Relations des voyages faits par les Arabes et les Persans dans l'Inde et à la Chine dans leIXe siècle de l'ère chrétienne



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Remora, page 2, lig. 8.

« Ce grand poisson (celui dont il vient d'être parlé dans la note précédente) se nomme al-oual. Malgré sa grandeur, il a pour ennemi un poisson qui n'a qu'une coudée de long et qui se nomme al-leschek. Lorsque ce gros poisson, se mettant en colère, attaque les autres poissons au sein de la mer et qu'il les maltraite, le petit poisson le met à la raison ; il s'attache à la racine de son oreille et ne le quitte pas qu'il ne soit mort. Le petit poisson s'attache aux navires, et alors le gros poisson n'ose pas en approcher.

Tout le monde reconnaîtra, dans ce passage, l'histoire du remora, poisson dont la tête est garnie supérieurement d'un disque au moyen duquel il s'attache à divers corps animés ou inanimés, immobiles ou en mouvement. On le trouve souvent fixé de cette manière au corps des squales, et surtout à la base des nageoires (ce sont probablement les nageoires pectorales que l'auteur désigne sous le nom d'oreilles). Il n'est pas rare, lorsqu'on prend des requins en mer, d'amener avec eux sur le pont un échéneïs qui y est fixé. Je n'ai jamais observé le fait moi-même, mais M. Bory de Saint-Vincent dit en avoir été plusieurs fois témoin. L'échéneïs s'attache assez souvent aux vaisseaux, et l'on sait que les anciens croyaient qu'il pouvait arrêter, en s'y fixant, un navire en pleine course. C'était ce qui lui avait valu le nom de remora, par lequel ils le désignaient. L'échéneïs ou sucet, comme l'appellent nos marins, a une telle tendance à s'attacher aux corps un peu volumineux qui se présentent à sa portée, et s'y fixe si solidement, que les indigènes de l'archipel Caraïbe avaient pu se servir de cet animal comme d'une sorte de harpon vivant qui allait lui-même chercher la proie. Les pêcheurs avaient habituellement au fond de leur barque un de ces poissons attaché avec une cordelette à la naissance de la queue. Voyaient-ils une tortue flotter à la surface de la mer, ils mettaient à l'eau leur remora, qui, se dirigeant aussitôt vers l'animal, se fixait à la carapace, et leur donnait ainsi le moyen, non pas d'attirer violemment l'animal, mais de le diriger vers un bas-fond, où il leur était facile ensuite de s'en rendre maître. On peut voir dans Oviedo, Coronica de las Indias, lib. XIII, cap. 10, la relation très intéressante de cette sorte de pêche (édit. de Séville, 1547, page 106 verso).

Je crois inutile de faire remarquer que l'échéneïs est absolument incapable de causer la mort d'un requin. Que ce tyran des mers redoute un si petit poisson, cela est aussi très peu vraisemblable : cependant, comme des expériences plusieurs fois répétées ont prouvé que, du moins à l'état de captivité, un lion et un tigre s'effrayent à la vue d'une souris, je n'oserais déclarer entièrement fausse l'opinion émise par l'auteur arabe.

Page 2, dernière ligne.

« La même mer nourrit un poisson appelé al-lokham ; c'est une espèce de monstre qui dévore les hommes.

Quoique l'on ait quelquefois, à ce qu'il paraît, appliqué à l'espadon le nom de al-lokham, il est probable que, dans le passage que nous venons de citer, ce nom désigne un sélacien, peut-être, le pantouflier, qui, par sa forme étrange, mérite bien la qualification de monstre, et qui, par sa férocité, n'est guère moins redoutable que le requin. L'espadon, à cause de sa grande taille qui dépasse quelquefois six mètres, a été souvent confondu avec des squales et avec des cétacés ; mais, quoique sa force puisse le rendre redoutable aux habitants de la mer, il ne paraît pas qu'il ait jamais attaqué des hommes, et surtout il n'en a jamais dévoré. Je ne crois pas que ce soit parmi les poissons osseux qu'il faille chercher le lokham, quoique certaines espèces, telles que la grande sphyrène américaine, qu'on appelle communément baracuda, soit fort redoutée des nageurs.

