Les diasporas grecques du viiième siècle à la fin du iiième siècle avant J. C.



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D) Le statut d'Al-Mina
Ce n'est donc pas un comptoir mais une fondation phénicienne avec résidents Grecs. Selon Rigdway, Al-Mina aurait été un grand port de commerce ouvert à de nombreux établissements locaux, par exemple l'établissement grec situé au sud d'Al-Mina (Ras al-Bassit ?). Mais dans tous les cas, il n'aurait pas été contrôlé par les Grecs.
II) Tell Soukas
Site habité par les Grecs entre 850 et 675, où ils étaient en cohabitation avec les Phéniciens. Après 675, il semble que les Grecs sont plus nombreux et qu'ils dominent même l'établissement jusqu'au moment de la révolte d'Aristagoras, au tout début du Ve siècle.

Durant cette période, les Grecs bâtissent des temples pour honorer leurs dieux et appliquer leurs marques culturelles dans la région. La encore, l'idée que les grecs bâtissent des temples pour marquer leur culture est de plus en plus contestée. On s'aperçoit que ces temples sont aussi de type phéniciens et pas seulement grecs.

Il y a un grand débat à propos des tuiles : on a retrouvé des tuiles typiquement grecques, avec des inscriptions en caractère grecs. On a retrouvé sur une tuile le moi Kai (et) et des inscriptions religieuses en Grec en l'honneur d'Hélios. On avait donc considéré avoir affaire à des temples typiquement grecs.

Mais maintenant on considère que les Grecs n'ont été qu'associés à la construction des temples, ou plutôt à la reconstruction/entretien de ces temples après 675, quand ils sont majoritaires.

On a donc pas affaire ici à une colonisation grecque mais à une pénétration très progressive parmis la population levantine.
III) Chypre
Les travaux sont extrêmement nombreux : cf. les travaux de Jean Pouilloux, Marguerite Yon et Vassos Karageorghis, Les anciens Chypriotes. Entre Orient et Occident, 1991.
Chypre est une île idéalement située dans le bassin oriental de la méditerranée. Sa position fait qu'elle était un carrefour de peuple. Elle est vite l'île d’Aphrodite car la déesse de l'amour serait surgi des flots à Paphos (cf. Théogonie d'Hésiode).

Chypre est une île très riche en ressource naturelles, en bois, en foret et en cuivre. Couverte de montagne, elle est aussi riche en gibier.

Ceci explique qu'elle a connu beaucoup de vicissitudes au cours du Ier siècle.

Il y a une dizaine de petits royaumes sur cette petite île, ce qui fait qu'on a un caractère très hétérogène sur le plan politique. On retrouve cette hétérogénéité sur le plan culturel, quand certains royaumes se retournent vers les Grecs, d'autre chez les Phéniciens. En tout cas elle ne constitue pas un ensemble homogène.

Parmi les principaux royaumes, sur la côte sud/sud-est on trouve Salamine (de Chypre). Au sud-ouest, le royaume de Kition, d’obédience phénicienne.
Parmi les vicissitudes citées, Chypre a été conquise par un roi d'Assyrie, Sargon II, en 709. A la fin du VIIIe, les rois locaux de Chypre, au nombre de 10, sont placés sous la souveraineté du roi assyrien.

Chypre est soumise aux Assyriens jusque vers 560. La première étape dans la chute de l'influence assyrienne date de 612 avec la destruction de Ninive.

Ensuite, les Égyptiens avec Amasis, occupent Chypre. Ce contrôle égyptien se maintient très peu de temps, jusque vers 545.

Ensuite, les Perses de Cyrus soumettent l'île de Chypre, que le roi Darius intègre dans une des satrapies, même si la domination perse est relativement douce.

La présence perse perdure jusqu'à l'expédition d'Alexandre, soit un peu plus de 200 ans après.

Cependant, quelques cités de Chypre se sont libérées, affranchies, de la domination perse avant l'arrivée d'Alexandre : c'est le cas de Salamine de Chypre qui mène une guerre de libération à la fin du Ve siècle et au début du IVe.


