Les diasporas grecques du viiième siècle à la fin du iiième siècle avant J. C.



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B) L'acte de fondation
On parkle de la Ktisis. On a peu de sources, même si elle est décrite dans les poèmes d'Archiloque. Elle peut être décidée par une cité ou plusieurs. Héraclée du Pont, en mer noire, est fondée à la fois par des Grecs de Mégare et des Grecs de Béotie vers 560.

Lorsque la cité décide de fonder une cité, on consulte l'oracle d'Apollon Archégète. Lorsque plusieurs cités sont à l'origine d'une même colonie, on parle d'une fondation composite.


Pourquoi consule-t-on Apollon ? Est-ce pour demander un lieu ou aller s'établir ? Est-ce pour savoir si l'expédition prévue en un lieu déjà décidé sera couronnée ou non de succès ? Il serait dans ce cas plutôt la pour valider ou encourager.

Autre façon d'interpréter le recours, une interprétation morale, développée par Graham : les Grecs, lorsqu'ils allaient fonder une colonie, savaient parfaitement qu'ils auraient à mener une guerre contre les populations indigènes à qui ils prendraient leur terre. Apollon est ainsi une sanction religieuse vis-à-vis de cet acte.

Cela dit, le recours à l'oracle d'Apollon est discuté, car les sources littéraires classiques font état de consultations d'oracles qui ne sont pas forcément avérées.

Pour Henri Trézimy, il est peu probable que l'oracle de Delphes ait joué un rôle dans la fondation des colonies dès le VIIIe siècle. Ce serait plus tard que l'oracle de Delphes acquerrait ce statut.

Au contraire, Graham est quasi sûr que l'oracle de Delphes a joué ce rôle dès le début de la colonisation. Graham s'appuie sur le culte d’Apollon mis en place très tôt à Naxos, colonie de Sicile.
La fondateur officiel est l'oikiste. Avant de voir l'oikiste officiel, le processus de colonisation peut relever aussi d'une initiative personnelle. Dans ce cas il n'y as pas d'oikiste officiel : un individu décide de partir à son compte (aristocrate, artisan). On a le cas à Athènes de Miltiade l'Ancien, parti fondé des colonies au nord de la mer Égée (c'est le cas de Miltiade le jeune aussi). Mais dans le cas de fondation officielle, on choisit un oikiste qui sera l'objet d'un culte héroïque dans un sanctuaire après sa mort.

Chose remarquable, l'oikiste sera inhumé à l'intérieur même de la ville, sur l'agora ou sur le bord de l'agora, là ou normalement on interdit toute sépulture.

On a à Cyrène l'exemple de Battos, qui est inhumé à l'extrémité de l'agora. Toujours en ce qui concerne la mort et le sort réservé à l'oikiste, le moment de la mort de l'oikiste marque l'achèvement de la fondation de la colonie : la fondation est en cours tant que vie l'oikiste.

Le mot oikistes, telle qu'il a été analysé par Casevitz, signale l'existence d'une expédition lointaine avec fondation de cité : c'est un peu le cas de l'apoikia. Ce mot s'oppose à un autre terme, ktistès, celui qui fonde une cité sans qu'il y ait voyage, éloignement par rapport à la métropole. Pour notre thème, le premier est le plus intéressant.

Le mot oikistes s'emploie au pluriel est désigne alors, ou bien l'existence de deux ou trois oikisteis, ou bien les oikisteis sont tous les marins qui participent à l'expédition ultra-marine. Dans ce rare cas, il n'y a pas de hiérarchie entre ceux qui prennent la mer.

L'oikiste est l'équivalent d'un roi, mais à la différence des rois il ne crée par de dynastie (exception, Battiades).

