ÉVY, Éditeur



Yüklə 1,74 Mb.
səhifə4/24
tarix15.10.2018
ölçüsü1,74 Mb.
#74171
1   2   3   4   5   6   7   8   9   ...   24
58 LETTRES A M. PANIZZI

fort triste, plus même que vous ne pouvez l'ima­giner, mais n'en dites mot à personne. J'ai donné de bons conseils, je crois, tout en me rappelant le proverbe : «Ne pas mettre le doigt entre l'arbre et l'écorce ; » mais je ne sais trop si on les suivra.

La comtesse est en meilleure santé que je ne m'attendais à la trouver. La campagne lui a fait grand bien et de toute manière elle est mieux que l'année passée. Elle vous regrette fort et vous ac­cuse de n'être pas venu par suite de vos préjugés anglais contre l'Espagne. J'ai eu beau l'assurer que vous étiez souffreteux, elle dit qu'un changement d'air aussi radical vous aurait fait grand bien, et que l'air de Madrid, après celui de Carabanchel, est le plus propre à guérir les rhumatismes invé­térés.

Je n'ai fait que traverser Madrid, mais il m'a paru notablement embelli. Les boutiques sont très belles, beaucoup de maisons nouvelles, des arbres et de l'eau partout. Avec de l'eau et du soleil, on peut tout faire en ce pays-ci. Le changement qui m'a le plus frappé, c'est le costume des femmes, qui se francise de plus en plus. Or il est aussi impossible à une Espagnole de porter un chapeau

LETTRES A M. PANIZZI 59

qu'à une Française de se coiffer avec une mantille. Adieu, mon cher Panizzi. Vous ai-je dit, dans ma dernière lettre, qu'avec ce M. X., dont je vous parlais, la police avait attrapé M.-Z., non moins connu. Il y avait longtemps que je lui savais celte répu.lalion-là. Comme il n'y avait pas de mineurs dans la réunion, il n'y a pas ma­tière à procès; car1 nos lois ne sont nullement bibliques, comme vous savez ; mais le scandale a été énorme. Notre ami le ministre avait reçu la veille M. Z. et était encore horrifié. Je lui ai dit qu'il prenait la chose trop au sérieux et qu'il ne fallait pas se plaindre de ceux qui s'abstiennent de nous faire concurrence.

XXVIII

Madrid, 24 octobre 1864.

Mon cher Panizzi,

J'ai reçu votre lettre et je vois avec plaisir que vous n'allez pas trop mal et que vous résistez aux premiers froids. Je voudrais vous en offrir autant, mais je me suis horriblement enrhumé dans cette

60 LETTRES A M. PANIZZ1

diable de campagne de Carabanchel, où nous sommés retenus par des malades. Nous en sor­tons enfin dimanche prochain pour nous établir à Madrid, où je suis allé aujourd'hui pour me se­couer un peu et voir le monde.

La comtesse que vous avez vue à Biarritz a un érysipèle sur la figure. Vous savez qu'elle ne l'a pas médiocrement large, jugez ce que.ce doit être à présent. Il n'y a pas de potiron qui l'égale.

L'agitation des prochaines élections est grande en ce moment et on ne parle plus d'autre chose. Comme vous faites fi de la politique espagnole, je vous régalerai d'un cancan qui pourra vous in­téresser.

Il y a ici un Anglais, sir C..., lequel a pris pour femme une miss ***. Il paraît que, soit à cause de la différence d'âge (il est vieux et elle jeune), soit à cause d'une grande inégalité de proportions, le mariage n'a point été consommé, ou l'a été imparfaitement. Il y a quelque temps pourtant que lady C... s'excusait de ne pas aller à un bal sur une fausse couche. Quoi qu'il en soit, elle est devenue amoureuse du duc de F... et elle a demandé le divorce pour