Les Grecs, depuis au moins l'époque mycénienne sont présents à Chypre pour des raisons marchandes, puisque Chypre sert de relais entre Al-Mina et l'occident.

La tradition homérique veut également que des héros de la guerre de Troie aient fondé des cités lors de leur retour en Grèce. C'est justement le cas de Salamine qui aurait été fondé par un certain Télamon.


Quelles sont les cultures présentes à Chypre ?

Les Phéniciens sont extrêmement actifs puisqu'ils ont fondé Kition, mais la culture qui se développe à Chypre est une culture mixte gréco-phénicienne (quand ça va bien) ou alors opposition entre les cultures grecques et phéniciennes (quand ça va mal).

Par exemple sur le plan religieux, on a des temples qui honorent des divinités doubles Astarté-Aphrodite ou Melqart-Héraklès (comme il y a Ball-Apollon ailleurs). Il y a dans les même temples des cultures religieuses différentes, mais ce n'est pas une véritable syncrétisme, chaque divinité gardant leur nom.

A partir du VIe siècle se développe à Chypre une conscience hellénique due à différents contacts entre des Chypriotes et des Grecs. Parmi ces contacts, il faut mentionner le voyage de Solon, qui après avoir quitté son mandat, a voyagé en Égypte et s'est arrêté à Chypre. Cet événement du séjour de Solon à Chypre est refusé par certains historiens aujourd'hui, Karageorghis en tête, qui estime que chronologiquement Solon n'a pas pu discuter avec untel ou untel à Chypre comme cela est raconté.

Quoiqu'il en soit, à la fin du VIe siècle, dans des citées comme Salamine, l'influence grecque est devenue prédominante dans tous les aspects de la vie quotidienne et de la culture.

Jusqu'au VIe siècle, Salamine aurait d'abord été tourné vers l'Orient, selon la théorie de Pouilloux, qui va un peu contre l’historiographie classique, la doxa). Disons que Salamine a une double-culture chronologiquement : orientale d'abord, puis grecque. Cette double orientation expliquerait la pratique d'un art original à Chypre, art faisant intervenir des techniques grecques et des motifs orientaux, le tout servi par un style particulier à Chypre : un expert en art dira tout de suite que telle coupe a été produite à Chypre et non pas en Attique.

Le rapport à la Grèce et non plus à l'orient se confirme à la fin de l'époque archaïque et plus encore à l'époque classique.

Il y a des liens militaires, diplomatiques établis entre les rois de Salamine et Athènes.

Parmi les rois de Salamine, on retient les noms de Evagoras et son fils Nicoclès, à la fin du Ve siècle et au IVe siècle. Ces liens se traduisent par des honneurs que les Athéniens rendent au roi de Salamine.

Par exemple, une inscription IGA313 (IGA3 113 ?) nous indique que les Athéniens ont accordé au roi Evagoras et à ces descendant la citoyenneté athénienne : alliance diplomatique durable. Ce décret honorifique se situe en 404/405, au moment ou les rois se dégagent résolument des Phéniciens pour se tourner vers les Grecs.

Au moment des guerres d'indépendances on voit des cités chypriotes se faire la guerre, Kition voulant rester sous influence phénicienne et Salamine voulant rejoindre le giron de la Grèce.

Chapitre X - Les Grecs et l'Afrique

L’Afrique est un terme anachronique non employé par les Grecs, qui parlaient de la Cyrénaïque, de la Libye, etc.


I) Grecs et Égyptiens
A) Les Grecs et la culture égyptienne
Au VIe siècle, on assiste à une vague d'Égyptomanie chez les Grecs, encouragés par la réussite dans beaucoup de domaines des égyptiens, connu par des savants qui voyagent, des mercenaires grecs, rapportant ce qu'ils ont vu des merveilles égyptienne.

La dernière phase de la grandeur égyptienne se situe justement au VIe siècle, juste après la chute de Ninive et avant l'arrivée des perses (612/525).

Les Grecs empruntent leur modèle culturels aux égyptiens, mais il est difficile de savoir s'ils viennent directement d’Égypte ou s'ils ont transité par le levant/Asie mineure. Cf. Martin Bernal, Black Athena, qui explique le débat.