Poissons volants. Page 3, lig. 21.

« On trouve dans la même mer, un poisson dont la face ressemble à la face humaine, et qui vole au-dessus de l'eau. Ce poisson se nomme al-meydj.

On connaît plusieurs espèces de poissons volants qui appartiennent à deux genres différents, les exocets et les dactyloptères : notre auteur me paraît avoir parlé des uns et des autres. Dans le passage que nous venons de citer, il ne peut être question que d'un dactyloptère, et probablement de l'espèce connue sous le nom de d. orientalis, qui est commune dans les mers de l'Inde, et dont on trouve déjà une figure dans Bontius (Hist. nat. et med. Ind. orient. Amsterdam, 1658, page 78). L'al-meydj à face humaine rappelle le pithèque à tête de singe d'Ælien (Hist. anim., liv. XII, ch. XXVII), et la tête arrondie des dactyloptères fait comprendre cette comparaison. Au reste, la description d'Ælien ne peut s appliquer à aucune espèce particulière, car elle réunit des traits appartenant à deux poissons différents, celui dont nous venons de parler et le pégase dragon. Ce qui montre bien que ce chapitre renferme des renseignements relatifs à deux êtres distincts, c'est que plusieurs des caractères qu'il indique sont inconciliables ; par exemple, il est impossible d'avoir à la fois une tête de singe et la bouche sous la gorge.

Page 21, lig. 3.

« Il y a, dit-on, dans la mer, un petit poisson volant ; ce poisson, appelé sauterelle d'eau, vole sur la surface de l'eau.

Je ne doute point que ce passage ne se rapporte à un exocet ; le nom, tout étrange qu'il puisse paraître, me semble d'autant mieux choisi que, lorsque j'ai eu l'occasion d'observer pour la première fois dans les mers des tropiques le vol onduleux des exocets, il m'a rappelé complètement le vol des sauterelles, particulièrement celui d'une belle espèce à ailes bleues, commune dans quelques parties de la France, une grande variété du grillus cœrulescens.

Page 3, dernière ligne.

« ...Ce poisson se nomme al-meydj. Un autre poisson qui se tient sous l'eau l'observe, et, si le premier tombe, l'autre l'avale. Celui-ci s'appelle al-anketous.

Je ne saurais dire quel est l'animal que Soleyman a voulu désigner sous le nom d'al-anketous, et, quoiqu'il en parle comme d'un poisson, je ne m'étonnerais pas qu'il s'agit ici d'un mammifère, puisque les marsouins, auxquels il n'eût pas hésité sans doute à appliquer cette expression, sont au nombre des ennemis les plus redoutables des poissons volants. À la vérité, lorsqu'ils se livrent à cette chasse, les marsouins ne se tiennent pas sous l'eau, et, au contraire, ils restent autant que possible à la surface, afin de suivre des yeux la direction que prend le troupeau volant ; mais ce renseignement ne conviendrait pas mieux aux vrais poissons engagés dans la même poursuite, aux dorades, par exemple. Le capitaine Basil Hall a décrit les allures de ces dernières, avec son talent accoutumé, dans un passage qu'on me pardonnera de citer ici.

« Une bande de dix à douze poissons volants sortit de l'eau près du gaillard d'avant et fila contre le vent en rasant notre bord. Elle fut aperçue, au passage, par une grande dorade qui, depuis quelque temps, nous tenait compagnie, et qui dans ce moment jouait autour du gouvernail en étalant ses chatoyantes couleurs. Voir cette proie et s'élancer dans l'air après elle, ce fut pour la dorade l'affaire d'un même instant. Elle partit de l'eau avec la rapidité du boulet, et son premier saut ne fut pas de moins de trente pieds. Quoique la vitesse dont elle était animée en partant dépassât de beaucoup celle des poissons qu'elle poursuivait, comme ils avaient sur elle une grande avance, elle retomba assez loin derrière eux. Nous la vîmes pendant quelques instants serpenter étincelante entre deux eaux, puis repartir par un nouveau saut plus vigoureux que le premier...

