Frère Sylvestre



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CHAPITRE IX ième




VŒUX

1°. La sortie de deux Frères dont nous avons parlé, ainsi que la tentation du Frère Louis, déterminèrent le Vénéré Père, afin de retenir les Frères dans leur vocation que quelquefois les ennuis, les chagrins et les peines, joints à de fortes tentations, pourraient décourager et rejeter dans le monde, à les lier à leur saint état par les vœux de religion. Déjà dès le commencement de la Congrégation, ils faisaient une consécration dans laquelle ils promettaient, non par vœux, d'enseigner le catéchisme aux enfants du peuple ainsi que les autres connaissances élémentaires telles que la lecture, le calcul, etc., d'obéir à leurs supérieurs, de garder la chasteté et de n'avoir rien en propre. Au fond, comme on le voit, c'était les trois vœux de religion; mais, d'une part, voyant qu'une simple promesse n'était pas suffisante pour assurer leur persévérance dans l'Institut et, d'autre part, désireux de suivre l'avis de Monseigneur qui l'avait engagé à faire émettre à ses Frères les trois vœux simples de pauvreté, de chasteté et d'obéissance, il se décida définitivement à prendre cette mesure, la seule qui constitue véritablement l'état religieux. [151]



2°. Les premiers se firent à la retraite de 1826; ils étaient de deux sortes; les vœux perpétuels et les vœux temporaires. On faisait ordinairement ces derniers pour trois ans, sauf, ce terme échu, à les renouveler de nouveau. Cependant on pouvait aussi les faire pour un temps moins long, car je me rappelle que la première fois que je fus admis à les émettre je les fis seulement pour un mois. Plus tard, après la mort du Vénéré Père, le R. P. Colin, supérieur général de la Société des Maristes, à qui le Père Champagnat avant de mourir avait remis tous ses pouvoirs de fondateur, à raison des vœux de pauvreté et de chasteté qui pouvaient dans de certaines circonstances donner lieu à quelques inconvénients, décida que les vœux temporaires ne comprendraient que le vœu d'obéissance qui toutefois serait perpétuel jusqu'à la profession. Ces vœux se firent d'abord sans cérémonie; plus tard on leur donna la solennité qu'ils ont encore aujourd'hui, mais sans y ajouter de nouvelles obligations. Quant au vœu de stabilité, je n'en ai jamais entendu parler au Père Champagnat, mais ce qui est certain, c'est qu'au chapitre général de 185651 on fit -passer sous les yeux de chaque capitulant un écrit52 de la main du Vénéré Père, portant en toutes lettres: « Les Frères de cet institut feront les trois vœux de pauvreté, de chasteté, d'obéissance et le vœu de stabilité », sans autre explication. J'ai vu l'écrit moi-même et c'était bien son écriture; les différentes lettres qu'il m'avait écrites ne me permettent aucunement d'en douter. [152]


