Les diasporas grecques du viiième siècle à la fin du iiième siècle avant J. C.



Yüklə 173,64 Kb.
səhifə9/12
tarix19.07.2018
ölçüsü173,64 Kb.
#56543
1   ...   4   5   6   7   8   9   10   11   12

C) Le territoire urbain
Jusqu'au IVe siècle, Marseille est cantonné à un territoire exigu d'environ 20 hectares. A la fin de son expansion, il couvrira 50 ha.

Il s'agit d'une colonie maritime qui ne recherche pas de terres. C'est une citée organisée autour du port avec d'abord la partie nord occupée et bâtie.

Le Marseille archaïque est situé sur un ensemble de 3 petites collines de 20 à 40 mètres d'altitudes, collines très bien approvisionnées en eau avec des sources sur les flancs.

Elles sont située au nord ouest du vieux port actuel, qui s'appelait chez les Grecs le Lacydon. Seule l'entrée du port était pratiquée par les Grecs. Le fond du port était une zone insalubre, croit-on, à l'époque archaïque.

Ces trois collines sont la butte Saint-Laurent, la butte des Moulins et la butte de la Roquette. Entre les deux premières buttes, on a une petit dépression, un col, la dépression de Lenche.

C'est au niveau de cette dépression que l'on place l'agora archaïque, mais on a pas trouvé de monuments. Les fouilles ont mis au jour des habitations du début du VIe siècle au niveau de la butte Saint-Laurent, où devait se trouver le temple d’Artémis et le temple d'Apollon, deux divinités jumelles. A Marseille, on a pourtant retrouvé aucune trace de sanctuaire ou temple archaïque.

Avant 540, la ville s'étend en direction du nord. C'est aujourd'hui l'emplacement de la cathédrale de la Major. Elle s'étant aussi vers l'est, en direction du fond du port, zone marécageuse selon certains archéologues. Tréziny conteste cette présence de marécages. La ville s'étend jusqu'au niveau de la Bourse, qui n'est pas tout à fait incluse dan les fortifications : comme on le voit sur le plan numéro 2, page 20, la Bourse fait partie d'une zone périurbaine.

Cette extension en plusieurs temps explique le caractère d'ensemble assez désordonné. On a à Marseille plusieurs quartiers successifs qui obéissent chacun à un plan d'urbanisme particulier : il y a des îlots d’habitation comme dans toutes les colonies, mais c'est quartier par quartier. On a rencontré ceci avec Megara Hyblaea. Il n'y a pas de tracé rectiligne qui concerne toute la ville, qui n'est pourtant pas grande. Deux raisons : on construit petit à petit dans tout les sens. Autre raison, le relief.

La ville est dotée d'un rempart terrestre probable dès la fondation, ce qui va dans le sens de relations détestable avec les indigènes. Ce rempart s’agrandit régulièrement a cours du VIe siècle, au point d'englober une 4e colline à la fin du VIe siècle, la buttes des Carmes.

Il est difficile de dire s'il y avait un rempart maritime, en tout cas on en a pas de trace. Quand au port des Grecs, il devait se trouver très logiquement en contrebas du colle de Lenche, où on situe l'agora (fonction marchande donc près du port). Le port archaïque est donc sur la rive nord du vieux port actuel. Sur le plan p. 20, on eut le situer au dessus des lettres VI de Vieux port.

Enfin, les nécropoles étaient située tout autour de la ville. On a quelques traces de nécropoles au nord, à l'est, et surtout au sud du vieux port. On a aujourd'hui la colline de Notre-Dame de la Garde à cet endroit.
D) L'organisation politique
Est-ce que ce que nous savons de l'organisation politique peut nous permettre de dire que Marseille a connu un essor pour des raisons internes ? Autrement dit, son fonctionnement politique est-il valable, performant, comme le proclament les sources antiques.

Politiquement, c'est une oligarchie, et plus précisément une ploutocratie : gouvernement des riches. Cette oligarchie fonctionne avec un conseil, le synédrion de 600 membres, qui ont le titre de Timouque à vie. Un timouque est quelqu'un qui a une timé, soit le prestige, l'honneur reconnu à un grand, à un monarque, à un roi. Ils sont nommé à vie, donc assemblée extrêmement conservatrice.