Se développe en Égypte une culture typiquement égyptienne, jalouse de sa tradition, et une culture grecque beaucoup plus timide, qui est tolérée en certains endroits mais qui n'arrive pas à s'imposer.

On assiste parfois à des créations mixtes, à l’émergence d'un certain art gréco-égyptien, comme la stèle funéraire d'Abousir.

C'est une stèle de 500m environ, d'ailleurs présentée dans Les Grecs Outre-Mer de Boardman. Il s'agit d'une pierre tombale de type grecque avec une inscription qu'on a d'abord cru grecque ionienne mais en fait carienne (certes, les Cariens se sont hellénisés au contact des grecs). Il y a donc une relative hellénisation.

Mais cette pierre tombale présente des éléments typiquement égyptiens : par exemple au sommet de la pierre, on a un motif de disque solaire ailé. On a aussi Uræus, le cobra, le serpent qui figure sur des représentations des Pharaons.
On sait aussi que les artisans grecs installés en Égypte on copié des productions comme des récipients. Même chose pour les kouroi, ces statues hiératiques de l'époque archaïque qui sont inscrites sur le modèle des grandes statues majestueuses égyptiennes.
B) Les contacts entre Grecs et Egyptiens
Hérodote livre II, Socrate, Strabon livre XVII parlent des contacts entre Grecs et Égyptiens, continus à partir du VIIIe siècle.

Les Grecs recherchent un certain nombre de produits propres à l’Égypte comme le lin, le papyrus, l'ivoire ou les céréale. En échange, ils apportaient l'argent sous forme de métal.

Ces contact sont d’autant plus réguliers que des Pharaons recrutent de plus en plus de mercenaires grecs. Par exemple sous Apriès, on compte en Égypte environ 30 000 mercenaires grecs et cariens. Ils appartiennent aux troupes d'élites ou peuvent figurer parmi les rameurs de la flotte égyptienne.

Hormis ces mercenaires et quelques visiteurs de prestige comme Solon, les autres Grecs sont assez mal accueillis en Égypte. Il y a une certaine fermeture du peuple égyptien face à l'arrivée des Grecs.


II) Le cas de Naucratis

Alain Bresson, « Rhodes, l'Hellénion et le statut de Naucratis (VIe-IVe siècle a.C.) » in  Dialogues d'histoire ancienne, n°6, 1980.  http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_1980_num_6_1_1414



A) La localisation de Naucratis
Elle est située dans le delta du Nil, à 75 km à l'intérieur des terres. Ce site de Naucratis est connu aujourd'hui grâce à des fouilles britanniques conduites depuis le XIXe siècle.

Cette région apparaît déjà dans l'Odyssée, Ulysse prétendant avoir fait un rêve en Égypte.


B) Les Grecs à Naucratis

1/ Le statut de Naucratis.

Le nom de Naucratis a une signification au grec : naus = navire, cratos = la force. Victoire navale ou force du navire donc.

Mot qui peut avoir une résonance grecque mais qui est aussi égyptien : Naucratis ou naucratès signifie en égyptien la ville de Cratès. On a déjà vu cette question de l'étymologie multiple avec Pithécusses, on pourra le revoir avec Olbia.

Les Grecs s'installent à Naucratis à partir de la fin du VIIe siècle. Il nous faut distinguer deux types de Grecs : les résidents et les Grecs de passage.

Bresson se pose la question du statut des résidents fixes grecs : forment-ils une véritable cité ou non ? Question très longuement débattue

Pour Bresson , elle n'est pas une cité avant le IVe siècle : il y a une évolution vers la cité mais l'évolution est très lente.

On objecte qu'Hérodote parle d'une polis pour Naucratis, soit une cité en grecque. Réponse de Bresson : le mot Polis, chez Hérodote, peut signifier tout simplement ville, ou même à l'époque archaïque on trouve polis pour désigner l'acropole, et non pas une cité état archaïque. On peut donc dire que Naucratis est une polis mais pas une cité.