L'oikiste semble être au départ un aristocrate dans sa métropole qui peut être envoyé outre mer pour diverses raisons, parfois très négatives. Il peut s'être rendu coupable d'un meurtre involontaire. Anne Jacquemin, en 1993, cite le cas d'Archias, le fondateur de Syracuse. C'est un Bacchiade de Corinthe obligé de fuir sa cité après avoir tué malgré lui un jeune homme qu'il voulait enlever et aimer, Actéon.
Dans certains cas l'oikiste n'est pas un Grec mais un barbare ! Lorsque Mégare a fondé en Sicile Megara Hyblaea, les colons arrivent dans une plaine où ils sont accueillis par un roi local, Hyblon. Ce roi leur donne la terre où fonder leur cité. Il intervient car le chef de l'expédition, l'oikiste des Grecs, Lamis, était mort juste avant. C'est un roi barbare qui prend le relais d'un Grec pour fonder la cité. Pour le nom de Megara Hyblaea, deux hypothèses. Les monts Hybléens à côté, ou alors du roi Hyblon.
Dans le cas d'une colonie secondaire, d'où vient l'oikiste ? Selon le principe, l'oikiste vient non pas de la colonie primaire mais de la métropole.

Exemple, Épidamne, côte ouest de la Grèce, est fondé par un certain Phalios, qui vient de Corinthe. Or, Épidamne est une colonie de Corcyre, qui était une colonie de Corinthe.


Par ces origines aristocratiques et par le fait qu'il soit désigné par la cité comme fondateur, le rôle de l'oikiste est considérable et notamment militaire : il dirige un groupe d'hommes valides capables de se battre. Il peut y avoir 200 hommes. A Cyrène, on sait qu'ils sont à peu près 200. Ailleurs, ils sont plus nombreux. A Leucade, ils sont 1 000. A Thasos, ils ont pu être 1 000, si on en croit un fragment du poète Archiloque.

Cette définition de l'oikiste héros a certainement été fabriqué après coup dans les sources littéraires classiques ou hellénistiques.

Dans ces sources postérieures, on a des images véhiculées. Tout une tradition se met en place pour peindre l'oikiste selon des traits pas forcément historique. Par exemple, il est souvent marqué par une tare, physique ou non. C'est le cas de Battos (bègue), du fondateur de Crotone, Myskellos (bossu). Selon ce schéma, un homme tout puissant a forcément une tare quelque part, sinon c'est un Dieu.

Sur le plan historique, il est nettement plus probable que la fondation des colonies a été un processus beaucoup plus complexe, beaucoup plus long, qui faisait intervenir différents groupes de colons, dont le fondateur est issu de la partie la plus active des colons.

Henri Trézimy prend l'exemple de Marseille, qui a été fondé d'après la tradition par deux oikiste, Simos et Protis. Le second a fini par l'emporter par son activité, son charisme, ses vertus, sur Simos. C'est lui qui est devenu selon certaines sources le fondateur principal. Évidemment, on a relevé un jeu sur les mots : protis = protos (premier).

Des colonies ont été fondées par trois Oikiste : Himère en Sicile est fondée par Eukleidès (le fils de celui qui a une belle gloire), Simos et Zacone. Ces trois oikistes sont d'origine différentes.

Même chose plus tard, en 426, pour une colonie de Sparte, Héraclée, surnommée Trachinienne. C'est une colonie qui se trouve au niveau des Thermopyles. Elle n'est pas composite mais il y a trois oikiste. Pourquoi ? On a rattaché ce nombre au fait que Sparte est une cité dorienne, où il y a trois tribus. Un oikiste représenterait chaque tribus spartiates. D'autres interprétations expliquent ce 3, qui serait destiné à montrer la force de cette colonie par rapport aux autres ou il n'y en a qu'un. En 426, on est en plein dans la guerre du Péloponnèse, or les Thermopyles sont un passage stratégique.

Maintenant, cela n'empèche pas qu'un des oikistes peut jouer un rôle principal. Gela (Sicile)a été fondée par plusieurs oikiste et c'est un Rhodien qui l'a emporté. Il n'y a pas égalité entre les deux ou trois oikistes.


A l'époque classique, l'oikiste est de plein droit un stratège, élu pour mener la guerre.

C'est ce qui se passe à Thourioi, colonie panhellénique qu'a voulu fonder Périclès. C'est un stratège, Lampôn, qu intervient.

Ce qui change vraiment est que le stratège oiksite fonde la colonie et s'en va. Il ne vie et ne meurt pas sur place, n'est pas considéré comme un héros : il accomplit une mission.

En outre, on peut aussi à l'époque classique assister à des changements d'oikiste. Amphipolis, localité disputée au Ve siècle entre Athéniens et Spartiates, a été fondée par un premier oikiste, Hagnon, Athénien. Lorsque la cité d'Amphipolis est prise par les Spartiates en 424-422, la colonie évacue Hagnon et va célébrer le général spartiate, Brasidas, et un culte lui sera rendu à Amphipolis.

