Etude d’impact environnemental et social du programme


- Diagnostic des contraintes de la filière niébé (Zones 1, 2 et 3)



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5.2.1.1 - Diagnostic des contraintes de la filière niébé (Zones 1, 2 et 3)

L’essentiel de la production est assuré (95%) par le système d’association de cultures céréales niébé. La production intensive doit se développer pour répondre quantitativement et qualitativement aux besoins des marchés intérieur et extérieur. Cette dernière qui représente environ 20.000 tonnes nécessite l’utilisation d’intrants modernes et des équipements de production. L’organisation des agriculteurs apparaît indispensable pour faciliter leur accès au crédit car elle constituerait une garantie commune de remboursement et assurerait une capacité considérable de négociation et d’échange entre les producteurs, les autres intervenants de la filière et les institutions de financement.


Cette nécessité de l’organisation autour du niébé est aussi valable pour les producteurs semenciers. En effet, hormis quelques associations ayant entre autres activités la production semencière, les producteurs semenciers ne disposent pas d’organisations professionnelles (OP) propres au niébé.
Au-delà de l’accès au crédit et de la commercialisation des produits sur la base de contrats, l’organisation des producteurs et des producteurs semenciers demeure indispensable pour la réalisation de diverses activités notamment la formation, la recherche commune de solutions aux problèmes rencontrés ou pour la réalisation d’investissements collectifs en faveur des différents acteurs.


  • Risques de conflits liés aux retombées économiques

Dans le cas du niébé produit de manière intensive avec des variétés adaptées au marché extérieur, les risques de non-respect des contrats notamment par les producteurs est relativement faible car les producteurs ne pourront pas ou difficilement écouler eux-mêmes. Le non-respect pourrait alors venir de commerçants « indépendants » qui proposeraient un prix plus élevé que celui prévu par les contrats mais, l’organisation des commerçants devrait limiter ces pratiques. La première hypothèse liée à la perception d’un intérêt à l’organisation et à la structuration de la filière semble déterminante pour le développement d’un environnement favorable à la contractualisation.



5.2.1.2 - Diagnostic des contraintes de la filière de production légumière (Zones 1 et 3)



La production légumière. La production maraîchère concerne environ 90.000 exploitations et 4.600 hectares. Les productions sont estimées à 105.421 tonnes en 2002 contre 75.896 tonnes en 1997 soit une augmentation de 39%. La production annuelle par maraîcher est passée de 0,90 tonnes à 1,16 tonne soit une progression de 29%. Les rendements moyens sont passés pendant la même période de 17 à 21 tonnes/ha soit une progression de 24%. Par contre, les superficies sont restées stationnaires (500 m² par exploitant). L’augmentation des productions est la conséquence directe de l’augmentation des rendements et donc d’une meilleure maîtrise des techniques de production maraîchère. Le haricot vert reste la spéculation principale pour l’exportation mais, d’autres productions pourraient être développées : le poids gourmand, le piment antillais et certains petits légumes : la tomate cerise et le gombo. Les autres espèces maraîchères sont aussi à développer pour alimenter les marchés nationaux et régionaux.

5.2.1.3 – Risques liés à la production maraîchère





  • Conflits d’usage au sein d’un bassin versant : état actuel des connaissances

Des problèmes fonciers peuvent survenir au cours de la mise en œuvre du Programme car les mécanismes traditionnels d’attribution des terres existent dans toutes les zones d’intervention du programme. Néanmoins, le système de suivi environnemental prendra en compte ce problème dans l’optique d’alerter au besoin les dépositaires du mécanisme traditionnel.


Le suivi qui est proposé permettra par ailleurs de capitaliser les expériences dans la gestion des différents types de conflits qui naîtront entre « propriétaires terriens» et exploitants. Il faut signaler que beaucoup de périmètres maraîchers sont installés sur des champs de culture pluviale appartenant parfois à des non maraîchers d’où une jouissance précaire qui limite parfois les investissements.
En ce qui concerne l’élevage, il n’a pas de lien direct avec l’irrigation et la production agricole. Mais il convient de ne pas perdre de vue l’antagonisme entre éleveurs et agriculteurs dans les zones sahéliennes. Des études réalisées dans plusieurs zones relatent des cas de forte pression des éleveurs engendrant des conflits. La mise œuvre du programme va entraîner une augmentation de la pratique des activités d’irrigation dans la zone 3 : Sahel, Nord et Centre Nord encore ouverte à cela. C’est ainsi qu’une compétition pour l’usage de l’eau entre exploitant et pasteur est fortement probable.


  • Diminution de la qualité des eaux résiduelles et des puits, utilisation d'eau de mauvaise qualité, augmentation des maladies d'origine hydriques

Les plans d’eau sont le siège de morbidité et de mortalité accrue pour les populations riveraines par le développement de vecteurs essentiellement fauniques, partie intégrante de la biodiversité et dont la dynamique de leur population est liée à l'action de l'Homme sur le milieu (barrage, irrigation, pâturage etc.).


Au cours des années 1970, l’opinion a pris conscience (Hughes et Hunter, 1970) des effets nocifs que la mise en valeur des ressources hydriques pourrait avoir sur la santé humaine et qu’il fallait accompagner les aménagements de mesures préventives et correctives pour amoindrir les conséquences sanitaires.
La nécessité d’une convergence d’intérêt entre productions agricoles dans le sens de la durabilité et l’amélioration du cadre de vie, fait qu’il est bien admis et compris d’attirer l’attention sur les conséquences de la mise en valeur des agro écosystèmes liés à l’eau sur la santé des populations.
Cette analyse confirme la pertinence de mise en œuvre d’un système de suivi environnemental surtout dans le contexte de mise en œuvre du PAFASP dont les enseignements devront servir à d’autres projets et programme du même domaine :


  • Diminution de la qualité des eaux résiduelles et des puits ;

  • Utilisation d’eau de mauvaise qualité pour l’agriculture ;

  • Augmentation des maladies d’origine hydrique.




  • La situation sanitaire globale

La situation sanitaire au Burkina Faso est caractérisée par une mortalité élevée malgré une tendance à la baisse (32 pour mille en 1960, 22 pour mille en 1975, 18 pour mille en 1985, 17,5 pour mille en 1992). Cette mortalité est importante chez les plus jeunes. Le taux de mortalité des enfants de 1 à 4 ans est passé de 41 % en 1960 à 32 % en 1979 ; en 1990 la mortalité infantile est de 134 pour mille ; la mortalité juvénile 98 pour mille. L'espérance de vie moyenne pour hommes et femmes confondus est passée de 37 ans en 1960 à 43 ans en 1979 et à 52 ans en 1992. En milieu urbain, l’espérance de vie est de 56,1 ans contre 50,6 an en milieu rural en 1991 (INSD, 1994) Cette évolution indique une amélioration dans les soins de santé publique. Mais vues à l'échelle mondiale, ces valeurs sont trop basses pour l'espérance de vie moyenne et trop haute pour la mortalité infantile.


