le cas également des Phocéens en Gaule avec la construction systématique de remparts, qui non seulement protègent la population des colons et des marchands, mais qui traduisent sur le terrain l'opposition qui existe entre deux mondes, le monde des Grecs et le monde des Gaulois que beaucoup d'auteurs Grecs et Romain (Sénèque) ont traité de population barbares, sauvages, cruelles.

Lorsqu'il n'y a pas de remparts, les relations sont bonnes. Les Grecs et locaux entretiennent un modus vivendi, surtout quand les uns et les autres y trouvent leur compte. Les indigènes profitent de l'établissement commercial des Grecs. C'est vrai en occident ainsi que sur les bords de la mer noire avec les Scythes et, dans une moindre mesure, les Thraces. Ils peuvent également faire appel à aux Grecs quand des conflits les opposent avec d'autres natifs. De leurs côtés, les Grecs profitent des terres et des positions indigènes, et surtout des débouchés à l'intérieur des pays que leur ouvre ces mêmes indigènes.

Cela a donné naissance à des récits plus ou moins mythiques ou enjolivés, récits de tous ces rois locaux qui proposent à ds Grecs de s'installer sur leur terre, voire d'épouser une fille de sang royal pour donner naissance à une lignée métissée. Pour l'octroi de terre, octroi avec toutes les réserves vu en TD sur les Phocéens (usufruit plutôt). On a l’exemple de Tartessos, celui du roi des Segobriges à Marseille, ou Latinus, qui propose sa fille en mariage à Énée.

Il y a aussi des relations très mauvaises. Nous les avons quand les Grecs se permettent d'asservir les populations locales. Ça a été le cas en Sicile, à Syracuse, ou les Grecs ont dominé et asservi les Killyriens. C'est le cas dans la Mer Noire avec les Mariandyniens.

Il y a même des cas, où les Grecs étaient contrôlés par les indigènes. Le cas le plus connu de comptoir de commerce où les Grecs sont dominés, contrôlés, c'est Naucratis. Les Grecs ne peuvent pas y faire ce qu'ils veulent. Ils sont en territoire étranger et on leur rappelle sans arrêt

Ces rapport bons ou mauvais évoluent. On s'appuie sur le cas d'Arles, largement étudié. C'est d'abord une position indigène. Des commerçants grecs viennent s'installer dans cette région du Rhône entre 600 et 550. Lorsque les commerçants grecs arrivent, ils dominent au moins sur le plan commercial les populations locales, tellement qu'ils finissent par imposer un nouveau nom à la localité, qu'ils baptisent Théliné.

Mais, deux ou trois siècles plus tard, les élites indigènes refuseront cette hellénisation de leur localité et redonneront le nom originel au site, Arélate. Cette localité verra à la fin du premier millénaire les Romains s'y installer et deviendra un site multiculturel (populations grecques, indigènes, romaines).
B) Une acculturation ou une mixité ?
Article de Philippe Boissinot, qui parle d'une acculturation spontanée. Cette acculturation (enrichissement d'une culture avec une autre culture) spontanée n'est donc pas commandée par les uns ou par les autres, elle se fait toute seule. Elle existe bel est bien, au moins au départ.

Pour aborder cette question, il faut abandonner le schéma rétrograde et réducteur du civilisateur/civilisé. Il n'y a pas un grec civilisateur et un indigène civilisé. Il y a des cultures différentes. Les choses sont extrêmement complexes et très emmêlées. Ce qui fait que Boissinot préfère parler de mini-réseaux de distribution. Ceux-ci mettent en rapport des Grecs avec d'autres Grecs ou bien des Grecs avec des indigènes, ou bien des indigènes avec d'autres indigènes. Ces mini-réseaux de distribution sont gérés aussi bien par des Grecs que des populations locales.

D'autre part, il faut avoir à l'esprit l'existence d'une véritable perméabilité entre les différentes cultures : lorsque les intérêts se rejoignent, on va être enclins à adopter certaines mœurs du peuple avec qui on est partenaire. Il n'y a pas de racisme ou de xénophobie.

