Histoire du vicariat


II. ANALYSE DE QUATRE SECTEURS DE LA VIE DE NOTRE VICARIAT



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II. ANALYSE DE QUATRE SECTEURS DE LA VIE DE NOTRE VICARIAT
Après ce parcours rapide sur l’histoire événementielle de notre vicariat, arrivons maintenant à l’analyse des principaux secteurs de sa vie et de son apostolat. Cet examen ne sépare pas les deux communautés car les quatre secteurs étaient gérés au niveau de tout le vicariat. Nous utilisons quatre verbes pour énoncer ces secteurs : engendrer, nourrir, éduquer, travailler.
1. Engendrer : la politique du recrutement
Qu’on s’en souvienne. Les Dominicains sont venus au Rwanda pour répondre à l’appel de Mgr André Perraudin qui les invitait à fonder dans son Diocèse l’Ordre de Saint Dominique. Pour fonder l’Ordre, il faillait compter non seulement sur les Missionnaires étrangers, mais surtout sur les fils du pays. Il faillait donc les engendrer c'est-à-dire les recruter. Pour ce faire, les Dominicains ont suivi la stratégie des trois S : science, santé, sainteté. Pour ce qui est de la science, la pratique fut d’exiger que le candidat ait fait des études qui l’habilitent à suivre des études dans une université d’Etat, avec une moyenne élevée. Pour ce qui est de la santé, le candidat doit, non seulement ne pas souffrir de quelque maladie, mais également avoir une santé mentale et un équilibre de jugement et de personnalité normale. Pour ce qui est de la sainteté, il doit avoir bénéficié d’une éducation chrétienne et d’avoir pratiqué un certain apostolat évangélique dans son milieu. Des personnes dignes de foi doivent être consultées pour attester qu’il est recommandable pour cette vocation. Dans les deux maisons, cette pastorale des vocations a produit de bons fruits quant à la qualité et à la quantité. Malheureusement, la persévérance, pour des raisons diverses, a été lamentable. En effet, depuis 1960 jusqu’à 2009, période que nous observons, nous avons eu 71 frères profès simples dont 22 sont encore Dominicains. Ainsi donc, 49 frères nous ont quitté en cours de route dont 2 prêtres, 2 diacres et 7 profès solennels.


2. Nourrir : la politique économique et financière

Un chef de famille, pour nourrir ses enfants, s’y prend de deux manières. D’un côté, il s’efforce d’avoir des héritages qui génèrent des ressources financières permanentes. Ces héritages sont, entre autres, des maisons, des champs, du bétail, des comptes en banque, etc. Ces héritages constituent une garanti pour l’avenir économique de la famille. D’un autre côté, par son travail, il alimente la caisse de la maison pour les dépenses quotidiennes. Analogiquement, nous pouvons utiliser ce comportement d’un chef de famille pour parler du comportement de nos autorités dominicaines en ce qui concerne la vie économique et financière de notre vicariat. De fait, les Dominicains du Rwanda, ont construit un Couvent à Butare sur un grand terrain cédé par les autorités locales. Malheureusement, en quittant Butare, ils ont donné gratuitement ces biens immobiliers à des Tiers. C’est le 17 juillet 1973, que le conseil provincial autorise cet acte de session de ce couvent en ces termes : « 3. Que le couvent de Butare soit autorisé en principe à disposer de tous ses biens (meubles et immeubles) au meilleur de la connaissance des autorités locales ». Il faut noter ici que cette décision vient un mois seulement après celle de la rupture du contrat avec l’Université. On peut imaginer que les Frères, en quittant Butare, ont voulu laissé un souvenir honorable à leur présence à Butare. Le meilleur qu’ils ont imaginé fut de donner leur bâtiment à une œuvre qui poursuivait l’objectif évangélique semblable au leur. Une manière donc de quitter sans que ce soit une désertion. En arrivant à Kigali, ils ont construit une maison à Biryogo. En partant pour Kacyiru, ils ont vendu cette maison et versé le prix de cette vente dans la caisse des recettes ordinaires. A Kacyiru, ils ont construit un Couvent sur un terrain locatif appartenant à l’Archidiocèse de Kigali. Ils n’ont pas pensé à utiliser l’argent de la vente de la maison de Biryogo pour acquérir ce terrain. Un petit commentaire s’impose ici.