CHAPITRE X ième

AUTRES CONTRADICTIONS A L'INTERIEUR

OCCASIONNEES PAR LA REVOLTE

DE QUELQUES-UNS DE SES FRERES

A L'OCCASION DE CERTAINS REGLEMENTS


1°. Malgré les défections dont nous avons parlé, de bons sujets avaient remplacé avantageusement ceux qu'avaient perdus l'orgueil et la désobéissance, et les vœux étaient là comme un frein pour retenir au besoin les Frères dans leur vocation. La société était en voie de prospérité; de nouvelles demandes d'établissement étaient faites. Deux furent fondés à cette même époque: St. Paul-en-Jarret, Neuville-sur-Saône. Mais avant de traiter de ce qui fait le fond de ce chapitre, je me permettrai de dire un mot sur ce dernier établissement à cause de la prédilection que le Vénéré Fondateur semblait lui porter, vu les fréquentes visites qu'il y faisait; de plus, il servira d'entrée à mon sujet. Deux personnages surtout l'y attiraient; M. le curé et M. Tripier; ce dernier avait fondé l'établissement et en avait fait tous les frais. Ce vénérable vieillard était un homme de foi et de plus un rude chrétien. Il engageait souvent le Frère Directeur de ce poste de ne pas manquer de s'adresser à lui quand il aurait besoin de quelques secours en lui disant qu'il avait pris la résolution de dépenser toute sa fortune, [153] qui était fort considérable, à faire de bonnes oeuvres et à soulager les pauvres, résolution qu'il a tenue jusqu'à sa mort; c'est pour cela que le Vénéré Père l'avait en haute estime. M. Durand, curé de la paroisse, était le conseiller et l'intime ami du Vénéré Père. Du reste, tous ses confrères du diocèse lui reconnaissaient une grande science théologique, un profond jugement et une piété des plus éclairées. Aussi le Vénéré Père le mettait-il au courant de toutes les choses importantes concernant l'Institut. Les Frères qui étaient dans ce poste ont rapporté qu'il leur disait souvent ces paroles pleines de vérité: « Si vous n'observez pas votre règle, feriez-vous des miracles, vous ne serez jamais que de mauvais religieux », et ces autres: « Qui laisse la règle, laisse le froc. » Il avait une si mauvaise idée des Frères qui violent la clôture sans une absolue nécessité qu'un jour, ayant rencontré un Frère qui allait seul en promenade, il lui dit ces paroles effrayantes: « Mon Frère, j'aimerais mieux rencontrer le loup que de vous voir seul. »

53. Il n'avait que trop raison car déjà, malgré la vigilance du Fondateur, des abus sous ce rapport commençaient à s'introduire dans les établissements. Quelques Frères directeurs fréquentaient trop le monde et par suite prenaient son esprit; d'autres faisaient des visites trop multipliées chez leurs confrères, de là des dépenses contre le vœu de pauvreté et des manques essentiels à la règle. Le Vénéré Père, ayant appris ces abus, écrivit paternellement aux coupables pour les ramener à l'ordre et à l'obéissance régulière. Comme plu sieurs [154] n'eurent pas égard à ses remontrances, les vacances arrivées, il leur fit faire leur coulpe devant tout le monde et leur donna en même temps une sévère correction. La plupart reconnurent leurs torts et promirent de se corriger, mais deux ou trois des plus coupables, exaspérés de cette humiliation, se laissèrent aller aux murmures et traitèrent le Vénéré Père, de tyran. Même l'un d'eux qui avait été longtemps bon religieux lui manqua de la manière la plus grossière et abandonna sa vocation. « Je me retire, dit-il d'une voix effrayante à un de ses confrères qui le blâmait de cette démarche; je rentre dans le monde; je suis réprouvé; Dieu m'a abandonné.»

4°. Avant de parler des conséquences de cet esprit de satan, qui s'empara de ceux qui prirent en mauvaise part la correction que leur avait faite le Vénéré Père, je vais faire connaître quel était alors le costume des Frères, car c'est seulement à raison de ce costume qu'eut lieu la révolte dont je veux parler et que le Frère Stanislas m'a racontée dans les plus minutieux détails. On me permettra d'en abréger le récit pour n'être pas trop long. Nous avons vu ci-devant que Monseigneur avait permis au Vénéré Père de donner à ses Frères un costume religieux, et non semi-religieux comme celui qu'ils portaient à Lavalla. Celui qu'il leur donna dès lors consistait en une soutane noire à la manière des ecclésiastiques et un petit manteau, le tout d'un drap grossier, fermant par devant par des boutons de la même étoffe, puis un chapeau triangulaire, un rabat blanc, des bas tricotés et des souliers fournis par la maison. Je dois ajouter qu'après l'émission des vœux perpétuels, le Vénéré Père compléta ce costume par une croix pectorale ostensible et un cordon; toutefois ceux qui n'avaient fait que des vœux temporaires portaient [155] simplement le cordon, comme cela a encore lieu aujourd'hui.