Il faut aussi en finir avec l'ethno-centrisme grec. Dans la grande majorité des cas, ce qui compte ce sont les relations commerciales. Donc au lieu de parler aujourd'hui de grecs ou de barbares, ont parle de population mix-hellènes ou mixobarbares.

Un exemple de ces sociétés et celui de Glanum/Glanon. On le voit dans l'architecture, avec des motifs décoratifs locaux (représentation de têtes humaines ornées de colliers typiquement celtes, des torques), associées à des figures de dieux grecs où à des motifs empruntés à la mythologie grecque.

On a la même chose après lorsque les romains interviennent dans la Provincia, à Nîmes, avec la construction de la maison carrée. Ce temple est construit sur le modèle des temples romains, édifiés par des artisans locaux qui modifient un peu les plans romains pour ajouter leur touche de créativité locale.

On retrouve aussi cette mixité dans les religions.

Des cultes associent des noms de dieux grecs et des figures de dieux locaux, ou réciproquement. Ou même des noms de dieu grecs avec épiclèses indigène. Exemple, à Cyrène, un culte est consacré à Zeus Ammon. Idem chez les puniques, avec Baal Ammon.

Cette figure de Zeus Ammon se trouve aussi sur des monnaies de Cyrène frappée dès le VIe siècle.
La mixité est évidente mais parfois beaucoup plus lente et progressive que dans le cas de Cyrène. Emporion (Ampurias), a été selon Strabon (Livre III) un port marqué par un synœcisme qui n'a pas été évident. Au départ, les populations grecs et indigènes étaient séparées par un mur (en plus des murailles). Ce n'est qu'au cours de l'époque classique que ce mur saute pour aboutir à la réunion des peuples grecs et indigènes. Pourquoi cette évolution ? Les Grecs sont minoritaires à Emporion et ont dû au départ se protéger. Puis, cette minorité numérique les a obligé à négocier, à composer avec les populations locales qu'ils n'ont pas pu dominer, d'où cette entente dans l'intérêt des uns et des autres.

C) La question des mariages mixtes.
On a l'exemple des Ioniens qui avaient migré vers les côtes d'Asie mineure (Ionie) vers le XIe siècle. C'est Hérodote qui raconte cet épisode dans le livre I, chapitre 146. Lorsque les Ioniens sont partis vers l'est, arrivé sur place ils ont pris les femmes de Carie, malgré elles et malgré leurs familles, si bien qu'il y a eu tension entre Grecs et populations locales. Il n'empêche qu'au fur et à mesure des générations, on est arrivé à un peuplement mixte dans cette région, à une population gréco-carienne. Si on valide ce schéma, on doit conclure qu'il y a eu, avant la phase de colonisation ou de diapsora, des mariages nombreux entre Grec émigrés et femmes indigènes (puisqu'on est ici dans les cadre des migrations, pas de la colonisation proprement dite).

Pour la période qui nous concerne, les mariages mixtes sont attestés, sauf dans certains cas, comme à Naucratis. Pour ce qui est du VIe et Ve siècle, les mariages mixtes (épigamie) étaient interdits. Lorsqu'on parle de mariage mixte, c'est généralement UN grec avec UNE indigène. C'est très rarement une grecque avec un indigène. On a l'exemple de Démarate. Cet aristocrate de Corinthe migre en Étrurie et épouse une princesse de Tarquinia.

Ces mariages, sauf exceptions, on été couramment pratiqué au moins jusqu'au début de la colonisation, à un moment où les hommes Grecs partaient seuls fonder une colonie ou un comptoir. Pour les générations suivantes, il se peut qu'une cité envoie un contingent accompagné de femmes. C'est bien ce qui se passe à Cyrène ou les mariages sont courant entre Grecs et femmes libyennes. En Occident, Protis, fondateur de Marseille, se marie avec Gyptis, fille du roi ligure. Ce mariage est révélateur de ce qui pouvait se passer lors de la première phase de colonisation.