Cette aliénation de nos deux maisons qui auraient pu constituer un héritage financier pour notre vicariat pose un problème difficile à esquiver. De plus, à celui-ci s’ajoute le système de comptabilité imposé à nos maisons et qui consiste à ramener à 0 francs nos comptes courants à la fin de chaque exercice de l’année fiscale. Ainsi, nous attendons chaque année de l’Oeuvre des Missions de notre Province l’intégralité de nos prévisions budgétaires annuelles. Il est évident que c’est ce système de comptabilité qui constitue le grand handicap de notre situation économique actuelle. Pour apprécier à juste titre ce système de comptabilité, écoutons deux voix autorisées. La première se trouve dans les actes de notre vicariat, la seconde se trouve dans une récente décision du conseil provincial. Lisons ces textes.
- « Les frères des maisons font un effort réel, par un travail rémunérateur et des activités rentables, pour subvenir aux nécessités temporelles afin d’arriver peu à peu à l’autofinancement » (Chap. I, Art. III). On voit donc clairement que notre système de comptabilité contrevient à cette directive des statuts de notre vicariat. En effet, quel qu’ait été le produit de nos efforts locaux, il a été ramené à 0 francs chaque année.
-Le second texte qui nous aide à qualifier notre système de comptabilité, concerne l’octroi d’un capital propre à notre vicariat qui a débuté en 2005 : « L’objectif du fonds est de donner au vicariat une marge plus grande d’autonomie et de responsabilité au niveau de la gestion financière. Jusqu’à maintenant, la province canadienne, via l’œuvre des Missions, couvrait la totalité du déficit budgétaire du vicariat. Il n’y avait là aucune forme de stimulant pour obtenir un meilleur résultat (par une augmentation des recettes et/ou une diminution des dépenses). Par ailleurs, si la subvention de l’Ouvre des Missions n’était pas épuisée en cours d’année, le solde était tout simplement porté sur le budget de l’année suivante. Avec la constitution d’un fonds propre au vicariat, il y aura tout avantage pour le vicariat à avoir une gestion plus rigoureuse des fonds alloués puisque le résultat aura un effet direct sur l’avoir propre du vicariat ». Ce correctif vise à donner une plus grande autonomie de gestion à notre vicariat. A ce propos, lors de son intervention au chapitre provincial de juin 2006, le vicaire provincial du vicariat du Rwanda et du Burundi, le frère Prudence Hategekimana, qualifiait ce système de comptabilité de la façon suivante : «  Pendant plusieurs années, la province canadienne, via l’Oeuvre des Missions, couvrait la totalité du déficit budgétaire du vicariat. Ce système est apparu de plus en plus infantilisant... » (p.23). Le verbe infantiliser signifie « maintenir chez un adulte une mentalité infantile », c'est-à-dire l’empêcher de développer ses potentialités de croissance. Ainsi, ce qui est sous entendu dans cette intervention du vicaire provincial est de donner les moyens au vicariat pour voler de ses propres ailes. En tous les cas, le capital alloué au vicariat est tellement modeste qu’il ne permet pas de répondre aux besoins budgétaires annuels croissants ni autoriser un quelconque projet de développement. A ce handicap, il faut ajouter celui de ne pas mettre dans la prévision budgétaire annuelle le prix de l’amortissement de nos maisons. La conséquence de celle-ci est claire : dans quelques années, nos maisons vont nous tomber dessus, sans possibilité de les réparer ni de les remplacer puisque nos caisses seront toujours plus ou moins vides.

