Les diasporas grecques du viiième siècle à la fin du iiième siècle avant J. C.



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III) Cartographie
A) La géographie méditerranéenne.

Chez Homère, on distingue 3 espaces dans la méditerranée. Ces espaces sont repérés par François Hartog par exemple.

Le premier espace méditerranéen est celui du voyage entrepris par Télémaque à la recherche de son père Ulysse. Cet espace part de Ithaque jusqu'à Pylos. Il faut ajouter à cet espace, celui ne Nestor, Roi de Pylos, qui va jusqu'à Troie. Ce premier espace est relativement connu par les guerre et, mis à part le cap Malais, est considéré comme non dangereux.

Le deuxième espace, celui de Ménélas : il part de Troie et est censé rejoindre la Grèce, mais dérive, vers la Crète et l’Égypte. C'est une zone beaucoup moins connue pour les Grecs continentaux du Ixe/VIIIe siècle.

Le troisième espace est celui d'Ulysse : cet espace se situe à l'ouest de la Grèce, Grand-ouest de la Grèce. Il correspond à un monde extrême, qui jouxte l'océan censé entourer la terre. Ulysse va jusqu'aux colonnes d'Hercules (Gibraltar). C'est un espace périlleux car emprunté par d'autres peuples que les Grecs. C'est un monde merveilleux, dans la mesure ou il est peuplé de créatures sublimes comme Calypso, moins sublimes comme certains monstres ou géants. Cette vision de pays lointains serait produite par le monde grec, le monde grec sédentaire, paysan, statique, celui des petits royaumes, des petits états du Péloponnèse.
Il y aurait donc un centre constitué par la Grèce continentale et les Cyclades ; Plus on s'en éloigne plus on a accès à un monde merveilleux. Ce caractère merveilleux de l'Occident renvoie à un monde pré-polisé, qui précède la cité. C'est dans ce monde occidental, l'univers de la Gigantomachie (combat des géants contre les Dieux), du Chaos. La majeure partie des voyages d'Ulysse se trouve rapportée dans les chants IX à XII de l'Odyssée.
Victor Bérard, le grand traducteur d'Homère, avait publié en 33 (livre posthume, mort en 31), Dans le sillage d'Ulysse. Pour Bérard, Homère aurait connu les instructions nautiques des Phéniciens. C'est grâce à ces instructions qu'il aurait fait faire escale à Ulysse dans tel ou tel coin. Il est vrai pour donner raison à Bérard que, dans un sens au moins, Homère a taché de représenter le monde occidental. Pour Michel Gras, Homère a dans la tête la Méditerranée vue par les colons et les commerçants grecs de son temps. C'était la doxa qui s'est transmise jusqu'au début du XXe.

Homère connaît les premiers établissements Grecs d'outre-mer est assiste aux départs de colons, surtout s'il est originaire de l'Eubée.

Ulysse, en quittant Troie, se dirige vers le nord, la Thrace. Il se trouve chez les Cicones, peuple allié des Troyens, considéré donc comme ennemi, et qu'Ulysse va saccager. Ensuite, Ulysse, qui essaie de rentrer en Grèce, est victime des Dieux, comme il a commis des crimes chez les Cicones.

Sa flotte est déroutée et il descend directement chez les Lotophages, sur les côtes africaines (Tunisie?). Ils sont des mangeurs de lotos (fruit comme la date ou opium ?).

Depuis l'Afrique, il file chez les Cyclopes, allégorie pour les volcans situés au large de l'Italie du Sud : cratère = œil du cyclope. Ensuite, Ulysse se trouve chez Éole, une île flottante. Il y a aujourd'hui dans la cartographie les îles éoliennes. Ce sont bien les régions qui intéressent les premiers colons grecs.

Puis il va chez les Lestrygons, peuples de géants mais très différent des cyclope, car si ces derniers ne vivent pas en communauté, les Lestrygons si. Ils peuplent la Corse ou la Sardaigne (or il y avait des implantations d'étrusques et de phéniciens en Sardaigne).

