Les diasporas grecques du viiième siècle à la fin du iiième siècle avant J. C.


B) La question de Ischia/Pithécusses



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B) La question de Ischia/Pithécusses.
Ischia est à quelques encablures de la baie de Naples, à la sortie nord. Ischia se trouve au sud du Latium et par conséquent de l’Étrurie riche en métaux.Pas très loin également de la Sicile, que les Grecs commencent à connaître, et pas très loin des Étrusques, avec qui les grecs pourront faire affaire et nouer des liens culturels.

L'île d'Ischia et le centre de Pithécusses, sont considérés comme l'un des premier centres d'implantation grecque. L'arrivée et l'installation des Grecs à Pithécusses est décrite par Strabon V,4, avec Cumes.

Pour les découvertes faites sur le site de Pithécusses, cf. Buchner, l'inventeur du site et David Ridgway, Les premiers Grecs d'Occident : l'aube de la Grande Grèce. On a trouvé au départ une nécropole, le cimetière de San Montano où on a mis au jour plus de 1300 tombes, ce qui est considérable mais on estime à plusieurs milliers les tombes présentes à Pithécusses.

Il faudrait aussi parler de Tite-Live qui relate l'histoire de Rome et de l'Italie.


La localisation exacte : Ischia est située en mer Tyrrhénienne et s'appelait aussi l'île Inarime au large de Naples. C'est une île volcanique, avec un relief parfaitement abrupt, propice à la viticulture.

Le site de Pithécusses est au nord/nord-ouest de l'île et tire son nom de deux origines possibles. Première hypothèse : ce sont des singes (Pithécos) et cela serait une référence à un peuple mythique, le peuple de Cercopes, transformés en singes. Soit, deuxième hypothèse, énoncée par le savant Pline l'Ancien, Pithécusses vient du terme de céramique pithoi, un pithos étant un grand vase de stockage.

Pour Ridgway dit que Pithécusses serait une forme hellénisée d'un nom indigène.
Population : le site d'Ischia est peuplé depuis au moins l'âge du bronze par des Mycéniens et des étrusques.

Les Eubéens de Chalcis, de Lefkandi ou d'Érétrie arrivent sur cette zone vers 775. Ces Eubéens s'installent sur le promontoire du Monte Vico. Ce promontoire du Monte Vico va servir d’acropole pour le site grec et ne semble ne pas avoir été occupé avant les grecs.

On a retrouvé dans cette zone de très nombreux objets qui viennent d'Orient. Ce sont des amulettes, des objets à vocations esthétiques, magiques, des scarabées égyptiens ou de type égyptien. On a retrouvé aussi des sceaux d'origine orientale, sémitique phénicienne ou encore des sceaux d'Asie mineure. Ces objets, ou bien on été importés, ou bien on été crées sur place, ou les deux à la fois, par des artisans hautement spécialisés qui venaient du Levant. Il y aurait donc diaspora d'artisans levantins venus s'installer en Occident.

On sait aussi que les Phéniciens d'Orient se sont installés à Rhodes et à partir de là ont migré vers Pithécusses, d'où les échanges, les routes commerciales, attestées entre l'est (Al-Mina) et l'ouest via Rhodes. Pour prouver ces échanges, nous avons des inscriptions épigraphiques sémitiques qui sont retrouvées dans des tombes de Pithécusses.

On a aussi des céramiques typiquement orientales, des fioles à parfum, des aryballes, qui témoignent d'une pratique, d'une mode levantine qui n'ont rien à voir avec ce qui se pratiquait en occident au niveau de l’Italie. Donc il est sûr qu'il y a des populations levantines (sémitiques, phéniciennes) qui se sont installés, spécialement dans la localité de Pithécusses, tout en restant minoritaires par rapport aux grecs. Ces populations ont transmis non seulement aux grecs Eubéens mais aussi aux étrusques occidentaux des modèles artistiques orientaux.

On a retrouvé aussi dans ces nécropoles des objets de culture indigène : ce sont des fibules, des broches, des bracelets. Ce sont des objets qui ont été ensuite adoptés par les grecs, peut-être parce que les eubéens trouvaient beau ces objets indigènes, l'autre explication étant que les Eubéens avaient épousé des femmes d'Ischia qui avaient su faire pour demander à leur mari de leur acheter des bijoux à la mode locale.