Il y a trois facteurs principaux qui sont responsables de cette situation (Anonyme, 1991 tiré des données du Système National d'Information Sanitaire SNIS, 1995) :



  • les difficultés d'approvisionnement en eau potable et les problèmes d'assainissement ; (seulement 25 % de la population a accès à une eau potable) sont responsables de plusieurs maladies comme les diarrhées, le ver de Guinée, le choléra, etc. L'augmentation de la production entraîne l'utilisation accrue des engrais et pesticides avec des conséquences redoutées sur l'environnement ;

  • l’insuffisance alimentaire et les carences nutritionnelles ;

  • l'insuffisance quantitative et qualitative de la couverture sanitaire : seulement 56% de la population burkinabé se trouvent à 5 Kms ou moins d'une formation sanitaire et il y a un médecin pour moins de 40 000 habitants, et un infirmier pour environ 12 000 habitants.

Les pathologies les plus fréquentes sont liées à l’environnement insalubre avec une prédominance des maladies liées à l’eau. Cette situation explique entre autre le fait que 52% des motifs de consultations médicales à Ouagadougou soient des affections d’origine hydrique.


Le paludisme est la première cause de consultation, suivi des affections des voies respiratoires, celles de la peau et des maladies diarrhéiques. En outre, les différentes enquêtes séro-épidémologiques ont établi que la quasi-totalité de la population a le parasite du paludisme. Les enfants de 0 à 5 ans représentent 37,84 % des cas de paludisme et 56,82 % des cas de diarrhée en 1995 (Ministère de la Santé 1997 ; Ministère de l’Economie et des Finances 1997).

Les autres pathologies préoccupantes communes à l’Afrique intertropicale longtemps dominée par les grandes endémies et à transmission vectorielle sont les suivantes :




  • la dracunculose est endémique et demeure un problème de santé publique ;

  • l'onchocercose et la trypanosomiase ont une situation relativement bien maîtrisée ;

  • les schistosomoses, endémiques et parfois hyper endémiques ont tendance à s'étendre avec la multiplication des barrages et des aménagements qui sont associés.

La politique nationale en matière de santé a pour base fondamentale, la stratégie des soins de santé primaires et de l’initiative de Bamako. La réalisation de cet objectif passe par la participation communautaire avec un accent particulier sur la promotion de la santé des femmes et des enfants. Une des principales activités dans la mise en œuvre de cette politique est sans conteste l’éducation pour la santé, l’approvisionnement en eau potable et la promotion d’un cadre de vie sain. La gestion durable des ressources en eau est une des réponses à l’amélioration de la situation sanitaire au Burkina Faso.




  • Conditions d’apparition des maladies d’origine hydrique

Plusieurs facteurs sont favorables au développement des parasitoses hydriques. Il est connu que les réserves d'eau peuvent rompre certains équilibres, modifier l'environnement. La stagnation de l'eau en amont, l'écoulement en aval, le brassage des populations, la multiplication des contacts entre l'homme et les parasites favorisent le développement des maladies.


Dans ces conditions, une mauvaise gestion de l’eau peut influer sur la situation épidémiologique :


  • par le développement de nouvelles maladies, soit à travers de nouvelles souches de parasites dont les producteurs sont porteurs, soit par la prolifération de nouveaux vecteurs adaptés aux nouvelles situations écologiques ;

  • par la faible immunité des populations vis-à-vis des agents pathogènes locaux ;

  • par une mauvaise affectation des revenus financiers tirés des productions entraînant le développement de l’alcoolisme, de la malnutrition et des maladies sexuellement transmissibles.

Dans le cas des risques sanitaires liés à l’eau, trois aspects seront abordés : le péril fécal, les maladies liées à l’eau transmises par les vecteurs, et la pollution des eaux.




  • L’augmentation des maladies d’origine hydrique

La mise en valeur de terres pour l’irrigation peut, si elle s’accompagne de la création de zones d’eau stagnante, favoriser la propagation des maladies d’origine hydrique. Tel qu’il est conçu, le PAFASP, qui pourrait s’attacher à aider au développement de la petite irrigation pour le maraîchage et le fruiticulture (arboriculture entre autres), ne devrait pas entraîner une augmentation des risques de maladies hydriques. En effet, le programme ne prévoit pas la construction de structures hydrauliques importantes ou de réservoirs et l’irrigation privée est en général peu consommatrice d’eau, ce qui réduit les risques de stagnation.


Cependant, les maladies d’origine hydrique sont une réalité. La prévention, par l’application de mesures simples d’hygiène, peut permettre de réduire considérablement l’incidence des risques de ce genre. Le Programme pourra financer une campagne de sensibilisation aux maladies d’origine hydrique destinée aux bénéficiaires.
Le programme devra aussi financer une campagne de mesure de l’impact sanitaire d’un grand nombre de petits périmètres dans une zone donnée en vue de disposer de données pour développer des mesures sanitaires ultérieures. Cela pourrait se faire autour d’un barrage, probablement le même où on mesurera la pollution due à l’irrigation.


  • La situation des maladies concernées par l’irrigation




      • Cas des maladies diarrhéiques,

Les plans d’eau de surface sont très souvent utilisés par les populations environnantes à d'autres fins que l'irrigation et l’abreuvement des animaux. Elle a un double rôle ménager : elle sert d'une part pour les besoins quotidiens de la famille, et d'autre part, de lieu d'évacuation des eaux usées et des déchets. Dans de telles conditions d'hygiène, les risques de maladies diarrhéiques sont accrus. C'est ainsi que la réalisation d'un aménagement dans une zone aride ou semi-aride comme c’est le cas de la zone 3 du PAFASP, est généralement suivie par une augmentation de ces pathologies telles que : les dysenteries amibiennes et bacillaires, la gastro-entérite, le choléra, la typhoïde, la paratyphoïde etc. Ces maladies sont d'autant plus fréquentes qu'elles peuvent être aussi contractées par la consommation des produits issus des périmètres irrigués, l'eau porteuse des différents germes pathogènes contaminant les cultures (Savonnet-Guyot et al 1985, Desjeux 1985).


Les maladies diarrhéiques aiguës sont aussi une des principales causes de la mortalité et de la morbidité des enfants en milieu tropical et particulièrement au Burkina Faso. On y trouve :


  • Les diarrhées virales qui sont les plus fréquentes,

  • Les diarrhées bactériennes,

  • Les diarrhées parasitaires.

La situation au Burkina Faso se présente de la façon suivante : les maladies diarrhéiques constituent la troisième cause de consultation à Ouagadougou. Les enfants de 0 à 5 ans représentent 56,82 % des cas de diarrhée en 1995 (Ministère de la Santé 1997 ; Ministère de l’Economie et des Finances 1997).




  • Cas du paludisme

Dans le monde, deux milliards de personnes environ vivent dans des régions où le risque de paludisme existe (Tiffen ,1993). On estime en Afrique à un million le nombre de décès dus au paludisme (Paduart 1992). Au Burkina Faso c'est la première cause de consultation, de morbidité générale et de mortalité infantile ; il est endémique sur tout le pays.