3. Eduquer : la planification des études
L’accueil et la formation de nos candidats dominicains signifient beaucoup de choses. Dans notre vicariat, nous avons des structures de formation à quatre niveaux : le noviciat à Kacyiru, le philosophat à Bujumbura, l’année de stage pastorale dans les communautés et la théologie dans les centres d’études dominicains à l’étranger. Cette formation comprend deux volets : il y a d’abord la formation spirituelle et religieuse assurée par nos différentes communautés dominicaines. Il y a ensuite la formation intellectuelle et académique assurée par des instituts ad hoc : Grands Séminaires, Universités. Comme nous l’avons vu précédemment, pour continuer le recrutement, notre vicariat a recouru à la structure de l’Interafricaine pour les études institutionnelles. Pour l’histoire, nos étudiants ont été envoyés aux études de philosophie et de théologie dans les centres suivants : Viadana au Congo-Kinshasa, La Sarte en Belgique, Lyon-Nantes en France, Fribourg en Suisse, Saint Joseph Institute et Université du Natal, les deux en Afrique du Sud, Nairobi au Kenya, Ibadan au Nigeria, Abidjan en Cote d’Ivoire et Ottawa au Canada.

La liste de nos candidats qui sont passés par ces instances de formation est considérable. Evidement, le grand nombre est parti avant la profession solennelle exactement 39 frères entre les deux professions. Le petit reste en cette année 2009 où nous écrivons ces lignes représente les effectifs suivants : 2 au noviciat, 2 en philosophie, 2 en stage, 7 en théologie et 11 frères aînés. Les études que nous faisons, préparent les frères à des ministères évangéliques et à des compétences professionnelles pour assurer leur subsistance et le financement de leurs activités apostoliques. Sur ce dernier point, il y a lieu de souligner un problème qui dure. Les études institutionnelles de philosophie et de théologie que nous faisons tous ne suffisent pas pour trouver une place sur le marché du travail dans nos pays. Cette situation n’était pas tragique au temps où nos finances pouvaient être fournis par le Fonds des Missions. Maintenant que nous avons un système de financement qui nous responsabilise d’avantage, il va falloir assigner à l’orientation de nos études cet objectif d’autofinancement. Il peut se situer au niveau des études complémentaires mais aussi on peut en tenir compte déjà dans la période des études institutionnelles.


4. Travailler : les engagements apostoliques

Pour une communauté religieuse, travailler signifie : « se laisser embaucher dans la vigne du Seigneur » (…). Concrètement, nos deux communautés ont mis en pratique cet idéal en répartissant leur travail en trois volets : les ministères communautaires, les ministères mandatés et les ministères individuels. Concernant les ministères communautaires, tous les frères de la communauté y sont impliqués. À Kigali comme à Bujumbura, il s’agit surtout des célébrations liturgiques pour la communauté chrétienne du milieu. La qualité de ces célébrations est prouvée par le nombre et la fréquentation des gens qui y viennent. Aux services dominicaux, par exemple, nos chapelles sont archicombles et même souvent débordées. Quant aux ministères mandatés, il s’agit entre autres des aumôneries, des engagements dans des services sociaux et culturels comme le centre Saint Dominique de Kigali, les engagements dans les moyens de communication sociale, des engagements auprès des marginaux de la société comme les enfants de la rue, etc. Il s’agit enfin des engagements proprement individuels. Le cas fréquent est l’engagement dans l’enseignement à tous les niveaux. Travailler c’est aussi gagner son pain. L’Ecriture ne dit-elle pas : « celui qui ne travaille pas, qu’il ne mange pas non plus » (…). Sur ce point, il y a encore beaucoup à faire.



III. VERS L’AVENIR

Au début de cette réflexion, il a été dit que l’histoire à raconter ici concerne principalement le passé qui explique le présent en montrant le chemin vers un avenir meilleur. C’est pourquoi le bilan que je vais présenter se situe à 3 niveaux : le climat politique, les rapports entre le vicariat et la province et la situation économique et financière actuelle de notre vicariat.