Est-ce un emporion ou une apoikia ?
Selon Emanuelle Greco, la tradition scientifique veut que l'on parle d'un emporion. C'est l'emporion de Pithécusses et cette tradition a été défendue entre autre par Agostino en 1992. Pithécusses se trouve en effet au cœur d'un vaste réseau d'échange et de façon plus générale en méditerranée. C'est l'un des 3 points du commerce méditerranéen avec Al-Mina et Rhodes. Pithécusses est une tête de pont en occident et on a retrouvé le même type de vase à l'est et à l'ouest de Pithécusses.

Cependant, il est difficile et contester de parler d'un emporion pour Pithécusses. Il est vrai que la population est très métissée et mélangée. Mais au-delà de ce mélange de population, la vie de Grecs est largement organisée. Dans le cadre d'un emporion, sauf en pensant à Naucratis, la vie d'un n'est pas aussi organisée que dans celle d'une colonie. D'autre part, Pithécusses n'est pas un port de commerce en tout cas pas seulement, dans la mesure où il y a sur l'île d'Ischia une activité artisanale et métallurgiques très développée.

Mais les grecs n'ont pas fondé une colonie avec un oikiste, consultation de la Pythie et surtout il n'y a pas d'institution grecque avec un magistrat. En outre, Michel Gras affirme que Pithécusses ne ressemble pas formellement à une colonie car il n'y a pas d'urbanisme colonial, il n'y a pas de centre urbain, de rues tracées plus ou moins à angle droit. C'est ce qui lui fait dire « c'est encore une petite ville traditionnelle transplantée dans le monde de l'ouest ».

Où est la vérité ? Il se peut que la solution soit la suivante. Des historiens ont tendance aujourd'hui à considérer Pithécusses comme l'état ultime d'un établissement juste avant qu'il ne devienne cité coloniale. Ceci implique toutefois une hiérarchie que nous avons déjà questionné dans un chapitre précédent.

Il y a une organisation qui est culturelle et religieuse. Il y a des pratiques culturelles typiquement grecques qui traduisent selon Ridgway un « degré important d'organisation sociale ». Ces pratiques sont par exemple celle d'un synœcisme, condition première de la fondation d'une cité.

Il y a également des rites d'inhumation ou de crémation, en particulier le rite de l'enchytrismos, qui consiste à placer le corps d'un enfant dans un récipient de terre cuite.

Ceci fait dire à Greco qu'on a un cas à part, ni emporion, ni apoikia, qu'elle place quand même toutefois plus près de l'apoikia mais tout en soulignant qu'il s'agit d'un « cas unique ».

Plus intéressant, on peut qualifier Pithécusses d'établissement précolonial. On a ainsi dit souvent que Cumes a été fondé après Pithécusses. Mais cette chronologie est aujourd'hui battue en brèche. On considère que la colonie de Cumes a été fondée au moment ou les Grecs venaient à Pithécusses. Voire, l'installation à Cumes a peut-être lieu vers 770, avant l'installation à Pithécusses, quelques années après. Si Pithécusses n'est pas un établissement précolonial, ce serait un établissement paracolonial, à côté d'une colonie, dans le but de travailler pour la colonie de Cumes.


En ce qui concerne l'activité, la principale est la métallurgie, qu'on trouve sur le site de Mazola. On a trouvé » dans ce secteur plusieurs maisons avec des traces d'activité métallurgique. Les métaux qui sont travaillés sont des métaux importés, comme le fer, le plomb, l'or. On travaille aussi le bronze. On a surtout découvert sur ce site un disque en plomb qui était inséré dans un anneau de bronze. Ce disque de plomb pèse 8 grammes 79 (ou 72 dans d'autres sources). C'est un étalon qui correspond à une mesure eubéenne et attique, le statère eubéo-attique, qui pèse 8,72 grammes. On croit pouvoir affirmer que cet étalon prouve que les artisans installés sur ce site travaillaient selon les modèles eubéens et attiques.

Le métal est importé de Sardaigne, d'Espagne et d’Étrurie. Les artisans de Pithécusses étaient des artistes, des orfèvres, si on en juge par les bijoux en or et en argent retrouvés. Ces artisans étaient, semble-t-il, fiers de leur production car on a aussi un tesson qui porte une inscription extrêmement fragmentaire qui se termine par Inos Mepoiese. 'inos serait la fin du nom du peintre, ou du potier plus probablement, mepoiese voulant dire « m'a fabriqué ». C'est l'une des premières occurrence de signature sur vase découverte à Pithécusses.