  • Le vecteur, l’eau et la maladie

Les types de biotopes sont extrêmement variés. Leurs caractéristiques dépendent d’une part, de leur situation, d’autre part, des facteurs écologiques qui donnent à l’eau d’un site ses propriétés particulières. Ainsi les habitats vont des poches d’eau des petites boites et canaris aux barrages en passant par les mares, les rigoles. Les vecteurs peuvent se développer en absence de tout aménagement et leurs populations peuvent se réduire ou s’accroître avec l’aménagement.


Les transformations écologiques qui influencent la reproduction des moustiques et leur densité commencent par le déboisement ou la multiplication des plans d’eau (Hunter et al 1994). Cela favorise Anopheles gambiae qui est attiré par le soleil et qui constitue le principal vecteur du paludisme en Afrique. Ces gîtes larvaires potentiels se multiplient et sa densité de population augmente avec la dégradation de l'environnement.
Dans les retenues d'eau, on peut s'attendre à la présence d'Anopheles gambiae qui prolifère dans les collections d'eau artificielles et d'A funestus un autre vecteur du paludisme en Afrique, qui constitue des populations stables dans les eaux ombragées. Les réseaux d'irrigation offrent le plus de possibilités au développement de plusieurs espèces par le regroupement de plusieurs biotopes au même site. Dans les rizières, les espèces héliotropes ont leur densité maximale au début de la saison rizicole : il s'agit du complexe Anopheles gambiae et A. arabiensis ; et quand les plants sont assez hauts pour faire de l'ombre c'est A. funestus qui prédomine parfois.
Le seul fait de vivre en contact avec l’eau et les hydro-aménagements favorise l’infestation par le parasite. Une explication logique est que l’environnement devient plus favorable au vecteur de la maladie par suite de la présence de points d’eau et de végétation. Toutefois, une plus grande fréquence de transmission du parasite n’est pas obligatoirement synonyme d’une aggravation de la maladie chez l’homme. En effet, selon Mouchet et Brengue (1990) cette immunité partielle ou prémunition est stimulée quand la transmission du parasite est répétée et, à l’opposé, elle est affaiblie quand la transmission est intermittente.
Un hydro-aménagement fait passer la transmission de saisonnière à pérenne. Ceci va nécessiter pour la population une période d’adaptation qui est aussi une période à risques, principalement chez les jeunes enfants : les cas de “ paludisme-maladie ” vont s’accroître et c’est généralement après environ deux ans qu’un nouvel équilibre va commencer à s’établir entre l’homme et le parasite et que la morbidité va diminuer. Il faut savoir que d’autres mécanismes interviennent tels que l’utilisation de moyens de protection devenus souvent plus accessibles à la population, comme la chimioprophylaxie ou l’utilisation de moustiquaires imprégnés. Près de Bobo-Dioulasso, la densité d'Anopheles gambiae dans les réseaux servant à irriguer les rizières est dix fois plus élevée que dans la savane environnante. Mais comme paradoxalement, l'indice sporozoïtique est dix fois plus faible chez les moustiques, la transmission du paludisme ne s'est pas intensifiée comme on s'y attendait (Robert et al 1989).


  • Cas des schistosomoses.

Parmi les parasitoses eau-dépendante, les schistosomoses ou bilharzioses apparaissent comme des affections particulièrement sensibles aux modifications des relations entre la communauté humaine et leur environnement aquatique car l’un de leurs traits caractéristiques est leur capacité à s’adapter et à bénéficier des transformations du milieu induites par les aménagements hydro-agricoles (OMS 1993).


La maladie est causée par Schistosoma haematobium transmise par des gastéropodes pulmonés du genre Bulinus pour la schistosomose urinaire et par Schistosoma mansoni et transmise par le genre Biomphalaria pour la schistosmose intestinale. L’existence de plans d’eau stagnants ou semi-stagnants, surtout quand ils sont encombrés de végétation aquatique associés à la présence de peuplements humains riverains denses, représentent les conditions optimales, la première pour le développement des mollusques hôtes intermédiaires et la seconde pour la propagation de la bilharziose. Les espèces présentes au Burkina Faso sont Bulinus truncatus rohlfsi et Bulinus senegalensis qui se rencontrent dans tout le pays, le premier est plus lié aux lacs, barrages et hydro-aménagements et le second est plus inféodé aux mares temporaires. Biomphalaria pfeifferi et Bulinus globosus qui se rencontrent au sud du pays et dans les hydro-aménagements, B. umbilicatus identifiée à l’est du pays et Bulinus forskalii qui ne transmet pas la bilharziose humaine.
Au Burkina Faso, les schistosomoses endémiques et parfois hyperendémiques ont tendance à s'étendre avec la multiplication des points d'eau et des aménagements hydroélectriques et hydro-agricoles. La distribution des schistosomoses (Poda 1996) est organisée en foyers de niveaux d'endémie variables avec des prévalences de 1% à 100% chez les enfants de 9 à 15 ans. Globalement, les taux moyens de prévalence à l'échelle nationale ne sont jamais inférieurs à 30% avec une décroissance progressive de l'infestation des populations du nord au Sud pour la schistosomose urinaire et du Sud au Nord pour la schistosomose intestinale.
Les données ont mis en évidence la prolifération de l'endémie bilharzienne à S. haematobium et à S. mansoni dans les vallées du Sourou et du Kou sous l'effet de l'irrigation (Poda, 1996) ; dans la vallée intérieure de Thion, la prévalence est de 78% à 100% au niveau des scolaires avec la construction du barrage non loin de l’école.
Dans tous les sites étudiés au Burkina Faso, la forme urinaire est largement répandue et la forme digestive (qui est cliniquement plus grave) est également présente. Si, en termes de morbidité, ces pathologies n’ont pas le même impact immédiat que le paludisme, il faut savoir toutefois que les conséquences à moyen et long terme peuvent mettre la vie des individus en danger : surinfections et/ou lithiases vésicales, cancérisation de la vessie, hydronéphrose, hépato-splénomégalie, hémorragies digestives etc.


  • Cas de la filariose

La filariose ou éléphantiasis est causée par un parasite Wuchereria bancrofti et est transmise par les mêmes vecteurs que ceux du paludisme. Il s'agit d'une maladie très répandue qui affaiblit le patient mais non mortelle. L'obstruction des vaisseaux lymphatiques par les vers parasites filaires entraîne à la longue des gonflements et des difformités des membres (éléphantiasis) et, dans certains cas, des organes génitaux mâles.


Selon Quélennec et al.,1968 in Poda 1997, dans le sud-ouest du Burkina Faso, on a noté à Tingrela une prévalence élevée de l'infestation à Wuchereria bancrofti (40%) et des signes cliniques d'éléphantiasis, dans une région où les cultures irriguées constituaient la principale activité agricole. Certains auteurs la citent comme l’une des principales parasitoses associées aux transformations intervenant sur les aménagements hydrauliques (Hunter et al 1993). Pour d’autres, la littérature ne mentionne jusqu’ici aucune poussée de cette maladie consécutive à la construction d’un barrage (Mouchet et Brengues 1990).