5°. Plusieurs raisons graves qu'approuvèrent des personnes respectables qu'avait consultées le Vénéré Père, l'obligèrent à modifier ce costume. D'abord il décida que les boutons de la soutane seraient remplacés par des agrafes (improprement appelées crochets) jusqu'à mi-corps et que le reste serait cousu jusqu'au bas, que le manteau n'aurait des agrafes qu'au col et rien autre, qu'aux bas tricotés seraient substitués des bas de drap simplement cousus. Enfin il changea la méthode de lecture, proscrivit l'épellation et l'ancienne dénomination des consonnes, c'est-à-dire qu'il leur donna la méthode de lecture qui est aujourd'hui suivie dans la Congrégation et généralement partout. Voici les principales raisons qu'il donna de ces divers changements. Les boutons, en vieillissant, déparent la soutane, attendu qu'ils s'usent plus promptement que le reste et que s'ouvrant facilement, elle expose à des inconvenances. Quant aux bas, la Maison Mère pouvant les fournir, il résultait plus d'uniformité dans le costume, de plus (il)54 serait facile aux Frères de les raccommoder eux-mêmes, sans recourir aux personnes du sexe, ce qui n'était pas sans inconvénient. Pour ce qui est de la nouvelle méthode, il les assura que les progrès des enfants doubleraient, si on l'appliquait sérieusement et dans son entier. Comme il y avait beaucoup de réclamations sur ce dernier article, le Vénéré Père dit de bien l'étudier et de l'essayer pendant l'année. Pour le moment, il permit d'user les bas tricotés que l'on avait encore, mais il défendit d'en porter d'autres [156] que ceux de drap quand on s'approcherait de la ste table; quant aux soutanes, il dit nettement que celles à renouveler seraient désormais à agrafes et non à boutons et que ces derniers seraient enlevés au manteau.

55. Mais voilà qu'aux vacances prochaines un bon nombre s'élevèrent contre la nouvelle méthode et l'attaquèrent en brèche. Le Vénéré Père, voyant les esprits fort agités, fit comprendre aux Frères que n'ayant pas encore l'habitude de cette méthode, ou que l'ayant mal employée pendant l'année, ils ne pouvaient pas en parler pertinemment, et que ceux qui la rejetaient jugeaient sans connaissance de cause. Effectivement, ceux qui l'avaient essayée sérieusement dirent que le Vénéré Père avait raison, car elle accélérait singulièrement les progrès des élèves; ils s'y soumirent donc volontiers.

8°. On ne se plaignit pas autant de la soutane parce que les Frères des Ecoles Chrétiennes la portaient agrafée, raison suffisante pour fermer la bouche à ceux qui voulaient encore conserver la soutane à boutons.

9°. Mais, le croirait-on, la question des bas occasionna une espèce de révolution dans toute la communauté, et il fallut pour les faire adopter, ainsi que la soutane agrafée et la nouvelle méthode de lecture, toute la fermeté du Père Champagnat; mais il avait prié, consulté et pris son parti; dès lors rien n'aurait pu lui faire changer sa résolution.

10°. Comme la soutane agrafée et la nouvelle méthode de lecture avaient d'abord fait quelques mécontents, les plus irrités, poussés par le démon de l'insubordination, pensèrent que la nouvelle forme des bas, chose à laquelle on répugnait le [157] plus, serait un moyen de former un parti nombreux pour protester contre les réformes si rationnelles et si religieuses du Vénéré Père. A cet effet, ils proposèrent un plaidoyer contre les bas de drap. D'après eux ils avaient toutes sortes d'inconvénients qu'ils énumérèrent avec toute la force et l'habilité dont ils étaient capables. Mais le Vénéré Fondateur réfuta avec tant de force leurs raisons, souvent contradictoires, en montrant les avantages que les bas de drap ont sur les bas tricotés, qu'ils ne surent trop quoi répondre, surtout quand il leur dit que, dans le fond, ceux qui s'en plaignaient ne voulaient conserver les bas tricotés que parce qu'ils étaient plus mondains, qu'au reste les bas de drap étaient non seulement plus simples et plus religieux, mais encore plus commodes ainsi qu'il l'avait expérimenté lui-même dans ses voyages. Enfin il termina par ces paroles que les Petits-Frères de Marie doivent regarder comme sacramentelles: « Je suis donc déterminé à admettre définitivement les bas de drap. » Alors la grande majorité adhéra à cet ordre positif sans élever aucune réclamation.