Puis il se rend dans l'île de Circé la magicienne (Monte Circeo en Italie).

Il descend au royaume des morts (catabase d'une épopée).

Puis, les Sirènes. Pierre Carlier comparait ces femmes-oiseaux aux serpents de la Genèse (Pierre Carlier, Homère). C'est quelque chose de surprenant pour les Grecs. Certains commentateurs ont associés ces sirènes à des phoques.

Puis Ulysse croise au niveau de Charybde et Scylla (détroit de Messine).

Ensuite il tombe sur l'île triangulaire. Sans doute la Sicile.

Puis Ulysse qui veut repartir chez lui est poussé vers l'ouest et tombe chez Calypso (Gibraltar) où il reste 7 ans.

Puis Calypso le laisse partir et il se fait finalement ramener en Ithaque, via Corfou par Nausicaa.

Dans cette hypothèse, l'Odyssée = épopée de la nostalgie, mal du retour (nostos = retour). Ulysse s'oppose à ses compagnons, qui ne rentrent pas. Ulysse n'oublie pas sa patrie, son identité de Grec. Or, quand les colons partaient, il pouvait arriver qu'ils n'aient pas le droit de rentrer dans leur patrie. Ulysse fait le périple mais revient sur son point de départ, il ne correspond donc pas totalement au modèle du colon.

On trouve maintenant d'autres hypothèse. L'hypothèse de Tim Séverin, publiée en 2000, dans Le Voyage d'Ulysse. Pour lui Ulysse a voyagé tout près de la Grèce et a pu descendre sur les côtes africaines, selon des routes connues. Son périple essentiel se déroule dans la mer adriatique. Séverin a fait construire un bateau qui ressemblait au bateau d'Ulysse, qu'il a appelé la nef Argo, et il a navigué pour retrouver les étapes du voyage d'Ulysse. On verra que la mer adriatique a été colonisée par les Grecs mais peut-être beaucoup moins que la méditerranée occidentale.

Autre interprétation d'Obregon, Ulysse et Magellan, publiée en 2003. Obregon reprend la tradition de Bérard en la modifiant :

Ulysse, en quittant Troie, ne serait pas monté vers la Thrace mais aurait filé directement vers le sud, en longeant la côté d'Asie mineure, à cause du vent du nord.

Puis, il se dirige vers la Grèce et c'est à ce moment là qu'il est dérouté vers le sud : Afrique (Lotophages à Djerba).

Puis Ulysse ne remonte pas vers l'Italie mais continue vers Carthage. On verra la colonisation Grec en Libye et jusqu’où ils vont en occident.

A partir de Carthage, il traverse vers la Sicile en empruntant les même routes que les négociants puniques de Carthage.

En direction de la Sicile, il est dérouté vers l'Ouest et arrive près des Baléares.

L'île des chèvres serait l'île de Cabrera, situé au sud des Baléares. Les Grecs, à travers Ulysse, se sont donc aussi installés à la péninsule ibérique selon cette interprétation (Ampurias, etc.). Les cyclopes seraient non pas les volcans d'Italie mais des peuples troglodytes : l'antre, la caverne des cyclopes, serait la caverne d'un peuple troglodyte vivant aux Baléares.

A partir de là, Ulysse file vers l'est mais l'île d’Éole serait Minorque (l'île du vent).

Toutes ces tentatives sont vaines jusqu'à ce qu'il parvienne en Corse et en Sardaigne. Le pays des Lestrygons serait Bonifacio.

Ensuite, Ulysse se rend chez Circé, en Italie. Circé serait à l'île d'Ischia (Pithécusses).

Puis, à la demande de Circé, Ulysse repart vers l'ouest jusqu'aux colonnes d'Hercules.

Lorsqu'il est arrivé aux colonnes d'Hercules, le courant maritime (le courant rentrant pour les Grecs) repousse Ulysse vers l'est.