Enfin pour le commerce les Grecs exportaient le raisin puis le vin.
Le déclin de Pithécusses se situe après 700. Il est dû à plusieurs causes.

Les catastrophes naturelles, avec un séisme vers 720.

Tensions politiques : si on en croit Strabon, il y aurait eu des tensions entre différents groupes d'Eubéens (Chalcidiens, Érétriens), au moment de la guerre Lélantine vers 720. Tensions aussi entre les habitants de Pithécusses et les peuples d'Ischia.

Cette fin peut aussi être liée à une émigration des habitants de Pithécusses vers le continent, vers Cumes. Cela fait que la période eubéenne à Pithécusses a été brève (775/700). Le site n'est pas abandonné pour autant mais périclite par rapport à Cumes.


Cumes est fondée traditionnellement vers 750/730, aujourd'hui on considère plutôt vers 770, au même moment que Pithécusses.

Il y a deux oikiste pour Cumes : Megastène de Chalcis et Hippoclès de Kymè. Les deux oikistes se sont partagés les rôles dans la fondation de Cumes. Megastène a donné à Cumes son identité Calchidienne. Au contraire Hippoclès donne à la colonie son nom : Kymè (Cumes) est-elle par contre celle d'Asie mineure ou, plus probablement, celle d'Eubée ?

Pendant quelques années les deux sites de Pithécusse et de Cumes coexistent. On peut dire que Cumes a représenté une sorte de Pérée pour Pithécusses.

Peu à peu, la structure la plus solide, celle de la cité coloniale, Cumes, l'emporte sur la structure plus lâche, souple, Pithécusses.


A partir de Cumes, les Eubéens fondent ensuite des colonies secondaires comme Zancle (Messine).

Autre installation, Parthénope, qui sera plus tard Naples. Un peu plus tard, Dicearchia, « le commandement juste », qui deviendra Puteoli, Pouzzoles, en 531.

On ajoute des colonies tertiaires : en Sicile, Catane est fondé en 529 par Naxos.

II) La Sicile
La Sicile, de forme triangulaire, est immédiatement situé entre la Méditerranée orientale et occidentale, parfaitement situé entre l'Italie et l'Europe au nord et les côtes africaines au Sud.

Les Grecs n'ont occupé que les côtes de la Sicile et ont toujours eu peur de pénétrer à l’intérieur des terres. S'il l'ont fait, c'est toujours avec l'accord des autochtones.

La Sicile est une terre extrêmement riche avec de grande plaines céréalières, agricoles, qui permettent aussi l'élevage.
La population de la Sicile est mêlée.

Il y a en Sicile des Sicanes qui sont d'origine ibériques, que l'on trouve surtout à l'ouest.

Des Elymes, distincts ou non des Sicanes.

On parle aussi des Sicules (Sikèles) qui eux sont des populations venues d'Italie et même de l'au-delà de l'Adriatique, d'Illyrie. On les trouve davantage à l'est que les Sicanes.

Au VIIIe siècle, à l'extrême ouest de la Sicile on a des installations phéniciennes.

La question de la chronologie se pose : est-ce que les Phéniciens se sont installés en Sicile avant les Grecs ou non. ? Il semble que l'arrivée des Phéniciens et des Grecs ait été simultané.


Pour la Sicile, deux localités d'imporance : Syracuse dont traite le marbre de Paros, et Megara Hyblaea, colonie de Megare, près d'Athènes, très étudié par de nombreux archéologues et Henri Treziny s'y intéresse.
cf. p22 – Megara Hyblaea
Le site de Megara se trouve sur la côte orientale de la Sicile, à 20 km au nord de Syracuse et à l'embouchure du fleuve Cantera.

La cité est posée sur un plateau à quelques dizaines de mètres, entre la mer et les monts hybléens. Ce plateau a une profondeur de 15 km et une largeur de 6 ou 7 km.

Ce site était-il déjà occupé ? L'intérieur des terres dans cette région était peuplé. On a longtemps cru que les Grecs étaient venus s’installer dans une région non peuplée. Mais en fait, la terre était déjà travaillée et exploitée.

La fondation a lieu entre 728 et 700, certains la font remonter à 750. La fondation est due à des Megariens mais pas seulement. On est dans le cadre d'une fondation composite car d'autres cités participent à cette expédition colonisatrice.

L'oikiste de départ est Lamis de Mégare et comme Lamis mais il meurt au combat et c'est un roi local Hyblon, qui donne le terrain pour la fondation de la ville.