1. Le climat politique
La situation politique de nos deux pays a constitué le facteur le plus important de l’histoire de notre vicariat. Point n’est besoin de décrire ce phénomène connu de tous. Si l’analyse des causes est discutable, la nature du phénomène est facile à identifier. Il s’agit du problème de tension entre les deux grands groupes sociaux de nos deux pays. Cette tension a produit les effets les plus pervers, jusqu’aux exils, aux massacres des populations et même jusqu’au génocide reconnu par le Pape Jean Paul II et les Nations Unies. Il nous a fallu un sens très élevé de l’unité fraternelle pour éviter l’éclatement du vicariat. La pluralité des effectifs de nos communautés a constitué un grand adjuvant pour dépasser nos divisions internes. Aujourd’hui, on peut espérer que le climat politique est devenu plus clément. Nos pays évoluent à travers des politiques manifestement plus apaisées. Le contexte international actuel ainsi que l’intégration de nos deux pays dans la Communauté de l’Afrique de l’Est semblent nous assurer un avenir meilleur qui permet de dépasser nos contradictions internes. Aussi pouvons-nous espérer que, au niveau du vicariat, nous pouvons avancer d’une manière positive pour donner à notre vicariat un enracinement socialement solide.
2. Les rapports entre le vicariat et la province
Nous l’avons déjà vu, notre province a eu une conception qui a subi des mutations en cours de route. Tout au début, il s’agissait de répondre à l’appel de Mgr André Parraudin pour fonder l’Ordre des Prêcheurs dans son Diocèse. Dans la suite, à cause des difficultés politiques des années 1973, la province a commué le projet de vicariat en projet de vicairie c’est à dire une mission dominicaine canadienne en Afrique. En 1976, la province est revenue à la première conception de fonder le vicariat dans l’espoir que celui-ci serait finalement intégré dans une province dominicaine africaine. Nous lisons cette dernière modification de projet dans le texte suivant: « Considérant ce changement de situation en Afrique, le chapitre de 1976 a donné une réponse affirmative à la pétition de la vicairie, lui permettant ainsi de recruter en Afrique même des candidats à la vie dominicaine, candidats qui seraient, en un premier temps, fils de la province canadienne, mais destinés à s’intégrer ensuite à la future province africaine ».
3. La situation actuelle de notre vicariat
Il ne s’agit pas de dresser un bilan global des points négatifs et positifs de la vie de notre vicariat. Le résultat de cette méthode serait probablement un constat amer et inutile pour notre avenir. Je préfère suivre le dernier texte qu’on vient de lire et qui provient du chapitre de 1976 de notre province. Dans ce texte, la province réadmet le recrutement dans l’espoir que la formation de ces futures recrues trouve leur formation dans le cadre d’une province interafricaine. Même si l’idée d’une province dominicaine continentale fut passagère, la collaboration avec les différentes entités dominicaines africaines reste un projet solide. Voilà pourquoi dans cette conclusion concernant la situation actuelle de notre vicariat, nous allons suivre trois pistes : la collaboration interafricaine, l’intégration régionale et l’exploitation des ressources locales.
3.1 La collaboration interafricaine
Notre collaboration avec d’autres entités africaines existe dès le début de cette organisation. Nous avons même eu, comme dit plus haut, un rôle significatif dans la création de cette institution. Dans notre noviciat de Kigali, nous avons déjà reçu les frères d’autres entités. Nous envoyons mêmes nos étudiants dans des Centres de formation de ces différentes entités. Pour ce qui est de l’avenir, cette collaboration pourrait prendre plusieurs visages en suivant les possibilités de chacune. Aussi allons nous présenter certains aspects de ces entités.
L’entité Saint Joseph du Nigeria qui accueille aussi les frères du Ghana est la plus développée de toutes. Elle a été fondée par une province des Etats-Unis d’Amérique qui l’a conduite au stade d’une province indépendante tout en lui gardant un accompagnement en personnels et en finances dans ses débuts. Aujourd’hui cette province possède un nombre d’effectifs considérables. Son Institut de formation philosophique et théologique fonctionne valablement. Son autofinancement a déjà trouvé sa vitesse de croisière. Notre collaboration est déjà un fait. Certains de nos frères ont déjà étudié dans leur centre d’Ibadan. Un frère de cette province est venu nous prêter main forte et se trouve actuellement dans notre communauté de Bujumbura. Cette collaboration est à continuer. Une autre entité qui a déjà une assise solide est le vicariat régional de l’Afrique de l’Ouest qui a été fondée par la province de France. Cette entité a une juridiction qui englobe 4 pays : le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Bénin et le Burkina Faso. Elle connaît un grand essor. Ses effectifs augmentent d’une manière rassurante. Son projet de Yamoussoukro présente un espoir certain au niveau économique, professionnel et académique. Ce progrès lui permet de projeter la création d’une Vice Province dans un avenir prochain. Depuis des années, nous