Ce qui va contre l'idée de la cité, c'est qu'elle est entièrement soumise au pharaon, qui accorde des terres aux grecs résidant sur son territoire. Cela est vrai à l'époque archaïque et ça se prolonge à l'époque classique : cf. Stèle de Nectanébo (IVe) ou l'on voit que le pharaon octroie lui même des terres aux Grecs. Cela ne serait pas envisageable si Naucratis était une vraie cité indépendante grecque. Ce n'est donc pas une cité.

Autre élément allant dans ce sens,l'urbanisation : pour autant qu'on la connaisse, elle a du être au départ extrêmement rudimentaire, avec des petites maisons sans confort : les Grecs n'ont pas investis le territoire pour y développer une grande ville, l'espace occupé étant estimée à une dizaine d'hectares seulement à la fin du VIe siècle. Il y aurait peut-être 15 000 grecs y résidant.

Si Naucratis n'est pas une cité, qu'est-ce ?


2/ Un port de commerce grec sous contrôle égyptien.
Selon Claude Baurain, le pharaon Amasis, qui a régné entre 570 et 526, a autorisé en 560 les Grecs venus de Milet et d'autres cités grecques, ainsi que les Cariens, à s'installer à Naucratis. Pourquoi ?

D'abord, c'était pour éviter la diaspora des Grecs dans toute l’Égypte.

Si Amasis a autorisé les grecs à s’installer, c'est aussi pour diversifier les partenaires commerciaux de l’Égypte, qui était jusque là beaucoup trop dépendante des Phéniciens.

Lorsqu'Amasis intervient en 560, les Grecs étaient déjà installé en Égypte, à Naucratis en particulier, qui était avant 560 un port de commerce établi entre 2 peuples et 2 cultures très différentes, Égyptiens et Grecs.

Ce port de commerce a été crée à la fin du VIIe à l'initiative d'une série de commerçant venu de 9 cités grecques, d'Asie mineure : Milet principalement, mais aussi des îles de la mer Égée et d'Égine tout près d'Athènes.

Ils aménagent un sanctuaire panhellénique qui représente les dieux et les épiclèses des 3 composantes majeures du peuple grec, les ioniens, les doriens et les éoliens. Ce sanctuaire s’appelle l'Hellénion.

Cet Hellénion et le port sont administrés par des prostatai, représentants des neufs cités grecques à l'origine de l’établissement. Ces représentants sont nommés par les cités elles-même, ce qui signifie qu'on a une intervention des cités de départ dans la gestion de l'Hellénion et du port de commerce. Ces prostatai sont en poste pour quelques temps le ports de Naucratis, qui est ouvert à tous les Grecs, pas seulement aux membres de l'Hellénion.

Ceci fait que Naucratis est un port crée par 9 cités, gérés par 9 cités, mais ouvert à toute la communauté grecque. Ainsi un négociant de Syracuse intervient à Naucratis.

L’Égypte a connu juste avant Amasis une période de troubles politiques et militaires : Amasis doit donc reprendre le contrôle des droits de douanes dans la région du delta du Nil. Il faut donc réorganiser en un seul territoire très limité pour que les égyptiens magistrats contrôlent tout.

Ce contrôle égyptien est très strict : les navires grecs n'ont pas le droit d'accoster ailleurs qu'à Naucratis, sinon ils doivent le justifier (tempête, avarie) et doivent faire transborder leur marchandise à Naucratis sous peine d'amende.

C'est à partir de ce moment qu'Amasis accord le droit aux grecs non seulement de résider mais aussi de commercer avec monopole. En terme juridique, on dirait qu'Amasis octroi la concession du territoire du Naucratis, ou plutôt une partie : les Grecs vivent en communauté fermée dans le nord de Naucratis, les égyptiens dans le sud.

Il y a très peu d'ouverture sur les deux cultures. Refus du mariage mixte qui s'observe dans la pratique et sera formalisé par une loi à l'époque d'Alexandre.