LETTRES A M. PAN1ZZI 61

cause d'impuissance de son mari. Sur ce point, quelques filles de Madrid donnaient des ren­seignements pas trop désavantageux. Mais sir C... a plaidé gnilty et le mariage a été cassé, et sa femme,- avec un certificat de virginité, vient d'épouser le duc de F... On l'annonce à Madrid, et on se demande si on la recevra dans le monde. Mais ce n'est pas la fin de l'aventure. Le duc de •F... s'est brouillé avec sa sœur, une petite bossue très spirituelle qui est duchesse d'U... Ils sont en procès pour des majorats et des titres. Or la du­chesse d'U... a découvert que son frère était né avant'le mariage de sa mère avec le dernier duc de F... Il est né en France et son acte de nais­sance, d'après les registres de l'état civil à Paris, constate le fait. Pour hériter de son père, il a pro­duit un acte signé d'un curé, un extrait de bap­tême qui lui donne plusieurs années de moins qu'il n'en a en réalité. En Espagne, l'acte religieux suffit; mais vous savez qu'il n'en est pas de même en France, depuis qu'on a retiré au clergé le soin. de constater l'état civil des chrétiens. Vous voyez qu'un assez joli procès se prépare d'où il pourra bien résulter que miss*** perdra sa virginité,

62 LETTRES A M. PANIZZI

mais ne sera plus duchesse, grand malheur pour elle, dit-on, surtout parce qu'avec le duché s'en­vole une fortune très considérable.

J'ai eu des nouvelles de Saint-Cloud meilleures que celles que je vous donnais. D'esprit et de corps, on va mieux. J'ai eu quelque inquiétude pendant un moment. A présent, tout est assez bien. Ici, on est très contraire au traité du 15 sep­tembre. On a quelque envie de vouloir garder le saint-père. Mais il y a la question d'argent qui refroidit le zèle religieux comme en tout pays.

Adieu, mon cher Panizzi ; je pense quitter Ma­drid pour la Provence vers le 10 novembre.

XXIX

Madrid, 12 novembre 18G4.

Mon cher Panizzi,

Vous m'inquiétez avec votre abstinence de pain et de végétaux farineux, et je ne comprends pas trop ce genre de traitement. Auriez-vous quel­ques symptômes diabétiques? C'est aujourd'hui la grande mode, et nos médecins en trouvent par-

LETTRES A M. PANIZZI 63

tout. Je connais une foule de gens qui se portent à merveille et qu'on tourmente avec un régime. Ce qui vous guérirait plus que toutes les drogues, ce serait un repos un peu prolongé dans un pays moins froid et moins humide que celui que vous habitez. Le JBritish Muséum ne pourrait-il se pas­ser de vous pendant trois ou quatre mois? Réflé­chissez mûrement là-dessus et 'pensez que « le moule du pourpoint », comme dit Rabelais, est chose importante et qu'il faut s'en occuper.

Quoi qu'il en soit des tendresses de sir C...,il va partir pour Londres. Son ex-femme arrive au­jourd'hui à Madrid. Hier, l'infant don Henrique a été mis dans un chemin de fer et dirigé vers les Canaries. Il paraît qu'il a écrit à la reine des im­pertinences sur sa politique. Il a ensuite demandé pardon, mais on l'a envoyé promener. Yous savez peut-êlre que c'était un des candidats à la main de la princesse votre amie.

Hier, j'ai fait un dîner de garçons avec des lo-rettes ; il y eo avait une très jolie qu'on appelle Pepa la banderillero. On m'a présenté comme un évêque anglais chargé de convertir les catholi­ques. Le dîner était exécrable, comme sont les dî-

64 LETTRES A M. PANIZZI



ners d'auberge à Madrid et les filles assez bêtes. La Pepa seulement avait des mots et des traits •de férocité andalouse qui m'ont assez amusé. En ma qualité d'Anglais et d'évêque, j'ai remarqué •que toutes ces dames n'ont bu que de l'eau. Sur He fait de la religion, elles m'ont paru très tolé­rantes, et elles m'ont dit qu'elles ne brûlaient pas de chandelles à saint François.

