Maîtrise d'Histoire (1973) michele grenot


HENRI WALLON ETUDIANT A L'ECOLE NORMALE



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HENRI WALLON ETUDIANT A L'ECOLE NORMALE


Les trois ans qu'Henri passera à l'Ecole Normale vont-ils venir confirmer son idéal, le faire évoluer ? II sera soumis à d'autres influences, mais Henri se lancera toujours avec ardeur et passion dans ses études. Comment vivre dans cette école, sinon avec cet état d'esprit ? Pour nous, ce genre de vie nous paraît aussi dur que la vie monastique. Nous avons cité le mot de CROISET à l'égard de ces "universitaires à l'ancienne mode" (dans sa notice sur H. WALLON), il parle de "vrais religieux laïques".

Pendant ses trois années d'Ecole, Henri essaye d'écrire deux fois par semaine à ses parents pour essayer de les distraire de cette longue et lointaine séparation. Henri donne de réelles satisfactions à sa famille. Sophie, dans une lettre à ses parents (28 décembre 1832) exprime la satisfaction qu'a JANNET, en lisant les lettres d'Henri, à voir ses progrès.

JANNET dit "qu'Henri réalise bien au-delà les espérances qu'il avait conçues de lui. Il trouve que son bon esprit, son jugement et ses idées prennent un développement remarquable. Nous devons bien nous féliciter, vous d'avoir un fils si distingué et si vertueux et moi d'avoir un frère qui mérite tant que je l'aime . . . "

Et JANNET ajoute : "Henri n'a maintenant besoin de personne et il sera quelque jour en position de nous protéger tous. "

JANNET n'a pas tort. A ce moment là, Henri est déjà en deuxième année ; jusque là, il demandait toujours les conseils de son beau-frère. Bien vite, les rôles seront renversés, Henri fera appel à son tour à ses relations pour la situation universitaire de JANNET. Sans doute JANNET ne pensait-il pas ace moment-là que Henri WALLON irait jusqu'au ministère de l'Instruction Publique, sommet de la carrière universitaire. Jusqu'ici, nous ne pouvons imaginer qu'il en ait l'envergure.

Henri arrive donc à 19 ans dans ce Paris qu'il n'a jamais vu. Il ne semble pas qu'il en soit effrayé, ni même sa famille ; sa volonté et ses qualités morales l'aident à prendre toutes ses responsabilités, pour quitter sa famille et passer de l'étape scolaire à l'étape étudiante. Sera-t-il suffisamment armé pour cela ? II semble, puisqu'il s'accrochera à ce genre de vie pendant trois ans d'Ecole ; pourtant, il n'est pas toujours dans un milieu conforme à ses idées, et il se "sent bien à l'Ecole Normale". Pourquoi cela lui convient-il ? Quelles influences va-t-il subir ? Auxquelles va-t-il renoncer ?

La correspondance avec ses parents nous permettra de situer le milieu ambiant de l'Ecole Normale et nous verrons, par la vie qu'il y mène, l'enrichissement que ce "milieu" lui procurera.

contexte historique


Il faut tout d'abord replacer l'Ecole Normale dans son contexte historique. Henri rentre à l'Ecole en 1831, début de la monarchie de Juillet. Or, à ce moment là, la situation générale n'est guère favorable à l'Eglise catholique. THIBAUDET parle déjà d'une monarchie de professeurs : GUIZOT, COUSIN, VILLEMAIN (personnages influents dans la carrière d'H. WALLON). Une sorte d'osmose s'établit entre la politique, l'université, les ministères. L'Instruction Publique est dominée par le conseil royal de l'université qui, à cette époque, réunit une dizaine de grands universitaires, dont chacun règne absolument sur une discipline, de l'agrégation au mouvement du personnel et décide des programmes, des plans d'études. Exemple : COUSIN dans la philosophie, SAINT-MARC-GIRARDIN pour l'histoire, VILLE-MAIN dans les lettres (tous hommes peu portés vers la religion catholique).

Ces noms de "conseillers" reviennent souvent dans les lettres relatant les préoccupations d'Henri pour ses études. Henri se retrouve donc avec un encadrement d'universitaires peu favorables, a priori, à son égard.



"Toute l'école d'alors était acquise aux idées de COUSIN, de JOUFFROY et des hommes du "Globe". MICHELET y trônait en roi dans sa chaire d'histoire. Les camarades de WALLON, ceux qui marchaient à la tête du mouvement intellectuel, s'appelaient Ernest HAVET, Emile SAISSET, Victor DURUY, Jules SIMON etc. Ce mouvement, Henri WALLON se refusa à le suivre : sa foi d'enfant était désormais une foi virile. Elle tint bon à rencontre de la philosophie critique et négative. Cette foi inébranlée fut reconnue inébranlable".20

Nous verrons ce qu'Henri pense de MICHELET et de l'école de ces philosophes.