Cependant, les poissons poursuivis par l'ennemi, qui s'avançait à pas de géant, continuaient de fuir d'un mouvement égal, et en se maintenant toujours à une même hauteur. Ils rentrèrent enfin dans l'eau, mais ce ne fut guère que pour y humecter leurs ailes, et nous les vîmes reprendre un second vol plus vigoureux et plus soutenu que le premier. Ce qu'il y eut de remarquable, c'est que, cette fois, ils prirent une direction toute différente de la précédente. Il était évident qu'ils sentaient l'approche de leur persécuteur, et que par ce détour ils cherchaient à le mettre hors de la voie ; mais lui ne prit pas un seul instant le change, et, dès le bond suivant, il se dirigea de manière à les couper. Ils eurent plusieurs fois recours à la même tactique, mais tout aussi inutilement. Bientôt il ne fut que trop aisé de reconnaître qu'ils perdaient à la fois leur force et leur courage. Leur vol devenait à chaque fois plus court et plus incertain, tandis que les énormes sauts de la dorade semblaient s'allonger à mesure qu'ils l'approchaient davantage de sa proie. Elle la rejoignit enfin, et dès lors, modérant tous ses mouvements, elle s'arrangea de manière à arriver à chaque bond précisément au point où la petite troupe retombait épuisée. Déjà la chasse était trop loin de nous pour que du pont nous pussions la suivre ; mais nous la retrouvâmes en montant sur les manœuvres. Ce fut de là que nous vîmes les poissons volants disparaître successivement, les uns saisis au moment où ils venaient de se replonger dans l'eau, les autres avant même qu'ils eussent touché sa surface.

L'anabas, page 21, l.6.

« On parle d'un autre poisson de mer qui, sortant de l'eau, monte sur le cocotier et boit le suc de la plante ; ensuite il retourne à la mer.

Quelque étrange que puisse paraître cette assertion, elle se rapporte à un fait attesté par des témoins assez graves pour qu'on ne puisse guère le révoquer en doute. Le poisson dont il est ici question, le sennal du Malabar, est organisé de manière à retenir de l'eau sous ses branchies, et l'on conçoit fort bien qu'il puisse vivre très longtemps dans l'air ; mais, comme ses formes générales sont lourdes, on ne s'attendrait pas à le voir grimper aux arbres. C'est cependant ce qu'a constaté un officier au service de la compagnie des Indes, le lieutenant Daldorf, qui, en 1791, a trouvé un sennal à deux mètres de hauteur, sur un palmier à éventail, et l'a vu s'efforcer de s'élever encore. Nous reproduirons ici une partie de la note insérée à ce sujet dans les Transactions de la Société linnéenne. M. Daldorf rattachait à tort l'anabas aux perches, et le désignait sous le nom de perca scandens.

MOLLUSQUES

Le cauri (cypræa moneta). — Page 5, lig. 9.

« Les cauris se rendent à la surface de la mer et renferment une chose douée de vie. On prend un rameau de cocotier et on le jette dans l'eau ; les cauris s'attachent au rameau. On appelle le cauri al-kabtadj.

Ce passage est assez obscur et, en partie du moins, inexact : des animaux dont la coquille est aussi pesante que celle des cauris ne peuvent s'élever à la surface de l'eau qu'en rampant le long des rochers. Cependant, comme les rameaux de palmier sur lesquels notre auteur dit que l'al-kabtadj s'attache, doivent flotter à la surface, on pourrait supposer que l'auteur a voulu parler d'autres mollusques à test plus léger ; mais, outre que des coquilles minces et par conséquent fragiles n'auraient pas été propres à servir de monnaie, ce qui prouve bien qu'il s'agit de l'espèce qui, aujourd'hui, de même qu'au temps de notre voyageur, est employée à cet usage dans une grande partie de l'Inde, c'est que c'est encore aux Maldives qu'on la va chercher.

M. Lesson, qui l'a vu recueillir dans ces lieux, a bien voulu me donner à ce sujet quelques détails. Ce n'est pas à la surface, mais au fond de l'eau (dans des lieux où d'ailleurs la mer a très peu de profondeur) qu'on présente à l'animal le corps sur lequel il se fixe. L'appât consiste en un petit morceau de poulpe ou de calmar, auquel le cauri s'attache par son manteau. Quelques fragments de coquille placés en guise de lest à l'extrémité inférieure de la ficelle qui porte l'appât, servent à la faire descendre verticalement. Avec cet appareil, tout grossier qu'il puisse paraître, on prend en assez peu de temps un grand nombre de cauris. On en charge aux Maldives des quantités énormes pour Bombay, et il en va beaucoup aussi en Afrique.