Il y a dans le système politique de Marseille un pouvoir exécutif entre les mains de 15 membres qui dirige la vie politique. Ils font exécuter les règlements et lois. Au dessus, un conseil supérieur de 3 membres.

C'est une structure très pyramidale. Dans ce système, il n'y a pas d'assemblée du peuple, pas d'ecclésia. On a donc un exemple intéressant pour la question « est-ce que les grecs des diaspora ont reproduit les institutions de leur métropole ? »

Pas de représentation du peuple pour un grec, cela semble un peu gros. Ce peuple est réduit en nombre car pas de chôra et c'est donc un peuple urbain. Ces commerçants, artisans ou marins ne participent pas aux affaires politiques, ce qui fiat dire à Cicéron que « Marseille est gouverné avec la plus grande justice par l'élite de ses citoyens mais la condition du peuple y ressemble jusqu'à un certain point à l'esclavage ».

En tout cas ce système a perduré environ 550 ans, et peut-être aurait-il duré plus encore sans César.


E) Culture et religion
Pour Jean-Paul Morel, Marseille serait un « microcosme phocéen », « l'initiatrice de l'occident ».

Les Grecs ont appris aux populations locales à vivre selon des lois.

Ensuite les grec introduisent en Gaule l'alphabet. On a trouvé des inscriptions assez curieuses écrites en gallo-grecques : des mots gaulois écrits en caractères grecs.

Les remparts également, sont un apport grec.

La monnaie s'est mise à circuler dans le sud de la gaule avec l'arrivée des Grecs. Ce sont des oboles anépigraphiques (elles ne sont pas marquées). Ces monnaies pouvaient être faites d'argent et provenaient du sud, sud-ouest de la Grèce.

Marseille a aussi apporté au sud de la Gaule la culture de la vigne, avec dans la première moitié du VIe siècle un retard des marseillais, puis ensuite une primauté des phocéens sur les Étrusques.

Le sud de la Gaule s'hellénise rapidement. On a aussi des marques d'hellénisation plus au nord, tout le long du Rhône et même jusqu'à Paris en passant par la Bourgogne, ainsi qu'en Allemagne actuelle.

La mode de banquets, adoptés par les aristocraties gauloises, provient des Grecs quil'avaient eux-mêmes empruntés aux orientaux.

Pour ce qui est de la religion, ce sont des dieux grecs qui se sont imposés : Leucothéa, la déesse blanche, est vénérée à Marseille.A Delphes, un trésor des Massaliotes aurait été édifié après la bataille d'Alalia fin du VIe siècle/début du Ve siècle. On trouve également Athéna, déesse de la sagesse et de la guerre.
F) L'activité commerciale.
Marseille est essentiellement tourné vers le commerce mais aussi la culture de l'olivier, de la vigne et de plantes comme le chanvre, utile pour la confection des cordages (Cannebière). La principale route commerciale part vers le nord, via le Rhône.

Des fouilles archéologiques ont mis au jour à Vix, en Côte d'Or, un gigantesque cratère en bronze fabriqué par des artisans de Grande Grèce, de Sybaris, et découpé pour le transport, de façon à être acheminé très loin à l'intérieur des terres via Marseille. Ce cratère a été retrouvé dans la tombe d'une princesse. Diamètre de 1m20, volume 1250 litres, poids 208 kilos.

Ce cratère serait un cadeau, un présent diplomatique offert par les Grecs (pas nécessairement ceux de Marseille), offert à un roi local. Pourquoi ce cadeau ? Sans doute pour ménager aux Grecs une route vers le nord de l'Europe : en reconnaissance de l'appui que leur offre ces petits rois locaux, on offre des cadeaux.

Cette route intéresse les Grecs car ils recherchent l'étain et l'ambre. On a retrouvé ce même genre de présent en suisse, en Allemagne, et... en Suède ! Ceci confirme bien ces réseaux et routes commerciales jusqu'à l'extrême nord de l’Europe.

Marseille se livre donc au commerce de l'étain avec la Bretagne. Dans ce commerce, Marseille rencontre l'hostilité de Carthage, même s'il y a eu présence simultanée de phéniciens de punico-phéniciens et de Grecs : les tensions s’exaspèrent au VIe siècle, comme à Alalia. Le commerce marseillais peut à un certain moment au cours du VIe siècle souffrir de ces conflits.