Toute originalité disparaît de ce pays-ci. Il n'y a plus peut-être qu'en Andalousie qu'on pourrait encore en trouver, et il y a trop de puces et trop •de mauvais gîtes, et surtout je suis trop vieux pour aller l'y chercher.

Il fait un temps d'une pureté admirable, pas ■un nuage au ciel ; mais il gèle toutes les nuits, et l'air est d'une vivacité telle, qu'on croit respirer •des aiguilles. Le Guadarrama est tout blanc, et j'ai peur de geler en route.

On publie ici beaucoup de livres. Avez-vous une •édition de Don Quichotte imprimée récemment à Argamasilla par Ribadeneyra, deux gros énor­mes in-quarto ? Avez-vous eu en cadeau la Chro­nique rimée d'Alonso XI? Cela ne se vend pas, •c'est Sa Majesté qui le donne.

LETTRES A M. PANIZZI 05

Adieu mon cher Panizzi; donnez-moi vite des nouvelles de votre santé. Cette abstinence de pain me chiffonne. Faites de l'exercice vous vous en trouverez bien. Je vous quitte pour aller faire mes visites d'adieu.

XXX

Cannes, 27 novembre 186i.

Mon cher Panizzi,

Une occasion se présente d'avoir un vin assez extraordinaire. C'est du vin de Champagne léger qui ne mousse pas, rouge et qu'on peut boire avec de l'eau ou sans eau. Il rend gai et ne grise pas. Cela est incompréhensible pour des Anglais ; mais, quand vous dînerez seul, je pense que vous en lais­serez tomber dans votre œsophage une bouteille, avec quelque satisfaction. L'occasion étant chauve par derrière, calvus comosa fronte, j'ai écrit à Du Sommerard de vous faire envoyer une feuillette de ce vin, en double fût, et avec toutes les pré­cautions possibles; il y en a environ cent dix ou cent quinze bouteilles. Quand vous en aurez goûté, vous m'en direz des nouvelles. Ne croyez pas qu'il

II. 5

66 LETTRES A M. PANIZZ1

s'agisse d'un nectar. C'est seulement du vin très agréable, d'excellent ordinaire et particulière­ment propre aux rhumatisants.

Les nouvelles qu'on vous a données sont de deux grands mois arriérées. La concorde règne dans le ménage de nos amis ; après des nuages qui pouvaient amener un orage, le beau temps a reparu.

Je crois également que les renseignements qu'on vous fournit sur la santé de monsieur ne sont pas exacts. Il est assez actif et, d'ailleurs, écoute ses médecins. Il a seulement le défaut d'aimer le cotillon plus qu'il n'appartient à un jeune homme de son âge, et de prendre les femmes pour des anges descendus du ciel. Les plus grands philosophes enseignent, au contraire, qu'il faut ne pas trop se préoccuper des femmes pour rester plus libre et vaquer plus tranquillement à l'étude des sciences. Il se monte la tête pour un chat coiffé et pendant une quinzaine de jours pense au bonheur rêvé. Puis, quand il y est parvenu, ce qui serait facile à vous et à moi (occasione et tem-pore prselibatis), il se refroidit et n'y pense plus. Ce métier, qui est celui d'un amoureux de ro-

LETTRES A M. PANIZZI 67

man, n'est pas si fatigant que celui que j'ai fait dans ma jeunesse, sans que je J'aie payé trop cher.

Je suis charmé du succès que le traité du 15 septembre a eu en Italie; encore plus de la vigueur de la Marmora, qui n'a pas craint de re­commencer l'affaire d'Aspromonte. C'est le vrai moyen à'escarmentar les fous qui voudraient met­tre le feu aux poudres. Toutes les discussions de la presse et de la tribune sur le traité étaient bien absurdes. Les gens qui aiment leur pays en France et en Italie devaient garderie silence.