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ADDITIONS ET CORRECTIONS

Page CXXIV de l'Introduction, ligne 7 et suiv. — M. Abel-Rémusat a fait connaître, dans ses notes sur le Foe-koue-ki, page 82, une répartition des monarchies du monde analogue à celle-ci, mais dont il n'a pas eu, ce me semble, une idée exacte.

Tome Ier, page 6, ligne 13. — L'auteur parle d'une coquille qui sert de trompette. Au lieu de schenek, il faut écrire sankha ; c'est un mot sanscrit qui se dit d'une conque marine, et qui désigne un des attributs de Vichnou.



Tome II, page 27, note 81. — Il y a une remarque générale à faire sur les transcriptions de mots chinois en arabe. L'écriture arabe, d'une part, à cause de l'absence des voyelles, de l'autre, par la ressemblance de plusieurs consonnes, qu'on ne parvient à distinguer entre elles qu'à l'aide de certains points quelquefois omis par les copistes, est très sujette à dénaturer les mots empruntés aux langues étrangères. Mais il y a eu une chance de plus avec le chinois. C'est une erreur de croire qu'en Chine on parle une même langue, et que là où le dialecte est le même on s'entende parfaitement. Autrefois, presque chaque province avait son langage particulier. Maintenant, il existe, outre la langue savante des lettrés, un langage vulgaire commun à tout l'empire, et dont les dialectes du nord et du midi ne diffèrent que pour la prononciation et quelques idiotismes ; mais chaque province, et souvent chaque arrondissement a son patois. De plus, on parle dans les provinces de Canton et du Fo-kien, qui sont situées sur la côte, et où commerçaient les Arabes et les Persans, comme y commercent aujourd'hui les Européens, deux langages inconnus au reste de l'empire. On fera bien de lire à ce sujet un mémoire intéressant de M. Bazin, intitulé : Mémoire sur les principes généraux du chinois vulgaire. (Journal asiatique des mois d'avril, mai, juin et août 1845.)

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1 Page 156 et suiv. [c.a. : voir aussi, dans la Bibliothèque Chineancienne, l'article de Deguignes, annexé à l'ouvrage d'E. Renaudot.]

2 M. Langlès annonce, dans la préface qu'il a mise en tête de la relation des voyages de Sindebad, en arabe et en français (Paris, 1814, in-18, page 159) que son intention était de joindre une traduction française au texte arabe de la présente relation ; mais on n'a rien trouvé à ce sujet parmi les papiers laissés par M. Langlès.

1 On en trouve, à la Bibliothèque royale, plusieurs exemplaires, mais avec des titres différents. Le n° 901, ancien fonds arabe, lequel nous offre une copie ancienne et belle, porte le titre de Ketab-mokhtasser-al-adjayb, ou Abrégé du livre des merveilles. Dans le n° 517 du supplément arabe, le même ouvrage, copie également belle et ancienne, est intitulé : Akhbar-al-zeman-oua-garayb-al-bahr-oual-omran, c'est-à-dire, Histoires du temps et singularités de la mer et du monde habité ; ce titre distingue suffisamment le traité en question du grand ouvrage historique de Massoudi, intitulé Akhbar-al-zeman, ouvrage qui ne nous est point parvenu, mais sur lequel on peut consulter le Dictionnaire bibliographique de Hadji-Khalfa, édition de M. Flügel, tome Ier, page 186. Enfin, dans l'ancien fonds arabe, n° 955, le Ketab-al-adjayb est attribué à Cazouyny, si connu par son Traité d'histoire naturelle. Édrisi, dont l'autorité est grande en ces matières, cite dans sa préface, parmi les sources où il a puisé, le Ketab-al-adjayb de Massoudi, et j'ai retrouvé, dans les n° 901 de l'ancien fonds et 517 du supplément, un grand nombre de passages rapportés par Édrisi. Mais, d'un autre côté, Édrisi (tome Ier de la traduction française de M. Amédée Jaubert, page 38) cite un traité intitulé aussi Ketab-al-adjayb et qu'il attribue à un écrivain nommé Hassan, fils de Mondar. Cela prouve une chose, qu'on savait d'ailleurs (voyez le Dictionnaire bibliographique de Hadji-Khalfa, aux mots Ketab-al-adjayb, ainsi que la préface du manuscrit n° 903 de l'ancien fonds arabe) ; c'est que les récits qui forment la base de l'ouvrage étaient du goût de la masse des lecteurs, et que plusieurs écrivains avaient repris le même sujet, se bornant quelquefois à changer le titre du livre et le nom de l'auteur.