Il tombe sur les Sirènes puis Charybde et Scylla (détroit de Messine) et fait étape à Malte, qui serait le séjour de Calypso. Cette théorie est intéressante car on sait que les Grecs avaient du mal à rester aux colonnes d'Hercules, région tenue par les phéniciens. Comment un grec aurait pu y rester 7 ans ?

C'est à partir de Malte qu’il navigue ensuite vers l'Est, vers Schérie, l'île de Nausicaa, qui n'est pas du tout Corfou pour Obregon, mais l'île de Chypre (Malte-> Chypre en 18 jours ?!). Chypre est intéressante car riche en cuivre et sert de relais entre occidentaux et orientaux, méridionaux et septentrionaux. Lorsqu'Ulysse est sur cette île de Schéri, il reçoit en effet en cadeau du cuivre.
B) La Cartographie avant Hérodote (milieu du V)
Les premières cartes ont pu être dessinées à la suite des exploration maritimes ou des périples qui ont eu lieu au VIIe-VIe siècle : cf le périple de Néchao, une circumnavigation de l’Afrique qui aurait eu lieu à l’initiative de Nékao II, pharaon d’Égypte vers 600, raconté par Hérodote.

On a des instructions nautiques ou portulans rédigés au cours de l'époque archaïque. Ces différents documents ou expériences maritimes conduisent aux premières cartes, ioniennes d'Asie Mineure, qui datent du VIe siècle.

La première carte est due à un certain Anaximandre de Milet. Cette carte traduit la volonté de géométriser la représentation de la terre, tout ça conduit par un esprit scientifique, rationnel. C'est une terre plate, en forme de disque, car le cercle est sur le plan géométrique la figure parfaite. On note aussi une recherche des symétries. On est plus dans l'art géométrique mais il y a encore cette idée de ramener à des figures géométriques.

Pour Anaximandre, la terre habitée (oikoumène) est divisé en deux ou trois grandes parties : l'Asie, l'Europe (sœurs au départ) et éventuellement la Libye. On ne sait rien d'autre sur cette carte.

Ensuite, la carte d'Hécatée de Milet. Il poursuit les travaux d’Anaximandre en découpant le monde en trois zones.

Article de Zimmerman dans Ktéma, 22, 1997 (disponible au Ceror). Pour ce dernier, il y a chez Hécatée une vision tripartite du monde. Dans cette vision, la Libye et l’Égypte constituent un domaine à part. Pour l’Égypte justement, Hécatée a rédigé des descriptions, dont on ne conserve que des fragments, mais qui ont été utilisés vraisemblablement par Hérodote quand dans le livre II il se consacre à la description de l’Égypte.

En même temps que cs travaux d'Hécatée, à la fin du VIe, Pythagore suggère que la terre n'est pas un disque plat mais une sphère avec deux hémisphère, seul l'hémisphère nord étant connu.

Cette idée extrêmement moderne en entraîne une autre : celle de différentes zones climatiques. Il y a des régions plus froides et des régions plus chaudes de part et d'autre de l'équateur. A partir de cette hypothèse, les philosophes vont élaborer très vite une théorie des climats (on l'a chez Hippocrate et Aristote).

Plus tard, on a les savant hellénistiques qui diviseront le monde en 5 zones climatiques : les tropiques, les deux zones tempérées (Nord/sud) et les régions polaires.
Le monde selon Hérodote (p.12). Se pose la question de la mer circulaire et des différents fleuves. Dans la tradition archaïque, la terre est une grande île entourée par un océan. Les anciens avaient imaginé un échange entre les océans et les mers intérieurs : Méditerranée, Noire, Caspienne. La mer méditerranée est alimentée par des courants de surface qui viennent de l'océan. Au contraire, il y aurait des courants de fond en méditerranée qui partirait vers l'océan : échange de masse d'eau entre les deux mers, superposés (fond = mer → océan/surface = océan → mer)
Des fleuves sont utilisés par les Grecs comme voie de pénétration dans les continents : le Danube, le Phase. Ce dernier, à l'est de la Mer noire, dans la région du Caucase, est un fleuve qui n'est pas dessinée sur notre carte (p.6) mais dont l’embouchure est au niveau de Phasis. A partir de ce fleuve, les Grecs pouvaient pénétrer vers l'Asie, vers l'Orient, pour des échanges commerciaux.