Les Mégariens étaient partis de Grèce pour venir s'installer en Sicile et avaient échoué lorsqu'ils avaient voulu occuper la localité de Leontinoi. Ils s'installent un peu malgré eux à Mégara Hyblaea, sollicités par le roi local, car déroutés de leur itinéraire prévu. Ca va être une réussite.


L'urbanisme a fait fantasmer beaucoup d'archéologues.

D'abord, contrairement à ce qui apparaît p.22, Megara n'est pas fortifié.

Certains historiens comme Roland Martin ont voulu voir dans le plan d'urbanisme de Megara le prototype même de la ville à quadrillage orthogonal : 1km de profondeur sur 800m de large pour cette ville et on voit bien sur le plan qu'il y a des rues qui se coupent à peu près en angle droit.

Émettons toutefois quelques réserves : d'abord, ce n'est pas un prototype, ce type de plan existait en orient bien avant le processus de colonisation grecque. Ensuite et surtout il n'y a pas au VIIIe siècle de plan directeur d'ensemble qui aurait abouti à un quadrillage systématique de l'espace de Megara Hyblaea. Il y aurait plusieurs quartiers, noyaux d'installations selon Vallet et Villard, qui ne sont pas alignés les uns sur les autres. Ainsi, sur le plan p. 22, la zone du sud XZ ne correspond pas à l’alignement de la zone du nord AB. Idem, au nord/nord-est, les axes C1 et D1 ne sont pas parallèles. Comment l'expliquer ?

Pour Vallet et Villard, il y a deux étapes dans l'urbanisation. La première étape correspond à ce qu'on appelle la phase des campements. Lorsque les colons arrivent dans cette zone, ils campent, construisent des maisons où ils le peuvent, comme ils le veulent et ceci dure une génération. Puis, lors de la seconde génération, on aménage un tracé urbain avec des rues qui, a défaut d'être orthogonale, sont rectilignes.

La ville alors, à la fin du VIIIe siècle, couvre 80 hectares, selon un plan qui est alors préétabli. Ceci s'oppose à Marseille.

On observe un découpage de la ville en différents lots qui font entre 120 et 140m² avec deux zones distinctes, une zone publique l'agora, en forme de trapèze. Dès le départ, on prévoit donc un espace pour les rues, qui ne seront aménagées qu'un siècle plus tard en construisant des maisons alignées pour pouvoir construire des rues après.
Comment interpréter le plan de Mégare ?

La répartition par lot pose la question de l'isonomie (isomoiria = égalité du découpage des lots). Mais on a ensuite des traces d’inégalité : on retrouve des habitations plus grandes que d'autres. L'isomoiria a vécu. Selon Jean-Luc Lamboley, même au VIIe siècle l'isonomia est discutable car tous les lots ne se valent pas. Cela correspondrait aux échos dans la colonie des luttes sociales que l'on voyait à l'oeuvre dans les métropoles.

Un commentaire un peu farfelu est celui de Jesper Svenbro, trouvé dans les Annales de 1982. Pour lui, il faut noter une analogie entre la découpe de la viande lors des sacrifices en part relativement égales, sauf pour les prêtes ou les rois, et la découpe du territoire de la colonie. Svenbro fait remarquer que c'est le même vocabulaire. « On est en droit de dire que le corps sacrificiel sert de modèle à la cité et plus précisément à la cité découpée en quartier et en lots ».

Il s'intéresse également à la forme de l'agora : pourquoi un trapèze et pas un carré ? L'irrégularité de l'agora est voulue : deux axes se croisent à angle droit et un axe en oblique. Ces trois axes, pour Svenbro, s'expliquent par les 5 quartiers qui entourent l'Agora. Le point de jonction des 3 axes est l'heroon. Pourquoi 5 quartiers ? A Megare il y a eu synœcisme de 5 villages et lorsque la métropole envoit des colons à Megara, elle veut garder la trace de ces 5 composantes. Deuxièmement, le 5 a des vertus politiques, l'impair l'emportant toujours sur le pair (il ne peux pas y avoir égalité, ce qui est pratique pour un vote).

On a donc crée un colonie que l'on voulait pérenne et dans laquelle tout risque de statis, de guerre civile, pouvait être évité. S'il y avait eu deux groupes face à face, la guerre civile aurait mobilisé 3 contre 2, ou 4 contre 1 et le petit groupe aurait été ramené à la raison rapidement.
La théorie de l'isonomia est donc discutable : 5 = majorité contre minorité.
Megara Hyblaea sera détruite en 483 par Syracuse. Naîtra ensuite une autre Megare sur ces lieux. Megare Hyblaea a fondé au sud-ouest de la Sicile Sélinonte, avec un oikiste venu de la Megare métropolitaine, en 628.

