Maîtrise d'Histoire (1973) michele grenot


Les différents aspects de l’homme



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Les différents aspects de l’homme

Le Chrétien et l'Ecrivain biblique


"Le Christianisme était pour lui avant tout une règle de vie, souveraine et indiscutée. Il était chrétien more majorum, simplement et effectivement, comme RACINE dans sa famille, d'une foi que le rire de VOLTAIRE n'avait jamais troublée et qui n'inclinait pas davantage vers le romantisme à la CHATEAUBRIAND, cette forme religieuse du dilettantisme. Jamais homme ne fut moins un dilettante, ni un romantique, que Monsieur WALLON. Tout en lui était sérieux, simple et digne."

Ce témoignage de CROISET reflète tout à fait sa ligne de conduite : une vie austère, sérieuse, et surtout, toujours profondément religieuse. Ses petits-enfants racontent que, de son appartement de l'Institut, il se rendait tous les matins à la messe à Saint-Germain, traversant le Pont des Arts. Et il méditait la Bible qu'il avait constamment sur sa table. Nous verrons WALLON gêné dans sa carrière et son catholicisme mal vu de certains. Pourtant, sa carrière universitaire, comme toute sa vie, fut motivée par sa foi.

Comment s'est enracinée cette foi profonde chez lui ? De sa famille, de ses professeurs, d'une démarche personnelle ? Comment la vit-il ? Quel est l'intérêt de ses œuvres théologiques ? Comment le situer par rapport aux grandes questions religieuses de l'époque ? La question de la liberté de l'enseignement ? Le catholicisme libéral ? Dans quel groupe et comment le ranger parmi les catholiques ? Dans le Rapport du Congrès des catholiques libéraux de MM.GADILLE et MAYEUR, nous voyons une piste de recherche :

"Des catholiques libéraux firent des carrières universitaires. Il conviendrait de voir en quoi leur appartenance religieuse leur valut des difficultés et surtout comment ils vécurent dans la pratique le fait de la laïcité."

L'étudiant puis le professeur


Etudiant à l'Ecole Normale Supérieure en 1831, puis professeur à Louis le Grand et à Rollin, maître de conférences à Normale, puis professeur à la Sorbonne et, en mars 1876, Doyen de la Faculté des Lettres, longue carrière universitaire. CROISET souligne :

"ce caractère profondément universitaire de ces promotions de Normaliens, qui avaient, eux aussi, une religion pratique et une règle de mœurs. Nous tous, qui avons connu beaucoup de ces universitaires à l'ancienne mode, vrais religieux laïques, même quand ils étaient voltairiens, foncièrement libéraux et un peu républicains, même quand ils étaient catholiques, qui ne songeaient guère à quitter leur classe ni à se mêler aux choses du dehors, qui avaient le culte des classiques, anciens et modernes, qui aimaient la littérature moins en artistes qu'en honnêtes gens et en bons raisonneurs, qui mettaient au-dessus de tout la netteté de la composition, la probité simple du style, l'honnêteté des pensées, la rectitude modeste de la vie. Les vers de leur cher Horace sur son ami Virgile semblent écrits pour eux : des âmes candides exemptes de ces troubles vains qui agitent ceux que Bossuet, un autre de leurs maîtres, appelle quelque part "les curieux et les vagabonds". M.WALLON, avec son bon sens calme et lucide, un esprit amoureux du détail exact, sa méfiance des idées générales ambitieuses, sa route tracée d'avance en ligne droite, était un exemplaire achevé de cette sorte d'universitaire. "

En examinant ses méthodes de travail, ses maîtres (Virgile, Horace, Bossuet, etc.), son style d'enseignement, il est juste de parler d'érudition à son égard et de l'associer à ce type d'universitaire du 19ème siècle. Nous verrons que des témoignages de ses cours donnent la même impression.


L'historien et l'Académicien


"M. WALLON, l'auteur de l'Esclavage dans l'Antiquité, l'historien de Jeanne d'Arc et de Saint Louis, est une illustration académique", écrit le Journal des Facultés Catholiques de Lille, dans un article sur Henri WALLON de 1905.