1 [c.a. : le texte arabe de la relation et des fragments proposés sont disponibles sur gallica.]

1 Page 2.

2 Page 49.

3 Page 50.

4 Page 141. Voyez aussi à la page 13.

1 Voyez page 61.

2 Tome Ier du Moroudj, fol. 62 verso. L'exemplaire du Moroudj auquel je renvoie habituellement dans ce volume, se compose de deux tomes in-12, et appartient au supplément arabe du département des manuscrits de la Bibliothèque royale, n° 514.

1 Pages 79 et suiv.

2 Tome Ier, fol. 32.

3 Page 49.

4 Page 122.

5 Tome Ier du Moroudj-al-dzeheb, fol. 94.

1 Le savant M. Quatremère, qui, depuis longtemps, a eu occasion d'examiner la présente relation et le Moroudj-al-dzeheb, a émis, sur divers points, une opinion différente de celle que je viens d'exposer. M. Quatremère, sur quelques-uns de ces points, s'est peut-être laissé entraîner par Renaudot et Deguignes. Voici comment il s'exprime dans le Journal asiatique de janvier 1839, page 22 :

« La connaissance que j'avais acquise des qualités et des défauts qui distinguent Massoudi m'a fait reconnaître pour une production de cet écrivain un ouvrage estimable ; je veux parler du livre intitulé Anciennes relations des Indes et de la Chine, traduites par l'abbé Renaudot. En lisant cet ouvrage, on est vivement frappé du désordre qui règne dans la narration, de la manière peu naturelle avec laquelle sont rapprochés des faits curieux, mais qui appartiennent à des régions fort éloignées les unes des autres, en sorte qu'il est fort difficile de voir, dans cet amalgame un peu informe, le récit d'un ou de plusieurs voyageurs. On observe que les deux marchands dont les noms se trouvent indiqués en plusieurs endroits, ne sont nullement désignés comme les auteurs de la narration, mais seulement comme des hommes véridiques qui, ayant parcouru une grande étendue de pays, et observé avec soin les particularités propres à chaque contrée, formaient des témoins respectables, sur l'autorité desquels l'écrivain anonyme avait cru devoir appuyer une partie des détails consignés dans son ouvrage. Or, ce désordre dans la narration des faits est un caractère distinctif des productions littéraires de Massoudi. D'un autre côté, cet écrivain, lorsqu'il parle des Indes et de la Chine, invoque souvent le témoignage de ces mêmes marchands, prétendus auteurs de l'ouvrage traduit par l'abbé Renaudot. On peut donc supposer que les deux narrations des voyageurs arabes ne sont autre chose qu'un fragment d'un des ouvrages de Massoudi. Il est naturel de croire que le récit des prétendus voyageurs arabes formait une partie ou de la seconde édition du Moroudj, ou de l'Akhbar-al-zeman, ou de quelque autre ouvrage de Massoudi. »



1 Yacout, écrivain arabe de la première moitié du XIIIe siècle de notre ère, fait mention, dans son grand Dictionnaire géographique, d'un personnage appelé Misar-Abou-Dolaf, fils de Mohalhel, lequel, l'année 331 de l'hégire (942 de J.-C.), accompagna, à leur retour dans leur pays, des députés de l'empereur de la Chine, qui s'étaient rendus à Bokhara, auprès de l'émir samanide. Misar visita successivement la Tartarie, la Chine et l'Inde, et il rédigea une relation de son voyage, que Yakout a reproduite en grande partie dans son dictionnaire. Cazouyny a inséré quelques fragments de la même relation dans son ouvrage intitulé Atsar-al-bilad ; mais, autant que je puis en juger par les fragments que je connais, le témoignage de Misar ne mérite pas beaucoup de confiance. Les fragments de la relation de Misar qui nous ont été conservés par Yacout et Cazouyny, viennent d'être publiés par M. Kurd de Schloezer, en arabe et en latin, sous le titre de Abu-Dolef Misaris ben Mohalhal, de itinere asiatico commentarium ; Berlin, 1845, in-4°.

