Frère Sylvestre


CHAPITRE XVII ième DERNIERE MALADIE DU PERE CHAMPAGNAT



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CHAPITRE XVII ième




DERNIERE MALADIE DU PERE CHAMPAGNAT





1°. Le Vénéré Père se voyant par le fait de l'élection du Frère François déchargé en partie du service administratif de la Congrégation devait naturellement, vu sa santé, prendre un peu de repos mais il n'en fit rien; car après les vacances de 1839 et au commencement des classes, je fus on ne peut plus étonné de le voir arriver dans notre établissement de La Côte-St. André avec un autre Père. Et qu'y venait-il faire? Donner encore, malgré son extrême faiblesse, une retraite aux élèves de notre pensionnat dont le chiffre s'élevait au nombre d'environ quatre-vingt-dix. Il était si exténué et si souffrant que c'était pitié de le voir, et en cela il n'y avait rien d'étonnant car il ne pouvait supporter que certains aliments et encore en très petite quantité. Un jour, se trouvant dans la salle d'études des Frères, il fut pris d'un fort vomissement. Alors il nous dit ces paroles inquiétantes: « Je digérais encore les pruneaux et ne voilà-t-il pas que pour deux ou trois que j'ai pris à dîner je suis obligé de les rendre; oh! je comprends... » Et il ne m'en dit pas davantage.

2°. Cependant, malgré sa figure amaigrie, les élèves ne pouvaient se lasser de le regarder et de [197] l'admirer tant il y avait quelque chose en lui qui les attirait. Un grand nombre le choisirent pour leur confesseur; or, je me rappelle qu'entre autres l'un de ma classe qui s'était adressé à lui me disait: « Monsieur, il m'a tout dit! oh! que je suis content! »... En général les élèves chuchotaient entre eux: « Ce monsieur le curé est un saint. » M. Douillet, directeur de la maison, ecclésiastique d'une grande piété et fort appréciateur des hommes et des choses, nous a aussi répété plusieurs fois: « Le Père Champagnat est un saint. »

3°. C'est vers cette époque que Mgr Bénigne-du-Trousset d'Héricourt, ayant résolu de fonder un noviciat de frères instituteurs pour son diocèse, acheta le château de Vauban avec l'intention de confier la direction de ce noviciat aux P. F. de Marie. A cet effet il s'adressa au P. Champagnat qui se rendit à Autun auprès de sa Grandeur après la retraite de La Côte-St. André pour traiter cette affaire importante. J'ai entendu raconter, lorsque j'étais professeur dans cette maison, que le noble prélat fut si édifié et si touché de l'humilité et de la modestie du Vénéré Père qu'après avoir achevé et signé la convention de cette donation, il se jeta au cou du P. Champagnat en s'écriant avec toute l'effusion de son cœur: « Grâces à Dieu, me voilà tout Mariste! » Hélas, cette fondation fut la dernière du Vénéré Père. En comparant ce château avec la pauvre maison de Lavalla, il éprouvait une espèce de frayeur en comparant leur différence; mais afin qu'il pût lui ressembler le plus possible, il fit enlever tout ce qui paraissait contraire au vœu de pauvreté. Effectivement j'avais remarqué moi-même pendant mon séjour que j'y fis qu'on avait enlevé plusieurs objets de luxe et surtout de magnifiques glaces servant à orner plusieurs salons. [198]

4°. Comme dans ces derniers voyages notre Vénéré Père ne prenait presque pas de nourriture solide, il arriva qu'en rentrant à l'Hermitage son estomac ne pouvait plus digérer que quelques bouillons avec un peu de lait et encore était-il souvent obligé de les rendre. Malgré cette gastrite fort prononcée il continua à suivre les exercices de la communauté; même il allait au réfectoire, mais seulement pour la forme, car souvent il n'y prenait rien; seulement, c'était pour lui un véritable contentement d'être le plus possible avec ses Frères.

5°. Un jour, malgré sa grande faiblesse, emporté par l'amour du travail, il essaya encore d'aller extraire de la pierre avec les ouvriers, mais cette fois il fallut rendre les armes car les outils lui tombèrent des mains. Ceux qui en furent témoins ne purent s'empêcher de verser des larmes. Alors quelqu'un le prit par le bras et le ramena à sa chambre; ce fut sa dernière journée de travail manuel. Je dois ajouter qu'avec cette perdition de force, il lui prit encore au commencement du carême un violent mal de reins et une enflure des jambes; malgré cela il continua à suivre, quand il le pouvait, le règlement de la maison.