Les ouvrages d'H. WALLON, difficiles à lire, car la recherche historique est très sérieuse, très documentée, ne se trouvent guère que dans les bibliothèques très spécialisées3. Quelques-uns de ces ouvrages ont obtenu des prix académiques et, en 1850, H. WALLON rentre à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, en 1873 il en devient le secrétaire perpétuel.


L'homme politiquE


Nous avons parlé de l'action décisive de H. WALLON pour la IIIème République, mais nous verrons que ses prises de position comme député de la IIIème République ne sont pas moins intéressantes. Ses idées évolueront, de celles de l'étudiant à celles du vieux sénateur. Cependant, nous pouvons déjà indiquer une grande constante dans son action que résume très bien L. HAVET dans son discours :

"Dans l'action, M. WALLON a eu cette originalité de combiner deux éléments souvent séparés l'un de l'autre, l'esprit chrétien et l'esprit de 1789. De cette dualité d'inspiration sont venues, pour parler le langage des partis, ses "contradictions politiques", cela veut dire l'indépendance de sa conscience à l'égard des pressions amies. Son catholicisme profond, libéral, plein de droiture, qui ne le gênait pas (je puis en témoigner là-dessus), pour rester cordialement fidèle à toutes ses affections de jeunesse, a fait aussi le caractère particulier de son œuvre écrite."

C'est bien cette indépendance de conscience que nous chercherons à montrer dans toute son œuvre, et c'est pourquoi il est très difficile de le rattacher, soit à un groupe ou un parti politique, soit de l'affilier à une tendance parmi les catholiques. En marge des catholiques, parce qu'il tient moins à la monarchie que la plupart des catholiques fervents du 19ème siècle et, sans être vraiment républicain, parce que plus conservateur et trop catholique. Peut-être pourrons-nous comprendre son rôle de conciliateur, puisqu'un certain côté de lui-même plaisait toujours à l'un ou l'autre groupe. C'est pourquoi on retrouve H. WALLON dans le ministère DUFAURE, "un des rares républicains catholiques de l'Assemblée, qui affirme que la République a besoin plus que tout autre gouvernement de s'appuyer sur les lois de la religion, la moralité, la famille4".

D'autre part, nous verrons comment H. WALLON est arrivé à la politique ; ce n'est pas de lui-même. Il y sera conduit par d'autres.

Sa personnalité, son genre de vie


Ce chapitre serait peut-être celui qui toucherait le plus une étudiante du XXème siècle, qui plus est, une de ses descendantes. Pour une étudiante du XXème siècle, c'est une prise de contact très vivante avec le XIXème siècle, la vie de l'étudiant au XIXème siècle par exemple, et l'écart si frappant qui existe entre les deux époques. Des moyens matériels plus limités, entraînent des horizons géographiques aussi, plus limités, des activités peut-être moins variées, mais plus simples. Que cette vie paraît tout à la fois dure et austère, mais aussi, quelle admiration devant tant de volonté et de travail, où droiture, honnêteté, sens du devoir, entraînent l'abnégation de soi-même.

Nous avons la chance de posséder des lettres reliées et annotées par un de ses petits-fils ; il s'agit de la correspondance entre H. WALLON et ses parents de Paris à Valenciennes, pendant ses études supérieures. Lettres très nombreuses : H. WALLON répondait à ses parents par le retour du courrier5.

Pour une de ses descendantes, c'est réaliser la continuité de cet esprit familial, le Bon-Papa, patriarche dont nous parlent nos grands parents et nos parents : la tradition des idées, les valeurs fondamentales dont H. WALLON a marqué, non seulement sa famille, mais toute sa lignée. Il le désirait et nous pouvons dire que, même si l'esprit familial se comprend différemment, si les opinions ne sont pas toutes identiques, H. WALLON a réussi. Tous les premiers janviers, H. WALLON recevait ses descendants. Aujourd'hui encore, les réunions continuent, presque toutes les branches de sa descendance (et elles sont nombreuses) y sont représentées.

Homme du 19ème siècle ? On peut le dire : d'une vie parisienne austère, peu de distractions, mais égayée par des vacances à la mer, grande nouveauté de l'époque. En 1872, H. WALLON achète une maison dans un petit port de pêcheurs, encadré de falaises, en Normandie : les Petites Dalles. Les descendants perpétuent encore les vacances aux Dalles, et ces dernières années, on a dénombré plus de 200 descendants de passage dans l'été.



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