C) Hérodote
François Hartog, Le miroir d'Hérodote

Jaques Lacarrière, En cheminant avec Hérodote


C'est un écrivain originaire d'Asie mineure, Halicarnasse. Il s'est intéressé à toutes les sciences naissantes dans sa région (géographie, sciences naturelles, humaines, médecine). Il né v. 485, meurt v. 425.

On sait qu'il a voyagé : il a du fuir sa patrie d'Halicarnasse au moment d'une tyrannie et a trouvé refuge en Occident, dans la colonie fondée par Périclès, la colonie Pan-hellénique de Thourioi, en remplacement de Sybaris. Il connaît donc les régions dont il parle. On sait qu'il a voyagé en Asie chez les Perses, à Suse, Babylone, Ecbatane, en Égypte, en Mer Noire, puisqu'il aurait circulé dans la région actuelle de l'Ukraine.

Il connaît mieux l'Orient et le Sud que la gaule et l'Espagne. Il est considéré comme le père de l'Histoire.
Sa vision du monde est à mettre en rapport avec Hécatée. Dans son œuvre, Historia (l'Enquête), Hérodote a transposé les travaux d'Hécatée.

Mais Hérodote, contrairement à Hécatée, ne croit pas en une géométrie parfaite du monde habité. Par exemple, Hérodote doute de l'existence d'une mer située au nord de l'Europe.

Cependant, Hérodote reste marqué par la symétrie : carte p.12 => Hérodote imagine que le fleuve Nil est le pendant symétrique du Danube (Ister). Même chose lorsqu'Hérodote considère que le monde habité a un centre, Halicarnasse.

On a une vision concentrique avec plusieurs cercles de civilisation. Le premier est celui des Grecs. Plus on s'éloigne du centre, plus on s'éloigne du modèle civilisationnel grec.

Ce qui change aussi chez Hérodote est que lui a une vision bipartite du monde : il n'y a que deux grands peuples, les Grecs et les Barbares. On est pas dans une vision tripartie comme chez Hécatée. Ce qui intéresse Hérodote est ce qui définit la Grécité et comment évoluent les barbares.

Ceci fait dire à Christian Jacob qu'il y a chez Hérodote plusieurs horizons : un horizon géographique, un horizon temporel (il s'intéresse au passé des civilisations), un horizon culturel (mise en rapport des cultures grecques et des cultures barbares (Sagesses barbares).



Conclusion
La mer chez Homère est représentée de façon négative : le lieu des naufrages, des morts sans sépultures et signifie l'éloignement de la terre. La diaspora par voie maritime n'est pas souhaitable chez Homère.

Dans un sens, on peut dire que les grecs subissent la mer.

Mais la Méditerranée est en même temps un espace privilégié qui est peu à peu connu grâce aux diasporas. Elle devient un carrefours de peuples divers (crétois, phéniciens, achéens) ou se constitue un réseau d'échanges commerciaux et culturels.

Les choses fonctionnent à peu près bien jusqu'au VIIe siècle, puisque les premières guerres navales ont lieu assez tardivement, vers le Ve siècle.

Jusqu'alors, la mer est plus un espace de rencontre et de concurrence commerciale, pas de bataille.
Chapitre IV : les emporia
Introduction
Les débats antiques sur le commerce commencent essentiellement au Ive siècle, avec Aristote et Xénophon. Il n'y a pratiquement rien avant. Aujourd'hui en revanche les historiens parlent beaucoup du commerce dans l'Antiquité. Il y a des oppositions et débats entre les écoles d'historiens qui visent à déterminer la nature des échanges dans la Grèce archaïque, qui visent à définir l'économie. Était-il organisé, spécialisé ou restait-il, dans le cadre de la diaspora, l'affaire d'aristocrates qui échangeaient des biens entre eux.