En même temps, ce type de mariage peut renvoyer à une pratique mycénienne et archaïque grecque, la pratique des mariages endogamiques, soit des mariages qui ont lieu dans les même couches sociales : les fondateurs d'une colonie sont généralement issues de l'aristocratie de la métropole (cf. Dorieus). Ils appartiennent donc à une élite. Les aristocrates des cités grecques pratiquaient l'endogamie.

A propos de Chypre, on sait par les fouilles de Salamine qu'il y a eu un mariage entre une Athénienne et un Salaminien, un Chypriote qui appartenait à la famille royale. Ce mariage a eu lieu au milieu du VIIIe siècle, entre 775 et 750. C'est un cas rarissime. C'est ans aucun doute ici un mariage diplomatique.

Cependant, à propos de l'archéologie funéraire, il faut bien avoir à l'esprit que tout n'est pas clair. Par exemple, on ne peut pas dire avec certitude qu'il y a dans les tombes grecques des femmes indigènes.

D'abord, il n'est pas facile aujourd'hui de déterminer si le défunt, à moitié calciné, était un homme ou une femme. Ce qui peut nous renseigner c'est la présence d'objets. Mais la présence d'objets féminins ne veut pas forcément dire qu'il y a dans la tombe la dépouilles d'une femme. Par exemple, les fibules servaient à accrocher les vêtements et étaient plutôt féminins. Mais lorsqu'elles sont travaillés, constituent des objets précieux, elles peuvent servie de marqueur social et un homme riche peut très bien avoir des fibules pour témoigner de sa richesse.

Un objet grec ne signifie en outre pas forcément que son possesseur était grec, et réciproquement avec les objets indigènes.


Conséquences de ces mariages : dans un article de 1983 tiré des actes du colloque de Cortone Modes de contacts et processus de transformation dans les sociétés anciennes, Luigi Gallo explique que les mariages entre Grecs et femmes indigènes ont provoqué des changement dans les mœurs grecques d'outre mers. On a sur ce même recueil un article de René Van Compernolle, « Femmes indigènes et colonisateurs ».

Pour ces deux auteurs, la présence de femmes indigènes parmi les colons Grecs a transformé les sociétés grecques ultra-marines. On le voit dans les pratiques quotidiennes, les objets dont on s'entoure, l'habitat, etc. Cela a fini par distinguer les grecs de la diaspora des Grecs des métropoles. Cela a pu distendre les rapports entre métropolitains et colons ou commerçants établis outre-mers (note personnelle : c'est exactement la même problématique que les croisés)


Conclusion :
Les Grecs ont du composer avec d'autres peuples ayant migré ou migrant encore en méditerranée, notamment phéniciens et étrusques.

Les Grecs ont souvent pris pour épouse ou compagne des femmes indigènes, ce qui a modifié les cultures et la notion de grécité.

Au Ve/IVe siècle, le mouvement panhéllénique est en plein essor avec Hérodote, et on revient à la distinction Grec/barbares.

Chapitre VI : La fondation d'une colonie

Introduction :
Une colonie grecque archaïque au VIIIe siècle est fondée sur décision de la cité avec des motivations qui peuvent être diverses, variées, les unes n'excluant pas les autres. On connaît les rites de la fondation des cités par les textes (Hérodote), quelques inscriptions et par les archéologues.
Bibliographie :
Gorman, Robinson, Oikistes, 2002. =>Traite directement de la question.

Vallet, Villard et Auberson, Megara Hyblaea.

Mario Lombardo, Colonies, colonies de colonies, 2009.

I) Les raisons de ce mouvement de colonisation

Le vaste mouvement archaïque de la colonisation et celui plus général des migrations/diaspora peut être le résultat de plusieurs causes dont les effets se sont ajoutés les uns aux autres. On parle lors d'un faisceau de facteurs ponctuels ou de facteurs plus structurels.

On quitte la métropole pour trouver quelque chose d'autre, généralement de mieux mais pas obligatoirement. On part aussi à cause de difficultés présentes. Et ce sont deux choses très différentes. Soit on part tourné vers l'avenir, tel l'aventurier qui part en diaspora. Ou alors, contraint de partir en pensant plus à ce qu'on laisse qu'à ce qu'on va trouver.
A) La curiosité
Le voyage est l'une des activités préférée des Grecs à l'époque mycénienne voir archaïque. Les Grecs voyagent beaucoup pour toutes sortes de raisons : politiques, diplomatiques, militaires ou encore intellectuelles.