Ceci expliquerait que les Marseillais ont cherché à installer partout des comptoir de commerce qui peuvent leur servir de relais ou bases d'appuis pour le contrôle de bases commerciales plus ou moins menacées par étrusques et phéniciens.



III) Les autres établissements phocéens
On a sur le fleuve Hérault la ville d'Agde, Agaté en grec, la bonne. C'est selon certaines sources l'établissement le plus ancien établit par les Phocéens, peut être plus ancien que Marseille.

Positon stratégique et intéressante pour les Grecs car peuvent pénétrer facilement dans les Cévennes.

La cité s'étend sur un territoire extrêmement réduit, 4 ha.
Autre cas, Arles, déjà vu (en TD ?)
Antibes, étudiée par Jean Ducat dans un article de 1982. Fondée vers 565, en même temps qu'Alalia.

Antipolis, signifie la cité d'en face. En face de Nikaia ? Nice est en effet à environ 20 km à l'est d’Antibes. Ou bien plus probable, en face de la Corse, en particulier en face d'Alalia.

Pour Ducat, Antipolis est crée dans un endroit très favorable, avec un port naturel protégé coté maritime par deux petits îlots. Cf. situation de Pithécusses, à Ischia.

Antipolis permet, comme à Agde, un accès à l'intérieur des terres, donc favorise le commerce avec les populations locales et en même temps autorise la création d'une chôra, contrairement à Marseille. La région était déjà habitée lorsque les Grecs s'y sont installés et les étrusques commerçaient dans cette zone.

La colonie a été urbanisée dès le VIe siècle sur le modèle de ce qui se passe à Emporion. Les antipolitain vivaient du commerce, de l'artisanat et faisaient travailler les populations indigènes, avec des statuts différents (associés au commerce ou bien exploités, utilisés dans l’intérêt des Grecs.)

Les Antipolitians vivaient aussi de la pèche et de l'agriculture.


Ensuite Nice, fondée à peu près en même temps qu'Antipolis. Le site de Nice est beaucoup moins intéressant que celui d'Antipolis.

Il n'y a pas de port naturel, ce qui peut expliquer que Nice n'a pas été un établissement de premier plan. Le principal avantage rendant compte du choix du lieu par les Grecs est qu'il permet d'accéder à l'arrière pays. Comme Antipolis, Nice appartiendrait à l'emporia massaliote, c'est en tout cas la thèse de Monique Clavel-Lévêque.


Alalia également déjà vu en TD. La Corse est pleine de ressources naturelles (bois, pèche, mines fer/cuivre/argent) et idéalement située entre Étrurie et le delta du Rhône.
Velia, dernière colonie, centre philosophique et culturel de premier plan en occident. Cette cité grecque de Velia s'est protégée de l'environnement indigène avec des gros remparts et la création de gardes du territoire, ce qui prouve la peur qu'on avait des autochtones.
IV) La péninsule ibérique
A) Les premiers rapports entre Grecs et Ibères.
Dans la littérature grecque tardive (Strabon), on voit des héros grecs se rendre en Espagne : Héraclès, qui a donné son nom à la via Heracleia. On connaît aussi les colonnes d'Hercules. Tendance des Grecs à revendiquer les découvertes de ces régions occidentales, précédant les Phéniciens, ce qui ne correspond pas à la réalité.

Les Grecs de l'époque archaïque connaissaient les côtes orientales et méridionales de l'Ibérie. On a chez Hécatée de Milet des mentions de l'Espagne. On trouve également au VIe siècle un texte relatant un périple qui a été conservé plus ou moins bien dans les poèmes d'un auteur du IVe siècle AC (soit 1000 ans après les faits), Avienus. A propos de ce texte, il y a aujourd'hui des travaux en cours menés par l'université Paul Valéry à Montpellier III.

La région qui a été explorée à l'époque archaïque est celle de Tartessos, qui porte le nom du fleuve Guadalquivir, au sud, sud/ouest de l'Espagne. Ce royaume a eu sa propre civilisation entre 1100 et 500. Cette région a été découverte par les Grecs et Dominguez estime tout à fait plausible la navigation de Grecs archaïque au niveau de Tartessos. On sait pour aller dans ce sens que les Samiens avaient introduit l'alphabet grec en Espagne, au sud, car on a des textes qui datent du Ve siècle qui sont une écriture mixte ibéro-grecque.