Dans la nouvelle colonie de Sélinonte, on aura aussi une population composite : Corinthiens, Corcyréens.

En conclusion, on a vu que ce sont des zones très fréquentées.

Sur le plan culturel, il y a un rapport entre orient et occident entre grecs, étrusques, populations indigènes. L'alphabet grec a ainsi été transmis aux Étrusques.


cf. Claude Baurain, Coloniser le paysage (?? peut-être Les sanctuaires panhelléniques,
lieux privilégiés de l'identité grecque
). Il montre comment les Grecs installés en Sicile ont transformé ces régions en édifiant des temples prestigieux, monumentaux, en pierre, comme à Syracuse, Agrigente, de façon à marquer leur présence dans ces régions.

Chapitre VIII : L'Occident - 2

Parmi les questions à se poser :

Quel est le rôle des Ioniens, en particulier Phocéens, en extrême occident (sud de la Gaule et Espagne) ? Aussi important qu'en Grande Grèce et Sicile ?

Enjeux commerciaux : est-ce qu'en extrême occident on cherche une chôra a exploiter ?

Y a-t-il un plan d'ensemble de l'occupation de l'espace occidental entre la région de Nice jusqu'au sud de l’Espagne ?

Quel furent les rapports avec les peuples indigènes (Ligures, Celtes, Ibères)



Bibliographie :

Jean-Paul Morel pour les Phocéens de Massalia.

Aldolfo Dominguez pour les Grecs dans la péninsule ibérique

Pour une étude archéologique de la question est paru un recueil en 1995, Sur les pas des Grecs en occident.


I) L'expansion phocéenne
Comme toujours, il convient de distinguer les grands mouvements et les initiatives individuelles.

Cela dit, les Phocéens se sont aventurés en occident relativement tard, au cours du VIe siècle.

Cette aventure extrême-occidentale fait suite à des départs de Phocéens vers le nord : à la fin du VIIe siècle, les Phocéens avaient envisagés de s'implanter dans des régions comme Lampsaque au nord de l’Égée.

Phocée est une cité d'Asie mineure située près de l'embouchure du fleuve Hermos dans la province de Lydie. Cette Phocée avait été fondée par des Grecs continentaux ioniens à la fin du IXe siècle et appartenait à la ligue ionienne, réunies autour du culte d'Artémis d'Éphèse.

Y a-t-il d'autres peuples qui se sont intéressés avant les Phocéens à cette région du sud de la Gaule ? On croit qu'avant les Phocéens il y a eu des citoyens de Rhodes qui se sont établis dans le sud de la Gaule, dès le VIIIe siècle. L'argument avancé par les tenants de cette théorie est le rapprochement étymologique entre le nom de l'île de Rhodes et le Rhône, Rhôdanos : fleuve des Rhodiens. Cette hypothèse ne tient plus aujourd'hui et on estime que le nom Rhodanus est un nom autochtone.

Selon Hérodote, se sont les Phocéens qui ont découvert ces régions d'extrême occident jusqu'à Tartessos. Mais cette est vision très discutée.

Pour le VIe siècle, on distingue deux grandes phases de départ vers l'occident : une première phase au tout début du VIe, vers 600, qui correspond à des départs spontanés ou volontaires : on fonde Massalia à cette occasion. La seconde phase est contrainte, c'est l'épisode majeur de l'irruption des Perses dans les cités grecs dans les années 540, en 546 en l’occurrence.
II) La fondation de Massalia
Massalia est située à l'est du Rhône : elle dispose d'un bon port naturel, le vieux port aujourd'hui. Elle est dotée en outre de collines.

Massalia apparaît selon la tradition comme une véritable colonie, une apoikia car il y a acte de fondation. Elle fait surtout office de comptoir maritime.

Massalia est une cité grecque depuis son origine (600 selon la date traditionnelle) jusqu'en 49 BC, date à laquelle elle doit se soumettre à César à cause de la prise de position en faveur de Pompée des Massaliotes lors de la guerre civile.

Elle est connue par les fouilles par certains textes qui sont très souvent orientés.