Les considérations religieuses sont assez fragiles : l'oikiste Hagnon fait son travail de fondateur et normalement, si on admet un schéma archaïque, il est vénéré. Mais à l'époque classique, on l'évacue et on crée un culte pour quelqu'un qui ne l'a pas fondé, mais qui l'a prise. Ce n'est pas un culte qui correspond à une foi, qui fait de Brasidas un héros fondateur, mais un culte qui permet de montrer la force de Sparte
Les premiers colons appartiennent-ils au peuple, au petit peuple ou à la petite aristocratie ?

Ça peut-être des frères cadets qui ne sont pas dotés de terre et qui partent outre-mer pour installer une colonie. C'est valable à Sparte, où le fils aîné est doté d'une terre civique, les autres devant l'acheter ou partir. Ces colons constituent des troupes armées. Ce sont donc des hommes valides et capables de se payer un armement.

Ces colons ont pu être aussi des individus en difficulté dans leur propre cité. Ils sont hors oikos : ils peuvent ne pas avoir de famille ou avoir été mois au ban de leur famille ou de la cité. Ce sont des individus non intégrés dans la cité de départ qui espèrent s'intégrer dans une nouvelle cité. Ces hommes sont des colons involontaires.

Les colons sont aussi perçus comme une dîme accordés au dieux (cf. plus haut, avec le pharmakos)

Ces colons qui partent ou sont obligés de partir ont-il le droit de revenir ensuite dans leur cité ? C'est très variable.

D'après l'inscription de Théra et d'après Hérodote, ils n'ont pas le droit de revenir chez eux. Ceux qui s'essayaient à rentrer chez eux étaient reçus à coup de pierre et étaient lapidés. Peut-être une lapidation symbolique, une des peines prévus par les premiers codes grecs archaïque désignant l'individu comme un paria.

Outre le cas de Théra, il y a le cas des colons de Corcyre, qui ont voulu rentrer chez eux en Eubée, à Érétrie, vers 600, à un moment où ils étaient chassés de leur propres colonies par les Corinthiens. C'est alors l'affaire de la métropole qui doit délibérer. Généralement, la métropole se montre indifférente au sort des colons. Surtout ceux de première générations qui ont rompu les ponts.

Cependant, à l'époque classique, selon le règlement de Naupacte vers 460, on admet la possibilité pour un colon de rentrer dans sa métropole mais avec des conditions ; il faut que le colon qui rentre volontairement trouve un parent qui le remplace dans la colonie, ou bien, au Ve siècle, on admet le droit de rentrer pour fait de guerre.


La question des premiers colons et des femmes.

On a longtemps cru qu'il n'y avait pas de femme parmi les colons, en tout cas parmi les premiers colons. On a longtemps cru que ces femmes étaient arrivées plus tard, une fois la colonie installée et protégée.

Cependant aujourd'hui on admet l'idée que des femmes ont pu faire parti des premiers voyages de colons, pour toute sorte de raison et d'abord des raisons pratiques : les Grecs ne sont pas fous, qui va faire la vaisselle. Sans plaisanter, les Grecs pensaient aux tâches qui étaient dévolues aux femmes traditionnellement.

Il y a également des raisons religieuses, qui font que des femmes pouvaient accompagner les colons. Ce sont celles qui obligeaient les Grecs à garantir le maintien de leurs rites religieux. On a l'exemple d'Aristarché, qui est partie de Phocée. Est-ce qu'elle part en 600, lors de la fondation de Massalia, ou lors des événements de 546 ? Michel Bats pense que c'est plutôt en 546, d'autres en 600. En tout cas elle part car elle a reçu l'ordre de partir de la déesse Artémis. C'est une fois arrivée à Massalia qu'elle est nommée prêtresse d'Artémis. On dit même que cette Aristarché a été le commandant des marins pendant la traversée. Cela signifie qu'il y a un dédoublement du commandement : le commandement de l'oikiste, qui sera le fondateur, et celui des marins lors de la traversée, le commandement du guide, du chef, l'hegemon. Ce commandant de marine serait ici une femme.