On discute aussi des routes maritimes vers Tartessos. Les Grecs ont-ils utilisé la route des Phéniciens, qui longe la rive africaine pour au retour longer les côtes nord de la méditerranée ? C'est une possibilité qui suppose de bonnes relations entre les marins Grecs et les punico-phéniciens. Donc pour aller vers l'ouest on prend la route sud et on revient par le nord. Les Phocéens ont ainsi pu profiter de ces échanges commerciaux dans une région extrêmement riche.

On distingue enfin les zones d'implantation des cités grecques (il y a deux colonies crées par les Grecs, toutes deux au nord/nord-est de l’Espagne) et les zones d'échanges commerciaux qui elles sont beaucoup plus disséminées et éloignées : sur la carte p.3 du fascicule, on a des zones d'intervention grecque au niveau de Huelva ou Medellìn.

La grande région qui intéresse les Grecs est quand même la région côtière orientale de l'Espagne, avec une pénétration dans les terres dans la partie sud-orientale.


B) Les différentes zones de fréquentation des grecques.
Des objets grecs ont été découverts à l’intérieur de la péninsule, comme à Medellìn. Mais, on commence à le savoir, la présence d'objets grecs ne signifie pas présence de Grecs.

Ce sont les côtes qui ont essentiellement intéressé les Grecs. A ce sujet, on note un glissement des centres d’intérêt des Grecs au cours du VIe.

Jusque vers 550/540, les grecs commercent avec le sud/sud-ouest, avec Tartessos. Ensuite, leur centre d’intérêt se déplace vers le nord/nord-est de la côte espagnole au niveau d'Ampurias. Pourquoi un tel changement ? Deux raisons.

Tout d'abord, il semble que les ressources de Tartessos aient été moins intéressantes pour les Grecs dans la seconde moitié du VIe siècle. Peut-être les ressources devenaient moins nombreuses ou la fin de la dynastie du royaume de Tartessos a provoqué une rupture dans les relations entre grecs.

Deuxièmement, les événements de 546/540 : les Grecs se trouvent menacés dans leurs implantations en méditerranée et vont se replier dans cette zone pour se renforcer au nord de l’Espagne.

Huelva constitue le grand port du royaume de Tartessos. Il a d'abord été occupé par des Phéniciens qui ont accueillis des Grecs, des marchands grecs. C'est à peu près analogue à la situation de Gravisca en Étrurie.

Sur place, on travaille le métal, on a découvert des fours pour la combustion des métaux. Mais on ne sait pas qui travaillait ce métal ? Artisans grecs, phéniciens ? Indigènes, pour le compte des Grecs, des phéniciens ?
Deuxième fondation plus importante, Emporion : cf. récit de Strabon, III, 4. Emporion est l'établissement grec le plus occidental (dans ce cas j'imagine qu'on ne considère pas Huelva comme un établissement grec).

A Emporion les Grecs cohabitent avec les indigènes.

Le site d'Emporion et fondé en deux temps. cf. carte p.4 (du fascicule sur l'Espagne, pas du fascicule général). D'abord pendant quelques décennies, on trouve une présence phocéenne entre 600 et 570 (on sait pas quand il s’installent exactement) sur une petite île côtière qui aujourd'hui n'est plus une île, la Palaiapolis (l'ancienne ville). Puis, entre 570/540 (plutôt 540, car les Grecs se sentent menacées et viennent à Ampurias se réfugier), ils s'installent sur une deuxième île, Neapolis (nouvelle ville). On a donc deux établissements. Emporion deviendra une polis au cours du IVe siècle : avant, on a deux îles distinctes.

Pour Morel, il ne semble pas que les relations commerciales entre Marseille et Emporion ait été privilégiée ou intense : il n'y a donc pas de soumission à Marseille, ce sont au contraire deux implantations indépendantes et chacune commerce avec sa propre zone. On a donc des Grecs de la diaspora qui viennent d'une même métropole mais qui pourtant ne commercent pas de préférence les uns avec les autres.

Si bien que pour Dominguez on peut considérer Emporion et Massalia comme deux cités sœurs et non pas une cité mère et une cité fille.

Emporion vit de la céréaliculture, de la production du lin et des ressources minières des Pyrénées à proximité (mines d'argent).