  • Cas du ver de Guinée (dracunculose)

La dracunculose ou ver de Guinée est rattachée au groupe des filarioses dont elle est parmi la plus anciennement connue des médecins de l'Antiquité et du Moyen Age car décrite en 1584 par Linsdchoten dans le détroit d'Ormuz et signalée en 1611 par les explorateurs britanniques dans le golfe de Guinée (Guiguemdé et al 1986). Cette parasitose est provoquée par la femelle d'un ver filiforme, Dracunculus medinensis ) appelé ver de Guinée ou dragonneau ou encore filaire de Médine ; elle est transmise à l'homme par l'absorption d'eau contaminée par des cyclops (Crustacea,Copepoda,Cyclopoida,Cyclopidae ). Ces crustacées aquatiques qui servent d'hôtes intermédiaires prolifèrent couramment dans les eaux des mares, des citernes ouvertes et des puits à gradins utilisés pour l'alimentation en eau de boisson (Guiguemdé et al 1986). La maladie est largement répandue dans le monde tropical et subtropical notamment dans les pays africains situés au sud du Sahara.


Au Burkina Faso, le ver de Guinée sévit à l'état endémique dans les zones rurales où les populations intègrent les plans d'eau de surface dans leur système d'approvisionnement en eau de boisson. Il apparaît un problème de gestion de l'eau dans l'espace agraire et de changement de comportement des populations. Le programme d ‘éradication actuellement développé par l’OMS et la Fondation Carter laisse entrevoir un espoir (Chippaux 1993).


  • Cas de l’onchocercose

L'importance de l’onchocercose appelée aussi cécité des rivières est due au fait qu'elle peut entraîner la cécité au bout de plusieurs années. Pendant de longues années avant le lancement du programme de lutte contre l'onchocercose, qui a été couronné de succès, de nombreux bassins des voltas fertiles où cette maladie existait à l'état latent sont demeurés inhabités.


La maladie est causée par un ver Onchocercus volvulus et est transmise par des simulies (simulium damnosum s. l.) qui vivent dans les eaux fortement oxygénées à courant rapide. Les canaux d'évacuation et les déversoirs des barrages peuvent constituer des gîtes favorables à la prolifération des simulies.
Le gîte larvaire du vecteur se crée et se maintient dans trois conditions essentielles :


  • existence d’un courant rapide procurant une forte oxygénation,

  • présence de supports nécessaires à la fixation,

  • présence d’une nourriture suffisante.




  • Cas des trypanosomiases

Le trypanosomiase ou maladie de sommeil est due à des protozoaires flagellés, les trypanosomes (Trypanosoma gambiense pour l’homme) transmis par les glossines (Glossina palpalis et Glossina tachiloïdes). Certaines espèces de glossines vivent dans les galeries forestières et d’autres dans les savanes boisées. Il est peu probable que le risque de recrudescence de cette endémie puisse être liée aux types d’aménagement (Finelle 1980). Tout comme l’onchocercose la situation est relativement bien maîtrisée.




  • Cas de la fasciolase

La fasciolase ou grande douve du foie est due à un trématode Fasciola hepatica. L’hôte intermédiaire de la douve est un mollusque aquatique pulmoné du genre Lymnaea (Lymnaea natalensis).




  • Cas de la fièvre jaune

La fièvre jaune est due au virus amaril, transmise par des moustiques. Les moustiques (Aedes aegypti), outre leur rôle vecteur, sont les véritables réservoirs : ils restent infectés toute leur vie et transmettent le virus à leur descendance par voie transovarienne. Ils vivent dans l’environnement humain et disséminent les épidémies, mais peuvent aussi vivre dans les forêts et galeries forestières. Ils se développent dans les petites collections d’eau et leurs œufs résistent à plusieurs mois de sécheresse.


Malgré l’existence d’une vaccination très efficace, la fièvre jaune reste une maladie d’actualité : des cas sporadiques sont signalés dans de nombreux pays ( Burkina Faso, en 1983 ; Paduart 1992).


  • Cas des maladies transmissibles liées aux facteurs sociaux

Un certain nombre d'autres maladies transmissibles sont susceptibles d'être influencées par les aménagements hydrauliques, non par leur relation avec l'eau, mais du fait des modifications du milieu humain. En effet, chaque nouvel aménagement s'accompagne généralement d'importants mouvements de populations. Il y a les personnes qu'il faut évacuer lors de la mise en eau des barrages. Mais, plus important encore, est l'afflux de migrants qui arrivent, attirés par les nouveaux potentiels de productions tant agricoles que halieutiques. Outre les nombreux problèmes de logement, d'organisation sociale, d'évolution des mœurs, sur le plan sanitaire ces personnes sont évidemment susceptibles de véhiculer un certain nombre de maladies infectieuses. C'est le cas principalement des Maladies Sexuellement Transmissibles (MST) et du SIDA (Grmek 1990) . En ce qui concerne plus particulièrement le SIDA, dans bon nombre de pays sahéliens dont le Burkina Faso, l'importance des migrations, qui touchent également les populations rurales, a contribué au développement de cette maladie, y compris donc parmi les cultivateurs susceptibles de venir s'installer autour des nouveaux aménagements.




  • Cas des parasitoses animales

Les parasitoses animales sont des pathologies communes et souvent peu spectaculaires. La baisse d’état général qu’elles entraînent sous leur forme chronique, la plus fréquente, est apparentée à la sous nutrition, et est généralement considérée comme «normale ». Peu d’investissements sont donc effectués pour lutter contre ces pathologies (Lefèvre 1989). Les parasitoses animales d’origine hydrique les plus fréquentes au Burkina Faso sont les suivantes :




  • La fascialose à Fasciola gigantica, la grande douve du foie.

  • La dicrocoeliose à Dicrocoelium hospes, la petite douve du foie.

  • Les Schistosomoses à Schistosoma bovis principalement et dans une moindre mesure à Schistosoma curassoni (dans l’Est du pays).

A ces trématodoses, il faut ajouter :




  • La fièvre de la vallée du Rift

  • L’onchocercose

  • La trypanosomiase

Leur impact est difficile à évaluer. A la mortalité, il faut ajouter les pertes indirectes par le manque à gagner sur la croissance, la production de lait, la capacité de travail des animaux de trait. Leurs cycles parasitaires sont les mêmes que ceux de l’Homme à quelques variances liées à l’appartenance systématique (espèces et parfois genres) des hôtes intermédiaires ou des vecteurs.




  • Conditions d’apparition des maladies d’origine hydrique

La concentration de petits jardins maraîchers aux abords des villes ou des lacs ainsi que les bas-fonds peut, si elle est importante, entraîner une diminution de la qualité des eaux résiduelles et des eaux de drainage de ces jardins, l’usage à haute dose d’engrais et de pesticides comme c’est souvent le cas sur les productions maraîchères peut entraîner, lors du lessivage par les pluies, une contamination des nappes de surface et des eaux de drainage de ces petits périmètres. Les nitrates, particulièrement solubles, contaminent rapidement les nappes. L’utilisation d’engrais aux abords des mares et des lacs peut entraîner une eutrophisation de ceux-ci. Enfin, l’utilisation d’engrais organique peut être la source de nombreuses maladies hydriques.