Malgré cela et malgré la vie tourmentée de Paris (pour la province, Paris est la ville où fermentent les idées révolutionnaires), ses parents le lâchent dans la capitale en toute tranquillité :

"Fais tout ce qui peut contribuer à te donner une bonne santé. Donne-moi cette tranquillité ; c'est ma seule inquiétude, car pour tes mœurs, je n'en ai pas : tes vertus sont basées sur la religion, et c'est un sûr garant de leur durée. . . " . lui écrit sa mère.

Elle fait donc confiance à son fils pour résister aux influences contraires à l'éducation qu'elle a voulu lui donner.

G. PERROT nous dit qu'Henri aime son école, pourtant le cadre n'est pas très gai. PERROT souligne le caractère misérable de cette installation (l'Ecole était à ce moment là dans les combles du lycée Louis le Grand), l'étroitesse des chambres. Henri ne semble pas s'en plaindre cependant. Il trouve que le temps avance vite. Il le passe agréablement "seul dans ma chambre, me promenant à volonté de long en large, la vue sur tout Paris..."

Discipline monastique


PERROT souligne aussi la sévérité d'une discipline presque monastique, mais Henri s'accorde bien de ce régime. Tout ce qui compte pour lui est de pouvoir s'adonner librement à l'étude :

"Je vous avouerai que je vois le temps s'écouler avec une effrayante rapidité pour l'intérêt de mes études. Je croyais que j'aurais pu faire davantage en un an : il est vrai que nous avons tant de choses à faire. . . "

Henri aura cependant des moments de découragement (nous verrons quelles en sont les causes). A ce moment là il se prend à rêver de revenir près de ses parents, de les prendre par surprise et de se retrouver à leur table. Une des seules ombres à son bonheur, donc : la séparation de sa famille.



"Patience, il y a, aujourd'hui 14, cinq mois que je suis parti de Valenciennes, encore autant et je serai bien près de retourner. "

Henri ne rentrait qu'une fois par an à Valenciennes, au mois de septembre, seul moment de vacances à l'Ecole Normale.

Nous avons déjà souligné la haute valeur intellectuelle de l'Ecole. Nous verrons à quoi est dû ce prestige : à une sélection à l'entrée, puis à l'organisation des études, la préparation des examens, et aussi à d'éminents professeurs. Mais aussi à une ambiance de travail, stimulée par la recherche d'un bon classement, et celle d'acquérir la faveur d'un professeur qui vous pilotera - même peut-être après, dans vos débuts de carrière - ambiance rendue aussi presque obligatoire par un "règlement" assez strict (dont nous avons quelques échos par Henri, qui nous paraissent à nous, étudiants du XXème siècle, assez scolaires).

1.0.0.1.1Qui dirige l'Ecole ? Comment Henri juge-t-il son Ecole 40 ans plus tard'?21

M.GUIGNIAUT était le directeur ; Henri dit de lui :

"II se rattachait par toutes ses sympathies aux hommes au pouvoir en 1830, et à la cause triomphante. Mais son attitude ferme et modérée sut en prévenir le contre-coup dans les imaginations les plus ardentes et l'Ecole lui doit d'avoir traversé cette crise à son honneur".

Henri parle de toute "l'affectueuse bonté" que M.GUIGNIAUT a eu pour lui :



"On murmurait bien quelquefois de la sévérité de la discipline" (les lettres de l'étudiant WALLON en témoignent). "L'Ecole Normale n'avait pas comme aujourd'hui trois mois de congé aux grandes vacances, dix ou douze jours à Pâques, la sortie à minuit (cela nous semble déjà bien peu !). L'Ecole confinée dans les bâtiments du Plessis, dépendances du lycée Louis le Grand, tenait un peu du régime du collège, deux mois de vacances au plus, trois jours de congé à Pâques, sortie à l heure le jeudi, à midi le dimanche et rentrée à 9 h. Lever à 5 h en toute saison. Mais il était si évident que l'étendue des matières de chaque cours ne comportait pas plus de loisirs que l'on en prenait son parti, trop heureux du temps que ne nous marchandaient pas nos maîtres de conférences : les MABLIN, les MICHELET, les PATIN, les GIBBON, les RINN, les AMPERE, les BURNOUF. On murmurait bien quelquefois pourtant contre M. GUIGNIAUT, comme professeur, lorsque, commençant sa leçon à l0h ½, il nous retenait fort au-delà du dîner. Mais, après dîner, on savait apprécier cette abondance d'érudition et ce zèle qui faisait que, s'il demandait aux élèves plus qu'il n'était voulu par le règlement, il donnait lui, à ses conférences, bien au-delà de ce qui était exigé."

Henri souligne aussi que P. GUIGNIAUT était supervisé dans la direction de l'Ecole par COUSIN.



"Au-dessus de lui, l'Ecole avait un patron au conseil supérieur de l'Instruction Publique, le plus illustre de ses anciens élèves, V.COUSIN."

Et si M. GUIGNIAUT l'a beaucoup aidé dans sa carrière, Henri ne peut en dire autant de M. COUSIN.



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