Pour résumer, Bresson caractérise l'attitude des égyptiens de tolérante et de fermée à la fois.
3/ Les activités
Elles sont avant tout marchandes (exportation de papyrus, de toute sorte de plante à vertu pharmaceutique, de peaux plus ou moins exotiques, de produits arabes ou orientaux, textile de lin).

Les Grecs ont pu s'installer en dehors de Naucratis mais pas pour faire du commerce : à Daphnée, à l'est du delta du Nil, on trouve des mercenaires. Et l'oasis des Bienheureux.


III) La Libye
Cf. les travaux d'André Laronde ou François Chamoux, Cyrène et la monarchie des Battiades.
A) Cyrène
Cyrène est un nom libyen, Kira, hellénisé par les Grecs en le rattachant au nom d'une nymphe, Cyrène.

Elle est située sur la zone côtière qui est aujourd’hui la côte de Libye. Cyrène se trouve à l'ouest de l’Égypte, à 2 jours et 2 nuits de navigation de la Crète. Elle est à l’intérieur des terres, sur un petit plateau de 600 mètres d'altitude maximal, ce qui peut constituer une sorte d'acropole.

La pluviométrie est intéressante. Elle se distingue ainsi très nettement de l’Égypte qui ne doit son arrosage qu'à la crue du Nil.

Cyrène dispose d'un port qui sera Apollonia, qui se développe autour de 600.

La zone cultivable est relativement grande, s'étendant une cinquantaine de km à l’intérieur des terres jusqu'à la zone désertique. Toute la côte est fertile avec une culture en terrasse, ce que décrit Strabon, qui parle également d'élevage (mouton, chevaux) en plus de la culture de la vigne, de l'olivier, de fruits, de légumes. Ceci fait de Cyrène une forme de pays de l'âge d'or, avec une production agricole qui courre sur les ¾ de l'année.

Théra fonde Cyrène en 631 selon la date fournie par les chronographes antiques, en particulier Ératosthène de Cyrène.

Cette fondation est racontée dans de très nombreuses sources littéraires : par exemple au Ve siècle Pindare dans les Pythiques (4e, 5e, 9e) ou Callimaque, poète de Cyrène du IIIe siècle BC, dans l'hymne à Apollon.

On trouve aussi le récit in extenso chez Hérodote. Le problème avec ces sources c'est que ce sont des Grecs qui parlent d'eux même et ne parlent pas des indigène, on a donc un point de vue très partisan.


Le récit de la fondation :

Hérodote donne la version des Théreens et la version des Cyrénéens. Pour la question du mythe, cf Claude Calame, Mythe et Histoire, 1996.

Le roi de Théra, Grinos, consulte l'oracle de Delphes et désigne un certain Battos, pour aller fonder une colonie en Afrique. Cette consultation et ce départ sont dus à la sécheresse et à la famine qui sévissent depuis plusieurs années à Théra. Ménéclès de Barca écrit cependant que ce seraient les conflits internes qui auraient provoqués le départ des colons.

Théra envoie des colons à raison d'un fils par famille Avec l'aide d'un pécheur de murex crétois, Corobios, les colons s'installent sur l'île de Platéa, qu'on ne sait pas localiser précisément, mais que Chamoux place à l'est de Cyrène, dans le golfe de Bomba.

Deux 2 ans après, période de réussite ou d'échec, Battos laisse Corobios à Platéa et s'établit à Asiris, sur le continent.

Battos se heurte d'abord à l'hostilité des berbères puis fonde une royauté.



B) Le nom Battos.
Battos signifie en grec celui qui béguait. Démosthène se faisait traiter de batallos, petit bègue, ou derrière (cul). Battos n'est donc pas un terme mélioratif.

Cependant, ce même mot Battos signifie en Libyen le roi. Ce passage d'un identifiant négatif à un positif, le roi est très bien montré par Claude Calame.

L'évolution se fait de façon assez miraculeuse : en effet, de bègue il devient roi, doté d'une voie de Stentor, très puissante. Cela survient au moment d'une chasse au lion : devant le danger, il peut crier et s'exprimer normalement.

A partir de là, Battos change de nom et prend le titre d'Aristotélès.