Le projet s’attachera à quantifier les risques de pollution dans les zones de grande concentration de jardins maraîchers aux abords des villes et des lacs, notamment par des campagnes de prélèvements et d’analyse d’eau dans les puits de surface et en aval de ces périmètres ainsi que dans les retenues de barrages. Il identifiera les zones à risque et proposera des mesures pour empêcher l’extension de la pollution et en réduire la portée. Cette activité sera menée autour d’une ville avec beaucoup de maraîchage et autour d’un barrage.


Le tableau présente les normes de qualité des eaux pour la boisson selon l’OMS et l’ONEA et pour l’irrigation selon la FAO et le Burkina Faso.
Tableau …Normes de la qualité des eaux pour la boisson selon l’OMS et le Burkina Faso et pour l’irrigation selon la FAO et le Burkina Faso (IWMI, 1999 ;

Raabo n° 000009/anvi/fp/eau/sac du 9 février 1990)






PARAMETRES



UNITE

WHO


Burkina Faso


FAO


Eau Surface

Burkina Faso

Aluminium Al

mg/l

0.2*

0.2

5*

0.2

Ammoniac NH3

mg/l

1.5*







0.5

Arsenic As

µg/l

10

50

100*

50

Baryum Ba

mg/l

0.7










Benzene

µg/l

10










Beryllium Be

mg/l







0.1*




DBO

mg/l













Bore B

mg/l

0.03




0.5 – 15*




Cadminim Cd

µg/l

3

5

10*

50

Chlorure Cl

mg/l

250*

250




250

Chrome cr

µg/l




50

100*

60

Cobalt Co

µg/l







50*




DCO

mg/l










2

Cuivre Cu

mg/l

1*




0.2*




Cyanure

mg/l

0.07

0.1




0.1

Conductivité électrique

µmho/cm













Fluorure F

mg/l

1.5

1.5

1*

1.5

Fer Fe

mg/l

0.3*




5*

1

Plomb Pb

mg/l

0.01

0.05

5*

0.05

Lithium Li

mg/l







2.5*




Magnesium Mg

mg/l













Manganese Mn

mg/l

0.5

0.1

0.2*




Mercure (total) Hg

µg/l

1

1




1

Molybdenum Mo

µg/l

70




10




Nickel Ni

mg/l

0.02




0.2*

0.05

Nitrate (NO3)

mg/l

50

10




50

Nitrite (NO2)

mg/l

3










Selenium Se

µg/l




10

20*

10

Sodium Na

mg/l

200*

200




200

Sulfate (SO3)

mg/l

250*

400




400

Matières dissoutes

G/l

1*










Azote total N

mg/l













Vanadium V

mg/l







0.1*




Zinc Zn

mg/l

3*

5

2*

5


Toutes les eaux contiennent, en proportions variables :


  • des gaz dissous empruntés à l’atmosphère ou au milieu ambiant essentiellement,

  • des composés minérales dont la nature et les proportions sont en rapport avec la constitution géologique des terrains traversés et avec l’activité humaine,

  • des substances organiques dissoutes provenant de la décomposition des matières végétales de l’espace forestier, agraire et urbain,

  • des particules minérale ou organiques en suspension,

  • des organismes vivants souvent pathogènes,

  • des micro et macrophytes souvent nuisibles.

La variation de la qualité de l’eau utilisée pour l’irrigation est liée donc au régime climatique, hydrologique géologique et pédologique dans le bassin. En outre, les activités humaines développées sur les berges et sur l’ensemble du bassin versant, les règles d’occupation et de gestion de ces terres ont des impacts certains sur la qualité de l’eau. Les phénomènes d’érosion hydrique et éolien, qui influent sur les qualités physico-chimiques de l’eau, sont ainsi liés aux pratiques agricoles et pastorales, ainsi qu’au couvert herbacé et arboré des terres. L’impact direct sur la structure et la composition des eaux des activités humaines et des modifications sur l’environnement dans le bassin est donc certain et cette eau est destinée,non seulement à l’irrigation, mais souvent à la consommation humaine.


Il est indispensable de disposer d’une situation de référence selon des normes afin d’identifier les critères de suivi de l’impact environnemental du programme et de prévoir les évolutions.
Pour les eaux de surface et de consommation, il s’agira de collecter les données de base sur les paramètres physico-chimiques et biologiques. Les paramètres des eaux de surface sont subdivisés en :


  • Paramètres organoleptiques,

  • Paramètres physico-chimiques en relation avec la structure naturelle de l’eau,

  • Paramètres concernant les substances indésirables,

  • Paramètres concernant les substances toxiques,

  • Autres paramètres physico-chimiques,

  • Paramètres microbiologiques.


L’état de subdivision des paramètres est d’une importance primordiale puisqu’il tient compte du degré de toxicité, des méthodes d’analyse et d’élimination des impuretés.
Les paramètres organoleptiques sont appréciés au moment du prélèvement. Les matières en suspension et les matières colloïdales sont importantes dans le domaine de l’approvisionnement en eau potable, car ils sont largement responsables de la turbidité, de la coloration et de la sédimentation.
Les paramètres physico-chimiques en relation avec la structure naturelle de l’eau, donnent la variation le l’eau en fonction des sols traversés des activités humaines.
Les paramètres concernant les substances indésirables, les substances toxiques et les paramètres microbiologiques indiquent la place centrale à la détermination qualitative et quantitative des substances indiquées et les mesures à prendre pour protéger la santé des consommateurs.
Les autres paramètres physico-chimiques interviennent dans le contrôle du traitement de l’eau et de la protection de la ressource eau.


  • La situation des eaux résiduaires

Il est bien connu que les cours d’eau et, à un moindre titre, les eaux stagnantes, sont étroitement liées à leur environnement et servent dans bien des cas à éliminer les produits du métabolisme des écosystèmes terrestres. Ce processus naturel initial peut cependant dans de nombreux cas se trouver perturbé par l’afflux excessif de déchets, quand le système aquatique traverse ou se situe à côté de des zones très industrialisées, ou même seulement de forte urbanisation. Dans de tels cas, nous parlerons de pollution. Il faudra alors distinguer plusieurs degrés de pollution :


La pollution urbaine est généralement de type organique. Elle est liée à l’importance des agglomérations mais aussi à d’autres facteurs comme :


  • La présence ou l’absence de systèmes dépuration des eaux domestiques;

  • Le type de comportements de la population ;

  • La zone climatique.

Actuellement les grandes villes du Burkina Faso possèdent un système rudimentaire de collecte des eaux usées et pas d’un système particulier et efficace d’épuration. Dans les grandes agglomérations comme Ouagadougou, Bobo Dioulasso, Banfora et Koudougou, à la pollution urbaine vient s’ajouter celle occasionnée par les industries qui peut être très variée et plus ou moins dangereuse selon le type d’effluents atteignant le milieu aquatique.


D’une manière générale, il est possible de classer les différentes pollutions en plusieurs grandes catégories dans le cas du Burkina Faso.