Il y a un grand fait acquis, c'est que les troupes françaises quittent Rome. A quoi bon des expli­cations et des précautions à prendre pour des cas à venir, qui peut-être n'arriveront pas ? Je pense et j'ai lieu de le croire, d'après ce que j'entends dire à des gens en qui j'ai confiance, que l'Italie laissera le pape faire des bêtises et jouer sa par­tie. Elle n'a pas besoin de s'en mêler. Plus elle sera sage, plus il sera fou. Vous connaissez l'en­geance cléricale et vous savez ce qu'on peut at­tendre d'elle. Adieu, mon cher Panizzi ; mademoiselle Lagden

68 LETTRES A M. PANIZZI

et mistress Ewer me chargent de vous faire mille compliments et amitiés, elles se font une fête de vous recevoir.

XXXI

Cannes, 5 décembre 1864.

Mon cher Panizzi,

Veuillez considérer que je vous écris en ce mo­ment ma fenêtre ouverte, et que les Anglais n'o­sent sortir qu'avec une ombrelle bleue en dessous, blanche en dessus. Ce soleil, auquel vous devez cette taille et cette carrure si respectables, ce so­leil tout à fait italien, vous le trouveriez ici, avec une poste aux lettres qui vous permettrait d'é­crire deux fois par jour à M. Jones vos instruc­tions. Je ne parle pas du télégraphe en cas de besoin.

En ce qui regarde votre mauvaise humeur et votre crainte d'ennuyer vos amis, permettez-moi de vous dire que vous vous fichez du monde. Nous aurons soin de vous, et nous vous choierons de notre mieux. Si vous êtes trop méchant, on vous laissera dans votre coin. Nous ne vous obli-

LETTRES A M. PANIZZI C9

gérons pas à abattre des pommes de pin. à coups de flèche, ni à monter sur des montagnes de trois mille mètres, vous serez libre de suivre vos goûts; seulement nous vous offrons de mauvais dîners et des déjeuners idem avec des causeries, du whist et du piquet, et deux dames pour vous soigner, qui s'en font une fête. Il s'agit de savoir franchement si la chose vous convient, et alors de le dire un peu à l'avance, afin que nous pour­voyions à votre logis. Je crois vous avoir dit que nous avons une chambre, mais elle est au nord, et peu digne de votre mérite. A côté de nous est un hôtel très tranquille, dont le propriétaire m'a quelques obligations. Vous pourriez y avoir une chambre et y loger votre valet de chambre. En frappant au mur, on pourrait vous aviser que la soupe est sur la table, mais il faudrait être pré­venu un peu d'avance.

Jusqu'ici, nous sommes tous en assez bon état de conservation. M. Mathieu (de la Drôme) nous avait annoncé des tempêtes abominables. Nous avons eu le plus beau temps de juin qu'on puisse imaginer.

Adieu, mon cher Panizzi, ou plutôt au revoir.

70 LETTRES A M. FANIZZI

Miss Lagden et mislress Ewer vous espèrent et vous languissent, comme on dit dans le dialecte de ce pays.

XXXII

Cannes, 24 décembre 1864.

Mon cher Panizzi,

M. Cousin me prie de vous demander le sens exact de cette phrase qu'il- trouve dans une let­tre du cardinal Mazarin : Senza far lunarii. Il semble, d'après le contexte, que cela voudrait dire : « Sans faire l'astrologue ; sans me mêler de prédire. » Est-ce une locution usitée? et que si­gnifie précisément lunarii? Nous n'avons pas ici un seul Italien en état de nous donner la solu­tion de l'énigme. Soyez notre Œdipe. v

Malgré la douceur de notre climat, j'ai attrapé un gros rhume en allant voir nos doctrinaires de Cannes, le duc. de Broglie et sa fille. Il a de plus un fils, officier de marine, élève de l'École polytechnique, qui entend trois messes par jour et en sert deux. J'ai été trois ou quatre jours sans sortir, toussant horriblement, mais sans

LETTRES A M. PANIZZI 71

être tourmenté de mon asthme pendant ce temps-là.