C) Qui sont les véritables fondateurs ?

Ce ne sont pas seulement les Théreens. D'autres peuples s'y mêlent, comme des Crétois et des gens de Samos.

Peut-être et surtout des Lacédémoniens. D'abord, Théra aurait été fondé par un groupe de Lacédémoniens conduits il est vrai par un Thébain, qui s'appelait Théras, d'où le nom de Théra.

Les Spartiates cherchent alors à s'attribuer le meilleur rôle dans la fondation de Cyrène, qu'ils vont considérer comme colonie de colonie. On a ainsi retrouvé en Libye une quantité de vases spartiates.

Ensuite est établit un culte, celui de Zeus Lykaïos, culte d'origine lacédémonienne, avec l'édification d'un temple monumental à ce Zeus.

Lorsque la royauté de Cyrène est en grande difficulté, on fait appel à un législateur étranger qui vient de Mantiné, Démonax. Ce Démonax a crée dans le corps civique de Cyrène une tribu péloponnésienne, ce qui va dans le sens d'une action des Spartiates.


Sur le plan démographique, on a que des estimations mais on peut dire que la population s'est développé très rapidement après la fondation.

Sous le règne d'Arcésilas II, au milieu du VIe, soit au moment de conflits, de guerres, on apprend qu'il y a 7000 hoplites de Cyrène morts au combat.

On peut ainsi estimer la population à 30 ou 40 000 Grecs, mais ce n'est vraiment qu'une estimation.
D) La monarchie des Battiades
On a ici le cas unique d'une dynastie qui a duré à partir de la fondation d'une colonie.

Chamoux explique cela très bien en soulignant l'alternance des noms des rois, qui s'appellent soit Battos soit Arcésilas.

Battos aurait régné pendant 40 ans, ce qui veut dire que la colonie fonctionne. Il était le fils d'un Théréen et d'une concubine crétoise, donc une sorte de bâtard. On voit encore l'importance de la Crète, due à sa situation intermédiaire entre l’Égypte et la Grèce continentale.

Succède à ce Battos Arcésilas Ier qui règne près de 16 ans  en additionnant les deux règnes, on a plus d'un demi siècle de stabilité politique, avec une première vague d'émigrants et des mariages mixtes avec la population locale, auquel Hérodote (IV, 186) fait référence.


Battos II règne vers 580 ; il est surnommé l’Heureux car la cité de Cyrène aurait été prospère sous son règne.

Il fait appel à de nouveaux immigrants à qui il promet un lopin de terre pris sur le territoire indigène.

Cela irrite évidemment les populations locales ; Libyens et Égyptiens livrent une vraie guerre contre Battos II. Ce dernier l’emporte et consolide son royaume (développement de l’agriculture et de l’élevage).
Arcésilas II règne vers 570 et c’est sous son pouvoir qu’éclatent les grandes querelles dynastiques ; il entre en lutte contre ses propres frères, lesquels entrent en dissidence et partent fonder Barcê, ville à l’ouest de Cyrène.

Ses frères essaient de soulever les Libyens contre Arcésilas II en prenant argument du monopole qu’exerce Cyrène sur le silphium, plante très précieuse commercialisée par le roi grec : les populations locales sont flouées (cette plante est endémique à la région et elles n’en profitent pas).

On a des représentations comme la coupe d’Arcésilas retrouvée en Étrurie, où le roi est assis et semble présider à la pesée du silphion avant sa vente ou son exportation. On a aussi des monnaies où figurent des tiges de cette plante relativement mystérieuse même si elle est décrite par les savants de l’antiquité comme la panacée, soit le remède à tous les maux. Au-delà de cet usage médicinal, la plante avait un usage alimentaire ; elle sert de plante aromatique et ses racines crues étaient mangées (comme les radis aujourd’hui).

Il y a donc un affrontement en germe… Les Libyens écrasent les troupes grecques d’Arcésilas ; c’est la première grande défaite des colons, dans le désert, près de Cyrène. Le sort du roi est peu glorieux : Arcésilas II est étouffé par Léonkos, un de ses frères, lui-même assassiné ensuite par la veuve d’Arcésilas II, sa belle-sœur.