Ce goût du voyage est corollaire d'une autre pratique chez les Grecs, celle de l'hospitalité, très développée et placée sous la protection du dieu Zeus, avec une épiclèse, le Zeus Xénios.

Pour un grec, recevoir un étranger ou être reçu comme étranger par quelqu'un relève d'un devoir qui est plus qu'humain, un devoir religieux, puisque cela s'associe à la crainte superstitieuse ou religieuse selon laquelle un étranger peut être un dieu déguisé venant tester l'hospitalité des Grecs. cf. mythe fondateur grec du déluge de Deucalion et Pyrrha.

Pour le voyage politique ou intellectuel, on peut s'appuyer sur le voyage de Solon, grand législateur du début du VIe siècle athénien, qui vers 594 établit un corpus de loi qui, dit-on, va conduire Athènes vers la démocratie. Solon a ensuite quitté volontairement Athènes pour 10 ans et a consacré ces années à voyager, en Égypte notamment où il s’est enrichi intellectuellement. On peut toutefois se demander si historiquement le départ de Solon relève de la seule curiosité intellectuelle ou par l'hostilité de certains Athéniens mécontents de ses réformes.


B) Les raisons politiques et civiques
La colonisation et la diaspora sont directement liées au développement de la polis, de la cité-état. Colonisation et diaspora consistent en la fondation de cités, avec leurs magistrats, leur fonctionnement aristo-démocratique outre-mer.

Selon certains historiens, la création de cités en Grèce d'Asie Mineure (Milet, Phocée, Éphèse) et de cités en Grèce continentale (Athènes) auraient servi de modèle pour la fondation des cités ultra-marines. On a la un rapport chronologique : d'abord les cités apparaissent dans ce qui deviendra des métropoles, et ces modèles s’exportent dans les colonies.

Certains ont l’hypothèse inverse, selon laquelle la cité n'est pas encore développée à l'époque : conflits chez Hésiode et Homère entre peuple et aristocratie, etc. Ces conflits provoquent le départ d'habitants qui une fois arrivés dans leur colonie vont s'organiser selon un mode plus égalitaire, démocratique, mode qui sera ensuite réinjecté dans la métropole.

Toujours dans ces raisons politiques ou civiques, il faut penser aux bannis, opposants, bâtards, qui n'ont pas leur place de citoyens et doivent quitter la métropole pour aller s'installer ailleurs.

Dans ce registre surgit la question très discutée des Parthéniens de Sparte, qui contrairement aux Égaux de Sparte, sont des enfants illégitimes de Sparte. On les a prié de s'en aller et d'aller fonder Tarente. Traditionnellement, ils sont traités dans l'historiographie comme des indésirables. Aujourd'hui, on va dans le sens d’une réévaluation de ces Parthéniens. Moggi (??) écrit que le statut de bâtard à Sparte n'était pas condamnable. Donc il ne faut pas être affirmatif si on est interrogé sur cette question.

Une théorie intéressante est celle d'Irad Malkin, chercheur brillant, qui parle de sténochoria politique. Pour Malkin, la sténochoria n'est pas seulement celle des terres. Au VIIIe siècle, on est donc dans une phase assez instable politiquement : les rois ont perdus de leur pouvoir, les aristocraties essaient de s'installer dans ces cités, mais provoquent souvent le mécontentement du petit peuple, aboutissant à des conflits d'où naissent ensuite les tyrannies grecques du VIe siècle. D'où la volonté de certains esprits de quitter ces régions assez désagréables sur le plan politique pour aller voir ailleurs et fonder des colonies avec d'autre types d'institutions. Si on accepte cette idée, on arrive à la conclusion que ce ne sont pas les plus démunis, les plus pauvres, les parias, éventuellement les bâtards qui partent fonder des colonies. Ce sont les esprits les plus vifs, les meilleurs esprits, les plus entreprenants, ceux qui ne se satisfont pas de l'état politique de leur localité dans cette période du VIIIe/VIIe siècle.