collaborons avec cette entité en lui confiant nos étudiants en théologie et en recevant leurs frères dans notre noviciat de Kigali. La continuité de cette collaboration doit être encouragée. Son expérience dans le domaine du développement économique est particulièrement enrichissante. Aussi, notre vicariat pourra bénéficier de leur expérience dans ce domaine. Le vicariat provincial de l’Afrique centrale, dépendant également de la province de France, se développe d’une manière admirable surtout depuis ces dernières années. Elle reçoit chaque année un nombre croissant de frères. Elle pense également ouvrir prochainement une maison dans chaque pays constituant le vicariat à savoir le Cameroun, le Congo et la Centrafrique. Plusieurs frères de ce vicariat ont déjà suivi leur formation dans notre noviciat. Avec cette entité, nous avons un autre lien. En effet, les Soeurs « Dominicaines Missionnaires d’Afrique » (DMA) dont la  Maison-Mère se trouve au Rwanda, possèdent déjà une communauté à Bangui, capitale de ce pays. Ainsi, les Sœurs des deux pays collaborent entre elles et facilitent la collaboration entre nous autres leurs frères. Notre collaboration avec le vicariat général de l’Afrique du Sud date également de plusieurs années. Quelques uns de nos étudiants ont été envoyés là-bas pour leur formation philosophique et théologique et pour des études complémentaires. Même si ce vicariat a encore des problèmes liés à l’ancien système de l’Apartheid, ses ressources en personnels et en finances sont, en principe, potentiellement riches. En effet, son aire culturelle couvre beaucoup de pays de l’Afrique australe. De son côté, ce vicariat semble intéressé à une collaboration avec notre vicariat au niveau du noviciat. En tous les cas, l’importance de l’Afrique du Sud et de toute cette région australe, recommande de renforcer nos liens avec ce vicariat. Dans le passé, nous avons eu une collaboration intense dans les domaines de la formation avec les vicariats de l’Angola et du Congo-Kinshasa. Rien n’empêche que cette collaboration, aujourd’hui interrompue, reprenne un jour.
3.2. L’intégration régionale
Dans ce domaine de collaboration avec d’autres entités africaines, il y en a une qui représente pour nous une importance de plus en plus croissante à cause de sa situation politique et géographique. Comme on le sait, nos deux pays sont actuellement impliqués dans une intégration régionale des Pays de l’Afrique de l’Est (EAC) : le Kenya, la Tanzanie, l’Uganda, le Burundi et le Rwanda. Il est évident que notre vicariat a tout intérêt à tenir compte de cette nouveauté. Fort heureusement, nos liens avec le vicariat du Kenya étaient déjà anciens et solides. Tout indique que, s’il faut trouver un avenir meilleur dans une collaboration avec une autre entité dominicaine, il ne faut pas chercher midi à quatorze heures. Il faut savoir aussi que le vicariat de l’Est Africain est fondé par une province dominicaine des Etats-Unis apparemment solide et généreuse. Cette province vient de lui construire un grand centre d’études et un grand bâtiment de leur paroisse. Alors, si demain notre vicariat se trouve dans un ensemble de pays constituant une unité économique et politique, nos deux vicariats seront probablement invités à imiter cet exemple de nos Etats. Bien entendu, cette intégration régionale ne se pose pas à la collaboration avec d’autres entités d’Afrique ou d’ailleurs.
3.3 L’exploitation des ressources locales
1° - Le système de comptabilité 
La situation financière de notre vicariat a subi un système de comptabilité que nous connaissons. A la fin de chaque année fiscale, nos comptes étaient ramenés à 0 francs. Dieu merci, ce système vient d’être récemment corrigé par l’octroi d’un capital propre au vicariat qui peut grandir par les alimentations progressives comprenant l’éventuel solde annuel. Nous devons donc, par tous les moyens possibles, chercher à nous faire vivre et à trouver les moyens pour nos apostolats.
2°- La communauté de Bujumbura
Débarrassée de ce système de comptabilité qui vidait les caisses à la fin de chaque année, la communauté de Bujumbura peut trouver rapidement une situation viable. Pour commencer, elle dispose d’une maison d’habitation, totalisant une vingtaine de chambres, donc capable d’accueillir de nouveaux frères pendant plusieurs années. La Maison est construite sur un terrain appartenant à la communauté. De plus, celle-ci vient d’acquérir une autre propriété à Kanyosha sur laquelle elle peut développer des activités financièrement productives. Enfin, les frères de Bujumbura ont réussi à se créer des activités bien enracinées dans le milieu qui leur assurent une audience dans la société.
3°- La communauté de Kigali