11°. Cependant quelques têtes exaltées et dont l'esprit religieux commençait à aller à la dérive, formèrent le complot de forcer le Vénéré Père à revenir sur ces innovations. Pour arriver à leur but, ils gagnèrent d'abord quelques jeunes Frères, puis quelques anciens et finirent même par mettre dans leur parti l'un des aumôniers. Aussi, pendant les récréations, ne s'entretenait-on que de la soutane agrafée, de la méthode de lecture et surtout des bas de drap. Le difficile seulement était de faire revenir le Vénéré Père sur ces trois articles importants.

12°. Lorsqu'ils s'en préoccupaient le plus, on vint annoncer que M.M. les vicaires généraux, qui [158] étaient à St. Chamond, se disposaient à faire une visite à l'Hermitage. Alors rien de plus empressé que de formuler une pétition tendant à obtenir la conservation de l'ancien costume et de la leur présenter; d'ailleurs M. l'aumônier était là pour l'appuyer au besoin. Plusieurs la signèrent, mais ce ne fut pas le grand nombre. Comme donc les signatures étaient clairsemées, un des chefs va en classe et sans que les professeurs s'en aperçoivent, il se rend à côté de chacun, escamote leur signature en ne leur donnant pas le temps de lire ce qu'ils signaient et revient tout joyeux de son tour de force.

13°. Un ancien Frère dont le nom ne me revient pas, voyant cet acte de rébellion contre l'autorité, réunit en toute hâte les Frères les plus pieux et leur propose de protester énergiquement contre cette mesure infâme. Ils vont donc tous ensemble trouver le Vénéré Père, lui racontent ce qui se passe et déclarent qu'ils adoptent de tout cœur et sans aucune restriction la soutane agrafée, la nouvelle méthode de lecture et les bas de drap et demandent en outre de faire une contre-pétition.

14°. Le bon Père extrêmement édifié de cette démonstration d'attachement et de cet acte d'obéissance, leur témoigne toute la satisfaction qu'il en éprouve, puis il leur dit d'invoquer le St-Esprit et le secours de la Ste Vierge, que pour lui il allait examiner cette affaire devant Dieu et qu'ensuite il les ferait appeler. Pendant ce temps le Frère qui était à la tête de la députation, ayant trouvé un bonasse d'ancien Frère qui, s'étant laissé séduire, avait signé la pétition, lui fit une si forte admonition et surtout lui émut tellement le cœur en lui faisait connaître tout le chagrin qu'éprouvait le bon Père de cet acte d'insubordination, lui assurant qu'il en avait perdu l'appétit et le sommeil (ce qui [159] était exact)56, que de ce pas, il va trouver le Vénéré Père, tombe à ses genoux et lui demande humblement pardon de sa faute; il fit plus, car il renouvela cet acte de repentir devant toute la communauté en plein réfectoire. Plusieurs, touchés de cet exemple, en font de même mais les révoltés endurcis rient niaisement de ces humbles réparations. Voyons maintenant comment la bonne Mère va venir au secours du Vénéré Père. Nos insoumis étaient tout triomphants voyant que leurs affaires marchaient bon train, mais ne voilà-t-il pas qu'arrive la nouvelle que les grands vicaires, étant appelés à Lyon pour des affaires pressantes, ne monteraient pas à l'Hermitage. Jugez alors du désappointement de nos effrontés cabaleurs.