Les historiens l'ont longtemps discuté, la qualifiant de primitive pour certain, de modernes pour d'autres. Cette dichotomie n'a pas débouché sur grand chose, elle a même constitué une erreur, car quand on qualifie l'économie ancienne de moderne ou primitive, on porte un jugement de valeur et on ramène cette économie à des types de fonctionnement contemporains.

D'un côté, les primitivistes apparaissent à la fin du XIXe. Parmi eux, Karl Bücher. L'économie grecque serait primitive dans la mesure ou elle est domestique est fermée, ce qui va a l'encontre de la problématique.

Pour Max Weber, il faut se dégager de ce terme primitif et considérer que l'économie grecque n'était pas du tout rationnelle : elle ne gérait pas rationnellement des biens qui pouvaient se révéler à un moment ou un autre rare ou faisant défaut. Ce qui compte pour l'économie archaïque, c'est qu'elle était substantive, c'est à dire qu'elle visait à assurer l'alimentation, la survie de la communauté au jour le jour. Selon cette vision, les cités grecques étaient consommatrice beaucoup plus que productrice. Pour Max Weber, il est même abusif de parler d'économie dans le sens noble du terme car il n'y a pas de plan à long terme. Il vaut mieux étudier des comportement, des sociologies, des groupes sociaux qui sont en conflits peut-être les uns envers les autres, et il faut mettre le tout en lien avec les institutions.

Il faut citer Finley, qui voyait dans l'économie antique une somme, un ensemble de petite unités autarciques. Ceci sera contesté : nous verrons à propos des Phocéens l'importance des réseaux économiques qui ont dicté l'implantation d'un emporion.

Contrairement à cette tradition, les modernistes, représenté par Edoaurd Meyer, on a déjà, même à la fin de l'époque archaïque, les traces d'une économie capitaliste, qui s'organise, c'est indubitable à l'époque hellénistique. Ceci se caractérise par le développement de la monnaie, de la banque (privée, publique, de sanctuaire, au IVe) et mise en place d'une fiscalité d'état qui put relever d'une forme moderne de gestion des finances et de l'économie.


Aujourd'hui, on a dépassé ces oppositions et on s'appuie sur les thèses d'Alain Bresson, spécialiste de la cité marchande. Pour lui, il faut sortir d'un conflit primitiviste/moderniste, trop schématique et réducteur, mais s'intéresser à la rationalité interne de la cité : qu'est ce qui la définit ? Les institutions de la cité. Il faut la mettre en relation avec une rationalité externe définie par les échanges, la nature des produits échangés, le prix des produits, les zones concernées par ces échanges.
Cela veut dire que pour appréhender de façon prudente l'économie de l'époque qui nous concerne, il faut mettre face à face ce qui constitue la cité (institutions, marchands, aristocratie?) et en face toute les conditions extérieures à la cité, soit les moyens d'échange (flotte de commerce, flotte de guerre pour protéger ?) si bien qu'on arrive à la définition d'une économie relativiste. C'est le rapport, la relation, entre ce qu'est la cité et ce qu'elle attend de l'extérieur, ce qu'elle propose. Qui dit extérieur dit colonie, diaspora, contact avec des peuples étranger aux Grecs.
Bibliographie :

Bresson et Rouillard, L'emporion, 1993.

Velisaropoulos, Le monde de l'emporion, 1977 (article)

Hansen, L'emporion, Greek Colonisation (article)



I) Les Emporia

A) Définition
Ouvrage de Cassevitz, qui est revenu sur le terme d'emporion et la famille même du mot. Dans l'antiquité archaïque, le commerce, d'abord essentiellement voire uniquement maritime, jusqu'au Ve siècle, se dit emporia (féminin, pas pluriel). Ce mot est déjà présent chez Hésiode, à la fin du VIIIe siècle, dans Les Travaux et les Jours. Ce commerce maritime ultramarin se pratique dans un emporion, qu'il faudrait définir. Cet emporia pratiqué dans un emporion est pratiqué par un emporos (un marchand qui navigue). Cet emporos est celui exactement qui traverse, qui traverse la mer avec le radical por (per en latin), à travers/traverser (les pores de la peau par exemple). L'emporos est celui qui est en voyage d'affaire, qui peut durer quelques semaines/mois. Il le fait sur un bateau qui n'est pas forcément le sien, le plus souvent même. C'est donc un marchand-voyageur.