6°. Pendant les mois de mars, consacré à St Joseph, il récita les litanies de ce grand saint avec une grande ferveur à dessein d'obtenir la grâce d'une bonne mort. Il eut même encore le courage de donner la bénédiction le jour de la fête de ce St Patriarche, tout en déclarant qu'il n'aurait pas le bonheur de la donner une autre fois à pareil jour. Ce fut à partir de ce moment qu'il eut une conviction intime que sa fin approchait et que, sous cette impression, il se mit en devoir de régler toutes ses affaires, tant spirituelles que temporelles. Relativement à ces dernières il fit venir un notaire, consulta [199] ses principaux Frères et d'autres personnes capables de le renseigner là-dessus. Quand il eut pris tous les renseignements qu'il désirait, il fit son testament d'après les formes légales et tout en faveur des Frères, n'ayant nul égard à la chair et au sang.

7°. Quant à ses affaires spirituelles, le P. Maîtrepierre étant venu le voir comme confrère et ami intime, il lui fit sa confession générale qui, d'après ce que j'ai ouï dire, fut accompagnée de grands sentiments de componction et de douleur; ce qui n'est pas étonnant, lui que la seule vue d'offenser Dieu émouvait à un tel point que souvent ses yeux se remplissaient de larmes. Il arrivait parfois que la crainte des jugements de Dieu le faisait trembler, ainsi qu'il est arrivé à de grands saints, mais bientôt sa grande confiance en Jésus et Marie calmait tous ses troubles et toutes ses inquiétudes.

8°. Le Jeudi-Saint, malgré sa grande faiblesse, il alla à l'aide d'un cheval célébrer la Ste messe à la Grange-Payre. Dans cette maison jadis offerte aux P. Maristes, il avait fondé un pensionnat qu'il se plaisait à visiter souvent, n'étant éloigné que de deux km. de l'Hermitage. Après son action de grâces, il adressa aux pensionnaires une petite exhortation dans laquelle il leur fit comprendre combien grande était la faveur que Dieu leur faisait d'avoir pour éducateurs des maîtres qui leur enseignaient le chemin du ciel encore plus par leurs exemples que par leurs paroles. Il leur parla encore de la grande horreur qu'ils devaient avoir pour le péché comme étant le plus grand de tous les maux, et surtout de la dévotion envers la Ste Vierge, les assurant que si tous les jours ils récitaient le SOUVENEZ-VOUS, elle les préserverait du malheur d'offenser Dieu et leur obtiendrait la grâce de se sauver. En arrivant à l'Hermitage, il manifesta combien il était satisfait [200] de sa visite, ajoutant qu'il ne verrait plus cette maison.

9°. Le mois de mai allait commencer; malgré ses souffrances, il en fit l'ouverture et donna la bénédiction du St-Sacrement. C'était la dernière. En entrant dans sa chambre, on lui entendit prononcer ces douloureuses paroles: « C'est fini pour moi, je sens que je m'en vais. » Dans ce moment, le F. Stanislas arrive tout joyeux. Le Vénéré Père lui ayant demandé la cause de sa gaieté: « c'est, répondit le bon Frère, votre guérison que les Frères espèrent obtenir pendant ce mois. » - « Vous vous trompez, mon Frère, au contraire, j'éprouverai de plus grandes souffrances quand il finira. » Et ce n'était que trop vrai comme nous le verrons bientôt.

10°. Vers les premiers jours de ce mois qu'il chérissait entre tous les autres comme étant consacré à Marie, un ancien Frère étant venu le voir se préoccupait beaucoup des conséquences de sa mort. Le Vénéré Père lui dit de ne pas se mettre en peine de cela, qu'il devait savoir que la Providence veillait sur l'Institut, que quant à lui, il n'était que l'instrument dont elle s'était servie pour le fonder et que Dieu continuerait à le bénir après sa mort, ne doutant pas que son successeur fasse encore mieux que lui. « Pauvre Frère, dit-il, au F. Stanislas qui se lamentait et pleurait, vous croyez donc que la prospérité de la Congrégation tient à moi, erreur; quand je ne serai plus, elle sera encore plus florissante, vous le verrez de vos propres yeux et alors vous serez persuadé que Dieu fait tout chez nous. » Il était tellement persuadé de l'action de la Providence sur son oeuvre, qu'il disait à ceux qui venaient le voir et le plaignaient du vide qu'il allait faire parmi les Frères, qu'il était plutôt nuisible qu'utile à la Congrégation, étant dans la [201] certitude qu'il en entravait la marche et était un obstacle à sa prospérité. On le comprend, ses prières, cause de son accroissement actuel, devaient évidemment avoir plus d'efficacité après sa mort que pendant sa vie; mais ce n'était pas ainsi que le Vénéré Père l'entendait; c'était sa grande humilité qui le faisait parler ainsi. [202]



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