14°. Cependant (et c'est là qu'il faut admirer l'esprit de Dieu dont était rempli notre Vénéré Fondateur)57, après avoir bien prié et réfléchi pendant un jour, le Père Champagnat fait venir les Frères qui avaient protesté contre la pétition et leur déclare positivement que sa résolution est arrêtée de renvoyer tous ceux qui ne voudraient pas se conformer aux trois articles définitivement adoptés. Puis il ordonna d'élever secrètement à la chapelle un autel à la Ste Vierge avec sa statue, de la placer contre la muraille du côté du midi, de bien l'orner et de la garnir de beaucoup de bougies; et le soir lorsque les Frères y entreraient suivant l'usage, de lui lire leur contre-pétition, contenant en forme de demande la soutane agrafée, la nouvelle méthode de lecture et les bas de drap. Tous ces préparatifs se firent exactement sans que personne dans la [160] maison n'en sût rien, excepté ceux qui avaient rédigé la contre-pétition.

15°. Donc après la prière du soir on monte à la chapelle pour y faire la visite d'avant le coucher; mais quel n'est pas l'étonnement et la stupéfaction de toute la communauté en voyant la statue de Marie sur cet autel tout ruisselant de lumière!... La visite achevée, le Vénéré Père, agenouillé au bas du maître-autel, se tourne vers les Frères. Aussitôt un ancien s'avance et lit la contre-pétition qui se terminait par la demande de la soutane agrafée, de la nouvelle méthode de lecture et des bas de drap. Alors le Vénéré Père, prenant cette voix énergique qui quelquefois atterrait son auditoire: « Eh bien! dit-il en montrant l'autel de la Ste Vierge, que ceux qui sont de véritables enfants de Marie passent ici à côté de leur divine Mère », et voilà qu'aussitôt, sans hésiter, la majorité s'y précipite. Quelques-uns effrayés et n'ayant pas bien compris étaient restés là à leur place, immobiles comme des statues. « La place des enfants de Marie, ajouta le Vénéré Père, est là à côté de son autel et celle des rebelles contre la muraille opposée. » Cette fois il fut compris de tous, car les deux chefs seuls restèrent assis, tous les autres s'étaient rangés autour de l'autel de la bonne Mère. Le vénéré Père reprenant de nouveau la parole, demanda à ces chefs de la cabale s'ils voulaient rester où ils étaient: un Oui froid comme la glace fut toute leur réponse.

16°. Le lendemain, suivant sa promesse, le Vénéré Père les renvoya, et le jour même où ils furent expédiés, tous ceux qui s'étaient laissé entraîner par ces rebelles en témoignèrent leur regret en demandant publiquement pardon à toute la communauté de cette faute, dont certainement plusieurs ne connaissaient ni les conséquences ni la gravité. J'ai ouï [161] dire au cher Frère J. Baptiste que parmi les signataires de la pétition, il y en a seulement deux qui soient morts dans l'Institut. Vraiment, en réfléchissant d'une part sur les nombreuses contrariétés éprouvées jusqu'à cette heure par le Vénéré Père pour fonder sa Congrégation, on a malgré soi le cœur ému d'un sentiment de tristesse indéfinissable, comme aussi d'autre part, on est saisi d'étonnement et d'admiration en voyant la Ste Vierge Marie venir à propos pour l'affermir et la consolider au moment où elle semble devoir périr. Tel a été et sera toujours le cachet des oeuvres des saints qui comme lui ont eu la mission de donner à la Ste Eglise les plus beaux fleurons de sa couronne.