  • La pollution organique due à l’accumulation de déchets divers qui conduit à une désoxygénation du milieu ;

  • La pollution bactérienne due à la présence d’agents pathogènes, résultant du rejet d’excréments dans le milieu (pollution fécale) ;

  • La pollution par accumulation de sels nutritifs ou de certains ions, affectant plus particulièrement les milieux stagnants à faible coefficient de renouvellement;

  • La pollution par agents toxiques, très diverse et dépendant essentiellement du type d’industries présentes dans une aire de drainage. La brasserie et la tannerie à Ouagadougou, la savonnerie à Bobo Dioulasso, le textile à Koudougou sont connues comme particulièrement polluantes ; les détergents et les tanins sont parmi les toxiques les plus actifs ;

  • La pollution par accumulation de métaux lourds, très dangereuse pour le milieu aquatique dans la mesure où, en plus de la toxicité intrinsèque des métaux lourds présents, les risques sont grands de supprimer un ou plusieurs maillons de la chaîne trophique, ou bien de provoquer une accumulation le long de cette même chaîne ;

  • La pollution acide, étroitement liée aux exploitations minières dans diverses régions du Burkina Faso.

Dans les lignes suivantes, nous avons essayé d’estimer la situation actuelle concernant deux domaines particuliers d’eaux résiduaires : milieu urbain et milieu agricole.




    • Le milieu urbain

La qualité de l’eau pose des problèmes plus complexes en climat tropical car, la température élevée favorise la multiplication des germes. Ainsi, les malades liées à la qualité de l’eau les plus courantes enregistrées à l’hôpital de Ouagadougou sont les maladies bactériennes, virales ou parasitaires qui causent des diarrhées ou des gastro-entérites (choléra, typhoïde, dysenterie, etc.). A cela, s’ajoutent les polluants chimiques et minéraux dont les principaux sont les nitrates d’origine anthropique.


Les eaux usées sont souvent réutilisées sans traitement à la suite de la Forêt Classée du barrage de Ouagadougou. Le danger principal sur la santé réside dans l’hygiène des aliments consommés crus.


  • La situation des produits chimiques

A côté des agents biologiques, il y a les produits chimiques liés à la lutte contre les vecteurs de maladies, les ravageurs des cultures et les engrais. L'eau, surtout des zones où se pratiquent l’agriculture, véhicule des pesticides agricoles et divers résidus toxiques qui s'accumulent préférentiellement dans les plans d’eau. Le cheminement d'un produit chimique dans la nature à partir du moment où il quitte le système d'utilisation, est très complexe et dépend de multiples facteurs, dont notamment les facteurs physiques, morpho-édaphiques et météorologiques au niveau de la zone d'utilisation. Ces conditions déterminent l'impact sur la faune et la flore non cible, l'accumulation dans la chaîne trophique jusqu'à l'homme, la contamination des eaux de boisson.


Dans de nombreuses régions d’Afrique de l’Ouest, la lutte contre les vecteurs de maladies par les produits chimiques est devenue depuis le début des années soixante une constante tant qu’existent les conditions écologiques de développement du vecteur et le réservoir du parasite.
Ainsi (Déjoux, 1988) l’utilisation du téméphos ou de l’abate dans la lutte antisimulidienne, si elle est actuellement la seule manière réaliste d’obtenir un résultat, n’est pas sans danger pour les écosystèmes traités. Dans le cas des schistosomiases, la lutte contre les mollusques vecteurs apparaît très complexe et souvent difficile à réaliser avec un succès total. L’emploi massif de composés chimiques souvent à base de métaux comme le cuivre, l’étain, le zinc, présente de nombreux inconvénients, dont celui de leur forte toxicité pour l’environnement.
Une grande diversité des produits chimiques actifs contre les glossines ou tsé-tsé inféodées aux galeries forestières a connu un impact certain sur les biotopes aquatiques. Cet impact est relativement faible en comparaison des bénéfices résultant de l’élimination ou de la forte réduction des populations de tsé-tsé sur d’immenses surfaces. Ailleurs, des insecticides polyvalents ont été utilisés contre les moustiques sur le terrain avec plus ou mois de succès. Des traitements abusifs ont favorisé l’apparition de souches résistantes à certains produits. La résistance génétique au DDT et la résistance croisée à d’autres composés organochlorés, présentée par certaines populations d’Anophèles, en est un exemple (Déjoux, 1988).
Dans le secteur des productions agricoles, les produits phytosanitaires et les pesticides (A REVOIR) sont utilisés contre les parasites des cultures. Des engrais sont utilisés pour augmenter les rendements. Seuls les prix élevés limitent l’utilisation massive des produits chimiques.
Les résidus toxiques des pesticides s‘accumulent progressivement dans les chaînes alimentaires pour se retrouver à des teneurs élevées dans les échelons terminaux. Quant aux engrais, les résidus augmentent la productivité des eaux et finissent par entraîner une certaine eutrophisation des plans d’eau. Les pesticides peuvent s’y retrouver involontairement soit en concentrations importantes (accident de transport ou de manipulation), conduisant à une pollution aiguë avec souvent mortalité de poissons et d’homme comme ce fut le cas dans le Houet (Poda, 1985). Il y a aussi la contamination chimique du fait de l’infiltration des produits utilisés ou de leur entraînement par les eaux pluviales.
Ils peuvent également s’y retrouver volontairement, lors de traitement phytosanitaire des milieux aquatiques (désherbage chimique) ou de l’emploi illégal et criminel de certains pesticides dans les braconnages chimiques. Les produits vétérinaires, notamment anti-parasitaires peuvent poser aussi des problèmes de pollution et de contamination des eaux. Les insecticides organochlorés employés en agriculture (DDT, DDE, HCH, PCDD/F) représentent le type même des composés très rémanents et bio cumulatifs du fait de leur liposolubilité.
Depuis leur interdiction dans les années 70-80, les taux de contaminations ont considérablement diminué. Les animaux aquatiques peuvent servir de révélateurs de pollution par pesticides, notamment lors de mortalités brutales, mais également de révélateurs de contamination, par la mesure des taux d’accumulation de certains molécules ou celle de bio-marqueurs. Ils peuvent bien entendu également représenter des secteurs de contamination chimique pour le consommateur humain, à travers la chaîne alimentaire.
UTILISATION DES PRODUITS PHYTOSANITAIRES DE SYNTHESE (A DEVELOPPER…………)

    • Les impacts sanitaires

Ces quelques aspects des contaminations des milieux et chaînes aquatiques par les pesticides et contaminants chimiques montrent bien les relations existant entre les impacts écologiques et les risques sanitaires pour des populations humaines (Keck 2000).


Au total, des insecticides variés sont déversés dans les écosystèmes aquatiques et perturbent de façon plus ou moins grave et selon leur toxicité propre les équilibres biologiques (invertébrés et vertébrés) jusqu'à l’homme à travers la chaîne trophique ou l’eau de consommation.
Les produits chimiques et les métaux lourds interviennent dans tous les compartiments du métabolisme humain au delà des limites maximales tolérées en modifiant la composition du sang, du plasma et des sécrétions endocriniennes, en bloquant ou en stimulant des processus chimiques, physiques et neurologiques inattendus. Les effets dépendent de la toxicité du produit en cause, des doses reçues, de la cinétique du produit, de la résistance et de l’âge du sujet.
La large gamme va des plus tolérés comme le fer, le magnésium qui participent à de faibles doses, au métabolisme normal de l’organisme, en passant par des composés nocifs comme les nitrates qui provoquent à terme un défaut d’oxygénation par la transformation de l’hémoglobine en méthémoglobine, aux éléments mortels comme le mercure, l’arsenic et le cyanure qui entraînent dans un bref délai des troubles neurologiques (circulation, respiration, digestion), des convulsions, le coma et la mort.


