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PLATON
(v. 427 — v. 347 av. J.-C.)
Gorgias
ou
sur la Rhétorique
Traduction,
notice et notes
d’Émile CHAMBRY
(1864 - 1938)
Un document produit en version numérique par Pierre Palpant, bénévole,
Courriel :
ppalpant@uqac. ca
Dans le cadre de la collection : “ Les classiques des sciences sociales ”
fondée et dirigée par Jean-Marie Tremblay,
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi
Site web :
http : //www.uqac.ca/Classiques_des_sciences_sociales/
Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque
Paul -Émile Boulet de l’Université du Québec à Chicoutimi
Site web :
http : //bibliotheque.uqac.ca/
PLATON — GORGIAS
— traduction d’Émile CHAMBRY 2
Cette édition électronique a été réalisée par Pierre Palpant, bénévole, Paris.
Courriel :
ppalpant@uqac. ca
à partir de :
GORGIAS,
de Platon,
Traduction, notice et notes
d’Émile CHAMBRY (1864 - 1938)
Editions Garnier-Flammarion, Paris, 1967, pages 165-284.
Polices de caractères utilisée :
Times New Roman, 10 et 12 points.
Édition numérique complétée à Chicoutimi le 31 décembre 2005.
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436D-A5A7-DA0E5431E5C1&displaylang=FR
http://www.microsoft.com/downloads/details.aspx?familyid=95e24c87-8732-48d5-
8689-ab826e7b8fdf&displaylang=fr
PLATON — GORGIAS
— traduction d’Émile CHAMBRY 4
NOTICE
Socrate et Khairéphon se rendaient chez Calliclès pour y entendre Gorgias.
Ils arrivent après la séance. Néanmoins Calliclès les introduit près de Gorgias,
à qui Socrate voudrait poser une question. Il lui demande en effet ce qu’est la
rhétorique dont il fait profession. La rhétorique, dit Gorgias, est la science des
discours. — De quels discours ? demande Socrate. Est-ce des discours relatifs
à la médecine, à la gymnastique et aux autres arts ? — Non, mais de ceux qui
ne se rapportent point au travail des mains et qui ont uniquement pour fin la
persuasion. — Mais toutes les sciences, dit Socrate,
veulent persuader quelque
chose. Quel est le genre de persuasion que produit la rhétorique ? — Celle qui
se produit dans les tribunaux et les assemblées et qui a pour objet le juste et
l’injuste. — Mais, dit Socrate, il y a deux sortes de persuasion, celle qui
produit la croyance sans la science, et celle qui produit la science. Quelle est
celle qui est propre à la rhétorique ? — C’est la première, et elle assure aux
orateurs une telle supériorité que, même dans les matières où les spécialistes
sont seuls vraiment compétents, ils l’emportent sur eux et font adopter les
mesures qu’ils préconisent. Cependant ce n’est
pas une raison pour que les
orateurs se substituent aux savants dans les autres arts. Et s’il y a des orateurs
qui abusent de leur puissance pour enfreindre la justice, ce n’est pas une
raison non plus de s’en prendre aux maîtres de rhétorique. — Mais, reprend
Socrate, si l’orateur est plus persuasif, même en médecine et dans les autres
arts que le médecin ou l’artiste, et s’il suffit qu’il ait l’air de savoir, quoiqu’il
ne sache pas, en est-il de même lorsqu’il s’agit du juste et de l’injuste, ou
faut-il connaître le juste et l’injuste avant d’aborder la rhétorique ? — Il le
faut, Socrate. — Mais, quand on connaît la justice,
on est juste, et on ne
saurait consentir à commettre une injustice. Cependant tout à l’heure tu as
avoué qu’un orateur pouvait faire de la rhétorique un usage injuste. Il y a
contradiction dans tes paroles.
Gorgias pourrait se défendre et dire qu’il n’est pas vrai qu’il suffise de
connaître la justice pour ne jamais commettre l’injustice. Mais Platon, comme
Socrate, est convaincu qu’il suffit de connaître le bien pour le pratiquer et que
le vice se ramène à l’ignorance. Aussi n’a-t-il pas idée qu’on puisse faire à
cette doctrine l’objection topique qu’exprimera plus tard le poète latin :
Video
rneliora proboque, deteriora sequor.
Gorgias pourrait répondre encore que, pour l’orateur plus encore que pour
les autres, il est parfois difficile de discerner où est la justice, qu’il
faut se
décider sans être sûr qu’on prend le meilleur parti, et que, si l’on se trompe, la
rhétorique n’en est pas responsable.
Voilà, entre autres choses, ce que Gorgias aurait pu répliquer à Socrate.
Mais le jeune Polos ne lui en laisse pas le temps. Indigné que Socrate ose