Pour les sources littéraires, on a un traité d'Aristote, en tout cas attribué à lui, La constitution des Massaliotes. On a également des commentaires d'Aristote aux livres V et VI de la Politique. Strabon, dans sa Géographie, IV, expose quelques analyses sur Marseille. Cicéron, dans la République, I, en parle également. Il faudrait ajouter une source plus tardive avec Justin.
A) En guise d'avertissement
L’historiographie antique a fait de Marseille une colonie qui a été dès le VIe siècle puissante et emblématique. Or on sait que son essor a en fait été extrêmement lent et progressif, et qu'il a bénéficié de facteurs extérieurs et non pas internes.

Ces facteurs sont tout d'abord la prise de Phocée en 546, ce qui rend Marseille beaucoup plus libre car elle n'a plus de métropole à qui rendre des comptes ou avec qui commercer en priorité.

Après 546, Massalia devient le centre phocéen, ce qui n'est pas l'avis d'Hérodote qui ne la mentionne même pas. Mais sans conteste, Marseille devient le centre phocéen quand Alalia est perdue après 540 par les Phocéens.

Ce qui a permis un essor de Marseille est plus tard, à l'époque classique et surtout hellénistique, la politique de traités d'accords et d'alliances avec Rome, qui est intervenu à plusieurs reprises pour soutenir Marseille contre les incursions des peuples barbares descendus du nord.


B) La fondation
Plusieurs traditions contradictoires traitent de la fondation. La date la plus fréquente est 600 mais on trouve parfois la date de 544.

Selon Villard, c'est une apoikia typique. Les Phocéens fondent ensuite Nice, Antipolis.

Dans les chronologies antiques, relatives, par exemple celle du Timée (IVe siècle) il est dit que la colonie a été fondée 120 ans avant la bataille de Salamine.

Pour d'autres chronographes antiques, c'est durant la 45e olympiade. 45*4 depuis 776 ça nous met entre 600 et 596.

Selon la légende de sa fondation et en raison de la philia, le chef ou les chefs de l'expédition phocéennes auraient été extrêmement bien reçus. La philia signifie amitié mais c'est ici le sens d’alliance militaire. Il y aurait des rapports de philia entre Phocéens et peuples autochtones, ce qui en dit long sur les rapports qui ont existé avant ou pendant la colonisation.

Cette légende du mariage de Protis avec Gyptis n'est qu'une présentation bienveillante des relations. En fait, rapports difficiles avec dégradation rapide. Le point de départ a été le statut des Phocéens en terre ligure, le même problème que pour Tartessos : les Phocéens sont-ils de véritables colons avec prise de possession de la terre ou des habitants à titre précaire ? Justin fait état de ce problème.

Ce sont ces conflits qui donnent naissance aux remparts qui ont existé des la fondation de la colonie. On a même envisagé des remparts extrêmement longs qui protégeaient toute la zone phocéenne.
Autre question relative à cette fondation, celle de la priorité ou non de la fondation de Massalia.

A-t-on avec Marseille une fondation première, à partir de laquelle les Phocéens se sont implanté aussi bien à l'est du côté de Nice qu'à l'ouest (Emporion).

Ou bien, autre façon de voir les choses, Marseille n'est elle pas plutôt une fondation sur une route déjà connue et fréquentée par les grecs entre Étrurie et Espagne ?

Cette fondation est en tout cas consécutive à une période précoloniale intense dans toute la région du sud de la gaule, en particulier dans la basse vallée du Rhône. Cette région méridionale était déjà parcourue non seulement par des Grecs mais par des étrusques et des Phéniciens. Par exemple, les archéologues ont retrouvé des amphores dans le département de l'Aude, aussi bien étrusques, carthaginoises que phocéennes. D’où coexistence de ces trois peuples et partage des réseaux commerciaux entre ces trois peuples.

Du coté grec, rien n'atteste que cette période qu'on appelle imprudemment précoloniale ait été marquée par la présence particulière, majoritaire, de Phocéens. Il est a peu près établi que les Phocéens ont partagé leur activité en Gaule du sud ou en Espagne avec d'autres peuples Grecs (cf. le Samien détourné et arrivé à Tartesos).
Enfin dernière question, cette fondation s'explique facilement si on l'insère dans un réseau phocéen qui a comme différents points Gravisca et Emporion en Ibérie. Marseille est au cœur d'un réseau et Michel Bats considère que Marseille va finir par occuper tout l'espace compris entre Ligure et Ibérie : c'est le commonwealth marchand phocéen.


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