  • Utilisation d’eau de mauvaise qualité pour l’agriculture

Aux abords des villes, l’utilisation de l’eau de drainage non traitée provenant de la ville ou directement d’industries est tentante puisqu’elle est gratuite. Cette eau étant de très mauvaise qualité, son utilisation pour le maraîchage est dangereuse et normalement interdite.


La promotion de l’irrigation privée risque de voir s’accroître le phénomène d’utilisation d’eaux résiduelles pour le maraîchage et donc l’incidence des maladies hydriques qu’entraîne une telle pratique.
Le programme pourra agir à deux niveaux. Premièrement, toute demande de financement d’actions de développement de jardins ou périmètres maraîchers aux abords des villes devrait être accompagnée d’une description de la source d’eau. Ceci permettra de quantifier l’impact du projet sur les ressources mais aussi, d’éviter de faciliter l’installation de jardins maraîchers dans les zones à risques. En second lieu, le programme pourra également, dans le cadre de la promotion de l’irrigation privée, lancer des campagnes d’information visant à avertir le public des dangers de l’utilisation d’eaux résiduelles pour le maraîchage.

Un cadre législatif et réglementaire pour l’usage de l’eau de drainage industrielle et domestique pourrait également s’avérer utile.




  • La réutilisation des eaux usées autour des centres urbains

L’utilisation des eaux usées pour l’agriculture en particulier pour le maraîchage se rencontre aux abords des canaux d’évacuation et des points de collecte de rejets d’eaux usées (Abattoirs, SO.B.BRA, Tanneries, Canal central, Barrage à Ouagadougou, Marigot Houet à Bobo Dioulasso). Cette pratique est favorisée par le fait qu’il n’y a pas de réseau public de collecte et de traitement d’eau usées, mais seulement un réseau de caniveaux ouverts prévus uniquement pour les eaux pluviales. Or, ces caniveaux reçoivent aussi des rejets d’eaux usées. Des entreprises grandes productrices d’eaux usées (marchés, hôtels, hôpitaux, Brasserie, Abattoir, etc.) y déversent leurs eaux usées, sensées être traitées auparavant. Mais, le traitement de ces eaux reste théorique, les caniveaux charrient des eaux quasiment brutes, et parviennent aux points d’utilisation pour l’agriculture.


Les superficies exploitées sont intenses à trois périodes de l’année. La saison fraîche offre les opportunités pour les plus importantes surfaces. La saison sèche réduit considérablement les superficies. La saison des pluies ne permet pas une augmentation des superficies totales, à cause des zones inondées, et des cultures d’hivernage.
La contamination des eaux utilisées pour l’agricultures expose les productions surtout les légumes destinées à la consommation aux mêmes contaminations surtout microbiologiques.
Pour des eaux destinées à l’arrosage de légumes susceptibles d’être consommés crus, l’organisation Mondiale de la Santé recommande qu’il n’y ait pas plus de 1000 coliformes fécaux par 100 ml, et qu’il n’y ait aucun œuf d’helminthes par litre (OMS, 1989 ).
L’étude réalisée à Ouagadougou (Cissé, 1997) VOIR RESULTATS PLUS RECENTS 2003 DISPONIBLES A APIPAC, en retenant les deux indicateurs de pollution microbiologique considérés par l’OMS (les coliformes fécaux et les œufs d’helminthes), aboutit aux conclusions suivantes : « Les résultats indiquent que tous les types d’eau, même les eaux de puits, présentent une pollution bactériologique qui dépasse les seuils recommandés par l’OMS pour l’arrosage de légumes susceptibles d’être consommés crus. Les périodes de croissance des pollutions correspondent à la saison sèche. Ce qui permet de confirmer l’hypothèse que les conditions d’aridité favorise l’augmentation des pollutions. Les eaux de rigoles et de canaux ouverts présentent les niveaux de pollutions les plus importants, voisins de niveaux d’eaux usées brutes. Elles s’avèrent donc les plus dangereuses pour la santé, particulièrement en regard des résultats parasitologiques ».


  • Les risques sanitaires pour les productions agricoles surtout les légumes

Les légumes produits sur les sites de maraîchage sont arrosés avec des types d’eaux dont la pollution microbiologique dépasse les niveaux recommandés par l’OMS. Un certain nombre d’études épidémiologiques ont mis en évidence la transmission d’helminthes et du choléra par des légumes irrigués avec des eaux usées (Cissé, 1997). La consommation d’un légume, destiné à être consommé cru, tel que la salade ou laitue, arrosé par des eaux polluées représentant un danger pour les consommateurs et les producteurs qui sont les premiers à être en contact avec les eaux.


La pollution des légumes par les indicateurs de pollution fécale que sont les coliformes fécaux est importante sur les sites de maraîchage surtout à Ouagadougou. Cette indication est suffisance pour considérer qu’il y a un risque potentiel lié aux légumes produits sur ces sites. Les périodes de croissance des pollutions bactériologiques, qui correspondent à la saison sèche, sont similaires à celles pour les eaux d’arrosage. La pollution en coliformes fécaux des légumes au marché est encore plus importante que celle des légumes sur les sites de maraîchage. Les pratiques de revendeuses au marché jouent probablement un rôle majeur dans les apports de contamination additionnelle des légumes.


    • Les risques sanitaires pour le travail du sol

Les germes pathogènes peuvent survivre longtemps dans divers sols. Sur les sites de maraîchage à Ouagadougou, les eaux utilisées pour arroser les planches de légumes présentent des niveaux de pollution supérieurs aux normes sanitaires. Dans ces conditions, on peut imaginer que les sols des planches très souvent humides accumulent les contaminations portées par les eaux polluées. Par ailleurs, les observations des pratiques sur les sites de maraîchage montrent que les exploitations maraîchères utilisent des fumiers pour l’enrichissement organique des sols qui pourraient augmenter les pollutions.