2 Du reste, les chiffres 564 qui se trouvent dans l'édition manquent dans le manuscrit. La date est seulement marquée une fois et en toutes lettres.

3 Cet état des forteresses commence à la page 149 du texte imprimé, et se termine à la page 164. On n'en trouvera pas ici la traduction. Ce tableau sort, par son objet, du cercle des matières traitées dans le présent volume ; d'ailleurs, une partie des mots est marquée, dans le manuscrit, d'une manière cursive qui est à peu près illisible, et il aurait fallu souvent n'avancer que des conjectures.

1 Pour avoir une idée précise de ces vents, que nous appelons, à l'exemple des Arabes, du nom de mousson, ou, plus correctement, maussam, l'on fera bien de consulter l'ouvrage de Horsburgh, intitulé India directory, et traduit en français par M. Le Prédour, sous le titre de Instructions nautiques sur les mers de l'Inde, tome Ier, page 539, et tome II, au commencement. Massoudi a parlé des moussons.

1 Historia naturalis, lib. VI, cap. XXVI. Voyez aussi le Périple de la mer Erythrée, Geographi minores, édition de Hudson, tome Ier, page 32. On trouve dans le dernier ouvrage, page 34, quelques détails sur les diverses classes de vaisseaux qui naviguaient dans les mers orientales. Ceux qui s'avançaient jusque dans le golfe du Bengale étaient plus forts que ceux qui s'arrêtaient sur les côtes du Malabar.

2 Historia naturalis, lib. VI, cap. XXIV.

3 Cosmas, Christiana topographia, dans le recueil de Montfaucon intitulé Collectio nova patrum, tome II, page 178. Voyez aussi le Mémoire de M. Letronne, sur l'inscription grecque du roi nubien Silco, Nouveau recueil de l'Académie des inscriptions, tome IX, page 173.

1 Ammien-Marcellin, lib. XXII, cap. VII. M. Letronne, dans un mémoire qui fait partie du recueil de l'Académie des inscriptions, tome X, page 230, entend par le mot Divis, non pas les îles Maldives et Laquedives, mais quelque peuplade de la côte du Coromandel. Je reviendrai plus tard sur ce même passage.

2 Page 20.

3 Ces auteurs sont Massoudi, Moroudj-al-dzeheb, tome Ier, fol. 2 et suiv., et Hamza, d'Ispahan, écrivain du milieu du IVe siècle de l'hégire, Xe siècle de notre ère. Voyez l'édition de Hamza qui vient d'être publiée à Saint-Pétersbourg, par M. Gottwaldt, page 102. Massoudi rapporte de plus qu'à cette époque l'Euphrate, qui maintenant va se perdre dans des étangs, passait à travers Hira et se rendait de là dans le golfe Persique. C'est le bras de l'Euphrate nommé Pallacopas, sur lequel les géographes modernes ont beaucoup écrit. (Voyez les notes qui accompagnent ma traduction de la Géographie d'Aboulféda, tome Ier, page 68). Massoudi ajoute qu'on distinguait encore de son temps le lit du fleuve, et qu'il était désigné par le nom de atyc ou « vieux ». Enfin, Massoudi rapporte que, jadis, la mer venait jusqu'à Hira et aux tertres qui la dominent, et qu'il était impossible de voir ce pays sans être persuadé que les eaux en avaient autrefois couvert la surface. Le passage de Massoudi est un peu long, et on peut recourir à la traduction anglaise de M. Sprenger, tome Ier (la seule qui ait paru), page 246. Seulement, il est à regretter que la traduction de M. Sprenger ne soit pas toujours exacte.

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