Les Grecs emmènent des femmes donc. Car les grecs ne pouvaient pas concevoir l'idée que les cultes qui étaient célébrées dans leur métropoles par des femmes aient pu être dans les colonies célébrées par des femmes indigènes. On a la mention de ce genre de femme à Thasos.

Pausanias parle d'une certaine Aéthra, la femme de l'oikiste de Tarente.



C) La question de l'égalité des colons dans les colonies

Lorsque les colons arrivent, l'oikiste donne un nom à la colonie. Les colons créent des sanctuaires consacrés à une divinité de la métropole, souvent Artémis, déesse de la chasse et des relations entre Grecs et non grecs. Ils rallument le foyer (Hestia Koinè) commun des colons. Ce feu originel est fait à l'aide de cendres de la métropoles. Ils ont emporté aussi avec eux une motte de terre de la métropole.

Ils prévoient sur place différentes zones pour la future cité : zone pour les vivants, nécropoles, ces dernières étant situées à l'écart de la ville, parfois très nettement. Deux raisons : le fait que la mort soit considéré comme une souillure. On prévoit aussi une extension de la ville, donc on la met loin.

Partage de l'espace donc qui doit tenir compte des zones profanes/privées, vivant/morts, Grecs/indigènes.


Sous l'autorité de l'oikiste ou d'un groupe de colons, on procède à l'allotissement primitif. Cet allotissement découle d'un tirage au sort : il faut qu'il respecte la justice et l'équité. On détermine des parcelles de terres géométrique, on trace des rues les plus rectilignes possible. Tout ceci dans un esprit d'égalité.

Dans la réalité, les sociétés coloniales sont très vite devenues inégalitaires, à moins qu'elles ne l'aient été dès le départ, par exemple quand les marins sont des pauvres hères et quand l'oikiste est un riche aristocrate.


Parmi les arguments qui vont dans le sens de l’inégalité, on a l'émergence de la tyrannie dans les colonies de Sicile. S'il y a tyrannie au VIIe/VIe siècle, c'est bien la preuve qu'il y a une contradiction entre volonté d'égalité et réalité d'inégalité.

Un exemple original est celui de l'île de Lipari, dans les îles Éoliennes, dont le régime politique a été qualifié de communiste. Étude d'Allain Fouchard, « Lipari grecque : la politique dans un archipel » in François Létroublon, Impressions d'îles. C'est un site colonisé par les Grecs en 680 (780?) par des populations venues de l'Asie mineure, de Rhode et de Cnide. Ces populations ont du migrer vers l'ouest car elles étaient chassées par des dynastes d'Asie mineure. Ces populations essaient de s'installer en Sicile mais sont chassées par les Carthaginois. Ils se rabattent sur l’archipel des Éoliennes, fertiles et poissonneuses. Ils y pratiquent viticulture, pèche et piraterie. Ils mettent en place une constitution qui est collectiviste avec une propriété commune du sol. Il n'y a pas dans le cas de Lipari un allotissement primitif. Il y a aussi mise en commun des richesses de l'île, pratique des repas communautaires comme ce qui pouvait se passer à Sparte. Mais ça va beaucoup plus loin, on est presque dans le cadre d'une utopie. Pour que chacun ait le même rôle, on imagine une alternance des rôles : une année untel sera guerrier ou marin, l'autre année il sera paysan. Ainsi ne se constituent pas de castes de paysans et de guerriers, dont les intérêts divergent. On est à l'opposé de chez Platon ou on a des catégories bien tranchées.

Pourquoi une telle pratique ? La raison est le soucis de la sécurité de la population de Lipari, menacée car il s'agit d'une petite île qui n'a que peu de défense et se trouve dans une zone très convoitée.
Au total, le principe est bien celui de la stricte égalité entre colons, sauf à Cyrène (dynastie battiade). Ce principe est prouvé par les fouilles archéologiques, comme à Megara ou on voit que chaque maison a la même taille. Cela est démontré mais en même temps il y a une évolution très rapide vers l'inégalité qui s'explique très simplement : comme les fondateurs sont plutôt issus ds aristocraties métropolitaines, ils ont tendance à reproduire les même schéma inégalitaires.

D) Les colonies secondaires
Michela COSTANZI, La colonisation de deuxième degré en Italie du sud et en Sicile.