Un adage français dit : « une vieille corneille ne croasse pas pour rien » ! Cet oiseau pousse ce cri soit comme une expression d’un mal de gorge soit comme un avertissement d’un danger imminent. Analogiquement, je m’applique cet adage dans les deux sens. En effet, j’éprouve un certain malaise en cette année 2010 pendant laquelle nous célébrons le jubilé des 50 ans de l’existence de notre vicariat sans avoir un seul mètre carré en notre propriété dans le sol rwandais. De même, nous n’avons aucune activité apostolique qui permet notre visibilité dans la société rwandaise. Ce constat m’empêche de vraiment jubiler. Je dis cela, non pas par défaitisme mais pour dire à mes frères que le temps est venu pour relever ce grand défi. Durant des années, notre province a été notre principale source en personnels et en finances. Actuellement, elle nous fait signe qu’elle ne peut plus continuer indéfiniment d’être cette vache laitière intarissable. Voilà ce grand défi à relever. Je dis cela, non pas pour qu’il soit conçu comme une barrière qui nous empêche d’avancer, mais plutôt comme un tremplin pour mieux sauter. Pour ce faire, je songe à trois propositions. La première consiste à donner à notre maison une plus grande capacité de loger des frères plus nombreux et de développer des activités socio-culturelles dans notre Centre Saint-Dominique. Actuellement, notre maison n’a qu’une dizaine de chambres. Cette exiguïté limite sa capacité d’accueil. Les novices logent deux par chambre. Et si nous recevons des candidats nombreux dans les années qui viennent, qu’allons nous faire? Lorsque nous avons un visiteur, l’un ou l’autre frère aîné doit lui céder sa chambre. Il est donc nécessaire de penser à donner à cette maison une plus grande capacité d’accueil. La deuxième proposition consiste à fonder une nouvelle communauté. Cette solution répond à la prévision que d’ici cinq ans, nous devrons accueillir nos frères qui sont actuellement aux études théologiques. Ils seront, au maximum, au nombre de six. Non seulement il faudra les loger et les nourrir, mais également il faudra leur trouver un champ pour leurs activités apostoliques et professionnelles. Bien entendu, il ne faut pas attendre leur arrivée mais préparer déjà leur accueil qui exige du temps et des moyens financiers. La troisième proposition consiste à répondre à l’appel de l’évêque du Diocèse de Byumba qui attend une fondation des Dominicains à Nyagatare. Il a déjà accueilli deux communautés de nos Sœurs dominicaines, à Matimba et à Nyabwishongwezi. Ensuite il nous a déjà accompagné à Nyagatare où les autorités locales nous ont promis l’octroi d’une propriété de six hectares au centre même du chef-lieu de ce district. Cette localité se trouve dans cette région qui justement nous situerait aux portes des pays de la Communauté Est-Africaine dans le cadre d’une intégration régionale susmentionnée. Comme dans cette région, des structures ecclésiastiques sont encore peu nombreuses, une communauté dominicaine aurait des grandes possibilités pour un ministère propre à son charisme. De plus, cette propriété qui nous est promise est voisine de la Paroisse catholique de la ville et d’une Université naissante. Ces deux institutions présentent des chances évidentes pour une collaboration fructueuse. Cependant, les donateurs de ce terrain nous ont déjà avertis que nous risquons de le perdre si nous ne l’occupons pas rapidement. Il y a ici un problème très grave. En effet, si nous perdons ce terrain gratuit, il faudra bien en trouver un autre ailleurs qui nous coûtera très cher. Car, quoi qu’il en soit, nous devons survivre quelque part et ne pas rester « une mission étrangère».
En songeant à cette histoire que je viens de résumer, deux sentiments m’habitent. Le premier, fort pénible, concerne le nombre impressionnant des frères qui nous ont quitté en cours de route. La liste dressée en final de ce texte nous en donne les chiffres. Les frères indigènes, nous sommes au nombre de 71. Ceux qui nous ont quittés totalisent exactement le chiffre de 49 frères = 34,3 %. Par discrétion, j’ai omis la liste des frères allogènes qui ont quitté l’Ordre. Les causes de ces départs sont multiples mais la situation socio-politique en fut la cause principale. Actuellement, nos pays sont engagés dans un processus d’unité et de progrès qui promettent un climat social apaisé. Le deuxième sentiment est d’avoir pu donner l’impression de ne pas apprécier à sa juste valeur les générosités, les sacrifices et les services remarquables de certains frères et certaines décisions de notre province. A vrai dire, cette apparence d’ingratitude, vient de notre situation actuelle de ne pas pouvoir léguer à nos jeunes frères un héritage suffisamment solide après 50 ans de travail. Je garde cependant l’optimisme évangélique en l’avenir de notre vicariat.
Cette histoire a commencé par la lettre de Mgr André Perraudin qui invitait les Dominicains à venir travailler dans son Diocèse. Les Dominicains ont été également autorisé à s’établir au Burundi par Mgr André Makarakiza. Je suis maintenant autorisé à publier une lettre que Mgr Servilien Nzakamwita a adressée aux Dominicains de Kigali par l’intermédiaire du frère Prudence Hategekimana, notre Vicaire Provincial actuel, en date du 26 mai 2009. (La publication effective de cette lettre dépend encore de la réponse attendue de ces destinataires). Par cette lettre, l’Evêque de Byumba, invite les Dominicains à venir fonder une communauté dans son Diocèse. Cette procédure montre que notre vicariat accompli un ministère ecclésial, muni d’un mandat apostolique. Voici le texte de cette lettre qui est comme la conclusion de toute cette histoire que je viens d’évoquer.