La population microbienne du sol se compose de six groupes de micro-organismes : bactéries, actinomycètes, champignons, algues, parasites, et virus. Cependant, de tous ces micro-organismes du sol, les parasites sont plus préoccupants pour la santé. Les risques sanitaires liés au sol se manifestent très souvent par les parasites à transmission transcutanée. Ce sont des parasites, tels que les Ankylostomes, qui sont les plus dangereux pour les personnes marchant pieds nus que des sols humides. Or, les observations sur les sites de maraîchage montrent que les exploitants maraîchers ne portent pas très souvent de chaussures, alors que l’arrosage mouille le sol des allées entre les planches. Ces exploitants maraîchers courent ainsi le risque d’être infectés par des parasites tels que les ankylostomes.
La contamination parasitologique des sols des planches pourrait être induite par la conjugaison de deux facteurs au moins : l’arrosage continu avec des eaux polluées, et l’utilisation de fumiers pour l’enrichissement des sols. Le premier facteur semble conforté par les résultats (Cissé, 1997) qui ont montré une proportion non négligeable d’échantillons de sols des allées ayant une contamination par des parasites. Cette contamination est d’autant plus importante que la source d’eaux utilisées est plus polluée. Ce résultat constitue une indication de facteurs de risques d’infections parasitaires chez les exploitants maraîchers travaillant pieds nus durant leurs activités. Ce résultat renforce également l’hypothèse selon laquelle, au regard des risques potentiels mesurés, les sites utilisant des eaux usées suscitent plus de préoccupations sanitaires que les sites utilisant des eaux de puits ou de barrage.


5.2.1.4 - Diagnostic des contraintes de la filière de production fruitière (Zones 1 et 3)



La production fruitière. Les principales zones de production fruitière sont essentiellement localisées dans les régions du sud et du sud-ouest (75% de la production) et du centre et Centre Ouest (20% de la production). La mangue occupe toujours la première place parmi les cultures fruitières d’exportation. La lime verte est aussi à développer pour l’exportation. Les autres espèces fruitières dont en particulier la banane et la papaye sont aussi à développer afin d’alimenter les marchés nationaux et régionaux. Les statistiques de production fruitière sont très peu abondantes. Cependant, l’exploitation des données d’enquêtes effectuées a permis d’estimer les superficies totales à 20.000 ha avec une production d’environ 240.000 tonnes.

La production de Karité. Le karité a les mêmes impacts positifs que les autres espèces ligneuses. L’arbre permet d’améliorer le microclimat des zones agricoles et contribue à la régulation hydrique. Par contre, la transformation de ses noix consomme de l’eau et entraîne des pollutions chimiques des sols et des eaux (notamment pendant la production du savon). Certaines mesures de mitigation semblent faisable dans le cadre du PAFASP : l’information et la formation des petits entrepreneurs, le briquettage des déchets plus ou moins ligneux pour le marché énergétique (là où ce marché peut être développé). Ce dernier s’appliquerait aussi à d’autres déchets agricoles. Les femmes constituent le groupe cible principal.




  • Risques liés aux retombées économiques

Ils sont de plusieurs ordres et portent sur les points ci-après :




  • Faible capacité de transformation (moins de 1000 tonnes sur un potentiel de plus de 10 000 tonnes,

  • Faible capacité institutionnelle et de gestion des Organisations professionnelles des acteurs à tous les niveaux,

  • Connaissance très limitée, voire inexistante des mécanismes d’exportation et des exigences des marchés extérieurs par les acteurs et leurs Organisations professionnelles,

  • Peu de cas est fait des soucis relatifs à la qualité des produits,

  • Coût élevé des emballages destinés à l’exportation (parce que grevés de la TVA),

  • Difficultés d’accès des petits opérateurs au financement du système bancaire classique.



5.2.1.5 - Diagnostic des contraintes de la filière de production coton (Zones 1 et 3)

La production du coton emploie 320.000 producteurs en milieu rural et représente 50% des recettes d’exportation. Elle contribue pour 30 à 40% du PIB.


Avec une production estimée à 540'000 tonnes de coton graine pour 2004/2005, le Burkina Faso a atteint son record de production et devient le deuxième producteur ouest africain juste après le Mali. La filière coton sort du premier processus de privatisation. Des concessions d’exclusivités ont été accordées à deux nouvelles sociétés cotonnières. A l’Est, la concession a été attribué à SOCOMA (Société Cotonnière du Gourma), dont le groupe DAGRIS est majoritaire (51%), et au Centre à Fasocoton, un consortium de différentes sociétés privées dont fait partie la société suisse Reinhart SA. Au Sud-Ouest du pays, la Sofitex détient toujours le monopole sur environ 70% de la production. La participation active des producteurs via l’Union Nationale des Producteurs de Coton du Burkina (UNPCB) a certainement été une des clefs de réussite de ce processus. L’UNPCB, détient la présidence du comité de gestion de la filière, est actionnaire dans les 3 sociétés cotonnières (Sofitex à 30%, Fasocoton à 10% et Socoma à 20%) et représente ainsi les producteurs de coton sur toute l’étendue du territoire.
La filière coton au Burkina Faso est de type intégrée, c’est à dire que la production, l’encadrement des producteurs, la distribution des intrants, la commercialisation et le paiement des producteurs sont réglés par des accords cadres entre les différents acteurs de la filière (sociétés cotonnières, Unions et Etat) qui se partagent les différentes tâches le long de la filière. Après une campagne 2004/2005 avec un prix aux producteurs de 210 FCFA/kg de coton graine (premier choix) historiquement au plus haut, le prix sera baissé probablement au niveau de 175 FCFA pour les prochaines campagnes. Cela est du au cours du coton sur les marchés internationaux et à la faiblesse du dollar US face à l’Euro.
Tableau N° :….. Distribution de la production cotonnière par région (tonnes)


Région

2002-03

2003-04

Total

Proportion

Sahel

 

 

0

0.00%

Centre

77

 

77

0.01%

Nord

 

79

79

0.01%

Centre Nord

543

626

1,169

0.13%

Plateau central

2,843

3,456

6,299

0.69%

Centre-Est

3,605

8,856

12,461

1.37%

Centre-Sud

8,531

9,709

18,240

2.00%

Sud-Ouest

12,430

16,063

28,493

3.13%

Est

17,216

18,552

35,768

3.93%

Centre-Ouest

22,865

17,601

40,466

4.44%

Cascades

44,465

45,509

89,974

9.87%

Mouhoun

132,366

159,483

291,849

32.03%

Hauts-bassins

194,306

192,011

386,317

42.40%

Burkina Faso

439,247

471,945

911,192

100%

Source: DGPSA
Moteur de l’économie nationale et principale pourvoyeuse de devises aux populations rurales dans le cadre de la réduction de la pauvreté, la culture du coton engendre néanmoins des problèmes environnementaux :


  • La filière est consommatrice d’espace (déplacement du front cotonnier en fonction des isohyètes : année 1970, ½ moitié du pays, actuellement localisé plus au sud) ; pression sur les dernières reliques de forêts naturelles disposant d’importantes terres arables

  • La filière est très encadrée avec une forte utilisation d’intrants [engrais : NPK, urée, insecticides (Rocky 350EC et Phaser) produisant un métabolite sulfdate d’endosulfant dont le taux de Dégradation est de DT50 de 5 à 8 mois dans le sol) et herbicides. Risque de pollution des eaux de surface et de la nappe phréatique (pollution végétale, intoxication humaine et animale (mortalité, stérilisation, malformations, etc.)

  • Destruction de la matière organique dans les champs cotonniers (en dessous de 0,5% de matière organique, il n’y a plus de réponse à l’engrais entraînant une baisse de la fertilité des sols. La monoculture exclue l’agroforesterie exposant les sols aux intempéries et à l’absence d’activités des microorganismes pour son ameublement et sa fertilisation




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