  Mario Lombardo, Colonies, colonies de colonies, 2009


Selon la thèse de Costanzi, toutes les colonies d'Italie du Sud et de Sicile ont fondé à leur tour des colonies. Sur le plan du vocabulaire, il n'y a pas de différence avec les premières colonies : apoikiai, oikisteis. Les colonies eubéennes de Chalcis ont pu aller jusqu'au 5e degré !

Tout cela semble obéir à un plan préétabli : quand on fonde la première colonie, on sait déjà qu'on va en fonder d'autre.

Les colonies de deuxième générations ne sont pas forcément des sous-colonies car parfois elles sont plus vastes.
Pourquoi ces fondations en cascade ?

Pas pour des raisons d'espace : on observe que les colonies qui partent fonder d'autres colonies n'ont pas utilisé tout leur espace disponible. L'explication est plutôt d'ordre commercial ou culturel : ce sont des faisceaux de raisons qui expliquent ces fondations. Il faut créer des réseaux économiques ou marchands dans une région. Les colonies seront ainsi leur propre relais dans la zone concernée. La colonie ne commerce donc plus nécessairement avec sa métropole mais aussi avec ces colonies.

Une colonie a intérêt à fonder d'autres colonies pour occuper le terrain qui peut être convoité par une autre population, qu'elle soit grecque ou indigène.

Il y a aussi une raison culturelle : la diffusion de l'hellénisme passe par la multiplication des points d'implantations donc de colonies.

A l'époque classique, d'autres raisons, comme les guerres civiles qui provoquent le déplacement de populations.

Enfin il ne faut pas confondre les colonies secondaires et les refondations de colonies (exemple de Corcyre, fondée par les Eubéens et les Corinthiens, refondée par les Corinthiens seuls vers 600)



Conclusion
La colonisation grecque ultra marine a eu des conséquences multiples aussi bien dans les zones colonisées que dans les métropoles.

Parmi les conséquence, il y a les conséquences politiques : la colonie est-elle à l'image politique de sa métropole ou y a-t-il discordance ?

Pour certains analystes, les conditions de vie dans les colonies sont nouvelles et reposent, en théorie du moins, sur la base d'une égalité. La colonies vont alors devenir, par son organisation, un modèle politique pour la métropole. Comme les Grecs de métropole voient qu'un système de répartition égalitaire des terres fonctionne dans les colonies, ils vont s'approprier ensuite un tel système sans qu'il y ai toutefois un réel partage des terres dans les métropoles : mais ils vont aller dans le sens de l'isonomie. Les colonies servent de laboratoire pour les métropoles.

Au contraire pour d'autres analystes, la formation politique, égalitariste des colonies, prouve l'existence au préalable d'une cité métropolitaine organisée dans le sens de la justice. Deuxième élément inverse, les colonies archaïques sont fondée à un moment où déjà, sous les métropoles, on a des mouvements d'isonomie.

Mais au VIIIe/VIIe siècle, des cités déjà fondée sur un modèle d'égalité, n'est-ce pas un peu prématuré ?
Sur le plan juridique, les colonies mettent en place des codes de lois : à Locres en Italie, ou bien en Sicile avec le code de loi de Charondas.

Chapitre VII : L'Occident - 1
Introduction :
Les études qui touchent à l'arrivée des Grecs en occident sont très nombreuses, aussi bien anglaises, françaises, italiennes, espagnoles.

Signalons les travaux de Jean-Paul Morel pour les Phocéens et Massalia.

Georges Vallet, François Villard, Paul Auberson, Mégara Hyblaea: Guide des fouilles : introduction à l'histoire d'une cité coloniale d'Occident, 1983.

Pierre Rouillard, Les Grecs et la péninsule ibérique du VIIIe au IVe siècle avant Jésus-Christ, 1991. Emmanuelle Greco, La Grande-Grèce : histoire et archéologie, 1996.


Ajoutons à ces quelques noms un certain nombre de colloques avec publications d'actes consacrés à la Grande Grèce, ainsi qu'un certain nombre d'exposition. Et puis, un site sur internet, celui d'un institut extrêmement précieux, le Centre Jean Bérard, basé à Naples qui est un produit mixte du CNRS et de l'Ecole Française de Rome : http://www.centre-jean-berard.cnrs.fr/

I) L'arrivée en Italie.
L'Italie est probablement la zone touchée la première par la diaspora, emporia ou colonies, grecque.