Maintenant, il y a aussi des événements qui provoquent la fuite. Cf. La fuite de Didon, qui en 814 doit fuir une révolution de Palais pour aller fonder sa ville nouvelle (Qart Hadasht). Pour les Grecs, il y a le cas de Samos. En 532, les Samiens fuitent une tyrannie et partent fonder une colonie au sud de l'Italie, Dicaerchia (Pouzolles), sur la côte ouest. Ainsi, Pythagore, justement originaire de Samos, doit émigrer avec les siens (sa mère et sa femme) et va s'installer à Crotone.
C) Les guerres
De façon très générale, les guerres ont pu se trouver à l'origine de grands mouvements migratoires, qui ont conduit ou non à la fondation de colonie. C'est le cas des Ioniens (Phocée) et de tous ces peuples au-delà de Phocée chassés lorsque les Cimmériens descendent le long de la côte occidentale de la Turquie actuelle, eux même poussés par les peuples Scythes. Il y a des mouvements généraux très amples de population qui peuvent déboucher sur des mouvements de colonisation.

D) La recherche de terre
C'est la cause la plus souvent retenue pour expliquer la colonisation archaïque. Il s'agit d'un phénomène d'accroissement de population ou de surpopulation, accroissement poussé par la multiplication des sites archéologiques en Grèce centrale. S'il y a plus d’habitants se pose le problème de la sténochoria.

Ce problème est accentué par la pratique successorale qui prévaut à l'époque archaïque : on partageait à égalité les terres entre tous les fils d'une maison, et cela à chaque génération. Jusqu'au moment où ces lopins ne peuvent plus suffire à alimenter la nouvelle famille. On a un appauvrissement très rapide de la propriété foncière, dont Hésiode se fait l'écho dans Les travaux et les jours. Dans ces conditions, les colonies offrent des terres nouvelles et peuvent apparaître comme une solution. cf. Théra et Cyrène.

Ce manque de terre peut également être consécutif à des guerres, comme la guerre lélantine, où des terres sont ravagées et prises par les vainqueurs. Ce sont ces troubles qui expliqueraient qu'Éretrie soit à la tête du mouvement de colonisation.

Si on va un peu plus loin, on peu avec Oswyn Murray penser qu'il y a « interaction de cause et d'effets » entre d'un côté une démographie croissante et d'un autre côté la recherche et la découverte de terre ultra-marines. On a plus d'habitants, on cherche des terres outre-mer. Comme on trouve des terres outre-mer, on se dit que finalement il n'y a pas de problème de démographie car on pourra trouver d'autre terres. Au lieu d'être une solution, la colonisation peut être un facteur de l'essor démographique. D'où la nécessité de rechercher encore de nouvelles terres (cercle vicieux). C'est ce qui peut expliquer que la colonisation archaïque a duré 200 ans.


Il faut ajouter l'idée que les colons pouvaient avoir aussi l'objectif de croître et de se multiplier. On a des colonies de peuplement, donc des colonies qui nécessitent une chôra, dans laquelle on puisse produire de quoi alimenter une colonie densément peuplée.
Tout ceci est simpliste. On a trois arguments permettant de discuter la sténochoria comme moteur de la colonisation.

Premièrement, il est hasardeux de dire que la démographie a provoqué la colonisation. Même si on a des indices archéologiques, on a peu de données exactes qui attestent un accroissement démographique. Le seul élément est l'archéologie qui montre plus de tombe et d'habitats.

Deuxièmement, des régions comme l'Attique, qui ont certainement connu un accroissement démographique au même titre que les autres régions, n'ont pas fondé de colonie à l'époque archaïque.

Troisièmement, les premières colonies fondées par des Eubéens n'étaient pas fondées sur des terres agricoles, mais sur des lieux de passages, qui facilitaient le commerce. Ce n'est donc pas la recherche de terre qui motive forcément le départ des colons. A ce propos, un commentaire d'Arianna Esposito et Julien Zurbach, en 2010, précise que quand on parle de colonisation agraire, on entend par ce terme la nature des facteurs de départ et non pas les caractères de la colonie que l'on va fonder : les considérations agricoles peuvent être des motivations mais pas forcément le résultat.