Citons une autre installation grecque, plus tardive (Ve siècle), au nord d'Emporion, Rhode (Roses).
Il faudrait ajouter également les Baléares, qui ont été colonisées par les Grecs et notamment Ibiza entre 654 et 600 (avant Massalia!).
On sait également par les Anciens qu'il y avait beaucoup de localités fréquentées par les Grecs sur la côte sud/sud-est de l'Espagne, mais on ne sait pas aujourd'hui situer exactement es établissements qui comprenaient des Grecs, sûrement dans le quart sud-est. Des noms comme Hemeroskopeion ou Mainake reviennent régulièrement dans les sources
Dernier mot, une zone en Espagne qui se développera à l'époque classique hellénistique et romaine est celle située autour de l'Ebre, situé un peu au sud d'Emporion
Conclusion : un mot sur les populations indigènes.
Les Ibères, comme les Ligures, ont développé une civilisation tout à fait autonome, préservée, avec une expression artistique bien particulière. Il n'y a donc pas soumissions à la présence grecque, même si les techniques, les modèles en sculpture et architecture peuvent avoir été introduits par des Grecs.

Les élites locales maîtrisaient les relations commerciales avec les Grecs : c'est vrai en Gaule peut-être plus vrai encore en Espagne. Ce sont ces élites locales qui autorisaient les Grecs à utiliser ou non tel ou tel site ou telle ou telle route terrestre.

Les relations entre Grecs et indigènes ont été bonnes au départ, peut-être pas dans le cas de Marseille. Ce qui est sur c'est qu'elle se sont dégradées rapidement.

Pour les populations indigènes, il faut aussi faire la distinction entre les populations indigènes incluses dans la chôra des cités grecques ou dans les villes grecques elles même et les populations indigènes qui sont au-delà des territoires occupés par les Grecs.


Attention donc à bien distinguer les différents indigènes, du point de vue horizontal (géographique?) et vertical (élite/bas peuple?) !

Chapitre IX : Les contacts avec l'Orient
Les rapports entre Grecs et Orientaux sont très anciens. On a parlé de l'Asie mineure, mais le Levant, plus au sud, est aussi l'objet de contact depuis le IIe millénaire, avec les Mycéniens.

Cependant, il n'y a pas eu, ou très peu, de colonies grecques implantées dans la région du Levant à l'époque archaïque. On a plutôt affaire à des comptoirs, des emporia, qui plus est mixtes, avec une minorité de Grecs.

John Boardman dans Les Grecs outre-mer distingue 4 zones du proche orient où les Grecs se sont installés, mais encore une fois à titre de marchands : la Syrie du Nord, la Phénicie ou Palestine, Chypre et l'Anatolie.

Les contacts noués entre Grecs et orientaux sont à la fois commerciaux et culturels, avec des Phéniciens mais pas seulement : les Grecs ont emprunté un certain nombre d'éléments culturels aux orientaux (banquet, manger coucher, monnaie, alphabet ; peut-être également un modèle architectural de temples circulaires, la tolos, peut-être d'origine babylonienne). Dans l'autre sens, la tombe de Cyrus II édifiée à Pasargades en 529 emprunte aux canons grecs.

Les sources pour étudier cette période sont essentiellement archéologiques. On a quelques textes littéraires dont Hérodote dans le livre 3.
I) Le comptoir d'Al-Mina
Al-Mina est sans aucun doute l'établissement grec levantin le plus connu (ou en fait le plus méconnu) ; en tout cas le plus souvent cité, car c'est un site qui a été largement fouillé, étudié et on y a retrouvé une très grande quantité de céramique, en particulier grecque.
A) La situation d'Al-Mina et ses ressources
Carte p.7.

Al-Mina se trouve à l'embouchure du fleuve Oronte en Syrie. C'est donc une position commerciale intéressante car elle est à la fois tournée vers la mer et à l'intérieur des Terres.

Al-Mina signifie le port. Aujourd'hui, il est situé tout près de Tripoli. C'est une place intéressante pour les Grecs qui recherchaient dans cette zone la pourpre et le bois précieux du Liban (Cèdre). Elle a ainsi été surnommé la Porte de l'Orient par les grecs.
B) Chronologie de l'occupation
Des populations grecques sont présentes à Al-mina dès le XIe siècle, plutôt vers la fin, vers 825. Elle aurait été fondée comme emporion entre 850 et 725 selon l'estimation très large de Jacques Perreault.