Si on excepte la première phase de colonisation à la fin de l'âge du bronze, vers 1100, l'Occident précède l'Orient dans l'installation des Grecs. Il semblerait que le tout premier site occupé par des Grecs se situe en Calabre, tout à fait au sud de l'Italie, et c'est la localité de Francavilla Maritima (au niveau de Sybaris, golfe de Tarente).

Très vite, l'Italie centrale et méridionale a été baptisé Grande Grèce, cf. Francesco Prontera, Magna Grecia. Cette région est située à proximité de la Grèce. Le canal d'Otrante, entre la botte italienne et les côtes du Nord ouest de la Grèce, fait à peu près 70 km. A l'époque romaine, c'est au niveau vertical de ce canal d'Otrante que s'opère la frontière entre le monde oriental grec et occidental romain.

Cette Grande Grèce comprend les régions suivantes :



  1. la Campanie, autour de Naples.

  2. l'Apulie sur la côte orientale du sud de l'Italie Pour les auteurs antiques, l'Apulie ne fait pas partie de la grane Grèce, n'adoptant pas les valeurs helléniques.

  3. La Lucanie, au sud.

  4. Le Bruttium, de Crotone à Reghion.

Attention, les Italiotes ne sont pas des indigènes mais des Grecs installés dans ces régions.

A) L'Adriatique

La mer Adriatique borde en partie l'ouest de la Grèce. Cette région nord occidentale de la Grèce (Apollonia, Épidamne) est extrêmement intéressante car constitue une première étape vers l'occident pour la Grèce. A ce titre, des îles situées dans le Nord ouest de la Grèce ont immédiatement intéressé les grecs, notamment les eubéens et les corinthiens, îles qui permettent de former des espèce de tête de pont ou des relais pour des expéditions maritimes vers le fond de l'Adriatique, vers le nord, et au delà, vers l'Europe centrale et plus loin encore, vers l'Europe du Nord.

Il y a au moins deux grandes voies commerciales nord/sud. La voie qui part du nord de l’Adriatique et remonte vers la mer du nord et celle qui remonte l'axe Rhône/Saône. On pourrait ajouter une troisième voie, mais plus tard, celle qui passe pas l'océan atlantique en longeant la côte.

La maîtrise de l'Adriatique signifie que l'on peu pénétrer en Europe centrale par cette zone.


Il n'est donc pas étonnant que l'on ait fondé des comptoirs ou des colonies. On en a un sur notre carte qui est Spina (p.8).

Spina est situé à l'embouchure du Pô, c'est un établissement mixte dans lequel vivent des étrusques et des Grecs. John Bordman, dans Les Grecs outre mer, pose la question de savoir si se sont des Étrusques ou au contraire des Grecs qui ont accueillis les autres. Il ne peut pas répondre de façon tranchée. Plus récemment dans un article de Morizio Harari, publié dans Pouvoir et territoire, université de Saint-Étienne, on peut apporter une réponse : la population qui vivait à Spina était essentiellement étrusque et on note parmi cette population des Grecs qui se sont implantés surtout au niveau du port (commerce). Ceci fait dire à Harari qu'on a pour Spina un statut hybride. Ce n'est pas une colonie grecque, c'est un port de commerce mais inclus dans une cité qui serait à grande majorité étrusque.


D'autre part, l'intérêt stratégique et économique de cette mer adriatique explique les guerres auxquelles les Grecs ont pu se livrer entre eux. L'exemple le plus connu est celui qui a opposé Corinthe aux fondateurs de la colonie de Corcyre, Érétrie, au milieu du VIIIe siècle. Peu après cette fondation, les Corinthiens sont intervenus pour déloger les Érétriens, et en 733, on assiste à une refondation corinthienne.

Au VIIe siècle, en 664, Corcyre se révolte mais la bataille ne donne pas raison aux Érétriens : Corinthe continue à utiliser son autorité sur Corcyre, ce qui n'empêche pas les deux cités Érétrie et Corinthe de fonder à partir de Corcyre une colonie de second niveau, la colonie d'Épidamne.


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