L'emporion est fondé spontanément par quelques commerçant, et en cela il s'oppose à la colonie, fondée solennellement par une cité. A l'origine des emporia se trouvent des contacts réguliers entretenus par marchands et marins du bassin méditerranéen. Les marchands ont besoin de relais, de comptoirs de commerce qui sont disposés sur les côtes (Italie, Sicile, Afrique par exemple. Même chose pour la mer noire).

Parmi ces marchands, certains sont phéniciens (Tyr, Sidon), les premiers à sillonner cet espace jusqu'au delà de l'Espagne.

Y a-t-il une définition précise ? Non. Donc on établie une typologie.

Premier type d'Emporion : l'établissement installé par des grecs dans une zone inhabitée. Exemple, au nord de la mer noire, au niveau de Bérézal (près d'Olbia).

Deuxième type, les emporia mixtes, avec des commerçants d'origines diverses : grec et phénicien ou grec et étrusque. C'est le cas de Pithécusse, sur l'île d'Ischia.

Troisième type, emporia mixte avec Grecs et populations locales : c'est le cas avec Ampurias (Emporion...) en Espagne.

Dans le cadre de ces deux derniers comptoirs, les relations sont généralement bonnes, puisque le but est que chacun des partenaires puissent y trouver leur compte. C'est ce qui explique sans doute la multiplication des emporia. On pense à certaines cités d'Asie mineure comme Phocée qui a établi beaucoup d'emporia.


B) Débat
Bresson écrit que « l'emporion est une sorte de concept » passe-partout, où, plus chic, « protéiforme ». Cela interdit d'adopter, pour définir l'emporion, une perspective chosiste (c'est à dire affirmer que l'emporion est une réalité, qu'il existe en tant que tel, qu'il a une réalité bien définie qui s'affirme au regard. Au contraire, c'est le regard qu'on porte sur tel ou tel établissement qui en fera un emporion de telle ou telle nature). Dans ce cas est-ce la perspective politique ou économique qui l'emporte ? Il y a aussi la perspective chronologique.

On a longtemps cru qu'un emporion pouvait devenir une cité, une colonie, comme s'il y avait un progrès, une évolution. C'est vrai pour le Pirée à l'époque classique.

Mais on a aussi l'inverse. Les cité de Chalcidique sont devenue des emporia d'une colonie qui est Olynthe.

On ne peut donc pas généraliser et définir une fois pour tout tel endroit, telle emporion.


Les emporia diffèrent en effet en fonction des lieux de Méditerranée.
Al-Mina, Naucratis, Gravisca (Etrurie). Ces trois emporia peuvent avoir des points commun mais on ne peut pas les assimiler les uns aux autres ne serait-ce que par leur environnement (l'Égypte est beaucoup plus difficile pour les Grecs qu'en Etrurie jusqu'aux guerres étrusco-grecques du VIe : à Al-Mina, il y a beaucoup moins de Grecs, qui sont en minorité.)
Revenons en au politique et à l'économique. Pour les Grecs, le politique l'emporte sur l'économie. De fait, un rapport hiérarchique c'est instauré entre la polis, la cité-état, et l'emporion, établissement de commerce.