Le site est extrêmement difficile à fouiller : 10 niveaux repérés avec de très nombreuses discussions pour la datation. Le dernier niveau daterait de 825 et marquerait l'installation des Grecs sur cette zone.

Ce site a été en fonction jusqu'à la fin du IVe siècle, avec une courte période d'abandon entre 600 et 575.
C) Qui peuple Al-Mina ?
Al-Mina est-il un site ou un port grec ?
Les historiens et les archéologues ont longtemps présentés Al-Mina comme une création grecque, même comme une colonie grecque. Cette tradition remonte à la découverte du site par Léonard Wooley en 1936-1937.

Les arguments existaient : on a trouvé la trace à Al-Mina de populations eubéenne venant de Chalcis et Érétrie, qui se définissaient comme des Ioniens. L'Eubée était en effet peuplée en partie d'Ioniens. Ce site servit comme port principal de commerce pour les Grecs en Orient entre 800 et 600.

D'autre part, on a découvert des coupes eubéennes datant du milieu du VIIIe à Al-Mina. La découverte de ces coupes a fait dire à Léonard Wooley qu'il y avait là beaucoup de marchands grecs qui se seraient installés dans un centre qui s’appelle Posidéion, qui selon l'interprétation de Wooley, serait un autre nom d'Al-Mina.

Si on regarde chez Hérodote III, 91, on découvre effectivement que c'est un Grec, un certain Amphilochos, qui a fondé Posidéion, dans des temps héroïques, soit avant le VIIIe siècle. Amphilochos est un héros mythologique grec, un des prétendants d'Hélène (au moins 1180 BC). On aurait là le schéma de la colonisation de la fin du IIe millénaire telle qu'elle a pu exister en Asie mineure. Cet Amphilochos aurait également été avec un certain Mopsos le cofondateur d'une cité située un peu plus au nord qu'Al-Mina, dans la région de la Cilicie, la cité de Mallos. Cette tradition est aujourd'hui combattue.


En fait, on pense plutôt que c'est plutôt un site phénicien, que les Phéniciens étaient majoritaires à Al-Mina. 6 arguments :

  1. l'architecture : les dernières découvertes montrent que l'habitat n'était pas exclusivement commercial. Il n'y a pas que des ateliers, mais aussi un habitat domestique : c'est donc un lieu de transit mais aussi d'habitation. Or, quand on regarde les maisons d'habitation, leur architecture n'est pas grecque mais orientale, l'ordre présidant à ces constructions étant un ordre phénicien ou chyprio-levantin. Ceci fait dire que ce sont donc des levantins qui ont fondée ou développé Al-Mina.

  2. A.J. Grahamm note qu'il n'y a pas de trace d'installation durable des Grecs car on a pas retrouvé de tombe ni de culte typiquement grec. Ces arguments in absentia sont discutables : on en a pas retrouvé ne veut pas dire que ça n'existait pas : cf. Oblia.

  3. la céramique : la céramologie va dans ce même sens qui attribue aux phéniciens la création d'Al-Mina. On a retrouvé des coupes eubéennes à Al-mina mais elles sont nettement moins nombreuses que la vaisselle de type chypriote et locale. En outre, ces céramiques datent essentiellement du VIe siècle et non pas de la fin du IXe, ce qui signifierait que les Grecs soient venus après coup.

  4. On a retrouve des inscriptions grecques à Al-Mina mais elles sont tardives, datant de l'époque classique, et sont le plus souvent au milieu d'inscriptions écrite en Phénicien. Même quand elles sont écrites en grecques sur des vases, cela ne prouve pas le caractère grec d'Al-Mina : inscription a peut-être été faite avant l'arrivée du vase à al-mina.

  5. Posidéion ne serait pas Al-Mina mais une localité plus au sud, Ras al-Bassit.

  6. Il faut d'une façon beaucoup plus générale prendre en compte les mouvements migratoires des Phéniciens. Il y a une expansion marchande phénicienne vers le nord donc pas étonnant que ce soit une création phénicienne.



Yüklə 173,64 Kb.

Dostları ilə paylaş:
1   ...   4   5   6   7   8   9   10   11   12




Verilənlər bazası müəlliflik hüququ ilə müdafiə olunur ©genderi.org 2024
rəhbərliyinə müraciət

    Ana səhifə