C’est depuis plusieurs années que le Diocèse de Byumba collabore avec les membres de la famille de Saint Dominique. Les Sœurs Dominicaines Missionnaires d’Afrique (DMA), une fraternité d’obédience du Diocèse de Byumba, possèdent trois communautés dans ce Diocèse : à Byumba même, à Matimba, et à Nyabwishongwezi.



Depuis longtemps également, j’ai de très bonne relation de collaboration avec les Pères Dominicains de Kacyiru. Nous avons déjà amorcé ensemble un projet de fondation d’une communauté dominicaine dans la Paroisse de Nyagatare ; un terrain a été déjà accordé pour ce projet par les autorités locales.
Par cette lettre, je voudrais vous exprimer officiellement mon invitation à venir travailler dans le Diocèse de Byumba en fondant une communauté à Nyagatare. Cette région mérite une attention particulière pour deux raisons : La première est que, du point de vue de l’évangélisation, elle est l’une des régions où les structures apostoliques sont encore peu développées. La deuxième est que cette région est stratégique au point de vue du développement en étant en contact direct avec les pays de la communauté de l’Est -Africain (EAC).
Sachant qu’une telle fondation exige des grands moyens en personnels et en finances, j’espère que bientôt un début de réalisation de ce projet aura été concrétisé sur place. Je vous prie, bien cher Père, d’être mon intermédiaire pour transmettre cet appel à vos supérieurs hiérarchiques. Je prie « le Maître de la moisson » de vous donner des moyens nécessaires pour répondre à cet appel, « car la moisson est abondante » dans ce coin de notre Diocèse.


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