17°. Je terminerai ce chapitre en faisant connaître de nouveaux postes qui furent fondés au commencement de l'année scolaire 1827: St. Symphorien d'Ozon et Valbenoîte. Je vais dire un mot de ce dernier poste, non seulement parce que j'y ai vu arriver les Frères, mais surtout à cause du Vénéré Père. M. Rouchon, curé de cette paroisse, était un digne et vénérable prêtre, qui en même temps que le Père Champagnat, avait essayé de fonder une congrégation semblable à la sienne. Voyant que les sujets lui faisaient défaut et qu'elle diminuait au lieu d'augmenter, il se proposa de l'unir avec celle du Père Champagnat. Il vint donc à Lavalla avec toute sa communauté, composée, je crois, de dix membres, dans le but d'opérer cette réunion. Mais lorsque les Frères de M. Rouchon virent la pauvreté de la maison et le piètre ordinaire des disciples du Père Champagnat qui contrastaient si étrangement avec leur mise bourgeoise et leurs manières étudiées, il arriva qu'après avoir tout visité, ils s'en retournèrent sans autre explication. Quelque temps après, la division s'étant mise [162] parmi eux, ce dont j'ai été témoin, ils se séparèrent et par suite leur congrégation s'anéantit pour toujours. Ce fut alors que M. Rouchon vint trouver le Père Champagnat et lui demanda des Frères pour les remplacer, en se chargeant de tous les frais de l'établissement. Ils arrivèrent au nombre de quatre dans la paroisse. Il me semble encore les voir entrer dans le saint lieu, faire une profonde génuflexion et édifier tous les paroissiens par leur piété, leur modestie, leur recueillement et se montrer en tout et partout les dignes enfants du Père Champagnat. Qu'on me permette de citer un petit trait qui eut lieu à cette occasion. Quand on vint à fixer le traitement des Frères, le Père Champagnat, comme ailleurs, demanda 400 f. de traitement pour chacun de ses Frères. « Mais, Père Champagnat, lui dit M. Rouchon avec simplicité, 400 f. c'est bien un peu trop, mais surtout c'est tout à fait trop pour le Frère cuisinier; je pense que c'est assez de trois cents pour lui. » Le Vénéré Père qui ne prisait jamais ses Frères quant à leur degré de science et de capacité, mais à leur mérite devant Dieu, lui donna à entendre que lui ne pouvait apprécier la valeur de chacun de ses Frères à ce point de vue; il demandait pour tous une somme égale. C'est au Père Champagnat lui-même ou à M. Rouchon que j'ai entendu raconter ce trait dont je garantis le fond plutôt que la forme.

18°. Mais voilà que le petit grain de sénevé continua à se développer. En l'année 1829 deux nouvelles maisons sont fondées: Millery dans le département du Rhône, et Feurs dans le département de la Loire. Alors, vu la prospérité des écoles de ce dernier, le conseil général du département fit allouer au Vénéré Père et sans qu'il l'eût sollicitée la somme de 1500 f. chaque année pour soutenir le noviciat de l'Hermitage. Ce fut cet acte de bienveillance [163] qui donna au Vénéré Père la pensée de faire approuver la Congrégation par le gouvernement, d'autant plus que les nouvelles ordonnances faites en 1828 lui en faisaient une nécessité absolue pour que les Frères pussent être dispensés du service militaire. Après qu'il eut rédigé sa demande et les autres pièces qu'il devait présenter au Conseil Royal de l'Instruction Publique, à raison d'obtenir cette approbation, il porta le tout à Monseigneur de Pins qui, à raison de la dignité de Pair de France où il venait d'être élevé, pourrait facilement la faire aboutir. Effectivement, il obtint un plein succès; même l'ordonnance allait être signée par le roi Charles X, lorsque malheureusement, arriva la révolution de 1830. Elle fut si prompte que le roi fut obligé de prendre le chemin de l'exil avant de signer l'ordonnance.

Voilà donc une nouvelle croix des plus lourdes et des plus longues pour notre Vénéré Fondateur, car elle dura jusqu'à sa mort et elle en sera une des principales causes. Mais Dieu, par d'autres moyens, soutint son oeuvre, qui malgré cela, continua à prospérer, comme il sera dit dans le chapitre suivant. [164]




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