E) La recherche de métaux
Le fer, le cuivre, étain (Thasos, Chypre, l'Étrurie, l'île d'Elbe, les îles Cassitérides, qui seraient des îles atlantiques entre Bretagne et Grande-Bretagne) intéressent les Grecs.

Les fouilles archéologiques de Pithécusses ont révélés des traces d'activité métallurgiques : il y a tout un quartier de bâtiment consacré au travail du métaux.

On s'est intéressé aussi aux mines d'argents de la côte d'Illyrie. Cette recherche est commandée par l'aristocratie des cités grecques archaïque, qui a besoin de fer pour la fabrication de ses armures, armes. On ajoute la recherche du bois, qui avec le métal est nécessaire à toutes les activités de guerre.

Cette demande aristocratique répond aussi à un certain goût du luxe, comme en témoigne la découverte d'offrandes religieuses extrêmement riches, les bronzes corinthiens offerts par exemple au dieu Apollon de Delphes.

C'est cette recherche de métaux qui engendre la création ou la confirmation de cette fameuse goutte maritime qui va du proche orient en occident.
F) Le trafic ou le commerce
Les Grecs sont animés d'un véritable esprit d'entreprise commerciale (Cf. Phocéens.) Ces raisons sont pour beaucoup d'historiens actuels primordiales. Elles passent avant la recherche de terre.

Il peut s'agir plus d'un trafic que d'un commerce véritablement organisé. La colonisation est en un sens la conséquence de cette fameuse renaissance grecque du VIIIe siècle. Le commerce et l'artisanat se développent, ce qui oblige a trouver de nouveaux débouchés : les Grecs s'en vont pour écouler leurs stock (c'est peut-être une vision trop moderne).

D'autre part, sur le plan économique, la colonisation est l'un des remèdes proposés lorsqu'il y a une crise économique.

A partir du VIIIe siècle les Grecs ont semble-t-il consommé différemment, et consommé plus avec une élévation du niveau de vie et un goût du luxe qui provient très certainement de l'Orient. Ce goût du luxe a peut-être surpassé les moyens des cités grecques naissantes. Ce goût du luxe qui n'est pas approprié débouche sur des désordres de toute sorte : pillage. L'autre façon de résoudre cette crise est le départ d'une partie de la population. Cette idée est clairement exprimée par Platon dans les Lois (en 347) : le départ d'un groupe de Grecs de sa cité d'origine est « la façon la plus douce de purger la cité d'une partie de ses habitants ». La colonisation comme purge lorsque l'économie est en crise.

On pense ici à un rôle d'abord religieux dans les cultures grecques, le rôle du pharmakos : celui qui prend sur lui tous les maux de la cité. On le charge de tous les maux et on l'expulse. Ainsi la cité peut fonctionner. A ne pas confondre avec l’ostracisme. Le pharmakos est une victime expiatoire qui va payer pour le renouveau de la cité. Les colons sont parfois considérés comme une offrande aux Dieux pour apaiser les dieux et pour attirer leur bienveillance sur la cité.
II) Les modalités de la fondation d'une cité

A) Le lieu
Avant de fonder une colonie, les colons s'installent sur une île à proximité du continent pour quelques temps (cf. TD 1 et migration du roi Phéaciens dans l'Odyssée, chant VI). Pour l'île en général, excellent recueil de Françoise Létoublon, Impression.

Les îles sont recherchées car plus faciles à défendre : Ortygie, Pithécusses. On a besoin de ports, de terres fertile, d'eau douce et d'acropoles. Ce qu'il faut, c'est assurer avant tout la protection des Grecs qui arrivent sur un territoire qu'ils ne connaissent pas et dont il ne savent pas s'il sera amical ou hostile.


Léontinoi, en Sicile, est situé à l'intérieur des terres. Cyrène, également. Mais lorsque les Grecs s'installent à Cyrène, ils s'installent d'abord sur une petite île, l'île de Platée, puis à Aziris sur la côte.
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