Comme chez les Atrides, la tradition ne se perd pas chez les Grecs… Le roi qui succède à Arcésilas II est Battos III, Battos le Boiteux. Il a un rôle positif puisqu’une règle quasi absolue dans l’antiquité veut qu’on ait un handicap physique si on brille politiquement.

Il renforce la vie politique de Cyrène après ces désordres (réforme morale et politique à mettre en œuvre).

Il fait venir sur recommandation de la pythie de Delphes le fameux Démonax de Mantinée, arbitre législateur extérieur venu calmer le jeu. Démonax met en place une Constitution et réorganise les tribus doriennes selon l’origine géographique des habitants.

Il forme 3 groupes.

Le premier est celui des Anciens qui sont les Théréens et les périèques (ceux qui habitent autour).

Il y a aussi les Péloponnésiens et les Crétois (composition exclusivement dorienne).

Et enfin les gens des îles (parmi les colons se trouvent aussi des insulaires des Cyclades hors Théra).

Démonax crée aussi des magistrats pris parmi les citoyens ; ils ont une fonction politique et militaire.

Il y a un glissement puisqu’il n’y a plus seulement des attributions au roi. Mais ne sont concernés que les citoyens de la première classe seulement ; il y a donc un glissement d’une royauté pure vers une aristocratie ou une oligarchie, mais pas une démocratie.

Les pouvoirs du roi sont limités à la religion et à l’éponymat (fait de donner son nom à l’année, ce qui est très prestigieux) ; c’est comme à Athènes au début du VIème siècle avec les 3 premiers archontes. Les rois gardent leurs privilèges sans exercer de rôle politique.


Arcésilas III règne vers 525 ; il refuse les réformes de son père Battos dans un premier temps car il voudrait recouvrer des pouvoirs politiques.

Il se réfugie à Samos où il se constitue une troupe pour revenir et faire un coup de force sur Cyrène. Il chasse les oligarques et s’engage une guerre civile. Il agit comme les tyrans à l’oeuvre au VIème siècle. Il s’appuie sur le peuple à qui il promet un partage des terres ; cela contredit donc le modèle du partage le plus égalitaire des terres (cf Platon, Les Lois).

Cyrène s’oriente vers la tyrannie et les proscriptions ; les opposants sont exilés à Barcê. Ils y fomentent un complot contre Arcésilas III et l’assassinent. Pour Hérodote ce tyrannicide est normal : c’est le sort attendu pour tout tyran.
Lui succède Battos IV, entre 510 et 470. Son règne s’accompagne (d’un retour) de la prospérité de Cyrène. La monnaie fait son retour et est construit le grand temple de Zeus.

Mais ce n’est pas associé à une indépendance politique ; la ville est dominée par les Perses après la conquête de l’Égypte par Cambyse en 525.

La domination des Perses est relativement bien acceptée à Cyrène. On dit même aujourd’hui que les Battiades eux-mêmes auraient souhaitée cette autorité militaire supérieure leur permettant de contrôler les populations. La région de Cyrène est assimilée à une satrapie.

En revanche Barcê supporte mal cette tutelle ; elle se révolte mais échoue. Les Perses interviennent pour rétablir l’ordre.

Les Perses étaient intéressés par les ressources de cette Cyrénaïque (argument économique tacite derrière la guerre ?) ; il s’agissait aussi de faire le lien avec les Phéniciens à Carthage.

Jusqu’après 480 (bataille de Salamine), les Perses restent ; ensuite Cyrène ne paie plus de tribut aux Perses. Elle est indépendante de fait.

Il y a alors une unification politique de la région (plus de guerre entre Cyrène et Barcê).
Le dernier roi de cette dynastie qui est Arcésilas IV est assassiné par les habitants de Cyrène en 439.
On a une histoire un peu chaotique mais une dynastie royale unique dans une colonie grecque qui dure près de 200 ans et connaît des vicissitudes et malgré tout se renforce, flirtant dangereusement avec la tyrannie.


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