- Notre philosophe1, au lieu de m'offrir ses conso­lations, essayait de me démontrer que je serais in­failliblement prié de succéder à Mocquart2, ce qui était loin de me réjouir, comme vous pouvez le pen­ser. Voici la nomination faite et un choix qui me semble assez bon. Je ne crois pas, d'ailleurs, qu'on ait pensé à moi un instant. Je suis trop bien avec madame pour que monsieur m'accorde sa con­fiance. Pourtant, à tout hasard, j'avais fait mon thème, pour le cas où je recevrais quelque propo­sition contraire à mon repos. J'aurais accepté l'a charge, refusé le titre et les émoluments, de fa­çon à me donner le droit, au bout de quelque temps, de dire que je n'en pouvais plus et que je priais qu'on me permît de retourner à mes mou­tons. Heureusement il n'a pas été besoin de re­courir à cette extrémité.

Il y avait dans le Times de la semaine passée un article excessivement violent contre l'empe­reur, à propos des dépenses militaires de toute

  1. Victor Cousin.

  2. Secrétaire particulier de l'empereur.

72 LETTRES A M. PANIZZI

l'Europe. Outre un certain nombre d'allégations absolument fausses, pour la forme et pour le fond, il était impossible de voir rien de plus mé­chant. Vous devriez bien prêcher M. Delvane * à ce sujet, et lui dire qu'en aiguisant ainsi les vieilles haines, il fait le plus grand mal aux deux pays. Il m'a semblé, au reste, que cet article était de fabrique française, et je ne serais pas surpris que ce fût du Rémusat ou du Prévost-Paradol tra­duit.

J'ai reçu des nouvelles de madame de Mon-tijo, qui a gagné un fort gros rhume à vendre des brimborions à une vente de charité. Elle est mieux à présent, et je vois qu'elle a donné une fête au nouvel ambassadeur de France.

Le pape me semble avoir perdu tout à fait la tête. Avez-vous vu la dernière bulle qu'il vient de publier pour condamner une foule de proposi­tions téméraires qui sont celles de tout le monde, et une autre bulle qui ajoute un demi-cent de saints au calendrier? Je suis sûr que les gens du xvie siècle auraient bien ri de tant de bêtises ; au xix% nous avalons tout.

1. M. Delvane était alors le directeur politique du Times.

LETTRES. A M. PANIZZI 73

Avëz-vous reçu le seizième volume de la Cor­respondance de Napoléon I"'? Je ne sais si le nou­veau président de la Commission, qui n'a jamais •été bien renommé pour sa politesse, continuera d'envoyer son œuvre à ceux qui ont déjà reçu les premiers volumes.

Adieu, mon cher Panizzi ; je vous souhaite une bonne fin d'année. Ne mangez pas trop de christmas dinner, et rappelez-moi au souvenir de nos amis.

XXXIII

'Cannes, 12 janvier 18G5.

Mon cher Panizzi,

La divine providence nous a envoyé un pâté de foie gras de Strasbourg qui nous a particuliè­rement fait regretter votre absence. J'en ai rare­ment mangé d'aussi bon, et les truffes qui l'or­naient étaient excellentes.

Le pape est parfaitement drôle, et les évoques qui reprennent la balle ne le sont pas moins. Mais voici un détail que vous ignorez, et qui a quel­que valeur historique. Aux yeux de vous autres


Yüklə 1,74 Mb.

Dostları ilə paylaş:
1   2   3   4   5   6   7   8   9   ...   24




Verilənlər bazası müəlliflik hüququ ilə müdafiə olunur ©genderi.org 2024
rəhbərliyinə müraciət

    Ana səhifə