Mais on peut se demander si l'emporion n'est pas en même temps une cité. On peut trouver les termes emporion et polis pour désigner la même localité. Exemple de Thasos, île située au nord de la mer Égée, en face de la Thrace. Cette île a plus ou moins colonisé la région côtière de la Thrace. Les localités qui s'y trouvent (sur la terre ferme) sont à la fois des poleis et des emporia. Les choses se complexifient quand on admet que cette région de Thrace constitue une forme de Pérée, c'est-à-dire le territoire continental dominé par une cité (on parle de la Pérée rhodienne en Lydie)

La question se pose pour Marseille. Était-elle un comptoir de commerce ou une colonie immédiatement ? Les sources tardives pour Marseille (Strabon) font de Marseille une véritable cité-grecque, c'est même un modèle vanté par Cicéron et Strabon. Marseille fait figure d'une cité, d'une polis grecque phocéenne installée au milieu d'un territoire de barbare et qu'elle a cultivé, hellénisé les peuples qui se trouvaient dans cette région. C'est ce qu'on a dit, pas forcément la vérité. C'est la doxa.

Quand on dit que Marseille est une cité, on privilégie l'aspect politique. Il y a donc dans cette affirmation une sorte de valorisation de la grécité, de la diaspora grecque, supérieur au cultures locales.


Une autre chose pourrait distinguer l'emporion et la cité, c'est la taille de l'établissement. Pour qu'on puisse parler de cité, il faut que la population soit assez nombreuse, assez puissante pour pouvoir vivre en autarcie (idéal de la cité). Cf. les chiffres de Platon (5040, 10000, etc). Mais ça ne résout pas le problème : Naucratis est très peuplée, mais est-ce une cité ? Naucratis a le monopole du commerce avec les Grecs pour tout l’Égypte. Ce n'est pas une cité, car l'élément économique l'emporte ici sur les considérations politiques.
Comment traduire exactement le terme emporion ? Est-ce un port de commerce autonome. Est-ce, comme le pense Karl Polanyi, qui a écrit dans les années 50, un port de commerce indépendant des structures politiques de la cité ? Un port de commerce régi par sa propre administration en somme. Cette définition a eu beaucoup de succès. Aujourd'hui on en est revenu car il y a plusieurs types d'emporia, on ne peut donc pas dire qu'elles sont toutes autonomes.

On observe ainsi, contre Polanyi, qu'une cité comme Athènes établit une port sur son propre territoire. Dans ce cas, il est hors de question de qualifier le Pirée comme indépendant des structures de la cité, car géré par les magistrats de la cité d'Athènes. Inversement, l'emporion peut être tout à fait indépendant et devenir une entité nominative. L'emporion donne son nom à des fondations : Emporion en Espagne. Même chose dans la mer d'Azov, au nord de la même noir, avec l'emporion de Thanaïs : on a un établissement qui s’appelle Emporion. On ne parle pas de l'emporion de X mais juste emporion : l'établissement se définit par ce caractère d'emporion.


Dernier débat, confusion entre emporion et colonie. Il y a des cas ou on ne peut pas les distinguer, lorsque les colonies ont des buts exclusivement commerciaux. Le Cas de Corcire, situé sur la route du commerce vers l'ouest. C'est une colonie mais qui a joué essentiellement un rôle d'emporion. C'est son intérêt commercial qui a fait que des cités grecques se sont battues pour la contrôler. Elle a était fondée par Érétrie mais prise ensuite par Corinthe. Même chose avec Byzance et Chalcédoine, deux colonies fondées par Mégare. Ces deux cités se font face de part et d'autre du détroit et le but de ces deux fondation est commercial : contrôler la route du commerce vers le Nord. Même chose pour Marseille. A-t-elle été dès le début une colonie fondée en 600 ou n'a-t-elle pas été d'abord un comptoir de commerce situé sur un point stratégique entre le Sud de l'Italie et l'Espagne ? Puisque les Grecs ont tendance à suivre les côtes, Marseille, tout près du Rhône, pouvait leur permettre de faire une halte et redistribuer des produits en Gaule via le Rhône. On se demandera si Marseille a été crée avant ceux d'Espagne ou après ? Diaspora à partir de Marseille ou au contraire, d'abord en Espagne et Marseille = relais ?

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